HAL Id: jpa-00238163
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Submitted on 1 Jan 1883
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Mesure de la différence de potentiel des couches électriques qui recouvrent deux liquides au contact
E. Bichat, R. Blondlot
To cite this version:
E. Bichat, R. Blondlot. Mesure de la différence de potentiel des couches électriques qui re- couvrent deux liquides au contact. J. Phys. Theor. Appl., 1883, 2 (1), pp.533-551.
�10.1051/jphystap:018830020053300�. �jpa-00238163�
35 MESURE DE LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL DES COUCHES ÉLECTRIQUES
QUI RECOUVRENT DEUX LIQUIDES AU CONTACT;
PAR MM. E. BICHAT ET R. BLONDLOT.
INTRODUCTION.
’
On
possède aujourd’hui
de bonnes déterminations des diffé-rences
électriques
entre lesmétaux ;
aucontraire,
les mesures desdifférences
électriques
entre un métal et unliquide,
ou entre deuxliquides,
n’ont étél’objet
que d’unpetit
nombre de recherches dont les résultats sont loin d’être concordants. Onpeut
cepen- dantaffirmer,
czpriori,
que l’étatliquide
est celui danslequel
lescorps doivent
présenter
les différencesélectriques
lesplus
con-stantes. Un corps solide conserve, en
effet,
la trace de toutes lesactions
mécaniques qu’il
aprécédemment subies ;
sespropriétés
ne
dépendent
pasuniquement
de sa naturechimique
et des condi-tions dans
lesquelles
il se trouveactuellement,
et, pour le définircomplètement,
il faudraitindiquer
toutes lesparticularités
de sonhistoire. C’est ainsi que 1~I. Pellat a
montré (1)
que l’étatphy- sique, l’écrouissage
enparticulier, peut
faire varier considérable-ment la différence
électrique
entre deux métaux.Rien de
pareil
n’existe pour unliquide;
sespropriétés
sont par- faitement définies par sa naturechimique
et par les conditionsphysiques
danslesquelles
il se trouve, sansqu’il
soit nécessaire de tenircompte
des actionsmécaniques qu’il
a pu subir antérieure-ment.
Il résnl te de là que l’étude des différences
électriques
entredeux
li~ui~~es
doit être le cas leplus simple. JB1algré cela,
les re-cherches,
très peu nombreuses du reste, faitesjusqu’ici
à cesujet,
n’ont conduit
qu’à
des résultats fortincertains,
nous pouvons même dire inexacts. Ces raisons nous ontengagés
àentreprendre
le
présent travail,
dont le but est la déterulination des différences(’ ) Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. LXXX, p. 99°;
i 830.
’
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018830020053300
534
électriques
entre lesliquides.
Nous dirons tout de suite que nos recherches nous ont mon tré que ces différences son t, enréali té, parfaitement
constantes.Avant
d’exposer
nosexpériences,
mous examinerons les deux seuls Mémoires relatifs à notresujet.
Le
première
tentative a été faite par ~1. R. Kohlrausch(1).
Nouslui
empruntons
ladescription
de sesexpériences :
« Deuxpla-
teaux de verre formant condensateur étaient
suspendus
l’un au-dessus de l’autre et maintenus
séparés
par troispastilles
de gommelaque.
Au-dessous duplateau
inférieur était collée une feuille depapier
à filtre imbibée d’une dissolution concentrée depotasse
caustique ;
au-dessus duplateau supérieur
était collée une autrefeuille de
papier
imbibée d’acideazotique. Après
avoir mis encommunication
électrique
les deuxliquides,
on mesurait lacharge
de la feuille de
papier supérieure
au moyen d’un électromètre.Pour établir la communication entre les
liquides,
on se servait. d’un fil imbibé de l’un de cesliquides... »
Il y a de graves
objections
à faire à cette manière deprocéder.
En
premier lieu ,
y comme le font remarquer MM.Ayrton
etPerry (2), l’emploi
des feuilles depapier imprégnées
desliquides n’est pas équivalent
à celui des surfaces constituées par lesliquides
eux-mêmes. Dans la suite de ce
Mémoire,
nousrapporterons
desexpériences qui prouvent
que cette assimilation conduit en effet à des résultatscomplètement
inexacts. En secondlieu,
lesplateaux
de verre
interposés
entre les deux couchesliquides peuvent
ap-porter
desperturbations provenant,
soit de leur électrisation à peuprès inévitable,
soit des différents contacts que leurprésence
in-troduit ;
il estimpossible
deprévoir
lagrandeur
de cespertur-
bations.Après
l%I.Kohlrausch,
les seulsphysiciens qui
se soientoccupés
de la
question
sont MM.Ayrton
etPerry.
