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Travail et migrations

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Academic year: 2022

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Colloque international

Nouvelles dynamiques migratoires: activités régulières et irrégulières sur le marché du travail européen

6-8 Décembre 2007, Université de Nice Sophia Antipolis, France Appel à contributions

La volonté affichée au cours des dix dernières années par les Etats de l’Union Européenne, de rendre leurs frontières de moins en moins perméables est en apparente contradiction avec les pratiques ayant cours dans certains secteurs économiques, qui visent à exploiter au mieux les avantages d’une main-d’œuvre supposée plus flexible, plus disponible et moins coûteuse que la main-d’œuvre nationale. Ainsi, les étrangers, globalement mis en situation d’infériorité juridique face aux nationaux et souvent confrontés à des discriminations sur le marché du travail, se tournent fréquemment vers les segments d’emploi les plus précaires, ou bien contribuent au fonctionnement d’activités au sein desquelles se côtoient échanges officiellement régulés et pratiques informelles, voire illégales. Sans préjuger ici que toutes ces activités doivent être considérées comme du

« travail » stricto sensu, on évaluera l’hypothèse selon laquelle l’invisibilité imposée aux personnes ainsi mobilisées, que leur mise au travail relève d’embauches contractuelles ad hoc, de la sous- traitance internationale, de l’emploi non déclaré ou de l’économie illicite, repose globalement sur la fragilité même du statut d’étranger et tend à créer de nouvelles pratiques de circulation internationale. Dans les sociétés européennes actuelles, la place de l’étranger ne correspond plus majoritairement à la figure de l’ouvrier non qualifié se situant au plus bas de l’échelle sociale, mais renvoie plutôt aujourd’hui à un ensemble de catégories plus ou moins marginalisées, tenues à l’écart de la protection de l’Etat, sinon passibles de ses sanctions. C’est cet état de fait et ses conséquences sur les mouvements migratoires que nous proposons d’interroger.

L’objectif du colloque sera en effet de dresser un bilan comparatif des recherches menées sur la thématique du travail des étrangers et des nouvelles dynamiques migratoires en Europe, en articulant plusieurs angles d’approche.

Il s’agira, d’une part, en prenant acte de la diversification des profils des migrants, d’aborder cette thématique selon une perspective de genre. L’activité des étrangers semble, plus encore que celle des nationaux, marquée par des catégorisations visant la différence des sexes. Tandis que dans les sociétés occidentales, les politiques officielles tendent vers plus de parité, le secteur marginal de l’emploi étranger, organisé selon ses propres logiques et laissé au libre arbitre des employeurs, aurait au contraire tendance à renforcer la spécialisation sexuelle. S’agit-il là de survivances du passé ou de la rationalisation maximale d’une précarité différenciée ? C’est sur ce type d’interrogations que nous nous pencherons lors du colloque.

D’autre part, à cette dimension sexuée s’articule, dans l’approche du travail des étrangers, une dimension ethnique. Les questions liées à l’ethnicité et au racisme, termes qui décrivent respectivement un phénomène d’identification des individus et une assignation brutale des étrangers à leurs origines, sont en effet, de même que les questions de genre, au cœur des rapports sociaux et, par là-même, de la gestion des formes de mise au travail particulières, salariales ou autres, qui sont visées par cet appel à communication.

Enfin, de nombreux travaux ont souligné ces dernières années l’accroissement des mouvements et de la circulation migratoire en Europe. On propose d’observer comment une

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mobilité grandissante s’articule à des types d’emploi méconnus sous cette forme jusqu’à une période récente et, du point de vue des migrants, à des pratiques et des projets migratoires originaux.

Confrontant ces perspectives de recherches à des terrains particuliers, on interrogera les diverses formes de mise au travail des étrangers et les nouvelles relations de travail dans des secteurs plus ou moins dérégulés, en liant la question des transformations de l’emploi moderne à celle des pratiques migratoires modernes. Dans un premier temps, et de manière non exhaustive, quatre champs d’investigation, encore insuffisamment explorés, nous ont semblé particulièrement appropriés pour aborder cette problématique.

Un premier champ porte sur le travail salarié et les diverses formules juridiques de prestations saisonnières dans l’agriculture, où les modalités d’emploi de plus en plus précaires paraissent s’être multipliées conjointement à l’accélération de la concurrence économique mondiale.

La complexification des statuts des ouvriers agricoles, où la part de l’usage illégal de travail non déclaré ne doit pas être négligée, s’est opérée à la faveur de l’évolution des législations européennes qui imposent une instabilité juridique accrue. Il semble, mais ce point reste à étudier, que ces dispositions incitent les travailleurs étrangers à multiplier les emplois temporaires dans divers secteurs économiques et sur des espaces migratoires très vastes et de mieux en mieux maillés par des réseaux sociaux migrants étendus à l’échelle européenne. Un autre regard suggère d’interpréter cette diversification et l’évolution du droit communautaire comme une réponse aux résistances collectives des travailleurs agricoles.

Un deuxième champ concerne l’ensemble des services domestiques aux personnes à domicile. Un peu partout, lorsqu’ils font l’objet d’une réglementation propre, ces services sont organisés soit sur la base du travail indépendant, soit par l’intermédiaire d’associations et d’entreprises prestataires, sous la forme d’emplois qui se situent sous le double signe de la précarité et de la dérogation au droit commun du travail. Traversés par des relations sociales où les rapports de domination prennent souvent l’apparence des rapports qui prévalent au sein de la sphère familiale, les emplois visés correspondent ainsi simultanément à l’externalisation du travail domestique en dehors de la famille, et à la persistance d’une logique de domesticité dans le cadre du marché du travail. Ils questionnent l’opposition entre salariat et travail domestique et amènent à s’interroger sur la réinterprétation paternaliste du travail dépendant. Parallèlement, on suggère d’explorer dans quelle mesure, ces emplois peuvent permettre à des migrantes de devenir pourvoyeuses de ressources et conduire à une renégociation des rôles au sein de leur famille.

