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La notion de synchronisme en géologie
CAROZZI, Albert V.
CAROZZI, Albert V. La notion de synchronisme en géologie. Revue générale des sciences pures et appliquées , 1951, vol. 58, no. 7-8
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:128130
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La notion de synchronisme en géologie
por Albert CAROWT,
P ràa at - D o c ent à t' (r ni,zt e rc
E;
:: ; :
Ti,à:Ji.ct
c t r rw n,us à T' I ns t i,t utL
-
Exposé théorique.Dans
la
nature actuelle,il
est facile d'établir le synchronisme absolu entre deux dépôts sédimentaires formés dans des conditions paléogéographiques différentes. Dans les séries géologiques, leplo-
blèrne se complique ; les cas les plus favorablcs se préscntent lorsqu'il .y e pessege latéral progressif visible, présence de faunes directrices identiques
ou
encole des raisons purement géométriques tenant compte des terlains encaissants.Mais ces erguments
font
très souvent défaut, particulièrement dans les cas où lton est amenéà
effectuer les raccordsà
distanceeles différents termes constitutifs d'un étage ou d'un complexe stra- tigraphique. En effet, on dispose en général de critèr'es permettant de délimiter
la
base etle
sommet, mais rien pour subdiviser I'inté- rieur dela
formâtion. Dans un pareil cas, les raccor.dsà
distance sont couramment effectu6.s en parallélisant les nàveauæ li,thologàque- ment rcmblables. On cemprend aisément le danger d'untel
procédé qui donne à une simple corrélation de faciès une valeur. de synchro- nisme qu'elle ne possède pas forcément.En
outre,le
raccord. cles niveaux lithologiquement semblables ar,r sein d'une formationpeut êire
appliqué souventà
une partiedoentre eux, tandis que
pour
cl'autres on est obligé d'admettre Ie synchroni,snte possi,ble ile d,euu f aciès ili,fférents, sans pouvoii plé- ciser plus. Or, cette possibilité n'est en général admise qu'eu tout dernierlieu
apr'ès épuisement .dcs autres modes de raccord, alors qu'en réalité elleest tout
aussi probable quela
première. Cettemanièr'e de plocéder trouve son origine dans
la
notion cles niveaux- lepères constantssul
de grandes distances, dont nous ne nierons 1"ras I'existence, maisdont la
généralisation,hâtive ou
intuitive,conduit à cles s;'nchronismes manifestement erronés.
En
résumé,le
problème se pose corrmesuit :
déterminer lesconditions dans lesquelles les raccortls de niveaux lithologiqueruent semblables ont une valeur de synchronisme ou ue sont que del corr;(- [ations de faciès, dégagéee de toute notion de temps.
Dans les condition courautes exposées plus haut, seule f inves-
tigation
microscopique cles lochcset
plus spécialement. cellequi
atiait
aux minéraux âétlitiques permet d'aborder le problème.Depuis plusieurs utrttées, tlous
llous
sommcsastrcint à
desétudes rnicrogr.aphiques et statistiques détaiilées d'un gra.nd hombre cle séries sédimentaires ; lcs résultats obtenus, vérifiés par le compor- tement ,
des
zones paléontologiques,permettent
d'envisager la questiôn des synehronis'ines à dlistànce sotls ulljour
nouveau..
. L'expo,sé théoliclue clela
méthode .d'étudeest réduit ici
aumlnllnum necessalÏe
pour la
'cornpréheresiondu
problèmequi
nousintér.esse
(*).
Lu seulô mesule.à effectuer sous le microscope est celle dr, tlï'arnèiie nraui,tntnrt û,ppctïent d,w plusgrts
ê\,êment 'il'étri'tiqw-evisible en coupe rniuce, ct-
qui est
défir.1'i sousle
nom cI'àntl'i'ce il'e clasti,ci'té.Il v
a bien entendu un indice de olnsticitépoul
chaq-ue minéral clétritique présent, rnais dans les exemples présentésplus
bas'il stagit
tou.i'ouls cluquartz'
Quoiqutil stagissc cieia
mesure citu'r'tdianrètrc rnaximum appa,rent,ltécalt qui en r'ésulte
par
rapport au diamètre maxi[qurn "é"i lobt.no par I'analyse,rnécanique) ne-modiffe pas de façon appréciable I'expression des conclitions 'naturelles:L'echantillonnage leprésenté
par
f intetvalle de séparation des coupes qninces doit ôil'e cl'e I'ordre tdu décimètru au mi'n'imum, quelle quc'soit l,épaisseur cles niveaux ; ceci afin que lton_puisse-construir,eavcc précision l,a'cotr,tbe 'ile zxLr'tu.tàon e'n oct'ti,cale d.c l'iniJi,cc rJte clas- t"i,ci,té
dt
or_r des mitrér'aux détr.itiques présents, base cle noÏr'e essaid'intcrpr'étation.
