FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNEE 18 9 9-19 OO ff? 36
DES MODIFICATIONS RÉCENTES
APPORTEES A
Par l'EleHropimctiire Mpolai
bibliothèque
THESE POUR LE DOCTORAT EN MÉD
présentée et soutenuepubliquementle 20 Décembre 1899
J
osepli-J acques-P rançois AU GE
Né à Narbonne (Aude), le 11 Juillet 1873
Élèvedu Service de Santé de la Marine
/ MM. BERGONIÉ professeur.... Président.
Examinateursde la Thèse:
™°NGUE
Professeur"••) DENUCÉ agrégé } Juges.SIGALAS agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
imprimerie du midi, p. gassignol 91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91
1899
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS, doyen — M.
PITRES, doyen honoraire.
l»UOFESSI3(JltS
MM. M1GÉ \
DUPU Y
( Pr°fesseul''s honoraires.
MOUSSÔUS
.)
MM.
. .
, \
PICOT.
Clinique interne j
. . \ DEMONS.
Clinique externe LANELONGUE.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
Pathologie et théra¬
peutique
générales.
Thérapeutique
Médecineopératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que... .
COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie
VIAULT.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAYET.
AGRÉGÉS FA
SECTION DEMÉDECINE (Pcitholog
MM. CASSAET. | AUCHÉ.
SABRAZÈS. |
SECTION I)E CHIRURGIE ETACCOUCHEMENTS iMM. DENUCÉ. |
\
Y1LLÀR I A , ,\MM. CHAMBRELEN'l
Pathologieexterne)
BRAQUEHAYE | Ac^uchcmom&.j PIEUX.
(
CHAVANNAZ. |SECTIONDESSCIENCESANATOMIQUES ETPHYSIOLOGIQUES
jMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON,
•""IN. I Histoire naturelle
BEILLE.
Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Cliniquedes maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicaledes
maladies desenfants Chimiebiologique.. .
ll\llltCI€i: : ie interne et Médecine
MM. LE DANTEC.
I-IOBBS.
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DEN1GÈS.
légale.)
Anatomie
SECTION DES SCIENCESPHYSIQUES
Physique
MM. SIGALAS. | Pharmacie....
GO i.;b&s G o n a» a,Éla a<:\ \a sa Clinique desmaladies
cutanées et syphilitiques
Clinique des maladies
des voies urinair.es
Maladies dularynx, des
oreilles
etdu
nez Maladies mentalesPathologieinterne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie
Embryologie
'■
Ophtalmologie
Hydrologie et
Minéralogie.
LeSecrétaire dela Faculté:
M. BARTHE.
SCS :
MM. DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
R..G1S.
RONDOT.
DENUC
CHAMBRELENT.
DU POU Y.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARLES.
LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a
arrêté
queles opinions émises dans les
Thèsesquiluisontprésentéesdoivent
être considérées comme propres à leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leurdonnerni
approbation ni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Faible témoignage dema pro¬
fonde affection et de mon infinie reconnaissance.
A MA SŒUR
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BERGONIÉ
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHEF DU SERVICE ELECTROTHÉRAPIQUE DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE CORRESPONDANT NATIONAL DE L'AÔADÉMIE DE MÉDECINE
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AVANT-PROPOS
Avantd'entrer dans le sujet de
cette thèse qui représente la
dernière étape de
notre vie d'étudiant, la reconnaissance et
l'amitié, bien plus encoreque
la tradition, nous imposent
deux devoirs à
l'accomplissement desquels nous n'avons
garde de nous
soustraire.
C'est d'abord celui
d'exprimer toute notre gratitude à ceux
qui furentnos
maîtres;
ceuxde la. première heure comme
ceux de la dernière.
Si nous parvenons,
dans l'exercice du rôle que la vie nous
assigne,à faire
quelque bien, c'est à
euxque nous le devrons.
Nous ne leur en dirons pas plus.
Que M. le Prof. Bergonié,
dont nousavons pu tant
de fois apprécier la haute bienveil¬
lance et les savantes leçons, nous
permette cependant de le
remercier tout
particulièrement. Nous souhaitons qu'il re¬
trouvedans cette thèse, dont il a
été l'inspirateur et dont il a
bien voulu nous faire l'honneur d'accepter
la présidence,
unrefletfidèle,
quoique pâli, de
sonenseignement. M. le Dr
Bourru, directeur du Service
de Santé de la Marine, qui tout
récemment a
pris si chaleureusement la défense de nos
intérêts, a aussi droit à tousnos
remerciements.
