2. CADRE THÉORIQUE
2.2. T HÉORIE SOCIOCOGNITIVE : TRIADE DYNAMIQUE
2.2.1. S ENTIMENT D ’ EFFICACITÉ PERSONNELLE
La nature nous dote de possibilités mais seule la croyance que nous avons en nos capacités les convertit en réalités. Les personnes croyantes et confiantes en leurs aptitudes, sont celles qui sont vraiment capables de surmonter leurs propres limites. Albert Bandura a développé le concept du sentiment d’efficacité personnelle (SEP). Il s’agit de la « capacité productrice au sein de laquelle les sous-compétences cognitives, sociales, émotionnelles et comportementales doivent être organisées et orchestrées efficacement pour servir de nombreux buts » (Bandura, 2004, p.60).
Pour Bandura un individu possédant un fort sentiment d’efficacité personnelle se verra réussir dans ses activités, persévérer en présence d’épreuves et ne lâchera pas la tâche en cas d’échec (Bandura, 2003). Les buts personnels sont sources de motivation, mais seulement à condition que l’individu obtienne des feedbacks continus dans le prolongement de ses buts.
Ces feedbacks permettront une meilleure intériorisation du sentiment d’efficacité personnelle.
Une fois que la personne atteint son but, elle éprouvera également de la satisfaction personnelle et celle-ci deviendra le moteur principal de la motivation. Il n’est pas question, pour Bandura, de travailler juste sur les buts finaux, car ces buts peuvent nous nuire, nous
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intimider ou nous déborder. Il faut donc fractionner le chemin par étapes et pour chaque étape réussie, le sentiment d’efficacité personnelle augmente.
En général, la création du sentiment d’efficacité personnelle se construit durant les premières années de vie. L’enfant ne peut pas faire des autoévaluations adéquates, il s’en référera aux jugements d'autrui pour la création du sentiment d’efficacité personnelle. Pendant cette période les parents et les formateurs peuvent l'aider à développer un solide sentiment grâce aux devoirs et aux accompagnements. Entre les formes de création et de développement du sentiment d’efficacité personnelle il existe quatre sources d’information : la maîtrise personnelle, l’apprentissage social, la persuasion par autrui, et l’état physiologique et émotionnel.
La maîtrise personnelle représente la façon la plus « effective » de créer un fort sentiment d’efficacité personnelle et la réussite des tâches. Tandis que les réussites construisent une forte confiance en soi, les échecs produisent le contraire, spécialement si les échecs arrivent avant la solidification du sentiment d’efficacité. Le sentiment d'efficacité solide ne se construit pas avec des succès éphémères, car si la personne n'expérimente que ceux-ci, elle peut s'habituer à des résultats faciles et rapides et se décourager plus facilement face à l’échec.
A contrario, l’expérience de vaincre les obstacles par des efforts persévérants construit un solide sentiment d’efficacité. Par la suite, quand les personnes seront convaincues qu'elles ont le nécessaire pour réussir, elles persévéreront et pourront se relever plus rapidement face aux adversités (Lecomte, 2004).
L’apprentissage social se fait si les personnes voient des pairs réussir des activités avec succès en faisant un effort constant. La croyance qu’elles pourront parvenir à atteindre des activités similaires sera renforcée (Lecomte, 2004). L’observation de « modèles » est importante, surtout quand il s’agit de développer le sentiment d’efficacité pour des tâches non familières.
Les « modèles » ont deux rôles importants : d'un côté, ils permettent d’échelonner les standards sociaux par rapport au jugement que portent les individus sur leurs propres capacités ; d'un autre côté, les individus cherchent des modèles qui ont les compétences souhaitées. Ces « modèles », à travers leur manière de penser et de se comporter, transmettent des connaissances, des stratégies et le savoir faire afin de répondre de manière satisfaisante aux demandes de l’environnement (Bandura, 1995). Benoît Galand (2004, in Bandura), parle d’ailleurs d’expériences vicariantes et rejoint Lecomte sur le fait qu’« observer la réussite ou l’échec des autres personnes dans une tache peut jouer sur le sentiment d’efficacité d’un
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individu par rapport à cette tache, surtout si ces personnes partagent avec lui un certain degré de similitude qui facilite le processus d’identification (âge, genre, niveau scolaire, etc.) » (p. 100).
La persuasion par autrui est une autre source du sentiment d’efficacité personnelle. Les personnes persuadées verbalement qu’elles possèdent les capacités nécessaires pour dominer une tâche, sont plus sujettes à faire un effort considérable et constant par rapport à celles qui doutent de leurs propres capacités (Bandura, 1995).
La dernière source est l’état physiologique et émotionnel. Les personnes ont tendance à se laisser guider par leurs états corporels et psychologiques afin d'évaluer leurs capacités. De cette manière, elles déduisent que les réactions de tension et de stress sont signes d’une faible performance ou de vulnérabilité. L’humeur influence aussi l’évaluation de l’individu face à son sentiment d’efficacité. La mauvaise humeur diminue le sentiment d’efficacité personnelle, tandis que la bonne humeur l’augmente.
Bandura a aussi accordé de l’importance à l’interaction qui existe entre les croyances d’efficacité et la réceptivité de l’environnement. Quand l’environnement d’un sujet est favorable à son développement, ses comportements seront positivement influencés, ainsi les résultats seront plus accordés aux attentes de son groupe social. Ci-dessous nous reprendrons le tableau qui montre le rapport entre les croyances d’efficacité et les attentes de résultat.
Donc quand les attentes de résultat sont faibles, les sujets avec un sentiment d’efficacité personnelle élevé auront tendance à mobiliser davantage leurs efforts et même à changer de pratiques (quadrant 1), tandis que les sujets qui ont un faible sentiment d’efficacité personnelle renonceront à la tâche plus rapidement (quadrant 3). D’un côté, quand les attentes de résultat sont élevées, les personnes avec un sentiment d’efficacité élevé sont motivées par de fortes aspirations et jouissent des résultats obtenus (quadrant 2). Par contre, d’un autre
Faibles attentes de résultat Fortes attentes de résultat Sentiment élevé d’efficacité
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côté, si les sujets ont un faible sentiment d’efficacité et qu’ils voient que l’effort des autres est récompensé, ils peuvent chuter dans l’autodénigrement et la dépression (quadrant 4).
(Lecomte, 2004, p. 63).
2.2.2. L’influence du sentiment d’efficacité personnelle dans la réussite scolaire et