Ils ontappliqué
à lamesure des différences
électriques
entre lesliquides
leprocédé qu’ils
avaientemployé
pour le cas de deux métaux(3).
Nous nedécrirons pas leur
appareil, qui
est trèscompliqué.
Nous ferons--- -- --- -- ---- ---- -- - ---
(~) 7~o~’~e/K~o~~~4~/K~Ze/ï~ t. LXXIX, p. 200; 18.50.
(1) Philosophical Transactions of the royal Society, Part. l, p. J6; 1880.
(3) Mémoire précédemment cité.
535
remarquer avec ~1.
Pellat ( 1)
que « cette méthodenécessiterait,
pour fournir des résultats exacts, une
disposition mécanique
par-faite et un isolement absolu des
plateaux.
Lalongueur
del’expé-
rience rend cette dernière condition
indispensable ;
lacomplication
de la
disposition expérimentale
rend lapremière
difficile à réaliserd’ une
façon
suffisan te. » Nousajouterons
que, y dans le cas des li-quides,
comme le dit d’ailleurs 31. Wiedeniann(2),
il y a une grave cause d’erreur enplus.
Il est difficiled éviter que
les vapeurs émises par lesliquides
ne se condensent sur lesplateaux
métalli-ques
qui
sontplacés
au-dessus à une distance deo-,oo8
seule-ment. La couche la
plus imperceptible
de buéepeut changer
lesnombres du tout au tout. Aussi JB1~I.
Ayrton
etPerry
ont-ilstrouvé des écarts considérables entre les déterminations successives d’une méme différence
électrique.
Nousdirons,
dèsmaintenant, qu’il n’y
a aucune concordance entre les nombres donnés par ces deuxphysiciens
et les nôtres.Avant de passer à
l’exposition
de nos propresexpériences,
nousrappellerons quelle
est lasignification physique précise
des me-sures effectuées à l’aide des méthodes
électrométriques analogues
à celles de
Volta,
mesures que l’illuisurephysicien considérait,
apriori,
commereprésentant
la différence depotentiel
de deuxcorps en contact.
Maxwell
( 3 ~
a, lepremier, exprimé
un doute à cetégard.
On a,en
effet,
des raisonsplausibles
de penser que l’électricitéqui
revétun conducteur se trouve, non pas dans l’intérieur même de ce
conducteur,
mais bien dans la couche du milieu isolant immédia-tement en contact avec lui. Soient donc deux corps M
etM~,
donton mesure la différence
électrique
par unprocédé analogue
à.celui de Volta.
L’expérience
étant faite dansl’air,
on mesure, par lefait,
la différence entre lepotentiel
dans l’airprès
de la sur-face de M et le
potentiel
dans l’airprès
de la surface de 1VT~.On mesure
donc,
M et M~ étant en contact, la somme des trois différences :air 1 M + M 11B1’ + M’ 1 air.
Comme on nepeut
pas affirmer a~.~nzorz
que les différences airIM
e tMI 1
air son t(1) Annales de ClLimtie et de Pltysi~zce, p. j7; 188r.
(l ) G. ~’~rIGDEilitl’_1B, Die Lehre von der Elehtricitiit, t. l, p. :~3f3; 1882.
~3) Electraeicctt, ~G avril J8j9 (Lettre Sllr le potentiel).
536
nulles,
ni même que leur sommealgébrique
estnulle,
il en résulteque l’on ne sait pas si le nombre fourni par
l’expérience
donne ladifférence M
1 ~I’ :
on doit dire avec M. Pellat( ~ ~
que ce nombrereprésente,
enréalité,
la différence depotentiel
des couches élec-triques qui
recouvrent les deux conducteurs en contact et enéqui-
libre.
Dans les recherches que nous allons maintenant exposer, l’effet de l’air existe aussi bien que dans les mesures faites à la manière de Vol ta.
Aussi,
comme le montre la théorie que nous allons exposer, les nombres que nous avons obtenusreprésentent-ils
ladifférence
apparente
desliquides,
c’est-à-dire la différence entre.
les
potentiels
des couchesélectriques qui
recouvrent les deuxliquides.
PRINCIPE DE LA MÉTHODE.
