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Géographie Économie Société: Article pp.345-364 of Vol.15 n°4 (2013)

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Géographie, économie, Société 15 (2013) 345-364

doi:10.3166/ges.15.345-364 © 2013 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

géographie économie société géographie économie société

Mesurer pour comprendre les dynamiques territoriales et nourrir les politiques locales

1

Measuring to understand the regional dynamics

and producing knowledge for public policies

Anne Le Roy

a*

et Fiona Ottaviani

b

a Maître de Conférences en Économie

b Doctorante en Économie

Centre de Recherche en Économie de Grenoble - CREG - Université Pierre Mendès France – UPMF – 1221 rue des universités BP 47 – 38040 Grenoble Cedex 9

Résumé

Avec l’évolution de l’action publique locale, les professionnels de la politique de la ville ont dû faire face à un besoin d’informations nouvelles les conduisant à observer différemment afin de révéler certains éléments de la vie sociale jusqu’alors invisible. Les limites des statistiques existantes et la nécessité d’avoir une compréhension fine des dynamiques territoriales les ont, progressivement, amenés à s’interroger sur la manière de repérer et de mesurer les richesses territoriales non décelées par les mesures existantes.

La démarche ainsi construite s’inscrit dans une perspective de création de nouveaux indicateurs pour une meilleure connaissance des richesses sur lesquelles s’appuie, et/ou peut s’appuyer, la dynamique des territoires et à partir desquelles l’action publique locale peut être pensée. Il s’agit

1 Version remaniée d’une communication présentée lors du Colloque GEMDEV - Mesure du développement – organisé par l’UNESCO, Paris, 1er au 3 février 2012

Nous tenons à remercier les deux rapporteurs anonymes qui ont permis d’améliorer, par leurs commentaires, une version antérieure de ce papier.

*Adresse email : anne.leroy@upmf-grenoble.fr

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alors de mesurer pour mettre en exergue les dynamiques territoriales et ainsi produire de la connais- sance au service de l’action publique.

© 2013 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Summary

In a context of transformation of local public action, public policy actors have a need for new infor- mation leading them to observe differently in order to reveal the "invisible".

The inadequacy of existing statistics and the necessity of having a precise understanding of territorial dynamics brought them to question the way of measuring the territorial richness that is not revealed by existing data. Our approach seeks to create new indicators for better knowledge of the wealth on which the dynamics of territories leans and from which local public action can be thought. Measure is therefore used to reveal territorial dynamics and to produce knowledge for public policies.

© 2013 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : bien-être, dynamique territoriale, mesure, observation, politique locale.

Keywords: well-being, territorial development, data, observation, local policy.

« On ne peut faire place à une action nouvelle qu’à partir du déplacement ou de la destruction de ce qui préexistait et la modification de l’état de choses existants. Ces transformations ne sont possibles que du fait que nous possédons la faculté de nous écarter par la pensée de notre environnement et d’imaginer que les choses pourraient être différentes de ce qu’elles sont en réalité. » (Arendt, 1972, p. 9)

Introduction

La décentralisation et la territorialisation des politiques publiques impliquent une plus grande autonomie des décisions des pouvoirs locaux. Ces mutations entraînent une reconfiguration des politiques au niveau local, caractérisées alors par des actions plus larges et plus transversales, donc plus complexes. Cette transformation du rôle des pou- voirs locaux, dans un contexte de crises, est à l’origine de nouveaux besoins d’informa- tion à cette échelle (Le Roy et Offredi, 2011, p. 192).

Ces nouveaux besoins d’information se traduisent par de nouvelles demandes de don- nées statistiques qui s’inscrivent dans la récente extension de l’usage des indicateurs quantifiés. En effet, les outils quantitatifs ne sont pas seulement des outils de preuve utilisés par les experts pour étayer leurs arguments, mais aussi des outils de coordination et de gouvernement (Lascoumes et Le Galès, 2004). Aujourd’hui, dans le cadre du New Public Management (NPM), ils induisent un renforcement des effets de rétroaction sur les situations et les comportements des acteurs, ceux-ci tendant à se focaliser sur l’indicateur et non sur l’action elle-même (Desrosière, 2010). La production de données quantifiées ne peut en effet se résumer à la métrologie de la statistique publique. Expliciter le rôle de la quantification selon les contextes argumentatifs et politiques devient donc nécessaire,

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et ce d’autant plus que nous sommes confrontés à la multiplication des indicateurs et parfois à leurs utilisations abusives. Cet attrait du chiffre n’est en effet pas sans danger : son recours peut devenir néfaste en éloignant élus et citoyens des véritables finalités des actions publiques et en faisant de la valeur obtenue un indicateur pour l’objectif de la politique, pour ne pas dire la valeur de cette dernière, comme le révèlent certaines évo- lutions suite à la mise en place de la Loi Organique relative aux Lois de Finances2. Or, le recours croissant à la donnée chiffrée ne s’est pas suffisamment traduit par un approfon- dissement de la réflexion sur les modalités de conception et d’utilisation et de celle-ci, alors même que les travaux menés sur la question des indicateurs alternatifs à l’échelle nationale (Stiglizt-Sen, 2009 puis INSEE, 2011, 2012 et 2013), européenne (Conseil de l’Europe, 2005 ; Conseil d’analyse économique et Conseil allemand des experts en éco- nomie, 2010) ou internationale (OCDE, 2011) témoignent de la prégnance actuelle de ces questionnements et de la nécessité de repenser les modalités et les objets de la mesure.

Prenant acte du rôle du chiffre dans les manières de gouverner, de ses usages et mésu- sages, et plus généralement des apports et des méfaits de la mesure dans le cadre des politiques publiques, des acteurs de la politique de ville de l’agglomération grenobloise ont mis en place un groupe de travail visant à réfléchir sur la manière d’observer (Clot, 2010). Face à la complexité croissante des politiques publiques sur fond de contractuali- sation, leur objectif était de porter un regard différent sur leur territoire d’intervention, en se situant de manière explicite dans la lignée des travaux sur les nouveaux indicateurs de richesse (Perret, 2002, Jany-Catrice et Gadrey, 2005 et 2007). Percevant que la richesse des quartiers ne peut se résumer à celle se présentant sous une forme monétaire et/ou matérielle, les professionnels de la politique de la ville prennent de la distance par rapport à la vision économique de la richesse. Si « cette apparente évidence est le fruit de conven- tions qui ont été établies par des hommes d’un autre siècle et pour les besoins d’un autre temps » (Méda, 2011, p. 7), elles ne permettent plus de révéler l’ensemble des richesses des quartiers, monétaires et non monétaires mais aussi matérielles, et non matérielles.

