A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
B ERNARD D IU
Remarques sur la distinction entre particules élémentaires et particules composées
Annales de l’I. H. P., section A, tome 1, n
o2 (1964), p. 147-232
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p. 147
Remarques
surla distinction
entreparticules élémentaires
etparricules composées
Bernard DIU
Laboratoire de
Physique Théorique
et HautesÉnergies,
Faculté des
Sciences, Orsay (S.-et-O.).
Vol. 1, n° 2, 1964,
Physique théorique.
SOMMAIRE. - Le but de ce travail est d’étudier certains des
problèmes posés
par la définition même desparticules
élémentaires et desparticules composées
et d’examiner dans cetteperspective
les deuxprincipales
direc-tions dans
lesquelles
sedéveloppe
actuellement la recherche enPhysique Théorique
des HautesÉnergies.
Lechapitre premier
énonce et discute unedéfinition
générale possible
de la notion departicule
élémentaire et met enévidence certaines des difficultés
auxquelles peut
se heurter sonapplication
en étudiant de ce
point
de vue le modèle de Lee. Lechapitre
II est consacréaux tentatives visant à
dégager
unesymétrie
des interactions fortesplus large
que celle del’isospin,
car une telle découverte aurait desconséquences importantes
sur leproblème qui
est étudiéici;
àpartir d’hypothèses plau-
sibles
quoique
encore malcomprises,
il estpossible
dedémontrer,
pour les trois groupes de Liesimples
de rang2,
des relations de masses entre les différentesparticules
classées dans un mêmesupermultiplet;
ces relationsde masses
permettent
alors d’écarterC 2
etG 2
et de ne conserver queS U 3
comme groupe de
symétrie approchée possible
des interactionsfortes.
Le
sujet
duchapitre
III est la théorie dite du «bootstrap
»; cette théorieconsidère
qu’il
n’existe pas departicules élémentaires,
mais seulement desparticules composées;
une des méthodespratiques
de calculqui
ont étéproposées
pour mettre en oeuvre le «bootstrap
» estappliquée
auxampli-
tudes de diffusion
mésoniques 03C0
+ 03C0, 03C0 + K et K +K;
les résultats sontquantitativement
peusatisfaisants,
mais lesprédictions qualitatives
semblentpour le moment correctes.
ABSTRACT. - The purpose of this work is to
study
some of theproblems
related to the very definition of
elementary
andcomposite particles
and inthis
respect
examine the two main directions in which TheoreticalHigh Energy Physics
research isbeing developed. Chapter
1 states and dis-cusses a
possible general
definition of anelementary particle
and underlinessome of the difficulties that may arise while
applying it, by studying
the Leemodel from this
point
of view.Chapter
II is concerned with theattempts
to
bring
out asymmetry
ofstrong
interactions wider than that of.isospin,
because such a
discovery
would haveimportant implications
upon theproblem
which isbeing
studiedhere; starting
fromplausible though yet badly
understoodhypotheses,
it ispossible,
for the threesimple
Lie groups of rank2,
to prove mass relations between the différentparticles entering
the same
supermultiplet;
these mass relations are then suflicient to discardC2
andG2
andkeep only SUs
as apossible approximate symmetry
group forstrong
interactions.Chapter
III deals with the so-called «bootstrap
»theory;
thistheory
states that there exist noelementary particles,
butonly composite
ones; one of thepractical
methods of calculation which have beenproposed
to work out «bootstrap
» isapplied
to the mesonic scat-tering amplitudes 7t
+ jr, 1t + K and K +K;
the results arequantitatively
poor, but the
qualitative predictions
seem up to now correct.INTRODUCTION
Les récents
développements
de laPhysique expérimentale
de hauteénergie
ont considérablement
aggravé
la situationdéjà
confusequi régnait
il y aquelques
années : de nouvellesparticules
ont été découvertes et toutporte
à croire que la liste n’en est pas encore close.Corrélativement,
unequestion
se pose, deplus
enplus aiguë :
est-ilpossible
deconsidérer,
d’une manière ou d’une autre, certaines de cesparticules
commeplus
fondamentales que les autres ? Plusprécisément,
il
s’agit
de savoir si l’on peut trouver un critèrepermettant
de définir sansambiguïté
le sens desqualificatifs
« élémentaire » et «composé »
et de réserver lepremier
pour unpetit
nombre seulement desparticules
connues.Bien
entendu,
cettequestion primordiale
nepeut
pas être étudiée isolé- ment. Elle est intimement liée à l’ensemble desproblèmes théoriques posés
par la
Physique
des HautesÉnergies
et ne pourra trouver deréponse
satis-faisante que dans le cadre d’une théorie satisfaisante des interactions entre
particules.
