DIGESTION ET UTILISATION DES ALIMENTS PAR LE VEAU PRÉRUMINANT A L’ENGRAIS
I. — UTILISATION DES LAITS ENTIERS OU PARTIELLEMENT ÉCRÉMÉS
C.-M. MATHIEU P.-E. BARRÉ
Jacqueline RIGAUD J.-M. BOISSAU
Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants Centre national de Rechercheszootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Le but de cet essai a été d’étudier la valeur alimentaire, pour le veau
préruminant,
de laitsentiers ou
partiellement
écrémés ayant les teneurs en matières grasses suivantes : 5, i5, z5, 35et 45 p. z ooo.Dix-sept
veaux mâles de race Noymande( 2
à 5 parrégime)
ont été utilisés ; ils ont été main-tenus en cage à bilan entre les âges de 14et de ioo
jours.
Ils ont reçu desquantités
de laitimportantes comparables
à cellesqui
sont habituellement distribuées aux veaux àl’engrais.
La
digestibilité
des 5 laits a été très élevée( 9 6,o
à 98,5p. 100pour la matièreorganique) ;
ellen’a varié ni avec
l’âge
ni avec laquantité
consommée. Ladigestibilité
apparente des matières grasses a été extrêmement élevée ; elle a été sensiblement réduitequand
les veaux avaient la diar- rhée, et a étéplus
faible pour le lait à p. i ooo que pour les autres laits. Le lactose a été entièrement absorbé.Le coefficient de rétention de l’azote a augmenté
jusqu’à l’âge
d’un mois et demi à deux mois,puis
a eu tendance à diminuer. Il a été d’autantplus
élevé que les veaux recevaient un laitplus
riche en matières grasses et, par suite, en
énergie.
Les veaux
qui
recevaient les laits lesplus
riches en matières grasses ont eu en moyenne legain
depoids
leplus
élevé et ontprésenté
le meilleur état d’engraissement. Les laits contenantmoins de z5 p. i ooo de matières grasses ne permettent pas un état
d’engraissement
satisfaisant.La
glycémie
des veaux est restée relativement constante avecl’âge.
Elle a varié au cours dela
journée ;
deux heuresaprès
le repas, elle a été de 40à 50 p. 100plus
élevéequ’elle
n’était àjeun.
INTRODUCTION
Les « veaux à
l’engrais » représentent
enpoids près
duquart
de la viande bovineproduite
enFrance ;
ils sontgénéralement
abattus entre lesâges
de 2 et 3moisaprès
avoir eu une croissance
rapide (plus
de i ooog/j) ;
ils n’ont consommé que du lait enquantité importante
allantjusqu’à
201/j
en find’engraissement. Depuis quelques
années on cherche à
remplacer
le lait par des aliments moinscoûteux, qui
sont con-sommés à l’état
liquide puisque
le veau àl’engrais
restepréruminant ; mais,
faute de connaissances assezétendues,
lacomposition
des laits deremplacement
reste enpartie
dictée par des observationsempiriques.
Cela seconçoit
aisémentlorsqu’on
saitle
petit
nombre de travaux concernant l’utilisation du laitpar le
veaupréruminant (tabl. i) ;
encore, laplupart
de ces études ont-elles été effectuées sur des veaux trèsjeunes qui
ne consommaient que de faiblesquantités
de lait.Il s’avérait donc souhaitable
d’étayer
latechnique d’engraissement
des veauxsur des bases
plus précises,
et c’est dans ce but que nous avonsentrepris
une séried’essais sur la
digestion
et l’utilisation des différents aliments par le veauprérumi-
nant à
l’engrais.
Dans cettepremière étude,
nousrapportons
les résultats obtenusavec des laits entiers ou
partiellement
écrémés(à
5, 15, 25, 35, 45P.Iooo de matièresgrasses)
distribués à des veaux maintenus en cages à bilan entre lesâges
de iq. et de 100jours.
