A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
R ÉMI H AKIM
Sur la mécanique statistique relativiste
Annales de l’I. H. P., section A, tome 6, n
o3 (1967), p. 225-244
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p. 225
Sur la mécanique statistique relativiste
Rémi HAKIM
Laboratoire de
Physique Théorique
et HautesÉnergies
(Orsay, France)..
Vol. VI, n° 3, 1967,
Physique théorique.
RÉSUMÉ.
- Après
avoiranalysé
les raisons pourlesquelles
lamécanique statistique relativiste
nepeut
se mettre sous une formeanalogue
à celleconsidérée habituellement nous définissons successivement les notions
d’espace
dephase,
d’ensemble deGibbs,
dedensités,
de valeurs moyennes.Nous
généralisons ensuite,
utilisant l’intéressante méthode de Klimonto-vich,
la hiérarchie B. B. G. K. Y. satisfaite par les densités réduites. Enfinnous donnons
quelques applications
à l’étuded’équations cinétiques
rela-tivistes. Dans ce travail nous utilisons le formalisme dit de l’ « action à distance ».
ABSTRACT. - After
analysing
the reasonswhy
relativistic statistical mechanics cannot be cast into a form similar tothe
usual one, we define the relativistic notions of:phase
space, Gibbsensemble, densities,
average values.Next, using
theinteresting
method ofKlimontovich,
wegeneralize
the usual B. B. G. K. Y.
hierarchy
satisfiedby the
reduced densities.Finally
we
apply
the formalism to thestudy
of some relativistic kineticequations.
Throughout
this paper we use the « action at a distance » formalism.1 - INTRODUCTION
Depuis plusieurs
années ungrand nombre
de travauxportant
sur lamécanique statistique
relativiste ou desquestions
connexes, ont étépubliés.
Ce n’est certes pas par hasard et les raisons de cette soudaine abondance sont très nombreuses. L’une des
principales
raisons doit être trouvée dansCe
travail,
ainsi que les articles de l’auteur cités dans lesréférences,
constituentl’objet
de la thèse n° 212 soutenue àOrsay
en 1966.226
l’apparition probable,
et ce dans un futur assezproche,
deplasmas
àtempé-
ratures très
élevées, qui
sont nécessaires pour obtenir la fusion thermo- nucléaire. Aussi n’est-il pas étonnant que des étudesthéoriques plus
oumoins
systématiques
desplasmas
relativistes soiententreprises
dans diverslaboratoires.
Cependant,
lesplasmas
relativistes existenteffectivement
dans certaines conditions rencontrées en
astrophysique (au
moins la compo- santeélectronique
estrelativiste)
et parconséquent
unemécanique
statisti-que relativiste est bien nécessaire si l’on veut les décrire
théoriquement.
Quoi qu’il
ensoit,
si l’on veut traiter deproblèmes
derayonnement,
il est bienindispensable
d’avoir à sadisposition
une théorie relativiste : J. Schwin- ger(1)
a montré eneffet,
que les corrections relativistes(dans
lesproblèmes
de
rayonnement)
sontbeaucoup plus importantes
que les corrections d’ordrequantique
et ce, dans unlarge
domaine defréquences (allant
du rayon- nement radiojusqu’à l’infrarouge lointain).
Un autre cas où lamécanique statistique
relativiste estindispensable
est celui du gaz d’électronsdégénéré
dont
l’énergie
de Fermi est voisine(2)
de mc2 : même àtempérature
nullel’intervention de la relativité
(et
aussi de la théoriequantique)
est nécessaire- Nous ne considérerons pas un tel cas dans la suite car nous nous limiterons à une théorie nonquantique.
Cependant, malgré
toutes les raisonsprécédentes
il faut bien reconnaître que les casévoqués
ci-dessuspeuvent,
dans une trèslarge
mesure, être traitésavec suffisamment de
précision
enajoutant
à lamécanique statistique
nonrelativiste des termes
correctifs qui
tiennentcompte
des «grandes
vitesses ».Ainsi il est
possible
d’utiliser l’hamiltonien de Darwin(3)
pour obtenir de telles corrections(cf.
J. E. Krizan et P. Havas(4),
J. E. Krizan(1965) (~)).
Fort
heureusement,
outre les raisons d’ordrepragmatique déjà indiquées,
il existe des raisons
théoriques qui,
à notreavis, suffisent
àjustifier
les tra-vaux consacrés au
sujet
enquestion.
Plusparticulièrement,
si l’on considère que la théorie de la relativité restreinte faitpartie,
dans sonensemble,
des lois de la
Nature,
alors il est nécessaire degénéraliser
defaçon
convenabletoutes les lois de la
physique
newtonienne et donc lamécanique statistique.
