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Réussite, question de chance ? Analyse des récits de vie des femmes de pouvoir

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Academic year: 2022

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Master

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Réussite, question de chance ? Analyse des récits de vie des femmes de pouvoir

SONNEY, Dennys

Abstract

Ce travail de recherche est une analyse basée sur des entretiens biographiques traitant des différentes épreuves et bifurcations de sept femmes. La formation, le travail, la famille, la mobilité sont les principaux sujets du discours des interviewées. Ces dernières sont des femmes de pouvoir. Des femmes qui sont placées au sommet de l'hiérarchie et qui luttent au quotidien contre l'inégalité entre les sexes. Nous allons interpréter des situations clefs dans leur parcours de vie leur ayant permis la construction de leur identité professionnelle, ainsi que le renforcement de leur sentiment d'efficacité personnelle. A travers le discours des interviewées nous donnerons vie aux éléments vue dans la partie du cadre théorique.

SONNEY, Dennys. Réussite, question de chance ? Analyse des récits de vie des femmes de pouvoir. Master : Univ. Genève, 2013

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:30676

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RÉUSSITE, QUESTION DE CHANCE?

Analyse des récits de vie des femmes de pouvoir

MEMOIRE  REALISE  EN  VUE  DE  L’OBTENTION  DE  LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN SCIENCES DE L'EDUCATION

ORIENTATION FORMATION DES ADULTES

PAR Dennys Sonney

DIRECTRICE DU MEMOIRE Isabelle Collet

JURY

Mireille Bétrancourt Samra Tabbal Amella

GENEVE SEPTEMBRE 2013

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION SCIENCES DE L'EDUCATION

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RESUME

Ce travail de recherche est une analyse basée sur des entretiens biographiques traitant des différentes épreuves et bifurcations de sept femmes. La formation, le travail, la famille, la mobilité sont les principaux sujets du discours des interviewées. Ces dernières sont des femmes de pouvoir. Des femmes qui sont placées au sommet de l'hiérarchie et qui luttent au quotidien contre l'inégalité entre les sexes. Nous allons interpréter des situations clefs dans leur parcours de vie leur ayant permis la construction de leur identité professionnelle, ainsi que le renforcement de leur sentiment d'efficacité personnelle. A travers le discours des interviewées nous donnerons vie aux éléments vue dans la partie du cadre théorique.

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Un grand merci à Isabelle Collet, pour son intérêt et ses conseils.

Je remercie également Mathieu Sonney pour son soutient inconditionnel et Danielle Randriamampita pour son aide précieuse.

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉAMBULE ... 1

1. INTRODUCTION ... 2

2. CADRE THÉORIQUE ... 4

2.1GENRE ET ACCÈS AU POUVOIR ... 4

2.1.1.CONSTRUCTION SOCIALE ET HIÉRARCHIE :SEXE ET GENRE ... 4

2.1.1.1.IDENTITÉ SEXUÉE ... 6

2.1.1.2.REVENDICATION ... 7

2.1.2.EDUCATION DES FILLES ... 8

2.1.3.LES FEMMES AU POUVOIR DANS LE XXIE SIÈCLE ... 12

2.2.THÉORIE SOCIOCOGNITIVE : TRIADE DYNAMIQUE ... 15

2.2.1.SENTIMENT DEFFICACITÉ PERSONNELLE ... 16

2.2.2.L’INFLUENCE DU SENTIMENT DEFFICACITÉ PERSONNELLE DANS LA RÉUSSITE SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE ... 19

3. PROBLÉMATIQUE ... 21

4. MÉTHODOLOGIE... 23

4.1.L’ÉPREUVE DANS LES PARCOURS DE VIE ... 24

4.2.ETCOMMENT POURRAIT-ON Y PARVENIR ? ... 26

4.3.DÉROULEMENT DES ENTRETIENS :HISTOIRE DE RENCONTRES ET BREF PROFIL DES FEMMES QUI ONT ACCEPTÉ DE PARTICIPER À LA RECHERCHE. ... 27

5. ANALYSES DES ENTRETIENS ... 31

5.1.RUPTURE ET ÉPREUVE ... 31

5.2.UTILITÉ DE LA FORMATION DANS LE CADRE DU TRAVAIL ... 36

5.3.DIFFÉRENTS LIENS ENTRE LA FORMATION, LEMPLOI ET LE POUVOIR ... 42

5.4.SENTIMENT DEFFICACITÉ PERSONNELLE ... 48

5.5.QUELS SUPPORTS POUR CES FEMMES ... 53

5.6.(IN)DÉPENDANCE : DIVERSES FAÇONS DE SE PROJETER ... 55

6. CONCLUSION ... 58

7. BIBLIOGRAPHIE ... 62

ANNEXES ... 65

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PRÉAMBULE

Ces dernières années ont vraisemblablement été marquées par la prise de décisions importantes et révélatrices dans ma vie. Peut-être ce va et vient de situations fait partie essentielle de la vie de toute adulte  quelconque…  mais  comment  le  savoir,  si  je  suis  dans  ce   processus de maturation et de construction de moi-même ?

Avant la fin du cours du master Formation des Adultes j’ai  longuement  hésité  quant  au  thème   sur lequel mon mémoire allait porter. Par contre je souhaitais déjà utiliser la méthode d’entretien  biographique  pour  mon  mémoire, suite au séminaire - approches biographiques en formation des adultes - dispensé par le professeur Jean-Michel   Baudouin,   lequel   m’avait   particulièrement marqué. La question de la bifurcation des parcours de vie, le contact direct avec les gens, écouter leur  discours  et  leur  façon  de  parcourir  leur  vie,  m’a  émue  et  touchée J’ai  donc  commencé  à  me  pencher  sur  plusieurs  thèmes  qui  me  passionnent.  

Je souhaitais traiter dans cette recherche d'un thème qui fait beaucoup parler ; d'un thème qui est tabou, voir inconvenant, mais qui à travers les années a créé en moi un « mixed feelings », car il me révolte, et en même temps, nourrit mon esprit :  l’inégalité  entre  hommes  et  femmes.  

Je me suis souvent retrouvée dans ces situations agaçantes où les gens pensent que les femmes ne pourront jamais avoir les mêmes responsabilités professionnelles que les hommes car elles devront faire « le choix »  entre  famille  ou  travail,  ou  bien  que  les  femmes  n’ont  pas  développé   leur sentiment de compétitivité, c'est-à-dire   qu’elles ne sont pas « des requins ». Ou pire encore retrouver deux êtres humains qui font le même travail mais dont le montant du salaire versé   est   différent   selon   leur   sexe.   Or,   je   suis   convaincue   que   grâce   au   travail   et   à   l’effort   d’une   poignée   de   gens,   les   nouvelles générations pourront se regarder dans les yeux sans aucune  peur  d’être  jugées  par  rapport  à  leur  catégorie de sexe.

Le thème est posé ! Il fallait donc prendre du recul, organiser les idées, les questions et les sentiments.  C’est  alors,  grâce  à  l’intervention de la professeure Isabelle Collet, que je me suis rendue  compte  que  mes  questionnements  tournaient  toujours  autour  du  sentiment  d’efficacité   personnelle  et  de  la  construction  de  l’identité  professionnelle  des  femmes.  En  effet,  après  des   dizaines  de  lectures,  des  discussions  avec  mes  proches  et  un  voyage  dans  mon  pays  d’origine,   j’ai  donc  abouti  à  la  problématique  de  recherche.  Parallèlement  j'ai  travaillé  sur  la  formulation   d’hypothèses   et   sur   les   questions   de   recherche.   Tout   ce   processus   m’a   donné la possibilité d’acquérir  un  peu  plus  d’assurance  face  au  corps  du  travail.  

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1. INTRODUCTION

L’intégration  des  femmes  dans  le  monde  du  travail, après la révolution industrielle, a eu un grand impact dans la société. Cela a entraîné des changements dans tous les domaines.