Comme une telle théorie n’existe pas pour le moment,chaque
tentative faite pour la construire
implique
unpoint
de vue bien déterminésur la
question
desparticules
élémentaires.Le but de ce travail est d’examiner sous cet
angle
deux desprincipales
directions de recherche
qui
se sont faitjour
ces dernierstemps
et d’enpréciser
certains
aspects
pour essayer d’évaluer les chances despositions
corres-pondantes
sur leproblème qui
nous occupe.Le
chapitre premier
énonce et discute une définitiongénérale possible
de la notion de
particule
élémentaire et illustrequelques-uns
desproblèmes posés
par cette définition en étudiant de cepoint
de vue le modèle de Lee.Le
chapitre
II est consacré aux tentatives visant àdégager
unesymétrie
des interactions fortes
plus profonde
que la conservation duspin
isoto-pique
et lechapitre
III étudie lepoint
de vue que l’ondésigne
habituelle- ment sous le nom de «bootstrap
».CHAPITRE PREMIER
POSITION DU
PROBLÈME
Le
concept
de «particule
élémentaire » existait enPhysique
bien avantle
développement
de ce que l’onappelle aujourd’hui
la «Physique
desParticules
Élémentaires
», ou «Physique
des HautesÉnergies
». Onpeut
donc essayer dedégager,
des théoriesphysiques antérieures,
une définitiongénérale
del’adjectif
« élémentaire ». C’est ce que nous allons tenter de faire dans cechapitre :
leparagraphe
I-A contiendra des considérationsgénérales qui
seront illustrées enpartie,
surl’exemple simple
du modèle deLee,
auparagraphe
I-B.I-A. - Essai de définition d’une «
particule
élémentaire ».Il faut d’abord se hâter de dire
qu’il
n’est pas du tout évident que la notion departicule
élémentairequi
ressort dudéveloppement général
de laPhy-
sique
soitapplicable
au domaine des HautesÉnergies.
Parexemple,
l’insta- bilité de lagrande majorité
desparticules
connues, ou lesénergies
de liaisonénormes, comparables
auxénergies
de masse, que devrontcomporter
lesparticules composées,
laissentprévoir
defaçon quasi
certaine que lesconcepts
théoriques,
même ceux utilisés enPhysique Atomique
ou enÉlectrodyna-
mique Quantique,
devront être pour laplupart
sérieusement révisés. Autre- mentdit,
lafaçon précise
de poser laquestion
soulevée dans l’introductiondépendra,
presque autant que laréponse
à cettequestion,
de la théorie future des interactions entreparticules.
Il est
cependant légitime
et nécessaire departir
del’acquis
accumulédans les autres branches de la
Physique
pour essayer decomprendre
undomaine nouveau.
Or, quelle
différencefaisait-on,
avant laPhysique
desHautes
Énergies,
entreparticules
élémentaires etparticules composées ?
La
réponse
est évidente : lesparticules
élémentaires sont celles dont l’exis- tence et lespropriétés principales
doivent êtrepostulées
audépart
pourpouvoir
en déduire l’existence et lespropriétés
de tout le reste, considéré parconséquent
commecomposé.
Il
n’y
a pour le moment aucune raison de penser que ladéfinition,
souscette forme
générale,
nes’applique
pas au domaine des HautesÉnergies.
Par
exemple,
il n’est pas encore exclu que lesparticules
soient décrites parune théorie
partant
d’unLagrangien ;
si tel s’avérait être le cas, il seraiten
principe
facile dedistinguer
entreparticules
élémentaires etparticules composées :
cellesqui
se verraient attribuer apriori
unchamp figurant
dans le
Lagrangien
initial seraientélémentaires,
celles queprédirait
le calculà
partir
de ceLagrangien
seraient évidemmentcomposées.
Cependant,
leproblème
n’est pas forcément aussisimple qu’il pourrait
le
paraître
àpremière
vue et il est nécessaire de formuler les remarques suivantes :1. On
peut
en faitenglober,
dans une même «particule
élémentaire », tout un groupe departicules.
