C OMPOSITIO M ATHEMATICA
Z. M EBKHOUT
Une équivalence de catégories
Compositio Mathematica, tome 51, n
o1 (1984), p. 51-62
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51
UNE
ÉQUIVALENCE
DECATÉGORIES
Z. Mebkhout
© 1984 Martinus Nijhoff Publishers, The Hague. Printed in the Netherlands
Sommaire
§
1. IntroductionOn démontre que les faisceaux
ExtiCX(F, (9 x)
sont dessystèmes
différen-tiels d’ordre infini si
15î
est un faisceauC x- analytiquement
constructiblesur une variété
analytique complexe
lisse X.Compte
tenu des théorèmes de dualité locale pour lessystèmes différentiels,
ceci établitl’équivalence
de
catégories
entre lacatégorie
dérivée descomplexes
constructibles et lacatégorie
descomplexes
bornés deD~X-modu1es
àcohomologie
holo-nome. Cela ne résulte pas tout à fait par
dévissage
au casoù 9
est lefaisceau
caractéristique
d’un espaceanalytique
fermé de X. Faute dedisposer
de "localisation étale" pour rendre constants des faisceaux localement constants, il nous faut utiliser la résolution dessingularités
comme J. L. Verdier
[11],
dont nous suivons ladémonstration, qui
établitque les faisceaux
ExtlCX(F, g)
sont constructibles si’5j- et g
sont des faisceaux constructibles sur un espaceanalytique complexe.
Les autresingrédients
sont le théorème decomparaison
locale de[9],
l’extensioncanonique
d’une connexion de P.Deligne [1],
larégularité
dessystèmes holonomes,
le théorèmed’images
directes desDX-modules
holonomessous la condition d’existence de filtrations
globales
de M. Kashiwara[5]
et on
invoque
enfin le théorème de Grauert-Remmert comme A.Grothendieck
[2]
pour conserver larégularité
par unmorphisme projectif.
Nous obtenons en fait que tout faisceau constructible est localement solution d’un
système
holonome d’ordre finirégulier,
mais nous n’avonspas examiné la
globalisation. L’équivalence
établie fournit donc undictionnaire entre énoncés
géométriques
concernant les faisceaux con-structibles et énoncés
analytiques
concernant lessystèmes
différentiels.Un
exemple
est la dualité de Poincaré-Verdierqui
trouve sonanalogue
dans la dualité pour les
systèmes
différentiels(cf. [10], Chap. IV) qui
a éténotre motivation initiale. Nous verrons un autre
exemple
concernant laconnexion de Gauss-Manin d’une
singularité.
Nous utilisons les notations suivantes:(X, (9 x)
: variétéanalytique complexe
lisse de dimension n.DX = D
: faisceau desopérateurs
différentiels d’ordre fini sur X.D~X = GD 00 :
faisceau desopérateurs
différentiels d’ordre infini sur X.D(D)h
:catégorie
dérivée descomplexes
bornés deD-modules
àgauche
àcohomologie
holonome.D(D~)h
:catégorie
dérivée descomplexes
bornésde D~-modules
àgauche
àcohomologie
holonome.D(CX)c
:catégorie
dérivée descomplexes C-analytiquement
con-structibles.
01è
:objet
deD(D)h.
01è 00
:objet
deD(D~)h.
qf
:objet
deD(Cx),.
s2x
= 03A9 : faisceaux des n-formesholomorphes.
DR(m~) : complexe
de De Rham dem~ qui
estégal
par définition à RhomD~(OX, m~).
Y : espace
analytique
fermé de X défini par unidéal J
Y,R0393[Y](m): cohomologie
localealgébrique
à valeur dans01è qui
estégale
par définition à R
lim homOX/JkY, 01è).
C’est unobjet
deD(D) [9].
R0393Y(m~): cohomologie
localeanalytique
à valeur dans01è 00.
C’est unobjet
deD(D~).
(9 XIY
:complété
formel de(9 x
lelong
de Yégal
à limOX/JkY.
C’estun
GD x-module
àgauche.
Pour les définitions
qui peuvent
manquer, nous renvoyons le lecteur à[5]
par
exemple.
Pour démontrer le théorèmeprincipal,
on dévisse le com-plexe 9.
Et on utilise les conditions(a), (b)
et(c)
ci-dessous introduites dans[9]
dans le casparticulier
du faisceaucaractéristique C Y
d’unsous-espace
analytique complexe
de X.§
2.Régularité
et dualitéOn
rappelle ([10], Chap. III,
prop.3.3)
que les conditions(a), (b)
et(c)
suivantes sont
équivalentes:
(a) L’homomorphisme canonique DR(R0393[Y](m) ~ DR(R0393Y(m))
estun
isomorphisme
dansD(Cx),.
