DIGESTION ET UTILISATION DES ALIMENTS PAR LE VEAU PRÉRUMINANT A L’ENGRAIS
IV. —
REMPLACEMENT
DES MATIÈRES GRASSES DU LAITPAR DU SACCHAROSE
C.-M. MATHIEU, P.-E. BARRÉ
Jacqueline RIGAUD J.-M. BOISSAU
... Station de Recherches sur.
l’.Élevage
desRuminants,
.., Centre de Recherches
zootechniques et
vétérinaires sur lesRuminants,
63 - Theix près Clermont-Ferrand
’
Institut national de la Recherche
agronomique
&dquo;j-
SOMMAIRE .Le but de ce travail a été d’étudier chez le veau
préruminant
àl’engrais,
l’utilisationdigestive
du saccharose introduit dans des laits
partiellement
écrémés ou dans du lait entier. Trois laits ont étépréparés :
deux laits à 5et à a5 p. i ooo de matières grasses contenantrespectivement 6 9
et 23g de saccharose parkg,
apportant la mêmeénergie qu’un
lait contenant 3g p. 1 ooo de matières grasses( 700
kcal/kg),
et un lait à 35p. 1ooo de matières grasses contenant 23 gde saccharose
parkg,
appor-tant la même
énergie qu’un
lait contenant 45 p. i ooo de matières grasses(7 70 kcal/kg). Quatorze
veaux mâles ont été utilisés. Ils étaient maintenus en cage à bilan de
l’âge
de7 j à
leurabattage
à or
j.
Ils ont reçu desquantités
de laitimportantes, comparables
à cellesqui
sont habituellement distribuées à des veaux àl’engrais.
Les veaux
qui
consommaient le lait contenant6 9
g de saccharose sont morts avant la fin de l’essai. Les autres se sont trouvés en état permanent de diarrhée. Néanmoins, le C.U.D. du saccharosea été élevé : 68, 2à 8o p. 100.
L’augmentation
d’excrétion d’eau fécale a étécompensée
par une dimi- nution de laquantité
d’urine.Le coefficient de rétention de l’azote a
augmenté
avec laquantité d’énergie digestible ingérée ;
ainsi il a été le
plus
élevé pour le lait entier additionné de 23g/kg
de saccharose. Laglycémie
post-prandiale
et laglycosurie
ont été élevées chez les veaux recevant 69g de saccharose parkg
de lait.La conformation et l’état
d’engraissement
des carcasses ont été satisfaisants.INTRODUCTION ’ ’
L’emploi
du saccharose dans l’alimentation du veaupréruminant
àl’engrais
est
ancien ;
dès igo7, MAipeAuxpréconisait l’emploi
dusucre
à raison de q.o à45
g par litre de lait écrémé etsignalait qu’il s’agissait
d’unepratique déjà
courante dansle nord de la France. Mais il a fallu attendre les travaux de
W A LL ACE ,
LOOSLI et TURK
( 1951 )
pour que soit mesurée ladigestibilité
du saccharose associé au lactose dans un laitsemi-synthétique,
distribué à des veauxpréruminants âgés
de 3 semaines( C . U . D
.
de93,4).
Cependant,
à la suite des études de DOLLAR et PORTER(i 957 ), plusieurs
auteurs(O
KAMO T O
,
THOMAS etJ OHN SO N , 1959 ; VELU,
K!NDAI,r, etGA RDN N R , i 9 6o ;
HUBERet
al., 19 6 1 a)
mirent en doutel’aptitude
dujeune
veau à utiliser le saccharose. lueurs conclusionspouvaient
semblerhâtives, puisqu’elles
n’étaient obtenuesqu’à partir
de la mesure des variations de la
glycémie postprandiale ;
HUBER etal., (ig6i b) procédèrent
ultérieurement à une mesure directe de ladigestibilité
du saccharose.Ils trouvèrent un C.U.D. de 57 p. ioo ;
toutefois,
les veaux utilisés étaient enpériode
de sevrage et
âgés
de 4 à 5 mois. Ces résultats étaient donccontradictoires ;
deplus,
le saccharose avait été distribué dans des conditions assez différentes de celles ren-
contrées dans la
pratique (période expérimentale
trèscourte).
