COMITE POLITIQUE DECLASSIFIED - PUBLIC DISCLOSURE / DÉCLASSIFIÉ - MISE EN LECTURE PUBLIQUE LA SITUATION EN EXTREME-ORIENT. Note du Secrétaire

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ORIGINAL: ANGLAIS 2U novembre

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TRAVAIL

COMITE POLITIQUE

LA SITUATION EN EXTREME-ORIENT Note du Secrétaire

Veuillez trouver ci-Joint le projet de rapport préparé par le Groupe d'Experts qui s'est réuni au Palais de Chaillot, du 13 au 15 novembre 1958.

2. Le Président propose que le Comité se réunisse le lundi, 1er décembre, à 10h30, pour mettre ce texte définitivement au point.

3. Il serait bon, pour faciliter le travail, que les amende- ments envisagés soient envoyés au Secrétariat de telle façon qu'il puisse les communiquer aux diverses délégations avant la réunion.

(Signé) ïrticille M. PEART

DECLASSIFIED - PUBLIC DISCLOSURE / DÉCLASSIFIÉ - MISE EN LECTURE PUBLIQUE

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NATO SSCSgg

LA SITUATION EN EXTRSSIB-ORiENT Pro .let Cc Raooort du Qroupu d'Bsr.x.rtg

PARTIE I: GENERALITES

1. Deux éléments nouveaux dominent l'évolution actuelle de la situation politique en Extrême-Orient s

(a) l'accélération de la renaissance de Ia puissance de la Chine communiste;

(h) le raidissement de la politique extérieure de Pékin, 2. Les deux dernières années ont vu se produire en Chine communiste Une série d'événements Inqportants:

(a) après un relâchement provisoire des pressions auxquelles le peuple chinois était soumis, la reprise des efforts pour lui faire plus rapidement épouser le moule des institutions communistes;

(h) l'exécution généralement satisfaisante du premier plan quinquennal, suivie de 1'adopt ion^ d'objectif s

économiques gigantesques pour le deuxième plan quinquennal; •

(o) l'affectation d'une plus grande priorité à l'agriculture et à la petite industrie locale.

Toutes ces mesures impliquent une utilisation systématique de la main-d'oeuvre chinoise.

3. La population s'accroît au rythme de 15 millions d'habi- tants par an. Plus de 600 millions de personnes sont actuellement embrigadées pour le "grand bonden avant" que la Chine doit faire dans les domaines économique et social. L'immensité de la population est considérée comme une carte maîtresse pour la nation.

U. La société rurale est en cours de transformation grâce à la fusion des exploitations collectives en des unités socio- économiques plus larges, appelées Communes, qui permettront au parti communiste d'exercer un contrôle plus étroit sur tous les aspects de la vie.

5. Grâce en partie à des conditions atmosphériques favorables dans certaines régions, mais grâce surtout à un effort énorme

(en particulier dans le domaine de l'irrigation) et a l'emploi de ^ méthodes et d'outils plus modernes,.la récolte de cereales a ûepasse de loin le niveau qu'elle avait atteint les annees précédentes..

NATO SECRET

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NATO SECRET AâAÏÇ4vK58ï86

Pour la coton, l'augmentation semble devoir être également considérable. ... .,-..1 ... .. .. . . .... ;

6. Dans l'industrie également, un effort fébrile est accompli. Le gouvernement, lui a déjà fixé dos objectifs spec- taculaires: par exemple, 10,7 millions de tonnes d'acier pour 1958, soit près du double de l'objeatif initial.

7. Dans le domaine militaire, ia formation de milices dans les communes a permis d'ajouter à une armée de métier,

déjà considérable, un nombre important de combattants éventuels.

L'extrême dispersion industrielle et militaire résultant de la création des communes pourrait accroître les chances de survie de la Chine corranuniste en cas d'attaque nucléaire.

8. En matière de politique étrangère, la Chine a fait "

preuve de plus en plus d'assurance et d'esprit d'entreprise, surtout en Extrême-Orient, mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique et eh Amérique latine.