(b)
On a unisomorphisme canonique
dansD(Cx),:
(c) L’homomorphisme canonique
est un
isomorphisme
dansD(6J)oo)h.
La condition
(a)
est covariante.Compte
tenu de laproposition
6.20 deP.
Deligne [ 1 ],
elle estéquivalente
à larégularité
de9l
lelong
de Y pourune connexion.
La condition
(b)
est contravariante.Compte
tenu du théorème de B.Malgrange (théorème
1.4 de[7])
et del’isomorphisme (cf. [10], Chap. II,
prop.
6.1)
elle est
équivalente
à larégularité
dusystème 9TL
si X est une surface deRiemann.
La condition
(c)
est unisomorphisme
entresystèmes différentiels
alorsque les conditions
(a)
et(b)
sont desisomorphismes
entrecomplexes
constructibles. Pour le
système
de DeRham, m
=(9 x’
ces conditions sont établies sous cette forme dans[9].
La condition
(b)
est le théorème1.1,
la condition(c)
est le théorème1.2,
et la condition(a)
est le théorème 3.1qui
résulte essentiellement du théorème decomparaison
de A. Grothendieck[2]. L’équivalence,
dans lecas
général,
résulte des théorèmes de dualité locale([ 10], Chap. III).
§ 3.
Enoncé des théorèmesSoit ’5j-un complexe
deD(CX)c.
La structure deD~-modules
àgauche
deOX
munit lecomplexe
RhomCX(F, OX)
d’une structure decomplexe
deD~-modules
àgauche.
THÉORÈME 3.1 : Le
complexe
RhomCX(F, OX) appartient
àD(D~)h.
Par le théorème de M. Kashiwara
[4]
et le théorème3.1,
ondispose
alors de deux foncteurs:
PROPOSITION 3.2: Les
foncteurs
F et G sont inverses l’un de l’autre etétablissent une
équivalence
decatégorie
entreD(D~)h
etD( ex) c.
DÉMONSTRATION DE LA PROPOSITION 3.2: Il nous faut montrer que le foncteur
composé
G 0 F estisomorphe
au foncteuridentique
deD(D~)h,
ou que le
morphisme canonique
est un
isomorphisme
dansD(D~)h.
Mais c’est le théorème de bidualité locale:OX
est "dualisant" dansD(’5D’)hl ([10], Chap. III,
théorème2.1).
Montrons que le foncteur F 0 G est
isomorphe
au foncteuridentique
de
D(Cx),:
on al’isomorphisme
suivant([10], Chap. 1):
Le dernier
isomorphisme
résulte du lemme de Poincaré. Mais RhomCX(F, OX) appartient
àD(D~)h
en vertu du théorème 3.1. Par le théorème de dualité locale([ 10], Chap. III,
théorème1.1):
Le dernier
isomorphisme
résulte du fait que le faisceau constant C x est "dualisant" dansD(C,), [11].
Donc le foncteur F 0 G estisomorphe
au foncteur
identique
deD(Cx),.
D’où laproposition
3.2.On déduit par
exemple,
de laproposition
3.2 laproposition
suivante:PROPOSITION 3.3 : La
fibre
dufaisceau homD(91, 0L)
en toutpoint
de Xest un espace vectoriel
complexe
de dimensionfinie
si6)R,
etn
sont desD-modules
holonomes.DÉMONSTRATION DE LA PROPOSITION 3.3: Pour tout
point
x de Xl’homomorphisme
est
injective
parce que6j) 00
est fidèlementplat
surGD.
En vertu de laou que le
morphisme canonique
Il en résulte que
ExtlD~(m~, n~)
est un faisceau constructible en vertu de[ 11 (les ExtlCX
de faisceaux constructibles sontconstructibles)
et safibre en tout
point
de X est un espace vectorielcomplexe
de dimension fini. D’où laproposition
3.3. On trouve enparticulier
que si x est unpoint
de X lesendomorphismes GDx
linéaires denx
est un espace vectorielcomplexe
de dimension fini si0L
est unsystème
holonome. Ce résultat a été utilisé dans[5].
Il nous reste à établir le théorème 3.1. La démonstration de ce
théorème se fait en trois
étapes.
§ 4.
Démonstration du théorème 3.14. l. 1 ère
étape -
Réduction deD(D~)h
àD(D)h
Il nous faut montrer que le
complexe
RhomCX(F, OX) appartient
àD(D~)h.
