NOTE
PRODUCTION DE VEAUX A L’ENGRAIS DE POIDS ÉLEVÉ
INFLUENCE
DU REMPLACEMENTD’UNE
PARTIE DES LIPIDES DEL’ALIMENT D’ALLAITEMENT
PAR DES GLUCIDESR. TOULLEC P. THIVEND C.-M. MATHIEU C. MARPILLAT Colette RAYNAL
Station de Recherches sur
l’Élevage
desRuminants,
Centre de Recherches deClevmont-Fevvand,
I. N. R.A.,
Saint Genès
Champanelle,
63110 BeaumontRÉSUMÉ
Vingt-neuf
veaux mâlespréruminants ( 25 Normands,
2 Frisons et 2Normands XFrisons)
ontreçu un aliment d’allaitement contenant 21 p. 100de matières grasses
jusqu’au poids
vif de 100kg.
Puis 15 veaux ont continué à recevoir le même aliment d’allaitement
jusqu’à l’abattage
tandisque les 14autres ont reçu un aliment d’allaitement dans
lequel
52 p. 100 des matières grasses avaient étéremplacés isoénergétiquement
par unmélange
deglucides.
Les veaux ont été abattusvers 200
kg
oulorsque
leurgain
depoids
devenait inférieur à mkg
en 14jours.
Avec l’aliment riche en matières grasses,
animaux
seulement ont atteint 200kg
et lepoids
moyen à
l’abattage
a été de 161kg (tabl. i).
Avec l’aliment riche englucides,
8 animaux ont atteint 200kg
et lepoids
moyen àl’abattage
a été de 180kg.
L’utilisationmétabolique
deslipides
par le Veau à
l’engrais
depoids
élevé n’est donc pas aussi satisfaisante que celle desglucides ;
en outre, ces derniers
permettent
de mieux maîtriser lalipogénèse.
L’anémie a été un facteur limitant
important ;
parconséquent,
pouraugmenter
lepoids
àl’abattage,
il serait intéressantd’apporter
du fer aux veaux les moins bien pourvus.En France, les veaux de race laitière,
qui
sontengraissés
avec des aliments d’allaitement sontgénéralement
abattus à unpoids
vif variant de 120 à I50kg
et fournissent des carcasses dont lepoids
estcompris
entre 75 et 95kg. Cependant,
on observe une tendancegénérale
à l’accroissement( 1
)
Adresse actuelle : Station de Rechercheszootechniques,
Centre de Recherches de Rennes I. N.R. A.,
65
, rue de
Saint-Brieuc,
35042 Rennes.du
poids
àl’abattage ;
lepoids
moyen des carcasses estpassé
de 53kg
en 1953 à 82kg
en 1970. Unpremier
essai(TouLtEC, ig6g),
réalisé sur un lot de 32 veaux Frisonsqui
recevaient un ali- ment d’allaitement contenant environ 21 p. 100 de matières grasses, nous apermis
d’abattre24
animaux au
poids
vif d’environ 200kg,
tout en maintenant une croissancejournalière
élevée(de
l’ordre de i 300g/j) ; cependant,
l’étatd’engraissement
de ces animaux était excessif. NLwTaiEu et de TucvY( 19 6 5 )
ont montré que leremplacement
d’unepartie
des matières grasses par desglucides permettait
de diminuer lalipogénèse
chez le veaupréruminant
abattu vers i 2okg,
tout enaccroissant la rétention
azotée ;
nous avons donc cherché à éviter l’excès dedépôts adipeux
enemployant,
contrairement à latechnique classique,
un aliment moins riche enlipides,
maiscontenant une
proportion plus importante
deglucides.
Cet aliment a été distribué aux animaux àpartir
dupoids
vif de 100kg.
Nous avons utilisé 30 veaux mâles
( 2 6 Normands,
2 Frisons et 2 Frisons XNormands).
Ces veaux,
âgés
d’environ 8jours,
ont étéplacés
dans des cases individuelles sur caillebotis et alimentés au seau 2fois parjour.
Ils ont étépesés
à leurarrivée, puis
une fois par semaine à heure fixe et avantl’abattage.
Uneprise
de sang, pour la détermination de la valeur de l’hématocrite(CHARPENTIER, 19 66),
a été effectuée au cours de lapremière semaine,
à la fin dupremier
mois,puis
toutes les deux semaines et avantl’abattage.
Les animaux ont été abattus aupoids
vif d’en-viron 200
kg
ouquand
leurgain
depoids
devenait inférieur à mkg
en 14jours.