Prenlière
eXpérience. -
Soient(ftg. y
deux vases X et Ycontenant un même
liquide
L et réunis par unsiphon;
dans ces’
Fig. i. ,
vases
plongent
des électrodes enplatine P,
et1)2, respectivement
en relation avec les deux
paires
dequadrants
d’un électromètre Thomson-Mascart que l’on observe à l’aide d’une lunette et d’unerègle
divisée.L’aiguille prend
une certaineposition d’équilibre,
un peu différente en
général
du zéro del’électromètre,
parce queles deux
piétines
ne sont pascomplètement identiques.
Endépla-
(’ ) Altnules de C hinzie et de Playsi~ue, p. 8; 1~~I.
/
537 çant
légèrement
larègle divisée,
on fait coïncider une divisionquelconque,
n, avec le fil du réticule de la lunette.Seconde
expérience. -
Enle~Tons lesiphon ; disposons ( fig. 2~
un troisième vase Z contenant un
liquide L’,
et relions les deuxvases X et Z au 1110) en d~ lln
siphon
fermé par une membrane etrempli
duliquide
L.Supposons
que, par un moyenquelconque,
on soit arrivé à rendre
égaux
lespotentiels
des couches d’airqui
recouvrent les
liquides
L’ et L contenus dans les vases Z etY;
ladifférence entre les
potentiels
des électrodesP,
etP2
n’estplus
lamême que dans la
première expérience ;
elle estaugmentée
de laFig. 2.
différence
électrique
vraie A11B’
desliquides
résultant de leur con- tact enC, plus
la différenceélectrique
L’( air, plus
enfin ladiffé-
rence
air(L.
Cette somme n’est autre chose que la différence appa-rente entre les deux
liquides,
et que nousdésignerons
par L( L’.
Par
suite, l’aiguille
de l’électromètreprend
une nouvelleposition
d’équilibre.
.Intercalons maintenant entre
Pi
et lapaire
dequadrants ( 1, i)
une force électromotrice fournie par une
pile,
force électrorno- trice variable àvolonté,
et dont on connaissetoujours
lavaleur ;
en lui donnant un sens convenable et en la modifiant peu à peu,
nous pouvons ramener
l’aibuille
à uneposition telle,
que le fil du réticule coïncide de nouveau avec la division n. Il ~- a alors com-pensation
entre la force électromotrice due à lapile
et la différenceélectrique L 1 L’.
La lecture de la force électromotrice due à lapile
donne donc le sens de la valeurnumérique
deL ( L’.
538
Tel est le
principe
de notreméthode;
il reste àexpliquer
com-ment nous son1mes arrivés à
égaliser
lespotentiels
des coucliesd’air
qui
recouvrent leliquide
L du vase Y et leliquide
L’ duvase Z.
Le
procédé auquel
nous avons eu recours repose surl’emploi
de~ Fig. 3 et 3 bis.
l’appareil
à gouttesimaginé
par Sir W. Thomson pour l’étude de l’électricitéatmosphérique.
Un tube de verre AB(fig. 3 ),
deOlll ,04
de diamètre et de
om, 4o
delongueur,
est fixé verticalement. Il est rétréci à lapartie supérieure ( fié>.
3bis),
defaçon
à former une539
sorte de cloche
percée
en son milieu d’une ouverture A deom, 01
ide diamètre environ. Un manchon C entoure l’extrémité
supérieure
du tilbe
auquel
il est fixé au moyen d’un bouchon annulaire. Dans le vase circulaire ainsi formé autour de l’ouvertureA,
on fait arriverun
liquide
L provenant d’un réservoirquelconque ;
l’orifice A fait alors l’office detrop-plein
et leliquide
ruisselle lelong
desparois
intérieures du tube AB
(fig
3 et 3hts ~,
defaçon
à lerevêtir
COll1-plètement.
On a ainsi réalisé un corps creux sensiblementfermé,
dont la
paroi
interne est constituée par leliquide
L.D’autre
part,
un flaconF, isolé,
contenant l’autreliquide L’,
estmuni d’un tube rr
vertical,
dont l’ouverture effilée o(fig.
3bis)
vient déboucher au niveau de l’ouverture A. Le
jet liquide qui s’échappe
par cette ouverture reste d’abord continu sur une lon- gueur deo", o4
à om, 05jusqu’en l~I; puis,
en cepoint,
il sesépare
en
gouttelettes.
L’appareil
étant ainsidisposé,
on sait que lepotentiel
de lacouche d’air
qui
recouvre leliquide
L~ du flacon F se modifie parle jeu
del’écoulement,
de manière à atteindrerapidement
la valeurdu
potentiel
de la couche d’airqui
recouvre leliquide
L. Lesdeux couches d’air
qui
recouvrent lesliquides
L et 1./ sont ainsiamenées au même
potentiel.