Nous avons mesuré ladigestibilité apparente
de ces laits et de leursconstituants,
ainsi que la rétentionapparente
de l’azote. Nous avonsessayé,
en outre, d’estimer lacomposition corporelle
des veaux àl’abattage,
pourpouvoir
larapporter
à lacomposition
du laitingéré.
MATERIEL
ETMETHODE
Animaux
Cette
expérience
a été conduite sur 17 veaux mâles de race Normande,répartis
entre les5
régimes (tableau 2 ).
Ces veaux achetés àl’âge
d’environ 7jours,
étaientplacés
des leur arrivée dans des cages à bilan décrites par BOCCARD et BoiSSAU( 195 8).
Les mesures necommençaient qu’une
semaineplus
tard de façon à laisser les veauxs’adapter
à la vie en cage; pourquelques
veaux malades dans les
premiers jours,
le début des mesures a dù être retardé(tableau
2). Étantdonné le nombre de cages limité dont nous
disposions,
nous avons dûprocéder
en 7 séries échelonnéesentre novembre r958 et avril r962. ,
Les veaux ont été
pesés
une fois par semaine le matin avant lepremier
repas, ainsi que lejour
de leur
abattage
àl’âge
de 95-roojours.
Aliments
Les aliments ont été
préparés
àpartir
d’un lait demélange
dont le tauxbutyreux
étaitsupérieur
à 35 p. i ooo ; ce lait
provenait
de la traite du soir du troupeau de laStation,
et unepartie
étaitécrémée
chaque jour.
Parmélange
enproportion
convenable du lait entier et du lait écrémé, onobtenait des laits à 5, r s, 25et 35p. i ooo de matières grasses.
Quelques
vaches laitièresproduisaient
un lait de taux
butyreux
élevé,supérieur
à 455 p. i ooo ; ce lait était réservé à lapréparation
du laità 45 5 p. i ooo par
mélange
avec le lait écrémé.Pour compenser l’élimination des vitamines
liposolubles
lors del’écrémage,
on aajouté
unefois par semaine, aux laits à 5, r5et 25 p. i ooo, des vitamines A et D sur support de
glucose (en
milliers d’UI de vitamine A : 100, 75et go, de vitamine D : 10, 7 et
5).
Les différents laits ont été offerts individuellement dans des seaux, à une
température
d’environ37
°C,
en deux repas. Lesquantités
distribuéeschaque jour
ont été les mêmes pour tous les veaux;elles étaient
importantes
etaugmentaient
avecl’âge
de 4kg /j
à 2semainesjusqu’à
un maximumde 14
kg /j
10 semaines(tableau 3 ) ;
elles étaientcependant légèrement
inférieures auxquantités
distribuées dans la
pratique
del’engraissement
des veaux, defaçon
à réduire lesquantités
refusées;ces dernières ont été pesées pour
chaque
veauaprès
les repas.On a dosé l’azote d’un échantillon moyen hebdomadaire de
chaque
lait,préparé
àpartir
deprélèvements quotidiens
de 60ml. Une deuxième série d’échantillons a été constituée par lesprélè-
vements effectués
pendant
2jours
consécutifs,chaque
semaine ; elle était utilisée pour déterminer les teneurs en matière sèche et en cendres.Méthode
d’analyse
La teneur en matière sèche a été déterminée par
séchage
d’une part à l’étuve à vide à45 0 C
pour le lait et à 6o°C pour les muscles hachés, et d’autre part, dans un four à circulation d’air à 700Cpour les fèces.
La teneur en cendres a été déterminée par incinération au four à
55 o o C
et la teneur en azotepar la méthode KJELDaHI,.
Le
dosage
des matières grasses a été fait par la méthode GERBER pour les laits, et par double extraction à chaud par l’alcool et l’éther pour les fèces et les muscles.Les sucres réducteurs ont été dosés par la méthode de SOMOGYI
( 1952 ) ;
aupréalable,
l’urineavait été
déféquée
par des solutions d’acétate de zinc à 30 p. 100 et de ferrocyanure depotassium
à 15p. 100, et le sang par des solutions de sulfate de zinc à p. 100et de
baryte
0,3 N.La fraction
glucidique
du lait et des fèces a été obtenue par différence en soustrayant de la matièreorganique
lesmatières grasses
et les matières azotées totales(N
X 6,38 pour le lait et N X 6,25 pour lesfèces).
