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CERVEAU ? ALLEZ

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Academic year: 2022

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SAVOIR ALLEZ

DROIT

Les juges font de plus en plus de politique 14

HISTOIRE

Des Vaudois à la Cour de Russie 52

NUMÉRO

74 GÉOLOGIE

Voyage au centre de la mine32

Le magazine de l’UNIL | Janvier 2020 | Gratuit

QUI FAIT QUOI DANS NOTRE

CERVEAU ?

NEUROSCIENCES

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L’envers de la Venoge

- des vers au vert -

Exposition temporaire du 11 octobre 2019 au 29 mars 2020

L’envers de la Venoge

octobre me - lu 10h00 - 18h00

novembre - mars me, sa, di 10h00 - 18h00

vacances d’automne tous les jours 10h00 - 18h00 vacances de Noël sa 10h00 - 18h00

Ch. du Boiron 2 1131 Tolochenaz 021 546 20 60 www.maisondelariviere.ch

Reproduit avec l’autorisation de swisstopo (BA19065)

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ISSN 1422-5220

IMPRESSUM Magazine de l’Université de Lausanne

No 74, janvier 2020 unil.ch/allezsavoir Éditeur responsable Université de Lausanne Une publication d’UNICOM, service de communication et d’audiovisuel

Quartier UNIL-Sorge Bâtiment Amphimax 1015 Lausanne Tél. 021 692 22 80 allezsavoir@unil.ch Rédaction en chef Jocelyn Rochat, David Spring ( UNICOM ) Création de la maquette Edy Ceppi ( UNICOM ) Rédacteurs Mélanie Affentranger Sonia Arnal Patricia Brambilla Lysiane Christen Mireille Descombes Élisabeth Gordon Virginie Jobé-Truffer Noémie Matos Sabine Pirolt Nadine Richon David Trotta Francine Zambano Correcteurs Albert Grun Fabienne Trivier Direction artistique COBRA : Communication

& Branding Photographie Nicole Chuard Illustration Eric Pitteloud ( p. 3 ) Couverture

© Getty Images / UNICOM Impression

Genoud Arts graphiques, Le Mont-sur-Lausanne Tirage

17 000 exemplaires Parution

Trois fois par an, en janvier, mai et septembre Abonnements allezsavoir@unil.ch ( p. 4 ) 021 692 22 80

LES JUGES

SORTENT DE L’OMBRE

J

usqu’à récemment, les juges n’avaient pas de noms. Ils appa- raissaient comme un groupe indé- terminé de personnes vêtues de longues robes noires et potentiel- lement interchangeables. Jusqu’à récem- ment, on les imaginait comme un maillon discret de la chaîne du pouvoir, des tech- niciens de la loi, chargés d’appliquer froi- dement des règles claires et bien établies.

Une sorte d’arbitres sans visage, sans idées politiques non plus. C’étaient les grands anonymes de ce pouvoir que les juges partagent depuis des lustres avec des célébrités comme les conseillers fédé- raux et nos parlementaires à Berne.

Mais cette époque discrète se termine.

Souvent à leur corps défendant, les juges sortent de l’ombre. En 2016, le grand public découvrait avec surprise que l’orientation politique des magistrats a une influence sur leurs jugements. Une enquête du Tages-Anzeiger, portant sur 30 000 affaires traitées par le Tribunal administratif fédé- ral de St-Gall, révélait que les juges situés politiquement à gauche acceptent trois fois plus de recours que leurs homologues de droite. L’article donnait des noms, comme Fulvio Haefeli, un UDC bâlois promu cham- pion de la sévérité, et l’écologiste Contes- sina Theis, qui héritait du titre de record- woman de la clémence.

Comme souvent, cette évolution n’est pas une particularité suisse. On l’a vérifié récemment aux États-Unis, l’un des pays au monde où les électeurs sont les plus conscients de l’importance politique des juges. À tel point que le Parti républicain a inscrit dans son programme le projet

de nommer le plus possible de magistrats conservateurs, comme vous le découvrirez dans ce magazine (lire en page 14).

En 2018, quand le président républi- cain Donald Trump a voulu nommer Brett Kavanaugh à la Cour suprême, l’opposition démocrate a livré un combat féroce pour tenter de barrer la route à ce juge conserva- teur. Brett Kavanaugh est très vite devenu une célébrité nationale, lui qui a été atta- qué sur la base d’accusations d’agressions sexuelles vieilles de 30 ans, qui n’ont pas empêché son élection.

Si la Suisse n’en est pas encore arrivée à ce mélange de politique et de justice, sur fond de révélations médiatiques, elle s’en rapproche. L’été dernier, on a vu un parti politique, l’UDC, menacer de ne pas réé- lire au Tribunal fédéral le juge Yves Don- zallaz, parce qu’il s’était prononcé pour le transfert au fisc français des données per- sonnelles de détenteurs de 40 000 comptes auprès de la banque suisse UBS.

À une époque dans laquelle le Tribunal fédéral est de plus en plus amené à trai- ter de questions politiques, on peut parier que cette curiosité envers les personnalités qui exercent le pouvoir judiciaire ira cres- cendo. Parce que, au pays des quérulents, les juges sont plus souvent rois, le question- nement sur leur fonctionnement et l’impor- tance de leurs préférences politiques dans leurs décisions va s’accentuer. L’exemple américain montre que ce n’est pas forcé- ment une bonne nouvelle, mais, vu le pou- voir que les juges exercent potentiellement sur nos destins, c’est sans doute inévitable dans une époque qui a quasiment inscrit la transparence dans la loi. 

À UNE ÉPOQUE DANS LAQUELLE LE TRIBUNAL FÉDÉRAL EST DE PLUS EN PLUS AMENÉ À TRAITER DE QUESTIONS POLITIQUES, LA CURIOSITÉ ENVERS LES PERSONNALITÉS QUI EXERCENT LE POUVOIR JUDICIAIRE IRA CRESCENDO.

JOCELYN ROCHAT Rédaction en chef

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SOMMAIRE

EN DIRECT DU CAMPUS L’actualité de l’UNIL : événements, recherche, prix.

PORTFOLIO Comptoir suisse, recherche, Sibérie.

NATURE Comment

fabriquer un bon nichoir.

POP ATTITUDE César, ouvre-toi !

GÉOLOGIE Voyage au centre de la mine, à Bex.

LIVRES Esprits, Catherine Colomb, religion.

POLITIQUE Les juges traitent de plus en plus de sujets politiques.

6 12 14 19 20 26 31 32 38 39 40

BIOLOGIE Tritons, salamandres, grenouilles et crapauds : embrassez le guide.

SOCIÉTÉ Qui se ressemble, s’assemble de plus en plus.

OUVRE-BOÎTE L’UNIL soutient davantage les entrepreneurs.

SAVOIR ALLEZ

Le magazine de l’UNIL | Janvier 2020 | Gratuit

!

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MÉDECINE

Neurones, astrocytes : qui fait quoi dans notre cerveau ?

MOBILITÉ Les automobiles ont surtout volé dans nos rêves.

HISTOIRE Quand les Vaudois jouaient dans la cour des grands.

IL Y A UNE VIE APRÈS L’UNIL

La devise de Monica Bonfanti ?

« Never give up ! ».

FORMATION CONTINUE

À la conquête des mondes numériques.

LIVRES

Nouveau Testament, Tessin, argent, fourmis, Gustave Roud, rêve.

RENDEZ-VOUS Événements, conférences, sorties et expositions.

CAFÉ GOURMAND

Soigner les gens et la Terre.

Avec Valérie D’Acremont.

SCIENCES CRIMINELLES L’ADN peut-il vraiment aider à établir un portrait-robot ?

