ACTUALITÉ
AUSTÉRITÉ : MENACE SUR LE CONTRAT DÉMOCRATIQUE
L’expérience des politiques d’austérité actuellement menées en Europe montre à l’évidence que la conséquence principale de ces politiques est d’aggraver les déficits publics et de justifier ainsi une suite sans fin de plans d’austérité.
L
e discours de l’austérité délégitime la dépense publique et consacre la dépense privée, tout en prétendant que ce n’est pas un choix poli- tique « puisqu’on ne peut pas faire autrement »... C’est ainsi qu’on voit des ministres qui, après avoir dénoncé les partenariats Public-Privé pour leur coût exorbitant, se trouvent contraints d’y recourir pour satisfaire à l’injonction d’économies budgétaires.« La dépense publique, c’est un coût, seule la dépense privée est effi- cace. » Où nous mène cette rengaine libérale alors que la crise est due aux errements de la dépense privée et que nous devons affronter des mutations historiques, économiques, sociales et écologiques ? La réduction des dépenses sociales, notamment par un ciblage sur les plus démunis, portera atteinte à l’alliance entre classes populaires et classes moyennes qui est à la base de l’État social. Renvoyer les unes à une logique d’assistance et les autres à l’effort privé serait une transformation profonde de la protection sociale et un risque politique majeur, déjà expérimenté dans les pays anglo-saxons.
Relégitimer l’impôt et la dépense publique
La délégitimation de la dépense publique a été précédée par la délégi- timation de l’impôt. L’affaire Cahuzac et l’opération « Offshore Leaks » révèlent au grand jour que le sport favori d’une large fraction de la classe dirigeante est d’échapper à l’impôt tout en appelant le citoyen ordinaire à faire des « efforts courageux ». Les banques, assistées d’une armée d’avocats fiscalistes, sont l’outil principal de cette évasion fiscale qui coûte au bas mot 50 milliards d’euros à l’État chaque année.
Contrastant avec les quelques velléités manifestées par les gouverne- ments américain ou allemand, les gouvernements français successifs se sont singularisés par une inaction coupable. Derrière la délégitimation de la dépense publique et de l’impôt, c’est le contrat démocratique qui est attaqué. Par les temps troubles qui s’annoncent, on ferait bien de ne
pas l’oublier. ■ Daniel Rallet
... Sed perseverare diabolicum
Dans son entretien télévisé du 28 mars, François Hollande a confirmé sa volonté de persévérer dans sa politique dévastatrice de réduction des dépenses publiques et socialisées. Trois gros chantiers qu’il s’était bien gardé de traiter pendant la campagne présidentielle (marché du travail, retraites et politique familiale) seront menés de front. Le grand chantier fiscal, pourtant présenté comme la mère de toutes les réformes pendant la campagne, semble en revanche abandonné.
© Claude Szmulevwicz