Ceci est devenu tout à faitplausible depuis
l’introduction du
spin isotopique :
le mésoncomporte
en réalité troisparticules distinctes,
le nucléondeux,
etc. Il estpossible qu’on puisse
allerplus
loin dans cette voie et grouper lesparticules
connues en «supermulti- plets
». Il est clairqu’alors
ce seront cessupermultiplets qui pourront
éventuellement constituer lesparticules
élémentaires de la future théorie.2. Même si l’on pense que la définition
générale indiquée plus
hautdoit être valable dans la
Physique
des HautesÉnergies,
on nepeut
pas exclure apriori
lapossibilité
que toutes lesparticules
serangent
dansune seule des deux
catégories.
Uneproposition
extrêmement intéressantea été faite récemment à
partir
de cepoint
de vue(voir
parexemple
la réfé-rence
[19]),
selonlaquelle
il n’existe pas departicule
élémentaire au sens de la définitionprécédente.
3. Dans le cas où il existerait des
particules élémentaires,
il n’est pas absolument nécessairequ’elles correspondent
à desparticules
réelles. Onpeut
très bienenvisager
que la théorieparte
departicules fictives,
dont lesparticules
observées seraientcomposées.
4. La distinction entre
particules
élémentaires etcomposées,
si onpeut
la définir pour lesparticules réelles,
n’est pas forcémentphysique.
Plusprécisément,
deux caspeuvent
seproduire,
suivantqu’il
estpossible
ou nonde trouver une différence observable entre
particules
élémentaires et compo- sées. Si une telle différenceexiste,
la classificationpeut
être considéréecomme
absolue,
c’est-à-dire que le caractère élémentaire oucomposé
estune
propriété intrinsèque
desparticules :
il estpossible
de déterminerexpérimentalement
si telleparticule
est élémentaire ou non. Si au contraire le critère de distinction estpurement théorique,
il doit êtrepossible
de bâtirplusieurs
théorieséquivalentes,
donnant les mêmes résultatsphysiques
mais
partant
d’ensembles différents departicules élémentaires ;
dans ce cas, lesqualificatifs
« élémentaire )) et «composé
)) n’ontqu’un
sensrelatif, puisque
leur attribution aux différentesparticules
est enpartie
unequestion
de choix.
Les deux
premières
remarques seront examinéesplus
en détail dans leschapitres
II et IIIrespectivement.
Pour illustrer les deux dernières etplus généralement
lacomplexité
duproblème,
nous allons considérer le modèle deLee, qui permet
une discussionsimple
tout en n’étant pascomplètement
trivial.
I-B. -
Exemple
du modèle de Lee.l.
Équations
dedépart.
- Sous sa formeoriginelle,
le modèle deLee
[48] [47] comprend
deux fermionslourds,
N et V et un bosonléger 0, interagissant
par les processus suivants : V ~ N + 0.On
peut
lecompliquer
en introduisant p bosons0x [51]
et no fer- mionsVi [68].
Nous considérerons ici seulement le cas p =1,
car les résul- tatsqui
nous intéressentpeuvent
être aisémentgénéralisés
si p estsupérieur
à 1(Cf.
référence[68]).
On
part
donc du hamiltonien non renormalisé suivant :BERNARD DIU
Les
particules
N etV;
=1,
...,no)
sont considérées comme infiniment lourdes et co =+
k2 estl’énergie
d’uneparticule
a de momentk,
(JL étant sa masse et
a(k) l’opérateur
d’annihilationcorrespondant;
m estla masse et
~N l’opérateur
d’annihilation de laparticule
est la massenue et
~j l’opérateur
d’annihilation de laparticule V~.
Les Ki(i
=1,
...,no)
sont les constantes de
couplage
non renormalisées de la théorie(1)
etest une fonction de coupure
qui
doit tendre vers zéro à l’infini assezrapide-
ment pour faire converger les
intégrales
dont nous auronsbesoin,
maisqui
doit avoir uncomportement
suffisammentrégulier
pour ne pasapporter
d’ennuis.Un calcul
simple (Voir
parexemple l’Appendice
de la référence[28]) permet
d’obtenir la matrice S décrivant la diffusion de a par N :avec :
Dans le
plan complexe
de la variable z, cette fonction a une coupure lelong
de l’axe réelde ~
à + oo et despôles correspondant
auxparticules
élémentaires nues. De
plus,
les états liés stables dusystème
N - e sontdonnés par :
Quant
auxparticules
instablesayant
les mêmes nombresquantiques
que le
système
N+ 8,
on doit les chercher comme despôles
de la matrice Ssitués sur le deuxième feuillet de Riemann
[51].
Si n est le nombre d’états liés
stables,
il est facile de montrer[68]
que ledéphasage 8( (ù)
satisfait la relationqui
est unegénéralisation
du théorème de Levinson[50] [46].