9. A des degrés divers, les pays d'Asie sont impressionnés et alarmés par la nouvelle politique intérieure et extérieure de la Chine communiste. Maintenant plus qu'avant, ils doutent que la coexistence pacifique soit possible avec elle. Pékin semble

désormais attacher beaucoup moins d'importance à l'opinion des pays neutres d'Asie qu'à l'époque de la conférence de Bandoung et pendant les deux années qui la suivirent. Elle a tendance maintenant à attendre un appui inconditionnel pour sa propre politique de la part des pays afro-asiatiques dont elle a soutenu la cause dans lé passé. Aussi le succès ou l'échec de la politique menée par son principal rival asiatique sur le plan du prestige,

c'est-à-dire l'Inde non communiste, aura-t-il une signification accrue.

10. Depuis 1956, Pékin a Intensifié son offensive économique dans le sud et le sud-est asiatique, en s'efforçant de faire des échanges commerciaux et de l'aide économique les instruments qui lui permettront d'étendre son influence politique. Elle a rompu les relations commerciales avec le Japon et inondé de marchandises à bas prix un grand nombre de marchés traditionnels du Japon dans le sud-est asiatique. A d'autres pays, elle a offert ou accordé iune aide économique importante, Si la Chine communiste poursuit :avec succès son "bond en avant" dans le domaine économique, la (possibilité qu'elle aura de désorganiser, dans d'autres parties du (monde, les marchés tels que celui du riz, du coton ou d'articles [manufacturés comme les textiles, représentera une mtsnace accrue.

S 11. En aoGt 1958, l'agressivité croissante de la politique 'étrangère de Pékin a abouti aux attaques contre les îles côtières.

[Pékin cherchait ainsi à se rapprocher de son objectif final, qui consiste à éliminer la Chine nationaliste et à obliger les forces 'américaines à se retirer de la zone occidentale du Pacifique,

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NATO SECRET W m - W 58186 C'est peut-être aussi l'une des raisons pour lesquelles elle a retiré toute® ses troupes de la Corée du Nord,

12. De toutes les indications qui ont pu être recueillies aussi bien en Chine même qu'à l'étranger (et jusqu'en Afrique et en Amérique latine), il ressort que la Chine communiste est

résolue a s'imposer en tant que puissance mondiale. Toutefois, elle n'a pas cherché jusqu'ici à se servir du différend sur les îles côtières soit pour participer à une conférence au sommet, soit pour faciliter son admission aux Nations Unies.

13. Depuis deux ans, la Chine communiste exerce une influence de plus en plus grande au sein du bloc soviétique et elle est

apparue comme le défenseur de la stricte orthodoxie. Il se peut que Moscou et Pékin ne soient pas toujours d'accord sur toutes les questions, mais rien ne laisse prévoir un affaiblissement de

l'alliance sino-soviétique.

1i+. Face à la puissance croissante de la Chine communiste, on relève dans les autres pays d'Extrême-Orient des éléments de force et de faiblesse.

Parmi les éléments de force figurent:

(a) le maintien de la stabilité politique et de la vitalité économique du Japon;

(b) la ferme résistance et la modération dont fait

preuve la Chine nationaliste en face de l'agression;

(c) la vigoureuse opposition au communisme ohinois qui se manifeste en Corée du Sud, au Sud-Vietnam, en Chine nationaliste, en Thaïlande et aux Philippines.

Au nombre des éléments de faiblesse, on peut compter:

(a)

(*)

( c )

L'Instabilité ôoonomique et politique dans de nombreux pays de cette région;

La présence dans certains d'entre eux d'importantes minorités chinoises qui les rendent particulièrement vulnérables à l'influence de la Chine communiste;

Le fait que de nombreux pays de cette région éprou- vent de plus en plus la nécessité de parvenir a un accord avec la Chine communiste, comme lo prouve

l'établissement de relations diplomatiques entre le Cambodge et son puissant voisin;

La politique suivie par Soekarno en Indonésie, qui a ouvert la porte à l'influence communiste et a permis au parti communiste indonésien de devenir

le p a r t i politique le p l u B puissant du pays.

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HTO SECRET IHlQ-m^58)86

L'économie de ce paye; a été affaiblie par la

spoliation des Néerlandais, par la nationalisation de leurs avoirs ainsi que par une question écono- mique généralement ineptej

(e) La situation précaire on Birmanie,

Si l'Influence oroisBante des militaires dans le ouvernement de l'Indonésie et de la Birmanie .(auxquelles on

ourralt ajouter le Pakistan) offre quelque espoir de résistance l'influence communiste dans ces pays, du moins pour l'avenir mmédiat, cette tendance soulève néanmoins oertains doutes quant

la possibilité de survie de gouvernements représentatifs dans crtains pays d'Asie»

IATO SECRET - 6 -

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N A T O S L C R E T

AC A 1 Q r W T O )66 PARTIE II; ETUDES PAR PAYS

CHII1JE

1 5. Les récent© événements de Chine mettent en lumière la volonté des dirigeants communistes chinoiB d'atteindre leurs objectifs intérieurs et extérieurs par des moyens agressifs et de façon extrêmement rapide.

