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Une inscription lapidaire dédiée à la foudre trouvée à Bernex
PAUNIER, Daniel
PAUNIER, Daniel. Une inscription lapidaire dédiée à la foudre trouvée à Bernex. Genava , 1973, vol. N.s., t. 21, p. 287-295
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:102529
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Une inscription lapidaire dédiée à la foudre trouvée à Bernex
par Daniel Paunier
nÉcouvnnrn ET
DESCn,TPTTONAu mois de mai 1972, tn fragment de pierre épigraphique était mis
aujour
dans Ie secteurD du ehantier archéologique de Bernex, à I'exté- rieur du mur
d'enceinte del'établissement
gallo-romain, à 3 m environ au nord-est de la porte monumentale,
auniveau
dela
couche de destruc-tion.l Il s'agit
d'une plaque de calcaire jurassiquedont seul
subsistel'angle supérieur
gauche. Ses dimensions actuellessont
lessuivantes: hauteur 14,5 crn; largeur I9,5 cm; épaissew 2,5
à4,0
crn.Le texte
estpartiellement,
conservé surdeux lignes mais un C, bien que brisé près
deson sommet, en annonce indubitablement,
unetroisième. La hauteur
cleslettres
mesure respec-tivement 4,3 et 3,8 cm. Les lignes de
construc-tion
parallèles tracéespar
legraveur sont
encorebien visibles. La valeur des interlignes varie entre 1,6 et, 1,8 cm. Le champ
épigraphiquel Pour
leplan
do l'établissement,,voir
D. pÀuNrER, L'éta,bl'issement gal,l,o-romain d,e BernenGE,
dansJ\SGU, t. r,vr,
1971,figure I, p. 141; uaro-
n. sAUTER,, Chronique a,rchéolog,ique 7970-1977, dans Genaua ns. t,.xx,
L912, frgure 15,p.
123.La
pierrea, été découvorto
fortuitement
parM.
Ch. Rossi de Bernex au momont do la construction d'un immou-ble; olle se trouvait,
dansuno
bandede torrain
situéeentre
deux tranchées de sondage effectuéeslors
dola
campagne de fouilles de 1970; en raison do l'étendue du sito et des délais impartis,il n'avait pas été possiblo alors de faire des
recherches exhaustives sur la surfacototalo
du terrain.tr'igure
l. L'inscription
(éch. 1: 2). Inventaire des fouilles:
C 476; inventaire nte.n: 21086,
n'est pas délimité
autrement, quepar les
bords mêmesde la plaque. La
cassure,en raison
de son usure,doit être
considérée comme ancienne.Le texte
est,le suivant:
DIV
X'V L
C
Sa
restitution
peut s'envisager sous deux formes:Div[om] n'ul[gur] c[onditum]
ouDiu[m]
X'ul[gur]c[onditum].
La restitution graphique que nous
avonstentée (figures 3 et 4) montre que la
premièreformule, âvec une lettre supplémentaire,
nerespecterait
pasune
ordonnancesymétrique
del'inscription; si l'on admet que le graveur
a disposé sontexte avec soin, on peut
considérer comme probablela
deuxièmesolution,
même entenant compte des ligatures éventuelles.
Quoiqu'il en soit, le
sensde I'inscription
reste iden-tique
dans lesdeux cas:
<La foudre
deJupiter
a été enfouie >.LE CULTE DE LA
X'OUDREOn sait que les R,omains ont emprunté
auxEtrusques l'interprétation
desfoudres,
considé- rées commeune manifestation de la
puissancedivine.
Sénèqueet Pline,
notamment,2 nousont décrit
avecprécision
lesprincipaux rites qui lui sont attachés'. obseruatio, interpretatio,
erora-t'io; des trois foudres que lance Jupiter, la première est un avertissement, la
secondepeut
causerdes
dommages,et la troisième, la plus terrible, voue à une perte certaine les objets qu'elle frappe. L'endroit touché par la foudre devenait
sacréet, suivant la tradition
grecque,inviolable; on y procédait à l'enterrement
dela foudre (fulmen
conilere)en enfouissant
dansle
sol les traces de son passage:objets
consumés,pierres, débris divers. Cetté fo"-" d'expiation se faisait publ'ice, ainsi qu'en témoigne
uneinscription trouvée
enftahe,s ot priuatim,
selonque la foudre était tombée sur un lieu public ou sur le domaine d'un simple particulier.a
Cefurent d'abord
les pontifes,bpuis les
haruspices2 sÉmÈqun: Quest'ions naturel,l,es,
lir,'ro rr,
32-50;rr,rNn r,' ANcr nx, H isto'ir e N atur el,le,
livre
rr, I 3 7 - I 4 8, 3OIL IX,
1041 :lul,(gur)
con(d,itum) p(ubli,ce).a,l. rrÂnqulnnt, Le
culte chezles
Roma'ins,t. t,
Paris, 1889,
pp.