Dans le . cadre de nos essais
sur
leremplacement
des matières grasses du lait par desglucides (M A T HI E U
et deT U G NY , 19 65 ;
MATHIEU etTHIV!ND, 19 68)
nousavons étudié l’utilisation
digestive
etmétabolique
du saccharose ainsi que ses effetssur la santé des veaux à
l’engrais ;
la connaissance simultanée de ces différentsaspects
doit
permettre
de définir les conditionspratiques
de sonemploi
dans les laits deremplacement.
Pour
cela,
nous avons distribué à 14 veauxpréruminants
àl’engrais
maintenusen cage à bilan entre les
âges
de 7 à9 i j,
trois laits additionnés de saccharose : unlait à 5 p. i ooo de matières grasses contenant
6 9
g de saccharose parkg,
et deux laitsà 25 p. i ooo et 35 p. i ooo de matières grasses additionnés de 23 g de saccharose par
kg.
Ils ont été distribués enquantités importantes (maximum
de 14kg/j)
defaçon
à obtenir ungain
depoids
élevé voisin de ikg/j.
Nous avons mesuré toutes lessemaines le coefficient d’utilisation
digestive apparent (C.U.D)
desprincipaux
cons-tituants de ces laits. Nous avons
également essayé
d’estimer lacomposition
corpo- relle des veaux àl’abattage
afin de la relier à celle du laitingéré. Les
laits contenantdu saccharose ont été
comparés
à des laits sans saccharoseayant
soit la même teneuren matières grasses et par
conséquent,
un niveauénergétique plus faible,
soit uneteneur en matières grasses
plus
élevée et un niveauénergétique
semblable.L’étude
de ces laits à teneurs en matières grasses différentes a faitl’objet
d’unepublication précédente (MAT HI E U
etBARRÉ, r96q.).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Régimes
Les trois laits additionnés de saccharose
(tabl. i)
ont étédésignés
par 2nombres ;
lepremier rappelant
la teneur en matières grasses et le second la teneur en saccharose. Ils ont donc les déno- minations suivantes «g-6g
», « 25-23» et « 35-23&dquo;! Les deuxpremiers
laits ont une valeurénergétique
voisine de celle d’un lait entier à 35p. i ooo de matières grasses
( 700 kcal/kg)
et le troisième de celled’un lait entier à 45 p. 1ooo de matières grasses
( 77 o kcal/kg).
Ces trois laits étudiés ont étécomparés
aux 4 laits sans saccharose
désignés
suivant le mêmeprincipe («
5-0 », « z5-o », «35 - 0
», « 45-0&dquo;)
(cf.
MATHIEUetBARRÉ, 19 6 4 ).
Les veaux n’ont consommé que du
lait ;
ils ont été ainsi maintenus au stadepréruminant jusqu’à
leurabattage.
Ils ont reçu desquantités
de laitimportantes,
du même ordre que cellesqui
sont habituellement distribuées aux veaux à
l’engrais (8 47 kg
de 3 à 13semaines).
Cesquantités
ont augmenté avecl’âge
de 6kg/j
à 3semainesjusqu’à
un maximum de rçkg/j
àpartir
de la roesemaine.Animaux
Quatorze
veaux mâles de race Normande ont été achetés àl’âge
de7 j
au mois dejanvier 19 6 2 .
A leur
arrivée,
ils ont étéplacés
dans les cages à bilan décrites par Boccnxn et BOISSAU( 195 8).
L’essai a débuté
après
unepériode d’adaptation
dej.
Les mesures ont été effectuéespendant
Isemaines consécutives. Les animaux ont été abattus à
l’âge
de91 j.
