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MIGRATIONS, TRAVAIL ET FAMILLE : RÉALITÉS ET TRANSFORMATIONS VÉCUES DANS LA VILLE DE MANAUS

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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UNIVERSITE SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3

ED 122 Europe Latine – Amérique Latine

Thèse de doctorat en Démographie

Tayana CORRÊA NAZARETH

MIGRATIONS, TRAVAIL ET FAMILLE :

RÉALITÉS ET TRANSFORMATIONS VÉCUES DANS LA VILLE DE MANAUS

Résumé

Thèse dirigée par

Madame Maria Eugenia COSIO ZAVALA

Soutenue le 16 décembre 2016

Jury :

Mme. Maria Eugenia, COSIO ZAVALA, Professeur Émérite, Université de Paris Ouest Nanterre la Défense

M. Thery, HERVE, Directeur de Recherche, CNRS

M. Pery, TEIXEIRA, Professeur, Universidade Federal do Amazonas

M. Duval, MAGALHÃES, Professeur, Pontifícia Universidade Católica de

Minas Gerais

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Résumé

Introduction

La ville de Manaus se situe dans la région centrale de l´Amazonie brésilienne. Depuis sa création, au XVIIème siècle, elle a été insérée dans un contexte de transformations économiques, démographiques et sociales. La région a été soumise à un long processus historique d´occupation, avec des flux migratoires en rapport avec les activités économiques, et en particulier à l´époque coloniale, avec le cycle (ou période) des

“drogues du sertão” (plantes aux propriétés curatives, épices, graisse de lamantin, peaux d´animaux...) et le cycle d´extraction du caoutchouc, causes de migrations de populations en provenance principalement de la région nord-est du Brésil. Le flux migratoire le plus récent s´est déroulé à partir des années 1960, lorsque furent mises en place des politiques de développement, d´occupation et d´intégration de l´Amazonie, qui visèrent, au moyen de programmes et de subventions, la croissance de l´économie, l´occupation de la région et sa mise en relation plus étroite avec le reste du pays. Ces politiques révélèrent un haut degré d´induction de la migration dans la région et intensifièrent la croissance de la ville de Manaus. D´après l´IBGE (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística), la population recensée de la commune de Manaus était de 171.343 habitants en 1960, et elle est estimée (en l´absence de recensement actuel) à 2.057.711 habitants en 2016, ce qui traduit l´intense processus migratoire vers la ville de Manaus depuis la création de la Zone franche de Manaus (1967).

Cette thèse propose d´élargir et d´approfondir l´étude des migrations vers la ville de Manaus, en traitant des aspects couramment abordés dans les recherches de ce type, au moyen de la méthode biographique qui permet l´analyse des trajectoires familiale, professionnelle et migratoire et de leurs relations. Nous avons cherché à répondre aux questions suivantes: Quelles ont été les transformations survenues dans la ville ces dernières décennies, en termes de croissance? Quelle est la situation actuelle des migrations vers Manaus? Qui sont les immigrants, leurs âge, sexe et niveau de scolarité?

Quels sont les déterminants des migrations vers Manaus? Existe-t-il des différences entre les cohortes étudiées? Les migrations sont-elles influencées par des événements personnels de la vie des individus? Comment sont distribués les immigrants selon les

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branches d´activités économiques et entre les secteurs formel et informel de l´économie locale? Quels sont les déterminants de l´arrivée du premier emploi à Manaus? Existe-t-il une influence des migrations sur les trajectoires professionnelles?

Pour répondre à ces questions, nous avons eu recours aussi bien à des sources de données secondaires (IBGE, PNUD et SUFRAMA) à partir desquelles nous avons montré les caractéristiques démographiques et socio-économiques de la commune et abordé le phénomène migratoire de façon générale, qu´à une enquête par échantillonnage réalisée dans la ville, de type rétrospective, qui a relevé des données sur la vie familiale, professionnelle et migratoire.

Après l´introduction, la thèse est divisée en deux parties: l´une qui fait un tableau du contexte et de la méthodologie (chapitres 1 et 2) et l´autre qui présente les histoires de vie, migration et travail recueillies par l´enquête de terrain (chapitres 3, 4, 5 et 6).

Le premier chapitre, Situando o objeto de estudo, traite des travaux quantitatifs et théoriques qui nous ont servi comme point de départ pour cette thèse à partir de l´observation de l´actuel état des connaissances sur les migrations, aux niveaux national et régional, ainsi que les principales théories sur le phénomène migratoire. Le deuxième chapitre, Metodologia, présente les sources de données secondaires utilisées et le tableau actuel des données existantes au Brésil; puis décrit la recherche de terrain:

élaboration du questionnaire, taille de l´échantillon, réalisation de l´enquête de terrain, organisation et stockage des données; puis présente la méthode biographique, le concept et ses principales propositions et enfin, les techniques statistiques utilisées.

Les chapitres 3 et 4 traitent des migrations. Le chapitre Manaus: dos seringais à Zona Franca retrace, à partir du scénario historique, le processus de croissance de la ville de Manaus avec les flux migratoires arrivant dans la région. Il apporte une vision générale sur la ville de Manaus, son état actuel et son évolution récente en termes démographiques; et présente un tableau des migrations vers Manaus au cours des dernières décennies et un tableau du marché du travail récent. Le chapitre Itinerários migratórios: uma visão geral traite de la migration à partir des biographies recueillies par la recherche de terrain. Il aborde les caractéristiques générales de la population immigrée, son origine, ses conditions de vie, sa situation familiale, la proportion d´individus enquêtés qui avaient déjà émigré, selon le sexe et l´âge, le nombre moyen de migrations à des âges déterminés, pour analyser l´intensité du calendrier d´arrivée de la migration, ainsi que les déterminants du phénomène migratoire.

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Les chapitres 5 et 6 traitent de la relation entre migration et travail. Le chapitre Entrada na vida ativa em Manaus aborde les caractéristiques générales de la population à l´occasion de l´entrée dans la vie active, telles que sexe, âge, situation familiale, condition migratoire et groupe générationnel, analysant l´intensité du calendrier d´entrée dans la vie active, ainsi que les facteurs qui influencent l´arrivée du premier emploi (formel, informel, la somme des deux). Enfin, il présente une analyse des caractéristiques de l´emploi à l´occasion de l´entrée dans la vie active. Dans le chapitre Análise das trajetórias laborais: Situações e transições, l´accent est mis sur les trajectoires de travail des immigrés et les situations et transitions vécues au cours de leur vie. Il présente tout d´abord une reconstitution des itinéraires professionnels de quelques individus enquêtés, montre la transition professionnelle, la réalité avant et après la migration, en termes d´insertion de la situation professionnelle, du secteur d´activité économique, de la formalité ou informalité du travail, de la taille de l´entreprise et des heures travaillées; et enfin, il aborde des indicateurs du marché du travail à différents moments de la vie des personnes enquêtées, aux âges de 20 et 30 ans.

Enfin, la conclusion présente les considérations finales élaborées et consolidées durant le déroulement de ce travail.

Chapitre 1 Situant l´objet d´étude

À partir de la seconde moitié du XXème siècle, il y a eu une intensification des migrations internes avec l´accélération du processus d´urbanisation, passant d´une société typiquement rurale et agraire à une société urbaine et industrielle. Avec les actions gouvernementales qui conduisirent le développement du pays et l´expansion de la frontière agricole, il y a eu un processus de transformation de l´espace économique et une stimulation de la redistribution démographique brésilienne qui s´est concentrée dans les régions économiquement plus actives. La recherche de la compréhension des causes, des effets et des différents aspects du phénomène migratoire a stimulé la production intellectuelle sur le thème. Il existe aujourd´hui de nombreuses études dans le domaine des migrations, parmi lesquelles une grande partie présente l´insertion sur le marché du travail, les inégalités, les différences selon l´âge, le niveau de scolarité et les évolutions observées à différents moments.