Il estimportant
de remarquer que des relations
analogues peuvent
êtreprouvées
dans le casde
plusieurs
bosons6À,
à condition dediagonaliser
la matrice desdépha-
sages
[68] ;
le théorème de Levinson est donc vrai dans le modèle de Lee même si lesdéphasages
sontcomplexes.
(1)
Comme nous ne nouspréoccuperons
pas desproblèmes
de renormalisation decharge,
nous garderons constamment, dans lescalculs,
les constantesde couplage
non renormalisées.
2. Distinction entre
particules
élémentaires etcomposées. -
La formule 1-5 montre que, si on connaît le nombre n d’états liés
stables,
on
peut
déterminer «expérimentalement
)) le nombre no dechamps
élé-mentaires
qu’on
doit inclure dans le hamiltonien pourpouvoir
décrire ladiffusion de 0 par
N,
noncompris
bien sûr leschamps
associés à 8 et N eux-mêmes.Il est évident que, dans certains cas, ceci sera suffisant pour introduire dans le modèle de Lee une distinction absolue entre
particules
élémentaires etparticules composées.
Parexemple,
onpeut
décrire le modèleoriginel
de
Lee, comportant
une seuleparticule V,
soit par un hamiltonien de la forme1-1,
danslequel
laparticule
V est considérée comme élémentaire(no
=1),
soit par un hamiltoniendifférent,
où laparticule
Vn’apparaît
pas
(no
=0)
et danslequel
N et 6interagissent
par unpotentiel séparable [68].
La formule 1-5 fournit alors un critère pour choisir l’un de ces deux hamil-
toniens,
que laparticule
V soit stable ou instable. Voilà un castypique
où l’étude «
expérimentale »
deÕ(Ct)) permet
de déterminer si V est élémen- taire ou pas.Mais cela n’est
possible,
enfait,
que parce que, dans ce casparticulière-
ment
simple,
il existe une seuleparticule ayant
les mêmes nombres quan-tiques
que lesystème
N+
0. Nous allons voirquelles
conclusions onpeut
tirerquand
no estsupérieur
à 1.On
peut
d’abord montrer que, dans certains cas, le nombre departicules
«
physiques
», stables ouinstables,
liées à la voie N - 6 estprécisément
no.Considérons par
exemple
la limite descouplages
faibles :et soit
où
Les
particules
«physiques »
stablesapparaissent
à desénergies m
+ ~,avec Uj [.L
(j = 1,
...,n), qui
sont solutions del’équation
alors que les masses m + vk et les inverses Yk des durées de vie des
particules
instables sont donnés par
[J7] ]
BERNARD DIU
.
ou :
r(z)
étant le saut deh(z)
à travers sa coupure :Si toutes les constantes de
couplage
sontfaibles,
on s’attend à ce que les renormalisations de masse uj -6); (ou vk
-mi)
et les inverses Yk des durées de vie soient faibles etplus précisément
dupremier
ordre en~/47u. L’équa-
tion 1-9 s’écrit
explicitement :
Si les
c~
sont suffisammentespaces
etéloignés de
tous les termes de lasomme
figurant
aupremier
membre de 1-13 sont dupremier
ordre en~/4~
g~
1 .sauf2014 03C90j - uj
.1-13 donnedonc,
aupremier
ordre eng2/4z :
Quant
àl’équation 1-10,
elle s’écrit :Le terme d’ordre zéro du deuxième membre est :
(où
lesymbole
Psignifie qu’on prend
lapartie principale
del’intégrale), expression qui
estégale,
à des termes dupremier
ordreprès,
à la suivante :En traitant le
premier
membre de 1-15 commeplus
haut celui de1-13,
on obtient finalement :
et :
On a ainsi fait
correspondre
uneparticule
«physique »
àchaque champ Vi figurant danslehamiltonien I-1,
c’est-à-direqu’on
a renormalisé lesparticules
nues
correspondantes.
Il reste à montrer maintenantqu’il
n’existe pas d’autresparticules
«physiques »
que les noprécédentes,
c’est-à-direqu’il
faut chercher des solutions de 1-13 et 1-15 pour des Uj et vk non infiniment voisins des
M?.