312-314.6 Trrn-t tvn,
t. t,
20,7 : nec ca,elestes mod,o caer,imon'ias, sed, 'iusta quoquelunebrio
placand,osque manesut
'idem pontileæ ed,oceret, quaeEue proùig'ia ful,mini,bus alioue guo ai,su mi,ssa susciperentur o,tEue cura,rentur,Figure 2, Représontation graphiquo de
I'inscription
(éch.I
: 2).DTVON\
MTLGVR CONDTTVN\
DTVN\
ruLGVR COMNMN\
n'igure 3. Première
restitution:
Diuom.étrusques
6 qui présidèrent à ces
cérémonies.Selon
le rite
queNuma, dit-on, tenait d'Egérie,
\a procuratio fulguritorunz 7 consistait en un
sa,crificed'oignons, de cheveux
et,de
poissons, ensubstitution
à des sacriflces humains.sAutour du petit tertre formé par l'enfouissement,
onélevait souvent quatre murs, formant un véri- table tombeau de la foudre, le plus souvent
ouvert,vers le haut;
e sa ressemblanceavec un prrits lui â
va,lule nom
deputeal; on l'appelait atssi
bid,entalen raison du sacrifice que
les haruspicesy offraient.l0 Plusieurs de
ces monu-ments ont
étéretrouvés
dansun état
de conser-vâtion relativement bon, notamment à
R,ome,près
desThermes de Dioclétien
11et à
Nîmes.l2La
rt margelle >du puteal ou un cippe portait
généralementl'inscription rituelle.
Onimaginait encore que la foudre laissait
aprèsson
passagedes objets métalliques ou des objets de pierre (ceraunia); la
mêmeorigine était attribuée aux silex taillés et aux pierres polies de l'âge
néo-lithique;13
nous aurons l'occasion derevenir
sur cepoint. Suivant la définition de I'estus, il'ium
o\
îliDonxfulgur
désignela foudre tombée
pen-dant le jour, manifestation de la
puissance de6Autu-enr,r,r, Nuits
a,ttiques,t,. w, 5,2:
statua Romaein
corwit'io pos,itaHorati'i
Cocl,itis, fortiss,im'i ai,r'i, d,e caelo tacta est. Ob ,id,lulgur
p'iaculis luend,um aruspices erEtruria
acc'it'i.?
La procuration a pour
but,de détourner
I'offot fâcheux dela
foudre.8 ovrDn,
lastes, l.rtt,
285-344: conversation entreJupiter et Numa otr Ovide oxpliquo los
ritosd'oxpiation de la foudre; cf. los vers
339-343:< caed,e caput > d,iæ'it
; cui ren
< Pareb,intusvinquit
X'ignre 4. Deuxième rastibûbiont
Dium,
< caed,enda est hortis eruta, cepa me'is >.
Addddit luic < hom'in'is D
;
( su?rùes, a,itille
< capi,llos r;
postulat h,ic animcr,m; cu,i Numa, < pi,sc'is > a'it.Risi,t et < H'is >
'inyt'it
< fac,i,to mea tela procures rr.e r,ucArN, Pharsale,
t. vrrr,
863-864: Tarpe'is qui, sa,epe deis sua tur(r negarunt, 'inclusum Tusco aene- ra,ntur caespite lulmen.' souvent,, ceuxqui
rofusent leur encensauxdieux
du Capitolo adorent letertre
étrusque enferrnant les débris dela
foudre. (Tracl.a.
