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Analyse du rayonnement cosmique à l’altitude de 3 500
mètres
Pierre Auger, Louis Leprince-Ringuet, Paul Ehrenfest
To cite this version:
ANALYSE DU RAYONNEMENT
COSMIQUE
A L’ALTITUDE DE 3 500MÈTRES
(LABORATOIRE
INTERNATIONAL DUJUGFRAUJOCH)
Par PIERRE
AUGER,
Louis LEPRINCE-RINGUET et PAUL EHRENFEST Jr.Sommaire. - Le rayonnement cosmique présent à l’altitude de 3 500 m a été étudié grâce à plusieurs
dispositifs de compteurs en coïncidence. L’absorption des corpuscules de faible pouvoir pénétrant dans des écrans de différents métaux (Pb, Sn, Cu, Al) a été mesurée, et une variation systématique de la valeur du coefficient d’absorption massique avec le numéro atomique de l’écran a été mise en évidence. La
production de secondaires et de gerbes a été étudiée, avec un appareil comportant quatre compteurs.
i. Introduction. - Nous avons
déjà publié
l’an der-nier lespremiers
résultats obtenus par nous dans unesaison de mesures sur les rayons
cosmiques
faites auLaboratoire International du
Jungfraujoch
en 1934.Ces
résultats,
qui
serontenglobés
dans lapublication
actuelle,
avaientprincipalement mis
en évidence la varia-tion très considérable de lacomposition
des rayonscosmiques
suivantl’altitude,
la fraction molle croissantbeaucoup plus
vite que la fraction dure et lesgerbes
duplomb
suivant sensiblement la fraction molle. L’un de nousayant
depuis
cherché à donner uneexplication
systématique
de ces résultats(1),
il nous a parunéces-saire de refaire une étude en cet endroit
exceptionnelle-ment
favorable,
pourcompléter
lespremiers
résultats obtenus.Les
principaux
résultatspeuvent
se résumer dansdeux
paragraphes :
1°
Absorption
des rayonscosmiques
dans différents éléments.2° Cohérence des
trajectoires
secondaires;
gerbes.
2.Dispositif expérimental. -
Nous avions utiliséen
septembre
1934 undispositif
de coïncidences assezpeu différent de celui
qui
nous avait servi pour lesex-périences
au niveau de la mer à différente latitudes(2),
dispositif
dont le schémas deprincipe
est dû à Rossi. Mais nous avions étégênés
par lepouvoir
de résolutiontrop
faible de notredispositif,
à cause du nombreélevé
d’impulsions
traversant descompteurs :
oncons-tatait que le nombre de coïncidences entre les
impul-sions des trois
compteurs
était inférieur àcequ’il
aurait dû être.Il est d’ailleurs
possible
de connaître la valeur de ceteffet en fonction du nombre
d’impulsions
dechaque
compteur
enapprochant
une source derayonnement
gamma, de
façon
àaugmenter
comme on le désire le nombre de chocs que l’on devrait observer. Ladiffé-rence entre le nombre réellement observé et le nombre calculé donne l’indication cherchée.
Pour parer à cet
inconvénient,
nous avons améliorénotre
dispositif
de coïncidence en reliant directementle
compteur
à unepenthode
Ei C6 llazdaplacée
dans le tube de bakélite même entourant lecompteur.
Les cir-cuits deplaque
de cespenthodes
actionnaient,
soit directement unpetit
tyratron,
soit un relais Baudot àgrande résistance,
au moyen d’unelampe
amplifica-(i) P. AuGER..I. Physique, 19 i5, 6, 226. - Voir aussi COMPTON
et BETHE. Nature, 1934, 134~, i34.
(2) L. LBPRINaB-RIGt1BT et P. AUGIIR. J. Physique, 1934, 5, 1934.
trice
(fig. 1).
Desexpériences
préalables
faites à Parisont
permis
derégler
ce sélecteur defaçon
que l’aug-mentation du nombred’impulsions
danschaque
comp-teur ne soit pas, d’une
part
la cause d’un nombre élevéde coïncidence
fortuites,
d’autrepart
la cause d’une diminution d’efficacité del’appareil.