Ce premier
devoir rempli,
noussatisferons au second en
adressantunadieu bienamical à tous les
camarades
quenous allons quitter.Parmi
eux,il enestdont l'amitié nous fut tou¬
jours douce et souvent
réconfortante. Des heures de joyeuse
insouciance ou de confiant abandon que nous
leur devons,
- 8 —
nousgarderonsun
impérissable
souvenir. Je souhaite que les hasards d'une carrière que nous n'avons encore vécue qu'en un même rêve nous remettent souvent en présence, puisqu'ils nous séparent aujourd'hui. Mais, n'en dût-il pas être ainsi, je garderai la ferme conviction que notre amitié estde celles auxquelles on pourratoujours faire appel,
INTRODUCTION
Si tous les auteurs et tous les praticiens s'accordent au¬
jourd'hui à reconnaître que Pélectrolyse constitue l'un des meilleurs, etdans certains cas même leseul des traitements applicables aux angiomes, ce bel accord ne s'étend pas au choix de la technique à employer. Ace sujet,e.neffet,onpeut dire qu'auteurs et praticiens sont divisés en deux camps : celui despartisans de l'électropuncture monopolaire, surtout préconisée par Redard et ses élèves,et celui de l'électropunc¬
turebipolaire, surtout
perfectionnée
et défendue par notre maitre, M. le Prof. Bergonié.C'est cette méthode que nous avons vu appliquer maintes fois, toujours avecle même succès, à la Clinique électrotlié- rapiquede l'hôpitalSaint-André,que nous avonsété autorisé
à exposer dans tous ses détails et à mettreenparallèleavecla
méthode monopolaire. Pour cela nousn'avonseuqu'à puiser
à pleines mains dans les mémoires, communications et ob¬
servations que M. le Prof. Bergoniéa mis à notredisposition
avec une obligeance dont nous ne saurions trop le remer¬
cier. En assemblantcesélémentsun peu épars,en yajoutant
ceque nous avons retenu des
leçons
si originales dumaître,au service duquel nous avons passé une bonne partie de l'année,nous avonsvoulu essayer de montrer le grand per¬
fectionnement apporté à l'électropuncture par la méthode bipolaire.
Mais bien que notre intention soit de nous occuper surtout de cette dernière question, nous croyons cependant,
pour quenotre travail puisse former untout complet, devoir
— 10 -
rappeler les
notions générales
serapportant
auxangiomes,
ainsi que les
divers traitements, autres
quel'électrolyse, qui
leur ontété appliqués.
Aussi
avons-nousdivisé notre thèse
en trois parties. Dans
la première,
nousétudions l'angiome
en général. Dans la
seconde,
nousétudions le traitement de
cetteaffection. Cette partie elle-même est
divisée
endeux cha¬
pitres dans
lesquels
nousétudions séparément
:les traite¬
ments autres que
l'électrolyse,
etl'électrolyse
engénéral.
Dans la troisième partie enfin, nous
établissons
unparal¬
lèle entre l'électropuncture
bipolaire
etla monopuncture
po¬sitive et, après avoir démontré
les
avantagesde la première
de ces deux méthodes, nous l'exposons dans tous ses détails.
Suivent enfin nos observations etnos conclusions.
PREMIÈRE PARTIE
IDE
L'ANGIOME
CHAPITRE PREMIER
Définition. Division.
Etiologie.
Définition.
—On appelle angiomes, du nom que leur
donna Virchow et qui est
aujourd'hui universellement
adopté, des tumeurs
vasculaires formées parla dilatation et
la néoformationde vaisseaux
capillaires. Cette définition,
enfaisant intervenir trois éléments qui sont :
1° la dilatation
;2° la néoformation; 3°
l'exclusion de tout système vascu-
laire autre que
le système capillaire, élimine du cadre des
angiomes les
varices, les dilatations serpentines des artères
etles anévrismes cirsoïdes.
Division. — La classification des angiomes a
beaucoup
va¬rié suivant lepoint
de
vueoù l'on s'est placé. Les uns tenant
principalement compte
de la nature du tissu envahi, ont dis¬
tingué des angiomes
cutanés et sous-cutanés, des angiomes
des muqueuseset des
angiomes viscéraux.
D'autres, frappés
surtout
parla différence de coloration
que présentent les tumeurs
érectiles, avaient
crupouvoir en
inférer leur ovigine dans telle ou
telle partie du système cir-
— 12 —
culatoire et les avaient divisés en tumeurs artérielles, vei¬
neuses et mixtes ou intermédiaires.
Virchow, se basantexclusivement sur des caractèresana-
tomiques facilement appréciables, proposa une division qui
admettait deux classes d'angiomes :les angiomes simples et les angiomes caverneux. Cette classification est celle qui, à
l'heure actuelle, réunit le plus de suffrages parmi les patlio- logistes. Nous nousy rallierons nous-môme quand nous en¬
treprendrons l'étude anatomo-patbologique des angiomes, maisnous croyons devoir auparavantappeler l'attention sur une division exposée tout récemment parM. le Prof. Bergo- nié devant leCongrès de l'Association
française
pourl'Avan¬
cementdes Sciences tenu à Boulogne-sur-Mer : «Nous clas¬
serons, dit l'auteur, les angiomes suivant leur gravité ou leurimportance, classification qui, à notre point de vue, est la
plus
utile, puisque les moyens thérapeutiques sont d'au¬tant plus actifs que la tumeur appartient à telle ou telle classe.
» Dans la première classe, nous mettrons les angiomes
«plans», formant des tachesangiomateuses caractéristiques,
parce qu'ils ne forment aucune saillie ou une saillie très faible au-dessus de la peau. Dans la seconde classe nous mettrons les angiomes simples dans lesquels les vaisseaux capillaires de nouvelle formation ne diffèrent en rien des vaisseaux normaux et ne contiennent ni lacs sanguins ni dilatation bienimportante. Enfin, dans la troisième classe,
nous mettrons les angiomes caverneux chez lesquelslesang circule dans un système lacunaire analogueau tissu caver¬
neuxdes organes érectiles et remplit des lacs sanguins d'un
volume plus ou moins important. »
Cette division,on le voit, bien qu'établie d'après des vues absolumentdifférentes, se rapproche beaucoup de celle de Virchow à laquelle elle nefaitqu'ajouteruneclassenouvelle, celle des angiomes plans.