Lescatégories D(GDoo)h(1)
etD(CX)c
sonttriangulées.
Onpeut
supposerque 5j-est
un faisceau constructible. Leproblème
est local sur X.On
peut
supposerque 5j-
est localement constant constructible sur un ouvert lisse connexe W d’un ferméanalytique
Y de X tel que lecomplémentaire
Z =YB W est
un ferméanalytique
de Y et nul en dehorsde W.
Notons j : W- Y,
a :Y ~ X, 13 = a o j: W- X,
et y : V- X les inclusionscanoniques
si V est lecomplémentaire
de Z dans X.On a alors
où 6
estégal
au faisceau localement constant constructible surW,
R(1) Voir la remarque 1.5.1 de l’article qui suit.
homCW(j-103B1-1F, CW).
Mais
R0393Y(OX) ~ 03B2!L
est àsupport
contenu dans Y et on ac
Faute de
disposer
deDY-modules
si Y estsingulier,
on nepeut
pas travailler sur Y comme dans[ 11 ].
On est doncobligé
de rester sur X.Mais,
en vertu du théorème decomparaison
locale duchapitre
II(théorème 1.3),
on aSoit
Pour démontrer le théorème
3.1,
il suffit de montrer que lecomplexe
de
GD V-modules
àcohomologie
holonome seprolonge
en uncomplexe 9ÏL
de
D(GD)h régulier
lelong
de Z. Eneffet,
la condition(c)
duparagraphe
2nous donne les
isomorphismes
suivants:Mais le
complexe
Rlim homOX (JkZ, 01(,) appartient
àD(D)h [9]
et RhomCX(F, (9 x) appartient à D(D~)h.
D’où le théorème 3.1.4.2. 2ème
étape -
Résolution dessingularités de
YOn peut trouver
[3] (le problème
est local surY)
unmorphisme projectif
qr de variétés
analytiques complexes qui
soit unisomorphisme
hors de Z:tel que:
soit le transformé strict de Y par 03C0,
Z
= 03C0-1Y()
est un diviseur à croisements normaux dans.
C’est de cette
façon qu’on
résout localement lessingularités
d’unespace
analytique complexe Y, X jouant
le rôled’espace
ambiant lisse[3].
Notons
les inclusions
canoniques.
La
restriction Ê
de03C0-103B2!L
àW est
un faisceau localement constant constructible. On a donc une variété lisseet
une connexionO ~C
surW complémentaire
d’un diviseur à croisements normaux. C’est la situa- tion de P.Deligne [1].
En vertu du théorème d’existence de[1],
cetteconnexion se
prolonge
en une connexionméromorphe régulière
lelong
deZ.
Nous allonsrappeler
la construction de cette connexioncanonique
pour
l’adapter
aulangage des D-modules
et en voir lespropriétés.
Noussuivons
l’exposé
de N. Katz[6].
Soit U un ouvert connexe de
Y
où sont définies des coordonnées localesy1,...,yp; (p=codim )
tellesque y = 0 (j=1,...,r; r p)
sont les branches du diviseur Z. La restriction de
L
à U ~W est
unfaisceau localement constant constructible et
correspond
donc à unereprésentation
du groupe fondamental’7TI (U n W )
dans la fibre E en unpoint
de UnW
Mais le groupe03C01(U~ W )
est commutatifengendré
parr
générateurs Yi ( j
=1,..., r) correspondant
chacun au lacet autour de labranche y
=0, j
=1,...,
r. Lareprésentation
p est donc déterminée par lesautomorphismes 03C1(03B3j), j = 1,... , r
de E. Onpeut
d’autrepart
trouverdes
endomorphismes Bj
de E tels que:-
exp(203C0iBj)=03C1(03B3j), j = 1,...,r;
- les
endomorphismes Bj
commutent mutuellement entre eux;-
0
ReÀ 1 si À une valeur propre deBJ.
Ces données
permettent
de construire l’extensioncanonique
en munis-sant
de la structure de
Q -modules
définie de lafaçon
suivante:si e
est unchamp
de vecteur surY, f
une fonctionméromorphe ayant
despôles
lelong
deZ
et e un vecteur de E. Ces constructions locales se recollent[ 1 ] pour
donner une structureglobale
deGD y-module
holonome àgauche
surc5L.
Onpeut
voir que la variétécaractéristique
de9L
est définie localement dansT*
paroù
~1,..., 11p
sont les coordonnéescotangentes
duales de y1,...,yr. Deplus, 0L
estrégulier
lelong
deZ
en ce sens que l’on al’isomorphisme (cf.
proposition
6.20 de[1]):
qui correspond
à la conditiona)
duparagraphe
2.Observons que le
6 y-module c5t
admet unefiltration (bonne) globale
par des 8
-modules
libres detype
fini.L’extension
canonique 0t
estun D-module
mais nous en cherchonsun
prolongement
en tant que6D x-module.