Calcul des bilans
Par semaine
(6 jours
de mesure), connaissant lesquantités ingérées (I)
et excrétées(fèces Ef
urine
Eu)
et àpartir
des résultatsd’analyse
des échantillons moyens hebdomadaires, nous avons calculé pourchaque
veau : iole coefficient d’utilisationdigestive
apparent(C.U.D.
=l l Ef
X100 )
pour tous les constituants du lait
(matière
sèche, matièreorganique,
matières grasses, azote, frac-tion
glucidique) ;
2° le coefficient de rétention apparent de l’azote :(C.It. = Ni - Nf
Ni -Nf
Xzoo)
et 3° le coefficient d’utilisation
pratique
apparent de l’azote : (C.U.P. =N Z -(N +
Ni 1Nu )
X ioo).RÉSULTATS
Croissance
pondérale
Le
gain
depoids
des veaux a été dans l’ensemble d’autantplus
élevé que le lait consommé étaitplus
riche en matières grasses(tableau 6) ;
il a étécompris
entre8
50
et 900g/j
pour les lotsqui
recevaient les laits à 25, 35 et 45 p. i ooo de matières grasses. Dans des conditionsplus
voisines de lapratique
et avec unplus grand
nombre d’animaux
(io par lot),
nous avons vérifié que lesgains
depoids
obtenus avecles laits à 25, 35 et 45 p. I ooo n’étaient pas
significativement
différents(tableau 4 )
et de
plus, qu’ils
étaient très voisins de ceux des animaux maintenus en cages à bilan. Il semble donc que leséjour prolongé
en cage n’ait pas exercé d’influence surla croissance.
Les veaux
qui
ont reçu les laits à 5 et i5 p. i ooo de matières grasses ont eu desgains
depoids
de 517 et 727g/j respectivement,
mais un des animauxqui
recevaientle lait à 5 p. i ooo a eu un
gain
depoids
de 250g/j
seulementQuantités
consommées etefficacité
alimentaireLa
plupart
dutemps, les
veaux ont consommé lesquantités
de laitqui
leuront été
offertes ; cependant,
pour certains d’entre euxpendant
lespremières
et der-nières
périodes,
les refus ont étéimportants (tableau 3 ) ;
il s’en est suivi alors uneréduction du
gain
depoids ;
un des veauxqui
recevaient le lait à 5p. I ooo a mêmeperdu
dupoids.
La
quantité
de matièreorganique ingérée
parkg
degain
depoids vif,
a étéd’autant
plus
élevée que le taux de matières grasses, donc la valeurénergétique
dulait,
était faible(tableau 5 ).
Les veaux
qui
recevaient les laits à 15, 25 et 35 p. i ooo de matières grasses ontingéré
la mêmequantité d’énergie
brute parkg
degain ;
cela tenait au fait queplus
la valeurénergétique
des laits a étéfaible, plus
laquantité
d’aliment consommée parkg
degain
a étéimportante.
Enrevanche,
les veauxqui
recevaient les lait à 5 et 45 p. i ooo de matières grasses ontingéré
desquantités d’énergie
brute parkg
degain plus
élevées que dans les casprécédents.
Celas’explique
dans le cas du lait à5 p. i ooo par le faible
gain
depoids,
et dans le cas du laità q
p. i ooo par une compo- sition du croît différente.Diarrhées
La diarrhée est un
symptôme
caractérisé par l’évacuationrapide
etfréquente
de fèces
trop liquides :
la détermination de la teneur en matière sèche des fècesnous a
permis
de concrétiser ce dernieraspect.