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LE COMPTOIR, FIN... ET SUITE

Disparu en 2018, le Comptoir suisse fait l’objet de recherches menées en Faculté des lettres. En septembre dernier, une exposition sur la place de l’Europe (Lausanne) invitait les passants à livrer des témoignages, des photographies et des objets en lien avec la manifes- tation. De plus, Le Syndic, la vache et le verre de blanc proposait une sélection d’images d’archives et de textes. Codirectrice de ce pro- jet avec Anne-Katrin Weber, Claire- Lise Debluë indique qu’il est « très intéressant, pour une chercheuse qui travaille sur des archives, d’écouter les personnes pour qui le Comptoir suisse a beaucoup compté. L’histoire orale donne une dimension supplémentaire. » La défunte foire, dont le souvenir sus- cite une certaine nostalgie, fut un lieu de convergence d’enjeux éco- nomiques, politiques et sociaux.

Aujourd’hui, les historiennes pré- parent la publication d’un livre qui mettra en valeur les témoignages recueillis, le très riche patrimoine photographique des archives du Comptoir suisse, notamment le fonds conservé aux Archives can- tonales vaudoises et laissera une trace de l’exposition. DS

1, 7, 8) L’exposition Le Syndic, la vache et le verre de blanc sur la place de l’Europe.

(© Laetitia Gessler).

2) Démonstration publique du robot Sabor en 1955. (© Groupement officiel des photo- graphes du Comptoir suisse, ACV).

3) Éleveurs et leurs bêtes, 1972 (© Marcel Imsand, Musée de l’Elysée, ACV).

4) Stand d’aspirateurs, 1955 (© Groupement officiel des photographes du Comptoir suisse, ACV).

5) Stand d’instruments de musique, 1980 (© Marcel Imsand, Musée de l’Elysée, ACV).

6) Un enfant distribue des ballons publici- taires pour les produits de cirage Selecta, vers 1930 (© Groupement des photographes lausannois, ACV).

9) Visiteurs du Comptoir suisse en 1981 (© Marcel Imsand, Musée de l’Elysée, ACV).

UNSIECLEDECOMPTOIR.CH ENTRETIEN AVEC CLAIRE-LISE DEBLUË ET ANNE-KATRIN WEBER

SUR UNIL.CH/ALLEZSAVOIR

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LA SCIENCE

MISE EN LUMIÈRE

Pour la troisième année, l’Asso- ciation for Postdocs in Natural Sciences de l’Université de Lau- sanne a organisé un concours et une exposition de photographies scientifiques baptisés [Figure 1.A].

Cette dernière a eu lieu à Lau- sanne, à l’espace spot2b.

Les chercheurs des Facultés de biologie et de médecine ainsi que des géosciences et de l’environne- ment étaient invités à soumettre des images. Huit d’entre elles ont été distinguées, par un jury et par le public. Souvent surprenants, ces travaux montrent que la science peut être à la fois belle et intéres- sante. Munis d’explications com- plémentaires, ils peuvent être vus sur le site de l’événement, figure1a- unil.com. DS

1) From Design to Reality. Par Javier Santos Moreno, Département de microbiologie fondamentale.

2) Astrocyte Galaxies. Par Charline Carron, Centre de neurosciences psychiatriques (lire également en p. 46).

3) Prairie. Par Marie-Laure Possovre, Dépar- tement de physiologie.

4) Diversity. Par Victoria Wosika, Départe- ment de microbiologie fondamentale.

5) Bubbles. Par Sebastian Augustin, Départe- ment de biologie moléculaire végétale.

6) Oscillatory Compression Test. Par Jürg Hunziker, Institut des sciences de la Terre.

7) Microbial Map of Middle Earth.

Par Zigmunds Orlovskis, Département de biologie moléculaire végétale.

8) Mandala of Metamorphosis. Par Zigmunds Orlovskis, Département de biologie molécu- laire végétale.

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10 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

SUR LES TRACES DU GOULAG

Une équipe de chercheurs et d’étu- diants de l’UNIL, de l’UNIGE, de l’EPFL et de l’Université russe de Tioumen se sont rendus du 13 août au 1er septembre au Yamal, une péninsule située dans la toun- dra russe. Il s’agit de l’une des trois expéditions menées par Uni Arc- tic, un projet qui étudie les chan- gements environnementaux et l’ar- chéologie dans le Grand Nord.

Les deux Lausannois membres de cette aventure ont réalisé avec leur groupe un inventaire des vestiges de Chtchoutchii, l’un des camps de travail situés sur le tronçon 501 de la « Voie Morte », titanesque chemin de fer censé relier le Nord au reste du pays et désiré par Staline. Les universitaires ont aussi questionné des habitants sur cette tranche douloureuse de leur Histoire.

« En Russie, chaque famille a un lien avec le goulag. On sent encore le poids de ce passé dans leur mé- moire », constate Jérôme André, en Master d’archéologie à l’UNIL. L’im- pact de ces constructions abandon- nées sur l’environnement a égale- ment été observé. LYSIANE CHRISTEN 1) Relevé de l’une des baraques pour

en dessiner le plan.

2) Vue aérienne de la toundra.

3) Graffiti retrouvé dans l’ex-prison interne du camp.

4) Une baraque du camp au bord de la voie.

5) Dégagement d’une structure recouverte par la végétation, qui pourrait s’apparenter à d’anciennes toilettes.

6) Jérôme André, étudiant à l’UNIL, effectuant un travail de documentation photographique.

7) La voie de chemin de fer ( projet 501) construite par les détenus.

PHOTOS ©UNIARCTIC À VOIR SUR UNIARCTIC.CH

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12 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

BRÈVES

CHOUETTES, FORTNITE, GRÈCE ET TRILOBITES

L’UNIL DANS LES MÉDIAS

DEGAS VOYAGE AU XXI e SIÈCLE

PASSAGE EN REVUE

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Le nombre d’articles que les chercheurs de l’UNIL et du CHUV ont fait paraître dans des revues scientifiques évaluées par les pairs, en 2019 (d’après Serval, au 10 décembre).

Une partie de l’œuvre d’Edgar Degas (1834-1917) de- meure peu étudiée. Dans le cadre de son master en huma- nités numériques, Joanna Müller s’est intéressée aux mono- types du peintre, dont 450 ont

été recensés. « Il s’agit d’une technique de gravure... sans gravure, résume la diplômée de l’UNIL. L’artiste travaille à l’encre sur une plaque non poreuse, de zinc ou de cuivre. » Ensuite, il applique une feuille de papier et l’en- semble passe sous presse. Le caractère perfectionniste de Degas est connu. Le travail de Joanna Müller, qui a pratiqué

la technique du monotype, nuance cet aspect. « Vous avez des surprises, des résultats inattendus à la sortie de la presse.

Le peintre français laissait donc, dans cette partie de son œuvre, une part au hasard et à la spontanéité du matériau. » Avec un seul encrage, Degas sortait jusqu’à trois épreuves (ou cognates), qui devenaient fantomatiques au fur et à me- sure des tirages. Le peintre rehaussait les monotypes noir- blanc les plus pâles en couleur, à la gouache, transformant ainsi les compositions originales. Pour mieux comprendre la fonction du monotype chez Degas, Joanna Müller a super- posé et comparé numériquement les différents cognates, mo- bilisant un algorithme capable de définir des clusters (ou en- sembles) de pixels dont les valeurs sont proches.

Si la composition n’a pas bougé, « Degas s’inscrit dans la tradition “ classique ” du dessin préparatoire, à la manière d’Ingres ». Mais dans un certain nombre de cas, les contours de l’œuvre sont modifiés par l’application de la couleur, comme par exemple les postures ou les proportions des per- sonnages. Ici, le peintre travaille sur la lumière, les ombres et les contrastes, ce qui l’oblige à restructurer sa composition entre le dessin de départ et le monotype rehaussé.