Jusqu’au poids
vif de 100kg,
tous les veaux ont reçu un aliment d’allaitement(I)
conte-nant 68 p. 100de
poudre
de laitécrémé,
21 p. 100 d’unmélange
de matières grasses( 4 8
p. 100 de suif, 47 p. 100 d’huile decoprah
et 5 p. 100 d’huile demaïs)
et 10 p. 100 d’unmélange
deglucides ( 40
p. 100 deglucose,
30 p. 100 d’amidonprégélatinisé
et 30 p. 100 de farine de blé micronisée( 1 )).
Puis ils ont étérépartis
en 2lots ;
ceux dupremier
lot(A)
ont continué à recevoir le même aliment(I) jusqu’à l’abattage
tandis que les autres(B)
ont reçu un aliment(II)
danslequel
52 p. 100des matières grasses avaient étéremplacés
par le mêmemélange
deglucides,
touten maintenant constant le
rapport protéines/énergie :
cet aliment contenait5 8, 9
p. 100depoudre
de lait
écrémé, 8, 7
p. 100de matières grasses et 31, 4p. 100dumélange
deglucides.
Les aliments 1 et II contenaientrespectivement
5,054 et 4.430 kcald’énergie
brute par g. Au cours des deuxpremières
semaines, lesquantités
de lait offertes aux animaux ont été modérées. Ensuite, ils ont été alimentés en fonction de leurpoids
vi les concentrations variantprogressivement de i 3 o à i 8o
g pour les animaux du lot A et de 130 à 207 pour ceux du lotB,
afin que les veaux des deux lotsreçoivent
sensiblement la mêmequantité d’énergie
brute.Un animal a été éliminé pour anorexie, avant la mise en lot ; un des veaux du lot A est décédé brutalement au
poids
de 170kg
sans que nous ayons pu déterminer la cause de sa mort. Dans le lotA,
4 animaux seulement(sur 15 )
ont été abattus vers 200kg,
lepoids
moyen àl’abattage
du lot étant de 161
kg.
Enrevanche,
dans le lot B recevant l’aliment riche englucides,
8 animaux(sur 14 )
sont parvenusjusqu’à
200kg
et lepoids
moyen àl’abattage
a été de 180kg ;
les autresveaux ont été abattus à des
poids compris
entre 100et 180kg (tabl. i).
Pour les animaux abattusvers 200
kg,
legain
depoids journalier,
l’efficacité alimentaire et le rendement en carcasse ont étélégèrement
meilleurs avec l’aliment riche enlipides.
Cettesupériorité
est due sans doute enpartie
au fait que, dans le lotA,
les veaux abattus vers 200kg
étaient meilleurs que les animauxcorrespondants
du lotB,
commel’indiquent
lesperformances
réaliséesjusqu’à
100kg.
L’étatd’engraissement
a été excessif pour deux des animaux du lotA ;
il a été moinsprononcé
maistoujours
satisfaisant pour ceux du lot B. Il estcependant
difficile de comparer l’utilisation des2 aliments en
prenant uniquement
les données obtenues avec les veaux abattus vers 200kg,
carle nombre d’animaux n’était pas assez
important,
surtout dans le lot A. Nous avons donccomparé
les résultats obtenus sur les veaux Novmands
ayant
atteint au moins lepoids
vif de 150kg ( 9
dansle lot A et 10dans le lot
B).
Pendant lapériode
allant de 100à i5okg,
legain
depoids journalier (i
270au lieu de 114 8 g)
et l’efficacité alimentaire(8, 39
Mcald’énergie brute/kg
degain
au lieu(’)
Grands Moulins deParis,
15, rueCroix-des-Petits-Champs,
Paris Ier.de
8, 9 8)
ont été meilleurs avec l’aliment riche englucides,
mais les différences n’ont pas étésigni- ficatives,
à cause de lagrande amplitude
des variations individuelles.Le ralentissement de la croissance des animaux abattus avant d’avoir atteint environ 200
kg
est dû
principalement
à une anémie excessive. Eneffet,
si la valeur moyenne de l’hématocrite de ces animaux au début del’expérience
n’était passignificativement
inférieure à celle des veauxabattus vers 200
kg (3i ! !
au lieu de 35:E7 ),
larépartition
des valeurs individuelles était très différente( 50
p. ioo des valeurs inférieures à 30 au lieu de17 ).
