• Aucun résultat trouvé

Géographie Économie Société : Article pp.129-154 du Vol.7 n°2 (2005)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Géographie Économie Société : Article pp.129-154 du Vol.7 n°2 (2005)"

Copied!
26
0
0

Texte intégral

(1)

Lavoisier

Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

Une convergence lente ?

La nouvelle théorie de la croissance endogène et le développement régional

Slow Convergence? The New Endogenous Growth Theory and Regional Development

Ron Martin

a

et Peter Sunley

b

a University of Cambridge, Department of Geography, Downing Place Cambridge, CB2 3EN, Grande-Bretagne

b University of Southampton, Department of Geography, Highfield, Southampton, 5017 1BJ, Grande-Bretagne

Résumé

En économie, l’attention a été renouvelée en croissance économique, tout particulièrement en convergence à long-terme en revenue et rendement par tête entre les pays. Ce débat essentiellement empirique a promu le développement de la théorie de la croissance endogène, qui cherche à aller au-delà de la théorie néoclassique conventionnelle, traitant comme endogènes les facteurs — particulièrement le changement technologique et le capital humain — relégués comme exogènes par les modèles néoclas- siques. Les premiers économistes de théorie de la croissance endogène et la nouvelle croissance empi- rique ont commencé à utiliser des modèles de la croissance régionale à long-terme pour tester et déve- lopper leurs idées. Leurs analyses suggèrent que la convergence régionale est un processus lent et discontinu. Dans cet article nous examinons si la croissance économique endogène peut aider à expli- quer ces conclusions. Nous avançons que la théorie de la croissance endogène a des implications régio- nales importantes, mais également des limitations quand elle est appliquée au contexte régional.

© 2005 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

* Reprinted from Economic Geography, 1998, 74-3, pp. 201-227.

Adresse e-mail : rlm1@cam.ac.uk

GES_07_2_01_Martin Page 129 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(2)

130 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

Abstract

In economics, interest has been revived in economic growth, especially in long-term convergence in per capita incomes and output between countries. This mainly empirical debate has promoted the development of endogenous growth theory, which seeks to move beyond conventional neoclassical theory by treating as endogenous those factors —particularly technological change and human cap- ital— relegated as exogenous by neoclassical growth models. The economists at the forefront of the formulation of endogenous growth theory and the new growth empirics have begun to use long-term regional growth patterns to test and develop their ideas. Their analyses suggest that regional conver- gence is a slow and discontinuous process. In this paper we consider whether endogenous growth theory can help to explain this finding. We argue that endogenous growth theory has important regional implications, but also major limitations when applied to a regional context.

© 2005 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : Endogenous growth, Regional convergence, Human capital, Technology, Externalities Keywords: Croissance endogène, Covergence régionale, Capitale humaine, Technologie, Externalites

1. Introduction

L’analyse de l’économie spatiale capitaliste a toujours été dominée par deux conceptions antagonistes des trajectoires attendues du développement régional à long terme. La première, issue de l’approche néoclassique de l’équilibre, estime que, dans une perspective historique, il existe de réelles forces conduisant à une convergence des revenus régionaux à l’intérieur d’une économie nationale intégrée, compte tenu de l’absence de barrières au développement des forces du marché. Il est alors peu probable que les disparités régionales revêtent un carac- tère persistant dans la mesure où de telles disparités entraîneraient un nivellement des prix, des salaires, du capital et du travail, contribuant de façon significative à la convergence régio- nale. Parmi les textes fondateurs relatifs à cette approche, on trouve l’étude classique de Borts et Stein (1964) traitant du développement régional des États-Unis et l’analyse de Williamson (1965) sur l’évolution des disparités de revenus régionaux dans les pays industrialisés.

Quant à la seconde conception qui nous intéresse ici, il n’existe pas de raison nécessaire pour que l’on assiste à la convergence de la croissance régionale et des revenus, même à long terme. Au contraire, la divergence régionale est le phénomène dont l’occurrence est la plus probable. Ainsi, les modèles de croissance régionale, proposés par Perroux (1950, 1955), Myrdal (1957) et Kaldor (1970, 1981) supputent une tendance à la divergence des revenus régionaux car, livrées à elles-mêmes, les forces du marché engendrent un déséquilibre spatial et, sous les effets conjoints des économies d’échelle et d’agglomération, apparaissent un pro- cessus cumulatif de concentration du capital, du travail et de la production dans certaines régions, au détriment d’autres : l’inégal développement régional s’auto-entretient plutôt qu’il ne s’autocorrige. Si des forces opposées (comme les déséconomies engendrées par la conges- tion, des effets de « trickle down » 1 et des transferts fiscaux de l’État) arrivent à contenir la tendance à la divergence, elles ne peuvent aucunement favoriser la convergence régionale.

Les explications marxistes de l’inégal développement régional, à la mode chez les géogra- phes durant les années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, s’opposent à ces deux

1Théorie selon laquelle, la richesse finit par toucher les plus pauvres par « déversement », (NdT).

GES_07_2_01_Martin Page 130 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(3)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 131

conceptions. Popularisées par les travaux de D. Harvey (1982), D. Massey (1984) et N. Smith (1984), les approches marxistes n’ont pas à proprement parler étudié la convergence ou à la divergence des trajectoires économiques des régions, mais elles ont souligné leur caractère épisodique : les crises d’accumulation qui ponctuent l’évolution capitaliste favorisent la recherche de nouveaux « arrangements » spatiaux, technologiques et sociaux et conduisent à de nouvelles configurations tant de la croissance que du déclin régionaux.

Ainsi il serait possible, en théorie, d’observer une convergence pendant une phase his- torique du développement régional et une divergence au cours d’une autre. Bien que des efforts aient été faits pour établir une relation entre les modèles marxistes de l’inégal déve- loppement régional et les modèles régionaux des causes cumulatives de type Myrdal- Kaldor (Holland, par exemple, 1976), la théorie régionale marxiste s’est plus attachée à la dynamique de la restructuration spatiale périodique qu’aux trajectoires à long terme de la croissance régionale.

Depuis le milieu des années quatre-vingt, le désintérêt affiché pour l’évolution à long terme de l’espace économique, dans les travaux géographiques du développement, a per- duré. Les approches marxistes ont cédé du terrain face aux théories néo-marshalliennes, aux approches fondées sur les coûts de transaction, d’agglomération et de croissance éco- nomique régionale. Si ces travaux ont apporté un éclairage intéressant sur les fondements technologiques, institutionnels et sociaux du développement économique régional, la compréhension et la trajectoire effective du système régional d’un pays dans son ensemble ont, de fait, été subordonnées à l’analyse de types de régions spécifiques — les « districts industriels » de la « spécialisation flexible » post-fordiste, notamment — sans tenir compte de leurs localisations (Markusen, 1976). On s’est rendu compte, récemment, du biais qui entache cette focalisation sur des régions « nouvelles » au détriment des « anciennes » (voir par exemple Gertler, 1992 ; Cooke, 1995 ; Florida, 1996), mais l’accent continue d’être mis sur les conditions contingentes de la croissance dans des régions particulières plutôt que sur l’évolution à long terme du système économique régional dans son ensemble.