Néanmoins, au fil du temps il   s’avère   que peu d'entreprises ont une véritable stratégie de développement des femmes à haut potentiel.

Bien que les positions des femmes aient évolué dans divers domaines (politique, industrielle, informatique, intellectuel, etc.) dans les pays développés et en voie de développement (source : www.un.org/fr/documents), leur leadership, c'est-à-dire leur capacité à diriger des individus   ou   organisations   dans   le   but   d’atteindre   certains   objectifs,   a encore beaucoup d'obstacles à surmonter. Peu à peu, on remarque les femmes commencent à occuper des postes  qui   jusqu’ici   leur    étaient  interdits.   Dans   le  domaine précis de la politique, plusieurs pays ont franchi la ligne en ayant des femmes occupant le plus haut poste dans leur gouvernement, notamment la chancelière Angela Merkel (Allemagne) et la présidente Dilma Roussef (Brésil) classée respectivement la première et troisième femme les plus influentes du monde (selon le magazine Forbes 2012). En ce qui concerne la Suisse, c’est  après  1971,  date  à   laquelle  les  femmes  ont  eu  le  droit  de  vote  et  d’éligibilité,  qu’elles  prennent  progressivement   une place de plus en plus important au Conseil Fédéral, ce dès 1984. Cependant il faut attendre 2008 pour atteindre la parité de nombre entre hommes/femmes. Néanmoins, cette prééminence ne se reflète pas au niveau de la participation féminine dans les hautes sphères de   ce   même   secteur   ou   dans   le   secteur   d’affaires.   Apparemment,   même   dans  un monde d’aujourd’hui   qui   voit tant de (ré)évolutions,   (re)constructions,  (re)transformations,  l’égalité   des chances pour les femmes en politique et dans le monde des affaires n'est que chimères.

Aujourd’hui   comme   toujours,   ce   sont   les   hommes   qui   ont   la   majorité   des   postes   à   haute   responsabilité, et particulièrement dans les pays en voie de développement. Malgré tous les efforts faits par les femmes, en termes de qualifications et d’engagement social, économique et culturel, les statistiques montrent leur faible présence dans les postes à haute responsabilité, sans  qu’il  n’existe  d’opposition formelle à de telles promotions dans les différents secteurs de notre société. Margarita Sanchez-Mazas explique le phénomène des femmes ancrées aux postes inférieurs à   la   fois   par   des   phénomènes   d’auto-censure mais aussi par des obstacles institutionnelles. Ce concept, plus connu par le nom de « plafond de verre » illustre l’ensemble   des   obstacles   visibles   ou   invisibles   qui   rendront  très difficile la promotion des femmes dans des postes au pouvoir ; « ce « plafonnement » des profils professionnels des

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femmes   serait   dû   à   un   ensemble   de   facteurs   invisibles,   comme   l’indique   la   métaphore   du   verre, qui laisse passer le regard et non les personnes, ouvrant la perspective tout en bloquant le mouvement » (Sanchez-Mazas et Casini, 2005, p. 142).

Dans un premier temps, ce travail de mémoire présentera dans une partie théorique, les définitions essentielles des deux termes : sexe et genre. Puis, nous  essayerons  ici  d’éclairer  la   manière  dont  se  construisent  l’identité  sexuée et le rapport au pouvoir. De plus nous traiterons brièvement   de   l’historie   de   l’éducation   des   filles   et   de   quelques   données   actuelles   sur   les   femmes aux postes de pouvoir. Pour la fin de cette partie théorique nous parlerons du sentiment  d’efficacité  personnelle,  et  de  l’influence  de  celle-ci dans la formation.

Dans un deuxième temps, nous mettrons en exergue la problématique de recherche, ainsi que les  questions  et  les  hypothèses  qui  donneront  sens  à  l’organisation  de  notre  mémoire.

Dans un troisième temps, nous introduirons la méthodologie, notamment la démarche des entretiens  biographiques.  En  effet,  l’approche  biographique  paraît  être  la  méthodologie  la  plus   adéquate pour recueillir les informations clefs qui vont me permettre, en tant que chercheuse, de connaître le parcours de vie de notre public cible. Les éléments caractéristiques de cette approche tels que les épreuves, les changements et les supports, prendront vie grâce à la narration des différents événements vécus par nos interviewées.

Ensuite,  dans  la  partie  d’analyse,  il  s’agira  de  l’interprétation  des  récits  de  vie,  puisque  nous   analyserons  les  changements  et  les  épreuves  liés  à  la  vie  professionnelle  et  l’impact  de  ceux-ci sur   leur   vie   privée.   L’analyse   nous   permettra   d’exposer   la   théorie à travers des situations concrètes de récits.

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2. CADRE THÉORIQUE

2.1 Genre et accès au pouvoir

2.1.1. Construction sociale et hiérarchie : Sexe et genre

Nous allons tout d’abord  définir le terme sexe et dans un deuxième temps le terme genre. Le terme sexe, selon son contexte, peut être principalement défini de trois façons différentes: le sexe  biologique,  le  sexe  d’état  civil  et  le  sexe  psychique.  

Les biologistes utilisent le terme de sexe biologique pour se référer « au différentes composantes permettant de caractériser ce qui relève du sexe biologique » (Collet, 2012, Glossaire genre). Il existe plusieurs facteurs qui rendront complexe cette catégorisation, car le sexe biologique se base sur le sexe chromosomique, le sexe hormonal, le sexe gonadique et le sexe anatomique. Chacune de ces composantes pouvant   différer,   on   parle   d’un   archipel   du   sexe  plutôt  que  d’un  continuum.

En matière physiologique, les cerveaux des mâles et des femelles sont différents du point de vu biologique, mais uniquement en ce qui concerne les fonctions reproductives. La sexualisation   du   cerveau   s’effectue   au   cours   du   développement   embryonnaire,   le   sexe   génétique   de   l’embryon   induit   la   formation   des   organes   sexuels   qui   fabriquent   aussi   des   hormones sexuelles qui vont ainsi pénétrer dans le cerveau. Ces hormones sont sécrétées dans le   sang   du   fœtus.   Tout   ce   processus   est   valable   chez   tous   les   mammifères   et   permet   la   reproduction  sexuée  nécessaire  à  la  survie  de  l’espèce.  Les  différences  dans  le  fonctionnement   cérébral entre les sexes ne peuvent être vérifiées scientifiquement. Les arguments les plus connus pour obtenir matériellement ces différences sont issus des tests de psychologie expérimentale où les facteurs socioculturels interfèrent en réalité avec les résultats (Vidal, 2006). Par exemple Vidal parle de la plasticité cérébrale. Elle nous donne comme exemple une recherche faite auprès de sujets qui apprennent à jongler avec trois balles. Après deux mois   d’apprentissage   les   zones   qui   contrôlent   la   vision   et   la   coordination de mouvements, sollicités par cet apprentissage, se sont épaissies, ce qui traduit la capacité du cerveau à se modeler  en  fonction  de  l’expérience  (Vidal,  2006,  p.  52).  

La   deuxième   façon   de   définir   le   sexe   est   selon   l’état   civil.   Le sexe   d’état   civil est la construction sociale du sexe binaire, en général il fait   concordance   avec   l’organe   génital   extérieur. Alors on est reconnu soit comme un homme, soit comme une femme.

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Finalement,  la  troisième  façon  de  définir  le  sexe  d’une  personne  est  selon  le sexe psychique qui est le sexe intérieurement ressenti et vécu ; il existe des personnes dont le sexe biologique diffère de leur sexe psychique, appelées transsexuelles.

Le genre quant à lui, peut   être   tout   d’abord,   défini   comme  la construction sociale du sexe d’état   civil.   La   société   crée   une   relation   directe   entre   sexe   et   genre,   c’est-à-dire que les comportements jugés masculin seront attribués aux hommes et les comportements féminins seront attribués aux femmes.