Les 6 veauxqui
recevaientle lait «
5 -6 9
» sont tous morts au cours del’expérience ;
les mesures de ladigestibilité
n’ontpû
êtreeffectuées que sur un seul d’entre eux
pendant
7semaines.Les veaux ont été
pesés chaque
lundi matin avant lepremier
repas ainsi que lejour
de leurabattage.
Aliments
Les trois aliments ont été
préparés
àpartir
d’un lait demélange
de tauxbutyreux supérieur
à35 p. Io00 ; ce lait
provenait
de la traite du soir du troupeau de la Station. Unepartie
du lait était écréméechaque jour.
Parmélange
enproportion
convenable du lait entier et du lait écrémé, on obte-nait un lait à 5, 25et 35p. i ooo de matières grasses.
Le saccharose utilisé était du sucre cristallisé
pratiquement
pur( 0 , 5
p. 100d’impuretés)
etanhydre ( 0 , 5
p. 100d’eau) ;
il a été introduit dans chacun des laits au moment de la distribution.Au cours de la
période d’adaptation (veaux âgés
de 7à 14j)
l’introduction du saccharose a été effec- tuéeprogressivement
àpartir
du 12ejour.
Pour compenser l’élimination des vitamines solubles par
l’écrémage,
nous avons distribuéchaque
semaine 100ooo UI de vitamine A et 10 ooo UI de vitamine D aux veauxqui
recevaientle lait
5-6 9
», 3500o UI de vitamine A et 3500 UI de vitamine D aux veauxqui
recevaient le lait« 25-23b.
Les laits ont été distribués deux fois par
jour
dans des seaux à unetempérature
d’environ37 °C.
Les
quantités
offertes et refusées ont étépesées
pourchaque
veau à tous les repas.Mesures et calculs
Les mesures et calculs effectués ont été
exposés
en détail dans unepublication précédente (M
ATHIEU
etBARRÉ, 19 64).
Néanmoins,
des modifications ont étéapportées :
- au cours de
l’analyse
des échantillons de fèces et de muscles, l’extraction des matières grasses à l’éther depétrole
a étéprécédée
d’unehydrolyse chlorhydrique (6 N).
- nous n’avons pas dosé le saccharose dans les fèces. Pour calculer son coefficient d’utilisation
digestive
apparent(C.U.D)
nous avons considéré d’une part, que la fraction indéterminée des fèces n’était constituée que par desglucides (saccharose
+lactose),
d’autre part, que le C.U.D. du lactose était constant etégal
à 99 p. 100comme nous l’avions trouvéprécédemment (M A T HI E U
et BARRÉ,I9
64),
- des examens
nécroptiques, histologiques
etbactériologiques
ont été effectués sur 3 veaux morts au cours de l’essai. .RÉSULTATS
État
sanitaireLes veaux
qui
recevaient les laits « 25-23» et « 35-23» ont bien toléré leurrégime.
En
revanche,
ceuxqui
consommaient le lait« 5 -6 9
» sont mortsrespectivement 3
j (2 veaux), 6 j, 8 j, II j, et 48 j après
le début del’essai ;
trois ont étéautopsiés,
de nombreux
’organes présentaient
des lésions notamment le foie et les reins(tabl. 2 ).
L’intervention
desagents
microbiens n’a pas semblé déterminante.En raison de cette
mortalité,
les résultatsexposés
par la suite neporteront
quesur les laits « 25-23 » et « 35-23 ». Nous
mentionnerons,
à titreindicatif,
lesquelques
observations faites sur les veaux
ayant
reçu le lait «5 -6 9
». Nous avons caractérisé l’étatdiarrhéique
par la teneur des fèces en matière sèche comme dans nospublica-
tions antérieures. Tous les veaux se sont trouvés en état
permanent
de diarrhée pen- dant tout l’essai( 95
p. ioo desjours).
