A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
R AYMOND B IREBENT
Sur une nouvelle action d’un champ magnétique uniforme sur une cellule à gaz
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 4
esérie, tome 15 (1951), p. 187-194
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SUR UNE NOUVELLE ACTION D’UN CHAMP
MAGNÉTIQUE UNIFORME
SUR UNE CELLULE A GAZ
par
Raymond BIREBENT
Résumé. - Le courant débité par une cellule à gaz à cathode plane est notablelnent augmenté par un champ magnétique uniforme perpendiculaire au plan de la cathode.
Pour une intensité suffisante du champ, le courant ne dépend que de la tension et de l’éclairement. Les caracté~ristiques courant-tension pe~uvent être alors représentées par une fonction exponentielle qui fait apparaître le potentiel d’ionisation du gaz, Ce poten- tiel peut être encore mis en évidence par la considération du rapport des courants
aver et sans champ magnétique.
INTRODUCTION .
Lorsqu’on
soumet une cellulephotoélectrique
à gaz à unchamp magné- tique
uniforme d’intensitécroissante,
onpeut observ er,
avec lestypes
usuels de
cellules,
un accroissement de courant pour une certaine valeur duchamp.
Généralement cet accroissementdisparaît
dèsqu’on dépasse
cette valeur
particulière
et le courant diminue ensuiterapidement.
La direc-tion du
champ qui
rendpossiblè
l’observation de cephénomène
est cellequi permet
aux électrons d’aller de la cathode à l’anode en décrivant unetrajectoire
hélicoïdale. Lalongueur
de latrajectoire
étant de ce faitplus grande,
l’ionisation se trouve accrue.’routefois,
les anodes des cellules courantesn’ayant généralement qu’une
faiblesurface,
tout nouvel accrois- sement de courbure destrajectoires électroniques
se traduit par une dimi-nution
sensible du courant, lamajeure partie
des électrons nepouvant
plus
alors atteindre l’anode. ’Cette
augmentation
de l’ionisation parl’allongement
destrajectoires électroniques
sous l’action d’unchamp magnétique
a étédéjà
souvent uti-lisée. On
peut
citer parexemple
certaines cellules de formespécialement
étudiée dans ce
but,
telle lacellule
Karolus ou encore lajauge
d’ionisationà cathode froide de
Penning (Philips).
,Cependant,
nous avons pu mettre enévidence,
enparticulier
avec une celluletype
C. M. G. 6 (GeneralElectric)
une autre actiondu champ magnétique qui
conduit elleaussi,
par un processus différent duprécédent,
à un accroissement notable du courant. , , ,
188
La cellule C. M. G. 6
possède
une cathodeplane rectangulaire,
au césiumsur
argent oxydé, disposée
suivant unplan
diamétral del’ampoule cylin- drique.
L’anode est constituée par ungrillage qui tapisse
laparoi
interne del’ampoule,
sur une hauteursensiblement égale
à celle de la cathode(fig. 1).
,Si on fait
agir
unchamp magnétique
uniformedirigé perpendiculai-
rement au
plan
de lacathode,
la tensionappliquée
à la cellule et l’éclaire-FIG. 1.
ment étant maintenus
constants,
on constate que le courant débité croît d’abord avec l’intensité duchamp magnétique, puis
atteint une valeurconstante
indépendante
de lagrandeur
duchamp
ainsi que de son sens.Posons :
J courant fourni par la cellule sans
champ magnétique
.JH - - avec -
la
figure (2 )
montre l’allure des courbes AJ= f (H ) ,
tracées pourdifférentes
tensions.
On voit immédiatement le
gain important
de courant ainsiréalisé, près
de 60 % du courant sans
champ
dans le cas considéré pour la tension de90 volts, ainsi que l’existence d’une valeur limite de ce courant dès que le
champ
atteint une certaine intensitéqui
croît d’ailleurs avec la tension.Donnant alors à ce dernier une intensité telle que le courant maximum soit
toujours
atteintquelle
que soit latension,
onpeut
étudier le compor-. tement de la cellule
lorsqu’on
fait varier soit la tension soit l’éclairement.Nous avons d’abord étudié l’influence de la tension et ce sont les résultats ainsi obtenus que nous allons maintenant exposer.
FIG. 2.
