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Étude du champ électrique terrestre, de l’ionisation
atmosphérique et du courant vertical au Scoresby Sund,
pendant l’année polaire
A. Dauvillier
To cite this version:
ÉTUDE
DU CHAMPÉLECTRIQUE
TERRESTRE,
DEL’IONISATION
ATMOSPHÉRIQUE
ET DU COURANT VERTICAL AU SCORESBY
SUND,
PENDANTL’ANNÉE
POLAIREPar M. A. DAUVILLIER.
Sommaire. - Les trois problèmes fondamentaux de l’électricité atmosphérique sont : la cause de l’ionisation de l’air, le maintien du courant vertical et le mécanisme de la foudre. Le premier, seul,
semble résolu. Leur étude dans les régions polaires, où le magnétisme terrestre et l’insolation varient considérablement est particulièrement instructive.
Les précédentes expéditions polaires avaient donné des résultats assez contradictoires, soit par suite
d’une durée d’observation insuffisante, de trop grandes difficultés expérimentales rencontrées, ou de moyens
insuffisants mis en 0153uvre.
La plupart des mesures indiquaient une ionisation plus forte que sous nos latitudes, et un courant vertical plus intense, faits non vérifiés par la présente étude.
Le champ électrique, enregistré en deux stations distinctes, accuse une valeur moyenne annuelle
de 71 v/m avec un maximum en novembre (95 v/m) et un minimum en avril-mai (59 v/m). La variation diurne est très apparente en hiver (onde simple, maximum : 105 v/m à 18 h Gr ; minimum : 72 v/m
à 2 h). Elle diminue pour s’annuler en mai, époque du champ minimum et reparaît dès juillet.
Le champ est influencé par divers facteurs météorologiques tels que la neige, la pluie, le vent, non par
la pression, la température et l’humidité. Il ne dépend pas de l’activité aurorale.
La conductibilité électrique de l’air, étudiée par des mesures directes diurnes et nocturnes, et par des enregistrements continus, montre une très forte dissymétrie des conductibilités dues aux ions des deux
signes 03BB + = 1,40.10-4 sec-1, 03BB-=1,06.10-4 sec-1) et une conductibilité moyenne annuelle (03BB=2,46.10-4 sec-1 moindre que sur les océans. La variation diurne, qui di sparait aussi en avril-mai, est inverse de la variation
du champ. La conductibilité, très constante durant l’hiver et le printemps, croît rapidement en été. Ces résul-tats sont interprétés quantitativement par l’ionisation dûe aux rayons cosmiques et la radio-activité du sol. La conductibiaité est influencée par divers facteurs météorologiques, mais non par l’activité aurorale. Le nombre des petits ions est supérieur au Scoresby Sund (103) à ce qu’il est dans nos régions. La mobilité des ions négatifs est plus grande que celle des ions positifs.
Le courant vertical montre une variation diurne analogue à celle de la conductibililé. Sa variation annuelle est accusée : il présente une onde simple avec minimum à l’équinoxe de printemps. Sa valeur moyenne est faible (i = 1,7.10-16 A/cm2.) notablement moindre que sur les Océans.
L’auteur discute le problème de l’origine de ce courant et l’attribue à une cause cosmique.
Le champ électrique terrestre est dû à ce courant Le champ est moitié moindre, au
Scoresby
Sund,que sur les Océans, non par suite d’une conductibilité plus grande, mais à canse d’un courant vertical apparemment moindre dans les régions polaires.
Introduction. - L’étude de l’électricité
atmosphé.
rique, fréquemment
tentée dans lesrégions polaires,
s’y
heurte à de sigrandes
difficultésexpérimentales,
quelle
n’a pas encore,jusqu’ici,
donné des résultatsdéfinitifs et certains.
Cependant, l’origine
de l’ionisationatmosphérique
sur les océans et dans les
régions
duglobe
recouvertesde
neige
et deglace,
c’est-à-dire où la radio-activité du sol et del’atmosphère
sontnégligeables,
pose unpro-blème étroitement lié à l’étude du
rayonnement
cos-mique
qui
demeure alors le seulagent
ionisant connu.- Il
est, en
outre,
également important
de connaîtrele
champ électrique
terrestre,
conséquence
dumysté-rieux courant
vertical,
dans lesrégions
polaites,
où lechamp magnétique
f st intense et où l’ionisation des couches élevées del’atmosphère
estparticulièrement
forte,
par suite de lafréquence
et de l’intensité desaurores.