Au cours de lapériode d’adaptation
de7 j,
lafréquence
des diarrhées aaugmenté rapidement (fig. i).
Quantité de
laitingéré et
croissanceLes
veaux n’ont pas consommé la totalité du lait offert. Les refus ont été peuimportants
pour les animaux recevant le lait « 25-23» et ils ontingéré
desquantités
d’aliment sensiblement
égales (8 03
à8 4 6 kg) ;
enrevanche,
ceux recevant le lait« 35-23 » ont fait des refus
plus importants
et ontingéré
desquantités
variables(
6
40
à8 45 kg) (tabl. i).
Néanmoins,
les veaux recevant le lait « 25-23 » ont eu desgains
depoids
vifmoyens inférieurs à ceux
qui
recevaient le lait « 35-23 !·( 903 g/j
contre ggog/j).
Il ena été de même pour les
gains
depoids
des carcasses( 599 g/j
contre6 72 g/j) (tabl. 3 ).
Les
veaux recevant les laits « 25-23 » et « 35-23 » ont eu desgains
depoids
vifet de carcasse
plus
élevés(de
8 et 12 p.100 )
que ceuxqui
avaient reçurespective-
ment les laits « 25-0» et « 35-0 »
(sans saccharose). Ainsi,
les veaux recevant le lait« 25-23 » ont eu un
gain
depoids
vifsupérieur
à celui obtenu avec le lait « 25-0 »(8 45
g/j)
et voisin de celui obtenu avec le laitisoénergétique
sans saccharose « 35-0»(g
10 g/j) (M ATHI E U
etBARRÉ, 1964).
La
digestibilité
de la matièreorganique
n’a pas évolué avecl’âge ;
les C.U.D.hebdomadaires ont été peu différents des moyennes individuelles comme le montrent les
écarts-types (tabl. 3 ).
Les C.U.D. des matières grasses et de l’azote ont été semblables pour les trois laits
« 5 -6g
», « 25-23» et «35-23», ils ontaugmenté pendant
lescinq premières
semaines(fig. 2 ) puis
se sont stabilisés ensuite. Le C.U.D. de la fractionglucidique (lactose
!--saccharose)
a été sensiblement le même :88, 4 ,
91,1 et8 9 ,6 respectivement
pour leslaits «
5-6 9
», « 25-23 » et « 35-23 ».Le C.U.D du saccharose
(calculé
pardifférence)
a étéplus
élevé pour le lait« 5 -6g
»(8
0
,6)
que pour les laits « 25-23 »(7 3 , 4 )
et « 35-23» (68,2) ;
il a étéparfois
très différent entre veaux. Il a eu tendance à diminuerpendant
les 5premières
semainespuis
àcroître par la
suite,
surtout dans le cas du lait « 35-23» (fig. 2 ) ;
notons que la totalité de la variation se trouvereportée uniquement
sur le saccharosepuisque
nous avonsconsidéré que la
digestibilité
du lactose était constante. Le saccharose est doncdiges-
tible en
grande partie,
mais pas en totalité.Par
suite,
les laits contenant du saccharose ont été moinsdigestibles
que les laitsisoénergétiques
sans saccharose étudiésprécédemment.
Ainsi le C.U.D. de l’azote a étéplus
faible pour les laits avec saccharose : 91,0et8 9 , 9
pour les laits « 25-23 » etcc 35-23 » contre
98, 9
et98,1
pour les laits « 35-0&dquo; et « 45-0». Le saccharose introduit dans du lait diminue donc ladigestibilité
de ce lait non seulement parcequ’il
estlui-même moins
digestible,
mais encore parcequ’il
réduit ladigestibilité
des autresconstituants du lait et en
particulier
celle de l’azote.Efficacité
alimentaireL’efficacité
alimentaire du lait « 25-23 » a été inférieure à celle du lait « 35-23 »(tabl. 4 ).