Alors que les géographes délaissaient de plus en plus le problème de la mesure de l’évo- lution à long terme des systèmes régionaux, il peut sembler paradoxal que les économistes aient montré un regain d’intérêt pour la croissance économique à long terme. Après une éclipse qui commença au début des années soixante et dura jusqu’au milieu des années quatre-vingt, la croissance à long terme réapparaît dans le programme de recherche des économistes. Ce regain d’intérêt pour une approche empirique de la croissance, centrée très précisément sur l’évidence de la convergence à long terme des revenus par habitant et de la production des nations, y a fortement contribué. Le débat empirique ainsi engagé a été l’occasion d’un réexamen et d’une réorientation de la théorie de la croissance. La vigueur de cette tentative tient à ce qu’elle a pu échapper au carcan de la théorie néoclassique conventionnelle en considérant comme endogènes, dans le processus de croissance, des facteurs que la théorie néoclassique tient pour exogènes, comme le changement technique et le capital humain. Cela justifie l’expression « théorie de la croissance endogène » géné- ralement utilisée lorsqu’on se réfère à cette nouvelle approche. Ces avancées empiriques et théoriques ont une incidence notable sur l’analyse des trajectoires de la croissance régio- nale à long terme. En fait, parmi les premiers économistes à avoir formulé la théorie de la croissance endogène et promu la nouvelle approche empirique, certains ont recouru à des modèles de croissance régionale pour tester et développer leurs idées. Il semble donc perti-

GES_07_2_01_Martin Page 131 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(4)

132 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

nent de soumettre les modèles de croissance régionale à un réexamen et d’évaluer l’utilité et les conditions d’application de la nouvelle théorie de la croissance endogène à l’analyse et à l’explication du développement régional à long terme. Dans le même temps, les avancées récentes de la géographie économique — et les arguments qu’elle apporte — fournissent un outil précieux pour évaluer les assertions et les prévisions qui émanent de la théorie de la croissance endogène. Cette double motivation anime l’argumentation de cette contribution.

2. La nouvelle approche empirique de la convergence régionale

Au cours des dix dernières années, les travaux réalisés par les économistes sur la conver- gence entre les pays et les régions se sont multipliés (voir des recensions utiles que l’on trouve notamment chez Chatterji, 1992 ; Barro et Sala-i-Martin, 1995 ; Canova et Marcet, 1995 ; de la Fuente, 1995 ; Galor, 1996 ; Sala-i-Martin, 1996). L’attention s’est cristallisée, pour l’essentiel, autour de deux concepts ou mesures de la convergence. On dit qu’il existe une convergence β à l’intérieur d’un groupe d’économies (des pays ou des régions) si le coef- ficient de régression β entre le taux de croissance du revenu régional relatif par habitant pen- dant une certaine période et le niveau du revenu régional relatif par habitant au début de la période considérée est négatif (voir l’encadré 1). Une valeur négative de β signifie que le PIB par habitant des économies considérées a tendance au nivellement ; la valeur de β mesure la vitesse de convergence. On dit qu’un groupe d’économies (des régions ou des pays) se carac- térise par une convergence σ si la dispersion (la variance) des niveaux du PIB relatif par habi- tant de chacune tend à décroître dans le temps. On peut aisément voir que le concept de convergence σ est étroitement lié à celui de la convergence absolue β (cf. encadré 1). L’exis- tence d’une convergence β tendra à engendrer une contraction de la dispersion, autrement dit une convergence σ. Cependant, comme cette dernière dépend également de la variance des termes d’erreur ou des « chocs » dans la régression de la croissance, même si à long terme (l’état stable) la dispersion diminue avec β (la force de l’effet de convergence), la conver- gence σ augmente avec la variance du terme de perturbation. L’existence d’une convergence β est donc une condition nécessaire mais non suffisante de l’existence d’une convergence σ. On a maintes fois tenté de mesurer la vitesse de convergence β entre les pays (voir Bau- mol, 1986 ; Romer, 1986 ; Baumol et Wolff, 1988, DeLong, 1988 ; Dowrick et Gemmell, 1991, Barro et Sala-i-Martin, 1992 ; Chatterji, 1992 ; Mankiw et al., 1992 ; Barro et Sala- i-Martin, 1995 ; Canova et Marcet, 1995 ; Sala-i-Martin, 1996). La conclusion que l’on peut tirer de ces travaux est que la convergence absolue n’est corroborée qu’en se limitant au cas des pays les plus riches de l’OCDE 2. Cela a amené deux développements différents de la régression de la convergence initiale. Le premier consiste à supposer la convergence

2Les premières études faites par Maddison (1982) utilisaient des séries chronologiques (1870-1979) du PIB de treize pays développés et concluaient à une forte convergence pour la période postérieure à la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, on peut critiquer ce résultat à partir de l’argument qu’il ne portait que sur un ensemble homogène de pays qui se révélèrent tous riches ex post et dont la convergence était entachée d’un biais, alors que l’analyse aurait dû inclure un échantillon de pays ex ante qui, en 1870, avaient les mêmes chances de s’industria- liser. Si on élargit l’échantillon de pays pour y inclure des pays en développement et sous-développées, l’évidence de la convergence disparaît : il n’y a pas de tendance tangible confirmant que les pays les plus pauvres connaissent une croissance plus rapide, et rattrapent les plus riches, ni de tendance à la contraction dans le temps de la disper- sion du PIB par habitant entre les pays.

GES_07_2_01_Martin Page 132 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(5)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 133

limitée à un groupe, c’est-à-dire l’hypothèse que seuls les pays ayant les mêmes caractéris- tiques structurelles et des conditions initiales similaires convergeront. Ainsi les pays les plus riches de l’OCDE constituent un « club de convergence », les pays en développement, un autre, les pays sous-développés, encore un autre. Il n’est nul besoin ici de convergence entre ces groupes et, a fortiori, les fortes disparités entre les différents groupes peuvent persister voire s’accroître débouchant sur une polarisation de la répartition du revenu entre les pays (voir, par exemple, Chatterji, 1992 ; Canova et Marcet, 1995 ; Galor, 1996 ; Quah, 1996a) 3. L’autre développement du modèle standard de convergence β a consisté à tester la con- vergence des économies, non pas vers un même équilibre (que suppose le nivellement des revenus), mais vers leur propre revenu d’équilibre à long terme. Ce concept est connu sous l’expression de convergence conditionnelle (Sala-i-Martin, 1991 ; Barro et Sala-i-Martin, 1992 ; Mankiw et al., 1992), parce que la convergence de chaque économie est subordon- née à des caractéristiques structurelles différentes, ou « principes essentiels », comme ses préférences sociales, ses technologies, son taux de croissance démographique, la politique de son gouvernement, etc. Des caractéristiques structurelles différentes impliquent que divers pays auront un équilibre distinct en fonction de leur revenu par habitant. Par consé- quent, pour tester la convergence conditionnelle, il faut que chaque économie soit stable.