Toutefois ces
exigences
«esthétiques »
secomprennent
mieux si l’on veut bien remarquer que la théorie de la relativité restreinteimplique
un certainnombre de
caractéristiques qualitatives qui
n’existent pas dans la théorieclassique
et dont onpeut
attendre desphénomènes
nouveaux dans le(i) J. SCHWINGER,
Phys.
Rev., t.75,
1949, p. 1912.(2) B. JANCOVICI, Nuovo Cimento, t. 25, 1962, p. 428.
(3) C. G. DARWIN, Phil. Mag., t.
39,
1920, p. 357.(4) J. E. KRIZAN et P. HAVAS,
Phys.
Rev., t. 128, 1962, p. 2916.(5) J. E. KmzAN,
Phys.
Rev., t. 140 A, 1965, p. 1155.domaine
statistique.
Ainsil’équivalence
de la masse et del’énergie
ou bienle caractère non instantané des actions
peuvent
très bien être à la base dephénomènes
inconnus dans le domaineclassique.
Nous verrons dans lasuite
qu’il
en est bien ainsi.Ce travail est
développé
dans une série d’articles àparaître (6)-(9).
La section 2 est consacrée à des
rappels
sur ladynamique
relativiste desparticules
en interactions. Lapartie
3 traite duproblème statistique
propre- ment dit. Lesdensités,
valeurs moyennes, etc., sont définies dans lapartie 4.
Dans la
partie
5 nousgénéralisons
d’unpoint
de vue relativiste la hiérarchie habituelle B. B. G. K. Y.Quelques applications simples
sontindiquées
dans la
partie
6.2. - LES
ÉQUATIONS
DUMOUVEMENT
Il nous faut
rappeler
que dans le cadre de laphysique
relativiste nonquantique,
seuls troistypes
dechamps
sont effectivement connus. On neconnaît
guère
que deschamps
scalaires(ou pseudo-scalaires),
vectorielsou tensoriels. Ceux-ci
peuvent
être considérés comme donnant lieurespecti-
vement à des forces nucléaires «
classiques
», des forcesélectromagnétiques
et enfin à des forces
gravifiques.
Bien que celacomporte
unepart
d’arbi-traire,
onpeut
classer les forces relativistes en forces d’interaction et enforces extérieures. Parmi ces
dernières,
iln’y
a pasd’exemple physique
deforces nucléaires «
classiques
», bienqu’il
aitparfois
étésuggéré qu’elles pourraient
donner lieu à des effets collectifsimportants
dans les étoiles à neutrons(il).
Aucontraire,
on nepeut
ranger les forcesgravitation-
nelles
parmi
les forces d’interaction : leur extrêmepetitesse
nécessiterait d’énormes densitéslesquelles,
à leur tour,exigeraient
l’intervention d’une théoriequantique;
en outre, même dans des étoiles extrêmementdenses,
comme les naines
blanches,
les densités atteintes sont encoretrop
basses pour donner lieu à des effetsappréciables
autres que collectifs. Il existecependant
un cas où cette affirmation cesse d’être vraie. C’est le cas- hypo-
(6) R. HAKIM, à paraître.
(7) R. HAKIM, à paraître.
(8)
R. HAKIM et A. MANGENEY, à paraître.(9)
R. HAKIM et A. MANGENEY, à paraître.(10)
G.SzAMOsi,
dansHigh
energyastrophysics,
école d’été de Varenna,1965,
à paraître.
(11)
G.KALMAN,
à paraître.thétique
- de l’effondrementgravitationnel
d’étoiles très massives(1).
Cependant,
là encore, lesphénomènes quantiques (y compris
ceux duchamp
de
gravitation)
doivent être considérés. Les forcesgravitationnelles
donnentlieu
cependant
à des effets collectifsimportants
etpeuvent
doncagir
entant que forces extérieures. Par souci de
simplicité,
nous ne tiendrons pascompte
de ces forces degravitation
« extérieures ». Elles n’introduisenten
fait,
que des modifications mineures dans le formalisme donné dansce travail. Par
exemple, 3~
doit êtreremplacé
par la dérivation covariantei7 m qui implique
des dérivées du tenseurmétrique dépendant
lui-mêmede la fonction de distribution réduite à une
particule.
Cette dernière affir-mation revient d’ailleurs à ne tenir
compte
que des effets collectifs duchamp
de
gravitation.