Lesquantités
de matièresorganiques ingérées (I)
et de matièresorganiques apparemment digestibles (I-Ef)
parkg
depoids
vif ont étésignificativement plus
élevées avec le lait « 25-23 »
qu’avec
le lait « 35-23»( 1 ,55
contrei, 3 6
et1 ,4 3
contre1 , 24
) ;
il en a été de même pourl’énergie
de l’azote.L’emcacité
alimentaire des laits contenant du saccharose a été voisine de celle des laitsisoénergétiques
sans saccharose.Exc y
eta et bilan d’eau
La teneur en matière sèche des fèces a été presque constamment inférieure à
12 p. 100
(fig. i).
L’eau fécalereprésente
12,0à y,o p. ioo de l’eauingérée,
pour les laits « 25-23 » et « 35-23 » et 24,0 p. 100 pour le lait «5-6 9
» ; lepourcentage
d’eau urinaire est de q.o,o et3 6,8
pour les laits « 25-23 &dquo; et « 35-23 », mais il n’est que de 17,
2 p. 100pour le lait «
5-6 9
».L’augmentation
d’excrétion d’eau fécale a été com-pensée
par une diminution dequantité
d’urine émise de telle sorte que l’eau retenuea été
supérieure
pour le lait «5 -6 9
&dquo;(58,8
p.ioo)
parrapport
aux laits « 25-23 »( 4
8,o
p.100 )
et « 35-23 »( 4 6,7
p.ioo) (fig. 3 ).
Les animaux recevant du saccharose ont excrété dans leurs fèces 10 à 13 fois
plus
de matièrefraîche,
10à 15foisplus
d’eau et 4à 5 foisplus
de matière sèche que les veaux recevant le lait entierisoénergétique correspondant. L’eau
fécale excrétée parrapport
à l’eauingérée
a été de 12à 24 p. ioo alorsqu’elle
n’est que de i à 2 p. 100pour les veaux
qui
ont reçu le lait sans saccharose. Enrevanche,
l’eau urinaire cons-titue 17,2 à 40,o p. 100 de l’eau
ingérée
dans lepremier
cas tandisqu’elle représente
51,0 à
67, 3
p. ioo dans le second.Rétention azotée
La rétention azotée a évolué avec
l’âge ;
elle aaugmenté rapidement pendant
les
premières périodes, puis
a commencé à décroître àpartir
de la5 e
et 6epériode (veaux âgés
de 49 à56 j) (fig. 2 ).
Cette évolution a étéanalogue
à celle observée dans les cas des veaux consommant du lait sans saccharose.Les coefficients de rétention azotée ont été en moyenne moins
importants
avecle lait «25-23 »
qu’avec
le lait « 35-23 »(6 3 , 9
contre6 9 ,o
p.ioo) ;
celas’explique
parla valeur
énergétique plus
faible du lait « 25-23 ». Le coefficient de rétention azotée du lait « 25-23 » a été très voisin de celui du lait « 35-0» isoénergétique
sans saccharose(6
4
,6
p.100 )
mais celui du lait « 35-23 » a étéplus
élevé.L’introduction d’énergie
sous forme de
glucide
dans le lait entier a doncpermis
uneaugmentation
de l’utili-sation
métabolique
de l’azote.Glycémie et glycosurie
La
glycémie postprandiale
atoujours
étéplus importante
que celle mesurée au moment des repas(tabl. 5 ) ;
très voisine avant les repas pour les 3 laits «5-6 9
»,« 25-23 &dquo;! « 35-23 », elle a été
plus
élevée 2 heuresaprès
pour le lait «5-6 9
»( 1 , 29
et1
, 34
)
que pour les laits « 25-23 » et « 35-23 »( 0 , 9 6, i,i6,
1,01et1 , 14 )
mais aucune deces valeurs n’a été
significativement
différente.L’augmentation
de laglycémie
des veaux recevant le lait «5-6 9
» a été compa- rable à celle des veaux recevant le lait entier sans saccharose(«
35-0»).
