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CHANGEMENT DE VALEURS FAMILIALES A partir des textes : -

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Academic year: 2022

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CHANGEMENT DE VALEURS FAMILIALES

A partir des textes :

- L’éclatement des modèles familiaux

- Pourquoi la famille est-elle redevenue aimable ? Réponds aux questions suivantes :

- Explique le grand changement de valeurs familiales ? En quoi consiste ces nouvelles valeurs ? - Quelles sont les conditions ayant permis l’avènement de ces nouvelles valeurs ?

- Quelles sont les conséquences de ce changement de valeurs pour la famille ?

La famille en pleine révolution socio-culturelle.

Que s'est-il donc passé pour que la famille connaisse des transformations d'une telle ampleur depuis une cinquantaine d'années ? Tout simplement... de spectaculaires transformations économiques, démographiques, scientifiques, sociales et culturelles qui ont agi de concert.

« La période contemporaine, écrit François de Singly, est caractérisée par une plus grande maîtrise du destin individuel et familial, pour deux raisons qui se renforcent : un système de valeurs qui approuve cette autonomie [...] et des conditions objectives qui autorisent plus facilement cette maîtrise (1). » Montée des femmes sur le marché du travail, progrès scientifiques permettant la contraception et le contrôle des naissances, libéralisation des moeurs concrétisée par des acquis comme la loi sur l'avortement ou le divorce par consentement mutuel... Depuis les années 70, la courbe des mariages a été en baisse constante tandis que les divorces augmentaient (environ un couple sur trois divorce aujourd'hui). Parallèlement, après la période du baby-boom, le taux de fécondité a été divisé par deux depuis trente ans pour se stabiliser autour de 1,7 enfant par femme. Les couples vivant en union libre et les naissances hors mariages n'ont cessé d'augmenter.

Côté valeurs, les changements ne sont pas moins conséquents. Le temps est révolu où chacun des membres de la famille endossait un rôle social prédéfini : la sphère publique pour le mari, chef de famille chargé de gagner l'argent du ménage, la sphère privée pour l'épouse s'occupant des tâches domestiques et de l'éducation des enfants, la soumission de ceux-ci à l'autorité et aux décisions parentales...

Depuis les années 70, les valeurs individualistes, mettant l'accent sur la liberté, l'autonomie et l'épanouissement de chacun ont remplacé les normes rigides. L'autorité patriarcale a été détrônée pour laisser place à la négociation, censée respecter les aspirations de chacun. Sans oublier la montée de conceptions plus hédonistes de la vie.

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Il est à noter que ces nouvelles valeurs - individualisation, autonomie, épanouissement - sont aussi compatibles avec les nouvelles familles, souvent recomposées de demi-frères ou de fausses soeurs, de vrais et faux grands- parents... Pour la sociologue Irène Théry, si la famille s'est affaiblie en tant qu'institution, les nouveaux liens familiaux, plus précaires, plus contractuels, sont aussi plus

exigeants : les réseaux familiaux, fondés sur des « affinités électives » librement choisies, laissent une plus grande place à l'expression et aux choix des individus

M. FOURNIER, L’éclatement des modèles familiaux dans Sciences Humaines, hors-série n°34, septembre-octobre-novembre 2001.

La famille : un lieu de liberté.

En famille, on se sent bien, ou en tout cas, on doit se sentir bien. C’est ce qu’indiquent toutes les enquêtes sur les valeurs. Or, cette expression, « se sentir bien », n’a de sens concernant la famille que replacée dans l’histoire. Dans les sociétés traditionnelles, le critère pour approcher le lien entre la famille et ses membres est autre. C’est la logique de l’honneur qui domine, avec l’accent mis sur le sentiment d’appartenance à un groupe, et sur les places respectives de chacun. Le passage progressif à la modernité, au moins dans les sociétés occidentales, se traduit par une montée du sentiment affectif vis-à-vis des membres de la famille, par une exigence de qualité relationnelle. Dans son dernier cours de sociologie de la famille, prononcé en 1892, Emile Durkheim en a eu conscience, caractérisant la famille moderne par ce type particulier de lien : « Nous ne sommes attachés à notre famille que parce que nous sommes attachés à la personne de notre père, de notre mère, de notre femme, de nos enfants. »