16. La transformation accélérée et considérable de la socié- té rurale est l'illustration la plus frappante du processus connu, dans la doctrine communiste sous le nom de "révolution permanente".

A peine les coopératives agricoles avaient-elles été créées dans tout le pays qu'elles étaient transformées en exploitations collec-, tives. Dès l'été de 195Ô» elles ont cédé la place à des unités

socio-économiques encore plus vastes et glus complexes appelées

"communes" où les activités et les intérêts des individus se

perdent encore davantage dans l'effort collectif. Le gouvernement prétend qu'à la fin de septembre» 90k de »toutes les familles pay-

sannes étalent organisées en communes groupant de 10.000 à 10u.000 personnes. Les commîmes seront chargées dp toutes les formes de production coopérative (y compris la petite industrie), des cons-

tructions de base, de l'enseignement et des milices. Cette rupture forcée avec la structure familiale et économique traditionnelle constitue une étape importante dans le. transformation au pays en une société communiste. Une autre innovation importante a été introduite dans le domaine de l'enseignement où les élèves et étudiants sont tenus de partager également leur temps entre le travail manuel et l'étude,

17. La nécessité d'aller vito, que ressentent les dirigeants communistes chinois, trouve son expression dans l'effort immense qui est demandé au peuple sur le plan économique. Utilisent le slogan "développement égal de l'agriculture et de l'industrie, avec priorité à l'industrie", le gouvernement a nettement accéléré l'exécution de son programme agricole et lancé un program.no d'expansion de la petite industrie qui implique l'utilisation des res-

sources et de la rnain-d'oouvre locales, les communes étant prises comme unités de travail. Il a mobilisé les paysans pour la mise en oeuvre d'un vaste programme d'irrigation et de bonification dos terres. Il prétend avoir remporté un premier grand succès en 1958 en augmentant le rendement, en généralisant la multiplication des récoltes et en introduisant des méthodes de culture plus

intensives.

18. Pour faire faco au problème que p o s e l'excédent de main-d'oeuvre improductive dans les villes, le gouvernement a lancé à la fin de 1957 un mouvement de "retour à la terre" qui s'est traduit par un resserrement de contrôles sur les mouvements de personnes et par le transfert forcé dans les zones rurales de plus d'un million de fonctionnaires et de cadres du parti, ainsi que d'innombrables soldats démobilisés, paysans en chômage et anciens élèves des écoles secondaires.

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HATO SBGRET ÀC/11 9-WP(58)66

19. Lc gouvernement est apparemment persuadé que ses services de contrôle sont assez puissants et assez sûrs non seulement pour étouffer toute velléité de résistance ou toute manifestation de mécontentement, mais aussi pour obliger la population à fournir des efforts encore plus grands.

20. La politique étrangère de Pékin témoigne aussi d'une attitude de plus en plus assurée et agressive. S'appuyant sur une modernisation et "une standardisation continues dos forces militaires, cette volonté de s'affirmer a abouti en août i95Ö aux attaques contre les îles côtières et aux déclarations intransigeantes suivant lesquelles seule la "récupération" de Pormose et des Îles côtieres ainsi tAue le retrait des forces américaines du détroit de Pormose pourraient résoudre la crise. Il est certain qu'en ac- centuant sa pression dans les domaines militaire et politique, Pékin visait à atteindre son objectif final qui est d'éliminer la Chine nationaliste et d'obliger les forces militaires américaines à se retirer de la région du Pacifique occidental. Les communistes chinois ont cherché:

(a) è mettre à l'épreuve la détermination des Etats- Unis de soutenir la Chine nationaliste;

(b) à enfoncer un coin entre les Ltats-Unis ot la Chine nationaliste;

(c) à discréditer la Chine nationaliste et les FJtats- Unis vis-à-vis de l'opinion mondiale;

(d) à ébranler le moral de la Chine nationaliste;

(e) à empêcher que l'acceptation de l'existence

de facto de "deux Chines" ne tende à se généraliser.