Parmi les études théoriques et empiriques qui mettent en rapport les migrations avec les modifications spatiales de la production, on note celles de Mata (1973), Graham et al.

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(1973), Balán (1973), Singer (1976) et Martine (1980). Parmi celles qui abordent la thématique de la migration et de l´emploi, on peut citer les contributions de Dedecca et Cunha (2000) qui traitent de la diminution des migrations vers la région métropolitaine de São Paulo; Ferreira et Matos (2008) qui abordent les migrations et les transformations dans le monde du travail; Golgher (2001) sur les déterminants de la migration et les différences entre immigrés e sédentaires dans l´État du Minas Gerais, entre autres. En ce qui concerne la région amazonienne, on relève les travaux de Bentes (1983) et de Moura et al. (1990) qui ont fait des recherches de terrain à Manaus, montrant des aspects de la migration dans la ville. Enfin, Teixeira et Brasil (2006) ont analysé la dynamique démographique de l´Amazonie sur la période de 1940 à 2000.

Le processus migratoire que la capitale de l´État d´Amazonas a vécu et vit depuis la seconde moitié du XXème siècle a fortement contribué à la croissance de la population et à la construction économique et sociale de la ville de Manaus. Cette thèse se justifie donc par la nécessité d´étendre et d´approfondir les connaissances à propos des migrations, en traitant des aspects couramment abordés dans les études sur cette thématique et en utilisant la méthode biographique pour permettre l´analyse des trajectoires migratoires, professionnelles, familiales et les relations qu´elles ont entre elles.

Sur les principales approches théoriques du phénomène migratoire, nous avons fait un bref panorama qui commence avec l´approche néo-classique micro-économique qui se centre sur l´analyse des décisions individuelles. La deuxième approche, historico- structurelle, porte sur les théories en rapport avec les aspects macro-économiques de la migration qui met l´accent sur les aspects conjoncturels de l´économie et les régions d´origine et de destination de l´immigré. La dernière approche présentée ici, appelée “la nouvelle économie de la migration”, fait ressortir, entre autres hypothèses que la décision d´émigrer n´est pas prise par des acteurs individuels isolés, mais par des groupes de personnes qui sont en rapport entre elles, des familles ou des ménages agissant collectivement.

Ravenstein (1885) peut être considéré comme pionnier dans l´étude des migrations lorsqu´il observe les mouvements migratoires au Royaume-Uni et élabore ses “lois de la migration” à partir de l´analyse des données des recensements de 1871 et 1881. Pour cet auteur, la première cause des courants migratoires est la recherche de main d´oeuvre dans les centres industriels et commerciaux. D´après lui, la population et les activités

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économiques sont distribuées de façon inégale dans l´espace: il y a des régions avec excédent et d´autres avec carence de main d´oeuvre, ce qui entraînerait l´existence de zones d´absorption qui seraient les centres commerciaux et industriels, et des zones de dispersion de main d´oeuvre qui seraient les régions agricoles. Lee (1966), quant à lui, à partir des idées pionnières de Ravenstein (1885), fait remarquer que le processus migratoire est sélectif en raison du fait que les individus répondent de façon différente à une série de facteurs positifs et négatifs en vigueur dans les lieux d´origine et les lieux de destination, qu´elles possèdent des capacités diverses de surmonter les obstacles et qu´elles se différencient les unes des autres sur le plan personnel.

La perspective micro-économique se base sur des modèles de choix individuel, dans lesquels la décision d´émigrer est prise à partir d´un point de vue micro-économique, c´est-à-dire que l´individu rationnel décide d´émigrer en prenant en considération les coûts et bénéfices qui sont impliqués dans le processus d´aller et revenir, par comparaison avec la valeur des gains à partir d´opportunités alternatives de vie (Sjaastad, 1962; Harris e Todaro, 1970; Lee, 1976).

Quant à l´approche historico-structuraliste (macro-économique), elle visualise la migration comme un phénomène issu de la conjoncture économique, sociale et politique en vigueur qui serait plus importante, dans la décision d´émigrer, que les coûts et bénéfices individuels, comme le pensent Singer (1976), Oliveira et Stern (1971).

Singer (1976) cherche à expliquer et à analyser la migration interne et ses interactions avec la problématique socio-économique à partir d´un concept historique de ce processus: les migrations internes sont toujours historiquement conditionnées, étant le résultat d´un processus global de changement dont elles ne doivent pas être séparées.

L´auteur considère aussi que les entreprises jouissent des économies d´agglomération, c´est-à-dire que l´agglomération spatiale de l´activité industrielle tend à attirer les populations de zones généralement proches. La croissance démographique de la ville en fait, à son tour, un marché de plus en plus important pour les biens et services de consommation, ce qui devient un facteur supplémentaire d´attraction d´activités productives qui, de par leur nature, jouissent d´avantages lorsqu´elles se situent à côté du marché de leurs produits.

D´après Oliveira et Stern (1971), dans la perspective historico-structurelle, la migration interne peut être vue comme une conséquence du processus de développement capitaliste des sociétés, acquérant certaines caractéristiques en fonction des modalités de

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ce processus. Les différences en termes de caractéristiques structurelles distinctes apparaissent dans le processus de formation des sociétés capitalistes centraux et périphériques, soulignant les types de relations entre les unes et les autres et, en particulier, les facteurs économiques et politiques impliqués.

Pour les théoriciens de l´approche “Nouvelle économie de la migration”, comme Massey et al. (1993, 1998), Stark et Bloom (1985), l´unité familiale est considérée comme le principal agent économique et cherche à minimiser le risque économique.

L´accent est porté sur les fonds envoyés à la famille, occasion où l´immigré diversifie les ressources de l´unité familiale offrant un flux alternatif de revenu. De cette façon, la migration peut contribuer à l´augmentation du revenu familial et à l´amélioration des conditions de vie de la famille. L´idée est de minimiser le risque économique de la famille et pas seulement de maximiser les besoins individuels de l´immigré.

Pour Massey et al. (1993), la clé de la compréhension de cette nouvelle approche se trouve dans la présupposition que les décisions de migration ne sont pas prises par des acteurs individuels isolés, mais par des unités plus grandes de personnes qui ont une relation particulière entre elles, de familles ou de domiciles où l´on agit collectivement non seulement pour maximiser le revenu espéré, mais aussi pour minimiser les risques et les contraintes associés à une diversité de déficiences du marché, outre celles du marché du travail. Mincer (1978) affirme que les liens familiaux sont pertinents pour des décisions de migration et explique ses effets sur la probabilité de la décision sur des changements quant à l´emploi et les revenus de membres de la famille, ainsi que sur l´intégrité et la stabilité de la famille.

