HAL Id: jpa-00242416
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00242416
Submitted on 1 Jan 1910
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
l’origine de ce rayonnement
Th. Wulf
To cite this version:
Th. Wulf. Sur le rayonnement très pénétrant observé dans l’air et l’origine de ce rayonnement.
Radium (Paris), 1910, 7 (6), pp.171-178. �10.1051/radium:0191000706017101�. �jpa-00242416�
gence de ses résultats et de ceux de Me Lennan ne
provient pas d’une différence de méthode.
L’atomicité du rayonnement dans les sels de potas- sium me parait donc un point assez bien acquis u la
suite des résultats que je viens de rapporter.
Il se pose en outre une question qui est la sui-
vante : le rayonnement en questitn est-il spontané,
ou est-il du à l’action secondaire d’une radiation très
pénétrante d’origine extérieure, par exemple la ra-
diation pénétrante de Cooke?
On sait que cette dernière, d’après tous les auteurs qui s’en sont occupés, présente des maximums diurnes
ct nocturnes dont l’amplitude relative est généralement supérieure à 8 pour 100 (jusqu’à 25 pour lu0/1. Je
nie suis posé la question de savoir si le phénomène qui nous occupe présente, aux différentes heures de la journée, des variations de cet ordre.
Je n’ai jamais pu mettre de semblable cffet en évï- dence. Les expériences qui portaient sur plusieurs journées ont quelquefois donné des variations conti-
nues provenant d’une dissymétrie croissante entre les deux chambres d’ionisalion de l’appareil décrit plus
haut ; mais dans les mesures faites dans une même
journée, les variations ne dépassaient guère 4 pour 100
et ne présentaient pas de variations systématique. Les
variations de pression et de température suffisent à expliquer les fluctuations observées.
J’obtenais, par exemple, dans une série de mesures
les résultats suivants (chaque nombre est le résultat de la moyenne de six mesures très concordantes).
Les mesures qui portent sur un intervalle de deux
ou trois heures présentent une concordance de 1 ou 2 pour 100, ce qui montre que la comparaison de
deux sels ou la mesure de l’absorption par un écran peut se faire avec une précision assez grande : une
telle comparaison nécessite, en effets, deux mesures dont
la durée totale ne dépasse guère une heure et demie.
Les expériences de MM. Elster et Geitel effectuées, dans les mines de carnallite de Stassfurt, constituent
également une preuve convaincante de la spontanéité
du rayonnement.
Le rayonnement qui nous occupe semble donc bien
présenter le caractère atomique et spontané du rayon- nement des corps radioactifs, mais actuellement le
terme de radioactivité implique une hypothèse précise
sur l’origine deces rayons, qui, dans le radium, sont
dus à une désintégration de l’atome. Tant qu’on
n’aura pas mis en évidence des produits de destruc- tion du potassium, produits actifs ou non, on n’aura
pas le droit d’affirmer d’une façon absolue que le rayonnement n’est pas créé par un mécanisme diffé- rent, par exemple une intégration de l’atome.
M. Debierne m’a fait remarquer que dans la série de Mendeléeff l’argon et le potassium présentent une anomalie, leurs places étant intervertis par rapport
à l’ordre des poids atomiques (K
=39,1, Ar
=39,9)
et l’on peut se poser la question de savoir si l’activité
inattendue du potassium ne serait pas le résultat d’un lent travail intérieur tendant à combler cette lacune.
On doit remarquer d’ailleurs que malgré l’activité
considérable du rubidium l’anomalie ne se retrouve pas dans les poids atomiques du rubidium et du kryp-
ton (Rb= 85,4, Kr=81,8). llTéanmoins, la remarque
précédente n’est peut-être pas à négliger pour une étude ultérieure de la question.
[Manuscrit reçu le 22 Juin 1910].
Sur le rayonnement très pénétrant observé
dans l’air et l’origine de ce rayonnement
Par Th. WULF
[Collège St-Ignace, à Fauquemont (Limbourg Hollandais)].
Déjà en 1785, Coulomb observa qu’un corps charge
d’électricité se déchargeait à l’air, et que cette perte était trop grande pour être expliquée par l’insuffi-
sance de l’isolation. Il conclut de lâ que l’air lui- même enlevait une partie de la charge électrique
Cette découverte resta malheureusement presque in
connue. Coulomb avait précédé son temps. Dans la physique du siècle passé, il ne se trouvait guère de place pour
sadécouverte.
