HAL Id: jpa-00237516
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Sur les houppes des cristaux polychroïques
A. Bertin
To cite this version:
A. Bertin. Sur les houppes des cristaux polychroïques. J. Phys. Theor. Appl., 1879, 8 (1), pp.217-227.
�10.1051/jphystap:018790080021700�. �jpa-00237516�
217
SUR LES HOUPPES DES CRISTAUX
POLYCHROÏQUES;
PAR M. A. BERTIN
(1).
Quand
onregarde
le ciel blanc et parconséquent
nonpolarisant
à travers une lame d’andalousite taillée
perpendiculairement
àl’un des axes
optiques,
on observe dechaque
côté de l’axe deuxsecteurs sombres sur um fond brillant : c’est ce
du’on appelle
leshoupppes (fig. 1).
Fig. i.
Quoique
cephénomène
soit connudepuis longtemps,
nos Traités dePhysique
n’enparlent
pas, et c’est àpeine
s’il estsignalé
dansquelques
Traités deMinéralogie.
Il a été découvert parBrewster,
en
1818,
dans lacordiérite , l’épidote , l’axinite,
le mica et latopaze (2).
Les
houppes
de lacordiérite, signalées
lespremières,
sont faibles.Celles de
l’épidote
sont au contrairetrès-apparentes
et coloréessur les
bords ;
on les voit même dans les cristauxnaturels,
mais ilfaut les
chercher,
tandisqu’elles apparaissent
de suite dans les lamesperpendiculaires
à l’un des axes. Celles de l’axinite sontencore
plus
colorées. Le mica se clivantperpendiculairement
à laligne
moyenne, il faut chercher seshouppes obliquement
dans ladirection des axes ; on les trouve alors par
paires,
et, comme onpeut
aussi observer les lemniscates aumicroscope polarisant,
on con-(’) Un Mémoire de lU. Bertin sur le même sujet a paru dans les Annales de Chimie
et de Physique, 5° série, t. XV, p. 396.
(2) flféJ1wire sur le dichroïsme des cristccux (Plzilosopltical Transactions, p. Il à 29;
I8I9). Ce Mémoire est traduit dans le Journal de Physique de mars â2o, t. XC,
p. 177 à 189.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018790080021700
2I8
statc que les
houppes
sontperpendiculaires
auplan
des axes: c’estce
qui
a lieu dans tous les cas. Brewster afiguré
deshouppes
très-apparentes
dans latopaze bleue ;
celles quej’ai
pu voir dans latopaze jaune
sont àpeine
sensibles.Les
plus
belleshouppes
sont celles del’andalousite, qui
nousont servi de
type
pour lafig.
i. Elles ont été découvertes par Hai-dinguer en I844 (’ ).
Celles du
diopside
ont étésignalées
par Biot.Enfin, en I854,
de Senarmont aproduit
deshouppes remarquables
dans lazotate de
strontiane,
en lui donnant unpolychroïsme
arti-liciel par une coloration au bois de
Campêche (2):
c’est ce quej’appelle
le sel de Senarl1l0nt. JBlalheureusenlent ce sel est très-efflorescent
et toutes les lamespréparées
par de Senarmont sont per- dues. Celles queje possède proviennent
d’unepréparation
faite àl’Ilcole
Normale par W. Bichat. Les unes sont tailléesperpendicu-
lairement à l’axe et donnent une belle
houppe
noire sur un fondpourpre; les autres sont
perpendiculaires
à laligne
moyenne etdonnent,
comme lemica,
deuxhouppes perpendiculaires
auplan
des axes. De Senarmont
parle aussi,
dans ceMémoire,
deshouppes
de l’acétate de cuivre : elles sont faibles.
Tout
récemment
M. Richard a retrouvé leshouppes
dans le cli- nochlore et M. Bertrand asignalé
unphénomène analogue
dans leplatinocyanurc d’yttrium.
Je réunis dans le Tableau suivant tous les cristaux dans
lesquels
les
houppes
ont étésignalées
et danslesquels je
les ai observées.(1) Répertoirc d’Optiqiie de l’abbé imoigno, t. IV, p. 1587.
(2) Chimie et de Physique, 31 série, t. XLI, p. 330; i85l.
2I9 On voit par ce Tableau que tous les cristaux
qui
donnent deshuppes appartiennent
aux troissystèmes
cristallins doués de deux axesoptiques.