En revanche, dans un sens sociopolitique, selon Isabelle Collet (2010, p.111) « le genre est un ensemble de normes de sexe différenciatrices et hiérarchisantes, attribué aux individus indépendamment  de  leur  sexe  d’état  civil ».

Selon Nicole-Claude Mathieu (1997), le genre est relié aux activités sociales déjà préétablies et le sexe est plutôt relatif au biologique. De plus, la société atténue cette différence entre sexe et genre en assignant des fonctions précises à chaque corps social. Les aspects spécifiques du genre sont alors des conséquences de cette même différenciation sociale. En occident, les notions   de   sexe   et   de   genre   ont   un   recouvrement   obligatoire,   dans   d’autres   sociétés   les   définitions  n’y  sont  pas  aussi  claires,  il  y  a  plusieurs  facteurs  comme  l’ethnologie,  l’éducation   qui impliquent ces relations. De plus, toute croyance sert à instaurer une différence biologique et sociale des sexes.

Il faut souligner aussi que la division du travail dans notre société apparemment égalitaire n’est   pas   neutre,   il   s’agit   plus   de   domination   que   de  complémentarité. La répartition des tâches   reflète   l’écart   de   chances entre les sexes. En effet, la domination agit explicitement dans  la  construction  d’une  identité  sexuée  et  c’est  à  travers  l’identité de genre (Mathieu, 1973) que la société inculque aux sujets les devoirs et les interdits liés à la division du travail et aux obligations familiales. Dans ce contexte, « La division sexuelle du travail doit être analysée en tant que relation politique entre les sexes » (Tabet, 2000 p.16)

En ce sens, le féminisme ne semble pas être nécessaire si la citoyenneté est conçue comme un octroi « naturel »  qui  suppose  l’égalité  face  aux  droits  et  face  à  l’état  de  toutes  les  personnes ; cela  implique  que  n’importe  quel  attribut,  comme  celui  d’être  femme,  devient  accessoire. Les femmes  ont  intériorisé  et  reproduit  certaines  idées,  au  point  de  penser  qu’être  femme  amène  à   un avenir certain et naturel et n'ont pas besoin de revendications politiques après celle de la libération sexuelle.

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2.1.1.1. Identité sexuée

L’identité sexuée commence à se construire très tôt, dès la petite enfance grâce au contact des autres.  De  ce  fait  les  influences  extérieures  aident  les  enfants  à  s’identifier  eux-mêmes en tant que garçons et filles et à se placer dans les catégories sociales déjà établies. Ce qui rejoint Dafflon Novelle (2006), qui   dit   qu’il   a   deux   éléments   essentiels   pour   la   construction   de   l’identité  chez  l’enfant : « l’activité  de  l’adulte  sur  l’enfant  et  l’activité  de  l’enfant  à  travers   son observation du monde sexué » (Dafflon-Novelle, 2006, p. 21). Grâce  à  l’observation  du   monde les enfants apprennent très rapidement les comportements typiques des deux sexes

« Dès 2-3 ans, les enfants ont déjà connaissance des activités, professions, attitudes stéréotypiquement dévolues à chaque sexe » (Dafflon-Novelle, 2006, p.14). Dans notre société, l'actualité des nombreux éléments (jeux, médias, vêtements, sport, etc.) influenceront le comportement des enfants mobilisant davantage de stéréotypes issus des inégalités entre les deux sexes. Pareillement, la famille est un des noyaux essentiels pour la socialisation première,   et   particulièrement   pour   la   prise   de   repères   dans   la   construction   de   l’identité   sexuée : « les parents sont en particulier le témoignage vivant de comportements plus ou moins conformes au « féminin » et au « masculin »,  et  plus  largement  d’une  certaine  division   du travail et des compétences entre les sexes» (Duru-Bellat, 2004, p. 14). Les individus au fur et à mesure du développement de leur vie enfantine, construisent et renforcent leurs comportements, leurs émotions, ainsi que la hiérarchie des sexes en aboutissant enfin aux rôles caractéristiques du « féminin » et du « masculin » (Dafflon Novelle, 2006). Il semblerait que « les   stéréotypes   de   sexe   apparaissent   d’ailleurs profondément intériorisés et leur légitimité non discutée, chez les enfants de 6-11 ans » (Short, 1993 in Duru-Bellat 2004, p.93).

En  ce  qui  concerne  l’école,  les  stéréotypes  des  sexes  ont leur place au sein de la classe. Les enseignant-e-s recourent assez souvent aux oppositions entre les garçons et les filles pour gérer  mieux  les  différentes  situations  qui  peuvent  se  présenter  au  cours  d’une  classe.  En  effet,   les mots et les remarques adressés aux élèves sont fortement sexués. Par exemple les remarques  concernant  l’apparence  physique  sont  spécialement  adressées  aux  filles,  tandis  que   les réactions des enseignant-e-s  envers  les  comportements  d’agressivité  chez  les  garçons  ou   chez les filles sont mitigés. En effet, chez les garçons ces comportements sont jugés naturels mais   quand   il   s’agit   des   filles   ces   mêmes   comportements   sont   tout   à   fait   impensables.   Les   filles   sont   perçues   comme   des   sujets   qui   peuvent   rendre   l’atmosphère   de   la   classe   plus   studieuse selon leur emplacement stratégique dans la salle du cours, la proportion de filles et

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de garçons est donc importante pour le climat général des classes. (Duru-Bellat, 2004). Les chercheurs estiment que les enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles (44% de leur temps), même si cette différence semble minime, à travers ces contacts, les garçons reçoivent un enseignement plus personnalisé, alors que les filles sont davantage traitées et perçues comme un groupe (Duru-Bellat, 2004). En générale, « les différences de traitement observées chez les maitres sont le reflet des différences de comportement des élèves ». Ainsi quand les garçons posent des problèmes à cause de leur agitation et leur mauvaise discipline, les  enseignants  leur  consacrent  plus  d’attention,  créant  d’avantage  de  moments  personnalisés ; ceci  accentue  aussi  l’idée  que  les  garçons  dominent  les  interactions,  car  la  discrétion  des  filles   en   classe   fait   qu’on   leur   donne   moins   la   parole.   Néanmoins   les   filles   demandent   plus   couramment  de  l’aide  et  ceci  amènerait les enseignants à interagir avec elles de manière plus constructive. (Duru-Bellat, 2004, p. 92). Cependant quand les filles se retrouvent en groupe mixte  dans  une  situation  d’interaction  compétitive,  elles  auront  tendance  à  diminuer  leur  auto- attribution de compétence, et à se sous-estimer en présence de garçons. (Mosconi, 2004, p.166).

Au total, les garçons et les filles « luttent » tout au long de leur vie scolaire pour se positionner dans les rôles spécifiques de chaque sexe. Cette position les assurera dans leur identité sexuée. Ainsi,  bien  réussir  à  l’école,  le  souci  de  plaire  à  l’autre,  l’apparence  physique   et la maturité seront dénoncés plutôt comme « féminin », alors que se faire remarquer, dominer,  avoir  l’indépendance  et  la  capacité  de  défier  les  règles  seront  dénoncés  comme  des actions plutôt « viriles ». Néanmoins, comme le souligne Duru-Bellat, (2004, p.95), il existe des cas de « résistance » qui cassent « le régime du sexe », notamment le cas des filles qui défient ouvertement leur environnement, en utilisant des attributs dit féminins à des fins de perturbation scolaire (bavardages, ricanements, maquillage en classe, etc.) voire aussi des comportements de « garçon manqué ».