Nous avonsréparti
les fèces en9
classes selon leur teneur en matière sèche
(moins de
4 p.ioo ; de 4à 8 P-100 ; de 8 à 12p.ioo ; de 12 à 16 p. Ioo ;...) ;
ces 9 classespouvaient
se regrouper en 3 intervallescorrespondant
à 3aspects macroscopiques :
État diarrhéique :
moins de 12 p. 100 de matièresèche ; État
« relâché » : entre 12 et 20 p. 100 de matièresèche ; État
« normal »plus
de 20 p. 100 de matièresèche ;
Une telle classification avait été
suggérée
parB LAX TE R ,
et WooD(r953),
etutilisée par Roy et’al.
( 19 6 1 ).
Lafréquence
de ces différentes classes et intervallesapparaît
sur lafigure
i. Les veauxqui
recevaient le lait à 5p. i ooo ont eubeaucoup plus
souvent la diarrhée que les autres veaux(en
pour 100, 20jours
de diarrhéescontre 3 à
7).
Digestibilité
des laitsI,a
digestibilité
des différents laits est restée constantependant
toutl’essai,
eta été
indépendante
del’âge
des veaux ; la faibledispersion
des valeurs hebdoma- daires autour de la moyenne le prouve. Il n’est donc pas apparu dans cet essai de relation entre laquantité
de lait consomméequi augmente
avecl’âge,
et le coefficientd’utilisation
digestive apparent.
Pour cetteraison,
nous avonsprésenté
pourchaque
veau et pour
chaque
constituant dulait,
la moyenne(et
l’écarttype)
des C.U.D.hebdomadaires
(tableau 6).
La
digestibilité
des différents laits a été trèsélevée,
les C.U.D. de la matièreorganique
étantcompris
entre9 6
p. ioo pour le lait à 45p. i ooo et9 8,5
p. 100pour le lait à 35 p. z ooo. Il semble donc quel’augmentation
du taux de matières grasses du lait n’entraîne pas degrandes
variations de ladigestibilité.
Les différences individuelles ont été
particulièrement
faibles pour les C.U.D.de la fraction
glucidique (lactose),
pourlesquels
la moyenne des 17 mesures a été9
8,8 ± 0 ,6.
Elles ont été un peuplus importantes
pour les autres constituants et enparticulier
pour les matières grasses où les extrêmes ont été8 9 ,3
et 99,2 p.100
Les C.U.D. ont été nettement inférieurs à la moyenne
générale
pour 3 veaux :2 d’entre eux avaient reçu du lait à 5 p. i ooo et le 3e du lait à 45 p. i ooo. Pour les
2
premiers,
lafréquence
des diarrhées avait été trèssupérieure
à celle de la moyenne des animaux soumis au mêmerégime (et
l’und’eux,
en outre, avait eu ungain
depoids
très inférieur à la moyenne de sonlot).
Pour le veau recevant le lait à 45p. i ooo, la baisse dedigestibilité
et l’étatdiarrhéique
étaient simultanés(fig. 4 ).
Il sembleque dans les
régimes
extrêmes(laits
à 5 et 45 p. iooo),
les diarrhées aient eu uneinfluence
appréciable
sur les C.U.D. des constituants dulait,
notamment des ma- tières grasses.Le
tableau 7 présente
lacomposition
moyenne des fèces des veaux ; pour unrégime donné,
cettecomposition
étaitsujette
à variationlorsque
les animaux étaient atteints de diarrhée.Rétention azotée
Pour chacun des veaux, le coefficient de rétention de l’azote a varié avec
l’âge
:-faible au
début,
il aaugmenté jusqu’à
la5 -6 e
semaine del’essai, puis
il a eu ten-dance à diminuer par la suite
(fig. 2 ).
En moyenne, les coefficients de rétention ont varié dans le même sens que la.
teneur en matières grasses des laits et que le
gain
depoids ;
pour les laits à 15, 25, 35 et 45 p. I ooo de matières grasses, ils étaientcependant
assez voisins etcompris-
entre
6 0 , 0
et6 4 ,6 ;
ils étaientbeaucoup plus
faibles( 47 , 3 )
pour le lait à 5 p. 1000(tableau 6).
