A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J. M ANDELBROJT
Comparaison d’un hamiltonien de Fermi et d’un hamiltonien de Yukawa
Annales de l’I. H. P., section A, tome 7, n
o3 (1967), p. 257-269
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p. 257
Comparaison d’un hamiltonien de Fermi
et
d’un hamiltonien de Yukawa
J. MANDELBROJT
(Physique Théorique,
Universitéd’Aix-Marseille).
Vol. VII, n° 3, 1967 Physique théorique.
INTRODUCTION
Il est bien connu
depuis
les travaux de B. Jouvetqu’une
théorie deYukawa devient
lorsque Z~ 2014~
0équivalente
à une théorie de Fermi. On peut se demander inversement si étant donné un hamiltonien de fermions ayant une interaction deFermi,
et ayant un état lié du typeboson,
on peuttrouver un hamiltonien de Yukawa
qui
donne l’interaction de cet état liéavec le
champ
de fermion. Ceproblème qui
se ramène à comparer un hamil- tonien de Fermi et un hamiltonien de Yukawa admetd’après
cequi
a étédit,
une solutionqui
est celle où le boson de la théorie de Yukawa a saconstante de rénormalisation
Z3
nulle. Nous nous proposons de voir s’iln’y
a pas, au moins avec uneapproximation
dont nouspréciserons
lanature, et pour certains
phénomènes physiques,
une autre solution. Cetteautre
solution,
que nous mettrons enévidence, correspond
à la notion de« hamiltonien effectif ».
I. 2014
Nous considérons donc un hamiltonienHF
=H~
+H}
de nucléonsantinucléons ayant une interaction de
Fermi, H~
est le hamiltonien duchamp libre, HF
le hamiltonien d’interaction.Nous
désignerons
parbqr, dqr,
lesopérateurs
de création et d’annihi-lation des nucléons et des antinucléons nus
d’impulsion q
et d’indice despin
r.DQà, Fqr’
sont lesopérateurs physiques correspondants,
les exposants + ou -
indiquent
s’ils’agit
departicules
entrantes ou sor-tantes, l’indice F
indique qu’il s’agit
desopérateurs physiques correspondants
258 J. MANDELBROJT
au hamiltonien de Fermi. Les
opérateurs
de création et d’annihilation desparticules physiques
ont été étudiés en détail par MadeleineSirugue-
Collin
[2] (article désigné
dans cequi
suit par M. S.C.)
et par Raoelina Andriambololona[3] ;
ils sont définis par les conditionset les conditions
analogues
pour lesopérateurs
D.Nous supposons avec M. S. C. que la masse du nucléon
mathématique
est choisie
égale
à la masse du nucléonphysique.
Nous supposons en outre que le hamiltonien
HF
admet un état lié de type méson(c’est-à-dire
de nombrebaryonique zéro)
dont nousdésigne-
rons les
opérateurs
de création et d’annihilation par etA;p
pour unméson
d’impulsion
p.HF
peut alors s’écrireidentiquement
sous deux formes(nous
avons choisi ici un hamiltonien de Fermiparticulier
pour illustrernotre
propos)
et
Le vide
physique ’PFo
> est défini par les conditionsConsidérons d’autre part un hamiltonien de Yukawa.
Hy
=Hoy
+H1y
Nous avons choisi la forme de l’interaction de
façon
queHy
devienneHF pour Z3 =
0.Nous
désignons
parA* ± A+ B * ± B ± D * ± D ±
lesopérateurs
physiques correspondants.
Ils satisfont aux relations(l’) analogues
à(1)
oùl’indice F est
simplement remplacé
par l’indice Y. Le hamiltonien de Yukawa s’écrit en terme desopérateurs physiques
sous la formeNous avons
supposé
ici que la masse desparticules physiques
de cettethéorie de Yukawa était la même que celle des
particules physiques
de la théorie de Fermi
précédente.
Le videphysique
dans la théorie de Yukawa est défini parLes hamiltoniens de Fermi et de Yukawa seront
équivalents
s’il existeune transformation formellement unitaire eis telle que le transmué par ets des
opérateurs physiques
de la théorie deFermi,
soient lesopérateurs physiques correspondants
de la théorie de Yukawa. On aura alors> =
03A80Y
> et lesprobabilités
de transitions calculées àpartir
desdeux théories seront les mêmes. Notre but est de trouver une telle trans-
formation eis.
Remarquons
que dans le casZ3 =
0 nous trouveronsque
HF
estidentique
àHy
et la transformation eis se réduit alors à l’unité.260 J. MANDELBROJT
II. - EXPRESSION AUX PREMIERS ORDRES
DES
OPÉRATEURS PHYSIQUES
DANS LA
THÉORIE
DE FERMIET DANS LA
THÉORIE
DE YUKAWAOn obtient les
premiers
ordres dudéveloppement
desopérateurs phy.
siques
dans les théories de Fermi et de Yukawa en écrivant que les rela- tions(1)
et(l’) respectivement
sont satisfaites à cet ordred’approximation.