Les yk étanttoujours
des infinimentpetits
de l’ordre deon
peut
écrire :L’expression
1-16représente
encore le terme dominant du deuxième membre de 1-15 et on obtient finalement :et :
On voit alors
qu’il
suffit de chercher la masse desparticules instables,
puisque
1-22 donne Ykquand rk
est connu. Orl’équation
1-21 estidentique
à
1-13,
sauf que, dans cettedernière,
il n’est pas besoin deprendre
lapartie principale
del’intégrale puisque
Uj est inférieur à ~. Il faut donc résoudrel’équation
en x :La courbe
représentative
du deuxième membre y2 en fonction de x s’obtient facilement :-
quand ~ 2014~
oo, ~3 -~0 avec lesigne opposé
à celui de x;- quand x
varie entre - oo et ~, Y2 esttoujours positif,
ainsi que sadérivée;
-
quand ~ 2014~
~2 tend vers une valeurfinie,
à cause du facteurB/c~ 2014 ~
mais sa dérivée tend vers + oo ;-
quand x
estsupérieur à [1.,
on a :La
première intégrale
estnégative,
la deuxièmepositive. Quand x croît,
lapremière intégrale
devient deplus
enplus grande
en valeurabsolue,
la deuxième de
plus
enplus petite.
~2 s’annule doncentre >
et + oo.L’allure de la courbe
représentant,
en fonction de x, le deuxième membre y$de
l’équation
1-13 estindiquée
dans lafigure
1.Y2
rQuant
aupremier
membre yl, il a no zéros(x
= La courbe :ayant
noasymptotes simples
et pasd’extremum,
a(no
-1)
zéros. Donc la courbereprésentative
de y 1 admet(no
-1) asymptotes verticales,
une danschaque
intervalle(0153?, (ù~+1)’
si leso?
sont classés par ordre degrandeur
croissante. De
plus, quand
avec lesigne opposé; l’asymptote correspondant
à cette nouvelle branche infinie est presqueverticale, puis- qu’elle
a pourpente - 1 g2i 403C0
. Lafigure
2représente
yi en fonction de x;=1
dans le cas où no = 2. Pour que la
figure
soitplus claire,
on apris
des valeursFIG. 2. -
L’hyperbole représentant
y1 en fonction de x pour no = 2.Les
points
A et B divisent le segment[coi, oj
dans lerapport 2014 20142014
et -g i/4n
respectivement.
L’équation
del’asymptote oblique
est :unies pour
gl
et4- ;
si ces deuxquantités
deviennent deplus
enplus petites,
47U 47T
leur
rapport
restant constant, il suffit de faire tournerl’asymptote oblique
autour du
point
où elle coupe l’axe des x.Cette résolution
graphique indique
doncqu’en général,
dans la limite descouplages faibles, l’équation
1-23 n’a pas d’autre solution que les no trouvéesprécédemment (équations
1-14 et1-18).
La discussion
précédente
montre que même un modèlesimple
commecelui de Lee ne donne pas de
réponse
totalement claire à laquestion
de savoirs’il existe une différence observable entre
particules
élémentaires etparticules composées.
On nepeut
en effet pas utiliser ici le critère1-5, puisque chaque particule
«physique » correspond
à uneparticule
nuefigurant
dans le hamil- tonienI-1;
le modèle ne contient dans ce cas que desparticules
élémentaires et pas departicule composée.
On
peut
alors chercher s’il existe des circonstances où le modèle de Leecomporte plus
departicules
«physiques »
que departicules élémentaires,
pour voir si la distinction entre
particules
élémentaires etcomposées
estalors absolue ou
relative,
dans le sensindiqué
auparagraphe
I-A-4.Il est facile de montrer
(Cf.
références[28]
et[30]) qu’une
telle situationse rencontre même dans le modèle de Lee
originel, qui contient,
dans certains cas, à la fois un état lié stable et uneparticule
instable dans la voie N - 6.Supposons
doncqu’il
existe deuxparticules, Vi de
masse m + u etVI
de masse m + v,ayant
les mêmes nombresquantiques
que lesystème
N +6;
la
première Vi
est stable(n
=1)
et la secondeVs
instable avec une durée de viede 1 . Supposons
deplus qu’une
détermination «expérimentale
»y
de no
(par exemple
au moyen de la relation1-5)
a donné no = 1 . Cecisignifie qu’il
existe (00 = mo - m tel que :et :
Or, le hamiltonien et par
conséquent
la matrice Sdépendent
seulementde wo,
quand g,
m, u etf(W)
sont fixés.Si
Vi
est considérée commeélémentaire,
celasignifie qu’on
se donnesa masse mi = m + u et
qu’on
considère lechamp figurant
dans le hamil-tonien comme
représentant
laparticule
nuecorrespondante.
Autrement dit :mi = mo + où
om1
est la renormalisation de masse de laparticule V i.