Même si les hommes et les femmes apprécient de se retrouver en couple, en famille, ils veulent que les liens conjugaux, les liens familiaux ne les serrent pas trop, qu’ils restent « libres ensemble ». Cette ouverture s’oppose à un des risques possibles, celui d’une famille qui enferme, qui étouffe, qui fait disparaître l’individu. Un des marqueurs, juridiques, de cette ouverture a été le passage du mariage institution au mariage contrat, avec le divorce par consentement mutuel en 1975.

Dans les plus jeunes générations, urbaines, on observe que cette demande se formule sous l’expression de « ne pas se prendre la tête ». Cela signifie, pour eux, de ne pas projeter la relation de couple dans le futur, de ne pas attendre qu’elle soit conforme aux canons de l’amour éternel. Anne, une jeune femme de 22 ans, étudiante et en couple depuis quelques mois avec un autre étudiant, exprime ce souhait : « On est dans le même état d’esprit, on n’a pas envie de se prendre la tête. Enfin, c’est du sérieux, on y croit, mais on n’a pas envie de s’investir, de tirer des plans sur la comète. Voilà, on a envie de s’amuser, de faire la fête. » L’absence d’engagement pour le futur est un mode normal de fonctionnement de la relation. L’un et l’autre passent un contrat implicite : être avec, sans rien attendre. Ils veulent simplement vivre ensemble, et voir comment cela évolue.

Ce non-enfermement familial, c’est la possibilité de s’évader, de se créer un monde différent de l’univers domestique. La conséquence en est la juxtaposition, de plus en plus importante, des liens familiaux, conjugaux et des liens amicaux. S’il fallait l’exprimer d’une manière provocatrice, la famille

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actuelle est plus menacée par la concurrence des liens, virtuels ou non, avec l’extérieur, que par la reconnaissance de familles homoparentales.

Tout se passe comme si la renaissance de la famille, après sa « mort » dans les décennies précédentes, s’accompagnait d’un nouveau partage des attentes avec d’autres types de collectifs.

F. de SINGLY, Pourquoi la famille est-elle redevenue aimable ? dans Sciences Humaines, n°266, janvier 2015.

RÉPARTITION FÉMININE ET MASCULINE DES RÔLES ET DES TÂCHES AU SEIN DE LA FAMILLE

A partir des textes :

- Parent un métier qui ne va plus de soi - Mères à bout de nerfs

- Les mésaventures du père

- Nouveaux pères : peut mieux faire.

- Les nouvelles familles

- Les chantiers de l’amour conjugal - Le vrai rôle du père

- La fin du dogme paternel

Réponds aux questions suivantes :

- Quelles sont les victoires remportées les femmes durant ces 50 dernières années ? En quoi ces conquêtes sont-elles considérées comme fragiles ?

- En matière d’éducation familiale, les femmes échappent-elles aujourd’hui aux diktats sociétaux ? Que dénonce la féministe E. Badinter ?

- Quel rôle et quelle fonctions la société a-t-elle conférés au père durant des décennies ?

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- Ce rôle est-il toujours d’actualité ? Comment les pères envisagent-ils leur place au sein de la famille en matière de répartition des tâches domestiques et en matière d’éducation ?

L’injonction à la performance parentale est particulièrement manifeste aujourd’hui. Reste que, malgré une neutralité de façade, la pression continue de peser beaucoup plus fort sur les femmes, supposées en quelque sorte être mères à plein temps tout en travaillant. Les hommes, eux, malgré une volonté de rompre avec le modèle du père distant et autoritaire, restent encore largement à l’écart des tâches du quotidien.

X. MOLENAT, Parent, un métier qui ne va plus de soi dans Sciences Humaines, n°232, décembre 2011.

La révolution de la femme est-elle achevée ? Identités plurielles et paradoxes.