D’après
cequi précède,
pour réaliserl’égalisation,
que nousavons
supposée
dans la secondeexpérience,
despotentiels
descouches
qui
recouvrent lesliquides
L et L~ contenus dans les vasesZ et Y de la
fige
2, il suffira de .-les fairecommuniquer
par dessiphons, respectivement
avec lesliquides
L et L’ del’appareil
àécoulement que nous venons de décrire.
DESCRIPTION DE L’APPAREIL ET MARCHE DES EXPÉRIENCES.
Voici comment nous avons réalisé les
expériences
dont la théorievient d’être donnée. La
fig. 4 représente
l’ensemble del’ap- pareil :
AB est le gros tube dont laparoi
intérieure est constam- ment revêtue par leliquide L;
ce dernierprovient
d’ungrand
fla-con S d’environ 251iL de
capacité.
Le vase annulaire CC coln-munique
par lesiphon s
avec le vaseY, qui
contient amssi leliquide
L et danslequel plonge
l’électrodeP,.
F est le flacon contenant le
liquide L’ qui
s’écoule par le tube T.540
Il est
indispensable
que ce flacon soit bienisolé ;
g nous avons ob-tenu ce résultat en le
supportant
par un isoloir Thomson-Mas-cart. Le tube T a une
longueur
deo-,6o -
cettegrande longueur
Fig. 4.
est nécessitée par la condi tion que la
séparation
dujet
engouttes
ne se
produise qu’à om,04
ouo"Bo5
au-dessous de l’orifice !~ dutube,
cequi
n’a lieu que si lapression
souslaquelle
se fait l’écou-541 lement atteint
om, 60
à01ll,80.
Le flacon Fcommunique
par le si-phon s’,
fermé à son extrémité ni par une melnbrane etrempli
duliquide L,
avec le vase Xqui
contient lui-même leliquide
L et l’é-lectrode
Pi.
Chacune des électrodesPl
etP2
est formée d’un fil deplatine
scellé dans un tube de verre.Pour obtenir la force électromotrice variable et connue dont
nous avions besoin pour la
compensation,
nous avons eu recoursau
procédé
habituel de la dérivation. Le courant d’un élément Daniell D degrandes
dimensions traverse une boîte de résistance HIK où l’on a débouché la résistance 1000 ohms entre lespoints
Het I. Le
pôle
K de lapile
est mis en communicationmétallique
avec l’électrode
P2;
un second fil relie lepoint
1 à l’une despaires
de
quadrants ( ~, ~~
del’électrornètre ;
l’autrepaire
dequadrants (I, i),
est reliée par un filmétallique
à l’électrodePi. Désignons
par r la résistance que l’on a débouchée en
IGK,
la force électro- lnotrice entre lespoints
1 et K est D 1000il
+ r , D
représentant
laforce électromotrice de l’élément Daniell.
[La pile employée
étaitd’assez
grande
dimension pour que sarésistance,
voisine de1 ohm,
fût
négligeable
vis-à-vis de( 1000
--~-rl ohms.]
L’aiguille
de l’électromètre étaitchargée
au moyen d’unepile
de 170 éléments Volta.
La sensibilité de notre instrument était telle
qu’une
différencede
potentiel
de i à 2 millièmes de I)aniell était visible. Avec cettegrande sensibilité, l’emploi
de l’électromètredevient,
il estvrai,
très
difficile ;
nous avons observéquelquefois
des mouveementsspontanés
seproduisant lentement,
et dont la cause ne nous estpas
parfaitement
connue. Toutefois aucune inexactitudeappré-
ciable ne résulte de ce mouvement de
l’aiguille,
si l’on fait suc-céder
rapidement
les deuxexpériences qui
constituent la dpternli- nation d’iine différenceélectrique.
Nous nous en assurions dureste
toujours
enrépétant
lapremière expérience après
a~oireffectué la seconde : la
plupart
du temps cette troisièmeexpérience
donnait le mème nombre que la
première ;
dans le cascontraire,
la détermination était
rejetée.