En liant l’un des fondateurs de l’impressionnisme à l’in- formatique d’aujourd’hui, Joanna Müller espère que de nou- velles recherches explorent des aspects méconnus d’un ar- tiste que l’on croit connaître. DS

La fonction de la technique monotypique dans l’œuvre d’Edgar De- gas. Une analyse des dimensions sociologiques, historiques et tech- niques. Par Joanna Müller (2019). En accès libre sur serval.unil.ch.

VOYAGE

ROULEZ JEUNESSE!

Piloté par Alexandra Stam (FORS) et Pa- trick Rérat (professeur à l’UNIL), cet ouvrage éclaire la mobilité tem- poraire de la jeunesse suisse : échanges linguis- tiques, bénévolat sous les Tropiques, stages à l’étranger, etc. Un sujet encore peu étudié.

Tout d’abord, une confir- mation : la plupart des jeunes envisagent da- vantage de déménager à l’étranger (et de préfé- rence dans des pays an- glophones) que dans une autre région linguistique de la Suisse. Ce sont les hommes qui sont les plus rétifs à une telle mobi- lité interne. Quelles sont leurs motivations ? Une partie cherche à amélio- rer son employabilité en apprenant une langue.

D’autres souhaitent pro- fiter de la vie. Enfin, cer- tains profitent d’avoir du temps entre deux for- mations pour voyager.

Dans la grande majorité, les personnes qui ont pu partir reviennent satis- faites de leur expérience.

Truffée de chiffres, cette enquête constitue un portrait de la jeunesse suisse sous un angle très peu étudié encore. DS

ENTRE MOBILITÉ TEMPORAIRE ET ANCRAGE  LOCAL : PORTRAIT DE LA JEUNESSE SUISSE.

Éd. par Alexandra Stam et Patrick Rérat.  

Enquêtes fédérales auprès de la jeunesse ch-x (2019), 259 p.

bundespublikationen.admin.ch

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Le nombre d’articles et d’émissions qui ont mentionné l’UNIL ou le CHUV dans les médias romands en 2019 (d’après la revue de presse Argus au 10 décembre).

Début septembre, la publication d’un article dans Nature Ecology and Evolution, par des chercheurs du Département d’écologie et d’évolution, a connu un cer- tain succès. Menés par le professeur Alexandre Roulin, les travaux ont montré que, contre toute intuition, les chouettes effraie à plumage clair attrapent davantage de campagnols que leurs consœurs plus sombres lors des nuits de pleine lune. Pourtant, ces rapaces sont alors bien visibles ! L’astuce, c’est que les rongeurs possèdent une aversion pour la lumière soudaine, qui les tétanise sur place de longues secondes. Leur stupeur facilite leur cap- ture. Une technique que Le Monde, dans son édition du 11 septembre, a titré « La peur blanche de la chouette effraie ».

Mi-octobre, Fortnite a suscité des remous particuliers.

En effet, l’accès à ce jeu vidéo a été coupé pendant près de deux jours par son éditeur, de manière volontaire. Les compétences de l’UNIL dans ce domaine ont été mise à contribution par les médias pour commenter ce « coup ».

En octobre toujours, swissinfo est revenue, en plusieurs langues, sur les fouilles menées par l’École suisse d’ar- chéologie en Grèce à Érétrie (lire Allez savoir ! 70, octobre 2018). Sur le site esag.swiss, le rapport qui met en lumière les découvertes de 2019 est par ailleurs disponible.

Le 17 octobre, une recherche à laquelle a pris part Robin Marchant, conservateur au Musée cantonal de géologie, a fait le tour du monde (du New York Times à The Hindu).

Parue dans Scientific Reports (groupe Nature), l’étude de fossiles de trilobites découverts au Maroc a permis de montrer que ces arthropodes disparus présentaient des comportements collectifs, il y a 480 millions d’années. DS

LA CHANSON DU CHIEN, VERS 1876/77.

Gouache et pastel sur monotype.

@ Erich Lessing/akg-images

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À L’HONNEUR

RECHERCHE

Le Conseil d’État vaudois soutient le projet de construc- tion d’un « centre d’imagerie Dubochet » de cryo-micros- copie sur le site de l’UNIL à Dorigny. Cette discipline a justement valu son Prix Nobel de chimie au Morgien, en 2017 (voir également au dos de ce magazine). Développée dans les années 80, cette technique d’imagerie permet de préserver la structure des échantillons biologiques soumis à la microscopie électronique. Elle suscite donc l’intérêt des cher- cheurs du Centre suisse du Cancer – Arc lémanique ou des scientifiques qui s’in- téressent aux dégénéres- cences du cerveau, comme la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. ( RÉD. )

ON VEUT RÉINVENTER L’ EAU FROIDE !

CONFÉRENCE

AURÉLIEN BARRAU INVITÉ À L’UNIL

La première conférence du cycle « Envies d’agir », dédié aux enjeux scientifiques et sociétaux de notre temps, s’est déroulée à l’UNIL le 3 octobre 2019 (à voir sur youtube.com/UNILTV). Sur l’invitation de Jacques Dubochet, l’astrophysicien Au- rélien Barrau s’est exprimé sur la sauvegarde de l’environnement. Face à une salle comble, il n’a pas mâché ses mots : « Un biocide est en cours. La vie s’effondre sur Terre ! » Après avoir présenté les données scientifiques qui selon lui attestent de la

« fin » prochaine de notre monde, ce chercheur au Centre national de la recherche scientifique en France a proposé des pistes à suivre pour limiter les dégâts. Pour lui la solution n’est pas technologique, mais sociale et politique. LC

LITTÉRATURE, TRACES, PAIX ET CANCER

Le professeur assistant à la Faculté des hautes études commerciales Dominic Rohner a été nommé responsable d’un nouveau réseau de recherche dédié à la prévention des conflits et aux politiques pour la paix. Lancé pour une durée ini- tiale de trois ans au sein du Center for Economic Policy Research, l’un des centres scientifiques les plus importants en économie au niveau mondial, ce nouveau pôle de com- pétences place la souffrance hu- maine comme préoccupation pre- mière. Regroupant de nombreux experts spécialisés dans les ques- tions de conflit, cette structure doit permettre de renforcer la visi- bilité de la recherche dans ce do- maine.LC

Professeure ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine et cheffe du Service d’oncolo- gie médicale au CHUV, Solange  Peters a reçu cette année le pres- tigieux Prix Bonnie J. Addario, décerné par la Fondation GO2, une alliance de deux organisa- tions importantes engagées dans la lutte contre le cancer du poumon aux États-Unis. Cette distinction remise fin juillet 2019 en Californie lors de l’International Lung Cancer Conference récompense l’engage- ment de la scientifique pour cette cause, en particulier ses travaux de recherche sur les biomarqueurs, l’amélioration de l’accès aux soins et la promotion de l’avancement des femmes en oncologie. ( RÉD. )

Christophe Champod, professeur à l’École des sciences criminelles, a reçu la prestigieuse médaille Douglas M. Lucas 2020. Remise par l’Académie américaine des sciences forensiques, cette recon- naissance souligne l’excellence des travaux de ce chercheur, spécia- liste de l’interprétation des traces (lire Allez savoir ! 68, janvier 2018).

Christophe Champod a relevé l’im- portance du travail de ses collè- gues, en Suisse et dans le monde, ainsi que des doctorants. « Grâce à leurs efforts, nous aspirons à dé- velopper une discipline scientifique où les incertitudes sont quanti- fiées, plutôt qu’une science foren- sique où l’on se remet à la seule parole de l’expert. » ( RÉD. )

Maître d’enseignement et de re- cherche en Section des sciences du langage et de l’information de l’UNIL, Isaac Pante a reçu le Prix de création artistique de la Fon- dation Édouard et Maurice San- doz 2019. L’écrivain dispose main- tenant d’une année pour réaliser le projet qui lui a valu cette distinc- tion. Il va rédiger un recueil d’une trentaine de nouvelles de trois à six pages chacune, dont l’action sera dialoguée pour l’essentiel, et dont le dénouement n’interviendra qu’en toute fin de récit, selon le principe de la nouvelle à chute. À terme, ce recueil devrait être traduit pour pu- blication dans des revues anglo- phones, et faire l’objet d’une lec- ture publique. ( RÉD. )

lix Imhof © UNIL lix Imhof © UNIL Nicole Chuard © UNIL

lix Imhof © UNIL lix Imhof © UNIL

lix Imhof © UNIL

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14 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

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C’

est du jamais vu depuis 1848 : le Tribunal fé- déral a annulé l’an dernier un vote du peuple et des cantons, qui avaient refusé l’initiative sur la pénalisation fiscale des couples mariés.