Mais,
avantd’exposer
les résultats des mesures effec-tuées auScoresby
Sund(lat. :
~9’ N, long. :
2to 51’ W.Gr, ;
alt. : -.40 m) pendant
l’annéepolaire 1932-1933,
nous allons
rappeler
brièvement les conclusions des recherches effectuées dans lesrégions arctiques
etantarctiques,
par lesprécédentes
expéditions polaires.
Pendant la
première
annéepolaire
1882-1883,
S. A.And rée (’ ) fit au
Cap Thordsen,
auSpitzberg,
des mesuresdu
champ électrique,
dans des conditionsprécaires,
et trouva unchamp
très faible. Ce résultat fut contreditpar 17 mesures effectuées par Béhounek à
Kingsbay
enavrrl et en mai 19?fi
(-).
Ce savant observa unchamp
in’ense
(ers ==
19 LV/m)
et une conductibilité faible-
1,’I9.10-~
En1913-~91~,
Iloffmaiin yavait,
aucontraire,
trouvé une très forteconductibilité
(lm
=~,9~.~U-~
sec-’)
et Swann(3)
en août lors de la croisière duCtzrnegie
près
des côtes duSpitzberg,
des valeurs variant de1,58 à 3,~3.~0-~ sec-1,
en accord avec Bébounek.
Dans ses deux
hivernages
sur la côte orientale du(1) ANDRÉE Expédition Suédoise 188-9-188’i-t. II, Electricité
aliyiosphérique, Stockholm, 1886.
(2) F. BEROUNEK. de Phys., 1927, t.
5,
p. 161. Bull. of the iVa1.Res
Council, 1922, t. 3, p 12.421
Grônland.,
à DanmarksHavn,
A.Wegener (’)
poursui-vant les mesures
in te1-rompues
par la morttragique
deMylius-Erichsen, fit,
dans des conditions trèsdiffi-ciles,
quelques
enregi,trements
duchamp (moyenne :
Ern
== 67V/m) pendant les
étési907
et1908,
ainsi quedes mesures de conductibilité durant une trentaine de
jours
auprintemps
et en été. La conductibilité moyenne observée fut très élevée :~,~3.10-~
sec-’.En outre, 7 mesures du courant vertical donnèrent
une -
4,3.10-~
A/cm2,
deux foisplus
grande
que sous nos latitudes.Au nord du détroit de
Behring,
pendant
l’expédition
du Mae4d(1).
la valeur moyenne duchamp
fut trouvée être de 120Dans
l’Antarctique
des mesures duchamp
furent exécutées, avec des moyensprimitifs,
auCap
Horn(6"S)
par la Missionfrançaise
de l’Annéepolaire
1882-i83;
par Bernacchi lors del’expédition
de laDisco-very = 88
V/m)
et parRey
= 69V/m)
à la Terre de Graham en 19«la.Rey,
confrontant les diversesmesures effectuées dans
l’hémisphère austral,
arriva à cette conclusion que lechamp
y était minimum enjuin
comme dans notre
hémisphère,
et,
puisqu’il
était ainsiindépendant
dessaisons,
qu’il
était lié à laposition
de la terre surl’écliptique,
et était donc attribuable à unecause
cosmiqne.
Cet
important
résultat fut contrôlé par lesenregistre-ments
plus
précis
deRouch (3)
à l’ile Petermann(65,
S)
en 1908 - où la valeur moyenne duchamp
fûttrouvée être de 161i
Vjm.
La variation annuelle était très accentuée(1
à3)
etsynchrone
del’hémisphère
Nord. Laconductibilité,
mesurée avec unappareils
deGerdien était élevée
(X
_4,~.i0-~
si bien quele courant vertical
atteignait
unegrandeur
exception-nelle
(i -
7,1. 0-16
Â/cm2).
D’après
cesrésultats,
il semblait que la conductibilitéet le courant vertical étaient t
particulièrement
élevés dans lesrégions polaires.