CARACTÉRISTIQUE
COURANT-TENSION.La cellule est éclairée en lumière blanche
provenant
d’unelampe
à fila-ment de
tungstène.
Pour des raisons que nousindiquerons plus loin,
nousavons été amenés à limiter la zone éclairée de la cathode à une étroite bande
médiane, parallèle
à l’axe de révolution de l’anode. Nousdésignerons
comme
précédemment
par Js et J les courants avec et sanschamp magné- tique
et par V la différence depotentiel
aux bornes de lacellule,
contrôléeau moyen d’un électromètre afin de
pouvoir
compenser la chute de tension dans la résistance du circuitextérieur.
Si,
pour un mêmeéclairement,
on détermine lescaractéristiques
J(V)
et
JH (V )
on constatequ’au début,
pour des tensions inférieures à unevingtaine
devolts,
lacaractéristique JH (V)
estlégèrement
au-dessous de lacaractéristique J (V ) ,
elle seplace
ensuite au-dessus de celle-ci dès que l’ionisation du gaz devient sensible et s’en écarte deplus
enplus lorsque
Vcroît
( f ig. 3).
La diminution de courant observée aux basses tensions
s’explique
faci-lement : tous les
photoélectrons
nequittent
pas la cathode normalement àsa surface et comme le
champ électrique
est encore très faible ceux d’entreeux
qui
ont une direction initiale assez inclinée sont fortement déviés parle
champ magnétique
et nepeuvent
par suite atteindre l’anode. Le mêmephénomène ap,pàraît
d’ailleurs avec une cellule à vide de formeidentique.
Là encore la
caractéristique
Jfj(V)
estinitialement
au-dessous de la carac-téristique J (V ) , ces
deuxcourbes
seraccordent
pour 20 volts environ et, comme il nepeut
y avoir un nouvel accroissement de courant par ionisa-tion,
elles demeurent ensuiteconfondues quelle
que soit la tension.Le courant fourni par la cellule à gaz soumise au
champ magnétique
croît d’abord
exponentiellement
avec la tensionappliquée;
sa croissance’
FIG. 3.
est ensuite
plus rapide quand
on serapproche
durégime
dedécharge
autonome. Ce fait est mis en
évidence
enreprésentant
lacaractéristique
JH
(V)
en coordonnéessemi-logarithmiques.
Lacourbe
Log Jg
=f (V)
, , , ,est en effet une droite dans un assez
grand
intervalle de tension. Si on faiï varier l’éclairement cette droite sedéplace
en restantparallèle
à elle-même.La
figure (4)
montre une famille de cescaractéristiques
pour différents éclairements, lechamp magnétique agissant
sur la celluleayant
une inten- sité de 250 oersted; ..Par contre la
pente‘
de la droitedépend
de laposition
de la bande éclairée sur lacathode,
elle diminuequand
on "va du centre vers le bord.Cette variation de
pente provient
de la forme des électrodes de la cellule utilisée : en effet la distance cathode-anode diminuequand on
serapproche
du bord de la cathode et en même
temps
ladisposition
deséquipotentielles
du
champ électrique
se modifiebeaucoup.
Cette corrélation entre lapente
de la droite et la distance
cathode-anode,
ainsi sans doute que latopo-
graphie
duchamp électrique,
est encore vérifiée par le fait suivant : si la bande éclairée a une hauteur assez faible pourqu’on puisse
ladéplacer
verticalement sur la
cathode,
lapente
resteinchangée. Or,
au cours de cedéplacement,
la zone émissive esttoujours
à la même distance de l’anode et leséquipotentielles
à sonvoisinage
conservent la même forme.FIG. 4. ,
Ceci
explique pourquoi
nous avons dû limiter la zone éclairée à uneétroite bande
verticale,
car, avec cettecellule,
lapartie rectiligne
des carac-téristiques Log Ju
=f (V) n’apparaîtrait
pas si on éclairait la cathode entotalité.
EQUATION
DE LA.CARACTÉRISI°IQUE. JH (V).
.POTENTIEL D’IONISATION DU GAZ DE REMPLISSAGE.
Soit
Jo
le courantphotoélectrique primaire
dont la valeur est donnée par lepalier
queprésente,
sauf dans le cas des éclairementsintenses,
la
caractéristique J (V).
