ÉTUDE COMPARÉE
DE LADIGESTIBILITÉ
DU SON DE
FROMENT
PAR DIVERSESMÉTHODES
G. CHARLET-LERY A. M. LEROY laboratoire de Recherches
Zootechniques,
Institut National
Agronomique.
ParisLa méthode
classique
de détermination des coefficients dedigesti-
bilité d’un aliment
qui
nepeut
pas être consomméseul,
cequi oblige
à le faire
ingérer
en mêmetemps qu’une quantité
connue d’un ali-ment de
référence,
supposeimplicitement
que ladigestibilité
de cedernier reste constante dans tous les cas,
quelles
que soient les propor- tions relatives et le choix des deux aliments associés.A cette
hypothèse s’opposent
les constatations de nombreux cher- cheurs concernant lesphénomènes
dedigestibilité
associative.Cependant,
il est
possible
que, tant que certainséquilibres
nutritionnels ne sont pas rompus, les variations dues à cesphénomènes
soient difficilement misesen
évidence,
par suite des erreursexpérimentales
elles-mêmes.C’est,
ilnous
semble,
ce que nous avons observé en étudiant ladigestibilité
dela
pulpe
sèche debetterave,
chez les bovins et les ovins. Au cours deces
expériences (i),
la moyenne des coefficients dedigestibilité
de lamatière
organique
de lapulpe
sèche debetterave, après
réhumidifica-tion,
s’est élevée à7 6, 1
± 4,4lorsque
nous l’avons calculée àpartir
de 12
périodes
derégime
mixte où l’aliment de référence était le foin de luzerne et à7 6, 9 ± 0 ,6 lorsque
nous l’avons observée directement sur3 brebis soumises à un
régime
exclusif depulpe.
Il semble
difficile, actuellement,
d’éviterl’emploi
de la méthodeprécitée,
mais les modalitésd’application pratique
des calculs, suivant lafaçon
dont on lesconduit,
n’aboutissent pas aux mêmes résultats.i. - Dans le calcul
classique,
connaissantpréalablement
les coeffi-cients de
digestibilité
des diversprincipes
de l’aliment deréférence,
nous les
appliquons
dans lerégime
mixte auxprincipes correspondants,
ce
qui
nouspermet,
pardifférence,
de calculer laquantité
d’élémentsdigérés
relatifs à l’aliment étudié.Les résultats
dépendent
doncpartiellement
des valeurs trouvées pour les coefficients dedigestibilité
de l’aliment deréférence ; mais,
leserreurs
prennent
uneimportance
d’autantplus grande
que lerapport
principe
dans 1 aliment étudié. .!! ,principe dans l’aliment étudié
estfaible,
comme nous avons pu le cons-principe
dansle régime
mixte e. tater au cours des études sur la
pulpe
de betterave desséchée où, par suite del’apport
très faible d’azote par lapulpe,
les résultats sont très hété-rogènes,
cequi
entraîne une erreurtype
sur le coefficient dedigestibi-
lité de l’azote de 10,0 pour une valeur de
3 6, 2 .
Ce
procédé
de calculoblige
àmultiplier
lesexpériences
pourobtenir
des coefficients dedigestibilité
moyens ayant une valeur certaine et ilexige
que l’onincorpore
desquantités
aussiimportantes
quepossible
de l’aliment étudié dans le
régime mixte,
cequi
n’est pastoujours possible.
La
dispersion parfois
trèsgrande
des résultats rend difficile leur in-terprétation.
II. -I,a méthode de CoRS!Ry et
C HATTERJEE , exposé
par SCHURCH( 2 ) reprise
par GASNIER et VACHEL( 3 ) n’oblige
pas à se référer à unrégime
deréférence ;
de cefait,
on réduit les limites entrelesquelles
onémet
l’hypothèse
que les coefficients dedigestibilité
des constituants d’une ration mixte restent constants.Pour
chaque régime mixte,
il estpossible
d’écrire que ladigestibilité
de la ration totale est la somme
pondérée
desdigestibilités
des 2 compo- sants en cause. Si x et yreprésentent
ces coefficients dedigestibilité,
Aet B les
pourcentages
descomposants, l’équation
s’écrit :D, étant le coefficient de
digestibilité
de la ration totale.A condition de considérer les
expériences
par groupe de 2, il est facile de résoudre cesystème d’équations
pour obtenir les valeurs de x et,éventuellement,
de y. Ce mode de calcul al’avantage
de ne paspréjuger
de ladigestibilité
durégime
de référence et son utilisation devraitpermettre
desupprimer
l’étude de ce dernierrégime.
Mais cette méthode revient à
extrapoler
la droite définie par lescouples
depoints
A. D(variation
du coefficient dedigestibilité
durégime
mixte en fonction du
pourcentage
de l’aliment étudié introduit dans laration)
pour la valeur A = 100 si l’on désire obtenir le coefficient dedigestibilité
de l’aliment étudié ou pour la valeur A = 0 si on veut cal- culer celui relatif à l’aliment de référence.Le calcul des
paramètres
de la droite etl’extrapolation
de celle-ciaux valeurs 100 et o sont d’exécution
rapide.
