A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRI G ILBAULT
Étude sur la variation de la force électromotrice des piles avec la pression
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 5, no1 (1891), p. A5-A67
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ÉTUDE
SUR LA
VARIATION DE LA FORCE ÉLECTROMOTRICE
DES PILES AVEC LA PRESSION;
PAR M. HENRI
GILBAULT,
ANNALES
ne LA.
FACULTÉ DES SCIENCES DE TOULOUSE.
Agrégé de l’Université, Professeur de Physique au Lycée de Toulouse.
INTRODUCTION.
Dans ce
travail, je
me suisproposé
d’étudier l’influence de lapression
sur la valeur de la force électromotrice des
piles.
Unepremière
Partie en aété consacrée à l’influence de la
pression
sur la force électromotrice despiles réversibles, c’est-à-dire,
unepile
réversible étantdonnée,
chercherexpérimentalement quelle
est la valeur de sa force électromotrice à despressions
variablesauxquelles
on la soumet,puis,
ces résultatsexpérimen-
taux étant
obtenus,
les comparer aux résultatsthéoriques
déduits de la théorie del’énergie
libre de NI. H. von Helmholtz. Si l’accords’établit,
cetravail pourra en
quelque
sorte servir de vérification aposteriori
de lathéorie et en devenir ainsi une sanction.
Dans le cas des éléments non
réversibles,
parexemple
des élémentspolarisés,
les résultats obtenus n’ont aucune théorie àvérifier;
mais ilsobéissent à des lois
expérimentales qui
pourront nous donner des indi- cations sur lafaçon
dont seproduisent
les réactionschimiques
sous lesfortes
pressions.
A.6
PREMIÈRE PARTIE.
EXPOSÉ
THÉORIQUE
GÉNÉRAL ( 1 ) .Lorsqu’on
fait passer le courant d’unepile
dans unconducteur,
on con-state
qu’il
sedéveloppe
de la chaleur dans lecircuit,
en ycomprenant
lapile.
Cettechaleur,
que nousdésignerons
sous le nom de chaleur~voltaïque,
résulte d’une
dépense
de travail dans lapile;
elle estdue,
dans le cas d’unepile
deVolta,
a la dissolution du zinc dans l’acide. A ce travailchimique correspond
une certainequantité
de chaleur que nousdésignerons
sous lenom de chaleur
chimique.
La chaleur
voltaïque
a, comme nous venons de ledire,
pour source la chaleurchimique;
ellepeut
donc êtreégale
ou inférieure à cettequantité.
Au commencement de ce
siècle,
on avaitadopté
lapremière
de ces solu-tions et l’on
croyait
que la chaleurvoltaïque
étaitégale
à la chaleur chi-Inique.
M. Ed.Becquerel (2)
disait : « Laquantité
de chaleurdégagée pendant
l’unité detemps
dans le circuit tout entier estégale
à laquantité
de chaleur
Q
quedégagerait
la réactionchimique
dont lapile
est lesiège pendant
l’unité detemps,
si cette réaction neproduisait
aucun courant. »Favre
(3)
est lepremier qui
ait étudiéexpérimentalement
cette propo- sition. A ceteffet,
cephysicien comparait
laquantité
dechaleur Q dégagée
dans le circuit total d’une
pile
à laquantité
de chaleurQ’
que fournirait la même réaction si elle seproduisait
sansengendrer
aucun courant. OrQ peut
se calculer facilement : il suffit de remarquer que laquantité
de chaleurdégagée pendant
l’unité detemps
dans le circuit tout entier se compose, d’unepart,
de laquantité
dechaleur q dégagée
dans le conducteur inter-polaire
etqu’on peut
mesurer directement aucalorimètre,
d’autre part, de laquantité
de chaleurq’ dégagée
dans lapile
par suite du passage du cou-( 1 ) Dans cette Partie de mon travail, j’ai fait de nombreux emprunts au Potentiel ther-
. modynamique de M. Duhem.
( 2 ) En. BECQUEREL, Cours d’Électricité et de Magnétisme.
( 3 ) P.-A. FAVRE, Recherches thermiques sur les courants hydro-électriques ( Comptes
rendus de l’Académie des Sciences, t . XLVI, p. 558 ; 1858; t. XLVII, p. 599; 1858).
rant; or,
diaprés
la loi deJoule,
on aet, comme on
peut
mesurer lerapport
des résistances r et r’ des deux cir-cuits,
onpeut,
de la relationprécédente,
déduire la valeur deq’
et, parsuite, de Q = q
+q’, qui
n’est autre que lachaleur voltaïque.