I,e coefficient d’utilisation
pratique, produit
du coefficientd’utilisation diges-
tive
apparent
à peuprès
constant par le coefficient de rétentionapparen;t,.
a doncprésenté
des variations de même sens et de mêmeamplitude
que ce dernier.Glycémie
etglycosurie
Pour
compléter
lesrenseignements
fournis par le C.U.D. sur l’utilisation di-gestive
de la fractionglucidique,
nous avons étudiél’apparition
des sucres réduc-teurs dans le sang et leur élimination par l’urine.
Les veaux
qui
consommaient les laits à 15,25, 35 et 45 p. 1 000 ont eu, àjeun,
une
glycémie significativement plus
élevée(o, 79 g/1
+0 , 1 8)
que ceuxqui
recevaientle lait à 5 p. z o00
( 0 ,5 9 g/1
+0 , 13 ).
Ladispersion
a étéélevée;
de cefait, on n’a pas
pu mettre en évidence l’évolution de la
glycémie
avecl’âge. L ’élévation
de laglycémie
1
après
les repas a étégénérale (tableau 8)
mais elle a atteint des niveaux très varia- bles d’une semaine àl’autre,
comme entémoignent
lesécarts-types ;
en moyenne, elle adépassé
de 4o à 50 p. 100 laglycémie
de l’animal àjeun.
L’excrétion
des sucres réducteurs par l’urine(tableau 9 )
a été très faible dans tous les cas, mais d’autantplus
que le lait étaitplus
riche en matières grasses(de
1 ,
9 à
o,6
g par litred’urine) ;
laquantité
d’eau émise dans l’urine a été aussi d’au- tantplus
faible que le lait étaitplus
riche en matières grasses(fig, 3 ) ;
parsuite,
l’excrétion
quotidienne
de sucres réducteursqui
était de 10,5 g pour les veauxqui
recevaient le lait à 5 p. i ooo, n’était
plus
que de 2,g g pour ceuxqui
recevaient le lait entier.Carcasse
A
partir d’abattages pratiqués
sur d’autres veauxâgés
de 15jours,
nous avonsestimé le
poids
de la carcasse des veaux au début de l’essai. A l’aide de cesdonnées,
nous avons obtenu les
gains
nets depoids
des carcasses(tableau 6),
et constatéqu’ils
étaient d’autant
plus
élevés que le lait étaitplus
riche en matières grasses.Le
poids
du5 e quartier (viscères,
sang,peau...)
a étéparticulièrement
ré-duit en raison du faible
développement
du tubedigestif ;
le rumen notammentavait à peu
près
le mêmepoids
que la caillette(8 30
à 730g) (tableau io),
et sonfaible
développement
montre bien que les veaux étaient restéspréruminants.
C’est..
poids
de la carcasse chaudepourquoi
le rendement commercial(. pOl ’ d s Vl 1 poids
vif X100)
et le ren-poids
de la carcasse chaude ! , . , . idement
vrai
( p oids vif vide
’ XIoo) (qui permet
de tenircompte
despoids
vif vide e ’&dquo;’ ! &dquo;différences dans le
temps
écoulé entre le dernier repas etl’abattage),
ont été trèsélevés :
plus
de 61 p.ioo et de6 4
p.Ioorespectivement.
Ces 2 rendements ont été d’autantplus
élevés que les laits étaient riches en matières grasses(tableau 10 ).