Etiologie
— L'étiologie derangfôme
est dominéepar unfait
capital : la congénitalité. Congénitalité parfois encoreplus
réelle
qu'apparente si l'on admet
avecParker qu'à la nais¬
sancede l'enfant bien desangiomes sont ignorés parce
qu'ils
sont encoresous-cutanés, et ne sont reconnus que
secondai¬
rement lorsqu'ils se sont
suffisamment rapprochés de la
peau. Quant
à
cequi est de l'influence du
sexe oude l'héré¬
dité, cesont là des éléments
étiologiques beaucoup trop dis¬
cutables pour que nous y
insistions. Nous
nousbornerons
aussi à
rappeler la fréquence relative
aveclaquelle
on aob¬
servé la coïncidence de l'angiome avec
des malformations
ou arrêts dedéveloppement.CHAPITRE II
Anatomie
pathologique. Symptômes et Diagnostic.
Constitution anatomique.
Étude macroscopique. — Si. après
l'excision,
onexamine
de
près
unangiome,
onest frappé du nouvel aspect qu'il
présente, en ce
qu'il est tout différent de l'aspect qu'il avait
sur le vivant. La tumeur est
complètement affaissée et
sa section ne présenteplus
quedes travées blanchâtres
ou rougeûtres qui, ens'anastomosant
entous
sens,lui donnent
l'aspect de tissu
aréolaire, spongieux, tel qu'on le retrouve
dans les corps caverneux.
Ce qui
prouve quele siège de
l'angiome est bien le
système capillaire, c'est qu'il peut s'in¬
jecterpar les
artères. Cependant Else et Esmarch ont étudié
des tumeurs angiomateuses
qui semblent appendues
aux gros troncs veineux,particulièrement à la veine jugulaire.
Mais ce sont là des angiomes développés aux
dépens des
vasa-vasorum des parois veineuses,
qui peuvent, il est vrai,
arriver à communiquer largement avec
la lumière de la
veine, mais qui n'en sont pas
moins formés
auxdépens d'un
système
capillaire. Comme les angiomes ordinaires; ils peu¬
vent d'ailleurs eux aussi être injectés parles
artères.
Étudemicroscopique. —Adoptant ici, comme nous
l'avons
annoncé plus haut,
la classification de Virchow,
nousétu¬
dierons
séparément les angiomes simples, puis les angiomes
caverneux, sans pour
cela représenter
cesdeux variétés
— 15 —
comme des
espèces primitivement et toujours distinctes. Il
n'y a en
effet entre elles qu'une affaire de degrés, et entre les
extrêmeson trouve tous les
intermédiaires.
A)
Angiomes simples.
—Si l'on prend soin d'empêcher le
sang contenu dans
la tumeur de s'échapper, et que l'on exa¬
mine cette tumeur à un faible
grossissement
onest tout
d'abord frappé par
l'aspect granité qu'elle présente. Cet
aspect est
dû à la présence de quantité de petits lobules
miliaires que l'on
appelle grains de Porta, du nom de celui
qui les a si
bien décrits. Ces lobules sont séparés les uns des
autres par des espaces que
l'on appelle espaces interlobu-
laires.
Voyons
donc d'abord
ce que cesont
ceslobules, nous ver¬
rons ensuite ce quesont ces espaces.
lo Lobules. —En examinant la tumeur
à
ungrossissement
de plus en
plus puissant,
on serend facilement compte que
ces lobules ne sontautre chose que
des
amasde capillaires.
Mais ces petits
vaisseaux
nesont
passeulement modifiés
dans leur
position réciproque, ils le sont aussi dans leur
structure. Ils sont allongés,
dilatés
etépaissis. A la première
de ces modifications ils doivent les
fiexuosités multiples qu'ils
ontdû subir
pour seloger
en unespace restreint et
invariable. A la seconde, ou mieux
à
sonirrégularité, ils
doivent un aspect
sinueux et bosselé. A la troisième, enfin,
le
remplacement de leur ancienne paroi hyaline, à double
contour, par une
paroi formée de strates superposées et
comprimant dans
leurs interstices des cellules aplaties dont
on voitçà et
là les
noyaux.Cette paroi ainsi modifiée est
d'ailleurs intérieurement tapissée par une
couche régulière
de cellules endothéliales quele
nitrate d'argent met bien
en évidence. Pourcompléter
cettedescription du lobule, il est
bon d'ajouter queces
divers vaisseaux, ainsi modifiés, sont
séparésles uns
des autres
paruntissu conjonctif embryon¬
naireou vaguement
fibrillaire.
2°
Espaces interlobulaires.
—Les
espacessont constitués
par du tissu
conjonctif adulte dans lequel
011trouve des
*
— 16 —
vaisseaux et le reste du tissu préexistant. Ces vaisseaux, d'ailleursnormalement constitués, peuvent être considérés
comme les vaisseaux nourriciers de la tumeur. Quant à ce qui est de l'existence ou de l'absence d'une membrane péri¬
phérique
d'enkystement,
nous devons avouer quela ques¬tion n'a pas encore été tranchée. Virchow n'admetpas son existence tandis queMonod affirme que les angiomes lipo-
mateux(ceux qui sont développés dans le tissu graisseux sous-cutané), sinon les angiomes cutanés, possèdent tou¬
jours une mince membraned'enkystement.
B)
Angiomes
caverneux. — Sans vouloir aller jusqu'à prétendre que l'angiome caverneux est l'aboutissant forcé de l'angiome simple, on peut direque le premier nediffère
du second que par une seule modification de structure : la suppression des espaces intercapillaires. De là, il résulte
que les parois des vaisseaux sonten contact,de tellesorteque la coupe de la tumeur, semblable à celle d'un corps caver¬
neux, neprésente plus qu'un réticule de trabécules irrégu¬
lières, circonscrivantdes lacunes.