En 1850, Matteucci pouvait développer cette dé-
couverte, en montrant que dans une petite enceinte close, pour des potentiels suffisamment élevés, la
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191000706017101
perte de charge n’est pas proportionnelle au polen- tiel, mais que toujours une certaine quantité d’élec-
tricité se décharge, quelle que soit la valeur du
potentiel du champ électrique.
C’est seulement après que M. Arrhenius eut élu- cidé, en 1887, l’ionisation des électrolytes, que V. Roentgen eut découvert, en 1895, l’ionisation de l’air par les hayons X, et duc M. Becquerel eut dé-
montré le même pouvoir d’ioniser l’air pour les mi- néraux de l’uranium, que le terrain fut sufflsamment
préparé pour le développement de la découverte de Coulomb. On trouva que l’air ordinaire est toujours ionisé, en quantité fort variable. l’IQI, Elster et Geitel
en Allemagne, et indépendamment d’eux M. C. T. R.
Wilson en Angleterre, firent ces mémes observations.
D’abord on supposa que l’air s’ionise spontanément,
en considérant ce phénomène comlne analogue à celui qui a lieu dans les électrolytes, et tout particulière-
ment, parce qu’on trotiva que l’air, dans une enceinte complètement close, reste toujours ionisé à un certain degré.
Entre temps, les traces du radium se découvraient presque partout. Après avoir constaté que tous les rayons émis par le radium possèdent le pouvoir ioni-
sateur d’un gaz, et que quelques-uns d’entre eux, en particulier les rayons y, découverts par M. Villard,
en -1900, sont en état de traverser un écran métal- liquc upais mème de plusieurs centimètres, MM. El- ster et Geitel se posèrent la question suivante : l’iali- sation de l’air n’est-elle pas également un effet du
radium? Un parvinrent en 1901 à recueillir de l’air ambiant une quantité considérable de produits de décomposition du radium sur un fil chargé pendant
deux heures à un haut potentiel négatif. Ainsi avait-
on trouvé une cause capable de produire constam-
ment de nouveaux ions dans l’air : l’émanation du radium. Or l’émanation du radium se détruit à moi- tié pendant chaque période de 5,8 jours; donc, elle
ne pouvait être la cause de l’ionisation dans une en-
teinte parfaitement close; car l’ionisation, abstraction faite de certaines variations, reste constante, c’est- à-dire que de nouveaux ions sont produits sans cesse.
Les observations ultérieures montrèrent que les
parois de l’enceinte elles-mêmes émettent constam-
ment des rayons, et particulièremcnt les rayons i,
qui ont ule activité ionique très forte. Après d’autres, M. Campbell i, en 1905, en
adonné la preuve.
Dans la suite, MM. Rutherford et Cookc’
2et en
même temps MM. Me Lennm et Burton3 constatèrent que l’ionisation d’une quantité d’air enferlné dans une
enceinte diminue beaucoup, si cette dernière est en- veloppée d’une couche épaisse de plomb. Dès lors, il
1. CUIPBELL, Jahl’buch der Radioaktivität und Electronik, (1906), 245L
2. RCIHERFOUD et CoohE, Phys. Hel’.. 16 (1905) 185.
5. Mc LENNAN et BURTON. Phys. Rev.. 1.6 (1905) 184.
était démontré qu’on avait affaire, ici, à une radia- tion qui, du dehors, pénètre dans les vases métal- liques et ionise l’air intérieur.
D’où viennent donc ces rayons y, pénétrant tout
et toujours actifs? Les avis, à ce sujet, étaient aussi partagés que possible. M. S trong 1 démontre, en 1908, que ces rayons ont leur point de départ dans l’atmo-
sphère ; M. Mc Lennan 2 conclut de ses expériences qu’ils proviennent de la terre; QI. Mache et M. Rim- mer 3 ont l’idée que les produits de décomposition du
radium contenus dans l’atmosphère sont attirés par le champ électrique à la surface de la terre, d’où ils émettent les rayons y ; enfin M. Arrhenius et ses dis-
ciples
4affirment que ces rayons viennent de l’uni- vers, probablement du soleil.
Dans les recherches à exposer ici, je ne me base
pas sur une hypothèse déterminée, mais j’ai tàché simplement de trouver par voie d’expérience l’origine
des rayons, quelle que soit celle de ces hypothèses qui pût se confirmer.