On
remplacera
doncpartout
6)0 par u -om1
et on détermineraom1
parl’équation
1-26.Ensuite,
1-27indiquera
laprésence
d’uneparticule
instablecomposée Vs
et donnera sa masse m + v et sa durée devie - .
Si au contraire on choisit
V 2
commeparticule élémentaire,
ce sera vqui
sera donné et mo deviendra v - On utilisera 1-27 pour trouver la renormalisation de masseom2
et la durée devie -
deV2. Ensuite,
Y
1-26
permettra
deprédire
un étatcomposé
stable dusystème
N + e àl’énergie m
+ u. -. Comme la valeur
numérique
de mo reste la même dans les deux cas, bien que soninterprétation
soitdifférente,
lescaractéristiques
de la diffusionde 0 par N seront
inchangées.
On nepeut
pas dire que l’une des deux par- ticulesVi
etV 2
estintrinsèquement plus
élémentaire que l’autre. La dis- tinctiondépend
d’un choix dehamiltonien,
elle est donc relative. La seule restrictionapportée
par «l’expérience »
est que le nombre dechamps
élé-mentaires nécessaire pour décrire la diffusion N - 6 est no = 1
(mis
àpart
leschamps
associés auxparticules
N et eelles-mêmes).
Mais on
peut
aussiadopter
unpoint
de vue oùVi
etV2 jouent
des rôlessymétriques.
Il suffit de considérer que lechamp figurant
dans le hamilto- nien ne doit être associé à aucuneparticule
«physique
». Dans ce cas,Vi
etV2
sont toutes deuxcomposées
et laparticule
élémentaire àpartir
delaquelle
on les construit n’est pas observable. Ce sont évidemmenttoujours
les
équations
1-26 et 1-27qui permettent
de trouver, àpartir
de moqui
estici une
donnée,
les masses m + u et m + v et la durée devie - .
Y
Cette discussion du modèle de Lee a montré
qu’il
est très difficile deprévoir
comment la future théorie
qui
rendracompte
desphénomènes
de hauteénergie
tranchera laquestion
desparticules
élémentaires. Même dans ce modèlesimple,
onpeut
eneffet,
en variant un peu lesconditions,
obtenirdes situations très différentes : dans certains cas, toutes les
particules
sontélémentaires ;
dansd’autres,
il estpossible
de déterminer «expérimentale-
ment » le caractère élémentaire ou
composé
desparticules;
dans d’autresenfin,
la distinction entre les deuxcatégories
departicules
estpurement
théo-rique
et ne repose sur aucunepropriété
observable.Il semble donc que la définition
générale
d’uneparticule
élémentaireBERNARD DIU
donnée au
paragraphe
I-Apuisse
être encore valable dans laPhysique
desHautes
Énergies.
Mais les remarques faites auparagraphe
I-A et les résultats duparagraphe
I-B montrent que cette définitionpeut
s’accommoder de situations très différentes. Elle constitue parconséquent
une sorte de cadrelogique
pour l’étude des théories que l’on essaie dedévelopper
à l’heureactuelle..
CHAPITRE II
RECHERCHE D’UNE
SYMÉTRIE APPROCHÉE
DES INTERACTIONS FORTES
Depuis
l’introduction duspin isotopique
et la démonstrationexpéri-
mentale du fait que les interactions fortes le conservent,
plusieurs
tentativesont été faites pour essayer de
dégager
unesymétrie plus large, quoique
seulement
approchée. Après
l’échec dessymétries globale [38] [66]
etrestreinte
[57],
on a récemmentproposé
d’utiliser les groupes de Liesimples (un exposé
accessible despropriétés générales
des groupes de Liesimples peut
être trouvé dans la référence[58])
et ungrand
nombre de travauxont été consacrés à cette
question (Références [9, 10, 16, 25, 29, 34, 39, 41, 49, 54, 55, 56, 59, 64]).
Quelle
attitude ces travauximpliquent-ils
en face duproblème qui
nousoccupe ?
Il convient tout d’abord de remarquerqu’en fait,
il nes’agit
pas ici de tenter de bâtir une théoriecomplète
des interactions fortes. Les ambi- tions sont limitées à la recherche d’unesymétrie approchée qui,
si elleexiste,
devrafigurer parmi
lespostulats
fondamentaux de cettethéorie,
ou tout au moins en être une
conséquence
directe. Autrementdit,
on neconsidère pas le
problème
dans sonensemble,
mais seulement un de sesaspects
importants.