Onpeut
pensercependant
que les mesures
anciennes,
qui
accusant unchamp
faible et une forte
conductibilité,
sont entachées de dé-fautsd’isolement,
car les travaux récents montrent des valeurs peu différentes de celles observées sous noslatitudes.
Ainsi,
les 10 mesures de conduclibilité effectuéesdans de bonnes conditions par
Mallngrrn (,)
lors de la traversée du Pôle Nord pir lelVor,r¡e
en mai1926,
donnent : .
A =
3~44.10-’"
sec-i à l’altitude moyenne de :.00 m,en accord avec les valeurs observées en
Europe.
Demême. les mesures de Behounek
(~)
effectuées durant les voyagesanalogues
de l’ltalia en1928,
donnent unemoyenne de A _
4,05.10-4
sec-1 à la mêmealtitude,
(1) LÜDEL1:XG. J/eddelelse1’ oni G"ÜlIland, Bind XLIT, p. î9-lll 991 L.
,
(2) FisK et FLEJBHNG. Observations Mauds
Expedilion
1918 192~ ;Terr. Maglt., mars 1928, t. 34, p. 37.
(3) RoucH. C. R., juillet 1910, t. {5i. p..225; Rev. Gen. Sc., i92Î,
t. 37, p. ~4~2"
(4) MALMGREN et BEiiouxE1=. C. R., mai 4927, t 184, p 1 185.
(5) BEHOUNEK. Terr. i’lagn., t. 34, p. 17s, sept. 1929.
en bon accord avec les
précédentes.
Durantces’voyages,
le
champ
neput
être mesuré par suite de lacharge
électrique
des aéronefs due àl’échappement
desmo-teurs.
Les
quelques
mesures modernes que nouspossédons
ne semblent donc pas déceler, dans lesrégions
polairesT
des conditions différentes de celles
régnant
surles Océans à deplus
basses latitudes. Les campagnes duCarnegie
e)
ont montré que lechamp
yétait,
en moyenne,égal
à 135
V/m
d’octobre à mars, et à f17V/m
d’avril àseptembre;
que la variation d iurne y affectait la forme d’une ondesimple
présentant
un minimum à 4 h(G. M. T.)
et un maximum à 19h,
synchrone
pourtoute la Terre.
La conductibilité y est voisine de ),
= 3,0. f0-4
sec-1et
légèrement
plus
élevéependant
lejour
que durant lanuit,
contrairement aux stations continentales.Cependant,
les mesures effectuées sous de hauteslatitudes étaient
trop
peu nombreuses ettrop
discon-tinues pour élucider laquestion,
et il était nécessaired’effectuer durant l’Année
Polaire,
desenregistrements
prolongés
dans de meilleures conditionsexpérimen-tales.
Grâce à
l’organisation
d’un laboratoire bienoutillé,
disposant
d’unchauffage
central continu et d’unsec-teur
électrique
permanent,
j’ai
pu effectuer ces mesuresdurant le
séjour
del’Expédition
française
de l’AnnéePolaire au
Scoresby
Sund(? ).
Pour la
première
fois,
des mesures d’électricitéatmos-phérique prolongées pouvaient,
grâce
à ces conditionsprivilégiées,
être effectuées dans unerégion polaire
avec toute laprécision
et la sécurité désirables.Il
est,
eneffet,
bien évident que des mesuresélec-trométriques
aussidélicates,
bienplus
difficiles à réa-liser que la mesure des rayonscosmiques,
nepeuvent
être exécutées correctement, ni en
plein
air,
ni dans un local habité ou chauffé par des moyens defortune,
comme cela était le cas dans les
précédents
expédi-tionsayant
hiverné dans lesrégions arctiques
etantarctiques.
Les mesures ont
porté
sur lechamp électrique
ter-resté,
les conductibilités dues aux ions des deuxsignes,
la teneur enpetits
ions,
leur mobilité et sur lecourant vertical.
I. - Le
champ
électrique.