21. Les progrès accomplis par les Soviets dans la mise au point des engins et des satellites au cours des dernières années

ont sans aucun doute renforcé la conviction de Pékin que la ba- lance penche désormais du côté du bloc communiste. Mais cotte évolution accroît aussi la dépendance de la Chine à l'égard de l'URSS.

22. C'est surtout en Asie que le gouvernement de Pékin a cherché à développer ses relations avec les pays non communistes encore que la Chine communiste ait ;.ussi déployé une activité de plus en plus grande au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine. On peut citer à titre d'exemple l'aide technique et- éco- nomique fournie au Yémen, le développement des lions commerciaux et diplomatiques avec les pays africains ayant récemment accédé a l indé- pendance, et les activités commerciales et de propagande dirigées vers

l'Amérique latine.

23. Depuis 1956, Pékin a intensifié son offensive économique dans le sud et le sud-est asiatique en. cherchant à étendre son influence politique grâce aux échanges commerciaux et à l'assistance économique, diverses méthodes sont utilisées à cotte fin. Des accords de troc ont été conclus avec Ceylan et la Birmanie, qui trouvent difficilement des débouchés pour leurs produits. La Chine

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HATO SECRST AC/119-WPTÜS)86 a offert à crédit des cotonnades, dos usines de textiles, et du riz à l'Indonésie, qui est aux prises avec des difficultés de balence des paiements. Elle a accordé des dons atteignant au total plus de 50-;&lllions de dollars dee Etats-IMs auNtpcû, au Cambodge et à Cuylan.

L'été dernier, la Chine communiste o. dénoncé un accord commercial important qu'elle avait conclu avec des entreprises japonaises, cherchant ainsi de toute évidence à influer sur la politique du Japon.

24. Jusqu'ici, la place qu'occupe la Chine communiste dans le commerce extérieur des pays do l'Asie du Sud et du Sud-Sst demeure peu importante. Cependant, la gamme de ses exportations s'élargit constamment et comprend maintenant non seulement des den- rées alimentaires, mais aussi des produits do l'industrie légère qui rivalisent en qualité avec les articles en provenance du Japon ou de l'Europe occidentale. Les exportations chinoises do cotonnades, en particulier, ont fortement augmenté et les fabricants de

textiles au Japon, à Hong-kong, dans l'Inde et d'autres pays n'ont pas manqué d'en ressentir les effets,

AUTRES PAYS COMMUNISTES

25. L'évolution do la situation en Corée du-Nord, au Nord Viot-Nam et en Mongolie extérieure n'appelle aucune observation particulière à l'heure actuelle,

JAPON

26. Le Japon reste le plus stable, le plus prospère et le plus dynamique des pays non communistes d'Asie.

27. L'arrivée au pouvoir du premier Ministre Kishi en février 1957 a donné à la vie politique japonaise plus de stabilité qu'elle n'en avait jamais connu depuis la signature du traité de paix.

28. Le Parti communiste japonais, déchiré par une série de rivalités et de luttes entre factions, demeure un élément marginal presque insignifiant de la vie politique, son rôle consistant essentiellement à appuyer l'effort de propagande sino-soviétique. Il exerce toutefois sur les dirigeants syndicalistes une influence qui est hors de proportion avec ses effectifs.

29. La croissance économique du Japon a été rapide et soutenue et le gouvernement a montré qu'il était capable de faire face aux difficultés résultant de la récession actuelle. Le Japon est main-

tenant le sixième producteur d'acier dans le monde et arrive au premier rang pour les constructions navales. La production des in- dustries chimiques a quintuplé par rapport à l'avant-guerre. Avant la guerre, la production et les exportations portaient principalement sur les textiles, les produits de consommation légers et les Pr o"

duits de la mer, tandis que le Japon met désormais l'accent sur 1 industrie lourde et la fabrication de machines, de produits sidérur- giques, d'engrais chimiques, de camions et de navires. Au cours ae la période 1952-57, la production agricole était en moyenne supé- rieure de 1 9>u au niveau de 1935-39, mais le Japon continue néanmoins

à importer 20% des denrées alimentaires qu'il consomme.