La brochure adressée aux votants pour expli- quer les enjeux du scrutin contenait une grave erreur sur le nombre de personnes qui auraient pu bénéficier de la réforme proposée. Alors que le Conseil fédéral avait parlé de 80 000 cas durant toute la campagne, il a dû admettre deux ans plus tard que le nombre de couples mariés qui pouvaient espérer une baisse d’impôts était en réalité de 454 000. La faute était susceptible d’influencer le résul- tat très serré du scrutin, ont estimé les juges lausannois à quatre contre un, avant d’annuler le vote.

En Suisse, de plus en plus de votes sont finalement arbitrés par le Tribunal fédéral. Et à l’étranger, des leaders comme Boris Johnson, Matteo Salvini ou Jean-Yves Le Drian sont désormais attaqués devant des cours de justice. Le juge, ex-acteur discret dans l’équilibre des pouvoirs, se retrouve dans la lumière.

TEXTE JOCELYN ROCHAT

POLITIQUES

LES JUGES TRAITENT

DE PLUS EN PLUS DE SUJETS

DROIT

Le Centre de droit public

unil.ch/droitpublic

Plusieurs scrutins ont été annulés par des juges La décision a surpris dans un pays où les citoyens sont ha- bitués à voir les juges se déclarer incompétents quand ils sont confrontés à des affaires trop politiques, au nom de la séparation des pouvoirs. « C’est un fait, les juges se pro- noncent de plus en plus sur des questions politiques, mais ils restent très mesurés dans leurs interventions. L’an- nulation du scrutin sur la pénalisation du mariage n’est pas un arrêt révolutionnaire, estime Vincent Martenet, professeur de droit constitutionnel à la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique à l’UNIL. Le Tribunal fédéral explique dans ses considé- rants qu’il applique des principes bien établis, notam- ment dans la loi sur les droits politiques. Dans ce cas,

BORIS JOHNSON

En mai 2019, le Premier ministre britannique a été convoqué par un tribunal londonien, parce qu’il aurait « menti » sur le coût du Brexit.

© Toby Melville / Reuters

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16 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

les irrégularités étaient graves, et la violation des prin- cipes nette. Les erreurs dans les informations fournies par le Conseil fédéral n’étaient pas défendables, donc l’annu- lation du vote est logique. Quand le Gouvernement four- nit une information à la population, elle doit être fiable. »

Cette initiative n’est pas le seul scrutin à avoir été soumis aux juges en 2019. Deux autres consultations de moindre importance ont encore été invalidées par des tri- bunaux. Une votation à Montreux sur la rénovation du Centre de Congrès, au motif que 1400 électeurs basés à l’étranger n’ont pas reçu le matériel électoral dans les dé- lais. Et le scrutin sur le transfert éventuel de la ville de Mou- tier au canton du Jura, déclaré nul par la justice bernoise, parce qu’il était entaché de « graves violations du droit ».

On le voit, de plus en plus de votes sont désormais ar- bitrés par des juges. « La tendance est claire, confirme Vincent Martenet. Elle s’explique par trois grands fac- teurs : le premier, c’est qu’on saisit plus facilement le juge.

La pression sociale qui, peut-être, empêchait une per- sonne d’aller en justice dans le passé a faibli. Une judicia- risation toujours plus marquée de la société se dessine, et il n’y a aucune raison que les droits politiques y échappent. » Parmi les autres explications, le professeur de l’UNIL évoque encore « un choix politique du Parlement qui a voulu favoriser l’accès au Tribunal fédéral pour les scru- tins fédéraux dès la fin des années 2000. Il a fallu un peu de temps pour qu’on en mesure les effets. » Et enfin, troi- sième explication, « la pression plus forte, désormais exer- cée par certains citoyens sur le pouvoir politique, notam- ment pour des questions liées à la qualité de l’information donnée aux électeurs ».

Évidemment, avec une telle logique, les Britanniques auraient dû rapidement revoter sur le Brexit, vu le nombre de chiffres imaginaires qui ont été agités durant la cam- pagne. « C’est un autre cas de figure, sourit Vincent Marte- net. Un point central, pour le Tribunal fédéral, consiste à savoir qui propage la mauvaise information. Quand elle provient du Gouvernement, les juges peuvent être sévères.

Quand elle émane de particuliers, ou même de politiciens qui ne sont pas au pouvoir, les juges estiment en principe que les citoyens disposent d’autres sources d’informa- tion. Dans le cas du Brexit, les informations erronées ve- naient notamment de Boris Johnson ou Nigel Farage, des élus, certes, mais qui n’étaient pas au pouvoir au moment du référendum. »

On perd un vote, on va au tribunal

Une autre évolution que l’on observe désormais dans la po- litique suisse, c’est que le camp qui a perdu une votation ne s’en tient plus à ce résultat, et continue le combat devant les juges. Ainsi, un autre record est tombé récemment, ce- lui du nombre de scrutins qui ont dû être examinés par le Tribunal fédéral. En 2018, cinq votes fédéraux sur dix ont fait l’objet d’un recours. Parmi eux, l’initiative pour les

vaches à cornes, la surveillance des assurés et l’initiative contre les juges étrangers. Cette nouvelle course aux tri- bunaux a fait polémique, notamment dans Le Temps, où l’on a pu lire une chronique qui brandissait le spectre de

« la république des juges ».

« Effectivement, une réforme constitutionnelle ne s’ar- rête pas au vote du peuple et des cantons, analyse Vincent Martenet. Après que le “ souverain ” a parlé, la justice est de plus en plus fréquemment saisie. Quand le vote est va- lidé, le Parlement débat de la mise en œuvre de l’initiative.

Enfin, une seconde phase judiciaire relative à l’application de la législation de mise œuvre peut encore se produire et porter, par exemple, sur le respect du droit international. »

Pour dater le début de cette évolution, Vincent Marte- net remonte « aux années 90, quand l’initiative pour la protection des Alpes n’a pas été complètement mise en œuvre telle qu’elle avait été votée ». Par la suite, ce sont plusieurs initiatives de l’UDC qui ont fait tousser les juges.

VINCENT MARTENET Professeur de droit constitutionnel au Centre de droit public (Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique).

Nicole Chuard © UNIL

DROIT

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Confronté à l’initiative sur l’internement à vie, le Tribunal fédéral a estimé qu’il fallait que deux expertises psychia- triques concluent à l’impossibilité de guérir un condamné pour qu’une telle peine puisse être prononcée. Problème : cet argument n’a jamais été utilisé durant la campagne.

« Certes, mais si vous relisez le texte constitutionnel, puis que vous vous penchez sur la réforme du Code pénal, vous constaterez que le texte de l’initiative a déjà été en par- tie édulcoré lors de sa mise en œuvre législative », nuance Vincent Martenet.