Chapitre 2 Méthodologie

Au Brésil, les principales sources de données qui abordent le phénomène migratoire sont le Recensement démographique et la PNAD (Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios), tous deux réalisés par l´IBGE (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística). Le recensement est fait tous les dix ans et les enquêtes de la PNAD sont annuelles, réalisées sur une courte période et à un moment précis, fournissant des données transversales à partir de variables de période fixe (date fixe ou dernière étape migratoire). Les enquêtes de la PNAD sont réalisées pour chaque État de la fédération pris dans son ensemble, ce qui ne permet pas d´étudier la migration interne à chaque État. Les données des recensements ont été utilisées comme point de départ et de

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contextualisation pour les analyses du troisième chapitre Manaus: dos Seringais à Zona Franca. Une autre source de données existante pour des études en rapport avec le marché du travail et les migrations est la RAIS MIGRA créée par le Ministère du Travail et de l´Emploi. Cette base permet de faire le suivi du travailleur formel dans sa trajectoire de travail par le biais du cadastre du Ministère, c´est-à-dire que c´est une base de données longitudinale. Cependant, cette base présente des limitations puisqu´elle ne fait le suivi que des travailleurs qui possèdent une carte de travail signée par l´employeur (travailleur déclaré, donc formel). Par ailleurs, elle ne permet pas l´interaction avec d´autres variables importantes de la vie de l´individu. Parmi les études réalisées avec cette base de données, on peut citer celle de Freguglia (2007) qui analyse la migration des travailleurs brésiliens et ses effets sur les différences salariales, et celle de Melo (2012) qui aborde la question de la mobilité socio-économique et spatiale du travail. Par rapport au phénomène migratoire, les recensements produisent des indicateurs partiels : ils comptabilisent une seule migration ou un seul immigré qui a vécu plus d´une migration entre deux recensements successifs, ne permettant pas de faire le suivi de l´immigré tout au long de sa trajectoire.

L´approche biographique développée à partir des années 1980, comble cette lacune, puisqu´elle permet d´observer chronologiquement tous les événements les uns par rapport aux autres, ce qui rend possible l´identification des interactions entre vie familiale, vie professionnelle et vie migratoire (Courgeau 1987; Courgeau et Lelièvre 1986). Elle permet également d´étudier l´arrivée de l´événement dans le temps et la survenue d´événements perturbateurs, ainsi que de prendre en considération l´hétérogénéité de la population.

L´approche biographique avec l´exploration d´histoires de vie pour les analyses démographiques a été utilisée dans des travaux en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud, à partir des années 1980. En France, Courgeau et Lelièvre (1986; 1989; 2006) ont abordé de façon théorique le thème de l´analyse des histoires de vie en démographie; en Afrique, Antoine et al. (1990) ainsi que Ametepe et Beguy (2000) ont analysé l´insertion des immigrés; au Mexique, à partir des données de l´EDER (Encuesta Demográfica Retrospectiva) qui est nationale, Cosio-Zavala (2005) a analysé les tendances de la fécondité dans trois groupes de générations urbaines et rurales, selon le sexe, et Coubès (2005) a abordé les transitions entre les secteurs formel et informel de l´emploi sur trois générations.

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Dans cette méthode, la séquence d´événements au cours de la vie de l´individu, connue comme “trajectoire individuelle”, est analysée en deux étapes spécifiques, selon Sebille (2004): l´étape descriptive qui permet d´interpréter de manière probabiliste l´occurrence de l´événement étudié, pouvant estimer, pour une population donnée, l´intensité du passage d´un état à un autre et la distribution au long du temps de l´occurrence de cet événement; et l´étape explicative, lorsqu´on introduit la régression dans l´analyse de survie, ce qui permet de contrôler l´hétérogénéité de la population et d´estimer l´influence, au cours du temps de la survenue d´événements perturbateurs avant l´événement étudié sur la probabilité de vivre ce même événement, évaluant l´effet de variables exogènes constantes ou dépendantes des interactions des événements biographiques dans le temps.

Pour l´analyse descriptive, nous avons utilisé des modèles de survie qui peuvent être définis comme une classe de modèles quantitatifs stochastiques utilisés pour analyser les caractéristiques et les facteurs associés au temps jusqu´à l´occurrence du dénouement de l´événement, demandant la décomposition du temps en âge, cohorte et période pour avoir une application et une interprétation correctes. L´analyse de survie a été utilisée lorsque le temps était l´objet d´intérêt, qu´il soit interprété comme le temps jusqu´à l´occurrence d´un événement ou du risque d´occurrence d´un événement par unité de temps (Carvalho et al., 2011). L´analyse explicative utilisée dans cette thèse est basée sur le modèle en temps discret proposé par Allison (1982). Dans ce modèle d´analyse de données en temps discrets, l´unité d´analyse est une année de vie de l´individu; et toutes les années de vie des individus de la cohorte étudiée jusqu´à l´année d´occurrence de l´événement sont étudiées jusqu´à la fin de l´observation (qui est appelée “censure”). Un modèle de régression logistique est réalisé sur l´occurrente ou non occurrente de l´événement pour chaque année de vie.

Pour atteindre les objectifs proposés dans cette thèse, nous avons réalisé une recherche de terrain dans laquelle ont été recueillies des données rétrospectives sur les trajectoires migratoire, familiale et de travail de trois générations résidentes dans la zone urbaine de la commune de Manaus. Le questionnaire utilisé a été basé sur la recherche EDER réalisée au Mexique en 2011, et adapté aux spécificités locales, mais préservant la structure de recueil des biographies triples, il est composé de huit sections (histoire de vie migratoire, familiale et de travail) 1. Date et âge; 2. Localisation; 3. Scolarité; 4.

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Emploi et revenu; 5. Famille biologique; 6. Famille du conjoint; 7. Fécondité; 8.

Contraception.

Par le fait qu´il était nécessaire de couvrir toute la zone urbaine de la ville de Manaus, nous avons adopté comme unité spatiale de référence, le secteur censitaire. 442 domiciles ont été tirés au sort dans des secteurs censitaires parmi les 33 zones de pondération utilisées pour le recensement national de 2010. La sélection des unités domiciliaires a été faite à partir du CNEFE (Cadastro Nacional de Endereços para Fins Estatísticos) de l´IBGE (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística). Nous avons tiré au sort un domicile par secteur censitaire. Il convient de souligner que le nombre de secteurs varie pour chaque zone de pondération.

Après avoir déterminé la taille de l´échantillon, nous avons monté un échantillonnage probabiliste. Le modèle appliqué correspond à un échantillon aléatoire simple, par zone, avec sélection des secteurs censitaires et postérieurement des domiciles. L´erreur maximum pour l´estimation du paramètre a été de 5%, la confiabilité de l´estimation de 95%, et les non-réponses de 10%. L´échantillon a été constitué de 442 unités d’habitation, distribuées sur les 33 zones de pondération. Nous avons choisi comme critère d´inclusion la tranche d´âge de 30 à 62 ans. Pour constituer des groupes homogènes du point de vue de l´échelle du temps, la population enquêtée a été répartie en trois groupes selon la date de naissance: 1951-1963, 1964-1973 et 1974-1983, puisqu´on suppose que chaque groupe a connu les mêmes conditions de contextes historiques, économiques, culturels, politiques et autres de la ville de Manaus.

Par la suite, certains secteurs de zones rurales et de zones considérées très violentes ont été exclus. Les endroits qui gardent encore des caractéristiques rurales qui ne sont pas de l´intérêt de cette thèse, et les endroits où le trafic de drogues inhibe l´entrée de personnes extérieures ont également été exclus de l´échantillon. Au total, 57 questionnaires ont été exclus pour ces raisons. Pour des non-réponses, 27 questionnaires ont été éliminés, et pour avoir été remplis de façon non satisfaisante ou incomplète, 22 ont été retirés. Au total, ce sont 334 questionnaires qui ont été exploités pour les analyses de cette thèse.

Les données secondaires utilisées ont été celles du recensement démographique de 2010, celles du Développement humain du PNUD (Programme des Nations Unies para le Développement), et en particulier les indicateurs de développement humain et municipal, ainsi que les données de la Superintendência da Zona Franca de Manaus. Les

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informations correspondantes sont issues des analyses du chapitre 3 qui traite de la croissance démographique et économique de la ville de Manaus. Dans les chapitres 4, 5 et 6, nous avons utilisé les informations collectées au cours de la recherche de terrain.