Etudions donc successivement, comme nousl'avons fait pour les angiomes simples, les trabécules, les lacunes, la périphérie.
1° Trabécules. — Ces trabécules sont essentiellement for¬
mées de tissu conjonctif fibreux renfermant des vaisseaux nourriciers normaux et pourvus eux-mêmes de leurs «vasa vasorum ».
Esmarch y a signalé quelquesfilets nerveux. On y trouve même des fibres élastiques, qui sont
quelquefois si abon¬
dantes que le tissu prend l'aspect de l'endocarde. Entre les travées fibreuses
s'aperçoivent,
ici comme dans les espaces interlobulaires desangiomes simples, les vestiges du tissu préexistant. La face interne de ces travées esttapissée
d'un endotliélium continu et constant.2° Lacunes. — Dans les lacunes se trouve du sang qui,
d'après
Cornil et Ranvier, serait très pauvre en leucocytes.Ce fait
s'expliquerait
par la plus grande rapidité de la circu-lationlacunaire,rapidité qui ne permettraitpasaux
globules
blancs d'adhérer à la paroi, comme cela se produit dans les capillaires.
3o
Périphérie.
—L'existence d'une membrane d'enveloppe
est ici moins discutée que nous ne l'avons vu
précédemment
en ce qui concerne les angiomes
simples. Son existence
ouson absence dépendrait uniquement
de la lenteur
oude la rapidité
dudéveloppement de la tumeur. Mais l'étude de
la périphérie de l'angiome ne
serait
pascomplète si
nous ne cherchions encore à nous rendre compte des modificationsque peuvent subir les
artères afférentes et les veines effé-
rentes. Les unes et les autres subissent parfois une
dilata¬
tion remarquable. Elle n'est pas
de règle
et, J.-L.Petit avait remarqué
que l'écoulementdu
sang estmodéré
pour peu qu'on excise au delà des limitesde
la tumeur.11 n'est
cepen¬dant pas rare de constater une
augmentation du calibre des
veines émergentes, varices dont l'étendue est
d'ailleurs tou¬
jours restreinte, mais il l'est infiniment plus de constater l'augmentation du calibre des
artères.
Cettedernière
com¬plication est autrement sérieuse que la
première
et, pour peu qu'elle acquière une certaineimportance, elle donne
naissanceàun véritable anévrismecirsoïde. Ainsi s'explique l'opinion de Broca, disant que «nombre d'anévrismes cir-
soïdes ont pour origine un nœvus ignoré. »
Symptômes
etdiagnostic.
La symptomatologie des angiomes varie, non
seulement
avec leur structure, mais encore avec leur situation. Touten conservant donc la classification de Virchow, nous serons
•obligé
ici de distinguer les angiomes(simples
ou caver¬neux)en cutanés, sous-cutanés et profonds. Nous laisserons
de côté ces derniers, simples découvertes
d'autopsie,
pour nenous occuper que des angiomes dits «
chirurgicaux
»,c'est à
dire des angiomes, cutanés ou sous-cutanés,
dont le diag-
Aug. %
- 18 —
nostic toujours
possible, quoique parfois difficile, peut
donner lieu à une
intervention éclairée.
1°
Angiomes cutanés.
—Ceux-ci se présentent sous deux
formes, selon
qu'ils sont simples
oucaverneux. Dans le pre¬
mier cas, ils constituent,
ordinairement,
ce queM. le Prof.
Bergonié
appelle les angiomes
«plans
»ou ce qu'on appelle
souvent encore les
noevi materni. Ce sont dë simples taches, parfois très étendues, dont la teinte variable du rouge vif à
unecolorationviolacéeou même
bleuâtre disparaît,au moins partiellement et momentanément, sous l'influence de la com¬
pression. Leur diagnostic ne présentera donc pas la moindre
difficulté. Les angiomes caverneux,, au
contraire, tout en présentant les mêmes variétés de coloration, affectent la
forme de petites tumeurs
érectiles et réductibles, qu'on a
souvent comparées
à des fruits
:mûre, fraise, etc.
Pas plus que
précédemment leur diagnostic ne comporte
la discussion.
2°
Angiomes sous-cutanés.
—Il n'en sera pas toujours de
même pour
les angiomes sous-cutanés.
a)
Angiomes sous-cutanés simples.
—L'aspect clinique est
généralement le suivant
:ce sont de petites tumeurs bien
limitées, sans
adhérences, dont le volume ne dépasse guère
celui d'une noix et dont la
consistance est légèrement élas¬
tique, plus
souvent molle, pâteuse, mais jamais fluctuante.
Ces tumeurs nesontni
érectibles ni réductiles et ne présentent
jamais ni souffle ni battements. La raison en est qu'elles
contiennent relativement peu
de
sang.Par contre, elles sont
souvent infiltrés de
graisse,
cequi leur
afait donner par
M. Monod le nom d' «
angiomes lipomateux
».Leurs carac¬
tèresétant en somme
purement négatifs, on conçoit qu'il
puisse
être fort difficile de les distinguer de toutes les tu¬
meurs de même
siège
:lipomes, fibro-lipomes, gommes (tu- •
berculeusesou
syphilitiques), kystes sébacés.
Des lipomes ou
fibro-lipomes on les différenciera surtout
parces
trois caractères, appartenant à l'angiome, qui sont :
la
congénitalité, l'accroissement par poussées irrégulières,
la coloration bleuâtre
des téguments.