BorrReER:r,Ed, Bellos-Lottres). A propos
dol'ouverture du tombeau, il n'est
pout,-être pasinutile de rappeler ici que le portique nord
deI'Erechteion d'Athènes, qui abritait un autel
deZeus Hypatos,
était
enpartie
à ciel ouvert (ouver-ture de
0,90mxl m onviron);
au-dessous, dansune petite crypte, trois trous profonds dans
le rocherprimitif avaient
été causés, pensait-on, parla
foudro de Zeus,loAeur,Ée,
De
deo Bocratis,7t
Tuscorum piacul,a, lulguratorum bid,ental,ia,,. ; voir aussi c. prETRÀNGEr,r, B,id,ental,ia,dans Al,ti il,ella
ponti,/ic,ia accad,em'ia ronlana, d,,i archeolog'ia,Rondiconti, t. xxv-xxvr,
1949-r950; 1950-1951) pp.
37-52:le
bid,entalétait
un
endroit,frappé par la fôudre otr on
devaitcond,ere fulmen.
11
.r. rrexquarD,r,
o,p.cit,, p, 3I4:
R,omo (Saggid,el,l,'acad,enyi,a d,i Cortona, t,.
v, p.
161): sarcophage dotravertin
entouré do quatre murs.12CIL XII, 3048: trouvéo à la têto d'un
côt6 d'< unpetit
ouvrago do maçonnorio environ 4 piods de longueur (sic),do
15 pouces dehauteur et
de l5-16 pouces do largour, construit' de potites pierres quarréeset
recouvert envoûte
avec des dalles de pierre n... On remarqueici,
contra,irement à l'usage, que le tomboau comprend une couverture.13
ç. r'oueùnns,
a,rt.lulmen,
da,ns DA.REMBERe et sAGLro,Dictionna,ire des
antiqu,ités grecEues et romaines,Paris,
1877-1919;c.
THrrLrN,art. Iuppi- ter, col IL26-1I43, dans reulv-\MrssorrA,
-RaaZ-Encyclopïrd'ie,
Stuttgart, IglT ; t, TourarN,
Zescultes païens d,ans
l'empire
roma'in,t, trt,
I92O,pp.
366-368;?. sÉBrlr,or, Le
lol,k-trore(si,c)
d,eJupiter, par opposition à
summanumou
Sum, manifulgur,
cellequi tombait pendant la
nuit.ra Rappelons encorequ'à
Rome, leculte
deJupite,r X'ulgur était célébré aux Champs de Mars
le 7 octobre.lsRÉ"ARTITIoN DES
INSOB,IPTTONSnÉtrÉns a LA LÀ ForrDRtr
Les inscriptions
dédiéesà la foudre sont parti- culièrement bien
représentéesen
Narbonnaise,notamment aux envirohs de Nîmes. A notre
connaissance, celle de
Bernex
estla
dix-septièmequi a
ététrouvée
danscette province, alors
queles formules du même type mises au jour
enItalie et dans les autres régions du
mondeFiguro 5. Carte de répartition
des inscriptions dédiées à la foudre dans Ie monderomain
occidental.lioux seuls oir
la
f oudre est tombée que cette pierrodit-on,
so peut rencontrer.De
Ià son norn grèc do céraunio,car ce que nous
appolons{ulmèn,
los GrecsI'ont
nommé l{era,unon. Ceuxqui
Iaportent
chastement ne seront,point
frappés dela
foudre;transportés
par un navire sur un fleuve ou
sur la mer, ils ne seront pas submergés par la tourmento ouatteints par le feu du ciol. Elle fait
gagnor les procès, ellefait
vaincre dans los bataillos, elle pro-curo do cloux
songeset un
agréablo sommeil r.Texto
cité
pa,ra.
rraMrNe,La
d,écouoertedu
passé.Progrès récents et techni,ques nouaelles en préluistoire et en archéolog,ie, Paris, 1952,
p.
15.14
rnsrus, De
oerborurn s'ignificatu qu&e supersuntcum Pauli
epitome,publié par \{.M.
r,rNosev, Hildosheim 1965,p.
2542 prouorsurn ful,gur appel,-latur,
quod, ,ignoratur noctuan
,interd,'i,u s,it factum;'itaque
lou,i Tul,guri et
Summanofit,
quod, il,'iurna,Iou'is, nocturna, Summani
lulgura habentur;
ibi.d,.,p.
