A NNALES MATHÉMATIQUES B LAISE P ASCAL
S. P AYCHA M. A RNAUDON
Projections de mouvements browniens régularisés via l’action d’un groupe de Lie hilbertien
Annales mathématiques Blaise Pascal, tome 3, n
o1 (1996), p. 103-110
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PROJECTIONS DE MOUVEMENTS BROWNIENS REGULARISES VIA L’ACTION D’UN GROUPE DE LIE HILBERTIEN
S.PAYCHA
M. ARNAUDON
Résumé:Nous
présentons
des résultats de travaux récents([1], [2], [3])-
motivés enpartie
par des
problèmes
rencontrés en théorie dechamps
dejauge-
concernant lesprojections
d’une classe de
martingales (que
nousappellons
mouvements Browniensrégularisés) définies
localement par une
équation différentielle stochastique
sur une variétéhilbertienne,
et pro-jetées
via l’actionisométrique
d’un groupe de Lie de dimensioninfinie
sur cette variété.A l’aide de notions
géométriques
comme celle de minimalité desorbites,
étendues au casde la dimension
infinie,
nous proposons unegénéralisation
dans le cas de variétés de di- mensioninfinie,
des résultats connus en dimensionfinie,
commele lait qu’un
mouvementBrownien se
projette (par
une actionisométrique)
en un mouvement Brownien si ls orbitessont minimales.
Summary:
Wepresent
here recent results established in[1], [2]
and[3]
-which werepartly
motivated
by
gauge theoreticalproblems- concerning projections of
a classof martingales (which
we shallrefer
to asregularised
Brownianmotions) locally defined by
astochastic differential equation
on a Hilbertmanifold
andprojected
viathe
isometric actionof
aninfinite
dimensional Lie group on thismanifold.
With thehelp of geometric concepts
such as the notionof minimality of orbits,
extended to theinfinite
dimensional case, wegeneralise
to thesetting of infinite
dimensionalmanifolds,
well known results in thefinite
dimensional case, such as the
fact
that a Brownian motionprojects (via
an isometricaction)
onto a Brownian motion when the orbits are minimal.Laboratoire de
M athématique3 A ppliquée3
Université Blaise Pa3cal
Compleze
Universitaire desCéxeaux,
63 177 Aubière Cedex FranceCes notes sont écrites à
partir
de travaux communs~1~, ~2J
et~3~
avecIn3titut de Recherche de
Mathématiques
AvancéesUniversité Louis Pasteur et C.N.R.S
7,
Rue RenéDescartes,
6708g Strasbourg
Cedez FranceI. Introduction:
L’étude de
projections
desemi-martingales
par l’action d’un groupe que nousprésentons
ici brièvement est motivée à
l’origine
par desproblèmes
que l’on rencontre dans laquantifi-
cation fonctionnelle en théorie des
champs
dejauge.
Cette méthode dequantification
meten oeuvre des
intégrales
de chemin(fonction
departition
ou fonctions decorrélation)
dutype " J1’
P étant une variété de chemins(de
dimensioninfinie), "dp"
une mesurede volume formelle sur la variété
P, f
une fonction sur P à valeurs dans k~ ou C.104
Soit G un groupe de
symétries (qui
est engénéral
une variété de dimensioninfinie)
del’action
classique correspondant
à la théorie que l’on veutquantifier
et supposons que ce groupeagisse
sur P par une action:(9~p)
"’ P’ 9~de telle manière que le
quotient
X zP/G
soit une variété C°° et laprojection canonique
~r : ?~ --f X induise une structure de fibré
principal.
.Décrivons
rapidement
et très formellement leprincipe
duprocédé
deFaddeev-Popov qui permet
deprojeter l’intégrale
de chemins sur P sur uneintégrale
de chemins sur lequotient
X =
7~/G. Lorsque
la fonctionf
et la mesure de volume formelle sur P sontG-invariantes,
on
peut
écrire formellement:"
=
(VolG) Xf(x)Jxdx"
VolG
désignant
le volume formel deG, f
laprojection
def,
une mesure de volumesur X et
Jx
undéterminant
Jacobienqui correspond
essentiellement au déterminant deFaddeev-Popov
utilisé enphysique.