Méthode de mesure. - Le
champ électrique
aété
enregistré depuis
le 8 novembre 1932(3) jusqu’au
12aoûLl;)33,
simultanément en deux stations distinctes.Celles-ci furent d’abord une
ligne (type
Norinder,
sta-tion
L), permettant
une mesure absolue et uneinstal-(1) INIAUCIILY. Pub. no 175, vol. 5, Carnegie Inst., F. 38, 14Z6.
(2) Voir: J. de Ph yc., avril I9 ~~, t. 5, p 398 ; septembre I 934,
t. 5. 453 et 493~., t. 5. p. 610.
(3) Le problème primordial des transports absorba toute
notre activité durant les mois d’aoiit et de septembre et
lation
(station
P)
à cannehorizontale,
contiguës
aulaboratoire
(voy. fig. 3).
Deux stationsindépendantes
sont en effet
indispensables
pourdépister
de suite tout défaut d’isolement. Les électromètresenregistreur
de Benndorf furentdisposés
dans le laboratoire afin depouvoir
les chauffer en permanence et les surveil-lerfréquemment
Les
quadrants
étaient connectés à des batteries d’ac-cumulateurs au nickel-cadmium(S.
A. F.T.)
de1,3
ampères-heures,
qui
ne furentchargées
qu’une
seule
fois,
avant lesenregistrements,
etqui
assurèrentune tension
constante,
à 3 pour 100près,
durant toute1¢’année. Le
coefficient de
température
de la force élec-tromotrice de ces éléments nedépasse
pas 7.10-4volt/
degré centigrade
et était parconséquent
négligeable.
Les deux électromètres de Benndorf étaiPnt
chargés
en
parallèle
et leurs sensibilitésréglées
à des valeurs différentes en modifiant l’écartement des brins dubifi-laire
supportant
1 aiguille.
Avec des tensions de ± 126
volts,
les sensibilités furentrespectivrm> nt
de11,0
V/m
par mm(L)
et de3,3
V/m
(P).
Lesélongations
étaientsymétriques
estproportionnelles
aux tensions. Lespointés
étaient effectuéschaque
minute (’).
La
capacité
de cesenregistreurs
étantnotable,
l’inertie
atteignait 5
min pour 100 voltsd’élongation.
Cetteinertie,
qui
seraitpréjudiciable
pour l’épie des variationsrapides
duchamp,
facilite sa mesuremoyenne horaire à
l’intégraphe.
Les
prises
depotentiel
à l’ionium 1 donnèrent toutesatisfaction ;
elles neperdirent
pas leur activité sousl’influencR du
chasse-neige qui régna
durant unepartie
de l’année.
La traversée de la doubte
paroi
de bois B dulabo-ra,toire était réalisée au moyen de bouchons d’ambre
A chauffés en permanence par des
lampes
de 25 watts.Comme isolateur extérieur d’extrémité de
ligne,
j’ai
Fig.1.
utilisé l’isolateur en silice à
chauffage
électrique
(~1)
représenté
sur lafigure
i,
et dont le ruban de nichrome absorbe une dizaine de watts. Il fut naturellement(1) Ces électromètres gagneraient beaucoup à être reconstruits
sous une forme moderne : boîtier métallique vitré étanche
d’enregistreur, papier perforé à coordonnées rectilignes,
étalonné, réenrouleur automatique, mise au zéro horaire échelle de lecture, suppression du vase à acide
sulfurique
amortisseur électro magnétiquP, impression mécanique directe par le mouvement d’horlogerie ou un moteur synchrone. Un tel appareil sera prochainement établi.(2) A. DAUVILLIER. Rev. Gen. Elect., 9 avril 1932, t. 1. Ces isolateurs ont été construits par la « Verrerie Scientifique »,
indispensable
d’utiliserpartout
à l’extérieur desisola-teurs d’ambre ou de silice chauffés
électriquement
durant toute
l’année,
pourprévenir
toutdépôt
degivre.
Le niveau du sol variant
perpétuellement
par lejeu
incessant del’enneigement
et duchasse-neige, j’ai
utilisé des sols artificiels S constitués par destreillages
métalliques
de1,50
m delargeur,
tendushorizontale-ment à
plus
d’un mètre au-dessus du sol.Cependant,
dès le début dejanvier,
laligne
disparut
complètement
sous uneépaisseur
de 5 m deneige,
et dut être abandonnée le 23. La seconde installation fut aussi ensevelie durantchaque
tourmente deneige,
maisput
êtrechaque
foisdéblayée.