Ce calcul a été effectué par Madeleine
Sirugue-Collin [2]
et donne :L’énergie Dp
du méson état lié est solution deLa valeur de
Ip
est choisie de sorteque [
avec
les
opérateurs AF, BF, D;, DF,
s’obtiennent àpartir
desprécédents
par destransformations évidentes.
Les
opérateurs physiques
de la théorie de Yukawa au même ordred’approximation (l’ordre d’approximation
est d’unefaçon générale
définiedans M. S. C.
[2])
avec
l’énergie
nue du méson etl’énergie
renormalisée sont liées par la relationavec
les
opérateurs Ay, By, D~, Dy
s’obtiennent àpartir
desprécédents
par des transformations évidentes.III. - RECHERCHE DE LA TRANSFORMATION
e~
Nous cherchons S sous une forme
générale qui
fasse intervenir les groupesd’opérateurs
dontA~
estcomposé
aupremier
ordre.il nous sera utile par la suite de poser
262 J. MANDELBROJT
Calml de
Nous utilisons la formule de
Dyson
Les relations de commutation
donnent si l’on pose
les relations de récurrence
qui
se résolvent et donnentCalcul de
Nous calculons d’abord par la formule de
Dyson.
Dans nous sommons à tous les ordres de la formule de
Dyson
le terme en a*d et nous retenons en outre le terme en b*d *d
qui apparaît
dans
[S(S, b*)].
Avec cette
approximation
nous avons :Pour calculer
approximativement
nousremplaçons
par
l’expression
trouvée ci-dessus et nous ne modifions pas le terme en b*d *d c’est-à-dire que pour ce terme nousgardons
le terme d’ordre zéro de la transformée deDyson.
On obtient ainsi
IV. - IDENTIFICATION DES
OPÉRATEURS PHYSIQUES
Le hamiltonien de Fermi étant
supposé donné,
les inconnues de notreproblème
sont lesparamètres qui
interviennent dans le hamiltonien deYukawa,
> àsavoir 20142014 ,
> ainsi que lesparamètres
dontdépend
la trans-264 J. MANDELBROJT
formation Nous les déterminons en écrivant
qu’à
l’ordred’approxi-
mation
considéré,
on ales conditions sur
AF, Ay, BF, By, Di, D:
etDF, Dy
étant alors automati- quement satisfaites.1. - Identification de avec
A~.
Cette identification donne deux conditions :
d’une part la réalité du rapport des coefficients de b*d * et de a* dans
eiS
F >d’autre part l’identification de ce rapport avec celui des mêmes termes dans
A~.
Ces deux conditions s’obtiennent immédiatement et s’écriventrespectivement
2. - Identification de avec
B~.
Cette identification donne trois
conditions,
d’une part l’identification du terme ena*d
deeisB;e -iS qui
donne deuxconditions,
une sur sapartie réelle,
l’autre sur sapartie imaginaire (qui
doit êtrenulle),
d’autre part l’identification du terme enb*d *d
de et deB~ qui
s’avèreimpos-
sible pour Z #
0,
avec la forme de la transformation eis que nous avonschoisi.
Nous examinons d’abord cette dernière condition.
Terme en b*d*d :
L’identification de ce terme donne
le second membre considéré comme fonction de la variable
/~
2014 est continu~
car le dénominateur ne s’annule pas du fait que E + E 2014 Q > 0. De
plus
ce second membre a un
signe
constantquel
que soit/~
2014, si en effet nous.
c~
cherchons à l’annuler nous trouvons
l’équation
en-2014 2~ /~
et
d’après
la conditionqui
donne la masse de l’état lié Q en fonction de Gla
parenthèse
dupremier
membre est nulle donc cetteéquation
ne peut être satisfaite que pour/~
~2014 2014~
oo.k
Si nous revenons maintenant à
l’équation Bg
le second membre de cetteéquation
a,d’après
cequi précède,
lesigne
de266 J. MANDELBROJT
qui
estnégatif
compte tenudonc
l’équation (Bg)
où lepremier
membre esttoujours positif,
le 2e membretoujours
J 0 n’a pasB
de solution(autre
queq 2014 y =
oo, =0} B
nous revien-/ drons dans la discussion au
paragraphe
suivant sur ce fait.Terme en da*.
L’identification du terme en
a*d
dans et dansB~
donne lesdeux conditions
(partie imaginaire
et réelle ducoefficient) :
Étude
dusystème d’équations (Ai) (A2), (B1), (B2).
