• Aucun résultat trouvé

Vue de L’éthique : le défi quotidien du pharmacien d’établissement

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Vue de L’éthique : le défi quotidien du pharmacien d’établissement"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

107

Pharmactuel Vol. 38 N° 3 Mai-Juin-Juillet 2005

ÉDITORIAL

L’éthique : le défi quotidien du pharmacien d’établissement

Linda Vaillant

De tous les sujets à traiter pour un professionnel de la santé, l’éthique représente sûrement le plus vaste et l’un des plus difficiles d’entre eux. L’éthique ET la santé publique, n’est-ce pas là dès le départ quelque chose de difficilement réconciliable pour un professionnel de la santé? Les valeurs favorisant le bien-être et le bien com-mun et celles guidant le professionnel qui traite successi-vement des patients uniques sont-elles vraiment conci-liables? Est-il possible pour un pharmacien de respecter à la fois, et sans conflits, les règles, les budgets, les contraintes, les indications officielles, les codes d’éthique et de déontologie, cela, TOUT en répondant aux besoins de chacun de ses patients?

J’ai pratiqué pendant plus de sept ans en oncologie dans un centre universitaire de la région de Montréal, au début des années 1990. Chaque jour, des questions à caractère éthique venaient me hanter :

• Est-ce convenable de donner du métoclopramide à haute dose à un patient atteint d’une tumeur cérébrale, et ce, en vue de respecter les règles édictées?

• Est-ce adéquat d’accepter qu’un patient paye et appor-te ses propres antiémétiques qu’il prendra en première intention, puisqu’il en a les moyens?

• Est-ce une bonne pratique que de mettre une patiente sous thérapie d’investigation en 4eintention d’un

can-cer ovarien pour lequel toutes les thérapies antérieures ont échoué?

• Jusqu’à quel point devons-nous jouer le jeu de croire qu’un traitement antinéoplasique plus agressif pourra cette fois fonctionner, lorsqu’une patiente est en rechu-te pour la troisième fois d’un cancer du sein?

Par la suite, j’ai accédé à un poste de gestion comme chef de département d’un hôpital universitaire ultraspécia-lisé. Les questions éthiques ne se sont pas pour autant dis-sipées :

• Est-ce acceptable de faire signer un patient en infarc-tus du myocarde aigu à l’urgence pour qu’il accepte de faire partie d’un projet de recherche?

• Est-ce normal de retarder l’entrée de médicaments très coûteux au formulaire de l’établissement afin de laisser passer quelques périodes financières d’une année budgétaire particulièrement éprouvante? • Est-ce possible d’orienter la pratique des pharmaciens

sur les soins pharmaceutiques tout en subissant les pres-sions de la direction pour maintenir l’équilibre budgétai-re?

• Est-ce adéquat de mettre un produit au formulaire parce que le fabricant soutient financièrement le centre de recherche de l’établissement?

• Est-ce correct d’accepter de faire partie d’un comité consultatif d’une compagnie pharmaceutique pour laquelle on aura à évaluer certains produits?

• Est-ce acceptable qu’un pharmacien de l’équipe soit rémunéré pour donner des conférences sur un médi-cament qu’il vient de recommander au formulaire? • LA LOI ANTI-DÉFICIT DANS NOS

ÉTABLIS-SEMENTS EST-ELLE ÉTHIQUE?

En fait, voyez-vous, nous ne nous en sortons pas. TOUT dans notre pratique quotidienne peut nous poser des dilemmes ÉTHIQUES. Dans ce contexte, l’A.P.E.S. a donc voulu cette année, par son congrès annuel, aider les phar-maciens à y voir un peu plus clair. Sans doute aurez-vous eu l’impression d’y trouver plus de questions que de réponses… Si cela est le cas, je dirai BRAVO. En effet, il faut sans cesse s’interroger sur la portée éthique des gestes que nous posons dans notre pratique. Ces interro-gations ne doivent pas seulement viser à respecter notre code de déontologie, ce qui est impératif, bien entendu, mais elles doivent aussi être présentes, surtout parce que nous sommes des individus formés pour réfléchir et pour poser des jugements professionnels. À mon sens, le pro-fessionnalisme doit nous empêcher d’exercer la pharma-cie de façon dichotomique. Il faut que ce que nous faisons soit BIEN FAIT, mais il faut aussi que ce que nous faisons soit BIEN.

J’aime à penser que, en tant que groupe, nous nous ques-tionnons sur les gestes que nous posons. Je me prends aussi à penser souvent que le pharmacien d’établissement sera le dernier professionnel sur lequel on pourra compter pour obtenir de l’information OBJECTIVE sur les médica-ments. Pour ce faire, il faudra continuer à s’imprégner quo-tidiennement de ces réflexions dérangeantes qui nous remettent en question en vue de guider nos pas. Il faudra aussi éviter de se laisser prendre au piège… par notre propre succès. En effet, le pharmacien d’établissement joue un rôle de plus en plus central dans la prise de déci-sion clinique au regard du choix de la thérapie médica-menteuse. Il y est arrivé en raison de la qualité de ses connaissances, bien sûr, mais aussi grâce à la crédibilité qu’il a su acquérir et à l’intégrité qu’on lui prête. Ces quali-tés sont nos atouts les plus importants. Sachons les garder sagement dans notre jeu!

Linda Vaillant, M. Sc., M.B.A., F.S.C.P.H., est chef du

département de pharmacie de l’Institut de Cardiologie de Montréal. Au moment d’écrire l’éditorial, elle était présidente sortante du conseil d’administration de l’A.P.E.S.

Références

Documents relatifs

L’efficacité de la mise en œuvre d’une stratégie d’intervention pour prévenir les violences à caractère sexuel et lutter contre celles-ci repose en grande partie sur la

Le système optique centré ainsi formé est placé dans l’air d’indice 1 (Figure 2 )?. Les conditions de l’approximation de Gauss

STRATÉGIES D’INVESTISSEMENT POUR LES PERSONNES MORALES (IS) Société civile patrimoniale à l’IS et SCPI de rendement : une fausse bonne idée. 20

Pour l'ensemble des candidats à ce BTS (quelque soit le bac d'origine), le taux de réussite est de 92,3%.. Enfin, les titulaires de ce bac professionnel représentent 9,6% des

En ce sens, volontairement du côté de l’humain, l’éthique d’entreprise n’est pas donnée, ce qui l’éloigne du naturel, mais on peut imaginer

Sachant que la transmission des données sur la ligne étant bien plus lente que le système et que le tampon de l’interface est limité, un bit d’un registre d’état de

Ainsi pour chaque bit i du registre DATA il est possible en fonction de la direction choisie pour la broche associée :.. • de lire si la broche i est à la tension haute ou

DOIVENT ÊTRE RÉUNIS POUR IDENTIFIER UNE DISCRIMINATION. UN TRAITEMENT