Si les juges ont été décisifs au moment de rendre prati- quement inapplicable l’initiative sur l’internement à vie, ce sont les politiciens qui ont freiné la mise en application de l’initiative sur l’immigration de masse. Là, « le Parlement a pris ses responsabilités, apprécie le professeur. Les élus ne se sont pas défaussés sur les juges, qui ne sont souvent pas demandeurs de ce type d’affaires politiques. » Pour mé- moire, le texte de l’initiative avait placé les parlementaires face à deux exigences contradictoires. L’article 121a de la Constitution, accepté par le peuple et les cantons, impose des contingents pour tous les travailleurs étrangers, y com- pris ceux de l’Union européenne. En même temps, les ac- cords bilatéraux interdisent de telles mesures envers l’UE.

« Le Parlement a fait un choix courageux et pertinent à mon avis, mais qui permettait aussi aux initiants de lancer un référendum en cas de désaccord, ce qui n’a pas été le cas. »

De plus en plus sollicités par des citoyens parfois qué- rulents, les juges ont encore hérité d’une nouvelle compé- tence. Il leur arrive de choisir les sujets sur lesquels les Suisses pourront se prononcer. L’an dernier, le Tribunal fé- déral a ainsi interdit aux Valaisans de voter sur une ini- tiative réclamant l’interdiction du voile à l’école, mais il a autorisé les Bâlois à se prononcer sur un texte proposant d’accorder des droits aux primates !?

« Dans ces cas, il faut déterminer comment sont formu- lées les initiatives, commente Vincent Martenet. Quand il s’agit d’initiatives cantonales, elles doivent respecter le droit supérieur, c’est-à-dire le droit fédéral et le droit inter- national. Cela signifie qu’une initiative jugée discrimina- toire doit être invalidée. A cet égard, le Tribunal fédéral a rendu un arrêt concernant le canton de Saint-Gall, où il a considéré que le port du foulard à l’école était protégé par la liberté religieuse. Pour ce qui est des primates, ni le droit fédéral ni le droit cantonal n’exigent qu’une question re- vête une importance minimale pour “ mériter ” de figurer dans une Constitution. Aussi pouvez-vous lancer une ini- tiative sur un point dérisoire, comme la protection des coc- cinelles, et elle sera valable. »

À l’étranger, les cas se multiplient

La Suisse n’est pas la seule à vivre à l’heure de la course aux tribunaux. Dans les pays voisins, les cas se multiplient.

Avec des exemples bien plus spectaculaires, forcément plus polémiques. En mai 2019, un tribunal londonien a

convoqué Boris Johnson, parce qu’il aurait« menti » sur le coût du Brexit. Un tribunal sicilien a ouvert une procé- dure contre Matteo Salvini pour « séquestration », parce qu’il avait bloqué des migrants durant plusieurs jours sur un bateau. Et en France, des ONG écologistes ont attaqué l’Etat en justice pour son action insuffisante face au ré- chauffement climatique, pendant que des familles de dji- hadistes lançaient une procédure contre le ministre Jean- Yves Le Drian pour non-assistance à des enfants français détenus en Syrie. Ces plaintes, nous apprend Le Canard Enchaîné, ont poussé des proches du président Macron à rappeler une prophétie de François Mitterrand qui disait :

« Méfiez-vous des juges : ils ont tué la monarchie, ils tue- ront la République ».

Moins inquiet pour la survie des institutions, Vincent Martenet a relevé d’autres exemples dans l’actualité qui plaident pour un contrôle judiciaire. « L’arrêt de la Cour su- prême britannique, qui a considéré que la suspension

MOUTIER

Manifestation contre la décision du Tribunal administratif du canton de Berne, le 30 août 2019. Cette instance a annulé le vote sur le transfert de la ville dans le canton du Jura.

@ Jean-Christophe Bott / Keystone

MONTREUX

Campagne avant la votation sur la rénovation du Centre de Congrès.

Le vote a été annulé par la Cour constitutionnelle du Tribunal cantonal vaudois, le 19 août 2019.

@ Jean-Christophe Bott / Keystone

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18 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

des travaux du parlement décrétée par le Premier mi- nistre Boris Johnson était nulle, sans effet, montre la place essentielle du juge dans la démocratie. »

La Suisse échappera-t-elle à cette mode qui consiste à essayer d’aller devant un tribunal quand on n’arrive pas à faire gagner ses idées en politique ? Faut-il s’attendre à ce que, un jour prochain, une plainte soit déposée contre le Conseil fédéral pour tel ou tel choix politique ? Si Vincent Martenet n’exclut pas ce scénario, il doute que ce genre de démarche permette de contourner les autorités politiques :

« ça me semble assez peu vraisemblable compte tenu de la retenue que les juges s’imposent traditionnellement face à des questions délicates d’un point de vue politique, à part, peut-être, pour certaines questions environnementales ».

Le professeur de l’UNIL observe encore que, dans d’autres pays, des juges ont pris des mesures bien plus si- gnificatives quand des minorités ont tenté de passer par les tribunaux pour obtenir gain de cause. « Le mariage ho-

mosexuel a été mis en place aux États-Unis par décision judiciaire. La Cour suprême a rendu un arrêt en juin 2015, à 5 juges contre 4, qui a rendu légal le mariage gay dans l’ensemble de ce pays de 330 millions d’habitants, et cela contre l’avis de plusieurs États importants. Cela semble beaucoup plus difficile à concevoir en Suisse, où l’on at- tend plutôt, à tort ou à raison, une réponse politique à de telles questions. »

Parce que les juges américains ont un tel pouvoir, les électeurs états-uniens sont parfaitement conscients de l’im- portance de ces arbitres, mais également de l’influence de leurs préférences politiques dans certaines décisions. « Ju- ger n’est pas un acte mécanique, confirme Vincent Marte- net, en particulier quand il s’agit d’interpréter la Consti- tution, avec ses droits fondamentaux énoncés de manière vague pour la plupart. Quand les textes demandent de pro- téger la dignité humaine, comment faut-il comprendre ce concept ? Cette notion recèle un potentiel d’interprétation considérable, et la sensibilité personnelle d’un juge, son parcours, sans nécessairement parler de politisation, vont jouer un rôle dans sa réflexion. »

Logiquement, la nomination des juges est devenue un enjeu politique majeur aux États-Unis. Le Parti républicain a ainsi inscrit dans son programme son intention de plé- bisciter des magistrats conservateurs depuis la présidence de Ronald Reagan, et cet argument a poussé de nombreux électeurs évangéliques à choisir Donald Trump en 2016, malgré les polémiques. Vincent Martenet s’attend d’ail- leurs « à ce que cette question reste un argument de cam- pagne très important en 2020, lors de la prochaine élection présidentielle américaine ».

Qui commande, à la fin ?

Plus largement, le recours de plus en plus fréquent aux tribunaux pour arbitrer des débats politiques repose la question de savoir qui commande, in fine, dans le pays.

En Suisse, s’agit-il du Gouvernement, du Parlement, des juges ou du peuple ? « Le Tribunal suisse a moins de pou- voir que la Cour suprême américaine, qui a souvent le der- nier mot sur des questions controversées comme l’eutha- nasie, l’avortement ou le mariage homosexuel », estime Vincent Martenet.

Toutefois, l’époque à laquelle le peuple, le « souverain » suisse décidait de tout semble révolue, si tant est qu’elle n’ait jamais existé. « Sur certaines questions, le Parlement ne se prive pas de corriger, de limiter ou de nuancer une initiative. Dans d’autres cas, la Cour européenne des droits de l’homme est saisie et peut rendre un arrêt condamnant la Suisse. Et dans d’autres cas encore, le peuple est de nou- veau consulté. Je ne crois pas que l’on puisse désigner un organe qui a systématiquement le dernier mot. En théorie, il s’agit du peuple et des cantons ; en pratique, le tableau est contrasté. En définitive, il me paraît assez sain qu’aucun organe de l’État, même le peuple, ne soit tout-puissant. »

USA

En Californie, un couple fête la décision de la Cour Suprême des États- Unis, le 26 juin 2015.

Dans un arrêt, cette dernière a exigé la mise en place du mariage gay par voie judiciaire dans tout le pays, contre l’avis de plusieurs États.