Les
appréciations subjectives
de la carcasse(tableau II )
ontporté
sur la con-formation,
l’étatd’engraissement, l’importance
de lagraisse périrénale
et del’os;
le classement s’est établi dans le sens des taux de matières grasses
croissants,
saufpour le lait à 45 p. r ooo, mais dans aucun cas les carcasses n’ont mérité de
figurer
enqualité
extra. Ladispersion
des notes données à la couleur sembleindiquer qu’il n’y
a pas eu de relation entre lesrégimes
étudiés et lapigmentation
des muscles.Composition
des musclesLa teneur en matières grasses
(p.ioo
de la matièresèche)
a, dansl’ensemble,
varié dans le même sens que le tauxbutyreux (tableau 12 ) ;
pourl’onglet,
elle estpassée
de6,4 (lait
à 5 p.1000 )
à 19,7(lait
35 p.1000 ). Néanmoins,
la teneur en matières grasses atoujours
étéplus
faible dans les muscles des veauxqui
recevaientle lait à 45 p. i ooo que dans ceux des veaux
qui
recevaient le lait à 35 p. 1 ooo.DISCUSSION Utilisation
digestive
Différents auteurs
(tableau i)
avaientdéjà
montré que l’utilisationdigestive
du lait entier par le veau était presque totale. Toutefois la
portée
de leurs travauxrestait limitée du fait des conditions
particulières
de leursexpériences :
les veauxétaient
généralement très jeunes,
ils ne consommaient que de faiblesquantités
de laitentier et avaient des
gains
depoids
trèsfaibles ;
lespériodes
de mesureétaient,
enoutre, peu nombreuses. Dans les conditions de notre essai
qui correspondaient
àcelles de
l’engraissement
du veauclassiquement pratiqué,
nous avons confirmé que les laits entiers étaient presquecomplètement digérés
et celaindépendamment
de
l’âge
du veau et de laquantité
de laitingéré.
La
digestibilité
du lait à45 - P .
i ooo a étécependant
un peu inférieure à celle du lait à 35 p. 1 ooo ; celaprovenait
surtout d’une moins bonne utilisationdigestive apparente
des matières grasses. Eneffet,
le C.U.D. des matières grasses du lait à 45 p. I oooqui, rappelons-le,
a étépréparé
dans des conditions différentes des autreslaits,
a été variable selon lespériodes.
Toutes les valeurs lesplus
faibles ont ététrouvées
pendant
lespériodes
où les deux veauxqui
recevaient ce lait avaient la diarrhée(fig. 4 ).
Si on n’avait pas tenucompte
de cespériodes,
le C.U.D. moyen des matières grassesqui
était8 9 , 3
et 97,1 pour ces deux veaux, auraitété
95,o et9 8, 9
,
donc du même ordre degrandeur
que les C.U.D. obtenus par différents au-teurs avec des laits riches en matières grasses
(tableau z 3 ).
Il semble bienquel’aug-
mentation de l’excrétion fécale de matières grasses se soit
produite
à l’occasion desdiarrhées,
faitdéjà signalé
par BLAXTER et WooD(1953).
Les laits
partiellement
écrémés ont été aussidigestibles
que le lait à 35p. i ooo, àl’exception
du lait à 5 p. i ooo dont les matières grasses ont étéapparemment
moins bien utilisées. Le cas de ce dernier lait ne semble pas enrapport
avec lesdiarrhées,
maispourrait s’expliquer plutôt
en tenantcompte
de l’excrétionendogène;
eneffet,
chez desveaux
ayant
reçu une ration pauvre enlipides,
lapart endogène
de l’excrétion fécale de matières grasses est devenue relativementimportante.
Selon les estima-tions de différents auteurs
(C ANNON ,
ESPE etW AlT E,
1932 ; CUNNIHAMG etLoosu,
1 954
;
ADAMS etal., 1959 )
les matières grasses fécalesendogènes
constitueraient 3,5 à
5,8
p. 100 de la matière sèche excrétée. Dans cesconditions,
leslipides
d’ori-gine endogène représenteraient près
de 50 p. 100 des matières grasses fécales excré-tées par les veaux recevant le lait à 5 p. i ooo
(tableau 7 ) ;
dans le cas des laits à i5, 25, 35 p. I ooo ils n’interviendraientplus
que pour environ 20p. 100et dans le casdu lait à 45 p. 1000que pour io p. 100. Il en résulte que,
plus
le lait estécrémé,
moins le C.U.D.apparent
des matières grasses doit être élevé. Ceci est confirmé par lestravaux de RAVEN et RoBmsoN
( 1959
b etig6o) qui,
distribuant à des veaux des laits presque totalement écrémés( 1 ,8
et1 ,6
p. iooo),
ont trouvé unedigestibilité apparente
des matières grassescomprise
entre7 6
et6 7
p. 100.Particularités du veau
préruminant
I,es résultats de cet essai ont
permis
de mettre en évidence deuxparticularités
du veau
préruminant ;
son rumen neprésente
pas de croissanceallométrique
et saglycémie
ne diminue pas avecl’âge.