Onpeut
même remarquer que ces axes y sonten
général
très-écartés etqu’ils
sont presqueperpendiculaires
dansles deux
espèces qui
donnent lesplus
belleshouppes,
l’andalousiteet
l’épidote.
Tous ces cristaux sontpolychroïques ;
leshouppes
seraient
même,
suivant deSenarmont, caractéristiques
dupoly-
chroïsme. Mais il ne fau t pas pousser les choses à l’extrême : il y
a
beaucoup
de cristauxpolychroïques
et nous n’en avons trouvéqu’une
dizaine donnant deshouppes.
Tout ce que nous pouvons dire deplus générale
c’est que :I° Les
houppes
ne s’observent que dans les cristaux biaxespoly- chroïques ;
2° Elles sont
tou j ours perpendiculaires
auplan
des axes et cen-trées sur le
point
oû l’axeoptique
perce le cristal.Fig. 2. riy. 3.
Si,
au lieu deregarder
nos lames sur un cielblanc,
nous les observons sur un cielbleu, qui
réfléchit de la lumièrepartiellement polarisée,
lephénomène changera d’aspect;
leshouppes
se cou-vriront d’anneaux traversés par une
ligne
neutre blanche ou noireet
qui
sedéplacera
avec le cristal. Ilimporte
donc d’étudier leshouppes
dans la lumièrepolarisée.
Combinons,
parexemple,
nos lames avec une tourmaline dont l’axe seraparallèle
ouperpendiculaire
auxhouppes.
Si nous avonsaffaire à une
andalousite,
parexemple,
dont nous avonsplacé
laligne
deshouppes horizontale,
la tourmalineparallèle
auxhouppes
nous montrera la
fig.
2 et la tourmalineperpendiculaire
auxhouppes
nous fera voir la.fig.
3 .Nous aurons les mêmes apparences sans tourmaline
si,
tenant220
la
ligne
deshouppes horizon tale,
nous recevons sur l’andalousite la lumière réfléchie par uneglace
noire horizontale ou par une vitre verticale.Ce sera encore la même chose si nous
regardons
à travers lamême
lame,
dont laligne
deshouppes
seratoujours horizontale,
la lumière
sortant d’unprisme biréfringent dont la section principale
serait verticale.
Quand
leshouppes apparaîtront
dansl’image ordinaire,
nous auronsla fig.
2, et, si nous les amenons ensuitedans
l’image extraordinaire,
nous verronsla fig.
3.Nous conclurons de toutes ces observations concordantes que les anneaux de la
fig.
2apparaissent
dans la lumièrepolarisée quand
ses vibrations sontparallèles
à laligne
deshouppes, et qu’ils
sont
remplacés
par les anneaux dela fig.
3quand
ces mêmes vibra-tions sont
perpendiculaires
auxhouppes.
Si nous
remplaçons
maintenant l’andalousite parl’épidote,
lesphénomènes
serontprécisément
les inverses desprécédents,
et cequ’il y
a desingulier,
c’est que tous les autres cristaux se com-portent
commel’épidote.
En
résumé,
si nous observons leshouppes
dans unchamp
delumière
polarisée,
nous verrons :Enfin,
si la lumière estpolarisée
des deux côtés ou si nous obser-vons nos lames dans une
pince
àtourmalines,
en tenanttoujours
la
ligne
deshouppes horizontale,
nous apercevrons dans l’anda- lousite lesfranges de la fig. 4
si les axes des tourmalines sontparallèles
auxhouppes,
et unefigure analogue
àla.f"-.
5 s’ils sontperpendiculaires.
Nousappellerons fig.
5 B celle que nous verronsdans ce dernier cas, et
qui
ne diffère dela fig.
5 que parce que laligne
neutre,qui
est sombre danscelle-ci,
est claire dans lafigure
observée.
Notre fig. 4 paraît
n’être que lareproduction
de la(ig. 2;
mais,
enréalité,
les anneaux sontplus beaux, plus nombreuxetplus marqués lorsque
lapince
estcomplète
quelorsqu’on
a enlevé unetourmaline. Notons encore que dans
la fig. 4 les
anneauxparaissent
limités à
l’espace occupé
par leshouppes,
tandis que ceux de lafig.
5 Boccupent
tout lechamp.
22I
Si nous
remplaçons
l’andalousite parl’épidote,
nous aurons lesphénomènes inverses,
c’est-à-dire lafig. 4, quand
les axes destourmalines
parallèles
serontperpendiculaires
à laligne
deshouppes,
etla fig.