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TATO S E G R E T

IC/11 9-WPr58)86

30. La politique suivie par le Japon en Asie ©ni.a- tielleraent de considérations économiques. Sn .janvier il a

sonclu un traité de paix et des accords économiques C;Vuc 1 * 1 r.dcr.<„ 11 „ « 3es accords, comme ceux qu'il aveit conclus prûcédeaaent cv-.-c 1¾

3irmanie et les Philippines, prévoient la fourniture au titre d^â réparations de hiens d'équipement et d'assistance technique pendant one longue période au cours de laquelle les Japonais espèrent éta- blir des relations économiques durables et mutuellement profitables.

Le Japon a proposé en outre la création d'un Ponds de dévoloppescnt iu Sud-est asiatique q.i serait soutenu principalement par les Stats-Unis. En poursuivant cette politique, le Japon cherche à dis- siper les craintes et la méfiance nées de« la guerre et qui subsistent sncore et à acquérir la position de membre respecté et important de La communauté des nations libres d'Asie,

31» Au cours des dernières années, le gouvernement conservateur du Japon, cédant aux fortes pressions intérieures en faveur le relations commerciales plus étroites avec la Chine communiste» a approuvé la conclusion d'une série d'accords commerciaux privés avec Les communistes chinois. Les dirigeants chinois espéraieint de toute évidence utiliser le plus récent de ces accords, signé en mars,

somme un moyen d'obtenir la reconnaissance diplomatique de la Chine par le Japon. Le gouvernement japonais s'étant refusé à accepter certaines dispositions de l'accord et un incident concernant le

ïrapeau de la Chine communiste s'étant produit à une exposition orga- lisée au Japon, Pékin a rompu toutes les négociations commerciales avec le Japon. Cette mesure visait nettement à inciter les électeurs japonais à voter contre M. Klshi aux élections du 22 mai, mais, en fait, elle a tourné à l'avantage de M. Kishi, qui revint au pouvoir, 31 EU désavantage des principaux alliés politiques de la Chine com.au- listc au Japon, c'est-à-dire de l'aile gauche du parti socialiste.

32. Les relations diplomatiques entre le Japon et l'Union so- viétique ont été rétablies en 1956, mais aucun traité de paix n'a snocre été conclu et les relations nippe-soviétiques sent encore Loin d'ôtre cordiales. Les principales causes de dissension qui ris- quent de caractériser à long terrae les relations entre le Japon et l'URSS sont, d'une part les revendications territeirales des deux pays sur les Kouriles méridionales, que les Soviets occupent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et, d'autre part, l'activité les navires de peche japonais dans la Mer d'Okhotsk et le Pacifique lu nord-ouest.

33. La demande faite par le Japon en septembre 1958 d'entamer des pourparlers pour la révision du Traité de sécurité nippo-améri- cain semble surtout avoir été dictée par la conviction, partagée par la quasi-totalité de la poplation japonaise, que le passage du Japon le la défaite et de l'occupation à un état de pleine souveraineté et d'indépendance totale, joint au fait qu'il est de plus en plus capable d'assurer sa propre défense, devrait se traduire par un changement de ses relations avec les Stats-Unis sur le plan militaire.

La crainte d'être entraîné dans une guerre nucléaire influe fortement sur la politique militaire et étrangère du Japon et l'empoche

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11 BATO SIICSDT STiT Cra-VrPf «i 75¾ )66 notamment d'adhérer à l'OÏASiî ou à d'autres organisations cwliee-

tives de défense, et de contracter un engagement quelconque concernant l'emploi de troupes japonaises à l'étranger. Toutefois, il

est généralement admis qu'en dépit des risques qu'entraîne un cli- gnement militaire sur les Etats-Unis, le Japon n'a pas d'autre choix dans un avenir prévisible que d'accroître ses"modestes forces de défense jusqu'au point où"elles seront capables de ré- sister au choc initial d'une attaque étrangère, et de s'en remettre à la puissance militaire des Etats-Unis pour assurer finalement sa sécurité,

CORSE DU SUD

3k. Les élections à l'Assemblée Nationale de mai 1356 ont

donné une majorité substantielle au parti libéral du Président Rhee, bien que le parti démocrate, qui est un parti d'opposition dent le programme diffère peu de celui de son concurrent, ait accru à la

fois le nombre de ses électeurs et de ses sièges à l'Assemblée.

L'amélioration générale de l'administration du pays et la aise sur pied de forces armées bien disciplinées ont atténué dans une- cer- taine mesure la crainte que la mort du Président Rhee ne soit suivie d'une période de confusion politique.