2.1.1.2. Revendication

Si nous suivons la logique traditionnelle ; femme et féminité semblent être des concepts indissociables. Ces deux concepts sont en relation avec un corps biologiquement particulier et aussi   avec   des   pratiques   et   des   comportements   jugés   logiques   dans   l’ensemble   des   caractéristiques biologiques :   l’instinct   maternel   ou   l’association de la sensibilité avec la féminité. Pourtant, se référer au corps permet de visualiser les inscriptions symboliques qui caractérisent les pratiques féminines. Selon le rapport millénaire pour le développement des Nations Unies 2008 « les 60% des 1000 millions de personnes les plus pauvres du monde sont

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des femmes et des filles. Les 66% des 990 millions des adultes analphabètes sont des femmes, et  les  filles  représentent  70%  des  130  millions  d'enfants  qui  ne  vont  pas  à  l’école ». De plus, il semble que les faits soient aussi frappants deux ans après « En 2010 il y avait encore 122 millions de personnes ayant entre 15 et 24 ans (74 millions de femmes et 48 millions d’hommes)  qui  étaient  incapables  de  lire  et  d’écrire  un  petit  exposé  simple  sur  leur  vie  de  tous les jours »( www.un.org/fr/documents/). En  d’autres  termes,  le genre joue un rôle central au moment   d’expliquer   des   phénomènes   comme   la   féminisation   de   la   pauvreté   ou   de   l’analphabétisme  car l’inscription   initiale   de   « genré » un corps comme étant féminin a de grande chances  d’engendrer  des  situations  d’inégalité  et  de  domination.  Alors,  naître  femme n’est  pas  la  même  chose  que  naître  homme.

Nous pouvons dire que le problème commence au moment de « naître femme », puisque les femmes ne naissent pas dans des familles plus pauvres ou avec moins de possibilités de s’éduquer que les hommes. En revanche, une famille manquant de moyen, selon par exemple le pays, le statut social ou la religion, aura tendance à  privilégier  l’éducation  des  garçons  de  la   famille. Il est donc clair que « être femme » ne se réduit pas à quelque chose qui ne définit que  l’organe  génital  d’un  bébé mais  aussi  d’une  inégalité  des  chances  acquise  à la naissance.

Dans la quête de la revendication, la question de la sexualité et la reproduction des femmes se font écho. Car ce sont des moyens complexes de pression sociale, physique ou idéologique,

« la   sexualité   n’est   pas   pour   les   femmes   une   expression   individuelle,   subjective,   mais   une   institution sociale de violence » (Wittig in Tabet, 2000, p. 94). En effet, la sexualité des femmes -étant toujours associée à la reproduction, notamment dans le mariage- serait donc exercée  en  fin  de  la  fécondation,  la  grossesse  et  l’accouchement.  Selon  Tabet  (2000)  il  n’est   pas  question  d’examiner  les  formes de sexualité des femmes ou des hommes. Par contre « Ce qui   est   en   jeu   est   un   rapport   politique   entre   les   sexes   où   l’on   peut,   ou   non,   contraindre   l’autre,  exproprier  l’autre  de  sa  personne  même » (p.95). Cette idée obligera toutes sociétés humaines à s’interroger   sur   la   limitation   de   la   sexualité   des   femmes   à   cette   forme   exclusivement reproductive (p. 96).

2.1.2. Education des filles

Tout  d’abord  nous  aborderons  l’histoire  de  l’éducation  des  femmes  et  la  mixité  scolaire,  pour   ensuite développer davantage les différences socio-sexuées des savoirs et des résultats dans l’éducation ; lesquelles influencent la création des inégalités entre sexes et poussent très tôt à la   construction   des   stéréotypes   de   sexe.   Effectivement,   l’éducation   initiale   joue   un   rôle

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prépondérant   dans   l’avenir   professionnel   des   femmes,   ainsi   que   dans   leurs   croyances   de   réussite.

Par   le   passé   l’éducation   des   femmes   ne   faisait   pas   partie   des  préoccupations de la société.

Dans   la   Grèce   ancienne,   l’éducation  était un privilège qui ne concernait que les hommes puisque les femmes étaient par nature inférieures. Pour Aristote, en particulier, « un mâle est mâle   en   vertu   d’une   capacité   particulière,   une   femelle   est   une   femelle   en   vertu   d’une   incapacité particulière » (Aristote, Génération  d’animaux  I,  178a).  Retenons  l’expression  par nature pour une future réflexion.

La  fin  du  XIXe  siècle  est  notamment  très  importante  par  rapport  à  l’enseignement  des filles.

L’ouverture   de   l’enseignement   secondaire   féminin constitue un premier pas important puisqu’il   a   permi   également   la   création   d’école   normale   féminin. Même si les filles apprenaient les connaissances de base (lire, écrire et compter) à l’école  obligatoire, elles ont été longtemps exclues, des branches comme la physique, la chimie, la géométrie et le latin.

Au début du XXe, les jeunes filles de milieux privilégiés pouvaient éventuellement accéder aux institutions de formation supérieure (gymnases, universités, etc.). Néanmoins, il y avait encore d'énormes obstacles à surmonter pour une reconnaissance formelle de leurs diplômes.

Actuellement   dans   notre   société,   l’école   obligatoire   tend   vers   l’égalité. Les filles et les garçons fréquentent les mêmes classes depuis 1981 et ont tout à fait les mêmes droits : ils/elles partagent les mêmes loisirs, les mêmes horaires, les mêmes sports et sont vraisemblablement traité-es de la même façon par le corps enseignant. Les lois concernant l’éducation   obligatoire   sont   basées   sur   l’égalité   des   chances   entre   garçons   et   filles.   Nous   constatons  que  l’offre  de la  formation  est  ouverte  d’égale  manière  pour  les  deux  sexes.  

Dans   le   système   scolaire   mixte   les   filles   font   preuve   d’une   plus   grande   réussite que les garçons. Les filles réussissent en moyenne plus brillamment leurs diplômes et obtiennent de meilleures notes, notamment dans les filières de biologie et physique. Dans le cas des garçons, ils  réussissent  plus  dans  la  filière  de  mathématiques,  reconnu  comme  une  filière  d’excellence.  

(Marry,  1999,  p.48).  Ceci  dit,  quand  il  s’agit  du  choix  de  filière  pour  la  suite de leurs études

« il semblerait que les garçons respectent plus longtemps la hiérarchie des disciplines, retardant au maximum leur choix quand il passe par une voie moins valorisée, alors que les filles  s’orienteraient  précocement,  plus  désireuses  de  réaliser  leur  projets  que  d’obtempérer   aux injonctions de valeurs dominantes ». (Marry, 1999, p.50).    Lors  du  passage  de  l’école  à   l’université,  Un grand nombre des jeunes filles ont tendance à se cantonner à des études

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moins scientifiques que les garçons. Cela   soulève   encore   aujourd’hui   comme   hier   des   discriminations liées au sexe dans le système scolaire. Il semblerait,  comme  nous  l’avons  déjà   signalé, que   nous   ne   puissions   pas   parler   d’égalité   des   chances   entre   les   sexes. Les enseignants, les manuels, les programmes sont modelés de telle façon que les stéréotypes de sexe influencent les interactions dans la classe.

Ce phénomène nommé le curriculum caché affaiblit la confiance des filles en elles-mêmes et en leurs capacités. Puisque le curriculum est « un  parcours  d’éducation,  un  ensemble  continu   de  situations  d’apprentissage  auxquelles  un  individu  se  trouve  exposé  au  cours  d’une  période   donnée, dans une institution formelle ». (Mosconi, 1994, p. 117). Par  exemple,  l’interaction   des enseignant-e-s avec leurs élèves garçons dans les classes mixtes est plus élevée que leur interaction avec les filles. Les enseignant-e-s auraient 56% des interactions avec les garçons durant la classe. (Mosconi, 2004, p. 168) Ceci engendre une différence de comportement didactique : les garçons sont plus souvent et plus longtemps encouragés et critiqués en fonction de leurs nécessités.