Seules les forcesélectromagnétiques
donnent aussi bien des contributions aux effets collectifsqu’aux phénomènes
individuels.Bien que les méthodes
développées
dans ce travail soient tout à faitgéné-
rales
(elles peuvent
enparticulier s’appliquer
à des forces d’untype
autre que celui considéréprécédemment,
telles celles rencontrées dans le forma- lisme de E. P.Wigner
et H. Van Dam(13),
ou encore à desparticules
étendues ou douées de
spin),
nous nous limiterons dans la suite aux seules forcesélectromagnétiques.
La
dynamique relativiste,
nonquantique,
dessystèmes
departicules chargées
en interactionpeut
êtredéveloppée
àpartir
de deuxpoints
de vuetrès différents mais
qui
conduisentcependant
aux mêmeséquations
du mou-vement. Ces deux
points
de vue sontsynthétisés
dans les formules « action à distance » et «champ »
et ont étécomparés
par P. Havas(14).
Dans cetravail nous nous limiterons au formalisme de l’action à distance.
Dans ce
formalisme,
aucunchamp
n’est nécessaire comme «support »
de l’interaction et l’onpart
apriori
d’unprincipe variationnel,
c’est-à-dire duprincipe
variationnel de Fokker(15) :
(12) K. THORN, à paraître.
(13) H. VAN DAM et E. P. WIGNER,
Phys.
Rev., t. 138 B, 1965, p. 1576 ett. 142,
1966, p. 838.(14) p. HAVAS, Phys. Rev., t.
74,
1948, p. 939.(15) A. D. FOKKER, Z. Phys., t.
58,
1929, p. 386. Pour tout cequi
concerne leformalisme de l’action à distance on pourra utilement consulter : J. RzE- WUSKI, Field theory, part I, P. W. N. Pub., Varsovie, 1964.
où nous avons utilisé la convention de sommation d’Einstein
(fl.
=0, 1, 2~ 3;
c = vitesse de la lumière =
1;
mo = masse « nue »(16) ;
e =charge
desparticules
considérées etsupposées
être toutesidentiques;
Ti =temps
propre de la i-èmeparticule).
G(x~) représente
un noyau que nous choisirons(16)
être la solution élé- mentaire retardée del’équation
des ondes :Soit,
où
0(xo)
est la fonction d’Heaviside. Leséquations
du mouvement se mettentalors sous la forme :
où est une fonctionnelle des
trajectoires
desparticules
du sys- tème(15)
et que l’onpeut
identifier avec lechamp électromagnétique
total.De la
décomposition (16) (17)
,résultent finalement les
équations
du mouvement que nous utiliseronsdésormais,
c’est-à-dire leséquations
de Lorentz-Dirac :avec
avec
(16)
Nousadoptons
ici lepoint
de vue de P. G. BERGMAN, Handbuch derPhysik,
IV, Berlin, 1961, S.Flugge,
éd.(17)
OùF~ correspond
à la mêmeexpression
fonctionnelle queFi
avec cettedifférence que l’on utilise la solution élémentaire avancée de
l’équation
des ondes.
(i)
et où est le «
champ »
dû à toutes lesparticules
sauf la i-ème et est solution de(18) :
Nous donnons
plus
loinl’expression explicite
deCompte
tenu de larelation =
1,
le terme de réaction derayonnement apparaissant
dansl’équation (1) peut
se réécrire :Les
équations
du mouvement(1)
admettent des solutions « auto-accélérées » que l’on élimine(19)
au moyen de conditionsasymptotiques parmi lesquelles :
Les
équations (1)
étantrigoureuses (2°)
constitueront donc notrepoint
dedépart.
Ceséquations
contiennent absolument tous les effets du rayonne- ment etpermettront
une nouvelleapproche statistique
desphénomènes classiques
derayonnement.
3. - LE
PROBLÈME STATISTIQUE
En
mécanique statistique classique,
leséquations
du mouvement sont deséquations
différentielles du second ordre : ellespermettent
donc de déterminercomplètement
l’évolution dusystème
connaissant les vitesses et lespositions
desparticules
à l’instant zéro. Lesprobabilités
sont ensuiteintroduites sur les conditions initiales
(imprécision,
ou caractèrealéatoire,
des mesures à l’instant zéro effectuées par un «
observateur »)
et l’évolutionau cours du temps de la densité de
probabilité
s’obtient aisémentcompte
tenu(a)
deséquations
du mouvement et(b)
de la conservation du nombre desparticules
dusystème.
Qu’en
est-il dans le cas relativiste ?(18)
Lorsqu’on choisit la solution arbitraire del’équation
homogène àrajouter
comme étant identiquement nulle.
(19) F. ROHRLICH, Classical
charged particles, Addison-Wesley
Pub. Co., Reading, 1965.(10)
Ce ne sont nullement deséquations approchées,
ainsiqu’on
l’affirmequelque-
fois.
Les conditions initiales.