Au total, la base de données créée dispose de 119 variables réparties en deux groupes:

les variables fixes dans le temps et les variables dépendantes du temps dont la valeur peut varier chaque année (âge) de l´observation. Les variables fixes dans le temps sont, par exemple, le sexe, le groupe générationnel, l´origine sociale des parents, etc. Les variables dépendantes du temps sont le résultat de la trajectoire, comme la commune de résidence, l´occupation, le secteur d´occupation, etc. Celles-ci peuvent varier chaque année en fonction de la trajectoire migratoire de l´individu enquêté.

L´analyse descriptive se divise en deux parties. Pour les variables fixes dans le temps, nous avons tracé le profil des caractéristiques des personnes enquêtées. Pour les variables dépendantes du temps, nous avons utilisé l´estimateur de Kaplan-Meier, par le biais des indicateurs suivants: a) fonction de survie qui représente la proportion d´individus qui n´ont pas encore vécu l´événement de l´instant t; b) proportion d´individus qui ont déjà connu l´événement; c) quotient instantané à chaque instant (âges spécifiques).

Pour l´analyse explicative, nous avons utilisé des modèles de régression logistique en temps discret, d´après Allison (1982), dans lesquels on estime l´occurrence plus ou moins rapide d´un événement (migration, premier emploi, etc.) en fonction de variables indépendantes qui peuvent être fixes dans le temps (sexe, groupe générationnel, etc.) ou dépendantes du temps (années d´étude, changement d´état civil: de célibataire à marié, etc.). Pour les calculs, nous avons eu recours aux modèles logit et logistic du programme Stata, ainsi que les tests de signification statistique des coefficients des modèles.

Pour les déterminants de la première migration, nous avons élaboré un modèle de régression logistique du risque de vivre une migration aux âges de 12 à 30 ans pour la population totale enquêtée et pour la population masculine et féminine. Nous avons utilisé comme variables explicatives: l´âge, la scolarité, le groupe générationnel, l´origine agricole du père, le départ de la maison paternelle, et l´arrivée du premier enfant. Pour les déterminants de l´entrée dans la vie active à Manaus, la population sujette au risque était constituée par tous les enquêtés qui n´avaient jamais travaillé de 7 à 30 ans, immigrés et non-immigrés. Nous avons élaboré trois modèles pour l´entrée

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dans la vie active: formel, informel, la somme des deux. Les variables explicatives sélectionnées ont été les suivantes: l´âge, la scolarité, le groupe générationnel, la condition migratoire, le début de la vie conjugale et l´arrivée du premier enfant.

Chapitre 3 Manaus des seringais à la Zone franche

La première phase d´occupation humaine de l´Amazonie a été marquée par des périodes appelées cycles: d´exportation de produits de l´extractivisme, tels que les épices et le caoutchouc, déterminés par la demande du marché externe. Le cycle des “drogues du sertão” a duré jusqu´au milieu du XIXème siècle; et sa principale caractéristique était l´exploration et le commerce d´épices à prix élevé sur le marché européen, ce qui a stimulé chaque fois plus la pénétration de l´homme en Amazonie. Le second cycle, caractérisé par l´exploration et le commerce du caoutchouc (1850-1912), a été très important sur le plan économique pour la région. À partir de la découverte du processus de vulcanisation, le caoutchouc a pénétré le marché européen, à la période de la révolution industrielle, provocant une véritable ruée vers le latex amazonien.

La période d´or du boom du caoutchouc a représenté une phase de prospérité, essentiellement pour les villes de Belém et Manaus; ce qui ne signifie pas que les immigrés aient joui des richesses de l´exploration du latex puisque la majorité restait dans la misère et le travail forcé dans les seringais. La trajectoire de ces travailleurs a été basée sur l´illusion, car ils étaient attirés par de fausses promesses de richesse et en arrivant, ils se retrouvaient devant une dure réalité de servage ou “esclavage blanc”.

Après la rupture du monopole de la production de caoutchouc par la concurrence de la Malaisie, la production de l´Amazonie a commencé à décliner. Le type de production rationnelle implantée dans le Sud-est asiatique par les Anglais a provoqué la chute des prix et, par conséquent, l´effondrement du marché en 1912. D´après Monteiro (1952), après la phase d´apogée de l´économie du caoutchouc, les effectifs de population de la ville de Manaus sont arrivés à 75.000 habitants, en 1920.

Au cours de l´histoire économique de la région, on observe des périodes d´expansion et de récession. Après l´effondrement de l´économie du caoutchouc, a commencé une période de stagnation économique qui a duré 30 ans, car les mentalités basées sur l´extraction des produits de la forêt se sont perpétuées. D´après Mahar (1978), la planification pour l´Amazonie, entre 1912 et 1945, a été presque exclusivement consacrée à des efforts de récupération de l´économie régionale du caoutchouc. En

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raison de ce concept limité de développement, on pensait de façon équivoque qu´il serait possible de revivre la prospérité du boom du caoutchouc de 1870-1912. Durant la Deuxième Guerre mondiale, pour approvisionner le marché nord-américain, la production de caoutchouc a été reprise durant la fameuse “bataille du caoutchouc”.

Pendant cette période, le gouvernement américain a investi dans le financement de la production de caoutchouc amazonien, en confiant au gouvernement brésilien l’envoi de travailleurs immigrés, enrôlés comme “soldats du caoutchouc”, pour réactiver les seringais durant la guerre.

Une nouvelle période de développement économique pour la région a été définie à partir de la Constitution brésilienne de 1946 qui délimita officiellement la région et détermina que 3% du revenu fiscal de la fédération seraient destinés à la valorisation de l´Amazonie pendant 20 ans. Après la longue période de stagnation économique, le gouvernement fédéral a entamé une intervention au moyen de plans de développement et d´occupation de la région. À partir de là, l´occupation est devenue continue et plus étendue, rompant avec le modèle de booms de produits de l´extractivisme limité à des zones localisées. À la tête de ce processus se trouvait l´État brésilien, au moyen d´une politique délibérée d´intégration régionale (Becker; 2004).

En 1953 a été créée la SPVEA (Superintendência do Plano de Valorização Econômica da Amazônia) qui présenta la première proposition de développement régional et la première expérience dans le pays d´institutionnalisation d´un programme gouvernemental visant à valoriser une région (Pandolfo; 1994). La proposition incluait un système de services et des travaux publics destinés à développer la production agricole, minérale et industrielle, pour augmenter le bien-être social et économique de la population.

Avec le Régime militaire instauré en 1964, on observa un profond changement dans la voie du développement régional au Brésil. Comme mesures de stratégie de développement de la région, le gouvernement a fermé la SPVEA et a créé la SUDAM (Superintendência do Desenvolvimento da Amazônia). À cette époque, le Banco de Crédito da Amazônia fut transformé en Banco da Amazônia, et obtint plus de ressources et de pouvoirs (Oliveira, 1988).

En 1970 a été créé le PIN (Programa de Integração Nacional) avec l´objectif de promouvoir le développement, au moyen de travaux d´infrastructure économique et sociale dans le Nord et le Nord-Est, basé sur le concept de planification d´axes de

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développement. D´après Loureiro (1997), l´occupation productive de la région, dans les années 1970, a été définie par deux plans économiques, tous deux dans le cadre du PIN:

le Ier PND (Plano Nacional de Développement) et le IIème PND, de 1972 à 1974 et de 1975 à 1979, respectivement. Le premier PND qui considérait la région comme une frontière de ressources avait établi comme priorité l´intégration physique de l´Amazonie au territoire national, l´occupation humaine et le développement économique, par le biais de bénéfices fiscaux et d´autres instruments. Le IIème PND a approfondi la notion d´Amazonie comme frontière de ressources, a souligné la contribution que la région devrait donner pour améliorer la balance commerciale du pays et devait intégrer la région au marché. Parmi les principaux objectifs du PND, il y avait la construction de deux grands axes routiers : Cuiabá-Santarém et la Transamazonienne. Par la suite a été créé le PROTERRA (Programa de Redistribuição de Terras) qui complétait le PIN, comme motivation pour le secteur agricole. La finalité principale était d´unir les zones moins développées à celles plus développées du Nord et amener de la main-d’oeuvre depuis le Nord-Est pour occuper les terres de l´Amazonie, visant la complémentarité socio-économique entre le Nord-Est et l´Amazonie.

