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PHILIPPE CHRISTE ET CAMILLE-SOPHIE

Dans le document CERVEAU ? ALLEZ (Page 22-26)

COZZAROLO

Professeur associé.

Doctorante FNS. Tous deux au Département d’écologie et évolution (Faculté de biologie et de médecine).

Nicole Chuard © UNIL

L’UNIL, un campus durable unil.ch/durable/campus

souris dans un nichoir à mésange. Elle s’y reposait en jour-née. » La doctorante note que l’on sait tout de suite à qui on a affaire en observant un nid, car chaque espèce utilise des matériaux et des structures différentes. « Les mésanges charbonnières amènent de la mousse, principalement, avec des brindilles. Elles forment un tas et quand l’épais-seur leur convient, elles creusent un trou qu’elles tapissent de poils (de chien en ville, de sanglier ou de chevreuil à la campagne), de laine ou de bouts de scalp et de fourrure de petits rongeurs morts. Les mésanges bleues préfèrent les plumes d’oiseau. Quant aux moineaux, leur nid paraît moins confortable avec sa paille et ses herbes sèches. »

Les joies de la campagne

Pour espérer voir passer un rapace au-dessus de son jar-din, mieux vaut habiter aux abords d’une forêt. « En ville, on peut parfois trouver un faucon pèlerin sur un clocher, mais pas chez un particulier, souligne Camille-Sophie

Cozzarolo. À la campagne, c’est une bonne idée d’attirer les rapaces avec des nichoirs, car ils permettent de lut-ter contre les rongeurs, notamment les campagnols qui détruisent les cultures. » Dans ce cas, le nichoir doit être beaucoup plus grand, avec un fond de 65 cm sur 65 pour les chouettes effraies par exemple. « Selon les densités de population, on installe des caisses sur des piquets au mi-lieu des champs, commente Philippe Christe. En Israël par exemple, on récupère d’anciennes caisses de munitions pour faire des nichoirs à chouettes. Tandis que les Jorda-niens emploient des urnes de vote. Pour les effraies, on dé-coupe une entrée rectangulaire, on aménage un petit cou-loir avec une chicane et une chambre où nicher. Il faut que l’endroit reste sombre pour qu’elles soient tranquilles. »

Hirondelles et martinets ont aussi droit à leurs nichoirs, éloignés de la ville. À l’UNIL, le groupe de Philippe Christe collabore avec Unibat, le service des bâtiments et travaux, dans le but de leur fournir des logis. « Nous avons

dis-À DORIGNY

Une collaboration entre le DEE et le service des bâtiments de l’UNIL (Unibat) a permis d’installer des nichoirs à martinets noirs sur le Génopode.

Nicole Chuard © UNIL

24 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne posé un certain nombre de nichoirs à martinets sur le Génopode et d’autres à hirondelles à différents endroits, se réjouit le biologiste. Les hirondelles de fenêtres aiment s’im-planter sous les avant-toits. On peut leur aménager des cu-pules en ciment que l’on achète à la Station ornithologique suisse de Sempach. »

Le meilleur emplacement

Lorsqu’on a déniché l’arbre idéal, il faut encore trouver l’em-placement parfait pour attacher le nichoir. « On évite de le mettre derrière une branche qui permettrait à un préda-teur de sauter dessus, remarque Camille-Sophie Cozzarolo.

Il faut aussi un lieu un peu ombragé. L’ombre d’un feuillage par exemple. » Philippe Christe estime que dans un jardin, placer la boîte à 2m50 du sol est le plus judicieux : « On peut monter jusqu’à 4 m. Il suffit ensuite de le suspendre à une branche solide avec un fil de fer. Si le nichoir se balance au vent, cela n’est pas grave. En revanche, on ne le cloue jamais contre l’arbre, que cela blesserait. »

Le biologiste précise que l’on commence toujours par en mettre un. « Si cela fonctionne bien, on peut en ajouter un deuxième à l’autre bout du jardin. Chacun doit posséder son propre domaine. » Comme les mésanges restent territo-riales au sein d’une même espèce, Camille-Sophie

Cozza-rolo juge préférable d’entreposer des nichoirs destinés à des oiseaux différents, afin de simplifier leurs relations avec le voisinage.

L’émerveillement

Que peut-on espérer observer quand on a un nichoir chez soi ? Le bal des parents mésanges qui apportent tour à tour des chenilles à leurs bébés affamés. « Les mésanges sont utiles dans la lutte contre les insectes dans son potager et sur les arbres fruitiers », indique la chercheuse. Mais aussi leurs sorties avec les poubelles, à savoir les crottes de leur progéniture emballées dans de petits sacs, « pour éviter une accumulation d’excréments qui attireraient les prédateurs en montrant qu’il y a des petits ».

Les mélomanes se réjouiront des chants d’alerte des mâles, qui émettent des cris spéciaux quand ils défendent leur territoire. « On peut aussi admirer les cravates noires des mâles charbonnières, poursuit Camille-Sophie Cozza-rolo. Les femelles ont un faible pour les bons chanteurs à grosse cravate. Un mâle à petite cravate leur paraît moins sexy. » Le clou du spectacle : l’envol d’une nichée. « C’est aussi fantastique de voir les jeunes traîner encore sur l’arbre à un moment où ils sont très vulnérables parce qu’ils ne volent pas bien. »

NATURE

FABRICATION

Frank Chalard, préparateur au sein du DEE, fabrique un nichoir à chouettes d’exposition. Des animaux empaillés y seront mis en scène pour montrer ce qui se passe dans la nature lors des activités publiques de l’UNIL (Journées Découverte, Mystères, etc.)