66:Dium lulgur
appellabat d,i,urnum, quod, pu,ta- bant louis ut nocturnum Bummaz,i ,. sarNl aueusrrN,De
ciai,tate Deà,t. w, 23:
Roma,ni aeteres nesc'io quem Summa,num coluerunt mag,is quarn louem a,il,quem fulm'i,na
d,,iurna perti,nerent,cud
noolurna fulm'ina trilnebant.16
vlrnuvn, t. r, 2,5i CIL
12,331.Pour l'étude
du problème, on plus des références données on notes supro,,oî pout ajouter: e.
wrssowÀ, Rel,igi,on unil,Kul,tus
d,erRômer, Munich, 1912, pp.
I2I-L22(Hand,b.
der hlass.
Altertums-Wi,ssenschalt, 5,4);A.
GnnNTER,,Les
rehigions étrusqueset
roma,ines, Paris, 1948,pp.
18-19.r') 0 l/
\.r'JErance,
t. rv,
1907, pp. 68-69; E.parrr,
Les pierres d,efoudre
d,ams l,e tenxpset
d,ans L'pspace, dans Anno,Les d,a l,'uniuersité ile Po,ùt,ùers, 1953,pp.
2-2g.Marbode, évêque de Rennes à
la fin du
xre sièclo,résums ainsi l'opinion
communesur les
pierrespoligs:
c Quandl'air
s'agitetroublé par
los vents 9-nfurie,
quandle
tonnerro éclatohorrible et
quel'éclair en feu foudroie
les nuées déchirées, alôrs cetto pierro tombedu
ha,utdu
Ciel. Son nom groc est celui-même dela
foudre, puisque c'ost dans lesromain
s'élèvent,à
trente.16 Les cartes deréparti- tion que nous
a,vonsétablies (figures 5 et
6)montrent avec évidence le groupement tle
cesinscriptions, saufdeux
exceptions, enItalie d'une part,
enNarbonnaise d'autre part
17.Les
causes decette concentration
dansnotre province
sont,incertaines; peut-être faut-il l'expliquer
une foisencore par les circonstances historiques et
levoisinage de l'Italie
et,de la Méditerranée qui ont permis à Rome
demarquer la
Narbonnaise cl'uneompreinte particulièrement forte.
On
trouve
généralement les formessuivantes:
Iulgur
dli,um,t8?ulgur iliaom,rs Fulgur
d'ittomconilitum,zo Tulgur
cond,'itum d,iaom,zr Diuomfulgur
cond,itum,zzFulgur
cond,itum,z3?ulgur
16
Voir les
références'infra; nous n'avons
pascompris
danscot inventaire
desinscriptions à
lafoudre d'un type très différont, ou do
locture douteuse:par ex. CIL X,
1015;CIL XIY,
245;CIL XI,
1024,A
Gonève,quatre
dédicaces intérossantle
culteX'igure 6. Carte de
répartition
des inscriptions dédiées àla
fou<lre en Narbonnaise.st. H'Ppo/ltê 4cëIôD
a-J'
o
eé2.èrs ç Nè.bènpe O
rle
Jupiter
ont été découvertosjusqu'ici: CIL X.II,
2588:
\M. DEoNNA, P'i,erres sculptées d'ela
oie'illa Genèae,Genève
1929,p. 36, no Il3
(Genèvo);clL XII,
2589:
DEoNNA, op. c'it.,p.
34,no
I00 (St, Victor); CIL, )(II
2590:
DEoNNA' op. c'it., p. 14, no 6(Saint-Pierre);CILXII,259l :
DEoNNA'op.
c,it.,p.
15,no 7 (rive
gauchedo I'Arve,
sous Pinchat).1?
M. euy
BA.nn,rJor,,directour des Antiquités
historiquesdu
Languedoc-R,oussillon, prépare -uno étude de sy'nthèse sur K Le cul,te d,e la' Eoudre d'ons l'Anti,quité, en Ga,ule Nctrbonna"ise r. Jelui
laisse donc le sôin d'une analyse détaillée dos découvertes dans cotte province.18
Romo: CIL Y\
205et
30. 878.leNewcastlo: CIL YII, 561; Nîmes: CIL XII,
3047;
Montbazin
(prèsde Montpellior):
Espéran-diew ILG,
543l'Année
ëpigraphiEte 1902,p.
3, no 3; Bultr. Soc. nat. antiq. de Urance,190l, pp. 206-207.