5 Bquand
ils lui serontperpendiculaires.
Tousles cristaux du
type épidote
donneront les mêmesrésultats;
maisil est bien entendu que, pour que les
franges
soientbelles,
il fautque les lames ne soient ni
trop
colorées nitrop épaisses.
Enfin,
si les tourmalines sont croisées et laligne
deshouppes
Fig. 4. Fig. 5.
perpendiculaire
à l’axe de l’uned’elles,
on observera lafige 5
exac-tement, c’est-à-dire des anneaux traversés par une
ligne noire, qui
pour tous les cristaux est
perpendiculaire
à laligne
deshouppes.
En
résumé,
nous voyons que, en observant une lame donnant deshouppes
successivement dans la lumièrenaturelle,
dans la lumièrepolarisée
d’un côté et dans la lumièrepolarisée
des deuxcôtés,
lephénomène qu’elle
nousprésentera
se modifieraprogressivement
de
la fig.
1 d’abordaux fig.
2 et3, puis
à la finaulx 4
et 5.Mais celles-ci sont bien connues : ce sont les
franges
des biaxesperpendiculaires
à l’un des axes, comme sont les lames declivage
du sucre candi.
La théorie de ces
franges
est aussi connue. Si on la restreintau cas où
l’angle
des axes esttrès-grand,
comme dans l’andalousiteet
l’épidote,
que nous visonsspécialement
dans cetteétude,
cettethéorie se
simplifie
et conduit à la formuledans
laquelle
1 est l’intensité de la lumièrequi
a traversé lapince
à
tourmalines,
03B8l’angle
des axes destourmalines, oc l’azimut
duplan
des axes de la lame ou
l’angle qu’il
fait avec l’axe de lapremière
222
tourmaline, et o
l’azimut variable duplan
deréfraction, compté
àpartir
de la mêmeorigine; 03B4
est le retard que la lameimprime
auxdeux rayons
qui
la traversent. J’aidémontré,
dans mon Mémoiressur la surface
isochromatique (1),
que lesfranges
étaient ici desanneaux
équidistants,
dont le rayon estproportionnel
à a. Cesanneaux sont traversés par des
lignes
neutres que nous allonstrouver en discutant
l’équation.
1 ° Tourmalines croisées. 2013 Si 6 =
gon,
on aLa
ligne
neutre est donnée par ~ - a et son intensité est nulle.Pour e = o, q ==0; la
ligne
neutre est donc suivant l’axe de lapremière tourmaline, fig.5.
Si l’on fait tourner la lame sur son axe,la
ligne
neutre tourne en sens contraire duplan
des axes et se con-fond de nou veau avec lui
cluand
il coïncide avec l’axe de la deuxièmetourmaline,
ou de la tourmaline oculaire.2° TOal’171alincs
J7arallèles.
- Si 0 = o, on aLa
ligne
neutrecorrespond
encoreà y
=2013 a ; mais cette fois elle’
est
brillante,
car son intensité est 1, c’est-à-direégale
à celle de la lumière incidente. Cetteligne
brillante tourne donc en sens con-traire du
plan
des axes et se confond avec lui dans deux cas seu-lement : pour a =
go°,
elle est alorsperpendiculaire
aux tourmalines(fig. 4);
et, pour a == o, elle est alorsparallèle
au;tourmalines ;
ce sont lesfranges
que nous avonsdésignées
sous le nomde fig. 5B
Si dans la direction ~ -oc l’intensité est zéro ou 1, il en est encore à peu
près
de même dans une direction peu écartée. Parexemple,
à 6° de cetteligne,
sin2 61 étantégal à th,
la variationd’intensité est
insensible ,
c’est-à-dire que laligne
neutre s’étaleà
partir
du centre et forme réellement deux secteurs de I2° environ.Telle est la théorie des anneaux
représentés
dans lesfig. 4
et5 ;
ceux des
fib 2
et 3 s’en déduiront si nous trouvons dans les cris-(’) Annales de Chinzie et de Physique, 3e série, t. LXIII, p. 96.
223
taux
dichroïques
cequ’il
faut pourremplacer
la tourmaline absente.Ces anneaux son t
déjà plus
effacés que lespremi ers,
et, si l’on enlèveencore la seconde
tourmaline,
on retrouve deshouppes qui peuvent
passer pour des anneaux encoreplus
effacés que les seconds.Telle est l’idée que W. Herschel
développe
dans sonOptique (§1068).