À partir de l´institutionnalisation du système de planification du pays (PND), la SUDAM a élaboré les PDA (Planos de Desenvolvimento da Amazônia), répliques régionales qui détaillaient les directives des plans au niveau fédéral. Les deux programmes mettaient en avant l´idée de l´Amazonie comme frontière de ressources.

Dans le cadre du IIème PND, l´élément le plus important pour l´Amazonie a été le POLAMAZÔNIA (Programa de Polos Agropecuários e Agrominerais) qui a ratifié les politiques officielles de colonisation. Quinze “pôles de développement” ont été sélectionnés dans des zones prioritaires pour l´expansion des productions minérale, d´élevage et agro-industriel (Costa; 2004).

Du côté de l´Amazonie occidentale, comme principale politique de développement et intégration, a été créée en 1957 la ZFM (Zona Franca de Manaus). Implantée en 1967, après avoir été reformulée, la Zone franche de Manaus a été décrétée zone de commerce libre, d´importation, d´exportation et d´allègements fiscaux spéciaux, dans le but de créer en pleine Amazonie un centre industriel, commercial et agricole doté de conditions économiques qui permettent son développement en fonction de facteurs locaux et de la distance par rapport aux grands centres consommateurs et aux produits du sud-est du pays.

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Depuis sa création, le modèle de développement de la ZFM est passé par diverses transformations. En accompagnant les changements économiques survenus dans le pays au cours des années, on observe que diverses phases font état d´altérations dans les caractéristiques, les fonctions et les zones d´action du modèle. Durant la première phase, de 1967 à 1975, la politique industrielle est caractérisée par la stimulation de la substitution d´importations de produits finis et par la formation de marché interne où prédominait l´activité commerciale avec un grand flux de tourisme intérieur, encouragé par la prohibition d´importation de certains produits dans le reste du pays. À partir de la seconde phase de la ZFM, de 1975 à 1990, la politique brésilienne a cherché à promouvoir l´industrie nationale d´intrants , établissant des indices minimums de nationalisation pour des produits industrialisés, des limites maximums globales annuelles d´importation étendues à l´Amazonie occidentale et créant la première ALC (Área de Livre Comércio), zone de commerce libre.

De 1991 à 1996, lors de la troisième phase de la ZFM, avec l´ouverture commerciale brésilienne, une nouvelle politique industrielle de commerce extérieur est entrée en vigueur. Le modèle a dû être adapté à la perte de l´avantage comparatif. La nouvelle politique économique a entraîné des pertes pour le commerce qui n´a plus eu l´exclusivité des importations, les limites maximums globales annuelles d´importation ont été éliminées, le PPB (Processo Produtivo Básico) a été adopté et les entreprises ont dû implanter des normes techniques de qualité. C´est ainsi qu´a commencé un vaste processus de modernisation industrielle nécessaire pour que les produits nationaux puissent être mis en concurrence avec les produits importés.

Au cours de cette quatrième phase, de 1996 à 2002, la politique industrielle brésilienne avait comme référence le scénario de la globalisation, caractérisé par des privatisations et des déréglementations. Les principales caractéristiques ont été la recherche de l´extension de la compétitivité technologique, avec la création du CT-PIM (Centro de Ciência, Tecnologia e Inovação do Pólo Industrial de Manaus), les initiatives de création d´un pôle bio-industriel en Amazonie, avec le CBA (Centro de Biotecnologia da Amazônia), et la stimulation des ventes à l´extérieur.

À la phase actuelle, d´après la SUFRAMA, le modèle de la ZFM s´efforce d´étendre son insertion internationale et continue à chercher à augmenter les exportations et à améliorer l´équilibre de la balance commerciale. La PDP (Política de Desenvolvimento Produtivo) entre en vigueur et définit des objectifs pour augmenter la formation brute de

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capital fixe, les dépenses du secteur privé en recherche et développement et les exportations. Le pôle industriel de Manaus est parmi les plus modernes d´Amérique latine, avec des industries dans les domaines de l´électricité et de l’électronique, des véhicules à deux roues, des produits optiques, des produits informatiques et de l´industrie chimique. En 2014, il a employé 164.116 travailleurs dans divers secteurs d´activités. En 2013, il a facturé 83,28 milliards de R$, valeur supérieure de 13,31% au chiffre obtenu en 2012, qui a été de 73,50 milliards de R$.

Vergolino et al. (2004) affirment que la Zone franche de Manaus était une véritable matrice pour les ressources humaines d´Amazonas, accueillant tous les flux de population de l´État, venus des endroits les plus divers, pour participer à ce nouvel Eldorado, non plus d´origine extractive, mais typiquement basée sur des activités de production de biens de consommation durables et non durables, produits dans un espace éminemment urbain.

La ville de Manaus a présenté, à partir des années 1960, un taux de croissance démographique élevé, supérieur à celui du Brésil, de la région Nord et de l´État d´Amazonas (dont elle est la capitale), atteignant un maximum de 7,4% par an dans les années 1970. Ce taux a moins augmenté par la suite, mais toujours de façon supérieure au taux de croissance régional et au taux de croissance national. Au cours de la première décennie du XXème siècle, le taux de croissance démographique annuel était de 2,5%, alors que celui du Brésil, pour la même période, était de 1,2%. Un tel niveau de croissance a fait décupler la population de la ville qui est passée de 170.000 habitants environ en 1960 à plus de 1.800.000 en 2010, ce qui correspond à une croissance annuelle moyenne de près de 5% pendant 50 ans.

La population urbaine de l´État d´Amazonas, en 2010, était de 2.755.490 habitants. De ce total, 1.792.881 étaient dans la zone urbaine de la commune de Manaus, c´est-à-dire que la ville représentait 65% de la population urbaine de l´État. Et la population totale de Manaus représentait 51,7% de la population totale de l´État, révélant une forte concentration démographique dans la capitale de l´État d´Amazonas. La population totale d´immigrés, en 2010, a été de 616.693 personnes. Sa composition par sexe montre que la présence féminine était supérieure à la masculine. Les immigrés récents, ayant moins de trois années de résidence dans la ville, étaient essentiellement des jeunes : près de 70% avaient moins de 30 ans. Parmi les immigrés ayant trois à neuf années de résidence à Manaus, la tranche d´âge la plus nombreuse était celle des jeunes de 20 à 29

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ans. Quant aux immigrés ayant plus de 10 années de résidence, ils étaient, en grande majorité (78,9%), âgés de plus de 30 ans. En ce qui concerne l´origine des immigrés, le facteur de proximité était visiblement très influent : la majorité des immigrés provenait de l´État d´Amazonas et des États de la région Nord, parmi lesquels on note le Pará d´où venait le plus grand contingent d´immigrés.