Les contributions des garçons sont plus valorisées que celles des filles, ainsi la réussite des garçons est attribuée à leur intelligence et est félicitée en conséquence, tandis que la réussite des filles est attribuée à leur caractère appliqué et elles sont félicitées pour leur bon comportement.   L’école   aussi   utilise   malheureusement   du   matériel   pédagogique   inadéquat,   lequel crée et renforce, inconsciemment, les stéréotypes de sexe dans un monde traditionnellement   fait   pour   les   hommes   et   où   les   femmes   s’autolimitent   à   des   domaines   reconnus comme typiquement féminins. Cette division socio-sexuée du savoir se répercute considérablement sur les orientations   et   les   filières   d’études   des   filles   et   garçons.   Selon   Mosconi (2004) il existe de grandes disparités entre les filières industrielles majoritairement masculines  et  les  filières  tertiaires  majoritairement  féminines.  Quant  à  l’enseignement  général   même si la ségrégation est moins significative, les filles préfèrent pourtant la section littéraire et les garçons se retrouvent plutôt dans les sections scientifiques. (p. 170). Cette séparation crée notamment la ségrégation sur le marché du travail : les emplois « masculins » et les emplois « féminins » ainsi que   l’éloignement   de   l’image   de   soi   dans   ces   emplois.   Par   exemple, pour les femmes, un choix   d’orientation  permettant d’accéder   à   des   métiers   plus   compatibles avec les charges familiales. Pour Françoise Vouillot (2011) « l’orientation  n’est   pas seulement une démarche personnelle mais également un objet politique et une pratique sociale,   on   ne   peut   pas   aborder   la   question   de   la   division   sexuée   de   l’orientation   sans   la   replacer dans un contexte historique, social et politique » (Vouillot, 2011, p.19). En effet,

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l’engagement  des  filles  dans  les  filières  scientifiques  est  régulièrement  souligné  et  est  perçu   par autrui comme un choix atypique Néanmoins, les filles réussissent plus brillamment que les garçons, une fois elles sont engagées dans ces filières. Car tout d’abord,  elles  se  sont  auto- sélectionnées et qu’ensuite les enseignant-e-s ne corrigent pas cette auto-sélection. Dans cette perspective, le sentiment compétence est renforcé. En guise de résumer, Vouillot (2011) constante que les  représentations  sexuées  des  métiers  et  d’orientation  chez  les  filles  et  garçons   sont nombreux et que les enseignants par leurs pratiques pédagogiques peuvent influencer le choix   d’orientation   chez   les   élèves ; le genre et la construction des identités sexuées jouent donc un rôle essentiel dans  le  choix  d’orientation.

Cette analyse se reflète dans les statistiques des années 2000 et suivantes de l’éducation  en   Suisse. En effet, il y a plus de femmes diplômées que les hommes, notamment dans la formation de degré tertiaire (hautes écoles spécialisées et universitaires). Par exemple, les diplômes de bachelor des hautes écoles spécialisées et universitaires délivrés sont plus significatifs pour les femmes 54.7% et 52.4% respectivement. Cependant dans le cas de la formation de degré secondaire professionnelle, les femmes sont moins présentes ; 46.6% des diplômés sont des femmes, contre 57.1% pour la maturité gymnasiale. (Source : www.bfs.admin.ch) L’école,  dont  la  mixité  véhicule  tout un curriculum caché, est donc loin d’être  neutre.  (Duru-Bellat, 2004).

L’éducation  des  adultes,  une  nouvelle  pédagogie ?

A la fin des années 80 de nouvelles démarches pédagogiques en éducation des adultes sont nées, notamment celle du portfolio et du bilan de compétence. Pour les femmes la création de ces   démarches   a   été   un   point   d’appui   important   pour   les   revendications   féministes.   La méthode du portfolio les aide en effet à mettre en évidence leur potentiel ainsi qu’à  «viser une prise de conscience par les femmes de leur oppression, due au système capitaliste autant qu’au   système   patriarcal » (Ollagnier, 2009, p. 145). Les dispositifs de formation ont été envisagés comme une stratégie par rapport à la remise en question de normes masculines qui définissent le savoir, permettant aux femmes d’avoir  des  diplômes  et  s’établissant  en  termes   de qualification. Mais il a été parfois difficile de formaliser la volonté de sortir des normes masculines par l’originalité   d’un   dispositif   de   formation.   Plusieurs  questionnements se sont donc posés: comment éviter de retomber dans des schémas de reconnaissances stéréotypes des savoirs selon le sexe ? Faut-il viser une intégration au marché du travail à travers la validation

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des acquis au sein de la sphère privée ? Comment donner une place aux compétences développées par les femmes ? (Ollagnier, 2009, p.146).

De   nos   jours   il   est   difficile   d’identifier   les   impacts   de   dispositifs   de   formation   soucieux   et   respectueux  d’un  public  de  femmes, car ils se sont développés dans des contextes complexes.

Néanmoins,  par  les  travaux  d’Edmée  Ollagnier  (2009),    nous  savons  que  grâce  à  ces  nouvelles   modalités pédagogiques mises en place en fonction des besoins des femmes, on a eu des répercussions évidentes en formation des adultes. Par  exemple,  intégration  de  l’ensemble  des différentes   sphères   de   la   vie   et   validation   des   compétences   par   le   biais   de   l’expérience   féminine. Cependant, ces démarches ne sont pas toujours exemptes de stéréotypes de genre.

Ceci   peut   s’expliquer   par   une   division stéréotype des rôles et des comportements qui découlent  d’une  construction  sociale.      

2.1.3. Les femmes au pouvoir dans le XXIe siècle

L’éducation   des   femmes   et   des   filles,   la   participation   politique   des   femmes,   la   libération   sexuelle, les   droits   des   femmes,   la   maternité,   l’égalité   dans   les   rémunérations   salariales,  la violence contre les femmes, sont des thèmes qui ont déjà   fait   plus   d’une   fois   la   une   des   medias. Pourtant, en fin de compte quels ont été les résultats ? En matière de participation dans les gouvernements, selon le document des objectifs du millénaire pour le développement 2012 des Nations Unies les résultats laissent encore à désirer : « À la fin de janvier 2011, les femmes représentaient 19,7 % des parlementaires au plan mondial. Cela revient à presque 75 %  d’augmentation  depuis  1995,  lorsque  les  femmes  occupaient  11,3 % des sièges au plan mondial, et une augmentation de 44 % par rapport au niveau de 2000. Alors que les tendances indiquent une augmentation de la représentation des femmes dans les parlements, le  taux  de  représentation  reste  faible  dans  l’ensemble et le progrès est inégal ». Il est difficile de  comprendre  qu’après  toutes  les  avancées  en  matière  de  droits  et  de  politiques  mondiales,   les femmes soient toujours mises  à  l’écart dans certaines régions, même celles qui ont fait des études  supérieures.  De  plus,  leur  pourcentage,  bien  qu’ayant  augmenté,  reste  loin  d'une  parité   homme/femme.

Pour autant la croissance de la féminisation des métiers constitue près de la moitié des actifs : 46% en 2004 (Marry, 2006). Cependant selon Marry « les variations de sexe des métiers ne conduisent ni à une vraie mixité, ni à une complète égalité. » (p. 84). De plus, « cette non mixité  des  emplois  s’accompagne  d’une  moindre  valorisation professionnelle et salariale des

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emplois exercés par les femmes ». Lors de ce double phénomène, les sociologues parlent de la ségrégation professionnelle. Car une fois encore les représentations liées à chaque sexe ont de grandes répercussions dans le rapport au métier, sont toujours associées aux femmes les qualités relationnelles  et  l’incompétence  technique  et  aux  hommes  la  capacité  à  commander,   la créativité et les habilités techniques (Marry, 2006).

Dans les professions supérieures qui ont un accès  direct  au  pouvoir,  l’entrée  des  femmes  est   liée  aux  diplômes  autorisant  l’exercice  de  la  profession.  En  effet,  « le diplôme représentant un atout   plus   central   encore   pour   elles   (les   femmes)   que   pour   les   garçons   dans   l’accès   à   l’autonomie  professionnelle, financière, personnelle » (Marry, 2006, p.84). Avec ce dernier, le déni de leur qualification dans le cas des professions supérieures est moins probable.