Celle des veauxrecevant le lait « 25-23 » et « 35-23 » a été
plus
faible.La
glycosurie
a été de 4,3, 2,5 et 2;zg/1 respectivement
pour les laits «5-6 9
»,« 25-23 » et «
35 - 23
» ;mais
lesquantités
de sucres réducteurs excrétés ont été faibles(5, 7
, 5,8
et7,5 g/j),
et n’ontreprésenté
au maximum que i p. 100 de laquantité
desucres réducteurs
ingérés.
Néanmoins,
laglycosurie
a étésupérieure
à celle observée avec les laits sans saccharose( 0 , 7
g de sucresréducteurs
par litre d’urine pourles
veaux recevant du lait entier s< 35-0 » soit 2,9g/j correspondant
à 0,55 p. ioodes
sucres réducteursingérés).
Carcasse et
composition
des musclesL’état d’engraissement
des veaux aété
inférieur à celui des animaux recevant deslaits isoénergétiques
sanssaccharose,
mais laconformation
des carcasses a été meil-.leure. Il faut
rapprocher
cettedernière
observation de la teneur en eaudes
musclesqui
a étésupérieure
chez les animaux recevant le saccharose(76,o
et76,6
contre74,3 à !5!z P! 100 pour la bavette de
flanchet).
I,a valeur bouchère des carcasses des veaux recevant le lait « 35-23 » a été
légè-
rement
supérieure
à celle des veaux recevant le lait « 25-23 ». Les rendements ont étésupérieurs (tabl. 6),
ainsi que l’étatd’engraissement ;
mais dans tous les cas, lescarcasses étaient de valeur moyenne et n’ont pas été classées en
qualité
extra.DISCUSSION
i. Nous avons montré au cours
de
cet essai que ladigestibilité
dusaccharose,
distribué à raison de 23g/kg
delait,
est de l’ordre de 7o p. 100. Elle estplus élevée lorsque
laquantité
de saccharoseingérée augmente (C.U.D
de 80 p. 100pour6 9
gde saccharose par
kg
delait).
Les valeurs des C.U.D que nous avons obtenues sontcomprises
entre celles d’HuBER et al.( 19 6 1 b) (57
p.100 )
et deWAZ,z,AC!,
I,oosz,i et TUR
K
( 1951 ) (8 9
p.100 ) ( 1 ).
On doitappliquer
à la méthode que nous avons utilisée (1
) Cette valeur a été obtenue en appliquant notre méthode de calcul aux chiffres publiés par ces auteurs
pour calculer le C.U,D du
saccharose,
les mêmes restrictions que celles que nous avons faiteslors
de l’étude del’utilisation digestive
de l’amidon(M AT HIE U
etT HIV E ND , ig68).
Enparticulier,
laprésence
d’unegrande quantité
de saccharose dans l’alimenta pu diminuer le C.U.D du lactose que nous avons fixé à 99 p. ioo; par
conséquent,
la valeur exacte du C.U.D du saccharose est sans doute
légèrement supérieure
à celleque nous avons calculée. Le
dosage
du saccharose dans les fèces sèches s’est avérétrop imprécis,
par suite de latransformation,
sous l’action de lachaleur,
d’unepartie
du sucre en dérivés
furfuriques (caramélisation) ;
il eût fallu doser le saccharose dans les fèces fraîches mais le nombreimportant
d’animaux et deprélèvements
ne nousa
pas permis
de le faire.I,a
digestibilité
de l’azote deslaits
contenant dusaccharose
a été dans l’ensembleplus
faible que celle des mêmesconstituants
d’unlait
écrémécorrespondant (M A -
THI T U
et
BARRÉ, ig6 4 ).
Nous avons observé unphénomène identique
enétudiant le remplacement
d’unepartie
des matières grasses du lait par duglucose
ou par del’amidon
(MAT H IEU
et deT U G NY , ig6g ;
MATHIEU etT HIV T ND , ig68).