En
r'ègle 'gérr6ràle,on
constate quel)oul
une série donnée,chaque fuwïbt Tlossèd'o 'u'n ùnd,ùce 'ite 'cXasticitê 'nlo31en,
et
spéci'fàqwe.Ce
fait
pelutel rlu reste, clals d'-autl'es buts, tllét'ablir r,rn claosbment des diverls facièspar
ordre de clasticité croissant€ ou décr,oissante.T,a l,ia ison clnsticité-faciès n'est eependant pas absolue, elle
sorrffre dcs exccptions rlont l'étude donne précisément la clé d'inter- prétation des synchronismcs
à
distancc. Souvent, lorsqulun -uiveau àépusse Ic dÉcimèLre tl'épaisseur., on colstate de for.tes varirtions cle son indice cle clasticitd alors quelc
lOai|'6 nt'arcr'lrse â,flcrtlle âUtre rrroclification. Cela signifie qutil stest produit localement une variatio'm d'e la' puâ,ssa,nce i!,es couranis transpottcttrs 'd'e 'ni,1dértru'x) ùé'tt'ùt/iq'uÊs'tandis que
lcs autles
conditions'de sédimentationn'ont pas
étémodifiées dc I'açon sensible.
Niais, en comparant'entre 'elles les diverses 'coupes dtune même
formatiorr en vue dtétablil les taccords à distance, tln corrsl"ate que (x) T,+r lecteul tr$uvern I'exposé détaillé de nos méthoales d'interprétâtion des séties sêtliurenlaires duus 'Ies ouvrages sulvants :
Â. CÀI}OZ,ZI <.Contribution à l'étude cles rythmes de sôdimentatiou >' Arehives des Sciences, Vol. 3, t'ase. I et 2, Genève, 1950.
t\. CAROZZI < llectonlque ef lyt'h;me$ tle sétlirnentation >' Itlem, Vol. 4,, Gonève, 1961 (à Parflllre),
les amomali'es de clasti'cité abarrantaa pa,r
rapport
a,u"r cowpes ilamsl,eaqwell,.es omles rencant'tre, sont en relatiom très ê.troàte a'eec les eham- gements de f aei'ès ilécelables il,;uns les autres coupes.
Nous sp.mrres d,onc en présence cltune transrnission
à
d.'i,s,tancepar les courants (marins ou lacustrres) des contre-ccups da change- ments. de faciès loeaux, liés par. exornple à des morrr,vements. dn fond ou à toute autre cause urodificatrice de
la
sédirnentatiorr. Ces. efretsà
distance vienncnt ainsiinterféref
&vec les processus locaux de 2ë
25
4 1
2
11
CO
AL
o
0
o.5 1mmsédimentation, Le moyen nous est ainsi
foulni
de déceler dans une 'coupe stratigraphiqueles
facteurs locauxet
les contle-coups deperturbations lointaines.
La
transmission de ces dernierspar
lescourants peut être considérée commc instantanée
par rapport
auxpfocessus de séc,limentation et simultande dans le cadre d'irn bassin,
comme le ctérnontre dtr reste
la
coïnciclcnce avec les zones paléonto- logiqucs.Les r'ésultats des laccords pÉn cornpalaison des variations d.e 'l'indice de clasticité mettent en évidenee que dans certains cas, deux faciès scmblables sont bien synchrones, tandis que dans'd'autres c4s, deux faciès différents. son't synchrones
et
doivent être parallé- lisés comme tele.Fig.1. - Valnnginien calcnile de la nappe de Morcles, Ilaute-Savoie.
'
2.-
Les exe.mPles.Pour ehacun dtentre euxr' est représenté dtune
palt
le raccorcldes divers niveaux sur la base du parallélisme des faciès semblables ;
on constatera dans plusieurs cas I'impossibilité cle réaliser ce genre de corrélation pour
la
totalité des niveaux.Dtautre part, les coupes sont reproduites. accompagnées- de lcur courbe schémàtique de vaiiation en verticale de I'indice de clasticité du quartz. Iæs.sjnchronismes,sont alors tracés sur la base des varia-
tioni
des courbe-.s, indépendamment de toufe notion de faciès'1 1 t
I t 2 2
?
j\
'?-
25
o o
?
--
O
0.05 mm'Fig. 2.