Pour éviter l’influence
perturbatrice
exercée sur lapartie
isoléede
l’appareil
par les mouvements de l’observateurplacé
à la lunettede
l’électromètre,
on avaitinterposé
ungrand
écran conducteur.Comme
exemple
de la marche d’uneexpérience,
nousprendrons
542
la détermination de la différence
électrique
entre une dissolution de sulfate de soudecontenant £
enpoids
de sulfate desunde,
etl’eau acidulée au
Tu
en volume.On
remplit
legrand
flacon S de la dissolution de sulfate de soude et lepetit
flacon F de l’eau acidulée. Onremplit
les vasesX et Y de sulfate de soude. On réunit les deux vases X et Y au moyen du
grand siphon UU, représenté
enpointillé
sur lafigure,
etrempli
de la dissolution de sulfate de soude. Onamène,
en
déplaçant
larègle graduée,
la division 20, milieu de cetterègle,
en coïncidence avec le fil vertical du réticule.Cela
fait,
on ouvre d’abordlargement
le robinet du flacon S de manière à bien mouiller le tubeAB;
on di minue ensui te l’écoule- ment, defaçon
toutefois à maintenir unmouillage parfait,
cequi
peut
se faire avec un écoulement faible. On ouvre alors le robinet du flaconF; puis
on enlève legrand siphon
U.(Ce siphon
estfermé à l’une de ses
extrémités
par une membrane pourpermettre
de letransporter
sansqu’ il
sevide).
On voit alors les divisions sedéplacer
lentement devant leréticule, jusqu’à
cequ’enfin,
lejeu
de l’écoulemenu
ayant
amenél’égalisation,
cedéplacemen t
cesse.On enlève une cheville
quelconque
de la boîte de résistanceentre les
points
1 et K. Si l’écartdiminue,
celaindiquée
que lacompensation
estdisposée
dans un sensconvenable;
si l’écartaugmente,
ondispose
lapile
D en sens inverse. On enlève alors des chevilles de la boîtejusqu’au
moment où le fil du réticule coïncide de nouveau avecl’image
de la division 20.On trouve ainsi que la résistance n entre les
points
1 et K est148
ohns.Comme contrôle du bon fonctionnement de
l’électromètre,
pen-dant
1’;xpfrience,
onreplace
ensuite legrand siphon U,
et l’onconstate que, en remettant les chevilles que l’on a
enlevées,
demanière à annuler r,
l’image
de la division ~zo revient coïncider avec le fil du réticule.La force électromotrice de
compensation
est ainsiLe sens de la
compensation
montre que c’est l’eaii aciduléequi
est- - - -- ~ - -- - ---~- ~-~ --- - --- - - ~ ~~ ---- - . -- -
. (t) La force électromotrice de notre élément Daniell, évaluée par comparaison
a celle d«un élément Latimer-Clark, avait pour valeur IBolt, ]33. 1
543
positive.
On a doncEau acidulée
1
sulfate de soude ~ - ov, I~8g.En
répétant plusieurs
fois la déterminationprécédente,
nousavons trouvé des
compensations
variant entre1’~~’~ ~ =
o,1289
et~’~’~~ =
o,I3ol~,
nombres dont la différence est de l’ordre des er-rieurs provenant de la limite de sensibilité de notre électromètre.
L’un ou l’amtre de ces nombre5
représente
donc la différenceélectrique cherchée,
avec uneapproximation
de i à 2 milliémes deDaniell. Nous
adopterons
pour la valeur de la différence : eau aciduléesulfate
desoude,
la moyenne entre ces deuxnomhres,
SOlt :
OD , I 2~6 ~ ~ >
EXPÉRIENCES INSTITUÉES DANS LE BUT DE ’vÉ1~1F1ER L’EXACTITUDE
DE LA MÉTHODE E1’ LE BON }10NCTIONNEM ENT DE L’APPAREIL.
il Si les
liquides
L et L’ sontidentiques,
au lieu d’être diffé- rents, la mesure de leur différenceélectrique
effectuée au moyen del’appareil
doit donner zéro. C’est ce que nous avons vérifié avec une exactitude absolue enprenant
pour leliquide
L et pour le li-quide
L’ une même dissolution de sulfate de soude. Nous avons eu soin derépéter
cetteexpérience
de contrôle avant etaprès
chacune des déterminations de différence
électrique
que nousavons effectuées.
Il faut remarquer que l’on ne
pourrait
pasernplo~er
l’eau pour faire cetteexpérience :
nous avons constaté en effet que, lors de t’écoulement de l’eau pure du vase annulaire CC dans le tube~~8,
une force électromotrice du genre de celles
qui
ont été observéespar MM.
Quincke
et J. Elsuer(‘’~
etpouvant
atteindreà
de Da-niell,
seproduit
entre lespoi nts
A et B. L’existence de cette force électromotriceapporte
uneperturbation,
etl’expérience précé-
dente de contrôle ne réussit
plus
exactement.Comme, d’après
M.