Il n’est pas étonnant que ceci ait pour corollaire une
position
peu tranchéesur le
problème
desparticules
élémentaires. Eneffet,
on ne se demandepas encore
quelles particules
sont élémentaires etlesquelles
sontcomposées,
ni même si la
question
a un sens. On se contented’essayer
de montrer que lesparticules
connues segroupent approximativement
ensupermultiplets
et que par
conséquent
les entitésphysiques
à considérer sont cessupermul- tiplets.
On ne tente donc pas de trancher laquestion
aufond,
mais de trouverles véritables candidats aux fonctions de
particules
élémentaires.Néanmoins,
la découverte de tellessymétries
aurait desconséquences
extrêmement
importantes
sur lesujet
desparticules
élémentaires. C’estpourquoi
cechapitre
sera consacré à laquestion
de savoir s’il existe ungroupe de Lie
simple qui
soitapproximativement
conservé par les inter- actions fortes.La
première
remarquequi
a été faitequand
l’idée est apparue de considérer les groupes de Liesimples
est la suivante : ce sont les groupes de rang 2qui
sont apriori
lesplus intéressants, puisque,
mis àpart
le nombrebaryo- nique qui
donne lieu à unerègle
desupersélection,
on a deuxquantités
à
diagonaliser simultanément,
la troisièmecomposante
duspin isotopique
et
l’étrangeté (ou l’hypercharge).
Nous nous limiterons donc ici aux groupes de Liesimples
de rang2, qui
sont au nombre de trois :SU 3, C 2 (ou B 2)
et
G 2.
Lafigure
3représente
lesdiagrammes
des racines de ces trois groupes.FIG. 3.
Diagramme
des racinesDiagramme
des racinesDiagramme
des racinesde SU3
deC2
de G2Pour choisir entre
C 2
etG2,
nous allons faireappel
à ce que l’ondésigne
sous le nom de « formules de masses » et nous allons montrerqu’elles
donnent des raisons valables pour écarterC 2
etG 2.
Les
hypothèses
de base sont les suivantes :1)
Lelagrangien
des interactions fortespeut
être divisé en deuxparties, Io
etIi,
dont lapremière Io
est invariante dans les transformations d’un groupe G(ici,
l’un des trois groupes de Liesimples
de rang2),
alors que la deuxièmeIl
commute seulement avec lespin isotopique
etl’étrangeté,
mais est «
petite »
devantIo.
2) Il
est un des éléments d’un ensembled’opérateurs Mo qui
se trans-forment entre eux selon la
représentation régulière
de G. Cecipeut
êtreexprimé
avecplus
deprécision
comme suit : siANN. INST. POINCARÉ, A-I-2
sont les relations de commutation fondamentales entre les
générateurs
infinitésimaux
Xo
deG,
alors :L’une des raisons pour
lesquelles
nous choisissons cette deuxièmehypo-
thèse vient d’une
analogie
avecl’électromagnétisme :
l’interaction électro-magnétique
minimale n’est pas invariante parrapport
au groupe despin isotopique,
mais la relationQ = 3 + 2 indique
que lapartie
noninvariante se transforme comme la troisième
composante
duspin isotopique,
c’est-à-dire comme une
composante
d’unopérateur
vectoriel. Enfait,
les pro-priétés
de transformation deIl pourraient
êtrequelconques,
mais ilparaît plausible
depostuler
queIi
a «quelque
chose à voir » avec G. Le choix de lareprésentation régulière apparaîtra
aussiplus
tard comme naturel(voir
le
paragraphe qui
suit la formule11-21).
Il convientd’indiquer
quel’hypo-
thèse 2 est exactement celle
proposée
initialement par Gell-Mann[39]
et utilisée par Okubo
[56]
pour démontrer les relations de masse dansSU3.
L’hypothèse
1permet
de classer lesparticules,
à l’ordre zéro enIi,
dansles
représentations
irréductibles de G. Les différences de masse entre mem-bres d’un même «
supermultiplet
» sontdonnées,
aupremier
ordre enIi,
par les éléments de matrice
diagonaux
deIl
à l’intérieur de lareprésentation
irréductible
correspondante.