Fig. 1. - Schéma du sélecteur de coïncidences.
Cl, C~, C3 sont trois compteurs de
Geiger-Muller.
Seul est repré-senté le circuit du compteur Ce.R, = 4.109 ohms; R2 == 4 10" ohms; Rq = 1,5.10t’ ohms;
R4 2.106 ohms; R~ = 4.106 ohms; R6 ohms;
~(l = capacité de 20 cm; LI == Penthode :Mazda f) C 6; LI L.,, = 13 424 Philips; Pl = Polarisation comprise entre
zéroet-O,8v; VI == +240v; V3==-210v; v _ + 2 J ù v; P9 15 v; E, écouteur
téléphonique ;
T, transf. l,i 1; F, totaliseur de chiffres.
Les
expériences
faites à l’Observatoire duJungfrau-joch
l’ont été avec dessupports permettant
deplacer
lescompteurs
à différents écartements. Dans laposition
laplus proche utilisée,
ils donnaient 3 à 8 coïncidencestriples
par minute. Lesappareils
ont étéplacés
clan des boîtesthermostatiques,
et lesexpériences
ont été faites sur la terrasse laplus
élevée,
dans unepetite
cabane de bois de 2 m de
côté,
que la direction du Laboratoire avait eu la bienveillance de faire construirepour nous.
I.
Expériences
d’absorption
desrayons
cosmiques.
3. Courbe
d’absorptio~n. --
Déjà,
en1934,
nous avons fait un certain nombred’expériences d’absorption
par la méthode des coïncidences entre troiscompteurs
placés
dans unplan vertical,
mais en effectuantseule-mPnt des mesures avec et sans écran de
plomb
de 20 cm,qui
élimine toute la fraction molle et unpeu de la fraction dure. Cette fois, nous avons fait un
grand
nombre depoints
de la courued’absorption
dans le
plomb
et dans d’autrcs éléments :Cu,
Sn,
Al Malheureusement ces mesures ne soiit pas toutes
absolument
comparables
entreelles,
car, pour ne pasperdre
detemps,
nous avons dûadapter
lessupports
descompteurs
aux écrans. Enfait, quatre systèmes
dedistances ont été utilisés dans
lesquels
les axes des59
compteurs
étaientrespectivement
à 12 et12,
6 et6,
4 et6,
25 et 25 cm les uns des autres. Pourpouvoir
établir des courbesd’ensemble,
nous avons dit effectuer des réductionsproportionnelles
par rapportau
nombred’impulsions
sans écranpris
comme base. Enfait,
lorsque
desrecoupements
ont pu êtrefaits,
avec desmontages
différents et les mêmesécrans,
les différences trouvées n’ont pas été de nature àgêner
l’établissement d’unsystème
cohérent.4. Forme des courbes. - Coefficient du
plomb.
- D’une
façon générale,
nous avons trouvé la courbe maintenant bien connue, divisée en deuxparties
nette-ment distinctes(fig.
2).
Uneabsorption rapide
jusqu’à
60 à 80 g par centimètrecarré,
puis
uneabsorption
lente. L’abondance des rayons absorbables à cette
altitude donne une
grande importance
relativeà
lapre-mièrepartie
de la courbequi
mène à une décroissance deprès
de 50 pour 100après
60g/ CID 2
d’écran deplomb.
Fig. 2. Il est naturellement
possible
de déduire des deuxportions
de courbes des coefficientsd’absorption.
Lescorpuscules
dursdonnent,
après
8 cm deplomb,
uncoefficient restant
qui
est sensiblement le même quecelui obtenu au niveau de la mer soit
0,7.10-3
cm2¡g;
en tenant
compte
de~ cette décroissance. onpeut
parsoustraction obtenir celle du groupe mou. Pour le
plomb,
la décroissance est(32
il)
10-1 nornbreen bon accord avec ceux trouvés pour le même groupe au niveau de la mer. Ces
expériences
montrent donc de nouveau avec force ladécomposition
en deux groupes, depénétrations
absolumentdifférentes,
descorpuscules cosmiques
verticaux.Nous pouvons établir une
comparaison
des nombres absolus departicules
traversant lesappareils
auniveau de la mer et à l’altitude 3 500 m, en tenant
compte
desarrangements
géométriques.