Lapremière
sta-tion fût alors
reportée (station K)
à 600 m dedis-tance,
presque au niveau de la mer, dans leliving-room de
l’agent radiotélégraphiste
danoisKaldahl,
qui
voulut bien en surveiller le fonctionnement.Cette troisième
station,
à canne horizontaleidentique
à la station
P,
fut étalonnée au moyen d’uneligne
provisoire
et fonctionna du 27janvier
au 11juil-let I 933
(’ ).
La station
française
étant édifiée à 40 md’alti-tude sur le flanc d’un
escarpement
rocheux assezabrupt,
cette situation n’étaitguère
favorable à desmesures correctes du
chainp.
La stationK,
aucon-traire,
située auvoisinage
immédiat dufjord
et dansune situation bien
dégagée,
se trouvail en terrainplat,
sur unpromontoire
exposé
au vent, où laneige
ne s’accumulait pas.
En
outre,
j’ai
utilisé,
pour les les mesures sur leter-rain
(fjord gelé,
HvideFjeld :
800 md’altitude)
et l’étude des variationsrapides
duchamp,
deuxappa-reillages
aisémenttransportables.
Lepremier,
à lecturedirecte, comporte
un voltmètreélectrostatique
Szi-lard(f)
de 300volts,
monté sur untrépied métallique,
muni d’un
léger
tubetélescopique
portant
laprise
depotentiels,
Fig. 2.
Le
second,
qui
permet
des mesuresabsolues,
con-siste en une
ligne
en fil d’acier tendue entre deuxtrépieds
à 1 m au dessus du sol et connectée à unélectromètre
enregistreur photographique
deI{olhÕL’s-ter
(3).
Cetélectromètre,
sensibleV’/IbU
d),
de faiblecapacité (c
-2,43
cm),
robuste et t peu encombrant (1) Deux stations indépendantes et éloignées sont induis pensables pour prouver la correction des mesures.{~) B. SZILARD. C. R., Nov. 19~, t. 157,
423
fonctionne dans toutes les
positions
sans batteriesauxi-liaires. La
figure 2
représente
un telenregistrement
duchamp
obtenu en 1 h. Les 20 cm depapier
photo-graphique
sont normalement déroulés en 24 h. La directiongénérale
du vent auScoresby
Sund,
était le nord-est. Les bâtiments étant orientés
nord-sud,
les fumées
provenant
des cheminées de lastation,
situées à 23 m au nord des installations d’électricité
atmosphérique,
nonplus
que les gazd’échappement
des groupes
électrogènes,
nepouvaient apporter
de
perturbations.
Les antennes(mâts
Casanova)
étaient assPzéloignées
pour ne pas déformer lechamp plus qu’il
ne l’était par la nature accidentée du terrain. Leplan schématique
des stations L et P estreprésenté
sur lafigure
3.Fïg. 3.
_ Résultats. - Le
champ électrique
a été trèsfréquem
ment
perturbé
auScoresby
Sund,
par des conditionsmétéorologiques
sévères. Pendant lestourmentes,
les isolateursextérieurs,
même fortementchauffés,
étaientrapidement
courl-cireuitês
par laneige
poudreuse
trèsténue
qui
s’infiltraitpartout.
Pendant lechasse-neige.
toute mesure étaitimpossible,
par suite de la fortecharge positive apportée
par les cristaux deglace.
Dans ces
conditions,
l’antenne isolée duposte
radiotélé-graphique
sechargeait
àquelque
20kV,
enquelques
secondes. Même
pendant
lespériodes
devent,
il y avaittoujours
assez de microcristauxde glace
dans l’air pourcommuniquer
de fortescharges
positives
auxdispos
tifs
isolés,
munis ou non de leursprises
depotentiel.
Les mesures n’ont doncporté
que sur lespériodes de
temps
relativement calmes et celles-ci ont été divisées en deuxgroupes,
lespériodes
de beautemps,
à ;champ
normal,
et les
périodes
perturbées.