Les jeunes femmes souhaitent assumer une double identité : engagées sur le marché du travail, elles veulent aussi s'occuper de leurs enfants

Enfin, la question du statut des femmes dans la famille et la société nécessite là encore, directement ou indirectement, l'intervention de l'Etat. Les « conquêtes » des féministes ont été rendues possibles par les formidables améliorations du sort de la femme concernant la maternité ; les progrès de la médecine ont profité aux mères, aux enfants en bas âge. La dissociation entre sexualité et procréation est maintenant totalement entrée dans les moeurs; les femmes sont les maîtresses de leur corps comme de leur destin. La montée de l'autonomie féminine, et l'égalité avec les hommes dans le mariage acquise par des changements législatifs, n'a toutefois pas remis en cause le lien de

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couple, qui demeure une des valeurs premières aux yeux des jeunes générations. Toutes ces avancées majeures restent cependant des conquêtes fragiles, et la situation des jeunes femmes de l'an 2000 n'est pas simple, puisqu'elles souhaitent assumer, toutes les enquêtes le montrent, une double identité : engagées sur le marché du travail, elles veulent aussi avoir des enfants et pouvoir les socialiser au sein du couple. Or, la répartition dite traditionnelle des rôles n'a guère changé, les femmes assumant la plus grande part des tâches domestiques et des tâches relatives à l'éducation de leurs enfants. D'après les enquêtes de l'Insee, une femme salariée ayant au moins un enfant de moins de quinze ans, consacre, par jour, deux fois plus de temps au travail domestique (un peu plus de cinq heures) qu'un homme salarié.

Cinquante ans après la parution du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, les études consacrées à la place des femmes dans la société établissent un constat tout en nuances. Ainsi, le patriarche a disparu, hommes et femmes sont égaux dans la famille ; mais la nouvelle pauvreté touche, on le sait, les familles à la tête desquelles se trouvent des femmes seules. La position de l'Etat n'est pas neutre, quoi qu'on en dise : par exemple, dans un souci de permettre aux femmes - jamais aux hommes - de « concilier vie de famille et vie professionnelle », ont été mises en place des mesures.

« Être une bonne mère », vouloir ce qu’il y a de mieux pour son enfant, veiller en toutes choses à sa sécurité et à son épanouissement et surtout être d’une disponibilité sans faille. Voilà une injonction qui pèse lourdement. Et peut-être aujourd’hui plus qu’hier. Dans un livre qui souleva de vifs émois, Le Conflit. La femme et la mère (Flammarion, 2010), Élisabeth Badinter pointait le risque d’un retour en arrière sous couvert d’un retour à la nature. Lait maternisé, petits pots industriels ou couches jetables sont l’objet d’opprobre tandis que l’on vante l’allaitement à la demande ou les couches lavables. De plus en plus d’études scientifiques entendent réhabiliter le concept d’instinct maternel, déplore-t- elle. Dans son viseur aussi, les féministes différentialistes trop enclines à faire de la maternité le cœur de l’identité féminine. Des menaces bien réelles selon É. Badinter pour l’émancipation des femmes qui peinent déjà à concilier travail et famille. Pas étonnant dès lors que de plus en plus de femmes décideraient de ne pas avoir d’enfants. Et si les Françaises parviennent à maintenir un fort taux d’activité professionnelle et le meilleur taux de natalité en Europe, c’est notamment grâce aux aides et aux dispositifs publics de garde des enfants en bas âge. Mais surtout, estime É. Badinter, les Françaises – pour l’heure – résisteraient mieux aux prescriptions qui les assaillent.