Une
première
remarque est que, contrairement à cequi
se passe d’unpoint
de vueclassique,
la mesure de laposition
d’uneparticule (par
exem-ple)
ne constituejamais
un processus instantané maisexige
un certaintemps
(6) (21).
Une seconde différence entre le cas relativiste et le cas
classique
est que les résultats des mesures effectuées sont relatifs à une coupe del’espace-
temps par la nappe «
passé »
d’un cône de lumière(6).
Enconséquence
les « données initiales »
effectivement
mesurées ne sontjamais
situées surun
3-plan t
= cte, ou même sur une 3-surface du genre espacequelconque.
A ce propos, on
peut également
se poser laquestion
suivante :supposant
connues
(pour
fixer lesidées)
lespositions
initiales desparticules
dusystème
sur une 3-surface du genre espace
donnée,
un « observateur »(6) peut-il
réellement les avoir mesurées
(au
moyen des « instruments usuels » des« observateurs », c’est-à-dire de
signaux
lumineux etd’horloges (21)) ?
Il semble bien que cela ne soit pas
possible
sans faire intervenir outre les« mesures », la connaissance détaillée d’une
partie
de l’histoire dusystème.
La différence fondamentale réside
cependant
dans les caractèresspécifi-
ques des
équations
du mouvement(1) :
: ce sont deséquations intégro-
différentielles non linéaires dont la
complexité
est telle que l’étude de leurs solutions(si
ellesexistent)
est encore à faire. Bienplus,
nul nesait,
à l’heureactuelle, quelle
est la nature des « conditions initiales ». Il semble bien(mais
ce n’est nullementprouvé)
que la connaissance despositions
et vitessesdes
particules
sur une 3-surface du genre espace(ou
à larigueur
sur la nappe«
passé »
d’un cône delumière)
soit insuffisante pourspécifier complète-
ment le
comportement
ultérieur dusystème.
Il semble(6)
que la connaissance de tout lepassé
dusystème
soitégalement
nécessaire.En
conséquence
ilapparaît qu’il
faille renoncer à introduire lesprobabi-
lités ab initio comme en
mécanique statistique classique.
Le
problème statistique
fondamental.Espace
dephase.
Ensem-bles de Gibbs relativistes.
Dénotons par
w)
les solutions(22)
deséquations (1) (où
codésigne
les « conditions initiales », dont la nature réelle est
inconnue).
Nous choisi-rons encore o de manière aléatoire. En d’autres termes, l’élément
statistique
(21)
J. L. SYNGE,Relativity :
the special theory, ch. 1, North Holl. Pub. Co.,Amsterdam,
1958.(22)
... dont nous supposerons l’existence...fondamental sera constitué par la donnée aléatoire des
trajectoires
desN
particules
dusystème.
Apriori,
cette manière de poser leproblème
sta-tistique
de base semble fortéloignée
de lafaçon
deprocéder
habituelle.En
fait,
si l’on examine le cas non relativiste un peuattentivement,
il estfacile de voir que l’on choisit
également
lestrajectoires
au hasard.Cependant,
en
mécanique statistique classique
on sait de manièreprécise
exhiber laprobabilité
de tel ou tel ensemble detrajectoires (au
moyen de laprobabilité initiale...)
cequi
n’est pas le cas d’unpoint
de vue relativiste.Ainsi un ensemble de Gibbs relativiste sera-t-il défini par la donnée
(a)
de la variété des solutions des
équations
du mouvement et(b)
d’une mesurepositive
et de masse totale+
1 sur un 6-corps ad hoc de cette variété.Autrement
dit,
surl’ensemble { M }
nouspostulons
l’existence d’uneopéra-
tion de moyenne que l’on notera
J
Nous supposerons de
plus
que cetteopération
satisfait un certain nombre depropriétés mathématiques
naturelles dont- linéarité :
etc.
Répétons
encore une fois que lamécanique statistique classique peut
très bien être fondée sur de telles bases(23).
Venons-en maintenant à la
question
del’espace
dephase
relativiste.Sa nature est
suggérée
par laforme
deséquations
du mouvement. Nous le choisirons comme étantl’espace
à 12 N dimensions(24).
(~3) C. f. Yu. L. KLIMONTOVICH, Soviet
Phys.
J. E. T. P., t. 6, 1958, p. 753.(M) En réalité cet espace ne devrait être qu’à 10 N dimensions, compte tenu des 2 N contraintes :
En fait, ces contraintes seront incluses dans les densités et il sera
préférable
d’utiliser cet espace comme espace de
phase.
où J64 est
l’espace-temps,
U4l’espace
desquadrivitesses
etY4 l’espace
desquadri-accélérations.