Les nombreuses courbes
enregistrées
auScoresby
Sund ont été
planimétrées
par les soins de l’OfficeNational
météorologique
1’ )
afin d’obtenir des moyennes(1) Ce travail n’a pu être effectué que grâce au bienveillant
concours de M. WEHRLÉ, directeur de l’Office National
Météorologique. J’adresse mes remerciemements à M. GUIRAUD,
météorologiste principal, pour le soin avec lequel il e effectué
ces mesures à l’intégraphe.
horaires
précises.
Deux méthodes s’offrent poureffec-tuer ce
dépouillement :
onpeut,
toutd’abord,
sélection-ner les seules valeurs horaires
pendant
lesquelles
lechamp
est demeuré sensiblement constant etcalme,
enécartant les valeurs
négatives
et cellessupérieures
à la normale.Bien que cette méthode
paraisse parfaite,
elleintro-duit, néanmoins,
un certain arbitraire dans le choix des valeurs dites « normales » et elle n’était pasapplicable
dans le casprésent,
le nombre de cesvaleurs étant trop
faible pour
permettre
unestatistique
portant
sur uneseule année. Nous avons donc utilisé toutes les valeurs
positives
etnégatives,
àl’exception
decelles,
fortementperturbées
par levent,
lechasse-neige
ou lapluie,
sor-tant
temporairement
de l’échelle desenregistreurs.
Au total 8 369 valeurs moyennes horaires ont été retenues.Nous verrons que le choix de cette méthode de
dé-pouillement
semblejustifié
par le caractère cohérent des résultats obtenus. Le Tableau 1présente
le maté-riel utilisé pour l’étudestatistique
des variationsr du
champ.
I Les moyennes mensuelles horaires ont été calculées pour les trois stations afin d’étudier
statistiquement
la variation diurne au cours de l’année. Les moyennes mensuelles totales donnent ensuite la variationan-nuelle.
Enfin,
la moyenne de toutes ces valeurs donne lagrandeur
annuelle duchamp.
Celle-ci a été trouvée être de 71V/m
pour chacune des deux stations P et K.La variation annuelle est
représentée
graphique-ment sur lafigure
4. Ellecorrespond
à une ondesimple
dont le minimum est enavril,
pour la station P et enmai pour la station K. Les stations voisines L et P ont
donné,
comme on levoit,
des valeursidentiques
(~).
’Le mois de
janvier,
très fortementperturbé
par destourmentes de
neige
presqueininterrompues,
s’écartenotablement de la courbe. De
même,
le moisd’août,
qui
necorrespond qu’à
9jours complets
d’enregistre-ment,
insuffisants pour donner une valeur mensuelleprécise.
La différence d’ordonnées et le
décalage
d’un mois existant entre les deux courbes P etK,
proviennent
probablement
de leur situation différenteplutôt
qued’une différence d’altitude
(30 m).
La courbe IL nousparaît
donner unereprésentation plus
exacte de la variation annuelle.Le maximum des courbes a lieu en automne et est
mal
précisé,
celui de P semble avoir lieu en octobre etcelui de K en novembre.
L’amplitude
de la variation annuelle moyenne, soit 35volts, correspond
à une variation de 71 ± 17BT lm
soit de + 24 pour 100. Les minima et maxima semblentplutôt
voisins desépoques
des solstices. Les courbesindiquent
un maximum de U5V/m
et un minimum de 59BT lm
(77
± 18V/m).
(1) Cette triple coïncidence prouve à la fois la correction des
TABLEAU 1.
Variation diurne. -La variation diurne
pendant la
nuitpolaire, déjà
apparente
sur lesenregistrements
de ~4 h effectués par beautemps,
est très nettement accusée par lesquatre
courbes mensuelles de novembre et décembre relevées aux stations L et P. Les relevés dejanvier, trop’ pertubés,
sont inutilisables dans cebut. La valeur moyenne de ces
quatre
courbes estrepré-sentée sur la
figure 0 qui
montre une ondesimple
avec un minimum de i~V/m
à ~ h Gr et un maximum de104
V/m
à 18 h Gr.Fig. 4 et 5.