Quincke,
ces forces électromotrices deviennent extrêmement tfaibles avec des
liquides
bonsconducteurs,
nous avons été con-(1) Rappelons que ce nombre et tous ceux qui suivent représentent des diffé-
ren ces apparentes.
(2) Annales de fViedenzaun, 1879.
544
duits à
employer,
à laplace
del’eau,
une dissolution de sulfate desouder
mous avons alors constaté en effet ladisparition complète
de la
perturbation.
Nous avons aussi cherché s’il était
permis
desubstituer,
commele faisait 1VI.
KOÎ1~I’allSCll~
à la surface d’unliquide
celle d’une feuille depapier imprégnée
de ce mêmeliquide.
Pourcela,
nomsavons
garni
l’intérieur du tube AB d’une feuille depapier
à filtrerimprégnée
de la dissolution de sulfate de soude. Nous avons con-staté que
Inexpérience
de contrôleprécédente
ne réussitptus :
aulieu de trouver une différence
nulle,
on obtient des nombres irré-guliers, toujours
dans le même sens. Ce résultat met hors de doute l’influence dupapier
et montre que la méthode de M. Kohlrauschest tout à fait incorrecte.
2° La théorie
indique
que laposition
dupoint
M où s’effectuela
séparation
desgouttes
doit être sans influencesensible,
pourvuque, du
point M,
on voie les deux ouvertures du tube AB sous unangle
suffisammentpetit.
Nous avons vu, eneffet,
quel’expérience
faite avec deux
liquides
déterminés donne un résultat constant,sans que l’on ai t besoin de
prendre
aucuneprécaution
pour que laséparation
desgouttes
se fasse en unpoint
exactement déterminé du tube. Laposi tion
de cepoi n t
variaitcependant
d’uneexpé-
rience à l’autre de
plusieurs centimètres,
d’unepart
par suite duchangement
fortuit de laposition
du flacon F dans les différentesexpériences,
et, d’autrepart,
parce que, le flacon F étantplus
oumoins
rempli,
lalongueur
de laportion
continue dujet
n’était pastoujours
la même.3° Nous avons recherché si la vitesse
d’écoulement,
soit du li-quide
du flaconF,
soit duliquide qui
ruisselle à l’intérieur du tubeAB,
avait une influence sur les nombres obtenus à l’aide denotre
appareil.
Bien que nous ayons fait varier l’une et l’autre àeces vitesses dans des limites aussi étendues que le
comportait
ladisposition
de notreappareil,
nous n’avons constaté aucune in-fluence. Si même on arrête
complètement
l’écoulement duliquide
dans le tube
AB,
ce tube reste suffisamment mouillépendant
uncertain
temps,
et l’onpeut
constater que, la vitesse étant alors sen-siblelnent
nulle, l’expérience
donne encore le même nombre.4°
Il est évident apriori
que l’onpeut
intervertir le rôle des deuxliquides
dans une détermination. Si nous reprenons, par545
exemple,
la mesure citéeplus
llaLlt de la différence eau aci- duléesulfate
desoude,
onpeut
l’effectuer de deuxfaçons :
oubien,
comme nous l’avonsindiqué,
en mouillant le tube A]3 avec La dissolution de sulfate desoude,
l’eau acidulée étant dans le flaconF;
ou bien en 1110L71~1aI7t le tube avec l’eau acidnlée et enremplissant
le flacon F de la dissolution de sulfate de soude. Dansun cas colnme dans
l’autre,
nous avons trouvé descompensations
variant entre
~’~~~~ ~ et ~’i J~ ,
nouvelle confirmation du bon fonction-nement de notre
appareil.
SIMPLIFICATION DE LA RECHERCHE DES DIFFÙIIIENCES ÉLECTRIQUES
F,IBTRE LES DIVERS LIQIJIDES.
Il est aisé de voir
qu’il suffit,
pour connaître les différences desliquides L’, L~L/~ ...? pris
deux àdeux,
dedéterminer,
par la méthodeprécédente,
la différenceélectrique
entre chacun de cesFi~. 5.
liquides
eu unliquide quelconque L, toujours
le même. Eneffet,
soit à trouver la différence
17 L’~,
ensupposant
que l’on connaisse les différencesL L’ eu L 1 L".
Formons unepile
constituée de la manière suivante : le vase(3) ( f ~~. 5)
contient leliquide L’ ;
le vase(4)
contient leliquide
L". Ces deux vases sont réunis par un si-phon
formé par une membrane etrempli
duliquide
L’. Les vases(2) et (5 )
contiennent leliquide L ;
ils sont reliés par deuxsiplions
munis de membranes et
remplis
duliquide L, respectivement
auxvases
(3)
et(4).