Les instruments employés sont décrits, dans un
mémoire détaillé5 de la Société scientifique de Bru-
xelles. La plupart du temps, on usait de deux, par- fois même de trois appareils simultanément. On pou- vait ainsi distinguer tout de suite des oscillations réelles temporaires du rayonnement, les dérange-
inents quelconques d’un appareil, les erreurs de lec-
ture, etc. En cas d’expériences sur l’influence de
l’endroit, on faisait épreuve et contre-épreuve en
même temps. De celtc manière, par contre, les oscil- lations temporaires étaient éliminées.
Au cours des expériences, il eût été à souhaiter de
pouvoir enfoncer simplement sous l’eau un appareil.
A cette fin, on le mit dans une caisse solide de fer
galvanisé, soudée complètement. Pour donner pas- sage u la lumière, on y avait l1lastiqué deux petites fenêtres, protégées en outre au-dessous de l’eau par
un volet. Dans la paroi supérieure, le mécanisme de charge tournait dans un tuyau poli graissé. S’il était
mis hors d’usage, il était également rendu étanche au
moyen d’un chapeau vissé par-dessus. Par conséquent,
l’air ne pouvait pas se renouveler dans l’espace am-
biant. Cet appareil m’a rendu maints services signalés.
Pendant ces expériences, j’ai eu le bonheur de jouir
de l’appui le plus prévenant de la part de tous. Tout d’abord, mes meilleurs remerciements aux nEL PP.
Bénédictins de Maria-Laach. Grâce à leur obligeance, j’ai pu opérer en toute liberté sur le lac. En partieu.
lier, en Bel,,i(lue, j’ai rcncontré le plus vif intérêt et
l’accueil le plus affable. Je veux surtout cxprilner ma
reconnaissance à M. de Pierpont, le propriétaire des
1. Snw:BG, Physikalische Zeitschrift, 9 (1908) 117.
2. Me LENNAN, Physik. Zeitschrift, 9 (1908) 440.
5. MACHE et RIMMER, Pli ys. Zeitschrift. 7 (1906) 617.
4. RICHARDSON. Nature. 73 (1906) 607.
5. Voir 2e partie des Annales de la Société Scient. de Bru-
xelles, pp. 1-87.
magnifiques grottes de Ilan. Merci aussi a MM. les Directeurs de mines Evrard a Charleroi, Lambiottc à Auvelais et à leurs aimables ingénieurs MM. André et
De Vogel. En Hollande enfin, notre voisin, M. l’archi-
tecte Joosten, m’a rendu possibles plusieurs recher-
ches du plus grand intérêt.
Les questions que j’ai examinées successivement sont les suivantes :
1. Quelle est la production ionique, à l’inté-
rieur d’un vase fermé, causée par les rayons
qui pénètrent du dehors, par opposition aux
effets provenant, d’une part, de l’isolation défectueuse et, d’autre part, des rayons qui proviennent des parois du vase?
A cette question se rapporte tout d’abord l’ol)ser- vation mentionnée déjà plus d’une fois, que les murs
des maisons eux-mêmes émettent des rayons y. Selon
une communication précédente’, cet accroissement dans l’intérieur de notre collège, construit en briques,
s’élève a 24 pour I00 ou 5,6 ions par seconde. Et ce
phénomène, je l’ai constaté considérablement plus
fort encore dans l’abbaye de Sainte-Marie-au-Lac, près
de Andernach sur le Rhin, où j’ai passé quelques jours pour y observer le rayonnement sur le lac. Dans
une aile, construite en tuf’ volcanique, il y a environ
50 ans, le rayonnement alla de 20,4 en dehors (neuf heures d’observation) jusque 54,1 à l’intérieur
(vingt-six heures d’observation), cela fait 13,7 ions
par seconde. Un échantillon de cette pierre se trouva aussi, d’après une expérience que M. le professeur
Gockel a eu la bonté de faire, considérablement plus
radioactive que les basaltes ne le sont d’ordinaire.
Dans l’ancien château Hollandais de Wijnandsrade
construit en briques, il y a 200 ans, je n’ai pas ren- contré une influence des mures.
Le tableau 1 donne l’excédent du rayonnement dans diverses maisons
surle rayonnement au dehors.