En lien avec la parution du rapport Viveret (2002) Reconsidérer la richesse et dans le prolongement des idées développées par D. Méda (1999), cette réflexion impulsée en 2002 par les professionnels de la politique de la ville en lien avec un collectif d’associations débouchera en 2009 sur une recherche-action impliquant des économistes de l’Université de Grenoble3. L’objectif est alors de révéler les informations générées, et/ou non générées, par la donnée existante à travers une tentative de création d’une base de données sociales à l’échelle locale (Annexe 1). De cette expérience (Ottaviani, 2010) que nous présenterons dans un premier temps, nous avons tiré deux conclusions : (1) la création de nouveaux indi- cateurs susceptibles d’améliorer l’observation sociale locale suppose la création de données nouvelles et (2) cette création ne peut être utile que si elle s’accompagne d’une révision de

2 Si la LOLF repose sur une généralisation d’une démarche visant à expliciter les objectifs de l’action publique et à en évaluer les résultats, elle est à l’origine d’une production croissante d’indicateurs tous azimuts, avec parfois un détournement de leurs usages. Or, dans ce contexte institutionnel (LOLF), la définition d’indi- cateurs de performance appropriés constitue un enjeu de première importance dans la conception et la mise en œuvre de la politique publique (Bureau D. et al, in RFSA, 2010).

3 À l’origine, ce groupe était composé de : Claudine Offredi, Anne Le Roy et Fiona Ottaviani, toutes trois économistes de l’Université Pierre Mendès France et d’Alain Parant démographe de l’Institut National des Études Démographiques.

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notre manière de créer des indicateurs en associant différents types de savoirs et de disci- plines. En effet, pour être utiles à l’action publique, les indicateurs créés à partir de données nouvelles doivent être au centre d’un débat mobilisant une pluralité d’acteurs et de savoirs.

Dès lors, comme le montrera notre deuxième partie, il s’agit d’articuler savoir expert et savoir profane en conciliant les méthodologies quantitatives, qualitatives et participatives dans le cadre de réflexions s’appuyant tant sur les concepts et outils de l’économie, de la sociologie que sur ceux des urbanistes et des politologues. Cette démarche a conduit le groupe ainsi constitué à prolonger son travail autour d’un projet, en cours, de construction d’Indicateurs de Bien être Soutenable Territorial –IBEST 4 (Annexe 1).

1. Enseignements d’une recherche-action d’observation locale alternative

À l’origine de cette réflexion collective se trouve le souhait des professionnels de la poli- tique de la ville d’observer différemment leurs territoires d’intervention. En effet, les données locales existantes s’avéraient inadéquates et/ou insuffisantes pour évaluer à mi-parcours le contrat de ville. Pour bénéficier de la manne financière de l’État, il fallait que les indicateurs utilisés débouchent quasi systématiquement sur l’établissement de tableaux noirs des quar- tiers prioritaires (Clot, 2010). Les quartiers de la politique de la ville sont en effet d’abord qualifiés par des taux de chômage, de Rmistes, des chiffres d’actes de délinquance… et jamais par un nombre d’emplois existants et/ou créés, un tissu associatif dense, et plus glo- balement par ce qui participe au « bien-être » des habitants. C’est la volonté de rompre avec cette vision stigmatisante des territoires et de leurs habitants, associée aux difficultés rencon- trées pour révéler l’impact de l’intervention publique qui ont motivé les professionnels de la politique de la ville de l’agglomération grenobloise à s’engager dans ce projet.

Cette volonté de transformer les représentations existantes traduit un besoin d’infor- mations nouveau à l’échelon local, afin de valoriser les ressources et les potentiels des territoires d’intervention. Dans cette optique, il devient nécessaire de déceler certaines dynamiques jusqu’alors non révélées, parce qu’invisibles à partir des données existantes, afin de renforcer la connaissance des territoires dans une optique d’aide à la décision et de transformation de l’action publique (Le Roy et Offredi, 2011).

Dans un premier temps, les professionnels de la politique de la ville à l’origine de ce projet ont voulu enrichir l’observation locale à l’échelle infra-communale en créant une base de données sociales à partir des données existantes. Avec l’appui des universitaires, ils ont testé la pertinence d’une telle base de données (1.1.) et ainsi ouvert de nouvelles pistes de réflexion destinées à produire de la connaissance utile à l’action publique locale (1.2.).

1.1. La faisabilité d’une base de données au service de l’observation locale

En 2002, un groupe de travail composé de techniciens liés à la politique de la ville (METRO, ville de Grenoble, AURG, Conseil Général) et d’associations s’est formé pour

4 IBEST est un projet de construction d’indicateurs alternatifs mené sur la période 2011-2014, porté le Centre de Recherche d’Économie de Grenoble de l’Université Pierre Mendès France, animé par un groupe de chercheurs pluridisciplinaires de l’Université Pierre Mendès France, financé par la région Rhône-Alpes et ayant comme terrain d’expérimentation la communauté d’agglomération grenobloise (http://creg.upmf-grenoble.fr/

production-scientifique/operations-de-recherche/projet-ibest-174980.htm).

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travailler sur l’observation sociale au niveau local. D’abord tenté de développer un indi- cateur synthétique proche du Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté (BIP 40) créé par le réseau d’alerte sur les inégalités5, le groupe s’est finalement dirigé vers la création d’une base de données sociales. Il a alors sollicité un groupe d’économistes du Centre de Recherche d’Économie de Grenoble pour lui apporter un soutien théorique et méthodolo- gique afin de changer le regard porté sur ces territoires (Annexe 1).

1.1.1. Changer de regard…

Issue de la prise de conscience des enjeux associés à la comptabilisation des phé- nomènes socio-économiques, cette démarche collective s’appuie tout naturellement sur les réflexions de la sociologie de la quantification, plus particulièrement celles déve- loppées par Alain Desrosières permettant de mieux cerner ce que mesurer signifie. En effet, « l’emploi immodéré du mot mesurer induit en erreur, en laissant dans l’ombre les conventions de quantification » (Desrosières et Kott, 2005, p. 2). Il tend à faire croire que la réalité pourrait être directement mesurée et que les indicateurs ne sont pas par essence des constructions techniques et sociales. L’acte de quantification consiste à convenir des phénomènes à considérer, de la manière de le faire, etc. pour ensuite mesu- rer (Desrosières, 2008). L’on comprend bien dès lors que les chiffres ne font pas que refléter certaines réalités mais tendent également à instituer celles-ci. Cette dimension socialement et historiquement située de la mesure et le caractère performatif du chiffre sont au cœur de la problématique autour des indicateurs alternatifs qui se développent aujourd’hui (Gadrey et Janay-Catrice, 2007 ; Cassiers 2010 ; Alternatives économiques, 2011, Jany-Catrice, 2012). Au-delà du simple fait de quantifier des réalités nouvelles, il s’agit en effet de pointer les effets sociaux de la quantification pour mettre en lumière la dimension fortement politique et stratégique de telles constructions. Dès lors, l’acte de quantification ne peut être ramené à un protocole prédéfini et standardisé mais est un processus long et complexe qui doit impliquer une pluralité d’acteurs. Dans le cas étudié, ce processus émerge d’un croisement de préoccupations plurielles : c’est en effet une ren- contre entre les approches de la politique de la ville, des nouveaux indicateurs de richesse (Gadrey et Jany-Catrice, 2007 ; Meda, 1999 ; Perret, 2002 ; Viveret, 2002), de la démocra- tie participative (Latour, 1999 ; Callon, Lascoumes et Barthe, 2008) et du développement durable. Ainsi, des réflexions portant sur l’échelle macro-sociale ont trouvé leur écho à l’échelle locale, une logique analogue présidant à ces deux mouvements de réflexion :