35. Le pays est entré maintenant dans une phase d'expansion et de mise en valeur de ses ressources économiques. Ce développe- ment est toutefois entravé par la division de la péninsule, l'insuffisance des ressources naturelles, des capitaux et de la main- d'oeuvre technique, et par la nécessité de maintenir ^sur pied dos forces armées très nombreuses.

36. En 1957,. la Corée du Sud a fait un effort résolu pour étendre et renforcer ses relations avec d'autres pays du aonde

libre. Son antipathie à l'égard du Japon est moins forte qu'avent, mais empôche encore tout règlement des questions en litige. Toute- fois, les discussions, q\xi avaient été interrompues en août 1953, ont repris au début de 195Ö*

CHINE NATIONALISTE

37. Comparée à celle des autres pays d'Asie, la sit ation économique à Pormose est relativement satisfaisante. Toutefois, l'expansion économique, qui s'était poursuivie très rapidement jusque-là, a commencé à plafonner en 1955, ce qui a donné lieu à des pressions dangereuses pour la croissance et la stabilité de l'économie.

38. La Chine nationaliste a fait pruuve d'uno grande modéra- tion à la suite du bombardement des îles côtières par IeSi coaaunistes chinois: elle n'a pas cherché à aggraver la situation ni à étendre les hostilités et elle a fait clairement savoir qu'elle ne cooptait pas avant tout sur la force militaire pour restaurer la liberté sur

le continent. La façon dont les îles sont défendues témoigne d'un moral élevé, surtout dans les forces armées.

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-TATQ S E C R E T A C / 1 1 9 - W F (5 8 )86

PHILIPPINES

39. Le retour» au pouvoir des vieux routiers de la politique, qui suivit la mort du Président Magsaysay en mars 1957, a considérablement amoindri le dynamisme du gouvernement et lui a aliéné une partie de l'opinion publique. Cependant, l'association entre les Btats-Unis et IeB Philippines reste vigoureuse et la République continue à jouer un rôle actif et utile au sein de 1'OTASE et des Nations Unies.

hO. Les problèmes immédiats auxquels l'administration doit faire face sont d'ordre économique et tiennent essentiellement à la nécessité de développer les ressources financières du pays afin d'améliorer sa situation économique et sociale. Le Gouverne- ment n'a pas encore mis en oeuvre tin programme d'ensemble de sta- bilisation monétaire, mais un tel programme continue de donner lieu à de nombreuses discussions, car il est considéré comme l'un des moyens de résoudre les difficultés actuelles de devises.

SUD—VIETNAM

kl m D'une manière générale, l'autorité du Gouvernement de M. Diem se maintient sur l'ensemble du pays, mais quelques foyers de dissidence persistent qui sont le fait de communistes ou d'élé- ments armés subissant leur influence. Des attaques terroristes se poursuivent de façon sporadique. Les agents des services de sécurité du Gouvernement continuent leur lutte contre les activi- tés subversives à Saigon et en province.

k2. Il est manifeste que le gouvernement a accordé en 1958 une plus grande attention au développement économique. Il consa- cre une part croissante de ses ressources budgétaires à des pro- grammes économiques et a mis l'accent en particulier sur des plans de réinstallation des exploitants ruraux, pour des raisons écono- miques, sociales et de sécurité. La mise en oeuvre du programme de réforme agraire s'est poursuivie rapidement en 1958 avec l'appui financier de la Franco, Les réseaux de transport et de télécommunications sont en voie d'expansion grâce à l'aide des Etats-Unis. Un Centre*pour le développement de,1'industrie a été constitué avec l'aide de prêts américains.

THAILAND

1+3. Les deux coups d'état pacifiques qui se sont produits en Thaïlande en septembre 1957 et en octobre 1958 n'ont pas apporté de changement à la politique extérieure ou intérieure du pays et ni à sa solide participation à l'OTASE. Au cours du second coup d'état, un conseil révolutionnaire dirigé par le Maréchal Sarit s'est emparé du pouvoir politique, a abrogé la Constitution, dis- sous l'Assemblée Nationale et interdit les partis politiques, en attendant l'adoption d'une nouvelle Constitution.