Si l’aliment étudié a été introduit dans
plus
de 2 rationsmixtes,
il est
possible d’envisager
l’obtention des résultats par 2procédés.
1
0L<e
premier
consiste dans le calcul des coefficients dedigestibilité
ob-tenus en
groupant
lesexpériences
2 par 2selon toutes lespossibilités
et decalculer la moyenne de ces résultats.
Puisque,
parhypothèse,
lephénomène
étudié est
linéaire,
il estpossible
de grouper lespourcentages
extrêmes.2
° Le deuxième consiste à calculer les
paramètres
de la droite derégression
définie par l’ensemble despoints A,
D.Si l’on étudie non pas la
digestibilité
de la matière sèchetotale,
mais celle d’un desprincipes
de laration,
tel que l’azote parexemple,
il est évident que le
pourcentage
à considérer est lepourcentage
de l’azote de l’aliment étudié parrapport
à l’azote total durégime.
Dans le travail
ci-après,
nous avonsessayé
de comparer entre ellesces diverses méthodes de calcul :
1
0 méthode
classique
de calcul pardifférence,
2
° méthode de la droite de
régression
calculéeuniquement
àpartir
des
points
obtenus sur lesrégimes
mixtes s’il y aplus
de 2 données oudroite définie par 2
points
s’iln’y
a que 2 données.Grâce à la droite obtenue par cette dernière
méthode,
nous avonscalculé aussi bien les coefficients de
digestibilité
de l’alimentétudié,
leson de
froment,
que ceux de l’aliment de référence : le foin. Les coefficients dedigestibilité
dufoin,
obtenus par ce dernierprocédé,
ont été com-parés
aux valeurs obtenues dans lesexpériences
directes.Protocole
expérimental :
Le
protocole expérimental
utilisé dans la conduite desexpériences
de
digestibilité
a été décrit dans unepublication précédente (i).
De mars à
juillet
1949, nous avons travaillé avec 2 brebis Ile-de-hrance,
inscrites au Flock-Book de leur race,auxquelles
nous avonsdistribué successivement un
régime composé
de foin deluzerne,
desrégimes
mixtes où 20, 28 et 35 p. 100 de foin ont étéremplacés
par du son, un secondrégime
de foin de luzerne. De novembre 1949 à mars ig5o, nous avons travaillé avec 2 boeufsMaine-Anjou, qui
ont reçu successivement unrégime
témoincomposé
de foin de luzerne et desrégimes
mixtes contenant 26 et 52 p. 100 de son.Tous les animaux ont été nourris à volonté et ont maintenu leur
poids
vif sansgain
ouperte appréciable ;
nous avonsessayé
derégler
au
plus près
les distributions d’alimentsd’après l’appétit
des animaux pour éviter leplus possible
les refus.Les
périodes d’adaptation
auxrégimes
ont eu des durées minimum de 10jours ;
lespériodes expérimentales
ont étépoursuivies pendant
exactement 10
jours.
Les déterminations
analytiques
effectuées sur les échantillons moyens de foin deluzerne,
de refus defoin,
de son et de matières fécales ontporté
sur la matièresèche,
les matières minéralestotales, l’azote,
les matières
organiques,
grasses etcellulosiques,
ainsi que sur les extrac- tifs non azotés. Deplus,
nous avons dosé la cellulose pure, lalignine,
les
pentosanes
et lesglucides hydrolysables.
Pour ces
dosages,
nous avonsemployé
lestechniques analytiques généralement
utilisées en France( 4 ).
La cellulose pure a été dosée par la méthode de KURSCHN!R et HOF’F’!R( 5 ) ;
lalignine
par celle de MAHOOD et CABLE(6) ;
lespentosanes
par la méthode d’UNGER etJAGER (7) ;
les
glucides hydrolysables
par celle de BERTRAND(8).
Résultats et, discussion :
Le Tableau I donne les résultats
d’analyses
du foin et du son defroment
correspondants
aux diversesexpériences
sur bovins et ovins.Bien que
chaque
séried’expériences
ait été effectuée avec le même stock defoin,
nous avons constatéparfois
des différencesimportantes
entreles échantillons
prélevés
au cours dechaque période,
surtout dans le casdes
ovins,
cequi
nous a conduit àprendre
comme données de référencepour le calcul par
différence,
tantôt les résultats de lapremière,
tantôtceux de la seconde des 2
périodes
témoins.Nous avons tenu
compte
dans nos calculs des refus de foin dont lacomposition chimique
esttoujours légèrement
différente du foin dont ilsproviennent.