Il s’ensuit donc la nécessité de faire toutes les ol)- servations en plein air,
oud’établir au muins l’in-
fluence des parois, afin que les résultats des différents savants soient comparables entre eux.
Pour trouver le nombre d’ions produits par les
rayonnements extérieurs, il faut les supprimer autant
que possible. La différence montrc alors avec sûreté
quel effet a été causé du dehors.
Déjà antérieuren1ent, j’avais trouvé dans les grottes crayeuses, situées à proximité de Fauquenlont-
Maestricht et en partie aussi dans le Limbourg belge,
une diminution considérable du rayonnement total.
D’où il ressort que 42 pour 100
aumoins sont le
produit du rayonnement extérieur. La question était donc, avant tout, de savoir si les rayons y
semani- festaient également dans les grottes.
1. Th. "’I:LF. L’Electromètre bifilaire et
sesapplications,
cf. 2e partic des ANNALES. pp. 1-87.
Si cela a lieu, le rayonnement est encore plus grand
et, au moyen de parois en plomb, par exemple, on
Tableau I.
-Rayonnement des
mursde bâtiments.
peut le diminuer davantage. Après avoir fait quelques
essais avec le compteur ionique d’Ebert, et trouve en
moyenne une production ionique 12 f’ois plus forte qu’en plein air, on devait conclure que l’atmosphère
des grottes contenait une quantité d’émanation assez
forte.
Les essais pour prouver la présence de ce gaz par
activation d’un fill restèrent d’abord vain, 1t cause de la grande llumidité de l’intérieur. Enfin on réussit, gruce à l’ell’ct merveilleux produit par les crochets de Gockel, à maintenir chargé à 500 volts pendant trois
heures, un fil de cuivre au moyen de la batterie à eau
de Herweg. L’électrolètre servant aux observations
se trouvait dans une maison voisine, II la sortie de la grotte. Rapidement mis dans 1"électroiiiètre, le fil
montra une activité si grande, que les deux fils de l’électromètre s’étaient déjà rejoints, avant qu’on prit
lire leur position. Ensuite, l’électromètre fut porté à
une haute charge, jusqu’à ce que les (ils soient sortis du champ visuel et, d’après le tic-tac d’unc horloge,
on nlcsura le temps pendant lequel un fil parcourait
10 gradualions de l’échelle. L’activité s’éteignit rapi-
dement et, quatre heures après, plus rien ne se fai-
sait remarquer. Pour comparaison, le même fil fut
chargé ii la même hauteur, hors des grottes, et sou-
mis à une épreuve dans le même lllstrlllllent. Malgré
la brève exposition de trois heures, l’actiBlté pouvait
être poursuivie maintenant trente heures durant et, il coté du radiuiii, une induction du thorium bien sensible
semanifesta aussi. L’ionisation initiale s’éleva à 26 pour 100 de thorium. Dans les grottes,
une courbe de radium tout ii fait identique à celle
que )1. et Mme Curie ont donnée du radium pur s’etait laissée apercevoir, de manière que la quantité
de radium, qui s’était accurnulée
surle fil dan; les grottes, était préeisérnent 150 t’uis plus grjndu qu’en
1. loir les détaib de
ce-recherches dans le Incmulfe cité.
dehors. J’ai cherché, à diliérentes reprises, mais sans
aucun succès, à trouver dans l’atmosphère des grottes,
une émanation ou bien une induction de thorium.
De la grande production d’émanation, on devait conclure que des rayons y provenaient aussi de l’atmo-
sphère des grottes, et que le rayonnement total se laissait réduire encore beaucoup plus. A un endroit
des grottes, se trouve une mare d’eau assez étendue.
Venait-on a enfoncer l’appareil dans l’eau, la paroi supérieure supportait une couche d’eau épaisse d’en-
viron 50 cm : il se montrait, en effet, une diminu- tion ultérieure du rayonnement de 2 volts ii l’heure,
ou bien de a à 4 ions à la seconde. D’où, en moyenne, 46 pour 100 du rayonnement, ou 10 ions à la se- conde, sont produits uniquement par le rayonnement pénétrant extérieur.