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1 3 - N A T O S E C R E T

3 5 7 1 1 5 3 ^ 8 ) 8 6 1+I+. Bien que l'économie thaïlandaise demeure fondamentale- ment saine, un certain affaiblissement de la position commerciale du pays en 1958 a fourni un prétexte supplémentaire à un changement de gouvernement. Bien que cet affaiblissement fût surtout dû à l'insuffisance de la récolte de riz en 1957/1958 par suite dos conditions atmosphériques défavorables, la chute du cours du caoutchouc et l'aggravation de la situation dans l'industrie de l'étain y ont aussi contribué.

FEDERATION MALAISE

45. Malgré certaines tensions, la vitalité du Parti de l'Alliance intercommunale s'est manifestée lors des élections municipales de décembre 1957, où il a enlevé la majorité des

sièges. L'action contre les quelques terroristes communistes a été poursuivie avec vigueur et a déjà porté ses fruits.

1+6. Le gouvernement s'est préoccupé des répercussions de la récession économique mondiale sur les principales exportations de la Fédération malaise, l'étain et le caoutchouc, Ji moment de la crise de l'étain, en septembre 1958, les ventes massives des Soviets ont suscité de vives inquiétudes, mais le cours de l'étain.

a sensiblement remonté depuis et l'URSS semble avoir réduit le niveau de ses exportations. Le cours du caoutchouc a également remonté dans "une certaine mesure au cours des derniers mois,

L ' I N D O N E S I E

1+7. Inspiré par une visite en Chine populaire et en URSS, le Président Soekarno a cherché dans un régime de "démocratie di- rigée" uji remède à l'impuissance des gouvernements qui se sont succédé en Indonésie depuis l'indépendance. Facilité par les particularismes locaux, un mouvement d'opposition s'est formé dans l'armée qu'émouvait la perspective d'un glissement vers

l'extrême-gauche« A Sumatra et à Celebes des révoltes ont eu lieu contre le Gouvernement central. La guerre civile s'est terminée sur 1 victoire des troupes de Djalcarta, mais des activités de guérilla se poursuivent dans ces îles. A Java, l'autorité du gouvernement continue d'être défiée par les bandes armées du Darul- Islem.

1+8. L'insécurité générale, l'impuissance de l'administration, le manque de teclmiciens aggravent une s i t u a t i o n économique et

financière déjà précaire. Cette situation est rendue plus délicate encore par la spoliation de l'élément néerlandais et par lc nationalisation de ses biens envisagée par le gouvernement indonésien.

Ces mesures ont contribué à créer un climat défavorable aux investissements occidentaux ainsi qu'à l'entreprise privée. Les désor- dres de Sumatra et de Célebes privent le gouvernement d'une partie

importante de ses revenus. A la suite de ces développements la misère est devenue plus générale,

1+9. Les communistes indonésiens ont tiré parti de ces cir- constances. En soutenant le Président Soekarno aux moments criti- ques, lo PKI s'est assuré une influence certaine sur l'orientation

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An' O ^ Ç R E T -Ik-

^7:19-7^58)86

rolitiquu du pays. La présence de sympathisants au sein du gouver- iur ont lui a permis de placer ses hommes à des postes d'importance Lan? l'administration centrale et locale. Son action de propn-

dans la masse du peuple s'est trouvée facilitée du fait de a rj.sére. Par leur aide économique et leurs livraisons d'armes, es pays communistes ont renforce sa position et fait de Soekarno eur otlipc.

50. Aux élections législatives de 1955/1956, le Parti commu- .iste indonésien s'était imposé comme l'un des quatre grands partis lationaux. Les élections provinciales de Java et de Sumatra lui nt ensuite donné l'occasion de. conquérir la majorité absolue dans .e nombreuses circonstriptions. (Ce dernier fait ainsi que d'autres

•onsidérations ont amené le gouvernement à retarder les élections revues pour 1959).

51. A l'heure actuelle, aucun parti politique ne dispose

>lus d;une organisation et d'une clientèle suffisantes pour affron- ,er seul le PKI. Quant au gouvernement, il trouve son ultime appui .ans le prestige personnel dont jouit encore le Président Soekarno.