« pour changer de cap », il faut dégripper « la boussole » (Cassiers, 2009). La question devient alors : comment changer de regard ? Sur quelles postures méthodologiques peut- on s’appuyer pour mesurer les dynamiques à l’œuvre dans les quartiers et ainsi renouveler l’action publique locale ?

5 Voir http://www.bip40.org/.

Clin d’œil ironique au PIB eu au CAC 40, deux indicateurs phares des décisions économiques, le BIP 40 a dans un premier temps séduit le collectif grenoblois qui s’est ensuite détaché de cette perspective, a minima pour deux raisons : (1) le BIP 40 met avant tout l’accent sur des manques et ne permet donc pas de révéler les ressources monétaires et non monétaires des territoires ; (2) une transposition à l’échelle locale d’un indicateur conçu et testé à l’échelle nationale ne répondait pas suffisamment aux besoins exprimés par les porteurs du projet grenoblois soucieux de développer une observation fine de leurs territoires.

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1.1.2. ...Via la constitution d’une base de données sociales infra-communales ? Afin d’observer différemment et de quantifier les dynamiques des quartiers, le choix du groupe s’est porté sur la constitution d’une base de données sociales à l’échelle infra- communale, plutôt que celui d’un indicateur synthétique. Cette décision a été motivée par le fait que ce type de mise en forme de la donnée permet d’appréhender plus finement les phénomènes à l’œuvre sur le territoire. De plus, la construction d’une base de données sociales apparaissait plus adaptée aux besoins chiffrés des acteurs locaux : par exemple, un tel tableau de bord présentait l’intérêt d’alimenter en données chiffrées les Contrats Urbains de Cohésion Sociale (CUCS) dont la constitution, comme l’évaluation, s’appuient très lar- gement sur des indicateurs chiffrés et leur évolution. En optant pour une base de données, on évite également les délicates questions liées à la pondération à donner à chaque indicateur et à la substituabilité d’une dimension à une autre. Pour autant, la création d’une base de données sociales n’est pas contradictoire avec la mise en œuvre, par la suite, d’un indicateur synthétique qui s’appuierait sur les indicateurs présents dans celle-ci. Si ce qui a conduit à la stigmatisation de ces territoires et de leurs habitants provient en grande partie des indi- cateurs utilisés pour observer l’état de ces quartiers, il s’agissait dès lors d’utiliser cette

« force » du chiffre pour renverser la tendance en pointant les ressources et les potentiels de ces territoires. En ce sens il s’agit bien de mesurer pour révéler les dynamiques à l’œuvre.

Le type de construction étant posé, le groupe s’est ensuite interrogé collectivement sur la construction de cette base. Afin d’appréhender l’ensemble de la richesse des quar- tiers, monétaire et non monétaire, deux entrées incontournables ont émergé et, in fine, ont structuré la base de données (Annexe 2).

• La première entrée, dénommée « citoyenneté », concerne l’implication des habi- tants dans la vie de leurs quartiers, de leurs communes et de l’agglomération gre- nobloise. Elle se décompose en quatre dimensions : (1) la vitalité démocratique renseignée par exemple par le taux de participation aux différentes élections, (2) la vitalité participative alimentée par des taux de participation aux instances par- ticipatives, (3) la vitalité associative nourrie par des indicateurs comme le taux de personnes impliquées dans une association ou l’évolution du nombre et du type d’associations créées, (4) la vitalité des comportements civiques.

• La seconde entrée, intitulée « bien-être », fait référence à la richesse qu’offre le territoire notamment en termes de services. Elle se structure en quatre dimensions : (1) les aménités urbaines en référence aux équipements sportifs ou culturels saisies en termes de temps d’accès depuis son logement, (2) la sécurité de l’emploi et économique renseignée à partir des données liées au travail et au confort écono- mique appréhendé via les ressources monétaires, (3) les conditions de logement des habitants à partir d’indicateurs du cadre de vie, (4) la situation démographique des quartiers via des analyses structurelles par âge et genre.

Il s’agissait dans cette base de quantifier, de manière explicite, des préoccupations présentes dans la politique de la ville dès ses origines mais pourtant peu appréhendées et mesurées. Ainsi, la participation présentée comme centrale dans la politique de la ville, comme en témoigne le rapport « Ensemble refaire la ville » de H. Dubedout de 1983, n’a jamais fait l’objet d’une quelconque mesure. De même, l’offre du territoire en matière de services et de qualité de vie, même si elle est au centre du principe de justice et d’égalité recherché dans le cadre de ces politiques, reste pour l’instant peu mesurée.

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La base de données formée par le groupe s’est donc structurée autour de ces deux pré- occupations, au cœur de l’action publique urbaine, qui elles-mêmes ont été déclinées par dimensions (vitalité démocratique, vitalité associative, aménités urbaines, logement, etc., Annexe 2) pour lesquelles des indicateurs pressentis comme pertinents ont été identifiés.

Les trois niveaux géographiques retenus afin de renseigner ces indicateurs sont le quar- tier, la commune et l’agglomération.

Dans un premier temps, ont été écartés de la base de données les indicateurs ne respec- tant pas au moins une des propriétés définies par Perret (2002) afin de déterminer la qua- lité d’un indicateur6. Ce filtrage nous a permis d’évincer un indicateur tel que le « montant moyen des dons de campagne électorale » car il ne répondait pas à certains de ces critères.

En effet, ce dernier indicateur, choisi pour être révélateur d’un mode de participation des personnes à la vie politique est plurivoque, peu représentatif du phénomène considéré et difficilement interprétable7 (Ottaviani, 2010). Si le respect des cinq propriétés de Perret est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante pour assurer que l’indicateur en question soit utile à la compréhension des dynamiques territoriales.

Ensuite, une phase importante de cette recherche-action a été de tester la faisabilité d’une telle base, à travers la récolte des données auprès de divers organismes, sachant que trois contraintes s’imposaient à nous : (1) la nécessité d’utiliser la donnée existante, (2) la volonté de créer des indicateurs à une échelle infra-communale, (3) la nécessité de pouvoir récolter la même donnée dans des intervalles de temps réguliers et dans des limites de coûts raisonnables.