Les caractères
anatomiques
du tubedigestif
des veaux abattus àl’âge
d’envi-ron 100
jours
ont été très semblables à ceux dejeunes
veauxâgés
de 15jours (tableau 10 ) :
l’ensemble du tubedigestif
nereprésentait
que 5à 6 p. 100dupoids
vifet le rumen
pesait
à peuprès
le mêmepoids
que la caillette. Ces &dquo;deuxparties
del’estomac avaient donc eu à peu
près
la même vitesse de croissance. Aucontraire,
le rumen a une croissanceplus rapide
que la caillettequand
lejeune
veau con-somme des aliments solides
(W ARN E R
etal., zg5 3 ).
C’est donc bien parce que nousavons
prolongé
l’alimentation exclusivement lactée que nous avons pu maintenir chez des veauxâgés
de 100jours, l’organisation anatomique
des réservoirsgastri-
ques, propre au
jeune
veaupréruminant.
La faible croissance du rumen ainsi que lepoids
réduit du contenudigestif qui
en est le corollaireexpliquent qu’à l’abattage
on obtienne des rendements
élevés ;
ceux-cijustifient,
enpartie,
le maintien d’une alimentation exclusivement lactéequi pourrait paraître trop dispendieuse.
La con-sommation de
petites quantités
depaille provenant
de la litière suffit pour abaisser le rendement de veauxauxquels
on ne distribuepourtant
quedû lait (T HOMK E, rg6 3 ).
La
glycémie
de nos veaux àjeun
n’a pas évolué avecl’âge ;
ATTEBERVet COLVIN(
19 6 3
)
ontégalement
observé cette absence d’évolution.Jusqu’ici,
on admettaitque la
glycémie
desjeunes
ruminants àjeun était,
à lanaissance,
aussi élevée que celle desmonogastriques, puis
diminuaitrapidement jusqu’à
la valeur adulte(de
l’ordre de o,qo à
o,6o g/1)
atteinte àl’âge
d’environ 2mois. Deuxhypothèses
étaientinvoquées
pourexpliquer
cetteévolution ;
lapremière
reliait la chute de laglycémie
à la consommation
progressive
d’alimentssolides, conséquence
du sevrage(Me
C ANDL E
SS et
D V E, 1950 ) ;
la deuxième était soutenue par REID(rg 53 ) qui pensait,
que, du moins chez
l’agneau,
lephénomène
étaitspécifique.
Enplus
de l’absence d’évolution de laglycémie
avecl’âge qui
étaitgénérale,
nous constatons que laglycémie
des veauxqui
recevaient le lait à 5 p. i ooo étaitplus
faible que celle des autres veaux. Il estpossible
que laglycémie
soit moins élevéequand l’apport
éner-gétique
estréduit ;
cettehypothèse
a été vérifiée par DAVIS et BROWN(ig62)
dansle cas extrême du
jeûne prolongé ( 72 heures).
L’ingestion
des différents laits a été suivie d’unehyperglycémie postprandiale importante ;
cette dernière suivait deprès
le repas, cequi indique
que le transit et ladigestion
du lactose ont étérapides.
Au cours de cetessai,
les veaux ontingéré
des
quantités
de lactose trèsélevées,
de l’ordre de 700g parjour
àpartir
de lag e
se- maine.L’ingestion
de cesgrandes quantités
de lactose n’a entraîné aucun troubleparticulier ;
il semble que, sur cepoint,
le veaupréruminant
sedistingue
des autresjeunes
mammifèresqui
sontgénéralement
sensibles àl’ingestion
dequantités
im-portantes
de lactose(cf.
revues deD UNCAN ,
1955, et deAT K IN SON ,
KRATZER etSTE
WAR
T, zg5 7 ).