-
Iufravulaugiuiùu (Ben'iusier) de lu uappe de Mor.elcs, tlaute-Savoio|
; zorre ù Thurmeruti.tes Bois6i.a"i (Pictet),-7
n AL
c0 Om
Dans tbus les exemples, les coupes raccordées sont séparées par ung distance ne dépassant pas 10 km. ; les indices de clasticité sont cxprimés en mm. suivant une échelle commune figurée sous
ln
pre-mière courbe.
1. -
Valangini,en calcai,reile la
Nappe àe Morcles, Haute- Sanoie(fig.7.').
' La
série lithologique : se composede
tr.ois terrnes que nous rctrouvetons tlans les tleux exentples suivun[s et quisont :'
: "1.
r\lternances très ffnes cle calcaires compactset
de, marnes2. M;;;Jr (Ar)
schisteuses(M).
3.
Calcaires zoogènes ei pseudo-oolithiques (CO).Les variations des indices de clasticité montrent que les niveaux nlerneux ne sont pas
toujours
synchrones dtune coupeà
ltautre.L'étude microscopique permet en outre de déceler de légères modifi- cations de faciès accompegrrant les anomalies des indices de clasticité
17^1
225
0m
0
ogSmnX'iS. 3,
-
Ilauterivien inférieur de la nappe de ilforcles, Ilaute-Savsie.et
auxquelleson n'attribue en
génér.alpas
d'importance, alors qu'elles sont significatives. Notons enouire
que lès parallélismes basés sur les similitudes de faciès obligent à envisager d'importantes réductions d'épaisseur pour le second niveau de calcaires zoogènes,tandis que le premier conserverait une épaisseur pï'esque constante dans les deux coupes.
Il faudrait
alors admettrepour un
même faciès des variationsde la
vitesse,de
sédimentation que l'étutle détaillee ne confirme pas.2.
*
Infranalanginî,en (Berrùasi,en) ilela
Naplte d,e tr{orclet,Hawte-Saaoôe (fà9.2).
Les coupeo montrent de nombreuses récut'rences des trois telnteç Iithologiquee'définis plus haut. Dans
la pluoart
des ôas, l'es facièsSeÉtrlables sont effeCtivemertrt synchroncs et lee variations des indices de clasticité sont confirmées pÀr le comportement de Ia zone paléon- tologique èt, Th,urman,nàt es Boi,ssier'i
(FICTE'T).
3. -
Haùteri'oien infêr'àeur deta
Na'ppe de fuIorc['es,tlaute'
Snvotc
(fig.
5).Dans cet excmple. Ie premier niveau de marnes schisteuses est
r"""tt-io". À;;" i";
à"n*"olp.t
; Ies courbes de l'indice de clasticitéfer:mettent de traccr, dans
ia partic
supérieure des dcux séries, lesi5'nchlonismcs entte f aciès différents'
1 '2 1 2
j
37 (t
5 x
L
tl
0m
O
0,1 menig. 4.
-
Jurassique supériour (Purbechiou) ùr'Jura srieso nrér"ial.ioud.::
4..-
J,tw'uuti,t1'uu s'wyté'ricw' (Pw'ltacki'en)il1w J'wru uwigte ntéri,- d,ional(fis.
q).,
" Iés
eoupes sont constituéespar
de nombreuses alternances deniveâ,ux calcâ,ire,$ ma,rins
(M) et
lacustres(L)
provotlnéspar
lafo6te instablité tectonique de çette période ;
il
en est de même pourtfe5emplgsuivant. .. ;
:On constate parfois qu'en milieu lacustre les apports de miné-
raux
clastiques peuventfaire
cléfautpar
effet d'isolement;
dessurfaces d'érosion
(traits
ondulés) viennentalors
témoigner des perturbations. L'allure des courbes des indices de clasticité mettent en évidence unfait
supposé depuis longtemps mais dont la démons- tration nous échappait, à savoir que le début et la fin des principaux épisodes lacustres sont variables d'un endroità l'autre et
que les variations de faciès sonttout
àfait
locales et liées aux conditions paléogéographiques.5.
-
Jurassi,qwe swphiewr (Pwrbecki,en\ ilu, Jt+ra suisse septem-trôonal, (fi,g.5). 3 +
2
I
-?
X'ig. 5.
-
Jurussiquesupérieur (Purbockien)
du Jura Suisee ooptcn- trional.
5 ?
L
i1
?
--
?
Om
3 +
1
o
o,1.
Sans I'aide des courbes de variation de I'indice de clasticité,il est
pratiquement impossibled'établil
des raccordsà
distance àl'intrôrieul des coupes de cet exemple,
surtout
en cequi
concernecelles formées presque entièrement de niveaux lacustres. On remar- quera les importantes anomalies de clasticité provoquées dans les
trbis premières séiies
par
les changements de faciès dela
dernière.? ?
A. CAROZZI.