PosonsPour la définition de
D~,
voir([ 10], Chap. I)
ou[5].
LeQ -module D~
estplat
parceque à: ~
soit une immersion. LeGD x-module
est holonome. Il faut voir
qu’il prolonge à X
leQ p-module
Ceci résulte du lemme suivant.
LEMMA 4.2.1: On a un
isomorphisme canonique
deD-module:
La démonstration de ce lemme se fait par un calcul local direct
(tout
est
lisse)
et nous la laissons au lecteur. En tensorisant parf3!L
l’isomor-phisme
du lemme4.2.1,
on voit que151 prolonge 03B3-1(R0393(O) ~ !).
De la même
façon,
onpeut
voir que9tL
estrégulier
lelong
deZ
parce queÏ3:
2 -~
est une immersion. Enfait,
cela résultera aussi de la conservation de larégularité
parmorphisme projectif qui
sera établi authéorème 4.3.1.
4.3. 3ème
étape - Images
directes de PosonsIl est clair que
éll
est unprolongement
de03B3-1(R0393[Y](OX) ~ 03B2!L).
Ilnous reste à voir
qu’il appartient
àD(D)h
etqu’il
estrégulier
lelong
deZ.
Mais,
pour toutmorphisme
de variétésanalytiques complexes
lissesf: T2 ~ Tl,
on al’isomorphisme:
Si
QT
est le dualhomOT1(03A9T1,OT1)
de03A9T1.
La formule deprojection appliquée
à l’immersion âdonne l’isomorphisme
On a alors
m = 03C0 = 03C0 o [-p].
Mais
0t
admetglobalement
une bonne filtration sur,
il enrésulte,
envertu du théorème
[5] d’images
directesappliqué
aumorphisme projectif
03C0 o
,
que9!L appartient
àD(D)h.
Il reste à montrer quem
estrégulier
le
long
de Z.THÉORÈME 4.3.1:
L’homomorphisme canonique
est un
isomorphisme
dansD(Cx),.
Le théorème 4.3.1 achève la construction du
"prolongement" m
etdonc la démonstration du théorème 3.1.
Pour montrer le théorème
4.3.1,
on montre laproposition
suivante:PROPOSITION 4.3.2 : Pour tout
morphisme
propref : T,
-T2
de variétéanalytique complexe
et tout6DT,-module
àgauche 0è,
on a unisomorphisme canonique:
DÉMONSTRATION DE LA PROPOSITION 4.3.2: On
rappelle
que l’on al’isomorphisme
suivant(cf. chapitre I):
La formule de
projection appliquée
aumorphisme
propref
et au6D T2-module 0T2
à droite cohérent donnel’isomorphisme:
Mais f-1(03A9T2) ~Lf-1DT2DT2~T1 est isomorphe
à03A9T2. Finalement,
on obtientD’où la
proposition
4.3.2.DÉMONSTRATION DU THÉORÈME 4.3.1: Nous allons d’abord construire un
isomorphisme
On a:
Mais,
en vertu de laproposition
4.3.1appliquée
aumorphisme
qr, on a:On obtient finalement:
D’où
l’isomorphisme
cherché.De
même,
en raisonnantalgébriquement
sur les fibres dumorphisme projectif,
et eninvoquant
le théorème de Grauert-Remmert commeGrothendieck dans
[2] (note n°7
page99),
on construitl’isomorphisme algébrique analogue
àl’isomorphisme analytique précédent:
Le fait que le
6D -module 0è
estrégulier
lelong
deZ exprime qu’il
estalgébrisable
lelong
des fibres de 7r - à.Le
complexe DR()
est formé de 8y-modules
limitesinductives,
de 8y-modules
libres detype
fini. On est exactement dans la situation de Grothendieck[2].
Finalement,
on obtient lediagramme
L’isomorphisme
de lapremière ligne
dansD(C;)c correspondant
à larégularité
de9!L
lelong
deZ
nous donnel’isomorphisme
dansD(C x) c
dela deuxième
ligne.
D’où le théorème 4.2.1.Bibliographie
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doctorat d’état, Université de Paris VII, 126 pages (1979).
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Astérisque 36 - 37 (1976) 101-151.
(Oblatum 10-VI-1981)
V.E.R. de Mathématiques Université de Paris VII 2 place Jussieu
75221 Paris France