C’est ainsique,
pour unarrangement
standard,
3compteurs
de3,5
cm dediamètre,
entre axes de 12 cm, on trouve le nombre departicules
suivant :Groupe
dur :Ces nombres
peuvent
s’interpréter
par desdécrois-sances
exponentielles
dansl’atmosphère
avec les coeffi-cients Ù, ; .1U-3 et 6.10-3respectivement,
pour les deux groupes de rayons. On voit que, s’il y a accora dans lecas du groupe dur entre les coefficients
massiques
de décroissance dansl’atmosphère
(1),
et le coefficient(1) REGENEn, MILLIKAN, CLAY et d’autres.
d’arrêt dans le
plomb,
le groupe mou, aucontraire,
présente
deux coefficientsmassiques
différents : 6.10-3 pour la décroissance dansl’atmosphère,
~O.~U-3 pour l’arrêt dans leplomb.
On doit en conclure que le
rayonnement
durprésente
une
absorption
massique
dans tous lesécrans,
faitqui
est confirmé par lesexpériences
directes où différents écrans sontinterposés
entre lescompteurs,
ainsi que par les mesures faites sous l’eau ou sous la terre. En cequi
concerne lapartie
molle,
l’interprétation
est diffi-cile parcequ’elle
peut
êtremultiple.
5.
Hypothèses
sur le groupe mou. - Eneffet,
on doit admettre que cetteportion
mollecontient,
enplus
desprimaires corpusculaires
éventuels,
ungrand
nombre de rayons
secondaires,
les rayons degerbes
del’air,
parexemple,
et les électrons secondaires isolésqui
accompagnent
sans doute lescorpuscules
primaires
pénétrants
ou non. Ces secondaires sont absorbés etmesurés de la même
façon
que lesprimaires
dans lecas des écrans entre
compteurs
aucontraire,
dansl’absorption
demilieu,
c’est la décroissance despri-maires
qui
commande seule les effets observés.Ici,
plusieurs
hypothèses
sontpossibles :
1° Les
primaires
mous sont desphotons.
Arejeter
àcause de la
grandeur
de l’effet de latitude dans la hauteatmosphère.
‘~° Les
primaires
mous sontcorpusculaires,
et leurabsorption
estmassique.
Cetteinterprétation exigerait
l’apparition,
dans la courbed’absorption
duplomb
. 6.10-3. Cette
composante
n’est pasdécelable,
elle nepourrait
être que très réduite vis à-vis de lacompo-sante molle.
3° Les
primaires
mous sontcorpusculaires,
et leurabsorption
présente
une variation avec le nombreato-mique
des écrans. Onpeut
alorsinterpréter,
qualitati-vement aumoins,
la différence des coefficients de l’airet du
plomb.
4° La
production
des rayons mous est unepropriété
des rayons durs
qu’ils perdent
rapidement
dans leur parcours à traversl’atmosphère.
Ou bien encore lesprimaires
mous se transforment entièrement enpho-tons dès leur entrée dans
l’atmosphère,
etc.,
etc. La discussion de ceshypothèses
n’a pas saplace
ici,
etnous nous contenterons de celle mentionnée à
3°,
que.
nous
adopterons
commehypothèse
de travail. ,6. Ecrans de
poids atomiques
différents,. -Lasupposition
d’un effet de la’charge
des noyaux sur El’absorption
des rayons des groupes mous nous acon-duit à faire les courbes
d’absorption
avec des écrans entrecompteurs
sur différentséléments,
plomb,
étain,
cuivre,
aluminium,
dont les numérosatomiques
sontrespectivement
82,
50,
29 et 13.Les courbes de la
figure 2
donnent lesrésultats,
enimpulsions
par 100 min en fonction del’épaisseur
des écrans. Si l’on admet que la fraction
ultra-péné-trante est absorbée
massiquement
avec le coefficient0,7.10-3
cm2/g,
et que, pour desépaisseurs
de 20 cmde
plomb,
elle passeseule,
onpeut
déduire de cescourbes
l’absorption
de la fraction molle dans chacun des métaux. Portant les valeurs sur une courbeloga-rithmique,
on en déduit lescoefficients p.
en cm-i(’).