La marche différente des gommes et des angiomes per¬
mettra encore, mais plus tardivement, de ne pas les con¬
fondre. Les gommes, en effet, ne tardent pas à se ramollir, à contracter des adhérences, enfin à s'ouvrir à l'extérieur.
Les
kystes sébacés enfin
pourraientd'autant
plus facilement être confondus avec les angiomes que la peau qui les re¬couvre offre souvent une vascularisation exagérée et se marbre de petites varicosités bleuâtres ou violacées. Cepen¬
dant, en dehors du petit point noirâtre qui
(lorsqu'il existe)
représenterait au sommet du kyste la trace du canal excré¬teur de la glande, il est des caractères différentiels assez accusés. Les kystes sébacés sont plus nettement circonscrits que les angiomes. Leur consistance est ou très dure ou ma¬
nifestement fluctuante, ce que l'on n'observe pas dans les angiomes qui ne sont jamais que de consistance mollasse et pâteuse.
b)
Angiomes sous-cutanés
caverneux. — D'un volume plusconsidérable que les
précédents,
les angiomes sous-cutanéscaverneux revêtent deux formes cliniquesdistinctes. Tantôt ils constituent une tumeur nettement encapsulée et bien cir¬
conscrite, tantôt au contraire une tumeur diffuse, étalée,
sans limites
appréciables.
Dans ce secondcas,naturellementbeaucoup
plusgrave que le premier, la tumeur peut s'étendre soit vers la peau, soit vers les parties profondes et envahir alors les muscles et même les os. La consistance deces tu¬meurs estmolle, et même quelquefois très nettement fluc¬
tuante. C'est dans cette variété que l'on peut quelquefois
sentir les angiolithes dont nous avons précédemment parlé.
De tous les angiomes, ce sont ceux-ci qui
présentent
encore le plus souvent le phénomène de l'érectilité. Aussi sont-ils souvent réductibles, au moins partiellement et à condition,toutefois,
qu'on exerce sur eux une pression prolongée.On observe quelquefois enfin des battements et, à l'auscul¬
tation, un souffledoux, très faible, tantôt intermittentcomme
dans les anévrismes artériels, tantôt continu avec renforce¬
ment comme dans les anévrismes artério-veineux. Il y a
- 20 -
alors lieu de sedemander, dit
Delbet, si l'angiome caverneux
est à lui seul
capable
deproduire
cessignes et s'ils n'annon¬
ceraient pas
plutôt la transformation redoutable en ané-
vrisme cirsoïde. C'est à ce même
sujet
queM le Prof. Ber-
gonié
recommande la plus grande circonspection. L'indo¬
lence absolue est la règle et il
n'y
a pasd'ordinaire plus de
troubles
subjectifs
quede réaction de l'état général. Cepen¬
dant, il se peut que
l'angiome sous-cutané caverneux déter¬
mine des douleurs névralgiques. Watsona
observé
uncas de
ce genre, en
1884. Il est
entous cas certain que, principale¬
ment lorsqu'ils
sont de petit volume, certains angiomes,
ainsi d'ailleurs quetoutes
les autres tumeurs sous-cutanées,
peuvent
donner lieu
ausyndrome clinique connu sous le
nom de « tubercule
sous-cutané douloureux
».Tousces caractères étant
donnés,
avecquelles affections pourrait-on confondre l'angiome sous-cutané caverneux?On
peut
le confondre
avecle lipome bien que celui-ci soit d'or¬
dinaire
pluslimité, plus lobulé et surtout ne présente jamais
ni érectilité, ni
réductibilité.
Quand les
angiomes siègent sur le crâne ou sur la région
rachidienne on peut encore
les confondre
avecles méningo-
cèles, les
encéphalocèles et les myélocèles, comme cela a parfois
eulieu. Si la tumeur est congénitale, comme le dit
fort bien Bœckel, elle est
compressible
sansaccidents céré¬
braux notables, elle est
érectile, présente de légères pulsa¬
tions et peut
avoir
unecouleur bleuâtre, tous caractères qui
sont ceux de la tumeur
érectile.
Quelquefois, même, il peut arriver qu'on se trouve en pré¬
senced'un angiome,
plus
oumoins lipomateux, siégeant sur unencépholacèleetsurtoutsur
unspina-biflda. Il est, en effet,
possible
de voir les tissus qui recouvrent ces malformations
présenter
eux-mêmes des vices d'évolution et, d'autre part,
nousavons signalé,
dans notre étiologie, leur fréquente coïn¬
cidence avec les angiomes. La
confusion est donc possible,
quoique
heureusement fort rare.
Enfinon peut
prendre
unangiome caverneux sous-cutané
— 21 —
pour un
abcès froid,
ainsi quela chose
estarrivée à Tillaux
età d'autres chirurgiens d'autant de mérite.
Pourse mettre autant que possible à l'abri d'une pareille
erreur il faut, lorsqu'on se trouve en
présence
d'une tumeur fluctuante, rechercher avecsoin si ellen'est pas réductible.Il faudra donc exercer sur elle une pression prolongée qui permettra en outre
de
serendre compte si la tumeur
con¬tient des angiolithes, dont
la
présencesuffirait
pourlever
tous les doutes.
CHAPITRE III
Genèse.
Évolution. Pronostic.
Genèse. —Puisqu'il est reconnu que
l'angiome résulte
nonpas
simplement d'une dilatation vasculaire, mais encore
d'une néo formation, il faut se
demander comment
se pro¬duit cette néo formation.