J’ai répété ces expériences en me servant de diffé-
rents moyens et surtout de pierres absorbantes, en Allemagne dans l’eau du lac de Maria-Laach, en Bel- gique dans les fameuses grottes de Han-sur-Lesse, dans l’eau de la Meuse à Namur et dans les houil- lères de Charleroi et d’Auvelais. Mais jamais je n’ai
trouvé de diminution du rayonnement plus considé-
rable que de 10 ions à la seconde au em3 ; mais quel- duefois dans la grotte de Han il atteignait presque 10 ions. De façon qu’on peut conclure que 10 ions à
la seconde constituent le plus grand effet que produi-
sent les rayons y dans cette contrée. Le tableau II
Tableau II.
-Absorption du rayonnement pénétrant.
donne le montant d*absorption que j’ai trouvé dans
les diverses expériences. La première colonne donne l’épaisseur des couches absorbantes et la dernière les différences en ions, c’est-à-dire la diminution de la radiation dans les mines, contre les valeurs observées immédiatement avant et après en dehors. Les valeurs
sont les moyennes et, pour permettre une estimation de la valeur des différents nombres, on a ajouté dans
la seconde colonne les durées des observations emplo- yées pour tirer ces moyennes.
Il va de soi que la diminution dans une mine est
plus petite, ou peut-être même nulle, ou au contraire
le rayonnement plus grand, quand les roches émet- tent elles-mêmes des rayons y. Et il semble que les schistes dans les mines de Belgique, comme l’eau de
la Meuse, contiennent de faibles quantités de radium.
D’un grand intérêt au point de vue géologique est
l’observation faite à Fleurus, en Belgique, dans une
mine de barytine. On sait que, quand le sulfate de
baryum se précipite, il prend le radium en grande partie avec lui. Comme on n’a pas trouvé un rayon- nement dans la mine de barytine, il s’ensuit que ce
baryte s’est précipité d’une solution extrêmement pauvre en radium.
2. Ce rayonnement vient-il de l’atmosphère
ou du sol?
Il résulte de la grande propagation des substances radioactives, qu’il est invraisemblable a priori que tous les rayons actuels viennent d’une source détermi- née. Puisque l’air aussi bien que le sol contiennent l’émanation du radium, ses produits de décomposi-
tion émettront aussi des rayons y, dans les couches in- férieures de l’atmosphère. La question doit donc être comprise, tout d’abord, de la manière suivante :
quelle est la source d’où proviennent en majeure partie ces rayons? Les opinions à ce sujet, comme je
l’ai déjà dit, divergent beaucoup. Mes expériences indiquent toutes la terre, comme source principale
des rayons y. Les preuves nombreuses reposent sur le fait que, même les moindres changen1ents de lieu (1 à
5 m) emportent avec eux parfois des différences
considérables de rayonnement.
Déjà M. Mc Lennan 1 avait trouvé que le rayonne- ment, sur la glace du lac Ontario, diminuait de 15,2 jusqu’à 8,6 ions au cm3 et à la seconde. J’ai trouvé une diminution pour ainsi dire égale, sur le
lac de Maria-Laach, dans une cabine de bain éloignée
seulement de 40 m du bord. Au milieu du lac, à une distance d’environ 1 km du bord, le rayonnement
n’était plus sensiblement moindre que dans la cabine de bain. Et après que l’appareil eïlt été plongé au fond, à une profondeur atteignant environ 12 m, la diminution entre surface et profondeur était égale-
ment moins appréciable.
Il semblait donc qu’une couche d’eau beaucoup
moins étendue affaiblirait sensiblement le rayonne-
ment. Je le pouvais constater d’abord sur un étang
de Wijnandsrade, à une lieue de Fauquemont. L’ap- pareil était placé sur un petit radeau, à une distance
1 Me LENNAN, Pjiysilz, Zeitsckrift, 9 (1908) 440.,
de 10
mdu bord. Ensuite, je fis la même constata- tion sur un étang encore plus petit, dans notre jar- din, où les bords n’étaient éloignés que de 5 m. Et puis encore, une autre fois, dans un réservoir d’eau
maçonné, d’une section de 1 n12 et d’une profondeur
de 2 m ; et même sur un sentier passant sur un petit
ruisseau d’une largeur de 70 cm et d’une profondeur
de 25 cm. Dans tous ces cas, la diminution du rayon- nement était nettement perceptible, comme le ta-
bleau 111 le met en évidence.
Tableau III.
-Diminution du rayonnement y
surl’eau.