Les experts, les psychologues en particulier, en ne s’attachant qu’à l’intérêt de l’enfant, jouent un rôle important dans la culpabilisation des mères. Le « puérocentrisme » qui s’est instauré dans nos sociétés menace la « cause des femmes », leur émancipation et leur épanouissement. S. Garcia interroge notamment la construction par Françoise Dolto d’une « cause de l’enfant ». Elle montre l’ambiguïté de cet héritage qui a permis de rompre avec des pratiques éducatives autoritaires et rigides, mais au prix de l’assignation des femmes à leurs devoirs de mères d’abord et avant tout. Sa lecture de la charismatique psychanalyste est sans appel : « Articulées les unes aux autres, les prescriptions que F. Dolto livre au fil de ses différents ouvrages ou émissions définissent les contours d’un puérocentrisme maternel d’une grande exigence : les mères doivent être disponibles ou faire en sorte de le devenir, porter leur enfant toute la journée dans les bras s’il en a besoin, être attentives pendant les repas et au moment du coucher, prendre du temps pendant la journée pour jouer avec

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lui et, s’il est petit, montrer tous les dangers de la maison, verbaliser toutes leurs actions, trouver des sanctions parfois extrêmement sophistiquées, surtout avoir des attitudes éducatives extrêmement réfléchies pour ne pas donner libre cours à leurs impulsions, etc. » Or cette disponibilité sans faille fait trop peu de cas des contraintes – temporelles, budgétaires, professionnelles – qui pèsent sur les choix des mères.

Alors qu’elles travaillent majoritairement, ce sont toujours elles qui assument l’essentiel des tâches ménagères et du maternage. Et même quand le père participe, c’est souvent en tant qu’exécutant. La charge mentale liée à l’organisation repose en général sur les femmes. Si le papa amène l’enfant chez le pédiatre, c’est la mère qui bien souvent y aura pensé et aura pris rendez-vous.

C. HALPERN, Mères à bout de nerfs dans Sciences humaines, n°232, décembre 2011.

Ancien et nouveau rôle pour le père.

Dès l'après-guerre et durant les années 50, le modèle de la famille conjugale dite traditionnelle, nucléaire et asymétrique apparaît universel aux yeux des Occidentaux. L'homme et la femme y occupent des places bien différenciées : la femme voit consacré son rôle de gardienne du foyer, dévolue à la gestion des affects comme des activités domestiques, à l'éducation des enfants, à la préservation de la sphère de l'intimité ; alors que l'homme est renvoyé à la triple tâche de pourvoir aux besoins de la famille, d'assurer le lien avec l'extérieur, tout en étant le gardien de l'ordre social.

Dans ce type de famille nucléaire, les rôles masculins et féminins apparaissent spécialisés et

fonctionnels. Le père joue un rôle « instrumental », en faisant le lien avec la société et en assurant les revenus financiers. La mère, elle, assume le rôle « expressif » dans la famille.

Avec le nouvel investissement des femmes dans le travail et les revendications à l'autonomie et à l'égalité qu'il manifeste, notamment chez les mères sur qui pèse le poids de la double journée, on assistera à une relative redistribution des tâches éducatives dans la famille, parallèlement à la reconnaissance d'une nouvelle paternité affective.

Le rôle paternel, désinvesti de sa position de contrôle et d'autorité, voit s'ouvrir le champ du possible.

Cela va du report sur la mère de l'ensemble de la charge éducative que favorise la montée des séparations à l'investissement d'une nouvelle position de soin et de prise en charge paternelle précoce qu'incarnent ceux que l'on a appelés les nouveaux pères. Reprenant les résultats des psychologues américains, les travaux français sur la compétence paternelle à l'égard du bébé, ce que l'on pourrait appeler le « paternage », montrent aussi bien les capacités des pères à s'occuper de leurs jeunes enfants que l'avantage qu'y trouvent les bébés, sans qu'y soient aucunement mises en danger les identités de sexe.