Plusieurs
hypothèses sont
enprésence
:Rindfleisch pense que
les angiomes
nesont
pasprimitive¬
menten rapport avec
les vaisseaux. Ils résulteraient de la
transformation caverneuse de fibromesqui se
creuseraient
de cavitésmultiples,
lesquelles
semettraient secondairement
en communication avec le
système vasculaire.
Rokitansky donneune
interprétation plus complexe
encore.Remarquant
l'analogie architecturale qui existe entre les
lacunes des angiomes caverneux
et les alvéoles du carci¬
nome, il arrive
à considérer l'angiome et le carcinome
comme des néoplasmes
du même ordre. Dans les deux
tumeurs on observe des lacunesou des
alvéoles circons crits
par du
tissu conjonctif, et la seule différence porte sur le
contenu de ces alvéoles. Les angiomes ne
seraient
quedes
carcinomes dontle tissu épithélial serait
simplement
rem¬placé par
du
sang.Aujourd'hui
on repoussetoutes
ceshypothèses pour
admettre que
les néo-capillaires naissent
commetous les
autresvaisseaux, c'est à dire soit par
bourgeonnement des
vaisseaux
préexistants, soit
parl'intermédiaire de cellules
vaso-formatrices ou
angio-plastiques
semettant secondaire¬
menten rapportavec
les capillaires voisins.
A vrai dire, ce dernier
mode de développement n'a jamais
été observédans les angiomes eton
l'admet plutôt qu'on ne
le démontre.
Évolution. — Une fois
développés, les angiomes peuvent
subir diverses transformations
dont la plus
communeest
cellequi
fait
unangiome caverneux d'un angiome simple.
1°
Transformation
caverneuse. —Cette transformation,
très bienvueparBroca,
s'observe particulièrement bien dans
le tissu adipeux. A
côté de lobules où les capillaires sont
seulement dilatéset recouverts
de nombreuses cellules ron¬
des, on trouve d'autres
lobules où les capillaires dilatés sont
arrivés au contact les uns des autres
étouffant ainsi les élé¬
ments du tissu
préexistant qui finit
pardisparaître complè¬
tement.
Ainsiseforme
unsystèmeà grandesdila'tationscaverneuses
dans lequel
les parois vasculaires
encontact finissent par
s'effondrer. Le « lobule» est alors devenu
la
«lacune
»,et la
transformationest accomplie.
2°
Transformation adipeuse.
—Cette transformation, in¬
verse de la
première, peut aussi bien s'accomplir qu'elle. Ici,
les cellules graisseuses, au
lieu de
seraréfier autour des
vaisseaux, se multiplient au
point qu'elles finissent par les
comprimer et les
étouffer. Il
nereste plus alors, au lieu et
place de l'angiome,
qu'un lipome plus
oumoins vasculaire.
3o
Transformation fibreuse.
—Cette transformation cons¬
titue un mode de
guérison spontané. Elle est due à l'épais-
sissement des travées
intervasculaires et à leur rétraction qui
seproduit à la
manière de celle du tissu modulaire. Ainsi
s'oblitèrent lesvaisseaux qui
disparaissent
pour nelaisser
place qu'à un noyau
fibreux.
4°
Transformation calcaire.
—De petits amas calcaires
identiques aux
phlébolithes
sedéposent quelquefois dans
les trabécules des angiomes.
Ce sont les pierres vasculaires
deLisfranc,
auxquelles
ondonne le
nomgénérique d'angio-
litlies.
— 24 —
5°
Transformation kystique.
—Ce mode de transforma¬
tion,encorefortobscur, a donné lieuà plusieurs hypothèses.
Lebert, admettant qu'il peutse former de véritables bourses séreuses dans les cloisons fibreuses qui séparent les vais¬
seaux, attribue la formation du kyste à de vulgaires hygro-
mas deces bourses. Holmes Coote, au contraire, assigne à
ces kystes uneorigine vasculaire. Pour lui ils seraient dus à l'isolement d'un segment de vaisseau par son oblitération
sur deux points entre lesquels stagnerait du sang dontla composition, d'abord normale, ne tarderaitpas à se modifier
et à setransformeren un liquide séreux. Nous devons dire que cette
opinion
estcelle qui
estle plus
communément acceptée.6"
Transformation fibrineuse.
—Il
estencorepossible que la fibrine se déposant en strates successives sur les paroisdes vaisseaux amène, par oblitération de ceux-ci. uneguéri-
son spontanée comme
cela
a lieu quelquefoispour les ané- vrismes artériels. Mais ce processus, signalépar Bœckel, est exceptionnel, carl'endothélium
qui tapisse les parois lacu¬naires empêchetoute coagulation sanguine. Celle-ci ne peut donc se produire que si cetendothélium a été détruitpardes altérations antérieures.
7°
Transformation cancéreuse.
— La transformation car- cinomateuse admise, ainsi que nous l'avons vu, par Roki- tansky, nel'est
plusde
nos jours; mais M. Mihaïlovitch, de Genève, a pu récemment observer un cas de transformation sarcomateuse. Cela neserait en toutcas qu'exceptionnel; ce que l'on admet aujourd'hui généralement c'est la possibilité de voirl'épithélium
quirecouvre l'angiome devenir, grâce enpartie à son état constant d'irritation, l'origine d'un
épithé-
liome. Mais dans ce dernier cas l'angiomene s'est pastrans¬
formé, il n'a joué qu'un rôle purement étiologique.