D´après Mahar (1978), l´activité économique stimulée par les avantages fiscaux a renforcé le caractère d´enclave de Manaus, avec peu de bénéfices réels parvenant jusque dans l´intérieur de l´État. Ainsi, la ZFM a drainé des ressources humaines et non humaines des zones voisines de Manaus, ce qui est contradictoire par rapport à la politique déclarée par le gouvernement fédéral d´occupation physique des zones de frontière de l´Amazonie. On pourrait également, selon cet auteur, affirmer que la ZFM a servi plus comme politique de développement urbain que comme politique de développement infrarégional, comme c´était l´intention à l´origine.

En termes de qualité de vie et de développement, l´Indice de Développement humain municipal a atteint 0,737 en 2010. Cette valeur calculée par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) sur la base des recensements démographiques indique, pour Manaus, une catégorie de développement considérée élevée pour l’IDH, et montre des progrès par rapport aux valeurs calculées à partir des recensements antérieurs. Le domaine qui a le plus avancé a été l´éducation qui est passée de 0,307 en 1991 à 0,668 en 2010. Il y a eu aussi une augmentation de revenu per capita.

Cependant, il est important de souligner que l´inégalité sociale a également augmenté sur la même période.

Les données du recensement démographique de 2010 qui ont dénombré 460.844 domiciles à Manaus indiquent que le réseau de distribution d´eau approvisionne à peine 75,48% des domiciles de la ville ; les autres domiciles utilisent des puits creusés dans la propriété ou en dehors de celle-ci. Il y a de l´énergie électrique dans 99,61% des domiciles de la ville, bien que dans plus de 95 mille d´entre eux il n´y ait pas de compteur d´électricité. En ce qui concerne l´assainissement de base, la ville présente un sérieux problème : seulement 39,6% des domiciles sont reliés au réseau d´égouts et d´évacuation des eaux de pluie, plus de 100 mille domiciles utilisent une fosse rudimentaire, ce qui aggrave les problèmes d’assainissement, étant donné le nombre de personnes qui utilisent l´eau des puits. Outre le fait que 22.267 domiciles jettent leurs déjections dans les cours d´eau de la ville, 753 jettent leurs ordures également dans ces

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cours d´eau, ce qui porte un lourd préjudice à l´environnement. Le service municipal de collecte des ordures ménagères passe devant 98% des domiciles à Manaus, mais il y a encore 9.189 domiciles qui brûlent leurs ordures, les enterrent ou les abandonnent sur un terrain vague, une voie publique, un ruisseau… ou leur donnent une autre destination inappropriée. Une grande partie des problèmes est due à la croissance désordonnée de la ville qui, à court terme, crée une demande plus importante de services urbains et d´habitations.

Quant au marché du travail, nous avons examiné quelques aspects de l´état actuel et des tendances récentes du marché du travail à Manaus à partir des données du Recensement démographique de 2010. Nous avons calculé les indicateurs se rapportant au marché du travail dans la ville, et en particulier en faisant une comparaison entre les situations migratoires. La participation de la PEA (Population économiquement active) dans le total de la PIA (Population d´Âge Actif), mesurée par le Taux de Participation, a permis de mettre en évidence que les immigrés possèdent une plus grande proportion de travailleurs actifs sur le marché de travail. En prenant en considération le sexe, les hommes ont présenté des taux supérieurs à ceux des femmes, dans n´importe quelle catégorie étudiée. Les immigrés de sexe masculin ont eu les taux de participation les plus élevés (77,7% contre 58,5% pour les hommes non-immigrés). Pour les femmes, on observe des taux de participation inférieurs : 53% environ parmi les immigrées et 46,2%

parmi les non-immigrées. Les travailleurs non immigrés, indépendamment du sexe, ont présenté, en 2010, des taux de participation inférieurs aux immigrés dans la commune.

Le taux d´activité a été supérieur pour le sexe masculin atteignant 93,7%, pour les immigrés contre 89,7% pour les non-immigrés. Les femmes ont été en plus grande proportion sans emploi. Le taux d´activité le plus bas a été observé chez les femmes non-immigrées (83,8%). Par conséquent, le taux de « sans emploi » le plus élevé se situe parmi les femmes non-immigrées (16,2%) ; et le taux de « sans-emploi » le plus faible est celui des immigrés de sexe masculin (6,2%). D´une façon générale, les travailleurs non immigrés ont présenté des taux de « sans emploi » plus élevés que les autres.

La proportion d´individus occupés, selon le niveau d´instruction, a révélé que les catégories « lycée conclu » et « études supérieures non conclues » détenaient la plus forte proportion d´individus occupés (variant entre 38% et 47%). En 2010, le taux de chômage le plus élevé a touché les travailleurs non immigrés ayant terminé le collège ou

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n´ayant pas conclu le lycée, atteignant 18,5%, un taux de chômage élevé. Par contre, il est intéressant d´observer que les personnes ayant un niveau d´instruction moindre (sans instruction ou n´ayant pas conclu le primaire ou le collège) ont montré des taux de chômage plus faibles. Avec le lycée conclu ou les études supérieures non conclues, les travailleurs présentèrent un taux de chômage entre 8,7% et 12% ; et encore une fois, les non-immigrés ont présenté des taux de chômage plus importants en comparaison avec les immigrés. Les travailleurs ayant conclu des études supérieures ont présenté des taux de chômage plus bas, indépendamment du fait d´être immigré ou non, variant entre 3,6

% et 4,8%, soit des taux de chômage faibles.

Les secteurs les plus importants dans la création d´emplois à Manaus en 2010 ont été : les services, l´alimentation, le logement et le transport, avec 40,1% des travailleurs occupés insérés dans ces secteurs , suivis du secteur du commerce (19,9%) et de celui des industries de transformation (16,4%), avec 123.213 personnes employées. Les travailleurs déclarés représentaient 49,7% du total des travailleurs occupés, et, ajoutés aux militaires, fonctionnaires et employeurs totalisaient 57,9% dans le secteur formel et 42,1% dans le secteur informel. Le nombre d´heures travaillées dépassant le temps légal touchait 29,2% des travailleurs, c´est-à-dire 219.82 personnes.

Chapitre 4 Itinéraires migratoires : une vision générale

Le total de personnes enquêtées a été de 334, dont 156 de sexe masculin et 178 de sexe féminin. La population a été distribuée en trois groupes : génération avancée (1951- 1963) avec 118 personnes, génération intermédiaire (1964-1973) avec 103 personnes, et génération jeune (1974-1983) avec 113 personnes. Dans la population totale enquêtée, il y a plus de femmes que d´hommes. La différence entre sexes persiste dans chaque groupe générationnel étudié : on observe une plus grande proportion de femmes dans toutes les générations. En ce qui concerne la situation migratoire, nous avons considéré comme immigrés toutes les personnes enquêtées qui avaient vécu un ou plusieurs changements de commune. Nous avons inclus les immigrés de retour qui étaient nés dans la ville de Manaus, avaient émigré et, par la suite, étaient retournés à Manaus. La somme des trois générations d´immigrés est de 219 dont 108 hommes et 111 femmes.

Quant au niveau de scolarité de la population totale, 151 personnes ont déclaré avoir fait plus de 11 années d´études, ce qui représente 45,2% des personnes enquêtées, 47% ont fait entre 4 et 10 années d´études (70 personnes de 4 à 7 années et 87 personnes de 8 à

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10 années) et 26 personnes ont déclaré avoir fait moins de 3 années d´études. Il convient d´observer que 16 des 26 personnes ayant moins de 3 années d´études appartiennent à la génération la plus avancée, née entre 1951 et 1963, qui s´est donc montrée moins scolarisée que les autres générations. La génération la plus scolarisée est constituée de ceux qui sont nés entre 1974 et 1983, avec 70 personnes enquêtées ayant 11 années d´études ou plus, ce qui représente 61% des personnes enquêtées de cette génération et pourrait indiquer un accès plus grand à l´enseignement présenté par la génération plus jeune.