20
Nîmes: ClL XII,3O48.
z1 Nîmes,
CIL XII,
3049.22 Tvtoa,,
CIL Y,
6778.2B
Rome: CIL V\
30.877;Puteoli: CIL X,
16O3;Taormina: CIL X,6990; Lyon, CIL XIII,
1785;o lii
orcnoble Yd/epce
*oÉDa
conilitum
publice,zaFulgur Summani
(foudre tombée de nuit),z5Fulgur
summa,nium cond,ittcm,z6Ioaium
fulgur,27, Iultgt'i,terfutgur
fulmen.z8Notre texte doit être rapproché de la série,
modestejusqu'ici il est vrai,
desformules
Diaomfutgur conilitum trouvées en deux
exemplairesà Ivrea (Italie),
surla route d'Aoste et
des colsdu petit et du Grand-Saint-Bernard. Nous donnons
enp.294 un tableau récapitulatif des inscriptions
dédiées àla
foudre.zeUNE HAcHn wÉor,rrureun EN R,apponr
ÀVEC NOTR,E INSCR,IPTIONLa découverte de notre inscription donne tout
son sens à
la
mise aujour,
lors desfouilles
entre- prises en 1970,d'une
hachenéolithique
enpierre polie recueillie
à quelques mètres del'endrôit
oirgisait notre texte
épigraphique.soD'après
ce quenous
savons des coutumes religieuses rappeléesplus haut, il ne fait guère de doute qu'il faille
Cavaillon: CIL XII,
1041; Mont
Saint-Jean(Qard)
: CIL XII,
2769; Saint-Hippolyte-de-Caton(Ga,rd)_:_C_IL
XII,
2888; Argilliers-(prèê de Nîmes) :CIL 4If, 2970;
Monrm{ra,t,:CïL XII,
802É;Saint - Gilles : C
I L XII,
4 I 00 ; R oussillon ; Rhod,ania, 1952,pp.
27-28 eL Galli,a,t. xvr, lg58, p.
497;da,ns Ga,llia,
t. vnr,
1950,p.
IBB, cetto insôriptionest citéo
sousle lieu
< Gargas >,ce qui
consïitue manifestement une erreur; Simiane: GAtIia,,t. xxrr,
_I-Q64, p. 557,; Lubéron z Gal,L,ict,, t,,
xxrr, 1964,p.587;
Nîmes: Galli,a, t,.
xxrr,
1964,p.
bOB.2a
Entro Conza
ot,Mirabella, près de
Bénévont (Samnium):CIL IX,
L047.26 Rome:
CIL VI,
30.879.28 Rome:
CIL VI,
206,2?
Sér.rier (Hauto-Savoio):
Go,lli,a,t. xrv,
1g56,pp.26I-262.
28 Ampuis (près de Vienne)
: CIL XII,
LBOT.2eVoir cartes, figures 5 et 6; abréviations
dutabloau: AE : Année épigraphique; ILG : u.
FsrERANDrnv,Inscript'ions latines
d,e Gaule, Paris,1929.3! Cetto hache
a
été publiéepâr
MÀr,c-R. sAt-rr,rR,, da,ns (]enaud.ns. t,, xx,
1972,pp. llg-120.
Nou en donnons uno photographie à1â figure T.Figgre^J, La hache néolithique. Dimonsions: long.
max. ll,l cm;
Iarg.max.
b,8cm;
épais,max. 2,7 crn;poids 268 g.