Une méthode consiste à introduire des variables structurelles additionnelles qui donnent une approximation de l’équilibre dans « la régression de la croissance » initiale. Si β est négatif, une fois ces variables explicatives incluses, on dit que les économies considérées montrent une convergence βconditionnelle. Par cette approche, Barro (1991), Mankiw et al. (1992) et Barro & Sala-i-Martin (1995) trouvent une confirmation de l’hypothèse de convergence conditionnelle entre les pays.

Une méthode alternative consiste à limiter l’analyse de la convergence à des ensembles d’économies pour lesquelles l’hypothèse de similitude des technologies, des institutions et des goûts notamment, ne paraît pas irréaliste. Si cette condition est remplie, des économies similaires devraient afficher une convergence β absolue ; c’est dans ce cadre que les éco- nomistes ont commencé à montrer de l’intérêt pour la question de la convergence régionale à l’intérieur des pays. Ils affirment que les régions, dans une même nation, ont plus de chances de partager les mêmes caractéristiques structurelles que n’en auront différents pays, de sorte que l’on peut s’attendre à ce que les systèmes régionaux attestent mieux de la convergence absolue à long terme. Selon Barro et Sala-i-Martin (1995), par exemple,

Même s’il existe des différences au niveau de la technologie, des préférences et des ins- titutions parmi les régions, on s’attend à ce que ces différences soient moindres que celles constatées entre différents pays. Les entreprises et les ménages des régions d’un même pays ont généralement accès aux mêmes technologies et partagent à peu près les mêmes goûts et cultures. De plus, les régions sont soumises au même gouvernement central et ont, par conséquent, les mêmes institutions et systèmes juridiques. Cette homogénéité relative signifie que la convergence absolue s’opérera vraisemblablement mieux se faire entre régions d’un même pays qu’entre les régions de pays différents (p. 382).

3L’existence de groupes de convergence peut être étudiée statistiquement en ajoutant des puissances succes- sives de log (yit) comme variables supplémentaires dans l’équation initiale de régression de la croissance en vue de tester l’existence d’équilibres multiples vers lesquels les différents groupes de pays convergeraient.

GES_07_2_01_Martin Page 133 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(6)

134 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

Ils ajoutent que la mobilité des facteurs doit également être plus élevée entre les régions (d’un même pays) qu’entre différents pays et que les barrières légales, culturelles, linguis- tiques et institutionnelles sont moindres entre les régions d’un même pays qu’entre pays.

Barro et Sala-i-Martin (1991, 1992a, 1992b, 1994, 1995) ont effectué un test de conver- gence absolue des revenus régionaux par habitant sur les différents États US, les préfec- tures japonaises, les régions NUTS1 de huit pays de la Communauté européenne (l’Alle- magne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et l’Espagne) ainsi que sur les provinces canadiennes. Dans tous les cas, ils constatent une convergence régionale à long terme. La dispersion (la variance) des revenus régionaux par habitant diminue continûment dans le temps. De plus, la vitesse de convergence des régions des différents pays vers leur moyenne nationale respective (la convergence β abso- lue) est rigoureusement la même, de l’ordre de 2 % par an (c’est-à-dire avec une valeur de β ≈ – 0,02 ; voir le Tableau 1). Dans le cas des États-Unis, de l’Europe et du Japon, ils ont également trouvé que la vitesse de la convergence régionale a fluctué dans le temps, et qu’on a même enregistré des périodes où était positif, ce qui signifie des périodes où β les revenus régionaux par habitant ont divergé ; cela s’est produit vers le milieu et jusqu’à la fin des années 70. Des estimations similaires de la convergence, aux alentours de 2 % par an, ont été établies par d’autres auteurs pour le Japon (Shioji, 1993), la Chine (Rivera- Batiz, 1993), le Canada (Coulombe et Lee, 1993), l’Australie (Cashin, 1995), la Suède (Persson 1994), et l’Allemagne (Keller, 1994).

Armstrong (1995) a également effectué des analyses plus fines la convergence régionale en Europe, aux États-Unis et en Australie. Ses résultats, comme ceux de Barro et Sala-i- Martin, indiquent une forte variabilité de la vitesse de convergence au cours des différentes périodes (voir Tableau 2). Il a trouvé, pour les États-Unis, que les revenus régionaux convergeaient à un taux uniforme, légèrement supérieur à 2 % entre 1963 et 1986. Une variabilité notable entre sous-périodes différentes a néanmoins été enregistrée, allant d’un taux de convergence de 3,6 % par an de 1963 à 1971 et de 1971 à 1975, jusqu’à une diver- gence régionale de 0,40 % par an entre 1975 et 1981. Pour l’Australie, il a trouvé une convergence du revenu régional de l’ordre de 1 % par an pour la période 1953-1991 dans son ensemble, mais une divergence à partir de la fin des années soixante-dix. Les résultats pour l’Europe suivent un schéma à peu près similaire, avec une convergence absolue de l’ordre de 1 % par an entre 1975 et 1991 au niveau NUTS1, mais de 0,4 % par an pour le niveau régional NUTS2. Aux deux échelles géographiques, la convergence fluctue nette- ment en fonction du cycle économique, les valeurs enregistrées pendant les phases d’expansion étant plus fortes que durant les phases de récession ; on note également que la vitesse de convergence a fortement ralenti après 1981 4. Malgré la quasi-absence d’indices

4Ce résultat est confirmé par l’étude plus descriptive des disparités régionales dans la Communauté euro- péenne réalisée par Dunford (1993). L’auteur trouve un accroissement de la dispersion des valeurs du PIB par habitant dans la plupart des États membres de la Communauté européenne pendant les années quatre-vingt. Mais, malheureusement, Dunford n’estime pas des équations de régression comparables à celles que l’on trouve dans la littérature empirique sur la croissance régionale. Au contraire, il réalise une régression des taux de croissance régionale (de 1977 à 1989) sur les niveaux de PIB régionaux par habitant en fin de période, au lieu de le faire sur les niveaux de début de période. Il est donc difficile de confronter ses résultats avec les travaux que nous exami- nons ici.

GES_07_2_01_Martin Page 134 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(7)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 135

montrant l’existence de groupes de convergence régionaux, même en Europe où l’on pou- vait s’attendre à une séparation nette entre les régions dynamiques septentrionales et l’ensemble méditerranéen, plus périphérique économiquement 5, on observe une agréga- tion géographique nette des taux de croissance régionale, à la fois en Europe et aux États- Unis : les régions à croissance rapide tendent à former des groupes avec d’autres régions à croissance rapide ; elles tendent même à être étroitement regroupées géographiquement 6.