Il utilise defaçon
presque totale lesproduits
de ladigestion
dulactose comme le montre la faible excrétion urinaire des sucres
réducteurs ;
celle-cia été
cependant
un peuplus importante
pour les veauxqui
recevaient les laits lesplus écrémés,
cequi
est en accord avec les résultats deScHnrrTZ, E LVEHJ E M
et HART(
1937 - 193
8),
mais non avec ceux deR OJAS ,
SCIIWEIGERT et RUPEL( 194 8) ;
ces der-niers auteurs n’avaient distribué aux veaux que des
quantités
réduites de lait.Niveau
ene y gétique et engraissement
La vitesse de croissance et l’état
d’engraissement
des veaux n’ont pas été limi- tés par laquantité
d’azoteingéré qui
étaitimportante
et à peuprès
la même pour tous les veaux. Ils ont, engénéral,
varié dans le même sens que le tauxbutyreux,
c’est-à-dire que la valeur
énergétique
du lait. Il en a été de même pour le coefficient de rétentionazotée ;
les valeurs individuelles de ce dernier ontprésenté
avec legain
de
poids
vif une corrélation élevée etsignificative (r
=o, 79 ).
Le coefficient de ré- tention azotée moyen a doncaugmenté
avec le niveauénergétique
de laration, phénomène
bien connu chez lejeune
en croissance(cf.
revue deM UNRO , zg5z).
Ce-pendant
l’accroissement de laquantité
d’azote fixé n’a pas été aussirapide
quel’augmentation
ducroît, puisque
laquantité
d’azote retenupar kg
degain
depoids
vif a été d’autant
plus
faible que le tauxbutyreux
étaitplus
élevé(tableau 5).
De
plus, quelle qu’ait
été la valeurénergétique
du lait les coefficients de réten- tion azotée ont diminué àpartir
del’âge
de 8 à 9semaines ;
or, àpartir
de lag e
se- maine lesquantités
de lait et, parsuite,
d’azote distribuéessont
restées constantes( 14
kg/j) ;
ceci sembleindiquer
que lerythme
de la croissance musculaire tend à seralentir avec
l’âge
auprofit
dudéveloppement
du tissuadipeux.
Parailleurs,
ce dernierdépend
directement del’apport
de matières grasses durégime ;
eneffet,
l’état
d’engraissement
a été d’autant meilleur(tableau II )
et les muscles d’autantplus
riches en matières grasses(tableau iz),
que les veaux ont reçu un lait de tauxbutyreux plus
élevé(sauf
le lait à 45 p.1 000 ) -
De cefait,
la valeur commerciale descarcasses des veaux
qui
consommaient les laits lesplus
écrémés a étéréduite ;
il semble doncqu’il
ne faille pasengraisser
des veaux avec un laitde’taux butyreux
inférieur à 25 p. z ooo, c’est-à-dire dont la teneur en matières grasses ne soit pas in- férieure à 21,5 p. ioo de la matière sèche.
Reçu pour
publication
enjuin
1964.SUMMARY
DIGESTION AND UTILISATION OF FEEDS BY THE PRE-RUMINANT CALF 1. UTILISATION OF WIIOLE OR PARTLY SKIMMED MILKS
This trial was undertaken to
study
thefeeding
value of milks with different fat contents forpre-ruminant fattening
calves. The milks had o.5, r.5, z·5, 3-5or 4.5 P-100 fat.They
weregiven
to 17 male Norman calves, 2 to 5 calves for each diet (table
2 ), kept
in metabolism crates between the age of 14 and 100days.
The calves received considerable amounts of milk,increasing
with age from 4kg daily
at 2 weeks to 14kg
from the9 th
week(table 3 ).
Theamounts are
comparable
to thosenormally given
tofattening
calves. The apparentdigestibility
of the milks and their constituents, and also the retention of
nitrogen,
were estimated frombulked
samples
of excreta for each week, collecteddaily excluding Sundays.
I
. In
general
the calves which received the milk with most fatgained
the mostweight.
Gain of the calves