A défaut de
pouvoir
décrire en termesmathématiques
cetteprojection
de mesures devolume
qui
n’ont pas de sens sur des variétés de dimensioninfinie,
nous nous intéres-sons ici à un
problème
similaire deprojections
desemi-martingales
définies sur P sur dessemi-martingales
sur lequotient
X. La motivationmathématique
derrière ce pas- sage duproblème
concernant lesprojections
mesures de volume à celui deprojections
desemi-martingales
vient du fait que sur une variété Riemanniennecompacte,
la mesure de volume est une mesure invariante pour le mouvement Brownien etqu’il
est alors natureld’interpréter le projeté
dela
mesure comme mesure invariante du processusprojeté.
Ence sens, l’étude des
projections
desemi-martingales
que nous proposons ici est un pas versune
interprétation mathématique
duprocédé
deFaddeev-Popov.
Cette étude pose,
indépendemment
de la motivationphysique,
desquestions
de naturegéométrique
intéressantespuisqu’elle recquiert
unegénéralisation
de notions bien connues en dimension finie(lorsque
le groupe de Lie estcompact)
comme celle de minimalité et de variation volume d’orbites.II. Le cas de la dimension finie II.1 Le cadre
géométrique
Afin de motiver les constructions
géométriques
en dimension infinie dont nous aurons be- soin par lasuite,
commençons tout d’abord par décrire lesprojections
desemi-martingales
en dimension finie.
G est un groupe de Lie
compact qui agit
sur une variété Riemannienne de dimension finie par une actionlibre, C~ , isométrique
et propre:Sous ces
hypothèses,
Y =P/G
est une variété Riemannienne(munie
de la structureRiemannienne induite par celle de
~),
et laprojection canonique x :
: P --~ X induit unestructure de fibré
principal
avec groupe de structure G.Il est alors intéressant de remarquer que:
1)
Le mouvement Brownien sur P ne seprojette
engénéral
pas en un mouvement Brown-ien sur le
quotient
X. Si les orbites pour l’action de G sontminimales,
leprojeté
du mouvement Brownien est
cependant
unmouvement
Brownien(ceci
est un résultatclassique
et le lecteur pourra aussi consulter[1], [4], [5], [6]
où leproblème plus général
de la factorisation de processus a été considéré dans divers
contextes).
2)
Unemartingale
sur P ne seprojette
engénéral
pas sur unemartingale
sur lequotient
X. Si les orbites pour l’action de G sont totalement
géodésiques,
leprojeté
d’unemartingale
estcependant
unemartingale [1], [3].
La natùre des processus
projetés dépend
donc fortement de lagéométrie
desorbites,
quenous décrivons maintenant brièvement.
IL2 Notion de minimalité d’orbites
Désignons
par V la connexion de Levi-Civita sur l’ et parOp
l’orbite dupoint
p de P pour l’action du groupe G. On noteraVp
=TpOp l’espace tangent
vertical aupoint
p. Lamétrique
Riemannienne G-invariante induit unedécomposition
G-invariante del’espace tangent
TpP = Hp ~ Vp .
Hp
étantl’espace
horizontal aupoint
p défini commel’orthogonal
deVp
dansTpP.
La seconde
forme fondamentale Sp
aupoint
p E P(voir
par ex.(8~, (9~)
est définie par:(U~ v)
-~ ,l’indice h
désignant
laprojection
horizontale du vecteurtangént, V désignant
un pro-longement
du vecteur vertical V en unchamp
de vecteurs verticaux(on
montre que cettedéfinition ne
dépend
pas duprolongement).
Onappelle
orbite totalementgéodésique,
toutorbite
Op
pourlaquelle
la seconde forme fondamentaleSp
estidentiquement
nulle.Dans le cas où G est muni d’une mesure
Adg invariante,
la relation suivantequi provient
d’un calcul
simple [1],
permetd’interpréter
la trace de la seconde forme fondamentale entermes de variation de
volumes d’orbites:
trSp, X >p= -Xlogvol(Op).
Ici,
~, ~>p désigne
leproduit
scalaire surTpP
associé à lamétrique Riemannienne, V olOp désigne
le volume de l’orbite pour la mesure de volume sur P induite par lamétrique,
Xun
champ
de vecteurs horizontal. Une orbite minimale étant par définition une orbiteOp
pourlaquelle trSp
=0,
cette relationpermet
de retrouver-dans le casparticulier
oùG est muni d’une mesure
Adg-invariante -
le théorème deHsiang qui
dit que les orbites106
minimales coïncident avec les orbites de volume extrémal
parmi
les orbites de mêmetype
[9].