Les vases(i)
et(6)
contiennentégalement
le li-quide
L et sont réunis par dessiphons
aux vases(9-)
eu(5).
Dansles vases
(i) eL (6) plongent
deux fils deplatine
P et l’’ scellésdans des tuhes de verre. Par suite de
l’interposition
des vases(?)
et
(3),
aucune trace desliquides
L’ et L" nepeut parvenir jusqu au
546
voisinage
desélectrodes, qui
restent ainsiplongées
dans leliquide
L
toujours parfaitement
pur.Mesurons,
par leprocédé
ordinaire decompensation,
la forceélectromotrice de cette
pile,
définie par la différence depotentiel
entre les électrodes P et P’ ou
Vp
--~TP,.
Soit E cette force élec- troinotrice en Daniell. On aNous
représentons
les deuxplatines
par des lettres différentes P etP’,
parce~u’en
réalité ils ne sontjamais identiques,
et que parsuite,
les différencesP ~ L
et P’L
n’ont pas la même valeur.Permutons maintenant les vases
(i)
et(6);
mesurons de nouveaula force électromotrice de la
pile ; c’est-à-dire,
cettefois, Vp.
-VP.
Soit
E,
cette force électromotrice. On a’
Ajoutant
E e t£1’
il vien td’on l’on tire
Or on
connait,
parhypouhèsc,,
les différences L L’et L l L" ;
ladifférence L" ~
L’ est
donc déterminée(2~.
Par
conséquent,
il suffira de mesurer, au moyen de notre appa--, - ---..-~~ -- -- ----
( ~ ) Cette équation est vraie aussi bien pour les différences apparentes dont il
est ici question que pour les différences vraies. Voir PELL.B.T, Mémoire déjà cité,
p. 121.
(2) On peut procéder d’une façon un peu différente. Après avoir mesuré E, on enlève les siphons qui font communiquer les vases (i) et (6) avec le reste de la chaitie, et l’on réunit ces vases au moyen d’un siphon rempli du liquide L. Puis
on mesure directerment la force électromotrice de cette pile. Soit e; on a
En substituant dans la valeur de E, on a
équation où tout est connu, eÀ.ceplé L" 1 L’, qui se trouve par cela même déter- ininé.
547 reil à
gouttes,
les différencesélectriques
entre unliquide
L et lesdifférents
liquides.
On peut donc laisser dans le flacon Stoujours
,le même
liquide
L.Comme
liquide
decomparaison,
nous avons choisi une dis- solution de sulfate de soude formée de : 1partie
enpoids
desulfate de soude et de
24 parties
enpoids
d’eau. La raison dece choix est que, le sulfate de soude étant un sel neutre formé par
un acide et une hase très
énergiques,
onpouvait
le mettre en con-tact avec la
plupart
desliquides (acides,
bases ou dissolutions sa-lines),
sansqu’il
en résultât d’actionchimique. Si,
eneffet,
onavait mis en contact deux
liquides agissant chimiquement
~’1t11 surl’autre,
il y aurait euproduction
decomposés chimiques
nouveauinterposés,
en sorte que l’on n’aurait pas eu, enréalité,
affaire aucontact pur et
simple
des deuxliquides.
Notre
appareil
nouspermettant
d’ailleurs de mesurer diree-tement la différence
électrique
entre les deuxliquides
L’ et L" eux-mêmes,
il en résultait un contrôleprécieux
de l’exactitude de nos mesures. Lie nombre donné par la mesure directe doit êtrcégal
aunombre fourni par le
procédé
indirect que nous venons de décrire.Nous donnerons comme
exemple
la détermination de la différenceélectrique
entre l’acideazotique
ordinaire et l’eau acidulée auTu
en volume par l’acide
sulfurique.
Nous avons trouvé directement :
D’autre
part,
nous avonsemployé
la méthode indirecteprécé-
demment
décrite,
en prenant commeliquide
decomparaison
notredissolution de sulfate de soude.
Désignons,
commeplus haut,
cettedissolution
par la
lettreL; désignons
l’eau aciduléepar L’ et l’acide azotique
par L".Pour
appliquer
la formule(1),
nous avons déterminédirectement
1les différences
Le
L etL’~ ~ L,
et nous avons trouvé :Puis,
nous avons formé unepile,
commel’indique
lafiy. 4, et
nous avons trouvé
548
d’où,
enremplaçant
dans la f ormule(i) :
-.Ia’ L" ou eau
acidulée 1
Acideazotique ="20130~81.