© Lucy Nicholson / Reuters

DROIT

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OUVRE-BOÎTE

C

omme sa devise l’indique, la mis- sion du « HUB entrepreneuriat et innovation » de l’UNIL consiste à stimuler l’esprit d’entreprendre chez les étudiants et les chercheurs des sept facultés de l’institution. Cette der- nière ne part pas de zéro. Des soutiens à l’entrepreneuriat fonctionnent déjà à la Faculté des hautes études com- merciales et en Faculté de biologie et de médecine, par exemple. Directrice du HUB, Anne Headon souhaite au- jourd’hui « fédérer, valoriser et déve- lopper l’offre de l’UNIL ».

L’ensemble des outils à destina- tion des entrepreneurs en herbe res- semble encore à un puzzle auquel il manque quelques pièces, en particu- lier tout en amont du processus. Ainsi, Anne Headon cite « les idées très jeunes dont leurs auteurs ne savent pas encore si elles peuvent donner quelque chose ou non ». À l’occasion de sessions en petits groupes, dans un temps bref, le HUB propose dès cette année d’accompagner les pro- jets embryonnaires pour jauger de leur potentiel. « Nous allons aider les idées à mûrir, avant de les rediriger vers les structures existantes si elles s’avèrent prometteuses. »

Parmi ces dernières figure l’ac- célérateur UNIL, dont la mission consiste à transformer un projet déjà un peu avancé en société... et son créa- teur en entrepreneur. Ce programme, lancé par la Faculté des HEC, est au- jourd’hui accessible à toute la com- munauté universitaire. Comme le précise Anne Headon, « en plus d’un programme d’accompagnement sur plusieurs mois, nous sommes là pour aider les étudiants et les chercheurs à se diriger vers les bonnes personnes,

que ce soit pour les aspects légaux ou le financement, tout au long de leur projet ».

Fidèle au plan stratégique de l’UNIL, le HUB encourage les projets qui possèdent une composante socié- tale ou environnementale et incite les étudiants à avoir une réflexion plus globale sur l’impact de leur projet.

Dans une vision inclusive, le HUB sou- tient des projets qui visent un modèle d’affaire profitable (ou pas), avec une composante technologique (ou pas).

« Nous avons tendance à associer tech- nologie et innovation. Mais cette der- nière peut aussi passer par un modèle d’affaire nouveau. »

Interdisciplinarité

Par étapes, le HUB souhaite donner envie aux étudiants de toutes les facul- tés de se lancer dans l’aventure. Cela passera par des travaux de groupe

autour de projets interdisciplinaires.

« Des sujets transversaux comme la ville de demain concernent toutes les disciplines et peuvent susciter des idées », note Anne Headon. Des confé- rences données par des personnes qui ont créé leur société continueront à être organisées, comme cela est déjà le cas. Mais désormais, ces événements sont rassemblés sur le site internet du HUB, qui donne une vue d’ensemble des initiatives et formations offertes à l’UNIL.

Dans un deuxième temps, le HUB souhaite proposer des cours à option à tous les étudiants de bachelor 3e an- née, comme de master. « Un cours en- trepreneurial inter-faculté est le vé- hicule parfait pour décloisonner un cursus et exposer les étudiants à des expertises et manières de penser dif- férentes. Cette offre contribuera aussi à démystifier l’entrepreneuriat. »

Composé d’une équipe de cinq per- sonnes, le HUB est une aventure en- trepreneuriale en lui-même. Sa gou- vernance comporte une originalité.

« Nous intégrons les associations d’étudiants qui souhaitent soutenir l’esprit d’entreprendre sur le campus, souligne Anne Headon. Certaines ont répondu très vite. Je suis ravie de voir leur intérêt pour notre structure ! » Ce Student Advisory Board est doté d’un budget qui lui permet de mettre sur pied des opérations destinées à pro- mouvoir l’entrepreneuriat à Dorigny, comme l’organisation d’événements.

Enfin, le HUB ne fonctionne pas de manière isolée. Anne Headon in- siste sur son intégration dans le tissu romand des structures consacrées à l’innovation et à la stimulation de l’entrepreneuriat.DAVID SPRING

L’UNIL SOUTIENT DAVANTAGE LES ENTREPRENEURS

Une bonne idée ne se métamorphose pas en entreprise d’un seul coup. Inauguré en novembre dernier, le « HUB entrepreneuriat et innovation » de l’UNIL accompagne les étudiants et les chercheurs tout au long de leurs projets.

ANNE HEADON Directrice du « HUB entrepreneuriat et innovation », inauguré le 18 novembre 2019.

Nicole Chuard © UNIL

Le HUB entrepreneuriat et innovation  unil.ch/hub

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20 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

«J’

ai fabriqué mon premier nichoir il y a quarante ans. C’était à l’école, durant les travaux pratiques. Il fallait y intégrer des escaliers pour que les petits oiseaux puissent monter à l’intérieur. Je l’ai tou- jours, dans mon jardin. Et chaque année, j’ai le plaisir de voir des mésanges y nicher. » Philippe Christe, pro- fesseur associé au Département d’écologie et évolution (DEE) de la Faculté de biologie et de médecine, spécia- liste des chauve-souris et des oiseaux, supervise au- jourd’hui environ 200 nichoirs à oiseaux sur trois zones – à Dorigny, au marais des Monod (district de Morges) et

à La Praz sur le Mollendruz (district du Jura Nord vau- dois) – et 100 nichoirs à chauves-souris dans les bois du Jorat (sur plusieurs districts).

Dans son groupe, Camille-Sophie Cozzarolo, docto- rante FNS, suit l’évolution des parasites sanguins des mésanges charbonnières grâce à ces nichoirs : « Sur nos trois sites, on a en moyenne entre 150 et 180 nichées par an. On trouve aussi bien des mésanges (charbonnières, bleues, noires) que des sittelles, des moineaux (friquets, domestiques) et des étourneaux. » Chaque espèce a droit à son style de logis. Ce qui n’empêche pas les surprises.

« La science du nichoir n’est pas une science exacte,

MÉSANGE CHARBONNIÈRE

Avec un nichoir adapté, il est possible d’attirer ce bel oiseau dans son jardin.

© Daniel Zuppinger / Shutterstock

En attendant le printemps, pourquoi ne pas offrir un logis ou un nid, durant une saison ou une nuit, aux ani- maux de passage. Grande maison et petit jardin peuvent servir de refuge à des hôtes parfois inattendus. Deux biologistes de l’UNIL expliquent comment réussir un abri accueillant.

TEXTE VIRGINIE JOBÉ-TRUFFER

NICHOIR

COMMENT

FABRIQUER UN BON

NATURE

Le Département d’écologie et évolution unil.ch/dee

20 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

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NICHOIR

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22 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

plaisante Philippe Christe. Cela dépend de la crise du logement qu’il y a chez les cavernicoles, qui ont besoin de cavités pour faire leur nid. Ce sont eux principalement qui convoitent les nichoirs. » Survol des trucs et astuces à connaître pour participer au bien-être de la faune locale.

Un matériel simple et efficace

Les qualités d’un bon nichoir ? « Il faut qu’il soit solide, pro- tégé de l’humidité et facile d’entretien. Et surtout, il faut évi- ter qu’il surchauffe », selon Camille-Sophie Cozzarolo. Phi- lippe Christe ajoute que les bois qui sentent fort, comme l’aggloméré mélangé à de la colle, sont à bannir. On leur préférera les résineux, tel le sapin, avec des plaques ro- bustes de 2 cm d’épaisseur, afin de prévenir les risques de moisissure.