8°
Transformation
enanévrisme
cirsoïde. — C'est là une transformation que nous avons mentionnée en étudiant la« périphérie » des angiomes caverneux. Ainsiquel'a montré Broca, elle seproduit surtout dans les angiomes « rouges »,
c'està dire dons ceux où le sang ne perd pas son
oxygène,
grâce à larapidité de la circulation. Cette rapidité étant
beaucoup plus
considérable qu'elle
nele serait dans
un sys¬tème de
capillaires
normaux,il s'ensuit
unediminution de
tension danslesartères afférentes etune augmentation dans
les veinesAfférentes. De là la dilatation assez fréquente de
ces dernières et de là parfois
aussi la dilatation, infiniment
plus rare, desartères. Mais si l'on conçoit facilement la
dilatation des veines squs l'influence d'un excès de tension,
il paraît
plus difficile,
aupremier abord, de s'expliquer
com¬ment le môme
phénomène
peut seproduire dans des vais¬
seaux qui, tout au
contraire des premiers, n'ont à supporter
que des tensions
de plus
enplus faibles.
Le processus
de transformation est
eneffet tout différent
dans l'un et l'autre cas.
Les artères n'étant plus
soumises qu'à des pressions dé¬
croissantes se modifient dans leur structure, leur force de résistance diminued'abord dans les mêmes proportions que l'effort qu'elles ont
à supporter; mais cette déchéance,
une fois commencée, se continue au point de dépasserle but
et il arrive un moment où l'artère,profondément altérée,
ne peut plus résistermême à la tension affaiblie qu'elle aurait
à supporter. La
transformation anévrismale suit alors
une marche envahissante; elle s'étend de proche enproche jus¬
qu'à gagner lesgros troncs
artériels, ainsi qu'il
aété observé
pour les carotides par exemple.
Pronostic. — De ce que nous venonsde
voir il résulte,
en somme, qu'à partdeux transformations heureuses consti¬
tuant des cas de guérison spontanée, toutes
les autres
com¬plications assombriraient fort le pronostic si
elles n'étaient
heureusement presque
exceptionnelles.
Une seule d'entre elles, la transformation en anévrisme cirsoïde, fait exception à cette
règle
en cequ'elle est toujours
possible et peut survenir inopinément. Cette
complication,
capable de donner lieu à des hémorragies toujoursdange¬
reuses, pourrait donc
à
elleseule justifier
uneintervention.
— 26 —
Mais nous en trouvons encore
l'indication dans la marche
parfois
rapidement envahissante de la tumeur qui peut alors
en peu de temps
prendre d'énormes proportions. C'est ainsi
que
Cruveilhier cite le
casd'un angiome qui, en quatre mois,
aurait pu
transformer
entissu caverneux tous les muscles
d'un bras, etque Cluck en a
observé
unautre qui s'étendait
des deux côtés du thorax,
depuis les aisselles jusqu'aux
crêtes iliaques. Ce
sont
encoreévidemment là des faits
exceptionnels, mais l'angiome peut être dangereux ou
gênant sans
atteindre de pareilles proportions. Enfin il est
toujours
contraire à l'esthétique. Cette dernière considéra¬
tion est d'autantmoins
négligeable
quele malade est le plus
souvent du sexe féminin, que
le siège de l'affection est le
plus
souvent le visage,
quele traitement à lui opposer est
enfin d'une efficacité et d'une
innocuité parfaites.
Nous en conclurons donc à la
nécessité d'une intervention
d'autant plus
prompte qu'elle
pourraêtre facilement sup¬
portée par
l'enfant le plus jeune. Dans ces conditions, nous
verrons que
l'intervention de choix devra être l'électrolyse
qui
seule réalise parfaitement ce dernier desiderata.
DEUXIÈME
PARTIEDU
TRAITEMENT
CHAPITRE IV
Méthodes de traitement autres que
l'électrolyse.
Avant que les avantages
thérapeutiques de l'électrolyse fus¬
sent nettementétablis, nombreuses étaient les
méthodes qui
se proposaient
la
curedes angiomes. La plupart n'ont plus
guère qu'un
intérêt historique, deux d'entre elles seulement
ontsurvécu à la généralisation
de la méthode électrolytique
etlui sontencore
quelquefois opposées. Ce sont
:l'ignipunc-
ture et surtout l'excision.
Nous ne ferons que
mentionner certaines pratiques bizar¬
res, comme les frictions avec la
salive,
avecle
sang mens¬truel ou placentaire,
l'application
surla tumeur d'une moin
de cadavre. Laissant aussi de côté letatouagequ'on a
essayé,
mais sans succès, de mettre en usage
surtout
pourles
an¬giomes étendus de la face, nous en
arrivons immédiatement
aux moyens plus
sérieux qu'on peut
grouperen trois
classes:
1° Méthodes ayant pour
but de coaguler le sang dans la
tumeur.
— 28 -
2° Méthodesayant pourbut de
produire
uneinflammation
légère suivie de rétraction fibreuse.3°Méthodes destructives.
1°Méthodes ayantpour
but de coaguler le
sang dans la tumeur.On peut obtenir cettecoagulation pardeux ordres de pro¬
cédés: les procédés directs et les procédés
indirects, ainsi
appelés parcequ'ils agissent secondairement en diminuantou supprimant la circulation dans la tumeur. Les premiers comprennent deux modalités opératoires qui sont: l'acu¬
puncture et les injections coagulantes ou modificatrices. Les secondsen comprennent trois qui sont: la compression, la ligature, l'incision circulaire.