En secondlieu,
par des recherchescalorimétriques s’appliquant
à la réactionchimique,
seuleexempte
de tout courantélectrique,
Favre mesurait laquantité
de cha-leur
Q’ produite
et constataitqu’elle
était différente de celle trouvéepré-
cédemment. « Toute la chaleur que
développe
l’actionchimique,
disaitFavre,
ne se retrouve pas dans lecircuit, puisque
celui-ci donnetoujours, quel
que soit sondéveloppement,
dans lesexpériences
inscrites auTableau,
,
le nombre constant
15oo,
tandis que l’actionchimique produit
18 685 unités dechaleur;
unequantité qui
serait( dans
les conditions oùje
me suisplacé)
de 36oo calories
environ,
estemployée
à vaincre une résistance sur la na- ture delaquelle je
n’oserais émettre aucunehypothèse.
Il faut donc ad-mettre
qu’iine partie
du travail moteurqui
s’exerce entre les éléments chi-miques
quej’ai
mis enjeu
nepeut
pas concourir àproduire
le travail utile que l’on cherche à réaliser dans les électromoteurs. »Comme on le
voit,
lors de sespremiers
travaux, Favren’indiquait
pas lacause de la
divergence
entre les idées admises etl’expérience :
il l’attribuait.à une résistance sur la nature de
laquelle
il n’osait se prononcer.Plus tard
(i),
il chercha ,à rétablir l’accord entre les données del’expé-
rience et la
proposition
de M.Becquerel.
Ilimagina
d’unefaçon
absolu-ment arbitraire de
distinguer
en deux classes les réactions dont unepile
est le
siège;
les unes concourraient à la formation du courant et suivraient la loi de M.Becquerel;
les autres,parmi lesquelles
ilplaçait
la condensa-tion de
l’hydrogène
sur leplatine
et le passage del’hydrogène
de l’étatactif à l’état
ordinaire,
sans contribuer en rien au mouvement de l’électri-cité,
contribueraient en mêmetemps
que lespremières
audégagement
dechaleur
qui
seproduit
dans lapile.
La
comparaison
de la chaleurvoltaïque
à la chaleurchimique
fut ensuite(1) P.-A. FAVRE, Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des Sciences,
t. LXXV; 1877.
reprise
par M. Raoult(’ ), qui
arriva à des résultatsanalogues
à ceux deFavre et les
expliqua
au moyen des mêmes idées.D’autre
part,
enT86g,
M. Edlund( 2 ) énonçait
laproposition
suivante :« La
quantité
de chaleur que lesphénomènes chimiques produisent
dans lescouples
n’a aucune relation immédiate avec la chaleur consommée par les forcesélectromotrices,
et, parconséquent,
cette dernière nepeut
être cal-culée au moyen de la
première. ))
En
i 883,
M. Edlund( 3 ) publia
un second Mémoire destiné à appuyercette
proposition
et danslequel,
abandonnantcomplètement
les idées de Favre et de M.Raoult,
il démontre l’inexactitude des idées admises alorset
rejette complètement
laproposition
de M.Becquerel.
Depuis,
d’autresexpérimentateurs,
Julius Thomsen( ~ ),
M.-F. Braun( 5 ),
A.
Wright
et C.Thompson ( ~ ),
Herroun( r )
ont confirmé le fait et me-suré pour
plus
de centcouples
la chaleurvoltaïque
et la chaleurchimique.
En
général,
ces deuxquantités
sontdistinctes,
maispeuvent être,
commel’ont montré A.
Wright
et C.Thompson
dans le cas d’éléments de la forme de l’élémentDaniell,
reliées entre elles par la formuleE étant la force électromotrice de la
pile;
(~,,
etCi
les chaleurs de formation des dissolutionsemployées;
K2 et K,
deux constantesvoltaïques spécifiques
pourchaque
métalsupposé
de même nature que celui de la dissolution dans
laquelle
ilplonge.
Si,
abandonnant le côtéexpérimental
et leshypothèses
que nous venonsde
développer,
nous cherchons lespremières
idéesthéoriques
exactesémises sur la
question qui
nousintéresse,
nous ne trouvons rien avantHirn
( 8 ).
Ce savant admettait que la chaleurdégagée
dans une réaction( 1 ) R.-M. R.BouLT, Annales de Chimie et de Physique, ~e série, t. II, p. 31~; ~86~;
~e série, t. IV, p. 392; 1865.