Suite à ces deux étapes, une phase réflexive nous a permis de faire le point sur les apports et les limites de cette démarche de construction d’une base de données sociales à partir de l’existant.

1.2. Premier bilan du test de faisabilité

Le test de faisabilité de la base de données a été très enrichissant pour notre réflexion sur la manière de procéder pour enrichir l’observation locale. Il nous a permis de révé- ler les manques de l’information territoriale existante, nous renseignant en creux sur les outils nouveaux et les méthodes à construire pour enrichir l’observation locale et la rendre utile aux politiques locales (Le Roy et Ottaviani, 2011b). Par ailleurs, ce travail collectif a alimenté notre réflexion sur le « bien-vivre ensemble » en nous confortant sur la nécessité d’élargir le débat à une pluralité d’acteurs (élus, citoyens, universitaires d’autres disci- plines) et en nous amenant à opter pour une approche en termes de bien-être.

6 Ces propriétés sont au nombre de cinq : (1) l’univocité, (2) la représentativité, (3) la clarté normative, (4) la fiabilité et la régularité des données, et enfin (5) la comparabilité dans le temps et/ou dans l’espace.

7 Une première raison de ce rejet vient du fait que les dons de campagne représentent en montant absolu des enveloppes peu importantes. Qui plus est, pour appréhender « l’effort réel » fourni par les personnes, il aurait fallu rapporter le montant des dons aux revenus de celles-ci, ce qui n’était pas possible et ce qui rendait dès lors l’indicateur peu représentatif du phénomène considéré. Enfin, le versement d’un don pouvant relever d’une stratégie de défiscalisation davantage que d’une volonté réelle d’implication dans la sphère politique, le sens à donner à l’indicateur n’était pas univoque et posait des problèmes d’interprétation.

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1.2.1. Créer de la donnée nouvelle pour révéler les richesses invisibles

La tentative de création d’une base de données sociales visait à tester la possibilité de renseigner un certain nombre de dimensions essentielles de la vie des quartiers à partir de la donnée existante. Pour ce faire, deux voies ont été explorées :

• le « détournement » d’un certain nombre d’indicateurs existants : ainsi les don- nées relatives aux ressources monétaires ne sont pas utilisées uniquement pour caractériser les richesses monétaires des habitants mais aussi pour appréhender la diversité des situations sociales existantes sur le territoire en calculant des écarts inter-déciles rapportés aux ressources monétaires moyennes8 ;

• la création d’indicateurs nouveaux à partir de données enregistrées par divers orga- nismes mais non collectées et non traitées en un même lieu : la donnée relative à la participation aux élections des représentants de parents d’élèves dans les écoles existe au niveau des inspections académiques mais n’est ni traitée ni diffusée.

Parallèlement, cette recherche nous a permis de mettre en lumière le fait que certaines données n’existaient pas9, ou ne pouvaient être récupérées facilement10, notamment à l’échelle infra-communale. En outre, elle a été l’occasion de pointer « l’inadéquation des informations produites par le système statistique aux besoins de pilotage et d’évaluation des politiques publiques » (Perret, 2008). En effet, même si les indicateurs développés dans la base de données permettaient une comparaison dans le temps et dans l’espace, il n’était pas possible avec ces seuls indicateurs finaux de comprendre les dynamiques à l’œuvre dans le territoire11. Le danger de toute tentative de constructions de données, est de se laisser enfermer dans l’existant en ne considérant que la fiabilité des indicateurs créés et en oubliant leur degré d’aptitude à nous apporter une information renseignant l’objet analysé. Dans notre cas, les indicateurs créés ne nous renseignaient guère sur les dysfonctionnements ou les fonctionnements à l’œuvre sur le territoire : ils ne nous per- mettaient pas de comprendre pourquoi un territoire est ou n’est pas dans une dynamique, ni de qualifier cette dernière. De plus, la base de données ainsi constituée nous canton- nait dans une posture d’observation tournée vers l’offre du territoire, alors même que la connaissance des besoins des populations est essentielle si nous voulons comprendre les dynamiques à l’œuvre et trouver d’autres leviers d’action pour concevoir et mener les politiques publiques. L’objectif du groupe est bien de comprendre les ressorts individuels et collectifs des territoires composant la mosaïque métropolitaine. Or cela nécessite la

8 Dans la même optique, les données sur le nombre de retraités ou de personnes au foyer peuvent être utilisées afin d’estimer la ressource que constitue le temps libre de ces personnes. En effet, leur situation leur permet plus qu’à d’autres d’avoir du temps pour participer à la vie de la cité ou pour se consacrer à des activités

« bénéfiques » socialement (production domestique et autres).

9 Cela concerne notamment des données portant sur les liens sociaux, la participation, etc.

10 Cette difficulté à collecter ces données a été liée soit au refus des organismes de transmettre celles-ci soit à l’absence de synthèse de celles-ci par un organisme particulier. Les indicateurs difficilement récupérables ont été par exemple : la participation à la vie scolaire, la participation électorale, le nombre de femmes élues dans les conseils municipaux de l’agglomération, l’âge des élus, le taux d’élus par CSP, etc.

11 Cela était par exemple le cas de l’indicateur « proportion de femmes élues au conseil municipal » censé nous renseigner sur la participation des femmes dans ces instances. Dans le cas de cet indicateur, si les don- nées récoltées à l’échelle communale permettaient d’effectuer une comparaison entre communes elles nous renseignaient pas cependant sur les raisons à l’origine des différences observées. Il s’agissait dès lors d’être extrêmement prudent quant à l’interprétation d’un indicateur dont on ignorait tout du contexte de sa production.

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production d’une information en continu mettant la focale sur les « besoins » et les aspi- rations des personnes. Les observations menées en termes de non-recours aux droits et aux services (cf. l’observatoire grenoblois Odenore12, Chaveaud, Warin, 2010) montrent les fréquents décalages entre l’offre publique et les aspirations des usagers13.

Dès lors, il est nécessaire de créer de la donnée nouvelle pour combler ces manques d’information sur des dimensions aussi importantes aujourd’hui que sont le lien social ou les besoins des populations. Si nous voulons révéler pourquoi il fait « bon vivre » ou « mal vivre » dans certains territoires de l’agglomération, il faut se donner les moyens d’obtenir l’information adéquate, plutôt que d’utiliser de la donnée non conçue pour un tel usage.