Pour déduire de ces coefficients la variation avec la
charge électrique
du noyau, leplus
simple
est de trans-former ce coefficient en coefficientd’absorption
paratome-gramme,
c’est-à-dire(A, poids
atomique, p
densité) .
Dans le cas où les électrons sont
responsables
de lapliis grande partie
del’absorption,
on devrait avoir unerelation -
A =(a
étant uneconstante).
Il est facilep
de voir que ce n’est pas le cas.
Ainsi,
les coefficients du cuivre et de l’étain sontpratiquement égaux,
alors que la densité est trèsdifférante,
cequi
exige
unevariation
de -
A,
nonproportionnelle
à z. Enfait,
on.
P p,
peut représenter grossièrement
la variationde -
...4 par P(1) Une révision des résultats a amené à modifier les valeurs
publiées dans C. R., 1935, 200, i’7 i:7.
une relation à deux
termes,
az-~-
où a est del’or-dre de
2,5.10-3
et b de l’ordre deU,6. tU-3.
Sur lafigure 3
lespoints
duplomb,
étain etcuivre,
montrent la croissance en fonction de â. Lepoint
dep z
l’aluminium
paraît
assezaberrant,
mais nous en verrons auparagraphe 6
une tentatived’explication.
Il
semble,
malgré l’imprécision
de ces résultats. quel’on soit amené à constater une
répercussion
de lacharge
du noyau surl’absorption
de ces rayonscorpus-culaires mous, alors que la fraction dure
présente
un constant.
Fig. 3.
7. Ecrans mixtes. - Tlne autre
façon
de mettre enévidence la variation de
l’absorption
descorpuscules
mous avec z est celle des effets des écrans
mixtes, déjà
observés à Paris
(’).
Dans le cas de l’aluminium et duplomb,
parexemple,
nous avons pu montrerqu’après
la traversée de 3~,; cm
d’aluminium,
il restait encore une fractionappréciable
du groupe mou; enajoutant
du
plomb,
on voit aussitôtreparaître
la descenterapide
au coefficient 30.10-~’(fig. 4).
Ces 35 cm d’aluminium sont
équivalents,
en masse,à 9 cm de
plomb
environ,
et absorberaient toute la frac-tion molle. sil’absorption
de cescorpuscules
étaitmassique.
Enréalité,
il passe unepartie
appréciable
deces
corpuscules
de telle sorte que les35cmd’Aluminiuméquivalent
à 4 cm deplomb.
Lerapport
entre ces deux nombres est à peuprès
celui que l’on déduit de lafonc-tion a z
-~- ~ a2,
proposée
plus
haut.Les
expériences
d’écrans mixtes avec le cuivre n’ont t(1) Pierre AUGER et Albert RosENBERCr. Journal de Physique, 1935,
61
Fig. 4. pas donné des résultats aussi nets,
peut-être
à cause de la moindre variation de z.8. Ecrans
superposés. -
Si nous cherchons àplacer
sur legraphique ( fig. 3)
en fonction de z lepoint
correspondant
à la décroissance de la fraction molle dans l’air, c’est-à-direy/p
= 6.10-3em2/g,
nous voyonsqu’il
tombe bien au-dessous de la droite en az+
bz2. Pourexpliquer
cettedifférence,
il faut considérer le fait que la décroissanceatmosphérique
mesurel’absorp-tion dans l’air de la radiamesurel’absorp-tion
primaire
molle,
que sessecondaires
accompagnent
enproportion
constante, tandis que les écransinterposés
entrecompteurs
don-nentl’absorption
de tous lescorpuscules
mous,pri-maires et secondaires mêlés. Pour obtenir des mesures
comparables,
il faudraitplacer
delarges
écransau-dessus du
système
de troiscompteurs.