Cet espace dephase
est choisi pour des raisonsde simplicité
et n’est pasimposé
par la nature des conditionsinitiales,
commec’est le cas de
l’espace
dephase
usuel(25).
Celasignifie
que r est un espace des états dusystème plutôt qu’un
espace de conditions initiales. Insistonsencore sur le fait que la dimension de r n’a aucun
rapport
avec la dimension de la variété des solutions. Ce choix del’espace
dephase pourrait
se révélerinsuffisant pour décrire le
système.
Nous verronsplus
loinqu’en
fait iln’en est rien.
Notons encore, que nous utiliserons dans la suite un autre espace de
phase,
soit .
En effet cette
possibilité
découle d’un autre choix de variablesindépendantes
que
(x
UtJ,i,03B3 i) :
03B3(resp. peut s’exprimer
en fonction dex
u r IL(resp. y,) }.
Nous utiliseronségalement
cettepossibilité
dans la suite.4. -
DENSITÉS
ETQUESTIONS
CONNEXESUne fois définies les notions de base de la
mécanique statistique
relati-viste,
il nous faut maintenant décrire lecomportement statistique
dusystème
considéré. En
particulier
il est nécessaire d’étudier des densités sur l’un des espaces r ou r. Pourcela,
nous définirons des densitésdépendant
destemps
propres des Nparticules,
ceci étantsuggéré
par le mode dedescription
destrajectoires (i.
e.. au moyen destemps propres).
En fait les densitésayant
réellement un sensphysique
s’obtiendront àpartir
d’unesimple intégration
sur les
temps
propres(6).
Toutefois comme elles sontbeaucoup plus simples
et d’un maniement aisé nous les utiliserons désormais. Il sera
toujours
entendu
qu’elles
ne constituentqu’un
intermédiaire de calcul servant à obtenir les « vraies » densités.Au
préalable
nous définirons des densitésaléatoires,
les densités étant alors des moyennes sur co. La densité aléatoire à kparticules
sera(25) L’espace
dephase
non relativiste est à 6 N dimensions à la fois parce quel’espace
des états est à 6 N dimensions et que l’ensemble des conditions initiales l’est aussi (c’est-à-dire la variété des solutions).qui
est bien aléatoire à cause des facteursX,_(ï,) qui
contiennentimplicite-
ment m.
Rk
est alors normalisée par :La densité
(non aléatoire)
à kparticules
est alors :Elle est normalisée à l’unité. Notons les
importantes
densités suivantes :L’intérêt de ces densités aléatoires vient de leur
emploi
dans la méthode de Klimontovich. Leurinterprétation
est donnée dans la référence(6).
Outreles densités aléatoires
Rk,
des densités d’untype plus général
sontégalement
nécessaires. Par
exemple :
qui représente
la densité deprobabilité
pourqu’une particule quelconque
soit dans l’état
Xi
à «i et que la mêmeparticule
soit dans l’étatX2
à ’t’2.On définit évidemment
P2
parAinsi que nous l’avons
indiqué plus haut,
les « vraies » densités s’obtiennent àpartir
desDk, Pk,
etc. parintégration
sur lestemps
propres. Ainsi les densités «physiques »
à une et deuxparticules
seront-elles :etc. Ces densités sont normalisées à l’unité par les relations
(6) (28) :
L’arbitraire
qui préside
au choix de ~3 ou Esimpose
des relations de conser-vation que l’on trouve facilement
(dans
leséquations (9)
et(10)
etsont les formes « élément de surface »
convenables).
Une fois en
possession
desdensités,
il nous faut calculer lesgrandeurs physiques,
c’est-à-dire des moyennes.Étant
donné unegrandeur physique
...,
XN)
à valeurstensorielles,
sa moyenne sera définie comme leflux du courant associé
(6)
à travers une surface(c’est l’équivalent
relativiste d’une « moyenne autemps t »),
soitou : o
désignant
le 12-vecteur decomposantes ur,
Il est facile de véri-fier
(6)
quelorsque
la surface 8(llN) estprise égale
à :alors les moyennes
(11)
se réduisent aux moyennes usuelles. La définition(11)
est la
généralisation
au cas deplusieurs particules
des relations données enthéorie
cinétique
relativiste par J. L.Synge (27)
et P. G.Bergman (16).
Remarquons
encore quel’équation (11)
nepermet
pas de calculer toutes les moyennes.Cependant,
cetteexpression peut
êtregénéralisée
en utilisantd’autres densités que
X N (6).
Notons enfin que toutes les définitions données ici utilisentl’espace
r comme espace dephase.
Elles sontcependant
encorevalables en utilisant
l’espace r,
à condition d’introduire dans lesexpressions précédentes
lessymboles ~
convenables(par exemple :
X =={
x~,y~ }).