Nous sommes donc amenés à considérer des éléments de matrice de la
forme 03C8 | M03C3 | 03C8>,
où lesMa
constituent un ensembled’opérateurs
setransformant suivant la
représentation régulière
de G et1 ~ )
est un vecteurdans
l’espace
surlequel agit
unereprésentation
irréductible de G. Bien quenous nous limitions ici aux relations de masse, on
peut
remarquer que de tels éléments de matriceapparaissent
aussi dans d’autrescalculs,
parexemple
celui des moments
magnétiques
desparticules;
les formules que nous allonsobtenir
peuvent
êtreappliquées
à ces calculs.Les
propriétés
de transformation desMa
vont nouspermettre
d’écrire~ c~ ~
sous la forme :(~)
Dans le groupe desrotations, qui
est un groupe de Liesimple
de rang1,
les Ma seraient les trois composantes d’un
opérateur
vectoriel.où les
M$1
sont des ensemblesd’opérateurs particuliers
se transformantcomme les
Ma
et les Ài sont des coefficientsqui dépendent
de la nature deMo
et de la
représentation
irréductible àlaquelle |03C8> appartient.
Nous allons d’abord
démontrer,
dans leparagraphe II-A,
lespropriétés
tensorielles des groupes de rang 2
qui
nous seront nécessaires pour trouver lenombre’
de termesindépendants
dans la formuleII-3,
cequi
sera faitdans le
paragraphe
II-B. Leparagraphe
II-C sera consacré à la constructionexplicite
desM~~~
dansSU 3
etC2,
car ilapparaîtra rapidement qu’un
telcalcul n’est pas nécessaire pour
G2. Enfin,
leparagraphe
II-D tirera les conclusions de cette étude etindiquera rapidement
lepoint
actuel des recher- ches dans ce domaine.II-A. - Forme tensorielle des
représentations
irréductibles des groupes de rang 2.1. Le tableau
d’Young correspondant
à unereprésentation
irréductible. - Une
représentation
irréductible d’un groupe de Liesimple
de rang 1 est
caractérisée,
à uneéquivalence près,
par sonpoids
leplus
élevéL, qui peut
s’écrire sous la forme :où les
Ki
sont des entierspositifs
ou nuls et les Li sont les 1poids
dominantsfondamentaux
(Cf.
référence[58]). Donc,
si l’ondésigne par gl
larepré-
sentation irréductible dont le
poids
leplus
élevé estLi,
lareprésentation
caractérisée par L
peut
être obtenue en réduisant leproduit
tensoriel :Les deux
représentations
irréductibles fondamentales des groupes de rang 2 sont[9] :
a)
PourSU 3,
les deuxreprésentations contragrédientes D~(l,0)
etD~(0,l) (3).
Si où apeut prendre
les valeurs1, 2
et3,
est une base dansl’espace
dereprésentation
deD(3)(1,0),
alorsc00FFa ou Ça
est une base pour(3)
Les notations sont celles de la référence[9] :
unereprésentation
irréductible de dimension N caractérisée par les entiers Ki et K2 estindiquée
par :KJ .
D~(0,l) désigne
lapartie antisymétrique
du tenseur du deuxièmea
ordre construit sur
~a)’
b )
Pour dont deuxreprésentations contragrédientes
sontéquivalentes
à cause de la conservation de la
métrique antisymétrique D~(1,0)
et
D~(0,1).
SiÇa, a
variant de 1 à4,
est une base pourD~(l,0), ~
esta une base pour
D~(0,l),
à condition que :c)
PourG 2, qui
conserve lamétrique symétrique gai»
deO? (ceci implique
que deux
représentations contragrédientes
sontéquivalentes),
ainsi que lesquantités
totalementantisymétriques
rabc(Cf.
référence[9]), D~(l,0)
et dont les bases seront
respectivement Ça (a
entiercompris
entre1 et
7)
et~a ,
avec :La
représentation
irréductible depoids
leplus
élevé L est naturellement« la
plus
élevée » obtenue dans la réduction duproduit
tensorielII-5,
c’est-à-dire celle
qui
contient le vecteur depoids
leplus
élevé. Pour les groupes de rang2,
la base de cettereprésentation
sera écrite sous la formetensorielle suivante :
Cette notation
signifie
que, à lareprésentation
irréductibleD(Ki, K 2),
on
peut
fairecorrespondre
le tableaud’Young :
En
effet,
toutproduit
d’un nombrequelconque
decomposantes 03C8a
estvecteur propre des deux
opérateurs
du groupequi
commutent,Hi
etH 2,
avec pour valeur propre la somme des valeurs propres
correspondant
àchacun des
indices ;
cettepropriété
reste vraie si onsymétrise
ouantisymé-
trise. On obtient donc le tenseur de
poids
leplus
élevé d’unereprésentation
donnée par son cadre
d’Young
en mettant dans ce cadre autant de foisque
possible
l’indicecorrespondant
aupoids
leplus élevé, puis
lesuivant,
etc.Comme les tenseurs sont