C’est ce que nous avons fait pour leplomb,
avec le résultat assezcurieux
(fig.5)
que lepremier
centimètre deplomb
fait croître très fortement le nombre total descorpuscules,
puis, lorsque
cetteproduction
de secondaires estsatu-rée,
la décroissance seproduit
d’unefaçon analogue
à celle obtenue avec écrans entrecompteurs.
Comme c’estsans doute là la décroissance dans le
plomb
despri-maires mous, on voit que le chiffre 30.10-3
correspond
bien à leur coefficient
d’absorption.
Nous n’avons paseu le
temps
de faire lesexpéri.ences analogues
avec lesautres métaux, mais si l’on se
reporte
à des travaux antérieurs de Schincller sur Pb et Al. avec la chambre d’ ..t.. t 1 .
t. d if..
.
Ad’ionisation,
on voit que la variation ducoefficient -
2013,
p z pour la fraction molle est presque
proportionnelle
à z,de sorte que la valeur pour l’air vient se
placer
dans larégion
attendue.La
conséquence
serait que lesprimaires
moussu-bissent une
absorption
nucléaireprépondérante,
tandis que leurssecondaires,
dont le coefficientd’ab-sorption
dans leplomb
estvoisin,
subissent uneabsorp-Fig. 5.
tion
plus
voisine del’absorption massique.
On devraitdonc,
dans le cas del’aluminium,
parexemple,
pouvoir
mesurer ces deux coefficients
indépendamment.
Sinous examinons dans ce sens, la courbe
figure
4,
nousvoyons en effet que, si le coefficient
est
de l’ordre de62
à 35 cm. Cette valeur
portée
sur legraphique
en A
P ~ visent alors, dans la
région
attendue parrapport
à celle de l’air. C’est la valeur mise entreparenthèses
sur lafigure
3.Il est bien évident que ces considérations sont encore assez vagues, mais une discussion
plus
complète
nesaurait trouver sa
place
ici.II. Cohérence des effets secondaires. 9. Gerbes du
plomb. -
Nous avons cherché tout d’abord à obtenir une courbe du nombre desgerbes
enfonction de
l’épaisseur
du radiateur deplomb, qui
soit entachée le moinspossible
d’erreurs dues aux coïnci-dences fortuites et nonsignificatives.
Pourcela,
nous avonspris
quatre compteurs,
disposés symétriquement
l’un au
centre,
les trois autresautour,
dans des direc-tions à1Z0~,
et de telle manièrequ’il
faille au moins troistrajectoires
de directions voisines pour lestraver-ser
ensemble,
Leplomb
gerbigène
étaitplacé
à 30 cmau-dessus du centre et était formé de feuilles carrées de
20 X
20 cm.Fig. 6.
On obtient dans ces conditions une courbe
présen-tant un maximum bien caractérisé
(situé
versl’épais-seur de 22 à 24
mm)
etredescendant,
pour desépais-seurs du radiateur
supérieures
à 10 cm, auvoisinage
de la valeur pour un radiateur nul. Cette dernière
valeur
représente
lecinquième
de la valeur pour le maximum.a) L’épaisseur optimum
duplomb
gerbigène
corres-pond
bien avec celle trouvée par Gilbert au même lieu.Cependant
nous n’avons pas encore pu faire une courbeen basse altitude pour vérifier s’il
s’agit
bien d’undéplacement
de cetoptimum
suivant l’altitude1’ ).
b)
Les coïncidences pour un radiateur nul sont assezpeu nombreuses
malgré
le trèsgrand
nombre d’impul-sions propres dechaque compteur.