En raison de
l’homogénéité
des divers échantillons de son, nous avonsutilisé,
pour noscalculs,
les résultats moyens.Le Tableau II
indique, exprimées
en matièresèche,
lesquantités
de foin distribuées et
refusées,
de soningéré,
d’excréta récoltés au cours despériodes expérimentales
ainsi que les coefficients dedigestibilité
corres-pondants
et lepourcentage
de la matière sèche du son parrapport
à la matière sèche totaleingérée
dans lerégime
dechaque
animal.Le Tableau III fait connaître les coefficients de
digestibilité
desdivers éléments du foin et du son, calculés par
différence,
ainsi que lamoyenne de ces résultats et l’erreur type
(i).
Les coefficients dedigesti-
bilité observés chez les bovins sont dans tous les cas,
légèrement
inférieursà ceux constatés pour les
ovins ; cependant,
les différences entre ces 2espèces
n’étant passigni ficativement différentes,
nous avonsexprimé
le résultat moyen relatif à l’ensemble des
sujets.
Le Tableau IV nous
permet
de comparer les divers modes de calcul et les coefficientsauxquels
ilspermettent
d’aboutir : coefficients dediges-
tibilité du son obtenus par différence et par l’intermédiaire de la droite de
régression,
coefficients dedigestibilité
dufoin,
obtenus par différenceou par
expérience
directe.Les coefficients de
digestibilité
obtenus pour le son de froment parces deux
procédés
decalcul,
ne sont pas, pourchaque
élémentchimique
considéré
individuellement, significativement
différents. Nous en con-cluons
qu’il
estpossible
d’utiliser dans lapratique
les données obtenues par l’une ou l’autre de ces méthodes.Les moyennes des
coefficients
dedigestibilité
calculésgrâce
auxdroites de
régression présentent
des erreurstypes
dans l’ensembleplus
(1)
Erreui. type -/(x
<v Erreur
type : B / N(:’B! (x - ! X)2 r)’
faibles que les moyennes de ces mêmes coefficients calculés par diffé-
rence.
Cette amélioration de
l’homogénéité
se marque très nettement sur les éléments dont les résultats sont normalement trèsdispersés :
celluloseW E E NDE
, cellulose KuRSCHrr!R,
lignine.
Mais la
comparaison
entre les coefficients dedigestibilité
dufoin,
obtenus par calcul ou observés
directement,
met en évidence des varia-tions
importantes ;
enparticulier
le coefficient dedigestibilité
de lacellulose W!!rrn! est
significativement plus
faiblelorsqu’il
est calculéà
partir
desrégimes
mixtes quelorsqu’il
est observé directement. Cephénomène
estnormal, puisque
l’on sait quel’apport
de sucres et d’ami-don dans le
régime
d’un ruminant diminue ladigestibilité
des élémentscellulosiques.
Ladigestibilité
de la cellulose KuRSCHrr!R et celle de lalignine
sont affectées d’unefaçon analogue.
L’établissement de la droite caractérisant les variations du coeffi- cient de
digestibilité
en fonction dupourcentage
d’éléments semble inté- ressant à diverspoints
de vue :- les résultats obtenus sont un peu
plus homogènes
que ceux don- nés par le calcul par différence.- les résultats sont
indépendants
des valeurs trouvées par lerégime
de
référence,
- il semble
possible
de mieuxinterpréter
lesphénomènes.
Remarquons cependant
que, si nous nepossédons
que 2points caractéristiques crorespondant
à 2 taux relativementproches,
les erreursexpérimentales
surchaque expérience, parfois
assezimportantes,
pour les élémentschimiques présents
en faiblequantité (lignine)
oupré-
sentant des difficultés
analytiques (matières grasses) peuvent
entraînerl’inversion du
signe mathématique
de lapente
de ladroite,
cequi
entraine de ce fait des erreurs
grossières.
Pour
apporter
de laprécision
dans ce dernier cas, il faudrait presqueobligatoirement
étudier 3pourcentages différents, pourcentages qui
devraient être suffisamment différents les uns des autres, afin d’éviter les erreurs
signalées précédemment.
Il ne nous
paraît
paspossible
de conclure auremplacement
d’untype
de calcul par un autre, mais il nous semble surtout intéressant d’effectuer pour un même essai les 2 modes de calcul afin d’arriver àune
interprétation
aussicomplète
quepossible
desphénomènes
étudiés.Les coefficients de
digestibilité
que nous avons trouvés dans le sonde froment concordent
parfaitement
avec ceux trouvés par d’autres auteurs(W ATSON
et Coll.( 9 )
et avec ceux cités dans la littérature(M OR -
RISON
(IO).
ii P51 1I11C :
I,e calcul des coefficients d’utilisation
digestive
d’un aliment dansune ration mixte
peut
sefaire,
soit par la méthodeclassique
dite deréférence,
soit enextrapolant
pour la valeur 100 la droitequi
caractérise les variations des coefficients d’utilisationdigestive
des diversprincipes
élémentaires du
régime
mixte en fonction du taux de ces derniersapportés
par l’aliment étudié.
I,es 2 méthodes
appliquées
à l’étude des coefficients dedigestibilité
du son chez les bovins et ovins conduisent à des résultats
qui
ne sont passignificativement
différents.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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