Aucun besoin d’être architecte pour échafauder le nid parfait. « Les animaux se moquent du design, souligne le biologiste. Ils cherchent un lieu sûr, en sécurité. » L’abri ne doit donc pas forcément ressembler à un chalet minia- ture. Un seul pan de toit suffit par exemple. « L’essentiel est que l’eau ne s’accumule pas dans le nichoir, qu’elle puisse s’écouler, explique Camille-Sophie Cozzarolo. On peut mettre un vernis d’extérieur afin que le bois ne pompe pas la pluie. »

Des mesures précises

Les dimensions ont leur importance. Philippe Christe conseille de fabriquer un fond de boîte de 12 cm sur 12 pour les mésanges, les moineaux friquets, les sittelles et de 25 cm sur 25 pour les huppes et les étourneaux. « Si le plancher est trop grand, les oiseaux doivent apporter trop de matériel pour rendre le nid douillet et abandonnent sou- vent en cours de construction. » Autre détail primordial : la hauteur du trou de l’entrée. Il faut qu’il se situe à au moins 20 cm du fond. « Placé plus bas, il est dangereux pour les oi- sillons qui risquent de tomber avant de savoir voler », aver- tit le spécialiste.

Il ne manque qu’une charnière, que l’on place à l’arrière, pour terminer le petit abri. Cette porte permettra de vider la boîte à chaque fin de saison de reproduction. « On peut aussi aller regarder les œufs, voire les poussins qui ont quelques jours, signale Camille-Sophie Cozzarolo. Mais il ne faudrait pas dépasser cinq minutes d’observation et on ne touche ja- mais une femelle qui couve. Par ailleurs, on évite de les dé- ranger lorsque les petits ont 2 à 3 semaines, car ils sont vifs et risquent de s’envoler précocement. S’ils s’échappent à ce moment-là, ils ont peu de chances de survie. »

À chacun son nichoir

Ces petites habitations arboricoles sont conçues pour les oiseaux cavernicoles, ou semi-cavernicoles. « Ce qui va dé- terminer quelle espèce peut y pénétrer, c’est le diamètre de l’entrée, déclare Philippe Christe. Par exemple, une mé- sange bleue a besoin de 28 mm de diamètre, une charbon-

nière de 32 mm, une huppe ou un étourneau de 48 à 50 mm. Si l’ouverture est trop large, les prédateurs et les com- pétiteurs vont rentrer. Les moineaux domestiques, cos- tauds, pondent volontiers dans les nichoirs des mésanges et n’hésitent pas à les tuer afin de s’approprier leur nid. »

Parmi les prédateurs potentiels, on compte les fouines, les hermines, les martres, les chats. Et parfois des ser- pents. « Je possédais des nichoirs à étourneaux en Valais, conte le professeur. Une couleuvre d’Esculape s’est infil- trée dans l’un d’eux et a avalé toute la nichée. Elle avait tel- lement mangé qu’elle n’arrivait plus à ressortir... »

Régulièrement, des mammifères profitent de ces abris inespérés pour s’assoupir, de nuit comme de jour. « Sur le site de l’UNIL, on découvre souvent des muscardins, relève Camille-Sophie Cozzarolo. Près de Bière, les loirs viennent y passer une nuit et repartent en général le len- demain. Quand on ouvre, c’est assez drôle, car ils ne se réveillent pas. Il m’est arrivé de tomber sur une chauve-

NATURE

PHILIPPE CHRISTE ET CAMILLE-SOPHIE COZZAROLO

Professeur associé.

Doctorante FNS. Tous deux au Département d’écologie et évolution (Faculté de biologie et de médecine).

Nicole Chuard © UNIL

L’UNIL, un campus durable unil.ch/durable/campus

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souris dans un nichoir à mésange. Elle s’y reposait en jour- née. » La doctorante note que l’on sait tout de suite à qui on a affaire en observant un nid, car chaque espèce utilise des matériaux et des structures différentes. « Les mésanges charbonnières amènent de la mousse, principalement, avec des brindilles. Elles forment un tas et quand l’épais- seur leur convient, elles creusent un trou qu’elles tapissent de poils (de chien en ville, de sanglier ou de chevreuil à la campagne), de laine ou de bouts de scalp et de fourrure de petits rongeurs morts. Les mésanges bleues préfèrent les plumes d’oiseau. Quant aux moineaux, leur nid paraît moins confortable avec sa paille et ses herbes sèches. »

Les joies de la campagne

Pour espérer voir passer un rapace au-dessus de son jar- din, mieux vaut habiter aux abords d’une forêt. « En ville, on peut parfois trouver un faucon pèlerin sur un clocher, mais pas chez un particulier, souligne Camille-Sophie

Cozzarolo. À la campagne, c’est une bonne idée d’attirer les rapaces avec des nichoirs, car ils permettent de lut- ter contre les rongeurs, notamment les campagnols qui détruisent les cultures. » Dans ce cas, le nichoir doit être beaucoup plus grand, avec un fond de 65 cm sur 65 pour les chouettes effraies par exemple. « Selon les densités de population, on installe des caisses sur des piquets au mi- lieu des champs, commente Philippe Christe. En Israël par exemple, on récupère d’anciennes caisses de munitions pour faire des nichoirs à chouettes. Tandis que les Jorda- niens emploient des urnes de vote. Pour les effraies, on dé- coupe une entrée rectangulaire, on aménage un petit cou- loir avec une chicane et une chambre où nicher. Il faut que l’endroit reste sombre pour qu’elles soient tranquilles. »

Hirondelles et martinets ont aussi droit à leurs nichoirs, éloignés de la ville. À l’UNIL, le groupe de Philippe Christe collabore avec Unibat, le service des bâtiments et travaux, dans le but de leur fournir des logis. « Nous avons dis-

À DORIGNY

Une collaboration entre le DEE et le service des bâtiments de l’UNIL (Unibat) a permis d’installer des nichoirs à martinets noirs sur le Génopode.

Nicole Chuard © UNIL

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24 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne posé un certain nombre de nichoirs à martinets sur le Génopode et d’autres à hirondelles à différents endroits, se réjouit le biologiste. Les hirondelles de fenêtres aiment s’im- planter sous les avant-toits. On peut leur aménager des cu- pules en ciment que l’on achète à la Station ornithologique suisse de Sempach. »

Le meilleur emplacement

Lorsqu’on a déniché l’arbre idéal, il faut encore trouver l’em- placement parfait pour attacher le nichoir. « On évite de le mettre derrière une branche qui permettrait à un préda- teur de sauter dessus, remarque Camille-Sophie Cozzarolo.

Il faut aussi un lieu un peu ombragé. L’ombre d’un feuillage par exemple. » Philippe Christe estime que dans un jardin, placer la boîte à 2m50 du sol est le plus judicieux : « On peut monter jusqu’à 4 m. Il suffit ensuite de le suspendre à une branche solide avec un fil de fer. Si le nichoir se balance au vent, cela n’est pas grave. En revanche, on ne le cloue jamais contre l’arbre, que cela blesserait. »

Le biologiste précise que l’on commence toujours par en mettre un. « Si cela fonctionne bien, on peut en ajouter un deuxième à l’autre bout du jardin. Chacun doit posséder son propre domaine. » Comme les mésanges restent territo- riales au sein d’une même espèce, Camille-Sophie Cozza-

rolo juge préférable d’entreposer des nichoirs destinés à des oiseaux différents, afin de simplifier leurs relations avec le voisinage.

L’émerveillement

Que peut-on espérer observer quand on a un nichoir chez soi ? Le bal des parents mésanges qui apportent tour à tour des chenilles à leurs bébés affamés. « Les mésanges sont utiles dans la lutte contre les insectes dans son potager et sur les arbres fruitiers », indique la chercheuse. Mais aussi leurs sorties avec les poubelles, à savoir les crottes de leur progéniture emballées dans de petits sacs, « pour éviter une accumulation d’excréments qui attireraient les prédateurs en montrant qu’il y a des petits ».