(26) Les normalisations des Dk et jvk sont évidemment
compatibles (6).
(27)
J. L. SYNGE, 7he relativistic gas, North Holl. Pub. Co.,Amsterdam,
1957.236
5. -
HIÉRARCHIES
POUR LES
DENSITÉS RÉDUITES
Une fois les densités définies il est nécessaire de les caractériser de manière
plus précise
et enparticulier
de trouver leséquations qu’elles
satisfont.Pour ce faire nous utiliserons
l’élégante
méthode de Klimontovich(6) (7) (8) (23)
en la modifiantquelque
peu. Cette méthode consiste à écrirel’équa-
tion satisfaite par une réalisation du processus
stochastique -r) (ou
de
n’importe quelle
autre densitéaléatoire;
toutefois àpartir
deR1(X, -r)
toutes les autres densités
peuvent
s’obtenir aisément(6)).
Cetteéquation
sera
appelée l’équation génératrice
de la hiérarchie. Enprenant
les moyennes successives deproduits
tensoriels deRi
par cetteéquation
on obtientalors la hiérarchie relativiste
qui généralise
la hiérarchie usuelle B. B. G. K. Y.L’équation génératrice.
Partant de
l’équation
évidente(28)
(équation
de continuité dansl’espace
u,, y~~)
et deséquations
du mouvement(2-1)
on obtient(7)
(28) Elle se vérifie immédiatement en effectuant les diverses dérivations effectuées et en tenant compte des
propriétés
de la distribution de Dirac. En faitl’équation
( 1 ) est légèrement incorrecte, en effet le termeLe second membre de cette dernière
équation
est obtenu en utilisant les~ a)
,
facteurs 8 contenus dans
R2
et en calculant(29) explicitement L’équa-
tion
génératrice (2)
est uneéquation rigoureuse qui possède
les caractéristi- ques suivantes :(a)
ellecouple Ri
etR2, (b)
elle estintégro-différentielle (c’est-à-dire
nonlocale).
Lapremière propriété
découle du fait que leséqua-
tions du mouvement
(2-1)
ne contiennent pas de termesd’énergie
propre.La seconde
propriété (la
nonlocalité) provient également
deséquations
dumouvement
qui
sont elles-mêmes non locales.Prenant maintenant la moyenne de
l’équation (2)
nous obtenons uneéquation complètement analogue
à cetteéquation
à cette différenceprès qu’elle
relie maintenantDi
et c’est lapremière équation
de lahiérarchie relativiste. La seconde
équation
de la hiérarchie s’obtient enmultipliant
tensoriellementl’équation (2)
parRi
et enprenant
la moyenne.Après
diversessimplifications
on obtient(7) :
.où est définie par :
Il existe naturellement une autre
équation
satisfaite parD2 :
elle est obtenueen effectuant
l’échange (Xi, ~1)
~(Xz, "t’2)
dansl’équation (3).
on
peut
ensuite obtenir deséquations
pourD3, W3,
etc.Une différence très
importante
avec le cas non relativiste est que cette hiérarchie fait intervenir des densités autres que lesDk.
Enconséquence,
c’est une hiérarchie
infinie,
bienqu’à partir
de l’ordre N+
1 leséquations
ne
couplent plus
deDk.
Cela est dû à ce que la connaissance desDk
nécessitela connaissance détaillée de toute l’histoire du
système,
donc celle de gran-deurs telles
P2, W;,
etc.; en d’autres termes tous lesmoments R1~p>
sont nécessaires pour
spécifier complètement
lesystème.
(29)
On trouve :RÉMI HAKIM
Autre forme de la hiérarchie
précédente.
Jusqu’à présent
nous avons utilisél’espace r,
les densités et le formalismequi
en résultent. En fait nous pouvonségalement
utiliserl’espace r
et les/"0. ~
densités R ou D sur cet espace. Si le
premier
formalisme est utile pourtraiter,
par
exemple,
deproblèmes
de rayonnement(3°),
le second permetplus
aisé-ment l’obtention
d’équations cinétiques qui
tiennent compte des effets du rayonnement. Par les mêmestechniques
queprécédemment,
on obtientl’équation génératrice
que vérifientRi
etR2. Intégrant
maintenant cetteéquation
sur les variables y, on obtient alors(31) :
L’avantage
de cette dernièreéquation génératrice
vient de ce que les termes dus aux effets du rayonnement sont nettementséparés :
ce sont les termes situés dans le membre de droite del’équation (5).
Un autreavantage (d’im- portance)
est que cetteéquation permet
d’obtenir une hiérarchieapprochée,
à un ordre donné en To.