À partir du moment où l’on s’interroge sur la pertinence de l’information statistique existante, il n’est pas possible de faire l’économie d’une réflexion sur les conditions sociales de production de la donnée, car la normativité et la performativité du chiffre obligent à de telles considérations (Jany-Catrice, 2009). C’est pourquoi le glissement d’une approche en termes d’offre à une approche en termes de besoins, d’une approche en termes d’indicateurs de richesse à une approche conçue en termes de bien-être nous a convaincus de la nécessité de travailler davantage à partir d’une démarche orientée vers la co-construction d’indicateurs.

1.2.2. Du processus technicopolitique à une démarche pluraliste

Le projet grenoblois témoigne de l’intérêt d’un rapprochement entre professionnels de la politique de la ville et universitaires sur cette question hautement politique de ce qui fait la richesse et la dynamique d’un quartier. Il n’est pas pour autant question ici que les universitaires conceptualisent, créent des indicateurs en chambre pour les profession- nels mais bien qu’ils établissent un dialogue afin de tirer parti des compétences de cha- cun – compétences scientifiques et notamment méthodologiques pour les universitaires ; compétences de terrain des professionnels – pour cheminer ensemble sur ces questions.

Dès lors, « le savant cesse de se poser en démiurge : il sait qu’il faudra compter avec les hommes, que la « vérité » des savoirs savants n’est pas gage de certitudes réalisatrices [...] » (Crézé, 2006, p. 192) et que pour remplacer les conventions antérieures, il faut en établir de nouvelles reposant sur des bases plus solides, c’est-à-dire plus légitimes parce que faisant « sens commun ».

En effet, si l’on considère que la neutralité axiologique de la politique de quantification est un mythe (Bardet et Jany-Catrice, 2010), que le chiffre est une construction et « un énoncé sur la société » (Desrosières, 2008, p. 193) et donc que la donnée n’est pas un donné (Salais, 2010), nous ne sommes plus dans des procédures de quantification mais dans des processus qu’il faut expliciter et qui sont déjà eux-mêmes porteurs de sens. Dans ce cadre, les objets de la mesure ne sont pas objectifs mais tendent à être objectivables car « […] il n’existe pas de définition claire et collectivement admise de ce qui peut être

12 Odenore : Observatoire DEs NOn-REcours aux droits et services.

13 Partant de la question des « effets de quartier » sur le phénomène du non-recours aux droits sociaux, les chercheurs d’Odenore ont mis en évidence l’importance des collectifs comme lieux de socialité (de constitution de liens sociaux générateurs de reconnaissance sociale) permettant à des habitants de rompre (en partie) leur isolement et de participer au travers d’activités très diverses à des interactions sociales (suivant des modes de réciprocité variables) qui les rendent plus actifs vis-à-vis de leurs droits.

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admis au titre de ce que l’on entendrait tous, de façon consensuelle, comme relevant de

« performances sociétales », ni dans la sémantique utilisée – les auteurs emploient tour à tour les termes de « bien-être (économique) », « richesse », « développement », « progrès social », « qualité de vie », etc. – ni dans la vision de ces performances » (Gadrey et Jany- Catrice, 2007), mais aussi parce que « [...] ces projets sont avant tout politiques. » (Jany- Catrice, 2009, p. 8-9). De là, on saisit clairement l’importance à accorder à la manière dont les indicateurs ont été construits, l’exposition des modes de construction de ces derniers pouvant participer à leur légitimation.

Ainsi, dans un contexte où le fossé entre la réflexion en amont sur les indicateurs et leur utilisation en aval n’a jamais été aussi grand (Desrosières et Chiapello, 2006, p. 300 ; Cassier, 2011), il semble indispensable pour mesurer les dynamiques sociales et territo- riales de manière éclairée et garantir l’usage qui sera fait de ces indicateurs, de combler cet écart en favorisant l’appropriation par les usagers de cette mesure et en limitant ainsi ses mésusages.

C’est pourquoi, face aux carences de la donnée existante à nous renseigner sur les dynamiques sociales et face aux enjeux liés à la mesure – c’est-à-dire à sa conception, son appropriation, sa légitimation et son usage – il ne faut pas simplement changer nos outils de mesure mais également la manière dont ceux-ci sont construits puis utilisés.

2. Vers la construction de chiffres utiles à la connaissance et à l’action publique Suite à la première phase de notre projet, consacrée à la détermination de la fai- sabilité d’une base de données sociales alimentée par les données existantes, nous avons conclu à la nécessité de créer de la donnée nouvelle. Pour que celle-ci soit utile à l’action publique et permette de transcender les découpages sectoriels existants il est nécessaire de penser en cohérence les différentes dimensions du « bien-vivre ensemble ». En effet, l’approche par secteurs, ou par dimensions, tend à scissionner inévitablement la réalité du vécu des personnes alors même que des liens importants peuvent exister entre la santé, les liens sociaux, les conditions de logement, etc. Il s’agit dès lors dans notre démarche de tenter de livrer une vision plus synoptique des conditions de vie sur un territoire. Le constat de départ animant cette réflexion collective est intact : dans certains quartiers de la politique de la ville, dotés officielle- ment de peu ou pas de richesses, « il se passe des choses » qui ne figurent pas sur les photographies que livrent les indicateurs classiques des politiques publiques. Ainsi, le groupe a décidé de mettre en place un dispositif d’enquête via un questionnaire mis en place et testé en face-à-face sur deux quartiers de l’agglomération grenobloise (un quartier CUCS et un quartier dit « banal » au sens ni riche ni très pauvre) afin de créer de la donnée nouvelle susceptible de décrire ce qui compte pour les habitants des quartiers. L’objectif étant de créer de la donnée utile à l’action publique, se pose la question de la prise en compte des enjeux de la légitimation de la mesure puis celle de l’articulation des différents types de savoirs (expert, profane) et disciplines (Callon, Lascoumes et Barthe, 2008). Il s’agit alors de créer différemment c’est-à-dire de

« convenir pour mesurer » (Desrosière, 2008) ; convenir suppose la mise en place d’un processus légitime (2.1) articulant différentes méthodologies et dimensions de l’objet mesuré (2.2.).

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2.1. Convenir des catégories pertinentes

On assiste aujourd’hui à une multiplication des catégories d’analyse (bien-être, soutena- bilité, développement durable, santé sociale, qualité de vie, etc.) pour penser autrement le progrès social en tentant d’identifier ce que seraient les différentes dimensions d’une « vie agréable en société ». L’enjeu étant de mener une réflexion sur les finalités des politiques publiques, il s’agit de ne pas adopter a priori une catégorie d’analyse trop rigide. Dans cette optique, le terme de « bien-être » que nous avons retenu pour qualifier l’étude l’a été eu égards au caractère large et fluctuant du concept, adapté à la poursuite d’un tel objectif14.