Ce dernier nombre ne diffère de celui
qui
a été obtenu direc-tement que d’une
quantité
inférieures aux erreursd’expérience.
Toutes les déterminations que nous avons
précédemment rapportées,
tant les mesures directes que les mesures decontrôle,
montrent que les différences
électriques
entre lesliquides
sontparfaitement
constantes.Nous ferons du reste remarquer
qu’un
desavantages
de notre méthode est que les surfacesliquides
sont constamment renou-velées et, par
suite, parfaitement
propres. Enrépandant,
àdessein,
des
poussières
dans l’air auvoisinage
del’appareil,
nous avonsconstaté directement
qu’elles
neproduisent
aucuneperturbation.
Nous avons aussi cherché
quelle pouvait
être l’influcnce de latempérature
sur les différencesélectriques
entre lesliquides.
Ayant mesuré,
au moyen de notreappareil
àécoulement,
la diffé-rence
électrique
entre la dissolution normale de sulfate de soude à 50° et cette même dissolution à latempérature
dulaboratoire,
nous avons trouvé que cette différence est insensible. On
peut
con- clure delà,
avecbeaucoup
devraisemblance,
que l’influence de latempérature est insensible,
d’une manièregénérale.
En tout cas,toutes nos déterminations ont été faites à la
température
du labo-ratoire, qui
a puvarier,
dans le cours desrecherches,
entre 12’ et~ 8>~ .
RÉSULTATS NUMÉRIQUES.
Nous
reproduirons
d’abord les nombresdéjà
cités dans ce travail.Nous
désignerons,
dans cequi suit,
sous le non1 de dissolution~ZOj°rr2ctle de
sulfate
desoude,
cellequi
nous a servi deliquide
de
comparaison,
etqui
renferme enpoids :1,iS
de sulfate de soude :549
Cette dernière différence semble diminuer à mesure que l’on
prolonge l’expérience,
ce que l’onpeut
attribuer à la diffusion, des vapeursacides, qui
sont très abondantes.On voit clue les acides et la
potasse
donnent des résultats designes
contraires parrapport
à la dissolution du sulfate de soude.Les nombres relatifs à la dissolution de
potasse
montrent, d’une manière bien nette, l’influence de la concentration. Il y a lieu derechercher,
pour les différencesélectriques,
une loianalogue
àcelle de Biot sur le
pouvoir
rotatoire des dissolutions.,
Ce dernier résultat a été obtenu par la méthode indirecte en formant une
pile
sulfate desoude,
sulfate dezinc,
sulfate decuivre,
sulfate de soude avec des électrodes enplatine.
La forceélectromotrice de cette
pile
a été trouvéeégale
à -o", oo25.
Onne peut conclure de là que la différence sulfate de cuivre-sulfate de zinc soi t : -
0 D,
002 ~. Dans les 111eSUres faites avecl’ahpareil
à
écotilemei-iu,
on ne peut pasrépondre
d’une erreur inférieure à0 D’
002. Chacune des différences sulfate de zinc-sulfate desoude,
550
et sulfate de cuivre-sulfate de
soude,
ypourrait
donc êtrecomprisc
entre -~-
OD, 002
et- OD,
002. Onpourrait,
parsuite,
se tromperen les
supposant rigoureusement
nulles et en attribuant toute la force électromotrice de lapile
à la différence sulfate de cuivre- sulfate de zinc. Tout ce que l’onpeut conclure,
c’est que cette différence est de l’ordre des erreurs que nous pouvons commettre dans nosexpériences.
°
Ce résultat
présente
un intérêtparticulier.
Dans desexpériences
faites par 31. C’x~.
Lippmann
pour démontrer que la constantecapillaire
d’une surfacemercure-liquide
estindépendante
de lacomposition chimique
duliquide
etdépend
seulement de la diffé-rence
électrique
à lasurface,
il a admis que la différence entre l’eau acidulée pure et l’eau acidulée additionnée ci’acidechromique
estnulle. Le succès des
expériences
de M.Lippmann
ajustifié
cettesupposition.
On voit que la mesure directe effectuée par notre méthode en est une nouvelle confirmation.Il est curieux de remarquer
qu’entre
notre dissolution normale de sulfate de soude et une dissolutionplus
concentrée du même sel il existe une différenceélectrique notable;
tandis que, comme110115 l’avons vu
plus haut,
la dfférenceéteCtrldLle
entre cette mêmedissolution normale et une dissolution d’un sel d’un autre
métal,
comme le sulfate de zinc et les u 1 fa te de
cuivre,
est sensiblement tnulle.