La hiérarchie à l’ordre zéro en -o.
A l’ordre zéro en To,
l’équation génératrice (5)
se réduit à :(3°)
Lechamp électromagnétique
rayonné par une particuledépend,
eneffet,
desvariables d’accélération.
(31) Nous désignons par
Rk
les densités « réduites » -qui
constituel’équation génératrice
de la hiérarchie de Klimontovich renormalisée(7).
Eneffet,
la hiérarchie donnée par Klimontovich(32)
contient des
divergences d’énergie
propre;l’équation génératrice
obtenuepar Klimontovich s’écrit
(avec
nosnotations)
de la même manière quel’équation (6)
à ceciprès
que le termeintégral
contientRi 0 Ri
au lieu deRz.
La hiérarchie renormalisée s’obtient ensuite facilement. A l’aide
d’hypo-
thèses
convenables,
on en déduit diverseséquations cinétiques : équations
de Vlasov et de Landau relativistes
(7).
Ceséquations
ne tiennent évidem-ment pas
compte
desphénomènes
dus aurayonnement.
La hiérarchie à l’ordre un en To-
L’analyse
dimensionnelle del’équation rigoureuse (5)
montre que sonsecond
membre, qui
contient les effets durayonnement,
estimportant (8) lorsque
la conditionest réalisée : ce
qui
est le cas(par définition)
d’un gaz relativiste. Dès lors il semble intéressant de trouver uneéquation génératrice
contenant les effetsdu
rayonnement
à l’ordre leplus bas,
c’est-à-dire à l’ordre un(33)
en To.Cette
équation
est obtenue en évaluant dansl’équation (5)
~~
à l’ordre zéro en To. Utilisant pour
cela,
les facteurs S contenus dansR~
et
remarquant qu’à
cet ordreIv s’évalue
facilement ; reportant
alors le résultat obtenu pour Yv dans(32)
Yu. L.KLIMONTOvICH,
SovietPhys.
J. E. T. P., t.10, 1960,
p. 524 et t.11, 1960,
p. 876.(33) D’après
F. ROHRLICH(1 9)
« il estempiriquement
bien connu, que seul l’ordreun en To est
physiquement significatif
».240
l’équation (8)
et tenant encore une foiscompte
des facteurs ô- contenus-"
dans
Ri,
il vient :où nous avons
désigné
parW;stoch
la densité aléatoirequi après
passage à la moyenne donneN2W: (N »_ 1 ).
Notons que dans le second membre de
l’équation (10)
nous avons rem-placé R2
à l’ordre zéro parR2,
cequi
estlégitime
car celan’ajoute
que destermes
négligeables (en
0(r~).
On obtient ensuite aisément la hiérarchie recherchée.
6. - UNE APPLICATION SIMPLE
A
partir
de la hiérarchie à l’ordre un en To, il estpossible
d’obtenirplu-
sieurs
équations cinétiques
contenant les effets durayonnement (8) (9).
La
plus simple
est uneéquation
valable à l’ordre(34)
~(ne2To) (n
= densitédu
plasma électronique);
c’est-à-dire àl’approximation
de Vlasov :(34) Notons, que du fait de l’existence d’une constante universelle
supplémentaire
en relativité (c’est-à-dire la vitesse de la
lumière),
il existe un paramètre dedéveloppement (sans dimension) supplémentaire.
D’ailleurs lesdévelop-
pements en ne2 et en TO n’ont pas du tout le même sens
physique.
A cette
approximation,
lapremière équation
de la hiérarchie se réduit à l’équation cinétiaue suivante(8)
qui
tientcompte
de la réaction sur leplasma
dedémission
durayonnement
collectif.
.A
partir
del’équation cinétique (2),
il estpossible
de déduire une relationde
dispersion
pour lapropagation
d’ondesélectromagnétiques
dans leplasma.
Cette relation dedispersion
contient des termesd’amortissement supplémentaires
dus à l’émission derayonnement (8).
7. - CONCLUSION
Nous avons donné un
formalisme général
pour lamécanique statistique
relativiste. Ce formalisme
permet
l’étude durayonnement
de manièrebeaucoup plus simple (35) qu’avec
les méthodes traditionnelles. Ilpermet également
la déductiond’équations cinétiques
relativistes. Notons encoreque ce formalisme est facilement
généralisable :
ils’applique
aussi bien au cas departicules
àspin
ou étenduesqu’à
des modèlesdynamiques plus compliqués.
Toutefois,
ce formalisme n’est pascomplètement
satisfaisant dans lamesure où les très
importants problèmes dynamiques sous-jacents (36)
ne sont pas résolus.