Donc de ces observations, faites en différents en-
droits, il ressort clairemcnt que la plus grande partie
du rayonnement provient du sol. Durant les observa- tions faites sur l’étang à Fauquemont régnait, un ,jour, un vent violent, qui certainement ne soufirait pas de diversité dans la composition de l’air sur le petit étang et sur le sol. Des preuves plus amples à l’appui de cette affirmation résident dans les obser- vations suivantes, qui portent plus loin.
3. Comme le rayonnement sort de la terre, il reste à savoir s’il provient des inductions
du radium accumulées à la surface de la terre
(en conséquence de sa charge négative), ou
bien de l’intérieur de la terre?
Cette question pouvait être résolue facilement. Sur
une prairie, une pièce de gazon fut enlevée avec la terre et, au milieu de cette place libre, on pratiqua
un trou d’environ 70 cm de profondeur, dans lequel
fut enfoncé l’appareil, recouvert de 20 cm de terre.
Le rayonnement de la surface ne pouvait donc plus
atteindre l’appareil, si ce n’est à travers cette couche de terre de 20 cln. Donc, s’il était la cause principale,
le rayonnements devait maintenant beaucoup diiiii-
nuel’ et, au contraire, augmenter sensiblement, si le rayonnement provenait de l’intérieur de la terre.
Il arriva, ce que l’on avait prévu, 2cn accl’oisi:e- ment du l’ayonnelnent extérieur de 23,9 à 30, 1, ou
une augrnentation de 6,2 ions à la seconde. Le ta-
bleau IV contient les résultats d’un jour d’observa-
tion en parliculier.
Tableau IV.
Augmentation du rayonnement à l’intérieur de la
terre.Donc le rayonnement provient, selon son effet prin- cipal, de l’intérieur de la terre; d’ailleurs, à cause de l’absorption, le point de départ des rayons y ne
peut être situé qu’à 1 m peut-être en dessous de la surface de la terre.
Cette conclusion pouvait être encore confirmée par
quelques autres phénomènes. La craie de l’cndroit se
montra, après recherche dans les grottes, d’une inac- tivité extraordinaire, résultat confirmé aussi par M. le
professeur Gockel, u qui je fis parvenir un échantillon de la pierre. Si donc le sol est le point de départ des
rayons y, dans ce cas le rayonnement devait être plus faible aux endroits où la craie sort du sol que, par exemple, à la surface du champ de labour. alliais si le rayonnement part de la surface de la terre, de-
venue radioactive par l’émanation de l’atmosphère, la pierre souterraine ne peut produire d’influence.
Par hasard, il se trouva une plnce convenable où
un bloc d’environ 2 m de long sur 1,5 de large émer- geait de la prairie. Le rayonnement sur le bloc crayeux était de 15,6 ions, tandis que 5 m plus loin,
sur une colline de terre de formation semblable, et
couverte de gazon, le rayonnement monta à 19,4 ions,
soit une différence de 5,8 ions à la seconde.
On voit facilement ici que les résultats peuvent
être soulnis à un examen bien étendu. On sait que la
quantité de radium, que les différentes espèces de pierre contiennent, est très variable. Donc, le rayon- nement pénétrant devrait être proportionnel à la quan- tité de radium (ou bien de thorium) contenue dans
les pierres. Si cela est constaté en général, alors on
aun moyen très simple et rapide pour apprécier la quantité de radium que contiennent des matériaux
non connus. Une contre-épreuve serait enfin à essayer
en ballon. Si les rayons partent du sol, ils doivent devenir d’autant plus faibles que l’on s’éloigne de la
surface de la terre. De l’absorption, que les différents
rayons éprouvent dans les différentes substances, on
peut conclure que les rayons y seraient réduits de
moitié par une couche d’air d’environ 80 m. Dès
lors, à une hauteur de 700 m, dans laquelle le ballon pourrait facilement se maintenir quelques heures, il
ne resterait plus que 1 pour 100 du rayonnement à la surface de la terre.
4. Les matériaux du point de départ (ra-
dium et thorium) gisent-ils dans les couches
supérieures de la terre, ou bien sont-ils des
produits de décomposition d’une émanation
qui provient de couches plus profondes?
Les produits de décomposition du thorium ne peu- vent pas, à cause de la brièveté de l’existence de son
émanation, tirer leur origine de grandes profondeurs.
