S TEIN
Analise transcendante. Dissertation sur la théorie des logarithmes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 105-112
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ANALISE TRANSCENDANTE.
Dissertation
surla théorie des logarithmes;
Par M. STEIN, professeur
demathématiques
augymnase
deTrèves , ancien élève
del’école polytechnique (*).
NATURÉ
DESLOGARITHMES.
EN
réfléchissant sur les résultats obtenus par M.Bouvier, à
lapage
275
duprécédent
volume desAnnales ,
il nous a paru que ces résultatspouvaient
êtreplus
facilement etpeut-être
mêmeplus rigou-
rettsemeiit déduits de la définition ordinaire des
logarithmes.
C’estce que nous nous proposons de faire voir ici. Nous
présenterons
ensuiteau lecteur
quelques
réflexions sur la naturedes logarithmes.
I. Soit e la base des
logarithmes
deNéper ;
enposant ex=y,
e sera ce
qu’on appelle
lelogarithme népérien
de y. Cherchonsquelles valeurs
de x peuventcorrespondre
à une mêmevaleur
réelle de y, et
réciproquement quelles
valeursde -y peuvent
rpondre à
une même valeur réelle dex.
(*) Nous croyons devoir
prévenir
nos lecteurs qu’au rojuillet
dernier,le mémoire de M. Vincent ,
imprimé
au commencement du présent vo- lume, était encore entre nos mains, et que l’article que l’on va lire nousa été adressé de Trèves sous la date du 8 du même mois.
J. D. C.
Tom.
XV,
n.°IV,
I.er octobreI824.
I5I06 DE LA NATURE
Il est d’abord facile de voir
qu’à
une même valeur réelle de yne saurait
répondre qu’une
seule valeur réelle de x,puisque
deuxpuissances
différentes de e ne sauraient êtreégales
entre elles.Désignons
par r cette valeurréelle ,
etreprésentons
parz-I
laquantité
inconnuequi
doit lui êtreajoutée
pour avoir toutes les autres ; nous aurons ainsid’où,
à cause deer=y,
nous concluronsMais ,
d’un autrecôté ,
on sait quedonc z sera donné par
l’équation
d’où l’on tire
Cos.z=I, Sin.z=o; ce qui revient
à z=2p03C9, p étant un nombre entierpositif quelconque.
On adonc,
engénéral,
Pour avoir le
logarithme
de -y, nous poseronssemblablement
r étant
toujours ,
commeci-dessus,
lelogarithme
réel de+y;
il viendra
ainsi,
ensimplifiant
ou bien
d’où
Cos.z=-I, Sin.z=o ,
cequi
donnez=(2p’+I)03C9,
etpar suite
2.
Lorsqu’au
contraire on demandequelles peuvent
être les diversesvaleurs
de y qui répondent
à une même valeur réellede x,
ondoit essentiellement
distinguer
trois cas ; savoir : celui où X e8t unnombre
entier ;
celui où x est un nombrefractionnaire ;
et enfin celui où x est un nombre irrationnel.Dans le
premier
cas , il est manifeste que lapuissance ex
ou yne saurait avoir
qu’une
seule valeur.Ainsi ,
lelogarithme entier positif
ounégatif x
ne sauraitrépondre qu’à
un seul nombre y.Si x est
fractionnaire ,
endésignant par k
sondénominateur,
ex aura , comme l’on
sait , k
valeursdifférentes ,
dont une réellepositive. Représentant
celle-ci parR ,
on aura engénéral ex=RkI,
c’est-à-dire ,
Si enfin l’on suppose x
irrationnel
cela reviendra àsupposer k infini ; et y
aura autant de valeurs différentesqu’en aura RkI,
lorsque
k est infini.Or , quelque grand
quesoit k , l’expression
Cos.
2p03C9 k+-ISin.2p03C9k aura toujours
valeursdifférentes, depuis
Cos.
203C9 k+-ISin. 203C9 k jusqu’à Cos.203C9+-ISin.203C9 ou zéro,
oùles arcs
forment
la suite ascendanteI08 DE LA NATURE
Si l’on fait croître k
indéfiniment ,
les termes de cette série serapprocheront
sans cesse les uns des autres en conservanttoujours
la même limite
supérieure
203C9, tandis que la limite inférieure203C9 k
descendra continuellement vers zéro.
Eufin , k
devenantinfini,
lasuite deviendra
continue,
et sa limite inférieure sera tout-à-faitnulle ; donc ,
dans ce cas, les arcs pourront avoir toutes les valeurspossibles
entre o et 203C9. On en devra conclurequ’une expression quelconque
de la formeCos.u+-ISin.u représente, quelque
va-leur réelle et
positive qu’on
donneà u ,
une des racines d’undegré
infini de l’unité. L’unité a
donc une infinité due racines- d’un degré
infini ;
cequi
nous prouvequ’à
un mêmelogarithme
irrationnel doiventrépondre
une infinité de nombres différens.3. Examinons
présentement
deplus près
laquestion
desloga-
rithmes des nombres
négatifs.