L’approfondissement du projet nous a ainsi amenés à troquer la notion d’indicateurs de richesse au profit de celle d’indicateurs de bien-être, non pas parce que cette der- nière catégorie d’analyse est plus stabilisée mais parce qu’elle est une notion qui rend davantage compte de la focalisation de notre démarche sur les « capacités d’action » des personnes, dans le prolongement des analyses en termes de capabilities d’A. Sen.

C’est donc une réinterprétation du bien-être « en termes d’autonomie, de compétence et de « pouvoir agir » (empowerment) » (Offredi, 2010, p. 262) qui a été intégrée dans notre réflexion.

Pour autant, l’adoption de cette terminologie ne signifie pas l’adoption d’une vision prédéfinie du bien-être, ni même que le bien-être doive être la finalité de nos sociétés. La réflexion sur les finalités des politiques publiques et la construction des catégories perti- nentes pour penser ces finalités doit être le résultat d’un processus réflexif des acteurs sur leurs valeurs et leurs pratiques, qu’ils soient concepteurs, animateurs ou citoyens bénéfi- ciaires ou non de l’action publique. Dès lors, l’expert ne peut pas convenir seul des caté- gories pertinentes sur lesquels va reposer la mesure15, pas plus qu’il ne peut être considéré comme légitime pour penser ces finalités. Se pose alors la question des acteurs que l’on peut considérer comme indispensables dans ce processus de légitimation des indicateurs (2.1.1). À partir du moment où l’on considère qu’experts, citoyens, élus et professionnels des politiques publiques doivent être réunis pour « convenir » de ce qu’il faut mesurer, l’on doit « inventer » de nouvelles manières de procéder dans la création de cette donnée et s’interroger sur la manière dont chacun peut participer à cette construction. Il ne suffit pas en effet de demander leur opinion aux acteurs pour les impliquer dans un tel proces- sus, mais il faut les acculturer avec les enjeux liés à cette question de la mesure, c’est-à- dire les mettre en condition pour participer au débat et donc permettre à chacun d’eux de se forger une opinion sur de tels sujets (2.1.2).

14 L’on peut reprendre à notre compte la justification avancée par l’OCDE, dans son rapport de 1976 inti- tulé Mesure du bien-être social – Progrès accomplis dans l’élaboration des Indicateurs sociaux, où prenant acte de la multiplicité des terminologies en la matière, les auteurs écrivaient : « Cependant, étant donné que la discussion porte sur une notion vague et hautement abstraite, il est préférable de ne pas trop attacher d’importance à l’étiquette. C’est à l’usage que l’on reconnaît la qualité du produit : il faut que le concept lui- même soit spécifié et traduit sur le plan opérationnel. Dans le cas présent, le terme de bien-être a été adopté, non parce qu’il est plus précis, mais parce qu’il est aujourd’hui plus largement utilisé et plus indépendant de telle ou telle discipline scientifique particulière. Il est ainsi plus facile d’éviter la confusion dans ses applica- tions à des contextes spécifiques. » (p. 13)

15 C’est par contre la démarche adoptée par l’OCDE pour élaborer son indicateur de bien-être (2011) puis de bien-vivre (2012).

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2.1.1. La prise en compte des enjeux de légitimation de la mesure

Une condition nécessaire, mais non suffisante, à la légitimité d’un indicateur est sa valeur d’usage (Jany-Catrice, 2009, p. 8). Cette valeur d’usage est déterminée par les formes d’ap- propriation de ces outils nouveaux par les acteurs et les producteurs. Cela nous oblige à nous interroger sur les conditions de l’élaboration de tels outils et sur les processus visant à leur légitimation. Trois conditions peuvent contribuer à fonder la légitimité sociale des indicateurs : « un processus d’élaboration large et ouvert, l’intégration dans une pratique officielle et régulière de comptes-rendus et enfin la stabilité des cadres de présentation et des modes de calcul » (Perret, 2011, p. 238). Cette légitimité sociale est fonction de la légitimité politique, qui peut être fondée sur trois principes différents : le mandat politique (le projet validé par des électeurs), la compétence scientifique (la connaissance) et l’identité (l’appar- tenance) (O’Neill, 200116). Dès lors, dans l’idéal, pour donner une assise solide à ce type de projet, ces trois types de légitimité doivent être réunis. La question de légitimation n’est pas pour autant le seul motif pour impliquer élus et citoyens dans une telle démarche. En effet, la question des indicateurs à construire soulève également des enjeux démocratiques et poli- tiques importants qui obligent le chercheur à s’interroger sur la place de l’expertise dans la construction de l’action publique. Assurément à travers ce type de dispositif, la science doit jouer son rôle de simplification de l’outillage statistique existant afin de permettre à tous de participer et de s’approprier les chiffres. Dès lors, c’est la capacité de tous à façonner son environnement et à le charger de sens en changeant le monde des signes (Illich, 1973, p. 62) qui est ici en jeu. Ainsi, pour que le projet consiste en un cheminement groupé, cela néces- site une lente acculturation des acteurs (citoyens, élus, techniciens) sur la durée.

2.1.2. L’acculturation des citoyens, techniciens et élus

Acculturer les acteurs aux enjeux liés à la donnée et les impliquer dans la construction de ces nouveaux indicateurs est essentiel à double titre : d’une part, pour les mettre en condition de pouvoir se forger une opinion, ce qui contribuera à rendre légitime la construction de tels indicateurs, et d’autre part, pour que les usagers des indicateurs s’approprient ces mesures.

La complexité d’une telle entreprise a conduit à la mise en place d’une plateforme plu- ridisciplinaire travaillant en lien étroit avec les collectivités sur ce projet. En effet, il s’agit de sortir de la logique où les élus et techniciens sont simplement des commanditaires et les universitaires des exécutants, pour aller vers une logique de co-construction ou de co- responsabilité17. Ainsi, il ne suffit plus pour l’universitaire d’être un « bon » scientifique mais également d’être à l’écoute et faire preuve d’une certaine pédagogie afin d’impliquer et d’acculturer les acteurs issus d’horizons, par essence très différents, mais tous concer- nés par la question du « bien-vivre » dans un territoire.

Pour autant, acculturer ces acteurs aux problèmes que soulève la définition de nou- velles conventions de mesure ne signifie pas que ceux-ci devraient adopter le regard de l’expert. Mais chaque acteur doit avoir les outils lui permettant de porter, sur ces pra- tiques et ses convictions et sur celles des autres, un regard critique et réflexif nécessaire à l’articulation des dimensions de l’objet mesuré, des disciplines concernées et des types de savoirs (Perret, 2010).

16 Cité et traduit dans Bouleau, G. (2006).

17 En référence à la terminologie du Conseil de l’Europe – Méthodologie SPIRAL.

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Or c’est en s’appuyant sur des méthodologies nouvelles, basées notamment sur la par- ticipation des acteurs (élus, habitants et professionnels) et sur leurs capacités réflexives, que l’on pourra faire émerger des indicateurs basés sur un consensus momentané sur « ce qui fait sens » pour parvenir à proposer des mesures à même de révéler les dynamiques des territoires.