Une autre grave lacune du formalisme est que nous n’avons pas traité les
problèmes d’équilibre.
Ceux-ci sont discutés dans la référence(7).
(35)
R. HAKIM, à paraître.(36)
P. HAVAS, Some basicproblems
in the formulation of relativistic statisticalmechanics,
in Statistical mechanicsof equilibrium
and nonequilibrium,
J.
Meixner, ed.,
North Holl. Pub. Co.,Amsterdam,
1965.Une
bibliographie quasi-exhaustive
sur lesujet
est donnée dans cet article.Nous donnons dans
l’appendice,
unebibliographie
un peuplus complète.
RÉMI HAKIM
APPENDICE
BIBLIOGRAPHIQUE
I. ABONYI, Z. Angew. Math. Phys., t. 11, 1960, p. 169.
I. ABONYI, C. R. Acad. Sci., t.
252,
1961, p. 3757.I. ABONYI, Cahiers de Physique, t.
18,
1964, p. 461.I. ABONYI, Beitr. Plasma Phys., t.
5,
1965, p. 1.R. BALESCU, Physica, t.
31,
1965, p. 1599.R. BALESCU, in 1964 Cargese Summer School, à paraître chez Gordon and Breach.
R. BALESCU et T. KOTERA, On the covariant formulation of classical relativistic statistical
mechanics,
à paraître dansPhysica,
1966.R. BALESCU, T. KOTERA et E. PINA, Lorentz transformation in
phase
space and inphysical
space, àparaître
dansPhysica,
1966.S. T. BELIAEV et G. I. BUDKER, Soviet.
Phys. Dokl.,
t.1,
1956, p. 218.F. BERENCZ, Acta
Phys.
Chem.Szeged,
t.6,
1960, p. 18.P. G. BERGMANN,
Phys.
Rev., t.84,
1951, p. 1026.P. G. BERGMANN, in Handbuch der
Physik,
vol. 4, S. Flügge ed.,Springer-Verlag, Berlin,
1961.K. BICHTELER, Z.
für Phys.,
t.18 2, 1965,
p. 521.K.
BICHTELER,
Beitrâge zur relativistischen kinetischen GasTheorie, Hambourg,
1965.
B. BUTI,
Phys. Fluids,
t.5, 1962,
p. 1.B. BUTI,
Phys. Fluids,
t.6,
1963, p. 89.B. BUTI,
Phys. Fluids,
t.6,
1963, p. 100.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys. Dokl.,
t.1,
1956, p. 103.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys.
Dokl., t.2,
1957, p. 248.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys. Dokl.,
t.5,
1960, p. 764.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys. Dokl.,
t.5,
1960, p. 786.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys.,
t.7,
1962, p. 397.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys.
Dokl., t.7, 1962,
p. 414.N. A. CHERNIKOV, Soviet
Phys.
Dokl., t.7,
1962, p. 428.N. A. CHERNIKOV,
Phys.
Letters, t.5,
1963, p. 115.N. A. CHERNIKOV, Acta
Phys.
Pol., t.23,
1963, p. 629.N. A. CHERNIKOV, Acta Phys.
Pol.,
t.26,
1964, p. 1069.N. A. CHERNIKOV, Acta
Phys.
Pol., t.27,
1964, p. 465.P. C. CLEMMOW et A. J. WILSON, Proc. Camb. Phil. Soc., t.
53,
1957, p. 222.D. VAN DANTZIG, Nederl. Akad. Wetensh. Proc., t.
42,
1939 c, p. 608.J. EHLERS, Abhandl. Akad. Wiss. Mainz. Math. Naturw.
Kl.,
1961, n° 11.K. GOTO, Progr. Theor.
Phys.,
t.20,
1958, p. 1.Ph. DE GOTTAL et I. PRIGOGINE, Physica, t.
31, 1965,
p. 677.Ph. DE GOTTAL,
Physica,
t.32,
1966, p. 123.Ph. DE GOTTAL,
Hydrodynamics equations
for a relativistic electron gas, à paraître dans Phys. Fluids, 1966.A. GUESSOUS, C. R. Acad. Sci., t.
260, 1965,
p. 6811.R. HAKIM, A covariant
theory
of Brownianmotion,
Congrèsd’Aix-la-Chapelle,
1964.
R. HAKIM, A covariant theory of relativistic brownian motion. II.
Approach
towards local
equilibrium.
Rapport Orsay TH/68, 1964.R. HAKIM, J. Math. Phys., t.
6,
1965, p. 1482.R. HAKIM, C. R. Acad. Sci., t. 260, 1965, p. 2997.
R. HAKIM, C. R. Acad. Sci., t. 260, 1965, p. 3861.