Pa rapport à la condition migratoire, 83 immigrés ont déclaré avoir plus de 11 années d´études, ce qui représente 37% des 219 immigrés enquêtées, tandis que les personnes originaires de Manaus étaient 68 d´un total de 115, ce qui représente une proportion très supérieure à celle présentée par les immigrés : près de 59%. Le faible niveau de scolarité s´est montré plus important pour la population immigrée : des 26 personnes enquêtées qui ont déclaré avoir moins de 3 ans d´études, 21 étaient des immigrés. Donc, les immigrés ont déclaré un plus faible niveau de scolarité que les non-immigrés, donnée qui se réfère au niveau de scolarité acquis à l´âge de 28 ans.

En ce qui concerne l´origine des immigrés enquêtés, une grande partie est originaire de la région Nord du pays elle-même (77,2%) ; c´est-à-dire que la distance est un facteur important dans la décision d´émigrer vers la ville de Manaus ; et la migration provenant de communes proches est prédominante. Il convient de souligner que cette donnée présentée par la recherche de terrain est très proche de celle du recensement démographique de 2010, où la région Nord présentait aussi 77% d´immigrés pour Manaus. La région Nord-Est représente 18% du total d´immigrés enquêtés et les principaux États d´origine sont le Ceará et le Maranhão. On observe que plus de la moitié (54,4%) des immigrés sont nés dans les communes de l´intérieur de l´État d´Amazonas. Ensuite, il y a l´État du Pará, avec 38 immigrés enquêtés, ce qui représente 19,7% du total. Il convient de souligner qu´il existe des communes de l´intérieur de l´État du Pará qui sont plus proches de la ville de Manaus que de celle de Belém, la capitale du Pará, ce qui rend la ville de Manaus plus attractive pour ce qui est de la distance. Cette donnée s´est montrée inférieure à celle informée par le recensement démographique de 2010 qui indiquait 24% comme pourcentage d´immigrés qui étaient venus de l´État du Pará.

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Au sujet de l´accès à des conditions minimums d´habitation et l´accès aux biens de consommation, on observe que les immigrés, en général, sont proches des non- immigrés, avec cependant un niveau inférieur d´accès pour des biens tels que réfrigérateur, télévision et téléphone portable, accessibles à environ 99% des personnes enquêtées. Par contre, seulement 54% des immigrés et 64% des non-immigrés ont déclaré posséder un ordinateur avec accès à internet à la date de l´enquête, révélant le besoin d´inclusion digitale des personnes enquêtées. Parmi les biens moins accessibles, il y a la voiture, déclarée par 44% des immigrés et 55% des non-immigrés, l´appareil photo et la machine à laver le linge.

Parmi les personnes immigrées, 95% ont déclaré avoir l´eau courante, 95% des toilettes à l´intérieur de la maison, 95% de l´électricité et 97% une rue goudronnée pour accéder au domicile. Les non-immigrés présentent des conditions similaires : 96% ont l´eau courante, 96% ont des toilettes à l´intérieur de la maison, 99% de l´électricité et une rue goudronnée. Ces données révèlent que l´accès aux conditions de base pour une bonne qualité de vie au domicile est insuffisant pour les personnes enquêtées ; et il convient de souligner que la plus grande partie des items analysés sont des services urbains de responsabilité du gouvernement qui, dans ce cas, est en dette vis-à-vis de la population.

À propos des relations familiales, on remarque que le fait de vivre (ou non) avec les parents varie selon la condition migratoire dans diverses situations. La proportion de personnes enquêtées qui, à l´âge de 25 ans, vivaient avec leurs parents, est supérieure parmi les non-immigrés : 40,4% des hommes et 39,2% des femmes. Parmi les immigrés les proportions sont de 22,2% pour les hommes et de 20,2% pour les femmes. L´âge moyen auquel les personnes cessent d´habiter avec leurs parents est également supérieur parmi les non-immigrés, atteignant 27 ans pour les hommes et 21 ans pour les femmes, tandis que pour les immigrés l´âge moyen est de 21 ans pour les hommes et de 19 ans pour les femmes. Les immigrés quittent donc le domicile des parents plus jeunes que les non-immigrés.

Les personnes enquêtées ont déclaré que, durant leur enfance, elles avaient été entretenues par leur père (53%), et en bien moindre proportion, à la fois par leur père et leur mère (19%) et seulement par leur mère (17,4%). La tendance a été la même pour les immigrés et pour les non-immigrés, dans des proportions très semblables, ainsi que dans le cas d´autres parents comme principal responsable de leur entretien, avec un taux d´environ 10%, indépendamment de la situation migratoire. On observe la participation

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significative des femmes comme principales responsables de l´entretien des jeunes ou partageant cette fonction avec le père grâce à l´insertion de plus en plus importante des femmes au marché du travail.

On note que la proportion de pères décédés à l´âge de 30 ans est bien supérieure à celle de mères au même âge, ce qui renvoie à la question de la surmortalité masculine dans toutes les tranches d´âge. Au moyen de cet indicateur, nous avons cherché à vérifier la présence du père et de la mère dans la vie des personnes immigrées qui vivent avec eux ou non. Au total, 34,8% des immigrés enquêtées avaient, à l´âge de 30 ans, perdu leur père ou leur mère. Pour les non-immigrés, la proportion est de près de 37,8%.

La situation matrimoniale des personnes enquêtées, à l´âge de 30 ans, a montré que 82,8% d´entre elles avaient déjà eu au moins une union. Prenant en considération la situation migratoire, la proportion est très semblable : 83,8% et 81,9% pour les immigrés et les non-immigrés, respectivement. Au moment de l´enquête, 88,1% avaient eu une ou plusieurs unions : les immigrés dans 91,9% des cas, proportion supérieure aux 84,3% des non-immigrés. Quant aux enfants, 21% des personnes enquêtées n´en avaient pas encore eu avant l´âge de 30 ans. Pour les immigrés, la proportion a été de 18,3% ; et pour les non-immigrés, de 25,2%. À l´époque de l´enquête, on a noté que la proportion de personnes enquêtées sans enfant a été de 15,6%, avec 1 ou 2 enfants : 37,7% et avec 3 enfants ou plus : 46,7%. L´âge moyen au mariage (ou union) a montré que les femmes entraient dans la vie à deux plus tôt que les hommes, indépendamment de la situation migratoire ou de la génération en question. Parmi les différences rencontrées, la génération avancée a présenté, à l´entrée en première union, un âge supérieur à celui des générations plus jeunes, pour les hommes immigrés ou non.

Le nombre de migrations vécues chaque année permet de vérifier la proportion de personnes enquêtées qui ont déjà vécu une migration. Parmi les personnes enquêtées nées au cours de la période 1951-1963, 55,4% des hommes et 43,5% des femmes n´ont jamais vécu de migration avant l´âge de 20 ans. Les personnes de la même génération qui ont vécu une migration avant l´âge de 20 ans représentent 35,7% des hommes et 41,9% des femmes. Avec deux migrations ou plus, il y a 9,0% d´hommes et 14,5% de femmes. Ainsi, la proportion de femmes de la génération de 1951-1963 qui avait déjà vécu au moins une migration à l´âge de 20 ans est plus grande que celle des hommes de la même génération et par rapport au même âge. En comparant les données des trois générations, on observe qu´entre la première et la deuxième, il y a une diminution

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significative de la proportion de femmes qui ont déjà vécu une migration : 4l,9% contre 24,2%, taux qui a augmenté légèrement jusqu´à 25,7% à la génération suivante, la plus jeune. Pour les hommes, la variation a été plus marquante : 35,7%, 51,1%, et 27,3%

respectivement, pour chaque génération.