mettre ces deux témoins archéologiques
enétroite relation; la
<pierre de
foudre naura
été ensevelie àl'intérieur
duputeal
sur lequeldevait être
fi.xéel'inscription;
aumoment
del'abandon
del'établissement,
dans les premières années du ve siècle, letertre
sacréqui s'élevait
àl'extérieur
de l'enceinte, à quelques mètres de la porte monu-
mentale, n'échappa
pasdavantage
àla
destruc-tion
que lesbâtiments du
domaine,et
ses débrisfurent
dispersésjusqu'à la venue des
archéo- loguesdu xxe
siècle...Plusieurs interprétations peuvent expliquer la
présencede
cetertre ou de cette inscription
àl'entrée
del'établissement rural
deBernex:
-
chute réelle dela
foudre en cetendroit,
or) une hache de pierrepolie fut
enterrée comme tracematérielle
dela manifestation
deJupiter;
-
simple découverte par les Gallo-R,omainsd'une
hachenéolithique qui
consa,cra celieu
comme<
fulguritum t;
- intention apotropaïque, enfin,
l'enfouissementd'une
hache depierre devant prémunir l'éta-
blissement, des effets de
la
foudre.3lIl n'est pas
sansintérêt de remarquer que
leshaches de pierre de l'époque néolithique ont joué un rôle dans les croyances
populairesjusqu'à l'époque contemporaine. Dans
sonouvrage sur le folklore de
n'rance,3zP. Sébillot
énumèreun grand nombre de pratiques:
dépôt ou enfouissement des haches dans lesfondations
desmaisons, dans les champs,
sous des foyers,dans des greniers, dans des meubles;
usagecomme amulette contre la foudre, contre
lesinfluences malfaisantes, pour favoriser les
cou-vées, guérir certaines maJadies, clonner
deI'appétit aux chevaux... La coutume d'enfouir
dans lesfondations
des constructions neuves desobjets de pierre et le plus souvent des
hachesétait,
respectéeil n'y a pas si longtemps
encore dansla région d'Aoste
(fsère).33DÀTATION
Pour la datation de notre inscription, il
estdifficile d'avancer une hypothèse solide en
sefondant sur le caractère
deslettres: dans
bien des cas,la perfection d'exécution devait
dépen-dre
essentiellementdu graveur; notre texte
estloin
deprésenter la régularité et
les bellespro- portions des inscriptions de haute époque:
leslettres s'inscrivent dans des rectangles irrégu- liers,
lesdeux
ligneshorizontales du n'sont,
iné-gales et la barre inférieure se trouve dans la partie
supérieure dela
hasteverticale;
l'espace- ment, des caractèresn'a
pas unevaleur
constanteet le
légerarrondi du premier
desdeux V peut être mis au compte d'un caprice ou d'une mal-
adressedu graveur. Le seul repère possible,
siI'on admet une corrélation entre le mur
d'en-ceinte et notre inscription, serait la
deuxièmemoitié du rre siècle; cette période pourrait constituer
alorsun
terminus Ttost quem.s31
La
présencode
hacheson piorre polie
de l'âgonéolithique a
souvent, été signalée dans des cons-tructions romainos: à Alésia, dans lo
sanctuaired'Apollon Moritasgus: E, sspÉnerotnu,
dansBull.
archéo\,. d,u Comité d'estraoaun
hi'storiques, 1910,p. 277;1912, p. 59;
1914'p.
182; à-Alésia encorel dans un édifice à double colonnade identifié cornrneles
thormesde Ia ville par J.
TourÀrN:GaIIi,a,
t. t,
1943,pp. f47-I48; dans
dos farut'zL. Dn vnsr,y, Les làna ou petits
temples gal'lo'roma'ins ile
la
région normamd,e, R,ouen, 1900,p.
12, 18,2I,
28, 49, 85, 102, 101 ; à Vionne (Isère), dansune <cachette romainer: dans
BuI'I'. d'esAnti-
qua'ires d,e
France,
1925,pp.
128-133;à
Saint-Bortrand-de.Commingos,
sur un seuil de
maisonromaine: dans Bul,I. Antiq., loc. cit.; dans
des sépultures romainesà Lunoray
(Seine-Infériour-o),à^Bray
(Oise),à
Beaugency (Loiret); dans
desoi,Ilae -à'
Baptoste (Lot-et-Garonno), à
TouratÙe(Cher),
à Cârnac
(Morbihan): dans Bull'.
antiq.., ioc. c'it. Cos hachessont
généralement considéréopar
les auteurs comme des ex-votosou
des talis- mans contre la foudre. Sur cette quostion, on porrrrâ encore consultorr', e. scrrenrrnn, Sur
l,'utilisatiom rituel,le d,e Si,lenet
d,e Ha'ches néol'ithiques, dans Reuue d,es musées et col,lect'ions archéologiques, t,'xw,
1928, 3e année, no
2, pp.
46-40;t.
r.nr.r'vct, QueI- ques obseruations sur -tràs poi,ntes d'e loud,re, da"nsL'Anthropologie, 1009, pp.3l-34; G.
c+orrnY'L'homme-d,es-c'i,tés lacustres,
Paris,
1932'pp.