Les mélomanes se réjouiront des chants d’alerte des mâles, qui émettent des cris spéciaux quand ils défendent leur territoire. « On peut aussi admirer les cravates noires des mâles charbonnières, poursuit Camille-Sophie Cozza- rolo. Les femelles ont un faible pour les bons chanteurs à grosse cravate. Un mâle à petite cravate leur paraît moins sexy. » Le clou du spectacle : l’envol d’une nichée. « C’est aussi fantastique de voir les jeunes traîner encore sur l’arbre à un moment où ils sont très vulnérables parce qu’ils ne volent pas bien. »

NATURE

FABRICATION

Frank Chalard, préparateur au sein du DEE, fabrique un nichoir à chouettes d’exposition. Des animaux empaillés y seront mis en scène pour montrer ce qui se passe dans la nature lors des activités publiques de l’UNIL (Journées Découverte, Mystères, etc.)

Nicole Chuard © UNIL

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Une fois la saison de la reproduction terminée, un net- toyage s’impose. On attend bien évidemment l’automne pour être sûr que le nichoir n’est plus habité. « On jette sim- plement ce qui se trouve à l’intérieur et on gratte les restes de fientes avec une brosse à vaisselle sans mettre aucun produit, développe Camille-Sophie Cozzarolo. Mais il n’y a pas besoin d’un décrassage ultra hygiénique. Dans la na- ture, personne ne vient passer la panosse après la nidifi- cation... » D’ailleurs, les oiseaux ont l’habitude de vivre au contact de la vermine. Dans le cadre de sa thèse, la cher- cheuse étudie les effets des parasites de la malaria (des oi- seaux, sans risques pour les humains) sur la survie et sur la reproduction des mésanges charbonnières.

« Grâce à un suivi à long terme, nous avons entre autre découvert un effet contre-intuitif : les mésanges infectées ont plus de petits à maturité à la fin de la saison que les mé- sanges non infectées. Deux explications sont plausibles.

La première : les individus qui allouent plus d’énergie à la reproduction en élevant beaucoup de petits pourraient être moins aptes à se défendre contre une infection, car ils au- raient potentiellement moins investi d’énergie dans leur réponse immunitaire. » Et la seconde ? Selon la biologiste, un oiseau infecté, qui a une probabilité de survie plus basse qu’un non-infecté, pourrait avoir une stratégie adap-

tative : avoir plus de petits afin de compenser le fait qu’il ne sera peut-être pas là pour en refaire d’autres. Alors qu’un oiseau non-infecté, qui a plus de chance de survie, répar- tira son effort de reproduction sur toute son existence.

Un hobby à risques ?

Lors du nettoyage, il est possible de se retrouver face à face avec des puces (ectoparasites). « Elles peuvent pi- quer, ce qui provoque de petites démangeaisons. Mais il n’existe pas de réels problèmes sanitaires », tient à cla- rifier Camille-Sophie Cozzarolo. La présence de jolies mouches bleues autour du nid ne doit pas non plus inquié- ter. « Il s’agit de Protocalliphora, qui viennent pondre dans le nichoir, éclaire Philippe Christe. Leurs asticots se déve- loppent en suçant le sang des jeunes. Les adultes butinent les fleurs, donc ne piquent pas l’Homme. »

Le professeur reçoit régulièrement des appels de par- ticuliers qui pensent appeler un dératiseur à cause de la présence de punaises provenant d’hirondelles de fe- nêtres. « Ces insectes ressemblent aux punaises de lit, mais n’en sont pas. J’en ai manipulé des dizaines de mil- liers en Espagne, elles se sont promenées sur moi, mais je ne me suis jamais fait piquer une seule fois ! Malheureuse- ment, des propriétaires détruisent des nids d’hirondelles en croyant qu’ils amènent des insectes nuisibles sans que cela soit avéré. » Toutefois, les nichoirs peuvent aussi atti- rer les guêpes et les frelons. « Tant qu’ils sont actifs, on n’approche plus le nid. Il faut attendre l’hiver pour l’ou- vrir et le nettoyer. L’année suivante, des mésanges vien- dront peut-être y nicher. »

Aider les chauves-souris

Spécialiste des chauves-souris, Philippe Christe leur a installé de nombreux nichoirs dans les forêts, parfois à plus de dix mètres de haut. « Il en existe deux grands types. Le premier s’adresse aux cavernicoles. Il ressemble à un nichoir à oiseaux de forme circulaire, plus facile à acheter qu’à construire. Le second concerne toutes les autres. » Pareil à une boîte aux lettres très mince, ce der- nier nécessite une planche avec des rainures, pour que les chauves-souris puissent y grimper, un petit toit et une en- trée très étroite située en bas.

« Il faut clouer la boîte contre le mur d’une maison, la suspendre à une poutre en hauteur ou à un volet, au soleil, loin des lumières artificielles. On peut en faire de toutes les tailles, avec des labyrinthes, à plusieurs étages. Le ni- choir est très facile à réaliser, mais il n’y a aucune ga- rantie d’avoir des habitantes à l’intérieur. » Pipistrelles, noctules ou murins de Daubenton voletteront peut-être autour de leur bel abri. « Mais cela n’est pas spectaculaire.

Elles vivent la nuit. Et pour avoir une colonie de reproduc- tion chez soi, il faut avoir une chance inouïe. Néanmoins, cela vaut la peine de leur fournir un refuge, car elles en manquent dans la nature. » 

ABRI

Nichoir à étourneaux dans la forêt de Dorigny.

Nicole Chuard © UNIL

ABANDON

Un oeuf d’étourneau découvert dans un nichoir de l’UNIL.

Nicole Chuard © UNIL

La station ornithologique de Sempach vogelwarte.ch

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26 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

Couleur des yeux, des cheveux et de la peau, âge et origine ethnique, l’ADN retrouvé sur une scène de crime peut donner des précisions sur un individu recherché. Un projet de loi est en consultation pour permettre le phénotypage. Plongée au cœur du génome.

TEXTE SABINE PIROLT    ILLLUSTRATION ORIGINALE DE JEHAN KHODL

PORTRAIT-ROBOT?

PHÉNOTYPAGE

L’ADN PEUT-IL VRAIMENT

AIDER À ÉTABLIR UN

plus sur l’origine ethnique, l’âge, la couleur des cheveux, des yeux et de la peau de la personne recherchée. Lan- cée fin août 2019, une procédure de consultation est en cours. À cette occasion, Karin Keller-Sutter, ministre de la Justice et Police, a rappelé que la science a fait des pro- grès importants depuis 2005, date de l’entrée en vigueur de l’ordonnance sur les profils d’ADN. Actuellement, loi oblige, seul le sexe de l’auteur peut être déterminé à par- tir d’une trace ADN.

Un portrait-robot génétique ?

Aujourd’hui, les résultats du phénotypage – de son vrai nom phénotypage moléculaire forensique – associés à d’autres informations, comme les témoignages et

L

e drame d’Emmen, petite ville au nord de Lucerne, a frappé toute la Suisse. En juillet 2015, alors qu’elle rentre chez elle, une jeune femme est brutalement poussée de son vélo et violée. Il est environ minuit et elle est à 500 mètres de chez elle. Le choc subi en tombant sur le sol est si violent que la Lucernoise de 30 ans est aujourd’hui tétraplégique. À ce jour, malgré des profils ADN établis pour quelque 400 hommes afin de comparer leur ADN avec celui retrouvé sur les habits de la victime, l’agresseur court toujours.

C’est cette tragique affaire non élucidée qui a amené un conseiller national lucernois à déposer une motion de- mandant un changement de loi pour permettre l’exploita- tion de séquences codantes de l’ADN. Le but ? En savoir

POLICE

Le phénotypage donne des informations au sujet d’une personne à partir de son ADN. Mais cette méthode a ses limites.

@ Jehan Khodl

SCIENCES CRIMINELLES

Le Centre universitaire romand de médecine légale

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