Laprésence
d’une
quantité trop importante
deglucides
dans l’intestinpeut entraîner
une dimi- nution de ladigestibilité
del’azote,
soit paraugmentation
de l’excrétionfécale endogène,
soit par une transformation desprotéines
du lait en azotemicrobien
moinsbien absorbé par
l’intestin,
soit aussi par une diminution del’absorption
desproduits
terminaux de la
digestion,
consécutive à l’accélération du transit intestinal provo-quée
par la diarrhée.Ces essais ne nous
renseignent
pas sur les mécanismes de ladigestion
du saccha-rose, mais ils
confirment
ceux de DOLLAR et PORTER( 1957 , ig 5 g),
d’HuBEReta/.(I958. I9ô
I c),
de Moxxy!, et al.(zg6 5 ).
Ces auteurs n’ontjamais signalé
chez le veauune
augmentation de la glycémie postprandiale
à lasuite
d’un repas de saccharose.En outre, DOLLAR et PORTER
(rg5g),
HUBERetal. (ig6z c)
etplus
récemment CAPDE- VILLE et al.( 19 67) n’ont jamais
mis en évidence une invertase intestinale.Néanmoins,
le C.U.D relativement élevé du saccharosepeut
difficilements’expliquer
sans lapré-
sence de cet enzyme
qu’il
soitd’origine endogène
ou microbienne.D’ailleurs, l’aug-
mentation de laglycémie
observée avec le lait «5 -6 9
opermet
de supposer que le saccharose est absorbé sous forme deglucose
et defructose,
cequi implique l’action
d’une invertase. La flore intestinale
joue
certainement un rôleimportant
dans ladégradation
du saccharose(I3uB!x
etal., 19 6 1
c ; XENOULIS etal., ig67).
2
. La teneur en sucres réducteurs de l’urine a été peu élevée
(i
p. 100du saccha-rose
ingéré quotidiennement). En conséquence,
lesproduits d’hydrolyse
du saccharoseont été très bien
métabolisés
par les veaux.I,e
gain
depoids
des veaux recevant du saccharose a été au moinségal
à celuides
animaux
nourris avec unlait
entierisoénergétique
et, si la carcasse et les musclesont
été moins
gras, la teneur en eau des muscles a étéplus
élevée.Cette
rétentiond’eau
plus importante
est confirmée par les différents résultats obtenus. Mentionnonségalement
la bonne conformation de la carcassequi pourrait
être un corollaire de cette rétention d’eauimportante. D’ailleurs,
l’introduction de sucre dans le lait dis- tribué aux veauxquelques
semaines avant leurabattage
est unepratique
utiliséepar les éleveurs dans le but d’améliorer en
particulier
laprésentation
de la carcasse.3
. Le saccharose est assez mal toléré par le veau. Introduit en
quantité impor-
tante
(6 9 g/kg
soit 4o p. 100 de la matière sèche dulait),
il a entraînérapidement
lamort de tous les animaux recevant cet aliment.
L’examen histologique
a révélé deslésions
provoquées
par des troublesd’origine métabolique,
sansqu’il
y ait interven- tiond’agents
microbienspathogènes.
Onpeut
relier cesphénomènes (endocardite, hypertrophie lipidique
dufoie, néphrite)
aux déviationsmétaboliques
que l’on observe chez le rat recevant unrégime
riche en saccharose etqui
se traduisent par une aug- mentation de la teneur en matières grasses du foie et du taux decholestérol sanguin (REUSSNE
R
,
ANDROS etT H IESSEN, 19 6 3 ;
Au.EN etI,!AHY, Ig66)..