( 2 ) EDLUND, Annales de Chimie et de Physique, t. XVIII, p. 463; 1869.
(3) EDLUND, Wied. Ann. der Physik und Chemie, t. XIX, p. 287 ; 1883.
(’’) J. THOMSEN, Wied. Ann, der Physik und Chemie, t. XI, p. 2~6; 1880.
(5) M.-F. BRAUN, Wied. Ann. der Physik und Chemie, t. XVI, p. 561 ; I882; t. XVII, p. 593 ; 1882.
(6) A. WRIGHT et C. THOMPSON, Philosophical Magazine, série 5, t. XIX, p. 197; 1885.
(7) HERROUN, Philos. Magazine, p. 2og; mars 1889.
(8) HIRN, Exposition analytique et expérimentale de la Théorie mécanique de la cha- leur, t. II, p. 348; 1876, 3e édition.
chimique
se composetoujours
de deuxparties : l’une,
transformable en tra-vail
électrique,
peut être calculée par laproposition
de M.Becquerel ;
l’autreest
l’origine
de la différencequi
existe entre la chaleurvoltaïque
et la cha-leur
chimique.
Maisje
nepourrai
mieux faire que de citer textuellement le passage du Mémoire de Hirnqui
résume ses vues sur cettequestion :
« .... Si l’on admet que, dans une combinaison
quelconque,
laposition
relative des atomes est déterminée par deux
forces,
par l’affinitéchimique, qui
esttoujours
et nécessairement en concomitance avec la manifestationélectrique,
et par l’attractionmoléculaire, qui
estindépendante
de cettemanifestation,
touts’explique
aisément.» Le travail
proprement
ditqui
s’exécutependant
l’actechimique
estformé,
dans ce cas, de deuxparties
distinctes : l’une relève duchangement
de
position atomique opéré
par l’attraction chimique; l’autre dérive de lapart qu’a,
dans cechangement,
l’attraction moléculaire. La chaleur dueau
premier
travail est en concomitance et enéquivalence rigoureuse
avecle mouvement
électrique qui
accompagne l’actechimique.
La chaleurqui
relève du second travail
n’a,
aucontraire,
rien de commun avec ce mouve-ment; elle est,
quant
à sonorigine, comparable,
ou mêmeidentique,
à cellequi
sedéveloppe
par lacompression
d’un gaz, par la condensation d’une vapeur, par la solidification d’unliquide. »
Cette identification de la
chaleur, qui
relève du second travail et de lachaleur mise en
jeu
dans unchangement
d’étatréversible,
renfermait le germe d’une idée féconde : l’idée de demander au théorème de Carnot la raison de la différence entre la chaleurvoltaïque
et la chaleurchimique.
Cette idée
fut,
pour lapremière fois,
énoncéeexplicitement
par 11. F.Braun
(’ ), puis
ensuite par NI. G.Chaperon ( 2 ) qui, ayant
abandonné sesrecherches,
n’est pas arrivé à des résultats bienintéressants,
mais a aumoins le mérite de nous avoir mieux
préparés
auxgrands
travaux de M. H.von Helmholtz
( ~ ).
On
doit,
eneffet,
à M. von Helmholtz une théoriecomplète,
embrassant lagénéralité
desfaits ;
c’est un lien réunissant lesexpériences qui
semblaient(i) lV1.-F. BRAUN, Wiedemann’s Annalen der Physik und Chemie, t. V, p. 182; 18; 8.
(2) G. CHAPERON, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. XCII, p. y86; 1881.
(3) M.-H. VON HELMHOLTZ, Thermodynamique des phénomènes cfiiniiques (Comptes
rendus des séances de l’Académie des Sciences de Berlin, p. 2 et 825, 1882 et p 647,
1883.
auparavant
lesplus éloignées
et dont la vérification desconséquences
s’esttoujours
trouvéejusqu’ici pleinement
satisfaite.L’idée fondamentale et servant de base aux
développements analytiques
est l’idée que nous avons
développée précédemment
etqui
est due à Hirn.Considérons une
partie
decycle
réversible(’ ) comprise
entre lespoints (o) et (1);
nous pouvonsécrire,
avec àI.Clausius,
que la somme de ses éléments de transformation estégale à
la différence des valeurs del’entropie S
àl’état initial et à l’état final
Si nous fermons le
cycle
par unetrajectoire
non réversiblepartant
del’état
(o)
pour revenir à l’état(i),
la somme de ses élérnents de transfor- mation seraet nous aurons ainsi formé un
cycle
non réversible dont la somme des élé-ments de transformation est,
d’après
M.Clausius, positive ;
doncDésignons
par N la différence entre ces deux sommes d’éléments detransformation,
nous auronsM. Clausius a
appelé
la différence N la somme des transformations non(1) L’exposition de cette théorie est empruntée au Cours de Physique de NI. Moutier.
compensées.