G. NEYRAND, Les mésaventures du père dans Sciences Humaines, n°112, janvier 2001.

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Sens de la paternité pour les hommes

En matière d’implication parentale, les pères ne se comparent pas aux mères et ne réfléchissent pas en termes d’égalité ou de partage des tâches. Ils disent vouloir, plus modestement, « avoir un rôle » dans la vie de l’enfant. Ce qui passe moins par une présence de tous les jours que par le partage de quelques moments choisis, généralement le week-end, où ils se consacrent entièrement à leurs petits, le temps d’une balade en forêt ou d’une partie de foot. D’où leur sentiment sincère d’être pleinement investis dans leur rôle paternel, malgré la faiblesse objective de leur participation aux tâches domestiques. Étienne contraste ainsi la manière dont ils s’occupent de ses deux enfants et celle de sa compagne, qui gère quasiment seule le quotidien : « Moi, je ne suis pas souvent là, mais j’essaie, quand je suis là, vraiment, de partager des moments qu’ils peuvent apprécier (…). Ma petite femme, elle est terre à terre, elle fait autre chose pendant que les enfants jouent. Il y a ce manque de partage, un peu. »

Pour l’essentiel, la paternité reste donc envisagée comme un loisir, intense mais ponctuel. Elle n’entraîne que rarement une réorganisation de la vie professionnelle (partir plus tôt le soir pour pouvoir aller les chercher à l’école, par exemple). Seuls 6 % des hommes déclarent en effet avoir connu un changement dans leur travail (modification d’horaires, réduction ou arrêt de l’activité, changement de poste…) lié à l’arrivée d’un enfant, contre près de 40 % des femmes, et ce quel que soit son rang de naissance (8). Il est vrai qu’ils n’y sont guère encouragés par un monde du travail qui commence à peine à réaliser que la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle concerne aussi les hommes (cf. la proposition récente de Laurence Parisot, présidente du Medef, de rendre obligatoire le congé paternité de onze jours, qui n’est pris que par deux pères sur trois).

Surtout, ils ne s’attirent que très peu de reproches de leurs compagnes, qui approuvent assez largement cette vision asymétrique des rôles parentaux et se satisfont d’un investissement paternel limité à certaines tâches, plutôt agréables et valorisées. Pour beaucoup, le père reste avant tout celui qui incarne l’intransigeance : comme le dit Élise, il est surtout là « pour recadrer les choses, avoir une autorité peut-être plus forte, pour imposer certaines choses ». Les pères ont encore un bout de chemin à parcourir avant d’être tout à fait « nouveaux ».

X. MOLENAT, Nouveaux pères : peut mieux faire dans Sciences Humaines, n°232, décembre 2011.

Les apports du père

Le père apparaît bien plus qu'un représentant de l'autorité. Sa présence précoce, dès les premiers mois de l'enfant, semble jouer un rôle important dans trois domaines : l'ouverture au monde, l'éveil des compétences et le développement des émotions.

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Une étude américaine a ainsi montré que la qualité des relations d'un enfant (de 3 à 5 ans) avec ses pairs était liée à l'implication émotionnelle et au goût du jeu physique de son père. Il se pourrait que les enfants apprennent, dans ces échanges avec leur père, la valeur de communication sociale de leurs propres affects, et la façon d'interagir socialement. J. Le Camus montre aussi que les différences de comportement des pères et des mères tendent à s'amenuiser, sans remettre totalement en cause la différenciation des manières d'être. C'est en fait dans les familles les plus traditionnelles que ces différences subsistent le plus.

J. LE CAMUS, Le vrai rôle du père, Odile Jacob, 2000.

Le père nouveau, un père sensible ?

Le « déclin » de l'image paternelle nourrit nombre d'analyses et de réflexions. Des psychologues entendent repenser les inquiétudes, en démontant quelques idées reçues.

Les pères font parler d'eux ces temps-ci. Psychologues, sociologues, ethnologues, juristes et historiens y vont de leurs analyses, de leurs conseils, de leurs récits... Tous s'accordent sur le fait que l'image traditionnelle du père est en déclin.

L'évolution des sociétés modernes se caractérise par une diminution du pouvoir social dévolu au père?

Un père impliqué, sensible, qui peut aussi dire oui.