En nous appuyant sur cequi
vientd’être
exposé ci-dessus,
nous serons conduits àétablir,
comme autantde vérités
incontestables ,
1.0
Que , lorsque Log.y
est un nombreentier ,
le nombre né-gatif
-y ne saurait êtrecompris parmi
ceuxqui correspondent
àce
logarithme , puisqu’il
ne peut alors ycorrespondre
aucun nombreautre que y ;
2.0
Que, lorsque Log.y
est fractionnaire et de dénominateurimpair ,
lenombre - y
ne sauraitdavantage correspondre
à celogarithme;
3.°
Que , lorsque Log.y
est fractionnaire de dénominateurpair
il
répond également
aux deux nombres+y
et -y;4.° Qu’enfin
la même chose aégalement
lieulorsque Log.y
est.I09
irrationnel , puisque
rienn’empêche
de supposerpair
le dénomi-natetir alors infini
(*).
4.
En résumant ce que nous venons dedire ,
on voitqu’il
estnécessaire de bien
distinguer
les trois cas où lelogarithme
estentier ,
fractionnaire ou
irrationnel ;
et que , dans le second cas , il fautencore considérer
séparément
la fraction dont le dénominateur estpair
de celle dont le dénominateur estimpair.
Oupourrait
néan-moins faire
disparaître
ces différences en modifiant convenablement la définition. En disant que lelogarithme
d’un nombre estl’expo-
sant de la
puissance
àlaquelle
il faut élever e pour avoir cenombre,
il sullirait
d’ajouter
que l’on est convenu de donner à tous leslogarithmes
un dénominateur infini. Il yaurait,
pour motiver cette addition à la définitionordinaire , beaucoup
de raisons déduites de la nature même du calcul des exposansfractionnaires
et sur les-quelles
nous pourrons revenir dans une autre occasion.5.
Quoi qu’il
ensoit ,
nous passeronsprésentement
à cequi
nousparaît
leplus important
dans lesujet qui
nous occupe.Nous venons de voir que, dans certains cas ,
Logy
peut êtreégal
àLog.(-y). Cependant,
nous avons trouvéplus
hautvaleurs
qui y
dans aucun cas. ne sauraient coïncider. Il faut doncou que ces formules ne soient
point
exactes , ou que nos raison-(*) Mais rien
n’empêche
nonplus
de supposer ce dénominateurimpair,
et alors la conclusion deviendra fausse. C’est ici exactement le cas de’la
somme de la suite infinie
I-I+I-I+I=... qui
est o ou I, suivantqu’on suppose l’infini
pair
ouimpair ,
etqui
pourtant n’est réellementni l’un ni l’autre.
J. D. G.
II0 DE LA NATURE
nemens
(i , 2)
soient erronés(*). Or ,
il ne sera pas difficile de voir que l’erreur réside dans nos formules. Eneffet , après
avoirposé l’équation
à cause de
er=y ,
nous en avons concluA la
vérité ,
iln’y
a aucun doutequ’en divisant er+z-Ipar er,
on ne doive obtenir pour
quotient ez-I;
mais il faut observer que, si erpeut
admettreplusieurs
valeursdifférentes,
il ne suffirapas de
diviser er+z-I,
par une seule de cesvaleurs,
pour obtenir cellede
ez-I, etqu il
faudra alorsdiviser
successive-ment par toutes les valeurs
que er peut admettre,
pour être certain d’obtenir toutes celles dontez-I
estsusceptible.
Si donc r est unefraction dont k soit le
dénominateur,
ce ne sera pas par y mais bien parqu’il
faudra diviser les deux membres del’équation
(*) On a lieu d être surpris que M. Bouvier,
qui
a donné les mêmesformules , ne se soit pas aperçu de la contradiction
qu’elles
présentent ,et
ait conclu
généralement que leslogarithmes
des nombres sonttoujours
les mêmes
quels
que soient les signes de ces nombres.(Note de- M. Stein.)
pour
obtenir
la valeurcomplète
deez-I.
Par suite de cette re-marque, on n’aura pas, comme
ci-dessus, Cos.z+-ISin.z=I,
mais
d’où
donc
On trouvera par un raisonnement
analogue,
Si
présentement k
est un nombrepair,
que notisreprésenterons
par 2n, nous aurons
et , dans le cas
présent ,
onverra
facilement que, pour une valeurquelconque
deLog.y,
il en existetoujours
une deLog.(-y) qui
coïncide avec elle.Si ensuite est un nombre
impair ,
en lereprésentant
par2n+I,
nous aurons
II2 DE LA NATURE DES LOGARITHMES.
et
ici , quelques
valeurs entières etpositives qu’on
attribue à m, m’ , p ,p’ ,
n, on neparviendra jamais
à faire coïncider les deux expressions.Kous voilà donc conduits de nouveau à cette conclusion que
Log.(-y)
est ou n’est pas le même queLog.y ,
suivant que le dénominateur k de celogarithme
estpair
ouimpair.
On voit
donc ,
par cequi précède
, que les formulesne sont
point générales ,
et ne sauraient êtreappliquées qu’au
seulcas où le
logarithme
réelde y
est un nombreentier ;
dans toutautre cas, il faut écrire
Ii étant le dénominateur du
logarithme
réel de y.6. Nous
ferons,
enterminant,
une observadonqui
seprésente
pour ainsi dire d’elle-même: c’est que,
lorsqu’on
veut raisonner surun
logarithme développé
ensérie ,
soit sous la formeordinaire
soit sous toute autre, il ne suffit pas d’écrire
mais
qu’il
estnécessaire d’ajouter
audéveloppement
l’une ou l’autrequantité
suivant que y est un nombre
positif
ounégatif (*).
(*) Une remarque