II.3
Projection
desemi-martingales
Dans cette
section,
nous décrivons lesprojetés
desemi-martingales
dans le cas où la variétéP est de dimension finie n. Soient p ~
a(p)
et p ~A(p)
deuxchamps
localementLips- chitziens, a(p)
ETpP, A(p)
:1R" -iTpP
etsoit 03BE
unesemi-martingale
définie localementcomme solution de
l’équation
différentiellestochastique (au
sensd’Itô):
d03BE
=A(03BE)dB
+a(03BE)dt.
On supposera de
plus
que lechamp d’opérateurs
A se scinde en unchamp
horizontal et unchamp
verticalA(p)
= et que a et A sontG-invariants,
soita(p.g)
=R*ga(p)
et
A(p . g)
=R;A(p).
Sous ceshypothèses,
onpeut
montrer[3]
que lasemi-martingale ç
se
projette
en unesemi-martingale e
solution del’équation
différentiellestochastique qui
s’écrit
(au
sensd’Itô)
localement:d
w
=
.A a dB + à
dt-1
tr *S-dt
où
fi désignant
leprojeté
dupoint
p, on a défini parA(p)
o 03C0* = 03C0* oA(p),
où ona
posé a(p)
=03C0*a(p) S,
=03C0*Sp,
et oùtrAvSp
‘désigne
la tracepondérée
parl’opérateur
de la forme bilinéaireSp.
Cette
description
du processusprojeté
montre donc d’unepart qu’une semi-martingale
du
type dg
=A(03BE)dB
+a(03BE)dt (
au sens d’Itô et avec leshypothèses
ci-dessus sur A ’eta)
seprojette
sur unediffusion,
d’autrepart qu’une martingale
du typed~
=A()dB (au
sens d’Itô et avec leshypothèses
ci-dessus sur.A )
seprojette
sur unemartingale
si latrace
pondérée
par A v de la seconde forme fondamentale s’annule(donc
enparticulier
si lesfibres sont totalement
géodésiques).
Ellepermet
aussi de retrouver le faitqu’un
mouvementBrownien se
projette
en un mouvement Brownienlorsque
les orbites sont minimales.III. Le cas de la dimension infinie 111.1 Le cadre
géométrique
.Ici,
? est une variété Riemannienne hilbertienne modelée sur un espace de HilbertH,
Gest une variété Hilbertienne munie d’une structure de goupe pour
laquelle
lamultiplication
à droite est Coo
qui agit
sur P par isométries:-
(9~P) "~ p’ 9
Désignons
par rpl’opérateur tangent
en e E G à8p:?~-3?~
p - p.g.
G sur la variété
P,
que le lecteur pourra lire dans[2], [3].
Disons icisimplement
que l’on supposera que*pp
est unLaplacien généralisé (au
sens de[10])
sur une variétécompacte
sans bord et que 1’ action du groupe induit une structure de fibre
principal P
-> X =P/G,
le
quotient X
étant une variété Riemannienne de dimension finie. Sous ceshypothèses,
on a en
particulier
unedécomposition orthogonale
G-invariante del’espace tangent
en unespace horizontal
Hp
=Imr;
et un espace verticalVp
=Imrp.
Une famille de
semi-martingales
sur P est obtenue comme solutiond’équations
différentielles
stochastiques
définies(au
sensd’Itô)
localement par: .d~
=,A(~)dB
+a(~)dt,
p --~
a( p)
ETpP
et p --~A( p)
étant deuxchamps
localementLipschitziens, ,A(p)
: H -+TpP
un
opérateur
Hilbert-Schmidt.Un choix naturel pour le
champ d’opérateurs A(p)
au sens où il est dicté par l’action du groupe est deprendre
une familled’opérateurs
indexée par c > 0 et construite àpartir
d’opérateurs
de la chaleurA‘(p) ~
. On posera pour cela-
~’f lt’!
~ o~"(pl
où
I’(p) :
H’ --;Hp
est unopérateur (pas
forcémentinjectif)
vérifiantZ’(p)Z’(p)*
=Id/Hp
et
Z"(p) :
--~Vp
uneisométrie,
H’ et H" étant deux sous espaces vectoriels de H dont la somme directe est H. Nous nous intéresseronsplus particulièrement
aux processus~’‘,
que l’on
appellera
processus Browniensrégularisés
associés à l’action du groupe, définis localement comme solutions del’équation
différentiellestochastique (au
sensd’Itô):
dg
=A~(03BE)dB
=I’(03BE)dB’
+ oI"(03BE)dB"
,B’
désignant
un mouvement Brownien à valeurs dansH’,
B" un mouvement Brownien àvaleurs dans H" . Afin d’étendre à ces mouvements Browniens
régularisés, l’étude
faite endimension finie des
pro jections
desemi-martingales,
nous commencerons tout d’abord pargénéraliser
la notion devolume,
de variation de volume et de trace de la seconde forme fondamentale pour les orbites d’une action de groupe vérifiant leshypothèses
ci-dessus.111.2 Notions de minimalité d’orbites en
dimension
infinieLa seconde forme fondamentale
Sp
étant une forme bilinéaire continue(voir [3]
pour unediscussion sur le choix de la
topologie )
surl’espace tangent
verticalVp,
onpeut
définirune famille de traces
pondérées
par lesopérateurs
Hilbert-SchmidtA‘(p),
ê > 0:tr~(Sp)
=A~(p).)).