Tableau 1

Deux mesures de la convergence régionale La convergence absolue

Les tests de la convergence régionale, développés par les économistes au cours des dernières années s’appuient sur ce qu’il est convenu d’appeler la « régression de la croissance » :

(1/T) . log(yit + T/yit) = αβ log(yit) + εit (1) où est yit = Yit/Yt le rapport du PIB par habitant dans la i-ème région la moyenne de l’ensemble des économies régionales étudiées, (1/T) . log(yit+T /yit) est le taux de croissance relatif du PIB dans la i-ème région pendant la période considérée, entre t et t + T, et log(yit) est le logarithme du PIB relatif par habitant dans la i-ème région pour l’année de référence t. Cette régression de la croissance est elle-même dérivée du modèle de croissance de la fonction de production standard néoclassique (voir Barro et Sala-i-Martin, 1995). Si 0 < β < 1, on dit que l’ensemble de données considérées présente une convergence β absolue : il existe une tendance à long terme, entre les régions, d’un nivellement du PIB par habitant. La valeur de mesure la vitesse du processus de conver- gence.

Dispersion

La convergenceσ existe si la dispersion (la variance) des niveaux des PIB par habitant, entre les régions, tend à devenir moindre, c’est-à-dire si

(2) est l’écart-type de log(yit) à l’instant t. Il est aisé de montrer que le concept de convergence σ est étroite- ment lié à celui de la convergence β absolue en réécrivant l’équation de régression initiale de la croissance, avec un temps discret, correspondant par exemple aux données annuelles, sous la forme :

log(yit) = α – (1 – β) log(yit – 1) + εiτ (3) En prenant la variance des deux membres, on obtient :

(4) En d’autres termes, l’existence d’une convergence β va entraîner une réduction de la dispersion, soit une conver- gence σ. Cependant, comme cette dernière dépend également de la variance des termes d’erreur ou « chocs », σ2ε, cela implique que la dispersion donnée par

(5) diminue avec β (la force de l’effet de convergence) et augmente avec la variance du terme du bruit. C’est en ce sens que la convergence β est une condition nécessaire mais non suffisante de convergence σ.

5Ce manque de convergence tranche quelque peu avec l’analyse des tendances du PIB par habitant des com- tés britanniques, réalisée par Chatterji et Dewhurst (1996). Ils révèlent l’existence de trois groupes de conver- gence sur la période 1977-1991 et, comme Armstrong, ils constatent que la vitesse de la convergence régionale varie en fonction du cycle économique, et que la relation est inverse : la convergence se révèle plus rapide pendant les périodes où la croissance est lente, au plan national, qu’au cours des phases d’expansion.

6Armstrong utilise toute une série de procédures d’autocorrélation spatiale pour tester l’existence d’une agré- gation géographique des taux de croissance régionale résiduels inexpliqués par les régressions de la croissance.

σy

t+T σy

< t

σy

t

σy

t+T

2 (1β)2σy

t

2 +σ2ε

=

σy2

( )* = σε2[1(1β)2]

GES_07_2_01_Martin Page 135 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(8)

136 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

On peut toutefois s’interroger sur les valeurs estimées de la convergence régionale, et sur la méthode employée pour les obtenir. Un problème tient à ce que l’approche utilisée pour la « régression de la croissance » met d’abord en relation la croissance d’une région avec sa propre histoire, et seulement après avec les autres régions, en calculant la moyenne des tendances. En rassemblant les données de l’ensemble des entités géographiques du sys- tème étudié, l’analyse de régression de la croissance suppose que le processus sous-jacent de convergence est le même en tout lieu, alors que le taux de convergence varie, à l’évi-

Tableau 2

Validation empirique de la convergence régionale

Résultats des principales études. Estimation du taux de convergence β à partir des équations de régression de la croissance pour les périodes spécifiées

Étude États US Préfectures

japonaises

Régions europ.

(NUTS1)

Régions europ.

(NUTS2)

Provinces du Canada.

États d’Australie

Barro &

Sala-i-Martin (1995)

1870-1990 β = 0,027 1920-1930 β = – 0,014 1940-1950 β = 0,043 1960-1970 β = 0,024 1980-1990 β = 0,001

1930-1990 β = 0,027 1930-1955 β = 0,035 1955-1990 β = 0,019 1980-1985 β = – 0,001

1950-1960 β = 0,018 1960-1970 β = 0,023 1970-1980 β = 0,020 1980-1990 β = 0,010

Sala-i-Martin (1994)

1870-1990 β = 0,017

1955-1990 β = 0,019

1950-1990 β = 0,015

1961-1991 β = 0,024 Armstrong

(1995)

1963-1986 β = 0,023

1950-1960 β = 0,012 1960-1970 β = 0,025 1975-1993 β = 0,006

1950-1960 β = 0,016 1960-1970 β = 0,027 1975-1981 β = 0,008 1981-1993 β = 0,002 1975-1993 β = 0,003

1953-1991 β = 0,009 1977-1993 β = – 0,017

Note :toutes les analyses présentées ci-dessus utilisent une version non linéaire de l’équation de régression de la croissance :

(1/T) log(yit+T /yit) = α – [(1 – eβT)/T]log(yit) + εit,t+T

εit,t+T est la moyenne des termes d’erreur entre t et (t + T). Ce modèle a été préféré au modèle de régres-

sion linéaire de croissance parce qu’il admet une croissance asymptotique et qu’il permet la comparaison des vitesses de la convergence β sur des périodes historiques de longueurs différentes sans avoir besoin de recou- rir à des transformations. Dans le tableau, une valeur positive de β (inférieure à l’unité) signale une conver- gence régionale, tandis qu’une valeur négative implique une divergence.

GES_07_2_01_Martin Page 136 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(9)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 137

dence, d’une région à l’autre (voir Quah, 1993 ; Canova et Marcet, 1995) 7. En d’autres ter- mes, des régions différentes peuvent converger vers des niveaux de revenus relatifs diffé- rents à long terme, reflétant des spécificités locales persistantes dans les caractéristiques structurales (voir Evans et Karras, 1996). Par ailleurs, cette approche ne parvient pas à ren- dre compte de la manière dont différentes régions sont reliées les unes aux autres, bien que le comportement de croissance d’une région puisse en fait dépendre, de façon déterminante (que ce soit positivement ou négativement), des trajectoires de croissance des autres régions (voir Quah, 1993, pour une discussion sur cette question d’interconnexion des régions dans le cadre d’une répartition interrégionale des revenus).