Dans l’étude des transformationsisothermiques,
seul cas quenous abordions
ici,
cetteexpression
se réduit àdans
laquelle Q désigne
laquantité
de chaleurdégagée
dans la transforma- tionisothermique opérée à
latempérature
T. Cettequantité Q
est,d’après
la dernière
équation, égale
àexpression qui
nous montre que laquantité
de chaleurdégagée
dans toutetransformation
isothermique se
compose de deuxparties;
l’unerr (So - S,)
est la chaleur
compensée,
l’autre NT est la chaleur iioiicompensée.
A la chaleur non
compensée correspond
un travail que nousappellerons
le travail non
compensé
et dont la valeur’ estA étant
l’équivalent mécanique
de la chaleur.Restreignons
encore notre étude et cherchons àexpliciter
la valeur du travail noncompensé uniquement
dans le cas des transformations isother-miques
souspression
constante. Si nousdésignons
pardQ
la chaleur dé-gagée
dans une transformation élémentaireopérée
sous lapression
l~, par dv l’accroissement de volume du corps soumis à latransformation,
par dU raccroisscmcnt de la chaleurinterne,
nous avonsce
qui donne,
pour la valeur d.u travail noncompensé,
expression
que nous pouvons écrireen
posant généralement
et en
désignant par 50 et it
les valeurs de cette fonctionqui correspondent
à l’état initial et à l’état final.
L’équation (3)
nousapprend
que le travail noncompensé
est, dans unetransformation
isothermique opérée
àpression
constante,égal
à la variationde la fonction i que M. von Helmholtz
appelle énergie
L’énergie
libre que nous venons ainsi de définir est une certaine fonction de lapression,
et, si celle-ci varie dedp,
celle-là subira la variation sui-vante
Or on sait que
Il en résulte que
en
reportant
ces valeurs dansl’équation (/~~,
on aOr M. von Helmholtz fait
l’hypoth.èse
que c’estprécisément
le travail noncompensé
-50) qui correspond
àl’énergie
d’affinitéapte
à se trans-former en toute autre’forme de
travail,
parexemple
enénergie électrique.
Si donc nous considérons une
pile
fonctionnant avec une force électromo- trice E etproduisant
unequantité
d’électricité ~,l’énergie qu’elle dépensera
sera et,
d’après l’hypothèse précédente,
cettequantité
seraégale
à lavariation de
l’énergie libre,
c’est-à-dire queor,
si,
à la mêmetempérature,
lapression
varie dedp,
on a, pour la mêmequantité d’électricité,
et, en tenant
compte
del’équation (5),
1)ofic,
selon que le volumediminue,
reste constant ouaugmente
pan suite de l’actionchimique, la f orce
électromotrice de lapile augmente,
reste constante ou diminue par suite d’un accroissement de la
pression
Mais il y a lieu de se demander suivant
quelle
loi seproduit
cette varia-tion,
et il nous est nécessaire dedistinguer
ici deux cas suivant que lapile
a ou n’a pas de
dégagement
gazeux.r ° Cas des
piles
à éléments solides ouliquides.