Ou l’émanation du thorium se trouve dans l’air en
quantité appréciable, son point d’origine est situé
dans les couches supérieures du sol. Pour le radium, l’autre cas serait aussi possible : l’émanation yien- drait de plus grandes profondeurs, soit par diffusion, soit par la respiration continuelle du sol. Cette ques- tion peut naturellement moins encore que les précé- dentes, être résolue en général par une expérience.
Il ne s’agit ici que d’un essai.
Grâce à la bonté de Il. l’architecte Joosten, je pus
utiliser, dans sa fabrique à pierre de ciment, deux grands cylindres en béton d’une hauteur de 1 m et
d’un diamètre de 90 cm. Après qu’un essai préalable
eût montré que les parois épaisses de 10 cm ne rayonnaient pas, mais absorbaient même une partie
du rayonnement ordinaire, je fis remplir un des cylindres de ces matéi-iaux du sol qui s’étaient nioit-
trés doués d’émission de rayons y. Seul au centre resta un petit espace libre, destiné à recevoir l’appa-
reil. Gràce aux parois épaisses en ciment et à sa situa-
tion à l’air libre, cette motte de terre était soustraite à la respiration du sol.
Si donc le rayonnement y, dans le sol, tirait son
origine des produits de décomposition d’une émana-
tion immigrée là, alors elle devait s’éteindre lente- ment. Mais si, au contraire, la substances primitive-
ment radioactive était située dans cette couche
supérieure de la terre,-le rayonnement devait con-
tinuer.
Pour contrôler, on observa toujours dans le second cylindre vide, une à deux heures durant, avant et après chaque essai avec les matériaux du sol.
Quand l’appareil était enterré dans le sol même, la différence montait à 7,8 ions à la seconde.
Le premier et surtout le deuxième jour après le remplissage du cylindre, il se manifestait un rayonne- ment sensiblement plus faible, et je croyais déjà avoir
affaire à l’émanation qui se décompose. Mais le troi-
siëme jour le rayonnement commençait à augmenter,
et le quatrième jour il atteignait presque le montant
qui s’était montré dans le sol même. Après cela, on
continua l’observation ; mais la stabilité espérée ne se
produisit pas. Le rayonnement monta et descendit continuellement. La valeur la plus haute (7,9) était plus que le double de la plus basse (2,9). Les obser-
vations furent continuées (avec quelques interruptions) pendant 41 jours, sans qu’on puisse remarquer une diminution du rayonnement.
Tableau V.
La question posée était donc résolue. Il ne s’agis-
sait pas ici d’une émanation immigrée. La substance radioactive se trouvait au moins pour la plus grande partie dans le cylindre. Elle était donc originaire de
la couche supérieure de la terre d’une profondeur de
moins d’un mètre. Les chiffres précédents sont les diffé-
rences observées qui doivent être considérées comme
rayonnement de la masse terrestre elle-même. On a
fait la plupart du temps deux observations par jour
dans le cylindre rempli et trois, pour contrôle, dans
le cylindre vide.
Ainsi l’influence éventuelle de l’air, de la surface de la terre et en particulier des précipités fut écartée.
L’excès ne pouvait provenir que des matériaux eux- mêmes.
5. D’ou viennent donc ces changements du rayonnement causé par les matériaux enfer- més dans le cylindre ?
Après examen plus attentif, on fut bientôt frappé
de voir que les ra yonnements les plus intenses se fai-
saient remarquer par des temps de pluie. On pourrait
supposer que ce sont les produits radioactifs de la
pluie elle-même qui effectuent cet accroissement du rayonnement. Mais, comme je l’ai déjà dit, la dispo-
sition de l’expérience exclut cette supposition. Les cylindres étaient placés, ouverts, l’un à côté de l’autre.
Par les produits, contenus dans les gouttes d’eau, les
deux valeurs seraient montées, et les différences se-
raient restées invariables. Aussi les pressions atmo- sphériques indiquées par les communications officielles de l’Institut météorologique hollandais de de Bilt furent comparées avec les valeurs du rayonnement ;
en réunissant à une valeur moyenne les rayonnements
entre 770-765, 764-760 mm. de pression atmosphé- rique, elc., on obtint les données du tableau VI.
Après avoir donc éliminé toute influence de l’air et
de la pluie par la méthode d observation, une influence
due la pression almospherique se 1nanifesta bien net-
tement. Plus la pression atmosphérique descendait,
.