A)
Procédés directs : a) L'acupunctureconsistée intro¬
duire dans la tumeur des aiguilles, des épingles ordinaires
ou longues comme celles dontse serventles entomologistes.
Elle a été surtout recommandée par Velpeau et Lallemand.
Ce dernier a fichéjusqu'à cent-vingt épingles dans le même angiome. C'est en vainque Rigal (de Gaillac) associa
à l'acu¬
puncture des ligatures partielles. Cette méthode est tombée
dans l'oubli.
b)
Lesinjections coagulantes
oumodificatrices
lui ontsur¬vécu, et sont encorequelquefoispratiquées. L'idée en revient
à Monteggia(1814), mais Llyold l'a, le premier, mise à exé¬
cution en 1828. La liste est longue des liquides qui ont été
employés
pour ces injections: l'acide nitrique, le chlorure de chaux dontse servit Llyold, l'ammoniaqueemployé
par Paget, le tannin par M'aiton, l'eau de Pagliari par Martin Saint-Ange, le peroxyde de fer parLussana, le nitrate acide de mercure par Bérard, les acides acétique et nitrique par Pétrequin, levin, l'alcool, etc. MM. Verneuil et Sée sesont servis dechloral. Enfin, leperchlorure de
feraété considérécomme la liqueur dechoix, jusqu'àce que de terribles acci¬
dents en aient fait redouter l'emploi. C'est alorsque Néla-
— 29 -
ton, puis Th. Auger,
préconisèrent
la liqueur de Piazza, qui n'est qu'une solutionde perchlorure
à 25 0/0. La techni¬que de ces injections est
simple maisjencore
faut-ill'observer
bien exactement. « Il vaudrait mieux, dit Broussolle, aban¬
donner tout à faitce procédé si facile que de ne pas se con¬
former aux divers temps importants qu'il comporte. Pour pratiquer les injections coagulantes, deux conditionssont indispensables.
« 1° 11 faut absolument établir autour de la tumeur, avant, pendant etaprès, une compression exacte et efficace.
» 2° L'injection de III à V gouttes au plus doit pénétrer- dans le centre de la tumeur. »
La coagulation, en effet, n'étantpas instantanée,il suffirait qu'une goutte du liquide coagulant fût entraîné dans le tor¬
rent circulatoire pour aller, à distance, provoquer desem¬
bolies mortelles. Q'est ce qui s'est malheureusement produit à plusieurs reprises et quelquefois môme dans des condi¬
tions qui montraient l'impuissance des précautions em¬
ployées. C'estque, eneffet, lesjjcaillots quise forment dans la tumeur étant mous et sans consistance, peuvent être détachés par le courant sanguin, quelquefois bien après l'opération, au moment, parexemple, où l'on cesse la com¬
pression autour de la tumeur.
Au début, c'était uniquement le perchlorure de fer qu'on avait accusé de ces méfaits, mais l'accident arrivé à M. de Saint-Germain, et relaté dans la thèse de son élève Didier, prouve quela liqueur de Piazza est tout aussi dangereuse.
Tout en se montrant partisan des injections coagulantes, Broussolle convient en outre qu'elles nécessitent parfois, pourêtre efficaces, le secours de l'igni ou de la galvanopunc-
ture. Nous avons donc deux raisons, dont la première seule suffiraitamplement, pour rejeter absolument cette méthode.
B)
Procédés indirects : a) Lacompression directe,
em¬ployée par Roux etréservéeparNélaton aux casoù l'angiome
repose sur un plan solide, se pratique avec une lame de plomb,du diachylon, etc. On cite, à l'appui de ce
procédé,
l'exemple d'une
mère qui guérit
sonenfant
enlui compri¬
mant avec le doigt, pendant plusieurs mois, la
sous-cloison
du nez. Inutile de dire que, malgré cela, ces moyens sont
tombés en désuétude.
b) La
ligature,
a étépratiquée de deux manières,
ou surles
vaisseaux artériels au voisinage de la tumeur, ou à distance
sur les artèresprincipales.Le premier deces
procédés
a pour principal défaut d'être le plus souventimpossible. Quant
au second, il n'a guère étéemployé que pourles
tumeursde la
face dégénérées en anévrismes cirsoïdes et pour les
exopli-
talmos
pulsatiles.
Il a deplus l'inconvénient de n'être
passans
gravité
puisque, dans le cas d'angiome de la face,il
ne faudrait, selon Velpeau, avoir recours à rien moinsqu'a la
ligature de la carotide externeou même dela carotide princi¬pale.
c)
L'incision circulaire,
qui a pour but de sectionner lesvaisseauxafférents à la tumeur, consiste àcirconscrire cette dernière par une incisionau bistouri. Mais cette incision, qui n'est pas dangereuse à condition d'être pratiquée hors des limites de la tumeur, ne peut être efficace que si elle
intéresse tous les vaisseaux, profonds et superficiels, qui l'alimentent.
C'est ainsi que Lawrence, pour obtenir la guérison d'un angiome du doigt, dut inciserjusqu'à l'os. Dans ces condi¬
tions on peutvoir que ce procédé, s'il réussit, aura l'incon¬
vénient de laisser une cicatrice circulaire plus ou moins profonde. Il est plusdangereuxquel'excisionetaussi moins efficace. Son caractère exceptionnel suffit d'ailleurs pour lui enlever toute sa raisond'être.
2° Méthodes ayantpour
but de
produire une inflammationlégère suivie de rétraction fibreuse
{méthodeperturbatrice.
de
Broca).
a) Les