- Dans ce cas, la com-pressibilité
des solides et desliquides
est si faible que la variation de vo-lume vo
- Pc due à l’actechimique
est, comme onpeut
le concevoir et .comme le montre le
calcul,
sensiblementindépendante
de lapression;
donccette
quantité
est une constante, et la formule(7 )
s’integre
aisémentSi,
enparticulier,
nouspartons
d’unepression
ponulle,
la formule(8)
seréduit à
ce
qui
nous montre que, pour lespiles considérées,
la variation de la force électromotrice avec lapression
est linéaire.Quant
à la constante de pro-portionnalité ~° ‘~’
elle est facile à calculer.Supposons,
eneffet, qu’un équivalent
des divers corps constituant lapile
entre en réaction etproduise
une variation de volume
exprimée
en centimètrescubes,
variationque nous calculerons
plus
tard enparticulier
pour chacune despiles
quenous
étudierons ;
laconstante q représente
alors laquantité
d’électricitédéveloppée
par la dissolution de iéquivalent
de métal dans lapile
ou, end’autres termes, la
quantité
d’électricitécapable d’électrolyser
iéquivalent
de métal. Or il existe toute une série
d’expériences
nous donnant la masse(Fardent déposée
par 1ampère
en une seconde : les résultats obtenus sontrespectivement
lessuivants, d’après
les différentsexpérimentateurs :
mgr
Kohlrausch ( 1 )... I , I 1 ô~~
Rayleigh ( 2 ) ... I , I I 8
àlascart ( 3 ) ... i ; ;1 1 56 Pellat et Potier ( * ) ... I , g~
~ous pouvons, en
prenant
la moyenne de cesrésultats,
admettre queI coulomb réduit 001 1185
d’argent,
c’est-à-dire que,d’après
la loi deFaraday,
le passage de 1 coulomb d’électricitédépose
du métal constituant lapile
et dontl’équivalent
est e unpoids égal à
te, par
conséquent,
pour mettre en liberté unpoids c
de cemétal,
il faudraun nombre de coulombs
égal
àc’est-à-dire
donc la constante de
proportionnalité
est en unités C.G.S.a condition toutefois
d’exprimer
lespressions également
en unitésC.G.S.;
mais,
comme, dans toutes nosexpériences,
les résultats sont relatifs à despressions exprimées
enatmosphères,
il nous fautmultiplier
la constanteprécédente
par la valeur d’uneatmosphère
endynes,
c’est-à-dire par( 1 ) F. et Vr. KOHLRAUSCH, Sitz. des Phys. med. Ges. zu Würzburg; 1884.
( z ) RAYLEIGH, Trans. of the R. S. L., Part II, p. 4II; I884.
(3) Journal de Ph~y‘sique, 2e série, t. 1, p. log; 1 88,z ; t. III, p. 28’S ; 188y.
et) et POTIER, Journal de Physique, 2e série, t. IX, p. 38t;
Mais les unités usuelles étant
plus
courantes etplus
familières que les uni- tésC . G. S . ,
il vaut mieux modifier encore notre constante, defaçon
que la variation(E, - Eo)
soitexprimée
en volts. Or ~ .il faudra
donc,
pour obtenir la conversionqui
nousintéresse,
diviser la con- stanteprécédente
par cequi
donnev, - (JO étant
exprimé
en centimètrescubes, et p
enatmosphères.
2° Cas des
piles
àdégagement
gazeux. - Dans le cas où le fonction-nement de la
pile
estaccompagné
d’undégagement
gazeux, la variation de volume due à l’actechimique
est une certaine fonction de lapression.
Supposons d’abord,
pourplus
desimplicité,
que le gazqui
sedégage pendant
la réaction suive la loi deMariette ; alors,
si nousdésignons
par x le volumeà p
de iéquivalent qui
occupe du reste le volume( v,
-1
atmosphère,
nous avons ,et, en
remplaçant
dansl’équation ( ~ ),
nous obtenonséquation qui,
parl’intégration,
se transforme enSi,
en deuxièmelieu,
prenant un casplus complexe,
nous supposons quele gaz
qui prend
naissancependant
la réaction ne suit pas la loi de Ma- riotte et que sa loi decompressibilité
soit donnée par la formulece
qui
est le cas del’hydrogène,
nous avons alorsqui,
parl’illtég’ratioll,
donne11 est bon de remarquer que, dans les
équations (12) et ( 13 )
relatives auxpiles
àdégagement
gazeux, la constante deproportionnalité
est la mêmeque dans le
premier
casqui
nous aoccupé
etqui
est relatif auxpiles
à élé-ments solides ou
liquides.
Ce sont les formules
( i z ), ( z 2 ) et ( I 3 ),
résumé de la théorie de M. von’
Helmholtz,
queje
me suisproposé
de vérifier et dont l’étudeexpérimentale
constitue
l’objet
desChapitres
suivants.DEUXIÈME PARTIE.
ÉTUDE DES PILES A ELEMENTS SOLIDES ET LIQUIDES.
Dans cette deuxième
Partie,
nous allons nous occuperuniquement
despiles
sansdégagement
gazeux, y c’est-à-direauxquelles s’applique
la for-mule
(11). Mais,
pour la commodité del’exposition,
nous subdiviseronscette Partie en un certain nombre de
Chapitres
danslesquels
nous traite-rons individuellement
chaque pile,
enayant
le soin toutefois de fairepré-
céder cette étude d’un
paragraphe
réservé à ladescription
de la méthodeet des
appareils employés.
I. - Méthodes et
dispositions expérimentales.