Néanmoins, se véhicule aussi le concept de qualités du féminin ou du masculin, lesquelles engendrent la disparité et conduisent les femmes à rester dans des positions moins visibles et moins  prestigieuses.  Marry  (2006)  en  s’appuyant  sur  les  études  d’autres  chercheurs  signale :

« l’évidence  arbitraire  des  justifications  de  la  division  sexuelle  du  travail  par des « qualités » différentes ou spécifiques à chaque sexe. » Elle affirme : « Aucun outil, aucune technique, aucun  apprentissage  n’a  un  sexe  « naturel ».  (p.86).  Marry  (2006  p.91)  évoque  l’exemple  de   la  féminisation  de  la  police  française  avec  l’accès  des  femmes  à  l’usage  de  la  violence  légale :

« si  la  présence  des  femmes  dans  le  monde  viril  n’adoucit  pas  ses  mœurs,  elle  introduit  une   perturbation  dans  le  regard  porté  au  sein  et  à  l’extérieur  de  cette  institution » car comme le souligne Paola Tabet (2000) « le   monopole   de   l’arme   a   une   importance   décisive   dans   les   rapports entre hommes et femmes :   c’est   en   effet   dans   la   technologie   qui   crée   les   armes   et   dans les armes mêmes que se produisent les progrès les plus importants, ceux qui marquent la distance entre outils masculins et féminins, puisque les armes sont en même temps des outils de  production  privilégiés.  Mais  l’aspect  qui  prévaut  est  celui  du  contrôle  de  la  force ;;  d’où  le   rigoureux  interdit  imposé  aux  femmes  quant  à  l’emploi  des  armes. » (p.66)

A   ce   sujet,   Geneviève   Pruvost   l’auteure   de   la   thèse   de   doctorat,   « l’histoire   de   l’entrée   de   femmes dans les différents métiers de police », analyse « les opérations visant à endiguer l’afflux   de   femmes   dans   la   police,   en   maintenant   la   croyance   dans   la   nécessité de la force physique et dans la suprématie « naturelle » des hommes dans ce domaine ». (in Marry, 2006, p.92). Il est évidant que les qualités accordées à chaque sexe persistent, en effet la force physique et la suprématie masculine sont des critères de sélection, le policier est présenté comme un homme grand et fort. Nous percevons ici que même si les avancées sont visibles, les femmes sont toujours discriminées, soit à cause de leur condition physique, soit par les

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qualités assignées arbitrairement aux deux sexes. En somme « La division sexuelle du travail avec  ses  formes  d’accès  inégal  aux  moyens  de  production  aux  outils,  la  répartition  inégale  de   ressources,  l’inégalité  des  salaires,  tout  cela  de  façon  différente  selon  les  sociétés,  constitue   la base  d’un  échange  inégal  où  les  femmes  cèdent  non  seulement  leur  capacité  de  travail,  leur   travail productif, mais aussi leur capacité de procréation, leur corps entier » (Tabet, 2000, p.

97).

Il est donc essentiel de parler de la notion de « pouvoir ». Le pouvoir est défini comme :

« Avoir la possibilité, les moyens physiques, matériels, techniques, etc., intellectuels, physiologiques de faire quelque chose, autorité, puissance, de droit ou de fait, détenu sur quelqu’un,   sur   quelque   chose » (Le petit Larousse, 1996). Celui qui exerce le pouvoir, collectivité ou individu, est influencé par les mythes, le langage et les symboles. Pour la société   le   rapport   qu'ont   les   femmes   au   pouvoir   n’est   pas   le   même   que   celui   qu'ont   les   hommes. Pour exercer le pouvoir il faut avoir certes les caractéristiques typiques du monde masculin ;;  de  l’ambition,  de  la  confiance  en  soi,  de  la  compétitivité,  un  fort  caractère,  etc.  Les   femmes résistent souvent aux restrictions et aux impositions, et luttent pour montrer leurs capacités. Or elles sont rattrapées par des questionnements liés à la famille, au couple ou aux compétences. Souvent ces questionnements sont fortement attachés aux notions préétablies par leur entourage. Donc, le concept de pouvoir est souvent mal interprété et beaucoup de problèmes restent non résolus notamment en ce qui concerne l’octroi  de  pouvoir  aux  femmes   pour agir sur leur propre condition sociale, politique et économique. . Pour Jacqueline Laufer (2008) de nombreuses inégalités et discriminations persistent dans la situation des femmes sur le marché du travail salarié, ainsi que dans celle du travail domestique. Celles-ci en dépit de l’essor   de   l’activité   féminine,   de   la   progression   des   scolarités   féminines   et   de   l’homogénéisation   du comportement   d’activités reconnus comme étant soit masculins soit féminins. Ces inégalités et discriminations concernant tant les salaires que les carrières, l’emploi  féminin  reste concentré sur un petit nombre de professions fortement féminisées et souvent peu qualifiées, aussi l’emploi   à   temps   partiel  et leur situation familiale sont des facteurs d’inégalité  supplémentaires. De plus, même si les femmes constituent plus du tiers des cadres et professions intellectuelles supérieures,  elles  ne  sont  qu’une  minorité des équipes dirigeantes dans les entreprises. En  effet,  la  situation  actuelle  des  femmes  dans  l’univers  du   travail salarié est ambigüe, d’un  coté  nous  constatons  un progrès  quant  à  l’emploi  féminin  et   les   lois   concernant   l’égalité   professionnelle,   mais   d’un   autre   coté   les   inégalités   et   les   discriminations persistent.

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Aujourd’hui  le  rôle  passif  et  le  manque  d’ambition  chez  la plupart des femmes persistent. Les femmes ont tendance à se sous estimer, de même que leur vocabulaire et leur comportement modeste  témoignent   de  l’attitude  typique  du  manque  de  confiance   en  soi.   Elles  ont   souvent   peur de ne pas pouvoir être à la hauteur et faire valoir leur opinion. Selon Kanter (1977) les femmes doivent fournir davantage d'efforts par rapport à ceux de leurs pairs masculins. De ce fait  les  femmes  adoptent  des  stratégies  d’autolimitation  de  leurs  compétences  et  font  « profil bas ». L'« hypothétique nature féminine » est fondée sur un système de valeurs et de priorités différentes de celles des hommes dont nous pouvons   notamment   citer   l’amour,   la   communication, la beauté et les rapports humains (Gray, 1994). Donc, par conséquence les femmes ne sont pas attirées par le rapport au pouvoir, la prise de décisions et moins encore par  des  métiers  où  l’ambition  et  la  compétitivité sont un avantage. Une telle idée ne devrait absolument pas être omise dans un environnement particulièrement dirigé par des modèles masculins renforcés à travers le temps.