Un second problème tient aux fondements théoriques du modèle de convergence β. D’un côté, l’approche est plutôt descriptive et ne renseigne en rien sur les mécanismes à l’œuvre. Cependant, comme le montrent Barro et Sala-i-Martin (1995), elle offre bien un test direct du modèle de croissance néoclassique standard (Solow-Swan), avec l’hypothèse des rendements décroissants. Comme ils l’admettent eux-mêmes, la lenteur de conver- gence régionale donnée par le modèle de régression de la croissance a une valeur bien infé- rieure à celle que l’on pourrait attendre en recourant à une conception néoclassique stan- dard du processus de croissance régionale. Le taux de 2 % par an, qui semble caractériser les États-Unis, implique qu’il faudrait 35 ans pour réduire de moitié les disparités régiona- les initiales du revenu par habitant, alors que le taux de 1 % qui est attribué à l’Europe requerrait 70 ans, une « demi-vie », pour le réduire d’autant 8. Ces résultats soulèvent des questions de fond quant à la validité de la théorie néoclassique de la croissance. Le grou- pement spatial de régions présentant des taux de croissance similaires, comme l’ont défini Armstrong (1995) et Quah (1996b), semble donc indiquer l’existence d’effets d’entraîne- ment (du travail, du capital et de la technologie, entre autres, sur la croissance) localisés géographiquement, ce qui va également à l’encontre de la théorie néoclassique de la crois- sance. De la même façon, le fait que la convergence régionale ne soit pas, à l’évidence, un processus monotone simple, mais varie dans le temps, appelle une explication. Dans la plu- part des pays développés, la vitesse de convergence régionale présente une décélération brutale, voire une inversion de tendance, à savoir l’augmentation de la dispersion des reve- nus régionaux depuis le milieu des années soixante-dix. La plupart des auteurs parlent de

« chocs exogènes » pour prendre en compte ces « écarts ». Ainsi Barro et Sala-i-Martin (1995) attribuent le récent ralentissement de la convergence à l’impact régional différencié du choc des prix pétroliers dans la première moitié des années soixante-dix en Europe, aux politiques économiques menées par Reagan aux États-Unis, et à la croissance exception- nelle de Tokyo au cours de la décennie quatre-vingt, au Japon. L’analyse de régression sur

7Si on suppose un taux de convergence uniforme pour toutes les régions et qu’on ne tient pas compte de l’hétérogénéité de l’espace économique, Canova et Marcet (1995) affirment que le modèle de régression de la croissance sous-estime considérablement le taux de convergence régionale. En accordant une attention plus minu- tieuse à la position initiale de chaque région, ils constatent qu’au lieu d’avoir une convergence absolue très lente, les régions européennes connaissent une convergence conditionnelle relativement rapide. En se fondant sur ce constat, ils récusent l’affirmation selon laquelle les régions européennes convergeraient vers un même équilibre et ils insistent sur le fait que le principal déterminant de la position d’équilibre d’une région est en réalité sa posi- tion dans la distribution interrégionale initiale des revenus.

8La « demi-vie » ou temps requis réduire de moitié l’écart initial dans le revenu relatif régional par habitant est donné par H = ln 2/– ln (1 – β).

GES_07_2_01_Martin Page 137 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(10)

138 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

la croissance ne nous permet pas de dire s’il est suffisant de faire appel à des événements

« exceptionnels » ad hoc ou si l’inversion de tendance de la convergence révèle un chan- gement systémique ou structural plus fondamental du processus de croissance régionale.

3. La nouvelle théorie de la croissance endogène

Vers le milieu des années quatre-vingt, on a « redécouvert » plusieurs problèmes posés par le modèle canonique néoclassique de la croissance. Une limite fondamentale tient à l’hypothèse des rendements décroissants dans la fonction de production (voir Tableau 3) ; le modèle prédit une baisse à long terme de la croissance de la production par habitant. Pour pallier cette faiblesse, le modèle inclut le progrès technique exogène, de sorte que la crois- sance à long terme devient elle aussi exogène, déterminée par des facteurs technologiques, autonomes par rapport au modèle. Cependant, lorsqu’on teste empiriquement le modèle, on voit que la part de la croissance observée attribuée au progrès technique « exogène », donc inexpliqué par le modèle, reste substantielle. De plus, comme nous l’avons déjà souligné, les valeurs données par le modèle de convergence des revenus par habitant ont semblé s’éloi- gner de plus en plus de la situation réelle, ce qu’atteste l’absence de convergence observée au niveau international et les fluctuations dans le processus de convergence, même au sein du groupe des pays industrialisés (Abramowitz 1986 ; Boltho et Holtham 1992) 9. Une réponse partielle fut d’élargir la fonction néoclassique de production en introduisant une mesure du capital humain (voir Tableau 3) en utilisant comme variable de substitution du niveau de formation (voir par exemple Mankiw et al., 1992). Bien que la prise en compte du capital humain réduise la vitesse attendue de la convergence, à long terme, les rendements continuent de diminuer. Par ailleurs, même en ajoutant une variable « capital humain », le modèle élargi prédit une convergence conditionnelle plutôt qu’une convergence absolue : ce n’est que dans le cas où les différences nationales dépendent de variables comme l’épargne ou la population qu’il est possible d’identifier la convergence (voir Tableau 4).

Le développement récent de la théorie de la croissance endogène constitue une réponse plus radicale aux défauts de l’approche néoclassique conventionnelle 10. La théorie de la croissance endogène est une réponse radicale au sens où elle introduit les rendements crois- sants dans la fonction de production pour établir le taux de croissance à long terme dans le modèle, c’est-à-dire de façon endogène 11. Dans la théorie de la croissance endogène, on dis-

9Il est clair que l’« âge d’or du capitalisme » entre 1950 et 1973 fut l’époque de la convergence la plus rapide des revenus par habitant et qu’il est difficile de l’expliquer en utilisant seulement le modèle néoclassique de base (voir Crafts et Toniolo, 1995).

10Buchanan et Yoon (1994) proposent un recueil utile d’articles montrant d’où viennent les rendements croissants et leur mode actuelle. Il existe cependant des critiques de la fonction de production néoclassique plus fondamentales. Scott (1992) par exemple écarte le concept de fonction de production arguant du fait que le facteur capital ne tient pas compte du taux d’amortissement ; sur ce point, la position de Scott fait écho à celle de Kaldor (1985).

11Le caractère central des rendements croissants pour les nouvelles théories de la croissance vient de la théorie du développement de Myrdal (1957), Hirschman (1958) et d’autres, qui prévoyaient une tendance à la causalité cumulative et à la divergence ; il vient également des modèles de croissance cumulative et de rendements croissants tirés par la demande, décrits par Kaldor (1985). Cependant, ce travail assez ancien était moins abstrait et mathéma- tique et plus descriptif que les théories endogènes. Selon Romer (1993) et Krugman (1995), les progrès récents dans la modélisation de la concurrence imparfaite ont permis de « sauver » des intuitions de tradition plus ancienne.

GES_07_2_01_Martin Page 138 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(11)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 139

tingue deux familles de modèles selon les types de rendements croissants (Tableau 4) : les modèles endogènes du capital élargi, les modèles endogènes d’innovation (Crafts 1996). Les modèles endogènes du « capital élargi » se subdivisent encore : ceux qui voient dans l’inves- tissement un moyen d’engendrer des externalités, et ceux qui privilégient le capital humain et établissent une relation entre le changement technologique et « l’apprentissage par la pratique », ainsi que « les effets d’entraînement de la connaissance ». La seconde famille, la théorie de la croissance endogène fondée sur l’innovation, est qualifiée également de schum- peterienne, dans la mesure où elle souligne les rendements des progrès techniques qui sur- viennent à la suite d’une innovation délibérée des producteurs 12. Dans le reste de cette troi- sième section, nous allons examiner successivement ces trois différentes classes de modèles.

12Voir Van de Klundert et Smulders (1992), Gould et Ruffin (1993) ainsi que Boltho et Holtham (1992), Crafts (1996) pour des recensions utiles des nouveaux modèles de croissance.