J’ai
employé,
pour la mesure de la force électromotrice despiles
enexpérience,
trois méthodes distinctesqui
m’ont donné des résultats très concordants.i ° Dans une
première
séried’expériences, je
me suis servi de la méthoded’opposition
dePoggendorff
modifiée parDubois-Raymond (’ ), qui
consisteà
placer
lapile
d’étude P( f b
.i)
enopposition
sur une force électro- Fig. 1.motrice
égale, empruntée
à un circuit danslequel
circule un courant d’in-(1) } DUBOIS-RAYMOND, Abh. d. B. Ak., p . 787; I 862.
tensité constante fourni par des éléments
impolarisables figurés
en P’.Dans mes
expériences, j’ai employé,
commepiles auxiliaires,
despiles Callaud, qui
ne sont autres que des éléments Danielldépourvus
de vasesporeux ; les
liquidés, qui
sont des solutions de sulfate de cuivre saturé et une solution de sulfate de zinc à 5 pour Ioo,ayant
des densités très dif-férentes,
sontdisposés
par ordre de densité dans delongs
tubes entourés d’eau et y restentséparés
par lapesanteur pendant
untemps
trèslong,
pen- dantlequel
lapile
est d’une constanceabsolue,
contrairement à cequi arrive,
comme l’ont montré MM. H.-V.Hayes
et J.Trowbridge 1 ’ )
pour l’élément Daniell lui-mêmequi,
à cause du vase poreux,éprouve
desvariations de forces électromotrices lentes et
rapides, qui
nepermettent
pas la
rigueur
nécessaire auxexpériences
quej’ai poursuivies.
Cespiles
auxiliaires P’ sont fermées sur deux boîtes de
résistance,
chacune d’une valeur de toooo ohms etreprésentées schématiquement
en AB et CD. Al’une des extrémités A d’une des boîtes de résistance était branchée une
dérivation contenant la
pile
en étudeP,
un électromètrecapillaire
deM.
Lippmann
et un commutateur oscillant rr2l2pqcapable d’établir,
enmême
temps,
le contact entre lespoints
mnet pq ; l’autre
extrémité B decette dérivation
était,
dans les différentesexpériences, déplacée
defaçon
àobtenir
l’opposition
deséléments,
c’est-à-direjusqu’à
ramener l’électro-mètre au zéro.
La mise en
opposition
des éléments que nous venons designaler
a besoind’être faite avec
quelques précautions
que nous allons décrire.D’abord,
dans une
première
mesure,après
avoircomprimé
l’élément un certainnombre de fois de
façon
à éliminer les actionssecondaires, j’abaissais
lecommutateur de
façon
à établir le contact entre lespoints
mn et pq,puis déplaçais
lepoint
B sur la boîte de résistancejusqu’à
ce que l’électromètre restât auzéro; je
relevais alors le commutateur et laissais lapile
se re-poser
pendant
untemps plus
au moinslong,
suivant la durée de la pre- mièreexpérience
et la nature de l’élémentemployé; lorsque je jugeais
cerepos suffisant pour détruire toute
fatigue
et toutepolarisation
despiles, j’abaissais
le commutateurpendant
untemps
très court,pendant lequel j’examinais également l’électromètre ;
si leménisque
du mercure .de cetappareil
restait auzéro, l’expérience
étaitprête, autrement j e l’y
ramenais(1) H.-V. HAYES et J. TROWBRIDGE, The A merican Journal of Science, p. 34; 1 I885.
et
recommençais
à nouveau ces tâtonnements.Supposons qu’à
la suite d’un certain nombre de ces essaisl’opposition
des deuxpiles
soit bienétablie,
notre
expérience
est alorsprête
et l’élémentpeut
êtrecomprimé
définitive-ment.
Ce mode
opératoire
etl’emploi
du commutateur ont pour but d’éviter que lespiles
sefatiguent
et d’êtretoujours
certa.ind’opérer
sur despiles
neuves et
exemptes
depolarisation,
cequi
est le caractère essentiel de cettepremière
séried’expériences.