Nous n’avions pas pu éliminercomplètement
lesobjets
densesplacés
au-dessus des
compteurs,
enparticulier
la caissemétallique
thermostatique
lescontenant;
et cesobjets jouent
cer-tainement un rôle dans l’existence de cette valeur au
zéro.
c)
Pour un radiateur de 10 cm, on retrouvepres-que la même valeur pres-que pour un radiateur
nul,
soit 13 au lieu de 9 tandis que le maximum estcinq
fois
plus
haut. Il nous semble que ce résultat montre nettement lapetitesse
du rôle quejouent
les rayonsultrapénétrants
dans lephénomène
desgerbes
pro-duites dans leplomb.
Etant donné que les bords de l’écranépais
doiventproduire
un certain nombre degerbes
provenant
de rayonsprimaires
peupénétrants
etobliques,
onpeut
considérer que, au-dessus de 10 cmle
plomb
neproduit qu’un
effetgerbigène
d’un ordre degrandeur
nettement inférieur.d)
Onpeut
chercher à déduire de la décroissancequi
suit le maximum un coefficientd’absorption
des rayonsdirectement ou indirectement
producteur
desgerbes
(3).
En tous cas s’il y a, avant les
gerbes
proprement dites,
deuxrayonnements
successifs de coefficientsd’absorp-tion
différents,
c’est leplus petit
des deux que l’onmesure pour une
épaisseur
suffisante deplomb.
Ontrouve très sensiblement 2 cm de
plomb
commeépais-seur de décroissance
moitié,
soit 30.10-3cm2/g pour
Notons que ce coefficient estcomparable
à celui observé sur les rayons du groupe mou par la méthodedes
compteurs
dans unplan
vertical.10. Gerbes du ciment. - Dans le but d’élucider le rôle
joué
par les murs des laboratoires où l’on étudie les rayonscosmiques,
nous avons recherchésystéma-tiquement
l’effetproduit
par une terrasse de béton(constitué
engrande partie
par du cailloutis demarbre)
de 50 cm
d’épaisseur.
Lesappareils placés
leplus près
possible
au-dessous de cette terrasse, soit lescompteurs
à 50 cm de la surfaceinférieure,
on obtient sansradiateur de
plomb
un trèsgrand
nombre degerbes,
presque autant que pour leplomb optimum
à l’air libre.L’interposition
des écrans deplomb disposés
~1)
A 3 500 m d’altitude.{?) Cette courbe vient d’être faite par 11I. Berthelot au labo-ratoire de Chimie Physique (diplôme d’études supérieures f 936).
La courbe est identique à celle du Junbfraujoch si l’on multiplie
toutes les ordonnées par 6, sauf peut-être pour les grandes épaisseurs de plomb. Le maximum est resté vers 22 mm.
(3) Interprétation de BHABA, Rossi, GILBEAT. -
Egalement
63 d’une manière
identique
à celle utilisée à l’air libreamène une
augmentation
avec un maximumplutôt
déplacé
vers lespetites épaisseurs (soit
16 mmenviron),
puis
une forte décroissancequi
ramène le nombre des coïncidences bien au-dessous de celle obtenue sansplomb
(soit
25 au lieu de37). Après 5
cm deplomb,
la décroissance devient très faible et la courbe semble
se fixer sur un
palier (fig. 7). L’interprétation
de cette courbe n’est passimple;
cependant
elle est facilitée parquelques
expériences supplémentaires :
Fig. 7.
1. Si l’on
éloigne
lescompteurs
de la terrasse en les descendant à1,5
mplus bas,
on observe une forte réduction des coïncidences sansplomb,
pratiquement
à la moitié. Ceci montre nettement
qu’il
s’agit
degerbes
typiques,
formées de rayonsdivergents
àpartir
d’unerégion origine
limitée(dans
leciment).
Lemaxi-mum obtenu dans cette situation pour 16 mm de
plomb
est
également
abaissé,
maisbeaucoup
moins.~. Si l’on intercale au sein de l’écran de ciment
(voir
schémafig. 7)
delarges
plaques
deplomb ~60
cmX60
cm)
d’épaisseur
de 18 et 36 mm, onobserve,
enrefaisant les mesures en fonction du
plomb gerbigène,
des courbespartant
de valeurs au zéro de moins enmoins élevées et où le maximum s’atténue pour
dispa-raître totalement sous 36 mm de
plomb
(fig.