1l-12.32 p. sÉsrr,r,o:r, op. c'it,,
t. rv, pp.
66-76.aBJ.
nouçtnn,
Aoste(Isère),
uicus et pagus,gal'lo' roma'ins, Recherches dtlvistoire et d'e topogra'phie hi's- torique, Thèsedo l'Ecole
des hautes études, Sor-bonne,
6esection,
1972,pp.
24-25.La
question do savoir si ces haches sont, -dês copies a été discutéo;r'.
A, scaAEr.FEF,, o?o.cit., p.
49, pense avec raisonqu'ellos sont d'authentiques
piècesnéolitliques:
lèur vertu
talismanique-devait provenir do
leurorigino et do lour destination
mystériouses; uno pièée fraichemont,polie n'aurait
sansdoute
pasfroduit
un effot semblable sur l'imagination supers- titieuse de l'hommo.34
D. ?ÀrrNrnR,
L'établissement gctl,lo-roma'in d'e Bernen G.E, dansJ\SGU, t.
r,vr, 1971,pp.
f39-163.TABLEATI
RÉcaPrrul,ATrn' DES rNscnrprroN s
eRoupÉ ns sEr,oN r,a plr'ovnNANcE
zeProvince,dépar- Localité tement ou
cantonCIL Autres
référencesItalie
CampanieLatium
Piémont
SicileConza Pompéi
Puteoli
Ostie RomeIwea Taormina
IX,
1047x,
1603vr,205 vI,206 vI,
30.877vI,
30.879vI,
30.879Y,
6778x,6990
aD,1946,176 AE,1946, Igg :
AE,lg4l,13
AE,lg4g,
g348,
1953,23(deux
inscriptions)
Total pour I'Italie:
14inscriptions (inventaire partiel, voir note
3g) Narbonnaise Basses-AlpesGard
Genève (CH)
Hérault
fsère Hte-Savoie VaucluseSimiane
Argilliers Montmirat
NîmesSt
GillesSt Hippolyte-
de-CatonBernex Montbazin Ampuis
SévrierCavaillon Laudun Lubéron
Roussillonxrl,2970
xII,
3023xlr,
3047xII,
3048xII,
3049XII,
41OOxII,
2889xII,
1807xII,
1047XII,2769
Gallia, 22,
1964, 557Gall,io,
22,1964,
503ILG,
543- AE, t902,9
Gallia,
14, 1956,26I
Gallia, 22,
1964, 557Gallia 8,
1950, 138:
Rhodnnia,1952,27 :
Gallia,16,
1958, 497.Total pour la Narbonnaise:
17inscriptions (inventaire
complet)Tres
Galliae
RhôneLyon XIII,
1785Britannia Northumberland
NewcastleVII,
561Total
général: 33inscriptions
CONCI,USIO\
L'inscription
<lellentex vient compléter utile- ment les maigrcs témoignages
archéologiquesconcernant la vit' rcligieuse de nos
campagnesà l'époque
rornaint'.:|5Elle atteste qu'un rite purement romain avait été adopté par
lesindi-
gènes
d'alols
t1ui, commetous
les Celtes,étaient particulièrernt'nt
itnpressiotruéspar
leseffets
del'éclair et de la foudre; à côté de Taranis,
dieugaulois du totrtrerre, Jupiter a rapidement
conquis une place <le
choix
etil
est vraisemblable que peu à peu le dieu celtique et le dieucapitolin ont dû
se confonclre. C'est leJupiter
gauloisqui
régnaiL sur les grands cols des Alpes occidentales:
Petit et Grand-Saint-Bernard (Mons M'inoris Ioai,s et Mons loais), col de la Roue,
entre Modane et Barclonèche; on a remarqué aussi queles
colonnesclu dieu à l'Anguipède avaient
été érigées enparticulier
en despoints
oùrla
foudrotombe fréquemment.36 Il n'est pas étonnant
d'ailleurs
que les campagnes, soumisesplus
que Iesvilles aux
caprices célestes,aient particulière- ment bien
assimilé lesrites
attachésau culte
dumaître du ciel:
à côté tles forrnulesrituelles dont cette brève étude fait I'objet, nous
citeronsencore pour mémoire les autels des
sommetsconsacrés à Jupiter, ex-voto offerts par
les bergers des Pyrénéespour obtenir
uneprotection
de leurstroupeaux
contrela
foudre.37Ainsi
la découverte de Bernex,tout
ens'inscri- vant
dansun contexte qui
dépasse le cadre pure- ment,local,
nousapporte un
élément d'apprécia-tion
modeste, certes, maisnon
négligeable,pour mieux connaître le degré et le caractère de la romanisation
dela région
de Genève. 3836
II n'a
été trouvéjusqu'ici
à I'extérieur de l'agglo-mération urbaine
que des autelsà Pan
(Versoix), àJupiter
(Carouge), à Morcure (Bonvard, communo de Vandæuvres), a,insiqu'un buste
on bronze dudieu
h:nairoMen
(Landecy, communo de Bardon-nex), et
des statuettesen
bronze dosdieux
Mars (Bonvard) et,Ilermès
(Bonvard).Références.'