Cela
étant,
comme nous le disionsplus haut,
nouscomprimons
notrepile ;
engénéral,
sa force électromotrice varie par suite de cette variation des conditions extérieures et,lorsqu’on
abaisse le commutateur, l’électro- mètre ne reste pas au zéro. Pourl’y
ramener, nous pouvonsdéplacer
lepoint
B sur la boîte de résistance ou faire varier la valeur de la résistancecomprise
entre lespoints
A etB,
enplaçant
des fiches dans cetintervalle, mais,
dans ce dernier cas, defaçon
à éviter la variation de résistance du circuit totalABCD ;
en mêmetemps
que nousajoutons,
parexemple,
desfiches à la boîte
AB,
nous en enlevons le même nombre à la boîteCD,
cequi
facilite l’évaluation de la force électromotrice ou de sa variation.Mais,
comme cette mesure de la force
électromotrice
de lapile après
sa com-pression pourrait
lapolariser,
on estobligé, après
unepremière
mesurequi
sertd’approximation,
de recommencerl’expérience
dès sondébut,
etcela
plusieurs
fois desuite, jusqu’à
ce que l’électromètre reste, dans les dif- férentes mesures,toujours
au zéro dèsqu’on
abaisse le commutateur.Quant
à la valeur absolue de lavariation,
ellepeut
êtreexprimée
enunités usuelles
d’après
la variation de résistance deAB;
il noussuffit,
eneffet,
deremplacer
lapile
P par unepile
étalonqui peut
être un daniell ouun élément
Gouy
et de chercherquel
est le nombre de divisions de la boîte de résistancecomprises,
dans ce cas, entre lespoints
A et B pour quel’électromètre reste au
zéro;
unesimple proportion
suffira alors pour éva- luer en volts la variation de la force électromotrice de lapile
étudiée.Cette
première
méthode étantindiquée,
avant de passerplus loin, signa-
lons la forme donnée aux
piles
et leur mode decompression qui
esttoujours
le même dans les différentes
expériences.
Les éléments
employés
sontdisposés
dans un tube de verre AB(fig. 2)
de
2cm, 5
de diamètre et de I0cm à 1 6Cm delongueur,
cequi permet
de lesintroduire dans l’un des tubes-laboratoires en acier d’un
appareil
de com-pression
des gaz de M. Cailletet.L’intérieur du tube-laboratoire de
l’appareil
decompression
estrempli
d’huile
végétale
ou minérale destinée à transmettre lespressions
et à isolerparfaitement,
aupoint
de vueélectrique,
l’élément ou les éléments en étude.Comme on le
sait,
dansles appareils
de M.Cailletet,
le tube-laboratoireest fermé au moyen d’une douille D
(fig. 2) percée longitudinalement
Fig. 2.
d’un trou circulaire et
assujettie
elle-même au moyen d’un fort écrou li.C’est dans l’ouverture circulaire de la douille que sont
mastiqués,
au moyen deglu marine,
les filsqui
servent à transmettre le courant de lapile
AB.Les extrémités de ces fils
qui
sortent au dehors servent à établir les con-tacts ;
quant
aux extrémitésintérieures,
elles sont recouvertes sur toute leurlongueur
de matièresisolantes,
sauf à leurs terminaisonsqui
sont forméesdes métaux constituant les
pôles
de lapile
que l’on faitplonger,
commenous l’avons dit
plus haut,
dans un tube de verre contenant lesliquides excitateurs ;
cette dernièrepartie,
entièrement à l’intérieur dubloc,
estimmergée
dans l’huile par l’intermédiaire delaquelle
s’exerce lapression
obtenue au moyen de la machine de
compression.
Les fils conducteurs dont nous venons de
parler
sont isolés au moyend’une double
enveloppe
degutta-percha
et desoie, puis noyés
dans laglu
marine destinée à fermer
l’appareil. Mais,
comme l’isolement de ces fils doit êtreparfait,
avant de se servir d’unedouille,
on la soumet à des essaisdans le but de s’assurer de sa bonne construction.
Dans un
premier essai,
onplace
l’un des fils m de la douille en obser- vation dans le circuit d’unepile
P(fig. 3)
et d’ungalvanomètre
G observépar la méthode de réflexion de
Poggendorff, puis
on ferme ce circuit surl’autre
fil q
de la même douille.Naturellement,
si l’isolement estbon,
onFig. 3.
n’observera pas de déviation du
galvanomètre;
s’il en était autrement, la douille devrait être recommencée.Supposons
que cepremier
essai soitfavorable,
on soumettra alors la douille à une secondeépreuve.
A cet
effet,
aux extrémités net q
des fils de ladouille, je plaçais
deuxélectrodes de cuivre rouge
qui plongeaient
l’une et l’autre dans un volta-mètre V
( fig. /)
à sulfate decuivre ;
ces deux fils m et p étaientplacés
Fig. 4.
dans le circuit d’une
pile
contenant un autre voltamètre Uégalement
àsulfate de
cuivre, placé
exactement dans les mêmes conditions que le volta-rnètre V,
dont la dissolution avait mêmeconcentration,
dont les électrodes avaient même surface et étaient distantes l’une de l’autre de la même quan- tité. En fermant le circuit de lapile P,
le sulfate de cuivre étaitélectrolysé ;
il se
déposait,
sur lesélectrodes q
etq’,
du cuivremétallique
dont on pou- vait évaluer exactement lepoids.