En utilisant le
développement asymptotique lorsque c
-+ 0 de la trace del’opérateur
de lachaleur on
peut
définir une notion de trace renormalisée au sens de~2~, (10):
trren(Sp) ~ Lim~~0tr(Sp(A~(p).,A~(p).))
108
que nous
n’expliciterons
pas ici. Notonssimplement
que le choix de renormalisation n’est pasunique [2].
Une orbite
Op
sera ditefortement
minimale sitr~Sp
= 0 pour tout ~ > 0 et minimale sitrren(Sp)
= o. Ces deux notions coincident(pour
un certain choix derenormalisation)
endimension finie avec la notion de minimalité décrite dans la section
précédente.
111.2 Notions d’extrémalité du volume des orbites en dimension infinie
Les mêmes
procédés
derégularisation
et de renormalisations’appliquent
au déterminant duLaplacien généralisé *pp
etpermettent
de définir d’unepart
une famille indexée par e de volumesVole(Op)
=0
d’une orbite
Op
et d’autrepart,
le volume renormaliséVolren(Op)
=detren*pp
de l’orbite
Op (là
encore le choix de la renormalisation n’est pasunique).
Sous certaines
hypothèses techniques
sur l’action du groupe(voir [2]),
on a pour unchamp
de vecteurs horizontal:
tr~Sp, X >p= -X log V ol~Op
~~ > 0et
trrenSp, X >p-= - X log V olrenOp
étant entendu ici que le choix de la renormalisation doit être le même de
part
et d’autre del’égalité.
Ceségalités
offrent unegénéralisation
du théorème deHsiang [9]
au cadre de la dimensioninfinie,
cequi
avaitdéjà
été fait dans[11]
pour l’action du groupe des lacets surl’algèbre
de Liecorrespondante
et dans[12]
pour l’action du groupe desautomorphismes
d’un fibre
principal
dans le cadre de la théorie deYang-Mills.
111.3
Projections
de mouvements Browniensrégularisés
Sous certaines
hypothèses
sur l’action du groupe enpartie
décrites dans la sectionprécédente
etqui
sont naturelles dans le cadre de la théorie deschamps,
lafaçon
dont deprojette
un mouvement Brownienrégularisé
est très semblable à cequi
se passe pour un mouvement Brownien en dimension finie.En
effet,
onpeut
montrer les résultats suivants[3]:
(i)
Si les orbites de l’action du groupe G sur la variété P sont fortementminimales,
toutmouvement Brownien
régularisé
localement décrit comme solution del’équation
différentielle
stochastique (au
sensd’Itô):
dg
=A~(03BE)dB
se
projette
en un mouvement Brownien sur la variétéquotient
de dimension finie X =’PIG.
ien
régularisé auquel
on arajouté
une dérive(horizontale) qui
compense les termesdivergents-localement
solution del’équation
différentiellestochastique (au
sensd’Itô):
d
= +1 2 ( "termes diver g ents
en")dt
se
projette
en une famille desemi-martingales
localement solutions del’équation
différentielle
stochastique (au
sensd ’Itô):
d
=I’(03BE)dB
-1 2(tr~(S03BE)
-" termesdiver g ents
en2
qui
convergent uniformémentlorsque
E tend vers o pour la convergenceL2
sur lescompacts
vers lasemi-martingale
sur X localement solution del’équation
différentiellestochastique (au
sensd’Itô):
d
=Z’ (03BE)dB - 1 2tr ren(
S03BE)
dt.(iii)
Enparticulier,
si les fibres sontminimales,
lessemi-martingales
obtenues comme pro-jetées
d’une famille de mouvements Browniens renormalisésconvergent
vers le mou-vement Brownien sur la variété Riemannienne
quotient..
Références:
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M.Arnaudon, S.Paycha,
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some stochastic toolson Hilbert
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