2.2. Théorie sociocognitive : triade dynamique

La théorie sociocognitive élaborée par Albert Bandura dans les années 80 tire ses racines du behaviorisme et de la psychologie sociale. La théorie sociocognitive est basée sur la notion d’interaction  entre  de  facteurs  personnels,  de  comportement  et  d’environnement.  En  effet,  « la personne  est  un  sujet  qui  traite  activement  l’information  qui  lui  parvient  et  produit  des  attentes   à  l’égard  des  autres  et  des  choses,  plutôt  qu’un  acteur  réagissant  de  façon  automatique  à  des   contingences de renforcement » (Bandura, 2004, p.31). Ainsi, par le biais du feed-back et de la  réciprocité,  la  réalité  d’un  individu  se  forme  grâce  à  l’interaction  de  l’environnement  et  de   la cognition (la pensé, les représentations, les prises de conscience) donnant des réponses comportementales. En   d’autres   termes,   la   théorie   sociocognitive   tente   d’expliquer   le   comportement humain en   termes   d’interactions   continues   entre   les   déterminants   cognitifs,   comportementaux et environnementaux

Dans la théorie sociocognitive, le fonctionnement psychologique est analysé au travers d’une casualité réciproque triple appelée « triade dynamique » : personne, comportement et environnement. Ces trois types de facteurs entrent donc en interaction deux à deux. « Les facteurs internes à la personne concernent les événements vécus au plans cognitif, biologique et leur perception d’eux   même (efficacité personnelle, buts cognitifs, analyse et réactions affectives de soi). Les déterminantes du comportement décrivent   les   patterns   d’actions   effectivement réalisées et les schémas comportementaux.  Les  propriétés  de  l’environnement   social   et   organisationnel,   les   contraintes   qu’il   impose,   les   stimulations   qu’il   offre   et   les  

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réactions   qu’il   entraine   aux   comportements   représentent   le   déterminant  environnemental » (p.32)

PERSONNE

ENVIRONNEMENT COMPORTEMENT

Dans ce système de   casualités   multiples,   l’influence   de chaque interaction réciproque dépendra   de   l’activité   en   cours,   des   circonstances   situationnelles   et   des   contraintes   socioculturelles. Pour le développement de ce travail, nous sommes particulièrement attirés par la   notion   de   sentiment   d’efficacité   personnelle  de la théorie sociocognitive, qui est à l’origine  de  la  question  des  contributions  causales  des  sujets  sociaux  eau-mêmes à leur propre pensées, motivations et actions.

2.2.1. Sentiment  d’efficacité  personnelle  

La nature nous dote de possibilités mais seule la croyance que nous avons en nos capacités les convertit en réalités. Les personnes croyantes et confiantes en leurs aptitudes, sont celles qui sont vraiment capables de surmonter leurs propres limites. Albert Bandura a développé le concept du  sentiment  d’efficacité  personnelle (SEP). Il s’agit  de la « capacité productrice au sein de laquelle les sous-compétences cognitives, sociales, émotionnelles et comportementales doivent être organisées et orchestrées efficacement pour servir de nombreux buts » (Bandura, 2004, p.60).

Pour Bandura un   individu   possédant   un   fort   sentiment   d’efficacité   personnelle   se   verra   réussir  dans  ses  activités,  persévérer  en  présence  d’épreuves et ne lâchera pas la tâche en cas d’échec  (Bandura,  2003).  Les  buts  personnels  sont  sources  de  motivation,  mais  seulement  à   condition   que  l’individu  obtienne  des  feedbacks  continus  dans  le  prolongement  de  ses  buts.  

Ces feedbacks permettront une meilleure  intériorisation  du  sentiment  d’efficacité  personnelle.  

Une fois que la personne atteint son but, elle éprouvera également de la satisfaction personnelle et celle-ci   deviendra  le  moteur  principal  de  la  motivation.   Il   n’est   pas  question,   pour Bandura, de travailler juste sur les buts finaux, car ces buts peuvent nous nuire, nous

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intimider ou nous déborder. Il faut donc fractionner le chemin par étapes et pour chaque étape réussie,  le  sentiment  d’efficacité  personnelle  augmente.  

En général, la création du sentiment  d’efficacité  personnelle  se  construit  durant  les  premières   années  de  vie.  L’enfant  ne  peut  pas  faire  des  autoévaluations  adéquates,  il  s’en  référera  aux     jugements   d'autrui   pour   la   création   du   sentiment   d’efficacité   personnelle.   Pendant   cette   période les parents et les formateurs peuvent l'aider à développer un solide sentiment grâce aux devoirs et aux accompagnements. Entre les formes de création et de développement du sentiment   d’efficacité   personnelle   il   existe   quatre   sources   d’information : la maîtrise personnelle,   l’apprentissage   social,   la   persuasion   par   autrui,   et   l’état   physiologique   et   émotionnel.

La maîtrise personnelle représente la façon la plus « effective » de créer un fort sentiment d’efficacité   personnelle   et   la   réussite   des   tâches. Tandis que les réussites construisent une forte confiance en soi, les échecs produisent le contraire, spécialement si les échecs arrivent avant   la   solidification   du   sentiment   d’efficacité.   Le   sentiment   d'efficacité   solide   ne   se   construit pas avec des succès éphémères, car si la personne n'expérimente que ceux-ci, elle peut  s'habituer  à  des  résultats  faciles  et  rapides  et  se  décourager  plus  facilement  face  à  l’échec.  

A   contrario,   l’expérience   de   vaincre   les   obstacles   par   des   efforts   persévérants   construit  un solide  sentiment  d’efficacité.  Par  la  suite,  quand  les  personnes  seront  convaincues  qu'elles    ont   le nécessaire pour réussir, elles persévéreront et pourront se relever plus rapidement face aux adversités (Lecomte, 2004).

L’apprentissage  social  se  fait si les personnes voient des pairs réussir des activités avec succès en  faisant  un  effort  constant.  La  croyance  qu’elles  pourront  parvenir  à  atteindre  des  activités   similaires sera renforcée (Lecomte,   2004).   L’observation   de   « modèles » est importante, surtout  quand  il  s’agit  de  développer  le  sentiment  d’efficacité  pour  des  tâches  non  familières.  

Les « modèles » ont deux rôles importants :   d'un   côté,   ils   permettent   d’échelonner   les   standards sociaux par rapport au jugement que portent les individus sur leurs propres capacités ; d'un autre côté, les individus cherchent des modèles qui ont les compétences souhaitées. Ces « modèles », à travers leur manière de penser et de se comporter, transmettent des connaissances, des stratégies et le savoir faire afin de répondre de manière satisfaisante aux  demandes  de  l’environnement  (Bandura,  1995). Benoît Galand (2004, in Bandura), parle d’ailleurs d’expériences  vicariantes  et  rejoint  Lecomte sur  le  fait  qu’« observer la réussite ou l’échec   des   autres   personnes   dans   une tache   peut   jouer   sur   le   sentiment   d’efficacité   d’un  

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individu par rapport à cette tache, surtout si ces personnes partagent avec lui un certain degré   de   similitude   qui   facilite   le   processus   d’identification   (âge,   genre,   niveau   scolaire,   etc.) » (p. 100).

La   persuasion   par   autrui   est   une   autre   source   du   sentiment   d’efficacité   personnelle.   Les   personnes  persuadées  verbalement  qu’elles  possèdent  les  capacités  nécessaires  pour  dominer   une tâche, sont plus sujettes à faire un effort considérable et constant par rapport à celles qui doutent de leurs propres capacités (Bandura, 1995).

La   dernière   source   est   l’état   physiologique   et   émotionnel.   Les   personnes   ont   tendance   à   se   laisser guider par leurs états corporels et psychologiques afin d'évaluer leurs capacités. De cette  manière,  elles    déduisent  que  les  réactions  de  tension  et  de  stress  sont  signes  d’une  faible   performance  ou  de  vulnérabilité.   L’humeur  influence  aussi  l’évaluation   de  l’individu   face  à   son   sentiment   d’efficacité.   La   mauvaise   humeur     diminue   le   sentiment   d’efficacité   personnelle,  tandis  que  la  bonne  humeur  l’augmente.    

Bandura   a   aussi   accordé   de   l’importance   à   l’interaction   qui   existe   entre   les   croyances   d’efficacité   et   la   réceptivité   de   l’environnement.   Quand   l’environnement   d’un   sujet est favorable à son développement, ses comportements seront positivement influencés, ainsi les résultats seront plus accordés aux attentes de son groupe social. Ci-dessous nous reprendrons le  tableau  qui  montre  le  rapport  entre  les  croyances  d’efficacité et les attentes de résultat.