Quelle qu’ait
été laquantité
desaccharose ajoutée
aulait,
la diarrhée a étépermanente
et s’estmanifestée
dès lespremiers
repas. HUBER et al.( 19 6 1
a etb)
ont
également signalé
cette action laxative du saccharoseingéré
ensolution,
dansl’eau
ou dans du lait.V!LU,
KENDALLet GARDNER( 19 6 3 )
ont aussi observé chez les veaux, des troublesdiarrhéiques qui apparaissent
moins de deux heuresaprès l’ingestion
de saccharose en solution aqueuse. Cettebrusque apparition
de la diarrhée semble confirmerl’hypothèse
d’une actionhypertonique
du saccharose dans l’intes- tin(I;usT, ig 47 ) ;
les effetshydragogues
ainsiprovoqués
seraient ultérieurementamplifiés
par laprolifération
d’une microflore intestinale d’untype particulier (HART-
MAN
, MORRILL et
J ACOBSON , 19 65)
avec formation deproduits
terminaux(acides lactique
etacétique) pouvant
être àl’origine
des diarrhées(W EIJ E RS
et VANDE KA-M ER,
1965).
En
conclusion, malgré quelques aspects positifs (croissance, conformation) apportés
parl’introduction du saccharose
dans lelait,
lesaccidents
etla
diarrhéepermanente qu’il
provoque nepermettent
de l’utiliserqu’en
très faiblequantité
dans
les
alimentsd’allaitement.
Reçu
pourpublication
en mai19 68.
SUMMARY
DIGESTION OF FEEDS BY THE PRERUMINANT CALF.
IV. - REPLACEMENT OF THE LIPIDS OF MILK BY SACCHAROSE
The
object
of this work was tostudy,
in thepreruminant fattening
calf, thedigestive
utilisation of saccharose introduced into apartly
orcompletely
skimmed milk. Three milks were studied. Two milksequal
in energy value to milk with 3.5 per cent[fa.t] ( 700 kcal)
had6 9
and 23 g saccharose,with
respective
fat contents of 5 and zs g perkg.
The third milk wasequal
in energy to milk with4 .
5 per cent
( 770 kcal)
had 25 g saccharose and 35 g fat perkg. They correspond
to thefollowing
denominations : « 5-6g ?a, « z5-23 » and a35-z; a.
Fourteen male Norman calves were used.
They
were maintained in metabolism cages from 7days
of age untilslaughter
at 9idays. They
receivedlarge
amounts of milkcomparable
tot hoseusually given
tofattening
calves(up
to 14kg
perday).
Each week apparentdigestibility
of theproximate
constituents of the milk, retention ofnitrogen,
blood sugar afterfeeding
and sugar in urine were estimated andgrowth
was recorded.i. The calves
given
the milk withlarge
amounts of saccharose(milk « 5 -6 9 ») soon died (table 2).
Those
given
milks «25-23 »and «35-z3» had constant diarrhoea(fig. i).
2
. The calves did not take all the milk offered to them ; nevertheless their
gain
inweight
wassatisfactory.
Gain was greater for the calvesgiven
milk « 35-z3»(table 3 ).
3
.
Digestibility
of the milks was veryhigh (table 3 ).
That of saccharose, calculatedby
diffe-rence, was
higher
for milk « 5-69»(8o.6)
than for milk « z5-z3 »(7 3 .4)
and « 35-23 &dquo;(68. 2 ).
Thussaccharose was
highly,
but notcompletely digestible.
4
.
Dry
matter content of faeces was almostconstantly
below 12per cent. Thelarge
excretionof water in faeces was
compensated
forby
the small volume of urineeliminated,
in such a way that water retained washigh (fig. 3 ).
5
. The percentage retention of
nitrogen
washigh
andcomparable
to that obtained with whole milk(table 3 ).
The introduction of saccharose into the latter even allowed an increase in the percen- tage retention ofnitrogen (6g.o against 6 4 .6).
6. Blood sugar after
feeding
and sugar in urine were more for milk(( 5 -6 9 ))
than for milks « as-a3 » and « 35-23 !·(table 5 ).
In
conclusion, saccharose wasbadly
toleratedby
calves andonly
very small amounts should be included in milk substitutes.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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