Tableau 3

Modèles de croissance néoclassique et modèles de croissance endogène Le modèle de croissance néoclassique standard

On l’obtient par la fonction de production

Y = TKaLb (a + b = 1 ; 0 < a < 1)

où Y est la production, T représente le niveau de technologie, qui est souvent appelé productivité totale des fac- teurs, K représente le capital physique et L le travail. Cette fonction a des rendements d’échelle constants et cha- que facteur a une productivité marginale positive mais décroissante.

Le modèle de croissance néoclassique augmenté

À la fonction de production, on ajoute une mesure du « capital humain » (H) et l’équation prend la forme : Y = TKaLbHc ((a + c) = 1)

Le modèle de croissance endogène avec capital élargi

On transforme la fonction de production habituelle et on ajoute des externalités à l’investissement, sous la forme :

où x représente les externalités, ou les rendements sociaux, qui donnent des rendements de l’investissement cons- tants plutôt que décroissants.

Le modèle de croissance endogène avec capital humain

Le progrès technique est vu comme le résultat de la recherche et de l’éducation via l’accumulation du capital humain :

où les rendements combinés du capital humain et physique sont supposés constants.

Le modèle de croissance schumpétérien ou le modèle de croissance endogène avec innovation La fonction de production qui sous-tend le modèle est :

où C est une constante et D est un indice de création de biens intermédiaires qui exprime le progrès lié à l’inno- vation. D croît avec la quantité de travail alloué en R&D et l’on suppose que le travail est utilisé avec des ren- dements constants, résultant des retombées de l’accroissement des connaissances techniques.

Y = Ka+xLb (a+x=1)

Y = KaLbHc (a+c=1)

Y = CKaLbDd (a+b+d=1)

GES_07_2_01_Martin Page 139 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(12)

140 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

Le modèle endogène du capital élargi modifie la fonction de production néoclassique habituelle en incluant des externalités de l’investissement (Tableau 3). Romer (1986) avance que l’investissement en capital engendre un « apprentissage par la pratique » (voir Arrow 1962), des effets d’entraînement et que, à travers ces externalités, la technologie devient un « bien commun ». Ainsi, le progrès technique devient endogène dans le proces- sus de croissance. Une des conséquences de cette approche est que l’investissement en capital physique est lié à la croissance tant aux plans statistiques (corrélation) que causal (voir De Long et Summers 1991). Plusieurs critiques formulées à l’encontre de ces modèles ont néanmoins eu un impact. Les taux élevés d’accumulation du capital physique semblent suivre, et non précéder, des périodes de croissance rapide (Blomstrom et al., 1996).

L’inconvénient majeur de ce type de modèle est l’absence avérée de réalisme à considérer le changement technique comme un « effet secondaire » d’autres activités, plutôt que le résultat d’actions et de choix délibérés des agents économiques (Romer, 1994 ; Crafts, 1995).

Une autre classe de modèles endogènes considère le progrès technique comme le résul- tat de la recherche et de l’éducation (R&E) et elle introduit le capital humain dans la fonc- tion de production 13. Ici, l’investissement en capital humain engendre des effets d’entraî- nement qui accroissent la productivité tant du capital physique que de la main-d’œuvre élargie (Lucas 1988). On suppose que le capital humain est acquis intentionnellement par les individus en vue d’accéder à des salaires réels plus élevés et que chaque génération de travailleurs assimile des idées transmises par la précédente, de sorte qu’il n’y a pas de décroissance des rendements. Une autre variante pose que les rendements croissants exter- nes, produits par le capital humain, sont réalisés lors de l’« apprentissage par la pratique » au sein même de l’activité proprement dite (Lucas, 1988). Compte tenu des différences nationales dans l’investissement en matière de R&E, le modèle implique donc que les écarts de revenus entre pays peuvent persister (voir Stockey, 1991 ; Lucas, 1993). Toutefois, ces modèles avec capital humain se heurtent au même problème que tous les modèles du capital élargi, à savoir la pertinence douteuse qu’il y a à montrer les rendements du capital, cons- tants ou croissants plutôt que décroissants. Plusieurs analyses ont permis d’établir que les

Tableau 4

Une typologie des « nouvelles » théories de la croissance

Forme de théorie de la croissance Quel moteur de croissance au service de la convergence ? Néoclassique élargie Capital physique et humain, progrès technique exogène, disponible partout.

Convergence lente et conditionnelle — dans des groupes de convergence ayant des structures socio-politiques semblables.

Capital élargi endogène Investissements en capital, rendements constants par des effets d’entraîne- ment de la connaissance. Divergence cumulative déterminée par le système de dépenses et la fiscalité appliquée par le gouvernement.

Avec capital humain Retombées des investissements réalisés dans l’éducation et la formation Innovation endogène

schumpétérienne

Innovation technologique réalisée par des producteurs oligopolistes, avec diffusion, transfert et imitation technologiques. Équilibres multiples et divergence persistante. Convergence de groupe et « capture » possibles.

13Cela conduit également au modèle de croissance endogène de Rebelo (1991) où A est une constante, syn- thèse de K et de H.

GES_07_2_01_Martin Page 140 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(13)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 141

rendements, même ceux du capital élargi, sont en réalité décroissants à long terme (Mankiw et al., 1992 ; Levine et Renelt, 1992 ; Islam, 1995). C’est en partie pour cette raison que l’attention s’est portée sur des modèles faisant intervenir explicitement le progrès technique.

Dans la théorie de la croissance endogène schumpeterienne, les améliorations techni- ques apportées, en vue d’une recherche de profit, constituent le principal moteur de l’élé- vation des niveaux de vie. Au lieu de considérer le progrès technique comme un effet secondaire ou comme une externalité, les modèles schumpeteriens essaient de l’expliquer.

L’incitation des entreprises à entreprendre des activités de recherche et de développement, notamment, tient à l’opportunité qu’offrent les biens nouveaux à produire des profits de monopole temporaire (Romer, 1990 ; Grossman et Helpman, 1991 ; Aghion et Howitt, 1993). Selon ce modèle, la concurrence imparfaite permet aux firmes de capter suffisam- ment de profits pour couvrir les dépenses en R&D ; en développant un nouveau modèle qui autorise une légère augmentation de « l’échelle de qualité », les entreprises peuvent capter des rentes dont jouissaient jusque-là les producteurs des générations antérieures du produit.

Par la suite, ces innovations deviennent des facteurs intermédiaires pour les autres entrepri- ses, de sorte qu’elles déterminent le taux global de croissance. La croissance dépend en général du bilan des coûts et des avantages de la recherche et elle est directement influencée par l’allocation des ressources à l’innovation, par la taille des marchés, la productivité du travail investi dans la recherche et le degré de pouvoir attendu sur le marché dont jouissent les innovateurs. Comme nous le verrons, cette analyse est contestée sur plusieurs points.