L’amplitude
diurne,
de 30volts,
correspond
à unevariation de : 89
V/m,
soit de ± 17 pour 100.Cette
amplitude
diminue avec lagrandeur
moyennedu
champ
et s’annule enmai (’ )
au moment du minimumCe résultat
remarquable
estégalement présenté
par les deux stations P et K comme le montre lafigure
5,
surlaquelle
les valeurs horaires mensuelles seplacent
surclPux
paliers
voisins avec unegrande
approximation.
L’amplitude
de la variation diurne estreprésentée
graphiquement
par des flèches verticales sur la courbePde la
figure
4. Elle passe de 30VJrn pendant
la nuitpolaire
à 21V jm
enfévrier;
elle n’estplus
que de 6V/m
en
avril;
elle est nulle enmai,
puis
croît de nouveauen
atteignant
27V/m
enjuillet.
La station K - oùl’in-tensité du
champ
étaitplus
élevée,
-accuse, avec la même loi de variation
annuelle,
uneamplitude plus
grande.
La loi de variation
de l’amplitude
de la variation diurneen fonction de la
grandeur
moyenne duchamp,
nesau-rait être
précisée
par une seule année d’observations.En
première approximation, l’amplitude
semble croître moins vite que selon une loi linéaire de la forme : En résumé,
nous trouvons auScoresby
Sund,
champ
moyen moitié moindre que sur les
Océans
auxplus
basses latitudes et
comparable
àcelui que
l’onobserve,
1 dans
nosrégions,
aux altitudes de 2 à 3 lent(2).
Lavariation annuelle et la variation diurne sont
corr formes
à celles que l’on observe en dehors de la « vase
atmos-phérique
». Ladisparition
de la variation diurne audébut du
jour polaire
est unfait
nouveaususcel)lible
. d’éelaircir le mécanisme de cette variation.
(1) Cette disparition de la variation diurne est déjà
directe-ment visible sur les enregistrements. Par exemple, la journée du 28 avril (temps calme et très beau) montre, aux deux stations,
un champ de io V/m constant, à quelques centièmes près,
durant 24 heures.
(2) Il est à remarquer que le climat du Scoresby Sund
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Influence des facteurs
météorologiques
sur lechamp. -
Cette influence a été observée directementsur les
enregistrements.
Il est bien connu que lanébu-losité et les
précipitations perturbent
lechamp
par influence ou par leurscharges
spatiales.
Lebrouillard,
qui
s’estparfois
manifesté,
d’avril àjuillet, produit
unfort
champ
positif irrégulier.
Laneige,
tombant à gros flocons partemps calme,
donne unenregistrement
caractéristique
(voy.
fig. 6) :
lechamp
est fortementpositif
et trèsrégulier, dépourvu
des oscillationsra-pides
habituelles.Fig. 6.
La
pluie
et lagrêle produisent,
aucontraire,
deschamps
négatifs
intenses,
lacharge
spatiale
étant inverséeLa figure
7reproduit
deuxenregistrements
Fig.7.
’
simultanés relevés aux stations P et
K,
partemps calme,
par chute de
pluie.
Les deux courbes concordentcomme on le
voit,
d’une manièreremarquable.
Cet accord n’était pastoujours
aussiparfait.
Les
précipitations, accompagnées
devent,
produisent
des
champs
intenses et désordonnés s’inversantfré-quemment.
Cesphénomènes
sont dus à l’électrisation par frottement des conducteursisolés,
car ilspersistent
lorsqu’on supprime
laprise
depotentiel.
Les facteurs
météorologiques,
tels que lapression
atmosphérique,
latempérature,
l’humidité,
etc...,
nesemblent pas avoir d’effet direct sur le
champ
élec-trique.
Agitation
duchamp. -
Partemps
calme etbeau,
le
champ présente,
comme sous noslatitudes,
uneagi-tation
irrégulière,
rapide
etperpétuelle.
Lafigure
8reproduit,
parexemple,
unfragment d’enregistrement
obtenu par très beau
temps
durant la nuitpolaire.
Cephénomène
ne semble pas avoir reçud’explication,
demême que les inversions du
champ ayant
lieu par beautemps.
Fig. 8.
.. ,
9
Onpourrait
tout d’abord supposer que cette fluc-tuation reflète celle de l’ionisationayant
lieu dans le volume d’air intéressant laprise
dupotentiel.