52. Seule l'armée, commandée par le Général Nasution, peut accre faire .le contre-poids. Elle s'est acquis un crédit considé-

•aile i mettant fin rapidement à la résistance organisée des

^b-Iles de Sumatra. En confiant à ses officiers Ingestion des .ntreprises nationalisées ou placées sous séquestre, elle a pris m main un secteur importent de l'économie du peys. Par les mesures .'oxception qu'elle édicté, elle joue d'autre part un rôle crois- sant dans la vie politique. Mais, si le Général Nasution et ses Mdèlee eont anticommunistes, de nombreux éléments communistes se lont infiltrés dans les cadres. Equipée par l'URSS et influencée tar dee éléments communistes, l'aviation ne paraît pas sûre.

53. La scission officielle de la Ligue anti-fasciste pour la .iberté du peuple en deux factions et le retrait du gouvernement Le l'une de" ces factions en juin 1958 ont eu pour résultat d'accen-

;uer la dépendance du gouvernement U Nu à l'égard des voix du Pront rational Uni, dominé par les communistes, lequel semble donc devoir :Q"üG3? ci

l'avenir un rôle de £>ivot dens la politique birmane. Cepen- Lant, la décision prise en septembre par le Premier Ministre U Nu Le démissionner en faveur du Général Ne Win, chef d'Etat-Major de .'Armée, à condition que les élections législatives soient orga- tieées dans un délai de six mois, a apporté un répit. La force des 'actions d'insurgés - communistes et non-communistes - a diminué;

SCE redditions massives ont eu lieu à la fin de 1957 et se sont jourcuivios jusqu'au 31 octobre 1958, date à laquelle l'amnistie

.. tC suependue.

Les mauvaises conditions atmosphériques du début de la sampa^ne 1957/1958 ont provoqué une diminution de la production LE vlzy principale exportation de la Birmanie, et d'autres produits

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NATO SEGRET

A C / 1 1 9 - W P ( 5 8 ) 8 6

Cette perte a été compensée dans une large mesure par la hausse du cours du riz, mais le revenu par habitant en Birmanie reste nettement inférieur à ce qu'il était avant-guerre. L'activité des

insurgés demeure l'un des principaux obstacles au développement économique du pays et le coût des actions militaires menées contre eux limite les dépenses que le gouvernement peut consacrer aux investissements.

CAMBODGE

55. Aux élections de mars 1958» tous les sièges à l'Assemblée Nationale ont été enlevés par le groupement politique du Prince Sihanouk et la politique intérieure et étrangère du Cambodge continue à être le reflet des vues personnelles de Sihanouk.

56, En octobre 1957» le Cambodge a signé avec le Nord-Viet- nam un r.ccord prévoyant l'établissement de relations commerciales et culturelles entre les deux pays. Les relations du Cambodge avec la Thaïlande et le Sud-Vietnam se sont sensiblement détériorées en 1958 et c'est la querelle de frontière entre le Sud-Vietnam et le Cambodge qui a fourni à ce dernier un prétexte immédiat pour nouer

des relations diplomatiques avec la Chine communiste,

L A O S

57. Le territoire du Royaume du Laos a été officiellement réunifié à la fin de 1957 après que le Premier Ministre Souvanna Phouma et son demi-frère, qui dirigeait le mouvement Pathet Lao soumis à l'influence communiste, eurent conclu un accord aux termes duquel les deux provinces septentrionales - administrées par le Pathet Lao depuis 1951+ - passaient de nouveau sous la juridiction du Gouvernement Royal. Toutefois, en vertu de cet accord, le Pathet Lao obtenait deux postes dans le cabinet de coalition qui fut forme par la suite. Des élections partielles à l'Assemblée Nationale furent organisées et les pro-communistes obtinrent 13 sièges sur les 21 à pourvoir,

58, Depuis les élections de mai 1958, les conservateurs, qui détiennent encore la majorité des 59 sièges à l'Assemblée, ont pris des mesures en vue de faire échec aux gains communistes. En juin, les partis nationaliste et indépendant ont fusionné pour constituer un nouveau parti conservateur, le Rassemblement du Peuple Laotien,

et un certain nombre de jeunes fonctionnaires laotiens et d'officiers de l'année ont organisé un nouveau groupement politique, le Comité pour la défense des intérêts nationaux, dont certains membres

font partie du nouveau gouvernement, entièrement non-communiste, formé au mois d'août. L'énergie et la fermeté dont le nouveau gouvernement a fait preuve en s'attaquant au grave problème de la^# réforme monétaire ont contribué à renforcer son autorité et a amé- liorer les chances qui s'offrent à lui de contrecarrer 1 influence communiste.