Donc   quand   les   attentes   de   résultat   sont   faibles,   les   sujets   avec   un   sentiment   d’efficacité   personnelle élevé auront tendance à mobiliser davantage leurs efforts et même à changer de pratiques   (quadrant   1),   tandis   que   les   sujets   qui   ont   un   faible   sentiment   d’efficacité   personnelle  renonceront  à  la  tâche  plus  rapidement  (quadrant  3).  D’un  côté,  quand  les  attentes   de résultat sont élevées, les personnes avec un sentiment  d’efficacité  élevé  sont  motivées  par   de   fortes   aspirations   et   jouissent   des   résultats   obtenus   (quadrant   2).   Par   contre,   d’un   autre  

Faibles attentes de résultat Fortes attentes de résultat Sentiment  élevé  d’efficacité  

personnelle

Revendication Reproches Activisme social Changement de milieu

Engagement productif Aspirations

Satisfaction personnelle Faible sentiment

d’efficacité  personnelle

Résignation Apathie

Autodévalorisation Découragement

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côté,  si  les  sujets  ont  un  faible  sentiment  d’efficacité  et  qu’ils  voient  que  l’effort  des  autres  est   récompensé, ils peuvent   chuter   dans   l’autodénigrement   et   la   dépression   (quadrant   4).  

(Lecomte, 2004, p. 63).

2.2.2. L’influence  du  sentiment  d’efficacité  personnelle  dans  la  réussite  scolaire  et   professionnelle

Le   sentiment   d’efficacité   personnelle   a   un   rôle   vital   dans   l’environnement   académique.  

Bandura  suggère  que  les  croyances  sur  la  performance  du  sentiment  d’efficacité  personnelle   influent  sur  le  niveau  d’effort,  la  persévérance  et  le  choix  des  activités.  Les  élèves  qui  ont  un   haut  sentiment  d’efficacité  pour accomplir les devoirs persisteront plus en cas de difficulté, de même ils travailleront avec plus intensité et participeront plus que ceux qui doutent de leur capacités. Ces croyances sont importantes pour former des personnes capables de se former tout au long de la vie puisque les croyances en leurs propres capacités pour affronter des activités   académiques   agissent   directement   sur   le   niveau   d’aspiration   des   élèves,   leur   préparation   pour   différentes   carrières,   ainsi   que   leur   niveau   d’intérêt   dans   les   réalisations intellectuelles et leurs succès académiques. Lors de la formulation des objectifs académiques, le  sentiment  d’efficacité  et  le  développement  compétences  sont  plus  intenses  chez  les  élèves   qui se fixent des objectifs à court terme que chez ceux qui se fixent des objectifs à long terme. Puisque les objectifs à court terme montrent des habilités croissantes. De plus les élèves ayant de la motivation verbale et des feedbacks pertinents durant le processus d’obtention   des   objectifs   auront   des   chances plus   fortes   d’augmenter   leur   motivation,   leurs   compétences   et   leur   sentiment   d’efficacité   personnelle.   Galland   (Bandura,   2004, p.95) mentionne   des   recherches   québécoises   menées   auprès   d’élèves   chez   qui   le   sentiment   d’efficacité   personnelle   était   manipulé  au moyen de feed-back. Ces feed-back comparaient deux groups des élèves du même niveau de formation, en leur annonçant leur performance comme étant meilleure ou piètre que celle de l’autre groupe, afin de voir la possible modification positive ou négative de   leur   sentiment   d’efficacité. En général les recherches signalées par Bandura indiquent que « l’effet  des  feed-back sur les réactions de participantes est  largement  fonction  des  modifications  qu’ils  entrainent  dans  l’efficacité  perçue » (p.96). Et conclut en disant « il est possible de mettre en place une structuration des activités d’apprentissage   qui   soutient   une   acquisition   graduelle   de   compétences   et   leur   validation   progressive,  et  de  développer  ainsi  le  sentiment  d’efficacité  et  l’engagement  des  apprenants, même quand ceux-ci ont un niveau initial de compétence très bas. » (p.108).

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A  propos  de  la  réussite  professionnelle,  le  sentiment  d’efficacité  joue  un  rôle  vital.  Lecomte   (2004)  cite  des  recherches  menées  par  Bandura  (1991)  à  ce  sujet,  d’un  côté   « des managers ordinairement doués, mais amenés à croire que la prise de décision complexe est une aptitude innée,   que   les   organisations   ne   sont   pas   facilement   contrôlables   et   que   d’autres   cadres   réussissaient   mieux   qu’eux,   et   qui   ont   reçu   un   feed-back soulignant   l’insuffisance   de   leur   performance managériale, ont présenté une détérioration progressive de leur fonctionnement managérial » (p.78). Les doutes et les hésitations récurrents à propos de leur capacité managériale, ainsi que la diminution de résultats favorables dans leur organisation, affaiblissent   notoirement   leur   sentiment   d’efficacité   managériale.   D’un   autre   côté   « la croyance   selon   laquelle   la   prise   de   décision   complexe   est   une   compétence   que   l’on   peut   acquérir et que les organisations sont contrôlables, et un feed-back soulignant les capacités comparatives des cadres et leurs gains de performance, ont favorisé la productivité organisationnelle. » (p.78). Les cadres bénéficiant de ces modes de croyances favorables ont révélé un sentiment durable   d’efficacité   managériale,   ainsi   ils   se   sont   établis   de   nouveaux   objectifs et ont amélioré la productivité organisationnelle.

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3. PROBLÉMATIQUE

La problématique traitée dans cette recherche portera sur le processus lié à la construction du parcours éducatif   et   d’orientation   professionnelle, ainsi   qu’à la   construction   de   l’identité professionnelle des femmes ayant des postes à hautes responsabilités. Nous chercherons à comprendre de quelle manière une femme qui est au sommet de l’hiérarchie  d’une  institution ou d’une   entreprise  -publique ou privée- accède, vit et réussit sa vie professionnelle. Leur engagement représente une situation conséquente, impliquant divers changements autant pour elle-même que dans leur entourage.   Nous   tenterons   d’identifier   ce   qui   fait   qu’une   femme   ayant fait des études supérieurs atteigne ou non un poste avec de hautes responsabilités. De manière plus approfondie, il  s’agit  de comprendre ce qui se passe durant les phases clefs de leur parcours de vie. Pour ceci nous allons creuser dans le discours de femmes de pouvoir afin de saisir ces différentes étapes vécues, ainsi que la motivation leur ayant permis de devenir des « êtres » qui ont le pouvoir de modifier et d'apporter des changements à la société actuelle. Cela suppose   des   épreuves   à   traverser,   ainsi   que   l’utilisation   de   ressources   permettant de les surmonter ; tels que les formations, les pairs, la famille, etc. Il est aussi dans notre intérêt de comprendre ce qui a permis la constitution du   sentiment   d’efficacité   personnelle car le regard qu’elles   portent   sur  elles-mêmes et les appréciations venant de l’extérieur  font  partie  de  ce  processus  identitaire  qui construit les leaders.

Ce travail de mémoire est guidé par les deux questions suivantes :

1. Comment se construit  l’identité  professionnelle  d’une  femme  au  pouvoir ?

2. Comment  s’est  tissé  le  lien formation/emploi dans le parcours de vie de ces femmes ?

Pour  répondre  à  ces  questions  notre  démarche  d’analyse  sera  divisée  en  trois périodes (Dubar, 2010) :

 La période   qui   précède   l’entrée   en   formation.   Il   s’agit   d’analyser   les   processus   d’engagement  ainsi  que  d’élaboration  subjective  du  choix  professionnel.

 La  période  de  fréquentation  de  l’espace/temps  de  la  formation.  Il  s’agit  ici  d’analyser   les processus de construction  d’une  identité  professionnelle.

 La  période  de  confrontation  avec  le  marché  du  travail.  C’est  de  cette  période  que  vont   en grande partie dépendre la reconnaissance par autrui de ses compétences ainsi que « la construction par soi de son projet, de ses aspirations et de son identité possible ».

(Pita J-C p. 139).

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