2.2. Articuler plusieurs niveaux de réflexivité

La clé de voûte du projet grenoblois de construction de nouveaux indicateurs alter- natifs est sans nul doute sa dimension réflexive. Cette dernière accompagne toutes les phases du projet, chacune d’elles devant servir à interroger le savoir expert, le savoir institutionnel et le savoir profane, chacun de ces savoirs étant réinterrogé par les autres (Callon, Lascoumes et Barthe, 2008). L’hypothèse sous-jacente à un tel projet est que si nous voulons arriver à définir de manière collective ce que pourrait être le « bien-vivre ensemble » et le mettre au centre des objectifs des politiques de développement (Le Roy et Ottaviani, 2011a), il est nécessaire que chacun puisse adopter une posture réflexive sur son propre savoir, le confronter à celui d’autres acteurs. Cela peut déboucher sur une vision commune de ce que pourraient être les dimensions du bien-être, et par voie de conséquence les indicateurs à créer. Ainsi émergerait une vision commune, c’est-à- dire une convention susceptible de soutenir une mesure alors construite localement. Dans cette optique nous avons opté pour l’articulation de différentes méthodologies (2.2.1.) et de différents types d’« être bien » (2.2.2.).

2.2.1. Articulation de trois méthodologies

Pour arriver à construire de la donnée nouvelle utile à la connaissance et aux politiques publiques, le projet se propose d’articuler trois méthodologies fondées sur :

• la création de données quantitatives, via un questionnaire passé, pour faciliter sa reproductibilité, par téléphone auprès d’un échantillon de 1 000 personnes de l’ag- glomération grenobloise et permettant un traitement des réponses à l’échelle des secteurs (regroupement de communes) ; celui-ci doit permettre de penser en syner- gie les différents types de bien-être au niveau de l’agglomération ;

• des entretiens qualitatifs ayant pour objectif d’expliciter les représentations du bien-être et le système de justification des acteurs ;

• des ateliers citoyens et forum hybride destinés à croiser et à confronter savoir expert et institutionnel avec le savoir profane (Callon et Barthe, 2005, p. 124-123) dans le cadre d’une démarche participative impliquant les citoyens de l’agglomération.

L’ensemble de cette démarche vise à faire valoir la multiplicité des points de vue des acteurs, à dépasser l’opposition entre le qualitatif et le quantitatif et surtout à créer les conditions favorables à ce que l’on pourrait appeler une réflexivité constitutive, c’est-à- dire une réflexivité qui accompagnerait l’action humaine, « constitutive » en tant qu’elle produit et modifie en continu « son propre cadre normatif » et « l’identité de l’acteur » (Perret, 2010, p. 48-49). Mais pour qu’il y ait réflexion, il faut donner matière à celle-ci, c’est pourquoi le projet grenoblois de construction d’indicateurs de bien-être cherche à éclairer et articuler différents types de bien-être. Ce dernier, si l’on reprend la typologie proposée par Veehoven (2000, 2007) (Annexe 3, Tableau 1) en l’adaptant aux objectifs de

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notre étude, serait la conjonction de quatre types « d’être bien », en phase avec l’approche du bien-être contenue dans le rapport Stiglizt-Sen (2009).

Ainsi, dans la phase d’enquête quantitative visant à créer de la donnée nouvelle, cette articulation est prégnante. En effet, le questionnaire a été conçu afin de permettre de croi- ser vision objective18 et vision subjective du bien-être en termes de possibilités avec les visions subjectives et objectives du bien-être en termes de résultats. Puis, le croisement du questionnaire avec des entretiens qualitatifs menés avec des citoyens habitants et usagers dans le quartier va permettre une première confrontation sur les représentations que les acteurs ont du bien-être. Ces deux premières étapes seront complétées et mises en lumière par l’organisation d’un atelier citoyens et d’un forum hybride19, destinés à confronter des savoirs experts et des savoirs profanes afin de convenir collectivement de ce qui compte.

L’articulation de ces trois méthodologies a donc été pensée afin de faire émerger col- lectivement et localement ce qui compte et détermine le bien-être, tout en s’appuyant sur une revue des expériences existantes visant à identifier les « bonnes pratiques ». Outre la caractérisation des dynamiques locales, le groupe a également le souci d’estimer la repro- ductibilité de la démarche20 et de répondre aux besoins de comparaison avec d’autres territoires. Pour ce faire, le questionnaire reprend un certain nombre de questions issues d’enquêtes menées nationalement (Conditions de vie de l’INSEE, CREDOC) ou interna- tionalement (ISSP, European Value Survey)21.

2.2.2. Articuler les différents types d’« être bien » : confronter les aspirations aux moyens À l’échelle locale, les expériences de création d’indicateurs alternatifs se bornent bien souvent à réutiliser de la donnée administrative pour alimenter les dimensions qui sont identifiées comme participant au bien-être. Cette approche « objective » du « progrès social » a pour conséquence d’induire bien souvent une focalisation sur les manques en termes de bien-être plutôt sur les sources de bien-être. Elle ne renseigne guère non plus sur les raisons à l’origine de la situation des personnes ni sur la manière dont celles-ci se figurent leurs situations. Parmi ces expériences qui limitent le « progrès social » à l’offre du territoire ou aux manques territoriaux on peut citer les suivantes : les indicateurs de développement durable du Midi-Pyrénées, l’indicateur de santé sociale d’Île-de-France et celui de Nord-Pas-de-Calais, le baromètre de l’agglomération de Rennes, le tableau du développement durable de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean, etc. Dans ces expériences, de nouveaux indicateurs ont en effet été créés mais ceux-ci sont généralement calculés à partir de données existantes récupérées auprès des organismes producteurs nouant ainsi de nouvelles collaborations. À la suite de Desrosières (2004, p. 6), l’on peut s’interro- ger sur ce que renvoie ce type de données et supputer que les données administratives

18 En guise d’illustration, parmi les données permettant de qualifier objectivement la situation des personnes figurent des questions sur la CSP, l’emploi, les revenus, la situation familiale, la participation aux élections, les comportements vis-à-vis de l’environnement, etc. et parmi les données subjectives des questions sur les aspira- tions, la perception de sa situation et l’importance de chacune des dimensions considérées.

19 La démarche est en effet en cours de construction et fait débat : quels « outils » mettre en œuvre pour parvenir à faire collectivement émerger ce qui compte pour les personnes.

20 Cela répond notamment à une demande de la Région Rhône-Alpes, nouveau partenaire financier du projet.

21 Ainsi à titre d’exemple, nous avons des questions du nombre de pièces du logement en reprenant la défi- nition d’une pièce de l’INSEE afin de pouvoir comparer les résultats obtenus à ceux publiés par l’INSEE dans le cadre de son enquête condition de vie.