Le parcours des rayons a de l’ionium étant de 3 cm dansl’air
normal,
le volume d’air ionisé en permanence nedépasse
pas une centaine de centimètres cubes. Auxenvirons de ce
volume,
la conductibilité instantanéedue à l’ionisation
produite
par les électronscosmiques,
varie
beaucoup
au cours dutemps.
Les observations effectuées avec lescompteurs
et les chambres de Wilson ont montrél’incidence,
en moyenne, d’uncorpuscule-ionisant par minute et par centimètre carré de surface terrestre. Ces fluctuations locales de conductibilités seraient alors
responsables
des fluctuationsinces-: santes du
champ (~ ).
Cependant,
le calcul montre que cette fluctuationî estnégligeable
compte
tenu de la densité moyenne des ions et le fait que ces fluctuationsrapides
dispa-raissentlorsque
le ciel estcouvert,
fait écartercette-hypothèse.
Il est bien connu que les cumulus orageux,(1) Il est probable que ce sont t ces électrons secondaire associés aux rayons cosmiques qui sont la cause de
l’allumage des étincelles et des éclairs dans l’air et de la
décharge dans les tubes à vide (tubes de Crooke~) soumis à
une tension juste suffisante pour amorcer la décharges
qui
culminent vers 1 500 m, abaissent lechamp
par un effet d’influence et cephénomène s’interprète
par la théorie de C. T. R. Wilson
qui
leur attribue unecharge négative
à la base etpositive
au sommet. Un ciel couvert de cumulus secomportera
donc comme unécran
électrostatique
vis-à-vis dephénomènes
d’in-fluence
produits,
parexemple,
dans larégion
des cirrus et c’est à la formation de ces nuages, visibles ounon
(t)
qu’il
faudrait alors attribuer les variations incessantes duchamp,
observables par très beautemps.
Cescirrus, qui
culminent dix foisplus haut,
souventdans la
stratosphère,
sont formés de très finesaiguilles
deglace
condensées sur les ionsnégatifs
d’origine
au-rorale.
Ce
phénomène
était extrêmement net auScoresby
Sunrl où le cirro stratus
apparaissait
invariablementquelques
heuresaprès
les fortes aurores. Onpourrait
donc penser que le
champ électriques suit,
avec uncer-tain
retard,
l’activité aurorale etqu’il
est fortement abaissé à la suite d’auroresintenses,
(1) Les nuages irisés de haute altitude, qui présentent des couleurs d’interférence, et qui sont surtout observables dans les
régions polaires, doivent sans doute leurs vives colorations à un effet de lames minces, étant probablement formés de
pellicules de glace se nourrissant avec une épaisseur croissante,
à partir de lamelles monomoléculaires. De nombreux cirrus ne
sont, de même, visibles qu’au crépuscule.
Une influence des aurores sur le
champ électrique
avait étésignalée
autrefois par Andrée auSpitzberg,
par Paulsen en Islande
(1)
et niée par d’autres obser-vateurs.Nous avions
également
observé cet effet àSodan-kylâ
en 1931 par des lectures isolées effectuées àl’électromètre Szilard.
Cependant,
lesenregistrements
effectués auScoresby
Sund,
nonplus
que lastatistique,
n’ont vérifié ces résultats certainement accidentels. En
pareille matière,
de nature aussicomplexe,
les coïnci-dences fortuites ne sauraient être retenues et lastatis-tique
seule fait foi.Il faut conclure de cette
indépendance
que lescharges
négatives apportées
par l’aurore nepénètrent
pasau-dessous de l’altitude des cirrus
d’origine
aurorale,
altihide
trop
considérable pourproduire
une influencesensib’e au sol. Il en
résulte,
enoutre,
que la théoriedes courants
telluriques,
basée sur l’inductionpro-duite,
dans lesrégions
polaires,
par cescharges
néga-tives
et,
dans lesrégions
équatoriales,
par descharges
positives
résultant de l’ionisationultraviolette,
nesau-rait être
maintenue,
les courants dedéplacement
asso-ciés devant
produire
des variationscorrespondantes
duchamp, particulièrement
sensibles auvoisinage
dusol,
où la conductibilité est minima.