L’anémie a étéplus importante
chez les animaux du lot A que chez ceux du lot B
malgré
la teneur en fer à peuprès identique
desdeux aliments. Le
poids
initial des animaux ne semble pas avoir eu d’influenceimportante
surle
poids
àl’abattage,
sauf pour les veaux lesplus légers (sur
6 veauxpesant
moins de 45kg,
un seul a pu être abattu vers 200kg).
Les animaux abattus vers 200
kg pesaient
en moyenne 53, 2 ! 5,okg
au début et196,5 !:
!,+à la fin de
l’essai ;
la duréed’engraissement
a été de 112,6 ± m,6jours,
legain
depoids journa-
lier de 1
2 8 5 ±
123 g, l’efficacité alimentaire de8, 3 6 _L
0,60Mcald’énergie brute/kg
degain
depoids.
Legain
depoids journalier
a atteint i 200g àpartir
de 70kg
et s’est maintenu à 1 350 gentre IIO et 200
kg ;
laquantité d’énergie
consommée parkg
degain
depoids
aaugmenté
avecle
poids
vif : elle estpassée
de6, 35
Mcal entre 60et 8okg
à12 , 0 8
entre I80 et 200kg (fig. Il ;
Le
poids
de carcasse a été de 125,2 -! 7,7kg.
La conformation des carcasses était bonne et la coloration de la viandegénéralement
satisfaisante.A
partir
de l’échantillon de veaux dont nousdisposions,
il a étépossible
d’amener environ 41p. 100d’animaux au
poids
de 200kg.
Leremplacement
d’unepart importante
deslipides
pardes
glucides
dansl’aliment,
àpartir
dupoids
vif de 100kg,
apermis d’augmenter
lepoids
àl’abattage
de 12p. 100et de doubler laproportion
des veaux abattus vers 200kg,
tout enempê-
chant un
développement
excessif des tissusadipeux.
Le veau àl’engrais
depoids
élevé est donccapable
d’utiliser efficacement des aliments d’allaitement très riches englucides, quand
ceux-cisont choisis de manière à éviter les
surcharges digestives.
L’utilisationmétabolique
deslipides
semble même devenir alors moins satisfaisante que celle des
glucides ;
ces dernierspermettent
enoutre de mieux maîtriser la
lipogénèse.
Cela demanderait à être vérifié sur des animaux appar- tenant à des races deprécocité
différente.L’anémie a été un facteur limitant
important ;
pouraugmenter
lepoids
àl’abattage,
il seraitdonc utile
d’apporter
du fer aux animaux les moins bien pourvus(CHARPENTIER, i 9 6 4 ; 1 E ECKO UT,
CASTEELS
et
Bu y ssE, 19 6 9 ).
Parailleurs,
les variations individuelles dansl’aptitude
à atteindreun
poids
élevé semblent trèsimportantes ;
il serait donc intéressant depréciser
les facteurs autres que la réserve de fer et la nature del’énergie qui
interviennent dans ces variations.Reçu pour publication
en août 1972.REMERCIEMENTS
La mesure de
l’énergie
brute des aliments a été effectuée par M. VERMOREL(Station d’Études
des
Métabolismes),
et les calculs par Mme E. WEGAT-LITTRE(Service mécanographique) auxquels
nous adressons nos vifs remerciements.
SUMMARY
PRODUCTION OF HEAVY V>;AI, CALVES : INFLUENCE OF THE SUBSTITUTION OF PART OF THE LIPIDS BY CARBOHYDRATES IN THE MILK REPLACER
Twenty-nine preruminant
bull calves( 2
Friesians, 2Fviesians x Normans and 25Normans)
were offered a milk
replacer containing
21 p. 100 fat untill 100kg liveweight. Then,
i5 calvescontinued to
get
the same milkreplacer
untillslaughter
and the y others weregiven
a milkreplacer
in which 52 p.ioo fat had beenreplaced isocalorically by
a mixture ofcarbohydrates
The calves were
slaughtered
at about 200kg
or when theirweight gain
became lower than mkg
over 14
days.
With the
high
fat diet,only animals
reached 200kg (tabl. r)
and the meanslaughter weight
was i6i
kg.
With thehigh carbohydrate
diet, 8 animals reached 200kg
and the meanslaughter weight
was i8okg. Therefore,
the metabolic utilization of fatsby
theheavy
veal Calf is not asgood
as that ofcarbohydrates ;
besides the latter allow a better control oflipogenesis.
Anemia was an
important limiting
factor ; therefore, forincreasing slaughter weight,
it wouldbe
interesting
tosupply
iron to the less wellprovided
calves.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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