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reflètent « l’intersection des activités » d’un appareil de mesure et des personnes qui font l’objet de cette mesure. En d’autres termes, la donnée administrative est tributaire des modes d’enregistrement et de codage des institutions productrices et tend à refléter en partie le phénomène considéré mais également l’action des services22. Souvent, lorsque des données subjectives sont intégrées dans la base de données ou dans l’indicateur syn- thétique, les éléments mobilisés ne proviennent pas du « même moule », c’est-à-dire ne sont pas produites par les mêmes instituts, ce qui rend plus difficile le croisement entre vision subjective et vision objective du bien-être. En effet, dans ce cas, les différences méthodologiques (en termes d’échantillonnage, de territorialisation, etc.) dans la collecte des données limitent grandement l’analyse.

Cela ne veut pas pour autant dire que certaines expériences locales ne tendent pas à penser cette articulation, comme c’est le cas avec l’expérience d’indicateur soutenable de bien-être en Bretagne (ISBET) ou les multiples expériences menées aux États-Unis, au Canada et en Australie dans la mouvance des « community indicators ».

Les potentialités portées par de tels croisements ont été également explorées à l’échelle internationale, comme dans les travaux de l’OCDE (2011) portant sur l’in- dice de mieux vivre. Dans son rapport de 2011 (p. 42), cet organisme souligne d’ail- leurs l’importance de ce type de croisement : « Plusieurs analyses récentes ont attiré l’attention sur le fossé grandissant qui existe entre l’évolution des mesures objectives de la situation économique des personnes et l’appréciation que ces personnes ont de leurs propres situations. Les nombreux facteurs qui expliquent cet écart […] soulignent l’importance de se fonder sur ces deux types de mesures pour évaluer les conditions de vie matérielles des personnes ». Dans une logique analogue, The Happy Planet Index constitue une tentative intéressante visant à articuler différentes dimensions du bien- être. En effet, cet indicateur créé par la New Economic Fondation (NEF) se compose de trois indicateurs renvoyant chacun à un type de bien-être. Il prend en compte d’une part, un indicateur de satisfaction à l’égard de la vie (vision subjective en termes de résultat), l’empreinte écologique (vision objective en termes de résultat) et l’indicateur de développement humain (vision objective en termes de possibilité). Toutefois, ces indicateurs étant issus de sources différentes (World Value Survey et Gallup World Poll pour l’indicateur de satisfaction à l’égard de la vie ; WWF’s Living Planet Report pour l’empreinte écologique et Le rapport sur le développement humain pour l’IDH), une véritable articulation et une réelle confrontation entre ces différentes données ne sont pas possibles. The Happy Planet Index nous renseigne effectivement sur l’évolution des trois composantes que sont un bon niveau de développement humain, la sauvegarde de notre environnement et une bonne satisfaction à l’égard de la vie mais ne renseigne pas finement sur les liens existants entre les trois indicateurs qui le composent. Il ne permet pas, en outre, d’appréhender le fossé pouvant exister entre la perception que la personne a de son environnement et la réalité objectivée de celui-ci. De plus, les moyens et les finalités des personnes, ou dit autrement leurs ressources et leurs aspirations, ne sont appréhendés que par le biais d’un indicateur objectif, l’IDH, alors qu’il serait intéres-

22 Par exemple, une augmentation du nombre d’actes de délinquance recensés par la police peut à la fois traduire un surcroît des comportements déviants mais également une transformation dans les activités ou dans les modes d’enregistrement de la structure.

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sant de connaître le ressenti des personnes quant à leurs possibilités de réaliser un certain nombre de fonctionnements, c’est-à-dire de « façons d’être et d’agir » (Sen, 1992, p. 22).

Ainsi, force est de constater que l’articulation de ces différentes dimensions du bien- être commence à être travaillée aujourd’hui à l’échelle internationale mais aussi natio- nale. Ces études qui adoptent une vision large du bien-être (non réduite à la satisfaction globale ressentie à l’égard de sa vie ni aux composantes objectives du bien-être) nous paraissent prometteuses au sens où elles peuvent permettre de pointer l’écart entre le vécu des personnes et leur situation dite objective. C’est pourquoi l’étude grenobloise a choisi dans un même questionnaire de réunir l’ensemble de ces données. Cela permettra notamment d’effectuer un traitement de la donnée qui servira à confronter les aspirations et les moyens dont disposent les personnes, nous rapprochant ainsi d’une approche du bien-être en termes de capabilities (Sen, 1992). Il sera alors possible d’effectuer des croi- sements et des regroupements qui ne sont pas possibles si l’on agrège des données issues de sources trop diversifiées et donc d’avoir une première base très riche sur laquelle seront lancées les discussions lors des entretiens qualitatifs et des forums hybrides. Pour changer notre manière de construire de la donnée, il faut à la fois transformer le traitement que nous faisons de celle-ci, mais aussi le processus de construction et d’apprentissage de la démarche elle-même.

Conclusion

Les statistiques existantes restent perfectibles, malgré des efforts menés par certains instituts nationaux pour développer le champ des observations. Dans le même temps, la nécessité d’une compréhension fine des dynamiques territoriales oblige les acteurs en charge des politiques locales à discuter les données existantes et les pousse à s’interroger sur la manière de créer de la donnée répondant à ces nouveaux besoins d’information territoriale. L’enjeu est bien de se doter de chiffres ayant du sens, c’est-à-dire de mesurer pour révéler les dynamiques territoriales, et en aucun cas de mesurer pour mesurer.

Or, parce que l’on sait les enjeux fortement politiques attachés à la quantification et parce qu’il faut d’abord « convenir pour mesurer » (Desrosières, 2008), une réflexion sur la richesse ou le bien-être dans les territoires ne peut ignorer les divers acteurs de ce territoire. Dès lors, toute la difficulté pour le chercheur est de savoir comment arriver à faire discuter savoir expert et savoir profane, comment concilier les points de vue issus de différents acteurs et de scientifiques issus de disciplines différentes. En d’autres termes, comment mettre en œuvre un tel projet : comment les acteurs peuvent-ils s’entendre sur une définition momentanée du bien commun ? Comment concilier les préférences contra- dictoires des acteurs ? Comment hiérarchiser ces préférences ? Comment révéler et dépas- ser les rapports de pouvoir qui émergent ?

Ce sont quelques-unes des questions soulevées par une telle démarche, qui nous invite à avoir à l’esprit les propos d’Edgard Morin (1976) : « ce qui est important, c’est la dynamique sociale qu’une expérience met en œuvre à un moment donné et pas sa réussite finale. » Un tel consensus ne peut se décréter, ne peut émerger ex nihilo.

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Références

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