,Si nousreportons
sur lafigure (4)
les droitesLog Jo
=f (V )
relatives auxpaliers
des différentescaractéristiques,
nousconstatons que les droites
LogJs
==f (V) correspondantes,
les rencon-trent en des
points qui
ont tous très sensiblement la même abscisse V == 16volts.
Cette valeur est suffisammentvoisine
de la valeur dupoten-
tiel d’ionisation del’argon qui remplit
la cellule(V~
=15,7V)
pourqu’on
puisse
admettre que cepoint
de rencontre donne bien lepotentiel
d’ioni-sation du gaz.
Les, parties rectilignes
descaractéristiques
en coordonnéessemi-loga-
rithmiaues ont dès lors pour éauation :
et par suite on a pour la
caractéristique JT; (V)
uneéquation
de la formeJo
courantphotoélectrique primaire
V tension
appliquée
à la celluleV; potentiel
d’ionisation du gaz deremplissage.
Cette formule est valable
jusqu’à
70 ~’ environ. Pour des tensionssupé- rieures,
lacaractéristique Log J H
=f (~’ )
s’incurve vers le hautindiquant
une
augmentation plus rapide
du courant avec la tension. Ceci doit corres-pondre
au deuxième stade de ladécharge
semi-autonome de Townsend.celui où se manifeste l’action des ions
positifs.
RELATION ENTRE LES
CARACTÉRISTIQUES
JH ET ,J(V)
L’expérience
montre que, dans un intervalle étendu detension,
le rap-port
estproportionnel
à la tensionappliquée
à la cellule. Dans cetintervalle la courbe =
f (V )
, quereprésente
lafigure (5)
est une droited’équation :
Il est
remarquable
que cette courbepermette,
elleaussi,
de mettre enévidence le
potentiel
d’ionisation du gaz (abscisse dupoint
A sur lafigure 5).
FïG.5.
La
pente b
est une fonction croissante de l’éclairement que nous nous proposons de déterminer au coursd’expériences
ultérieures. Sa connais-sance
permettrait
en effet de donnerl’équation
de lacaractéristique
J(V;
qui, d’après
les relations(2)
et(3)
et dans les limites de validité de cesrelations, doit être de la forme
Les résultats
expérimentaux
à l’aidedesquels
ont été tracées la courbe de lafigure (5)
et lacaractéristique supérieure
de lafigure (4)
conduisentpour a et b aux valeurs suivants : >
avec un courant
photoélectrique primaire J«
=0,51 ,u
A.Dans les conditions
particulières
de cetteexpérience
la formule (4)donne pour le courant
.J,
aux différentes tensions, les valeursindiquées
dans le tableau ci-dessous. Nous avons
porté
enregard
les valeurs effecti- vement mesurées ainsi que les erreurs relativesauxquelles
conduitl’emploi
de cette formule.INTERPRÉTATION DES PHÉNOMÈNES OBSERVÉS. - CONCLUSION.
Si on
remplace
la lumière htanche par des radiationsinfra-rouges,
onpeut opérer
dans l’obscuritécomplète;
dans ces conditions, la luminescence du gaz est très nettement visible. On constate ainsiqu’en
l’absence dechamp magnétique
elle s’étend dans la totalité de lapartie
avant de lacellule,
même avec une zone émissive d’étendue réduite.Lorsqu’on
faitagir
unchamp magnétique
d’intensitécroissante,
la luminescences’éloigne progressivement
desparois
et simultanément le courant JH croît. Avec deschamps
intenses ellen’occupe plus qu’un
volume restreint entre la zoneémissive de la cathode et la
partie opposée
de l’anode.L’augmentation
du courant sous l’action duchamp magnétique qui
194
étant donnée sa direction
empêche
la diffusion transversale des électrons et desions, paraît
donc être due à lasuppression
des recombinaisons sur lesparois. Or,
on sait que dans un tube à gaz .c’estprincipalement
au contactde celles-ci que les recombinaisons
prennent
uneimportance
notable. Cetteexplication
rendégalement compte
du fait que le courantJH
cesse de croître àpartir
d’une certaine valeur de l’intensité duchamp magnétique.
Nos
expériences
montrent àquel point
lephénomène
de recombinaisonsur les
parois peut
diminuer le courant débité par une cellulephotoélec- trique
à gaz. Nous pensons d’autrepart qu’elles pourraient
conduire à unenouvelle méthode de détermination des
potentiels d’ionisation,
méthodebasée sur l’action d’un