Nicole Chuard © UNIL

Une fois la saison de la reproduction terminée, un net-toyage s’impose. On attend bien évidemment l’automne pour être sûr que le nichoir n’est plus habité. « On jette sim-plement ce qui se trouve à l’intérieur et on gratte les restes de fientes avec une brosse à vaisselle sans mettre aucun produit, développe Camille-Sophie Cozzarolo. Mais il n’y a pas besoin d’un décrassage ultra hygiénique. Dans la na-ture, personne ne vient passer la panosse après la nidifi-cation... » D’ailleurs, les oiseaux ont l’habitude de vivre au contact de la vermine. Dans le cadre de sa thèse, la cher-cheuse étudie les effets des parasites de la malaria (des oi-seaux, sans risques pour les humains) sur la survie et sur la reproduction des mésanges charbonnières.

« Grâce à un suivi à long terme, nous avons entre autre découvert un effet contre-intuitif : les mésanges infectées ont plus de petits à maturité à la fin de la saison que les mé-sanges non infectées. Deux explications sont plausibles.

La première : les individus qui allouent plus d’énergie à la reproduction en élevant beaucoup de petits pourraient être moins aptes à se défendre contre une infection, car ils au-raient potentiellement moins investi d’énergie dans leur réponse immunitaire. » Et la seconde ? Selon la biologiste, un oiseau infecté, qui a une probabilité de survie plus basse qu’un non-infecté, pourrait avoir une stratégie

adap-tative : avoir plus de petits afin de compenser le fait qu’il ne sera peut-être pas là pour en refaire d’autres. Alors qu’un oiseau non-infecté, qui a plus de chance de survie, répar-tira son effort de reproduction sur toute son existence.

Un hobby à risques ?

Lors du nettoyage, il est possible de se retrouver face à face avec des puces (ectoparasites). « Elles peuvent pi-quer, ce qui provoque de petites démangeaisons. Mais il n’existe pas de réels problèmes sanitaires », tient à cla-rifier Camille-Sophie Cozzarolo. La présence de jolies mouches bleues autour du nid ne doit pas non plus inquié-ter. « Il s’agit de Protocalliphora, qui viennent pondre dans le nichoir, éclaire Philippe Christe. Leurs asticots se déve-loppent en suçant le sang des jeunes. Les adultes butinent les fleurs, donc ne piquent pas l’Homme. »

Le professeur reçoit régulièrement des appels de par-ticuliers qui pensent appeler un dératiseur à cause de la présence de punaises provenant d’hirondelles de fe-nêtres. « Ces insectes ressemblent aux punaises de lit, mais n’en sont pas. J’en ai manipulé des dizaines de mil-liers en Espagne, elles se sont promenées sur moi, mais je ne me suis jamais fait piquer une seule fois ! Malheureuse-ment, des propriétaires détruisent des nids d’hirondelles en croyant qu’ils amènent des insectes nuisibles sans que cela soit avéré. » Toutefois, les nichoirs peuvent aussi atti-rer les guêpes et les frelons. « Tant qu’ils sont actifs, on n’approche plus le nid. Il faut attendre l’hiver pour l’ou-vrir et le nettoyer. L’année suivante, des mésanges vien-dront peut-être y nicher. »

Aider les chauves-souris

Spécialiste des chauves-souris, Philippe Christe leur a installé de nombreux nichoirs dans les forêts, parfois à plus de dix mètres de haut. « Il en existe deux grands types. Le premier s’adresse aux cavernicoles. Il ressemble à un nichoir à oiseaux de forme circulaire, plus facile à acheter qu’à construire. Le second concerne toutes les autres. » Pareil à une boîte aux lettres très mince, ce der-nier nécessite une planche avec des rainures, pour que les chauves-souris puissent y grimper, un petit toit et une en-trée très étroite située en bas.

« Il faut clouer la boîte contre le mur d’une maison, la suspendre à une poutre en hauteur ou à un volet, au soleil, loin des lumières artificielles. On peut en faire de toutes les tailles, avec des labyrinthes, à plusieurs étages. Le ni-choir est très facile à réaliser, mais il n’y a aucune ga-rantie d’avoir des habitantes à l’intérieur. » Pipistrelles, noctules ou murins de Daubenton voletteront peut-être autour de leur bel abri. « Mais cela n’est pas spectaculaire.

Elles vivent la nuit. Et pour avoir une colonie de reproduc-tion chez soi, il faut avoir une chance inouïe. Néanmoins, cela vaut la peine de leur fournir un refuge, car elles en manquent dans la nature. » 

ABRI

Nichoir à étourneaux dans la forêt de Dorigny.

Nicole Chuard © UNIL

ABANDON

Un oeuf d’étourneau découvert dans un nichoir de l’UNIL.

Nicole Chuard © UNIL

La station ornithologique de Sempach vogelwarte.ch

26 Allez savoir ! N° 74 Janvier 2020 UNIL | Université de Lausanne

Couleur des yeux, des cheveux et de la peau, âge et origine ethnique, l’ADN retrouvé sur une scène de crime

peut donner des précisions sur un individu recherché. Un projet de loi est en consultation pour permettre le

phénotypage. Plongée au cœur du génome.

TEXTE SABINE PIROLT    ILLLUSTRATION ORIGINALE DE JEHAN KHODL

Dans le document CERVEAU ? ALLEZ (Page 22-26)

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