Ces modèles endogènes de l’innovation introduisent une cause supplémentaire de diver- gence potentielle dans les schémas de croissance. Mais ce constat est plus compliqué encore en raison de la nécessité de prendre en compte les processus de transfert de techno- logie et de leur diffusion. Des études récentes du progrès technique ont montré que la crois- sance rapide était une fonction à la fois de l’accès à de nouvelles conceptions d’innovation et de leur diffusion à travers la structure productive (Romer 1993). Il arrive que des pays montrent des « aptitudes sociales » différentes pour assimiler les nouvelles technologies, les appliquer et s’y adapter (Abramovitz, 1986). Or, comme l’imitation est meilleur marché que l’innovation, il se produit un processus de convergence de groupe entre des économies interdépendantes, lorsque des découvertes sont faites dans l’économie « pionnière », imi- tée relativement vite par les pays « suiveurs » (Barro et Sala-i-Martin, 1995). Ainsi, en posant, comme hypothèse, le transfert technologique, les modèles endogènes d’innovation, tout comme les modèles néoclassiques augmentés, peuvent également engendrer la forma- tion de groupes et la convergence conditionnelle (Gould et Ruffin, 1993 ; Barro et Sala-i- Martin, 1994). Un intérêt de plus en plus grand apparaît en effet pour savoir si, et de quelle façon, les échanges, en permettant la diffusion de nouvelles idées et en augmentant l’inci- tation à innover, accroissent le taux de progrès technique et donc de croissance (Grossman et Helpman, 1991 ; Rivera Batiz et Romer, 1991 ; Ben David, 1993) 14. Les effets des

14Young (1991) affirme par exemple que l’impact des échanges dépend de la structure de spécialisation que ces derniers ont induite. Il avance que le développement de produits nouveaux suit un modèle cyclique. Les inno- vations sont progressivement assimilées et deviennent rentables grâce à l’apprentissage par la pratique et tant que ces processus perdurent, on constate l’augmentation des rendements. Il existe cependant une limite aux progrès réalisés à travers l’apprentissage et dès que la limite est atteinte, les rendements deviennent décroissants. Cepen- dant aucun de ces processus n’est fatal, puisque les producteurs nationaux peuvent se révéler incapables de sur- vivre à la concurrence étrangère.

GES_07_2_01_Martin Page 141 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(14)

142 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

échanges diffèrent selon que ces derniers entraînent une spécialisation des pays dans des activités et secteurs où il existe une marge pour les retombées technologiques ou qu’ils encouragent une spécialisation dans des industries de main-d’œuvre ou à faible technolo- gie (c’est également un problème de la « théorie du commerce stratégique » : voir notam- ment Krugman, 1993).

L’intérêt croissant porté à la manière dont les échanges agissent sur la répartition de la croissance économique n’est pas la seule raison qui valide la pertinence des modèles endo- gènes pour la géographie économique. L’accent mis sur les rendements croissants suscite la question de savoir si et jusqu’à quel point ces rendements ont une base géographique ou sont localisés. En soulignant que les rendements croissants proviennent de différents types d’investissement, la nouvelle économie de la croissance implique que les institutions et la politique mise en œuvre peuvent avoir un impact plus fort sur le taux de croissance que les modèles néoclassiques (Crafts, 1996). Deux domaines du débat politique ont été stimulés par les nouvelles théories de la croissance. Le premier a trait à l’impact des politiques fis- cales et des infrastructures sur la croissance nationale (voir, par exemple, Barro, 1991 ; Rebelo, 1991 ; Sala-i-Martin, 1994 ; Levine et Renelt, 1992 ; Esterly et Rebelo, 1993), et le second, à l’échelle des ressources et des incitations disponibles pour les secteurs inno- vants. Ces deux aspects intéressent également la question de la croissance régionale, sur- tout depuis que les chercheurs en géographie économique se sont intéressés au rôle de la

« épaisseur » institutionnelle locale et à l’intervention de l’État (local et central) sur les tra- jectoires du développement régional. Les implications et des dimensions spatiales de la théorie de la croissance endogène justifient une discussion plus approfondie.

4. Le développement régional endogène

Une recension récente sur la convergence régionale se termine ainsi : « Le plus grand défi méthodologique (…) est peut-être l’adaptation des concepts et techniques de la nou- velle théorie de la croissance à un contexte régional » (Armstrong et Vickerman, 1995, 19).

Jusqu’à ce jour, rares furent les tentatives conduites explicitement dans ce sens et pour for- muler des modèles régionaux de croissance endogène, même si des signes montrent que cela est sans doute en train de changer (voir Benabou, 1993, 1996 ; Bertola, 1993 ; Cheshire et Carbonaro, 1995 ; Sala-i-Martin, 1994). Le développement de la théorie de la croissance endogène rouvre le débat sur les processus des causes cumulatives dans le développement régional et l’étend 15. La lenteur de la convergence régionale, telle qu’elle apparaît dans la section 2 et la tendance au groupement spatial des régions à croissance rapide et à crois- sance lente suggèrent que les principaux processus de croissance mis en avant par les nou- velles théories de la croissance ont une action alternative : soit ils agissent de façon diffé- renciée dans l’espace, soit ils sécrètent l’inégal développement. Dans cette section, nous prenons en compte la dimension spatiale de ces processus, en traitant trois thèmes

15Bien que l’idée de causalité cumulative soit connue depuis longtemps en géographie économique, nom- breux sont ceux qui affirment qu’elle n’a jamais été pleinement prise en compte dans les modèles régionaux (Armstrong et Taylor, 1993). La théorie de la croissance endogène pourrait être le déclencheur qui permettrait cette prise en compte, tout en apportant un éclairage sur les limites endogènes des processus cumulatifs.

GES_07_2_01_Martin Page 142 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(15)

R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154 143

interdépendants : l’importance et la signification spatiale éventuelle des rendements crois- sants et des externalités ; le rôle que joue le développement du capital humain dans les éco- nomies régionales ; l’importance et de l’innovation technologique et du transfert de tech- nologie.

Comme nous l’avons écrit dans la section 3, la théorie de la croissance endogène repose sur l’existence de rendements croissants et d’externalités positives. Le recours aux exter- nalités et aux rendements croissants est évidemment de tradition ancienne en analyse urbaine et régionale, tradition reprise récemment (voir Phelps, 1992). Les chercheurs en géographie économique ont utilisé les économies externes néo-marshalliennes pour expli- quer l’émergence et le succès des nouveaux districts industriels de même que l’agrégation spatiale des entreprises a servi à expliquer l’avantage concurrentiel des nations (Scott, 1988 ; Porter, 1990) 16. Il convient de noter également un regain d’intérêt pour les écono- mies, en termes monétaires, venant de l’agglomération d’entreprises de différents secteurs en milieu urbain (Krugman, 1991). Ces deux sources de rendements croissants impliquent que le développement régional a une forte dépendance de sentier ; la conjoncture et les chocs, de même que les « accidents » historiques, peuvent avoir un effet permanent, au fur et à mesure que les styles de spécialisation, les formes de succès ou de retard économiques se trouvent « verrouillées » sous l’action de forces exogènes ou d’autorenforcement.