On a observé que le nombre de personnes enquêtées qui n´avait jamais vécu de migration à l´âge de 30 ans a chuté de façon significative par rapport à l´âge de 20 ans.

Ainsi, indépendamment du sexe ou de la génération étudiée, il y a eu une augmentation du nombre de migrations. Parmi les hommes nés entre 1951 et 1963, 26,8% n´avaient jamais vécu de migration à l´âge de 30 ans. Parmi les femmes de la même génération et au même âge, 32,3% n´avaient jamais vécu de migration. La génération qui garde la proportion la plus élevée de personnes qui n´avaient jamais vécu de migration à l´âge de 30 ans, même si cette proportion a diminué, est celle de 1974 et 1983, puisque 46,3%

des hommes et 59,2% des femmes n´avaient jamais vécu de migration.

Les trois générations étudiées ont présenté des différences en termes socio-économiques et familiaux. Pour les générations les plus jeunes, il y a eu une amélioration de la qualité de vie, avec un plus grand accès aux biens de consommation tels que réfrigérateur, télévision, machine à laver le linge et aux conditions d´habitation, et également un plus grand accès à l´électricité, la rue goudronnée et l´eau courante dans les domiciles où les personnes enquêtées résidaient à l´âge de 15 ans. À cet âge, la proportion de personnes enquêtées de la génération 1951-1963 dont le domicile possédait un réfrigérateur était de 47% et une télévision, de 37% ; et pour la génération 1964-1973, de 76%. Pour la génération née entre 1974 et 1983, 83% et 85% des personnes enquêtées, respectivement ont déclaré avoir une télévision et un réfrigérateur au domicile. Ces données montrent l´augmentation de l´accès à des biens de consommation de base.

D´autres biens, inexistants au domicile de la génération la plus avancée commencèrent à être consommés et cette consommation a augmenté dans les domiciles habités par les personnes enquêtées quand elles avaient 15 ans : la voiture, le téléphone fixe et la machine à laver le linge.

Quant aux conditions d´habitation des personnes enquêtées, on perçoit, par les données collectées, la précarité des domiciles durant l´enfance. Seulement 36% des personnes enquêtées de la génération avancée ont déclaré disposer de toilettes à l´intérieur de la maison dans leur enfance, chiffre qui atteint 59% pour la génération intermédiaire et 67% pour la génération la plus jeune. Les services d´eau courante et d´électricité se

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montrent également précaires pendant l´enfance des personnes enquêtées, surtout pour la génération avancée. La moitié de ces personnes avait l´eau courante et près de 56%

des domiciles avaient l´électricité quand ces personnes avaient 15 ans.

Selon la situation migratoire, les conditions de vie durant l´enfance des personnes immigrées se sont révélées pires que celles des non-immigrés pour tous les items analysés. L´accès aux biens de consommation, avec 55% des immigrés contre 90% des non-immigrés possédant une télévision, révèle cette différence. La voiture personnelle et la machine à laver le linge ont été déclarées par environ 10% à 15% des personnes immigrés, c´est-à-dire que l´accès à ces biens durant l´enfance des immigrés a été restreint et inférieur à celui des non-immigrés. Les domiciles des personnes immigrés ont montré diverses carences. Seulement 50% des immigrés avaient l´eau courante, 59%

avaient l´électricité et 40% habitaient dans une rue asphaltée. Pour les non-immigrés, l´eau courante arrivait à 86% des domiciles, l´électricité à 92% et la rue était asphaltée pour 71% d´entre eux.

Quant aux changements en termes de scolarité, à l´époque de l´enquête, le groupe générationnel le plus jeune, de ceux nés entre (1974 et 1983), a présenté un niveau de scolarité plus élevé que les autres ; et aucune personne enquêtée du groupe n´avait moins de trois années d´études. Par ailleurs, dans le groupe générationnel de 1951 à 1963, seulement 45,8% des personnes enquêtées avaient 8 années d´études ou plus, proportion très inférieure à celle des deux autres groupes (64,1% et 72,8%

respectivement pour les groupes : 1964-1973 et 1974-1983). Il y a donc eu des progrès sensibles dans l´accès aux études, ce qui a permis aux générations les plus jeunes d´atteindre un niveau de scolarité plus élevé que celui atteint par les générations antérieures.

En vérifiant les changements par rapport aux questions de la vie familiale des personnes enquêtées, la recherche a révélé qu´à l´âge de 25 ans, la proportion de personnes enquêtées qui vivaient avec leurs parents était plus importante pour la génération la plus jeune (1974-1983). L´âge moyen à la fin de cette période avec les parents s´est révélé plus précoce pour le sexe féminin (20,0 ans, contre 23,7 ans pour les hommes).

Toujours à propos de cette période en famille, à l´âge de 30 ans, la proportion de pères décédés est supérieure à celle des mères décédées : 23,2% contre 11,7%.

Lorsque les enquêtés avaient entre 5 et 15 ans, le père restait le principal pourvoyeur du foyer dans les trois générations étudiées. Cependant, on observe une diminution de la

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proportion de foyers où le père est le principal pourvoyeur, et une augmentation de foyers où la mère ou encore les deux parents ensemble sont les principaux pourvoyeurs.

Ce fait peut être en rapport avec la plus grande insertion de la femme dans le marché du travail.

Une autre caractéristique socio-économique digne d´être soulignée dans la population enquêtée est la situation matrimoniale. À l´époque de la recherche, 95,8% des personnes enquêtées de la génération de 1951-1963 avaient déjà eu au moins une union, tandis que pour la génération la plus jeune, celle née entre 1974 et 1983, le pourcentage était de 82,5%.

En ce qui concerne les taux de fécondité de femmes et d´hommes des trois générations, le taux de fécondité le plus élevé a été observé dans la tranche de 20 à 24 ans, suivie de celle de 25 à 29 ans, autant pour les femmes que pour les hommes enquêtés des trois générations. On note que, pour la génération avancée qui avait déjà terminé sa phase reproductive à l´époque de l´enquête, le TFT (Taux de Fécondité Total) a été de 3,63 pour les femmes et de 3,23 pour les hommes enquêtés. Les autres générations ont présenté une réduction de ces taux jusqu´à l´âge présenté à la date de l´enquête.

Il est possible de visualiser, par groupe générationnel, la chute des niveaux de fécondité féminine dans les générations plus jeunes. La génération née entre 1951 et 1963, à partir de la tranche d´âge de 20 à 24 ans, a présenté les niveaux de fécondité plus élevés que les autres générations étudiées. La génération intermédiaire dépasse celle de 1951-1963 seulement pour la tranche d´âge de 15 à 19 ans. Pour les hommes, la même tendance est constatée, avec de plus faibles niveaux pour les générations plus jeunes. Et ce n´est que dans la tranche d´âge de 30 à 39 ans que la génération intermédiaire (1964-1973) a présenté un niveau supérieur à celui de la génération avancée.

Pour les immigrés, la vie avec les parents a montré des différences selon le groupe générationnel. La génération la plus jeune (1974-1983) a présenté de plus grandes proportions de personnes qui vivaient avec leurs parents à l´âge de 25 ans (30,8% pour les femmes et 34,5% pour les hommes) ; tandis que les deux autres générations présentèrent des proportions autour de 16% à 17% pour les hommes et de 13% à 20%

pour les femmes. L´âge moyen de la fin de la vie en commun avec les parents, pour le sexe masculin, a été de 21 ans pour les groupes 1951-1963 et 1964-1973, et de 22 ans pour le groupe le plus jeune (1974-1983), tandis que pour le sexe féminin, cet âge a été de 19 ans pour les trois générations. À l´âge de 30 ans, le pourcentage moyen de

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