Un troisième champ est celui d’un secteur maintenu le plus souvent à la marge des législations, mais pleinement intégré aux systèmes socio-économiques des pays riches : il s’agit de la prostitution. Fortement marqué par l’exploitation de personnes venues de l’étranger (parmi lesquelles des mineurs isolés des deux sexes) et qui, étant en situation irrégulière, sont elles aussi fragilisées face à l’Etat, ce secteur fait également appel à l’idée du libre arbitre. De fait, la prostitution, comme toutes les autres formes de « travail sexuel », n’est pas homogène, et oscille entre deux pôles : celui d’une économie criminelle résultant de la traite d’êtres humains et débouchant sur l’esclavage sexuel et celui de ce qui est vécu comme un travail à part entière mais non reconnu, ressource librement consentie pour des migrantes qui se voient comme travailleuses temporaires. Ce domaine reste peu abordé par la recherche et mérite sans aucun doute une attention particulière en tant que secteur d’emploi fortement concerné par l’exploitation de la fragilité des étrangers.

Enfin, un quatrième champ est constitué par les activités illégales ou exercées illégalement.

L’illégalité n’est pas absente des trois champs proposés ci-dessus, non plus que la violence, ni même l’organisation mafieuse. Ce domaine est donc largement transversal par rapport aux trois premiers.

Par delà cette superposition, on s’appuie ici sur l’hypothèse que la politique formelle de fermeture aux migrations ouvre un large espace à l’économie illicite, de la plus tolérée à la plus réprimée.

Précisément, l’emploi illégal (qui concerne aussi les nationaux), se développe dans certains secteurs économiques (construction, agriculture, services divers, etc.) qui se disent incapables de fonctionner autrement, et où l’illégalité côtoie ou soutient des activités productives ou commerciales acceptées.

Mais, plus généralement, à cause de la forte disponibilité des étrangers combinée à un statut

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juridique précaire ou irrégulier, l’Etat ne laisse pas à certains d’entre eux d’autre possibilité que la participation à des trafics de toute sorte. Cette contribution à l’économie informelle peut s’apparenter soit à du travail indépendant soit, au contraire, à du salariat : dans les deux cas, il s’agira d’identifier les rapports spécifiques qui peuvent l’encadrer, en même temps que l’espace d’autonomie que l’exclusion légale peut éventuellement ménager.

La liste des champs d’investigation soumis au contributeur n’est nullement restrictive. Les propositions partant d’une problématique semblable, mais touchant à d’autres secteurs d’activité, seront les bienvenues. Les travaux présentés pourront croiser ces différentes thématiques ou n’en retenir qu’une seule. La dimension européenne du colloque permettra en outre de comparer, au sein de l’Union, la situation dans des pays ayant une longue tradition d’immigration, avec celle des pays du sud méditerranéen devenus à leur tour pays d’immigration, ainsi qu’avec celle des nouveaux Etats membres, marqués simultanément ou successivement par des flux d’émigration et d’immigration plus ou moins importants. Une attention très particulière sera apportée aux propositions de contribution issues de toutes les nouvelles situations migratoires au sein de l’espace européen. A titre comparatif et exceptionnel, des contributions visant d’autres espaces géographiques pourront être bienvenues.

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Les propositions de communication, rédigées en français ou en anglais, d’une page environ sont à envoyer par courriel à migractivities@yahoo.fr sous format .doc ou .rtf, avant le 1er mai 2007

Elles devront présenter les grandes lignes de la communication, les terrains d’enquête et la méthodologie mobilisés ainsi que le nom et l’affiliation institutionnelle du/des auteur(s), ainsi qu’une adresse postale et électronique et un numéro de téléphone/fax.

Les notifications d’acceptation seront envoyées par le comité scientifique courant juin 2007 et seront soumises à confirmation lors de la réception du texte complet de l’intervention, d’une taille maximum de 60 000 signes, le 15 octobre 2007 au plus tard.

Les langues de travail du colloque seront le français et l’anglais (traduction simultanée prévue)

Comité scientifique:

Emanuela Abbatecola, University of Genoa, Italy Amina Haddaoui, LAMES (UMR6127), France

Marta Kindler, Center for Migration Research (CMR), Warsaw University, Poland Blanca Miedes Ugarte, Universidad de la Huelva, Spain

Alain Morice, URMIS (UMR7032), Université de Paris 7, France

Joanna Napierala, Center for Migration Research (CMR), Warsaw University, Poland Marek Okolski, Center for Migration Research (CMR), Warsaw University, Poland Swanie Potot, URMIS (UMR7032), Université de Nice Sophia-Antipolis, France Andrea Rea, GERME, Université Libre de Bruxelles (ULB), Belgium

Dolores Rodondo-Toronjo, Universidad de la Huelva, Spain Francesca Scrinzi, LAMES (UMR6127), France

Ralitza Soultanova, GERME, Université Libre de Bruxelles (ULB), Belgium

Comité d’organisation:

H.Andres, URMIS-SOLIIS (UMR7032), Université de Nice Sophia-Antipolis J.Darrieumerlou, URMIS-SOLIIS (UMR7032), Université de Nice Sophia-Antipolis B.Michalon, ADES (UMR 5185)

A.Morice, URMIS (UMR7032), Université de Paris 7

S.Potot, URMIS-SOLIIS (UMR7032), Université de Nice Sophia-Antipolis F.Scrinzi, LAMES (UMR6127)

Pour toute information consulter : http://www.unice.fr/migractivities ou contacter: migractivities@yahoo.fr

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