L’implication de la croissance endogène tient à l’existence d’autres types d’externalités, au développement du capital humain et à la position de leader technologique notamment, les- quels œuvrent aussi pour « verrouiller » les structures régionales de spécialisation indus- trielle. Cependant, jusqu’à présent, la nouvelle théorie de la croissance n’a toujours pas accordé l’attention qu’il fallait aux dimensions spatiales de ces externalités. On suppose habituellement que les externalités et les effets d’entraînement sont parfaitement mobiles entre les activités et les secteurs d’un même pays, voire entre pays différents. Il est cepen- dant nécessaire d’en savoir davantage sur les réalités géographiques de ces externalités et effets d’entraînement, en particulier sur tout ce qui touche au capital humain et au dévelop- pement technologique.

Tandis que l’étude du développement régional du capital humain demeure peu explorée, un intérêt de plus en plus marqué émerge, en économie, pour les relations qui existent en un même lieu entre capital humain et performance économique. Ces relations portent sur la base locale des compétences et le poids de la formation de la main-d’œuvre locale, dans la mesure où les ressources humaines sont bien moins mobiles que le capital tout en repré- sentant une composante clé du potentiel indigène et de la compétitivité des lieux et des régions 17. Un des thèmes souligne que la formation du capital humain est une activité col- lective englobant des externalités qui renforcent la persistance d’inégalités socio-économi- ques, en particulier dans les villes. Ces externalités comprennent l’aptitude des communau- tés locales à fournir des ressources pour l’éducation et à produire un ensemble de règles, de normes et d’effets d’accompagnement que l’on résume souvent par le terme de « capital

16Bien que l’essentiel des travaux réalisés ait trait à l’industrie, on a récemment affirmé que les rendements croissants prenaient de l’importance pour les activités de services.

17De fait, on a souvent utilisé indifféremment croissance endogène et croissance indigène dans les travaux régionaux récents. Cependant, nous affirmons qu’il s’agit d’une erreur et que la confusion entre les termes peut conduire à des implications erronées en termes de politique.

GES_07_2_01_Martin Page 143 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

(16)

144 R. Martin, P. Sunley / Géographie, Économie, Société 7 (2005) 129-154

social » (Benabou, 1993, 1994). En ce sens, l’investissement en capital humain est un bien public local. Durlauf (1994) a également avancé, à propos de la ségrégation socio-écono- mique, que les effets de voisinage constituent le vecteur de transmission du statut écono- mique d’une génération à l’autre. Ces assertions pour la plupart proviennent de l’observa- tion de la réalité du milieu urbain aux États-Unis, mais l’on peut également observer des effets similaires à l’échelle régionale et dans d’autres contrées.

On peut aborder les connexions possibles entre les variations spatiales observées du capital humain et les différences dans le niveau de productivité et la croissance, sous un autre angle. Il est établi que le profil d’éducation de la main-d’œuvre constitue l’un des fac- teurs qui sous-tendent la différenciation interurbaine et régionale de l’évolution de la pro- ductivité (Lucas, 1988 ; Mullen et Williams, 1990 ; Ke et Bergman, 1995). Si des groupes de travailleurs hautement qualifiés jouissant d’un niveau de formation supérieure sont concentrés spatialement, alors ils pourront davantage échanger des idées, ce qui accélérera le progrès technique dans les activités locales (Rauch, 1993). Selon Bradley et Taylor (1996), les localités faibles socio-économiquement et dont les performances économiques sont médiocres tendent à se distinguer par des scores modestes en termes d’éducation 18. Selon eux, l’interaction entre système scolaire et performances économiques, au niveau local, donne naissance à un processus d’auto-entretien des structures spatiales de création de richesse et d’appauvrissement. Les disparités régionales des revenus réels telles qu’elles se reflètent dans l’investissement en matière d’éducation et de formation joueraient un rôle important dans ce processus (voir Bennett et al., 1995, pour le cas du Royaume-Uni). Une fois encore, la dépendance par rapport à la trajectoire suivie est importante puisque les régions traditionnellement spécialisées dans des secteurs où les retombées pour l’éducation sont faibles souffriraient de désavantages cumulatifs par rapport aux régions économique- ment dynamiques, hautement spécialisées.

Ces analyses laissent penser que la migration des travailleurs hautement qualifiés, les mieux formés et les plus entreprenants, est spatialement déséquilibrée puisqu’elle favorise les régions cibles au détriment des régions d’origine. Dans de nombreux modèles, la migra- tion du travail hautement qualifié vers des zones déjà bien dotées en travailleurs ayant ces caractéristiques est le mécanisme clé qui renforce la différenciation de la croissance et de la prospérité régionales (Bradley & Taylor, 1996). Contrastant avec les avantages pour les régions de destination, les régions d’origine tendent à être délaissées et restent avec une main-d’œuvre moins qualifiée, moins entreprenante et moins bien formée, intensifiant de la sorte leurs désavantages relatifs en termes de capital humain. Dans le modèle endogène de croissance localisée de Bertola (1993), le capital et le travail montrent une propension à se déplacer vers des régions prospères, créant dans ces régions des rendements croissants qui entretiennent les inégalités régionales de revenus. Ces études montrent également que les effets d’entraînement géographique des externalités et des rendements croissants res- tent confinés aux régions limitrophes : cela pourrait expliquer le groupement spatial des régions dynamiques, noté dans la section 2.

18Cette conjonction, à son tour, a des effets néfastes à long terme sur le développement économique et sur la structure socio-professionnelle de ces localités. La conclusion de Bradley et de Taylor se fonde sur l’analyse sta- tistique de l’interaction entre les ressources d’éducation, le profil socio-économique et les résultats économiques des districts scolaires anglais.

GES_07_2_01_Martin Page 144 Mardi, 14. juin 2005 9:56 09 > Apogee FrameMaker Noir

Références

Documents relatifs

Mais on peut éga- lement y inscrire les pôles de technologie (le syndrome des « vallées » à la suite de la Sili- con Valley et de la génération de ces pôles dans la plupart des

Après avoir repris les fondements analytiques de la notion de gouvernance et discuté du territoire en tant que système organisé et en terme de proximités, nous vérifierons le cadre

Après avoir abordé en quoi cette inscription territoriale peut être utile à la stratégie globale du groupe, notamment dans le domaine de l’emploi, nous conduirons une réflexion

Enfin, au travers de l’histoire de l’industrie aromatique et de la parfumerie de Grasse et de la reconversion des Chantiers Navals de la Ciotat, nous nous attacherons à montrer que,

Trois types de dynamiques de l’appareil productif, sont identifiés : l’agglomération, la spécialisation et la spécification (Zimmermann, 1998). « L’agglomération » est le

L’objet de cette première section est de mettre en évidence, à partir de l’expérience de Rhône-Alpes, le rôle du potentiel scientifique local ou régional — en tant que

177 La contribution des réformes institutionnelles des métropoles à la transfor- mation de l’État keynésien : un bilan des expériences ouest-européennes Bernard Jouve. 193

Les symptômes de cette « nouvelle » condition urbaine seront décrits dans le contexte de processus, plus larges et souvent contradictoires, qui se sont emparés du monde laissant