Eneffet,
avantl’expérience,
les deuxélectrodes q
et~’, qui
étaient à peuprès
de mêmepoids,
étaient numé-’
rotées et
placées
chacune dans l’un desplateaux
d’une bonnebalance, puis
tarées de
façon
à ramener le fléau de cette dernière auzéro ; l’électrolyse
terminée, après
avoir lavé et séché lesélectrodes,
on lesreplaçait
sur lesplateaux
de la même balance à laplace qu’elles occupaient
dans la pre- mièreexpérience
et avec la même tare; sil’équilibre subsistait,
onpouvait
conclure à
l’électrolyse
dans les deux voltamètres de la mêmequantité
decuivre et, par
conséquent,
aurigoureux
isolement des fils conducteurs tra-versant la douille de fermeture du tube-laboratoire. Cette méthode est
susceptible
d’unegrande exactitude,
car, si la balance fait lespesées
au./0-
demilligramme,
il suffitd’électrolyser
Igr de cuivre pourpouvoir
mettre .en évidence une dérivation dont la valeur serait 10000 fois la résistance existant entre les deux
électrodes q
et n, c’est-à-dire une.quantité
trèsgrande.
2° Dans une autre série
d’expériences,
voulant étudier les variations de force électromotricequ’éprouvent
lespiles impolarisables
en circuitfermé, j’ai employé
une méthode dePoggendorff 1 ’ ) ,
danslaquelle
on mesure laforce électromotrice d’une
pile
tout en la laissant fonctionner.Dans cette
méthode,
lapile
en étude P( f b
.5 )
et unepile
P’ servantFig. 5
d’étalon sont réunies par leurs
pôles
de nom contraire. Dans cecircuit,
onplace
une dérivation AB contenant un électromètrecapillaire; puis,
danschacun des circuits
PAB,
P’AB ainsiformé,
on intercale une boîte de ré-sistance R et R’.
Le calcul
montre que,lorsque
l’électromètre E est auzéro,
le
rapport
des forces électromotrices despiles
P et P’ estégal
aurapport
(1) ) Voir BOSSCHA, Pogg., Anii., t. XCVII, p . I72; t 85 r ..
des résistances R et
R’,
c’est-à-dire queSi maintenant on vient à
comprimer
lapile P,
sa force électromotrice varie et devient E + e ; pour ramener l’électromètre auzéro,
il faut modi- fier la valeur de la résistance R et lui donner la valeur R + r ; on a encoredes
équations (i4)
et(1 5 ),
on déduitexpression qui
nouspermettra
de calculer la variation de la force électro- motrice de lapile
P connaissant les résistances 1 etR’,
à condition que la résistance intérieure de lapile
P soittoujours
la même.Or j’ai
trouvé que les résultats obtenus par cette méthode donnent bien le sens et la loi de lavariation
de la forceélectromotrice,
mais que les nombres obtenus sont unpeu différents de ceux donnés par la
première
méthode. Avant d’en con-clure que les variations de la force électromotrice avec la
pression dépen-
dent du mode de
mesure, j’ai
voulu voir si cette différence ne tenait pasuniquement
à une variation de la résistance intérieure de lapile
avec lapression, et j’ai
alorsemployé
une troisième méthode.3° Cette
méthode,
due encore àPoggendorff (’ y, permet
de mesurer àla fois la force électromotrice et la résistance intérieure d’une
pile
fonction-nant sur une résistance déterminée.
A cet
effet,
lapile
enexpérience
P6 ) comprend,
dans soncircuit,
une dérivation AB contenant une boîte de
résistance ;
une seconde boîte derésistance est
placée
en R. Unepile
auxiliaire p, de force électromotriceconnue e, inférieure à la force électromotrice à mesurer x, est
placée
sur ladérivation avec un électromètre
capillaire
E. Onrègle
d’abord la résis-tance 1 de
AB,
de sortequ’il n’y
ait pas de courant enA p B .
Endésignant
par y la
résistance,
par x la force électromotrice de lapile P,
on a(1) POGGENDORFF, Pogg. Ann., t. IV, p. I6I; t. LX, p. 168.