Ce
système
admet évidemment la solution g -0 ’f
- aoqui
corres-pond
à Z = 0. Nous cherchons les autres solutions.L’éliminateur des inconnues a et s se fait aisément à l’aide des
équations A1
et
B
et conduit auxéquations
suivantes en Pet f 03C9k
système d’équation
que l’on résoutgraphiquement,
il est aisé de voir quece
système d’équation ( A’2), (B’2)
admet au moins 2 solutions en2~k
pourvu
que 03B2
=d (Ek-l + El - 03A9k)(Ek-q + Eq - Ek-l - El)|
soit suffi-samment
petit puisque
le maximum de pcorrespondant
à la courbeB’2
devient alors aussi
grand
que l’on veut pourvuque 03B2
soit suffisammentpetit,
cequi correspond
à une constante de Fermi G suffisammentgrande
ou encore, cequi
revient aumême,
au cut-oif de la théorie de Fermi suffisammentpetit.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Nous avons mis en évidence une transformation telle que les trans-
mués,
par cettetransformation,
desopérateurs
desparticules physiques
d’une théorie de Fermi soient
partiellement
identifiables avec lesopérateurs physiques
d’une théorie de Yukawa. Nous avonségalement
trouvél’équa-
tion
qui
permet alors d’avoir laquantité - (rapport
du carré de la constante c~de
couplage
àl’énergie
duméson)
de cette théorie de Yukawa. Il reste à examiner si cetteéquivalence partielle
a un intérêtphysique.
Autrement
dit,
cetteéquivalence partielle permet-elle
de dire que lesdeux théories donnent les mêmes
prévisions
pour certainsphénomènes
physiques ?
268 J. MANDELBROJT
Pour
répondre
à cettequestion,
il est utile de considérer un autre modèleque celui que nous avons
étudié,
le modèle de Chew-low du hamiltonien de Yukawacorrespondant
à la limite non relativiste du hamiltonienPV, PV,
et le modèle de Fermi
correspondant.
Les calculs
analogues
à ceux que nous avons faits montreraient dans ce cas que l’on peut identifier aupremier
ordre le transmué deA;
avecAy,
et
également
les termes en b*a transmué deB;
avec le termecorrespondant
de
B~.
Ainsi avec cetteéquivalence
restreinte on al’équivalence
des théories de Yukawa et de Fermi pour le mésonphysique
et pour le nuage de mésonsqui
habille lenucléon,
mais non pourl’habillage,
enpaires
nucléon anti- nucléon, du nucléon. Si maintenant nous considérons la diffusion méson nucléon en sourcefixe,
il n’est pas nécessaire d’avoir l’identité des termesen
b *d *d
de et deB~. Remarquons cependant
que même en serestreignant
à cephénomène,
le calcul que nous avons fait n’aqu’un
carac-tère
préliminaire,
il est en effet nécessaire d’introduire les termes d’ordre 4 dansA*,
et donc aussi dansS,
si l’on veut avoir une diffusion méson nucléoncar
jusqu’à
cet ordre A* + = A* - et parconséquent
l’élément de matriceB-A- A*+B*+ >
ne permet de calculer la diffusion méson nucléon en source fixe que si A a des termes d’ordre 4 àpartir desquels
A- diffère deAB
Ces termes sont donnés
explicitement
dans M. S. C.[2].
Si maintenant nous nous intéressions à un autre
phénomène physique
tel que par
exemple
la diffusion nucléonnucléon,
nous chercherions unetransformation eiS différente de la
précédente
car nousn’imposerions plus
que le transmué de
A;
soitA~.
Il est clair que la transformation
eiS correspondant
à cephénomène physique
serait obtenu enfabriquant
S àpartir
du grouped’opérateurs qui
interviennent dans le
développement
deB~.
La raison pourlaquelle
nous nepouvions
pas identifier les termes enb*d*d
de et deA#
dans lecalcul que nous avons fait tient en effet au fait que
l’expression
de S n’apas été choisie suffisamment
riche,
pour permettrecela,
mais une formeplus générale
aurait évidemmentcompliqué
les calculs. C’estpourquoi
il estbon pour
chaque phénomène physique auquel
on s’intéresse de choisir la transformation eiSqui
lui estadaptée.
Remarquons
pour terminer que nous avonsuniquement
identifié lesinteractions de Fermi et de Yukawa pour des
impulsions
deb*,
d * et a*tendant vers 0.
eisB;e-iS
ainsi que diffèrent deB~
etA~
par des facteurs de forme. Cecirejoint
lephénomène
déduit par Lovelace deséquations
de Fadeev, que dans l’interaction d’uneparticule composée
etd’une
particule élémentaire,
intervient un facteur de formecorrespondant
à la fonction d’onde de l’état lié.
Je remercie M. Ra0153lina Andriambololona pour avoir rectifié une for- mule du
paragraphe
III.BIBLIOGRAPHIE [1] B. JOUVET, Nuovo Cimento, t. 3, 1133, 1956.
[2] M. SIRUGUE-COLLIN, Nuovo Cimento, t. 41, A 485, 1966.
[3] Ra0153lina ANDRIAMBOLOLONA, Thèse de doctorat d’État (à paraître).
(Manuscrit reçu le 26 avril