paN: E.
DI;NANT, Cato'logue d,es sér'ies ga,ll,o-romainesil'u
musée épigraph'ique cantonal,, Genèvo, 1909,p.
198,no 55; E.
ESP RANDTETJ,Recueil, ç1énéral d,es bo's-rel,iefs, statues
et
bustes d,e l,a, Gaule roma'ine, 1907-1938, ù.rx, p.
143, no 6799;rM. DnoNNÀ, Pierres sculptées d'e
Ia
uiei,trle Genèue, Genève, 1929,p,40,
no 134 (Cet ouvrage groupe enun'"olume lesàrticles: w,
DEoNNÀ' Les col'lections l,apid,airesau Musée d,'Art et d"H'istoire,
dansGenan:a, t,.
w,
1926, pp, 218-3221't. v,
1927,pp.
107- 234;t. vr,
1928,pp.
I18-248; t,.vrr,
1929,pp.
259- 323),,rurrrnnz CIL XII,
2591;nrnrervr, op,
cit., p. 35, no 6;onoltxe,
op. c'it,, p. 15, no 7; r,.nr,oltnrl,
Carouge,
oilla
roma'ineet
burgond'e, da'ns Gena,ua,t,. xvrrr,
1940,p.
62.lrnncrmnl. CIL XII,
25951.DUNANT, op. cit., p. 37, no 8; OnoNrre, op,
c'it.,p.16, no
13.lrnu:
R,. MoNTANDorr-, Genèue, d'es orig'inesaurinaasions
barbares,Genève, L922, p.
174,no
199;w.
DEoNNA, Catalogue d'es bronzes figu'rés antiques d,uMusée d,'Art et
d,'H'isto'i're, Genève, 1915-1916(tiré à part, de
Indi,cateur d"ant'iquités su'isses,t. xvrr,
1915,p.
L92, 286; t,.xvrrr,
1916,p.31,
102), no 48,p.23.
nrnns:w.
onoww.e',ibid.,
no 5,
p.
10,rrenrrrs;
w. DEoNNl.,ibid.,
no 31,p.
f 8.36 D. vAr* BEn,cI{EM, Le cul'te d,e
Jupiter
en Sui,sse à l'époque ga,llo-romai,ne, d'ans Reuue historique uau- d,oise, 1944,p. 1l; r.
LE eaLL,Jupiter
etles Grand's cols des Al'pes occid,entales, dans Actes d'u Coll'oque ,ùnterncttional sur les cols d,es Al,pes, Bourg-en-Bresse, 1969,pp. 17l-I75; r.
LE GALL,A
propos d'u caual'ier à I'Angui,pède, dans Mémoi'res d,e Ia Commission d,es ant'iqu'ités d,eIa
Côte-d'Or,t. xxrv,
1954-58,p.
24;?.-M. DrrvAL,
Les
d'i,eut d,ela
Ga'ul'e,Paris,
1957, notamment Taranis etJupiter, pp,72-76.
3?
c. rounr,
A.sorrrou,
Une aime pyrénéenne conso'- créeà Jupi,ter:
Le Mont-Sct'con (Hawtes-Pyrénées), dans Gal,li,a,t. xxr,
1963, pp,27 5-294; E. THEvENor, Di,ainitéset
satnctuaires d'ela
Gaul'e,Paris,
1968,pp.26-28.
38