Pour Jean Le Camus et Fabrice Garau, le déclin de l'image paternelle appelle moins de questions qu'un discours rassurant et avisé à l'adresse d'un large public. J. Le Camus précise ainsi que « la seule

"fonction symbolique", si essentielle qu'elle soit, ne saurait constituer le tout des obligations liées à la paternité ». Son dernier ouvrage, Comment être père aujourd'hui, dresse quatre portraits types par lesquels l'auteur semble vouloir nous montrer la voie du « bon » père. La figure ancestrale du « père sévère » chère à Jacques Lacan et mise à mal par la modernité cohabite aujourd'hui avec des « papas poules » (le contraire, à l'excès, des premiers), des « pères libérés » (un rien individualistes) et des « pères présents ». Ces derniers incarneraient le père idéal, un père qui peut aussi dire oui, un père impliqué, sensible, qui n'a cependant rien cédé de sa virilité, ni rien volé au rôle de la mère.

Le psychologue F. Garau, au fil d'une recension d'idées reçues, dessine les traits d'un père nouveau, copie crachée du père idéal de J. Le Camus : un père à qui il arrive de pleurer devant ses enfants, qui n'est plus seul référent ni seul détenteur de la fonction d'autorité et pas moins capable que la mère d'élever seul sa progéniture pour autant qu'on lui en reconnaisse le droit...

J. LE CAMUS, La fin du dogme paternel ? Comment être père qujourd’hui ? dans Sciences Humaines, n°159, avril 2005.

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Quelle coopération au sein du couple ?

La coopération ne s’installe pas toujours là où elle semblerait la plus évidente : dans le partage des tâches ménagères, par exemple. L’idée d’égalité entre les hommes et les femmes étant solidement établie désormais, on pourrait penser qu’un chantier équitable se développe facilement, balai et chiffon à la main. Il est d’ailleurs fréquent qu’il en aille ainsi au début du couple. Mais rapidement, les manières de faire de l’un n’étant pas celles de l’autre, le plus agacé des deux prend en charge la tâche ménagère pour résorber son agacement. Massivement, ce sont les femmes qui agissent ainsi, libérant les hommes pas toujours très motivés et qui peuvent dès lors, avec plus ou moins de mauvaise conscience, laisser se réinstaller le partage inégal. Le débat se déroule moins entre l’homme et la femme qu’entre le cerveau conscient de la femme et la force de ses habitus incorporés. « Je me dis que je suis bien bête de ne pas le laisser faire comme il fait, m’avait dit une femme, mais c’est plus fort que moi ! » La force des habitus incorporés est souvent plus puissante que les projets conscients, que les idées dans la tête. Il ne suffit pas de décider de partager et que le mari se retrousse les manches, il faut aussi accepter que ce ne soit pas fait comme on a l’habitude de le faire, et dépasser le sourd malaise que provoque alors la dissonance intérieure. Car toute dissonance cognitive – ici entre un schéma incorporé et une pensée consciente – doit être résorbée. À la fin, c’est souvent le schéma incorporé qui gagne.

La faiblesse décisionnelle du niveau conscient entrave la constitution du partage des tâches ménagères comme chantier coopératif. Contre une illusion très répandue, il faut rappeler leur distribution très inégalitaire et la lenteur de l’évolution. Selon les enquêtes « budget-temps » de l’Insee, les femmes effectuent 4 h 01 de tâches ménagères par jour et les hommes 2 h 13. Par ailleurs, l’essentiel des évolutions vers une répartition moins inégalitaire provient du remplacement d’activités féminines traditionnelles, comme la couture, par de nouveaux produits et services (mouchoirs jetables, plats préparés). En 24 ans, de 1986 à 2010, les hommes ont augmenté leur participation de 6 minutes, et cela provient pour l’essentiel du temps passé avec les enfants, car les « nouveaux pères », eux, ne sont pas une légende. L’inégalité de répartition, plus ou moins bien acceptée, est alors intégrée dans un système d’échanges plus vaste et multiforme. Car tout s’échange dans le couple, du travail, de l’argent, des mots, des gestes, l’ensemble de ces flux contribuant à un sentiment global de satisfaction ou d’insatisfaction.

J.C. KAUFMANN, les chantiers de l’amour conjugal dans Sciences Humaines, n°282, juin 2016

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