7courbes).
La chute s’atténue aussi de telle sorte que, sous 36 mm,
on a une courbe à
peine
décroissante et formant trèsvite un
palier.
Cela montre que leplomb
large
inter-posé
a surtout un effet d’arrêt sur lesgerbes
du ciment.et aussi sur les rayons
gerbigènes qui
ont traversépuisque
le maximumdisparaît.
En somme
l’interprétation
despremières
courbes serait alors la suivante : le ciment donne denom-breuses
gerbes,
mais,
n’a pas faitdisparaître
tout lerayonnement
gerbigène
après
50 cmd’épaisseur
tra-versée. Le radiateur de
plomb joue
alors deuxrôles,
il fait écran contre lesgerbes
et il en crée de nouvelles. Ces deux effetspeuvent
ètrereprésentés
hypothéti-quement
par les deux courbespointillées (fig. 8),
donta somme donne la courbe
expérimentale.
Fig. 8.
Le
palier
trèscaractéristique
seproduit
dès quel’effet
gerbigène
duplomb
est devenupetit,
l’effet d’écran restant constant dèsl’épaisseur
dequel-ques centimètres de
plomb.
Oncomprend
de la mêmefaçon
les courbes abaissées obtenues parl’interposition
des
larges
feuilles deplomb :
ces feuilles arrêtent lesgerbes
et lesgerbigènes
dansl’angle
solidequ’elles
forment,
et pour 36 mm, il ne resteplus
qu’un
trèspetit
effet d’écran des radiateurs deplomb placés
au-dessus des
compteurs.
Fig 9
avant la formation des
gerbes.
Cesrayonnements
ont des coefficientsd’absorption
différents,
et c’est leplus
petit
qui
est seul observableaprès
le maximum. Les rayons degerbes
eux-mêmes ontégalement
uncoeffi-iient]d’absorption
3. Lesopinions
diffèrent surl’attri-bution
du coefficient observéexpérimentalement
dans.a décroissance
après
le maximum :d’après
Bhaba,[tossi,
Gilbert il serait celui d’un desrayonnements
;erbigènes, d’après Geiger
etFünfer,
ce serait celui les rayons degerbes
eux-mêmes.Nous avons examiné ce
qui
se passelorsqu’on
utilisecomme radiateur une
plaque
de 22 mm deplomb
(opti-mum)
et que l’onplace
au-dessus ou au-dessous desépaisseurs
croissantes de cuivre ou d’aluminium. Lemétal
placé
au-dessus a sans doute surtout un rôle d’absorbant des rayonsgerbigènes,
celuiplacé
au-dessous absorbe surtout les
gerbes :
l’effetgerbigène
dequelques
centimètres de cuivre ou d’aluminiumn’est pas
grand,
et en tout cas très affaibli par lapré-sence du
plomb
au-dessus ou au-dessous(fig. 9).
Dansces
conditions,
nous avons observé un effet très diffé-rent suivant les deuxdispositions.
I)ans le cas du métalléger
au-dessus,
l’absorption
s’est montéefaible,
beau-coupplus petite
que celle duplomb (1).
Malheureuse-ment les mesures ne sont pas suffisammentprécises
pourpermettre
des évaluations de coefficients.>
Lorsque
le métal estplacé
au-dessous,
l’absorption
est très
forte,
voisine de celle duplomb,
dans le cas ducuivre.
Ces résultats ne
permettent
évidemment pas dedis-tinguer
entre les deuxhypothèses,
mais nous pensonsqu’ils peuvent
servird’arguments
dans une discussiondétaillée que nous ne ferons pas ici.
Nous
prions
Monsieur leprofesseur
Hess de trouver ici nos remerciements pour les facilités detra-vail
qu’il
nous a accordées au Laboratoire Internationaldu
Jungfraujoch.
(~) Dans les premiers deux centimètres d’aluminium, comme
l’ont confirmé des mesures récentes faites à Paris, il n’y a
cer-tainement aucune diminution.