Pourexpliquer
comment leshouppes
ne sont que desanneaux
effacées,
il suppose que le cristalqui
donne deshouppes
est
un cristalirrégulier
danslequel
les axes des diversesparties
necoïncident pas. Un
pareil
cristal donnerait des anneauxbrouillés,
parce que les maxima et les minima se
superposeraient
enpartie,
et il en résulterait que la
partie qui
devrait êtreoccupée
par lesanneaux serait seulement moins éclairée que le reste du
champ.
« On
peut ajouter, dit-il,
àl’appui
de cettehypothèse,
due, si dans les cristaux àhouppes
on exalnine les anneauxpolarisés ordinaires,
on trouve ces derniers d’une extréme
irrégularité,
cequi
prouve visiblement la non-coïncidence des axes. »Pour
moi, je n’ai jamais remarqué d’irrégularité
dans les anneauxde
l’andalousite,
parexemple ; je
croisqu’il
faut chercher ailleursl’explication
de seshouppes
et ne pas oublier que c’est unphéno-
mène
qui
esttoujours accompagné
d’un dichroïsmeprononcé.
On sait que le dichroïsme consiste dans une
absorption inégales
des deux faisceaux lumineux dans
lesquels
sedécompose
la lumièrequi
tombe sur une lame cristallisée. Le cas leplus remarquable
dece genre est celui que Biot a découvert dans la tourmaline
en
1814 (1).
Ce cristal absorberapidement
le rayonordinaire,
defaçon
que, sous uneépaisseur
engénéral très-petite,
une lameparallèle
à l’axe ne laisseplus
passer que les vibrationsdirigées ,
suivant l’axe. Dans les tourmalines noires
l’absorption
se fait à peuprès également
pour toutes lescouleurs,
de sorte que le rayon ordinaire s’affaiblit sans se colorer. Mais il n’en est pas de même dans laplupart
des cristauxdichroïques ;
celan’a jamais
lieu notam-ment dans les cristaux
polychroïques, qui
sonttoujours
biaxes.Mais il suffit que
l’absorption
soitinégale
dans les deux rayons pour que le faisceauqui
a traversé unepareille
lame ne soitplus
de lalumière
naturelle,
lnais de la lumièrepartiellement polarisée.
Cettepolarisation partielle
ne diffère de celle de la tourmaline que par(1) Annales de Chimie et de Physique, t. XCIV, p. 131; I8I5.
224
l’intensité,
et une lamedichroïque peut toujours
être assimilée àune tourmaline
qui
seraittrop
mince pour éteindrecomplétement
l’un des rayons. Aussi
peut-on,
dans lapince
àtourmalines,
rem-placer
l’une des tourmalines on toutes les deux par une andalou- site ou par uneépidote.
J’ai unepince semblable,
danslaquelle,
ilest vrai,
l’andalousite etl’épidote
sontparallèles
aux axes; mais ilest facile de s’assurer que, si ces lames étaient
perpendiculaires à
l’un des axes, elles
pourraient
encore nousservir,
c’est-à-direquelles polarisent toujours partiellement
la lumiére.Prenons par
exemple
notreandalousite, qui
donne leshouppes
de
la.fig.
l, etplaçons-la,
leshouppes horizontales,
derrière unprisme biréfringent
à sectionverticale ,
donnant deuximages
écartées d’une ouverture. En inclinant un peu la lame autour de la
ligne
deshouppes,
celles-ci sortiront duchamp
et les deuximages
seront
uniformes,
mais différentes entre ellespar la
couleur et l’in-tensité. L’ordinaire sera la
plus
brillante et elle sera à peuprès blanche ;
l’extraordinaire sera laplus
sombre et elle sera d’un beaurouge. Nous conclurons de là que, des deux vibrations transmises par
l’andalousite,
cellequi
estparallèle
auxhouppes
est laplus
intense et celle
qui
leur estperpendiculaire
ouqui
estparallèle
au
plan
des axes, laplus
faible. Ce sera le contraire pourl’épidote
elles autres cristaux à
houppes, commel’indiclue
le Tableau suivant:Ainsi la lumière
qui
a traversé r2os lamesest fornzee
par des vibrationstrès-inégales:
lesplits
intenses sontparallèles
auxhouppes
dans l’andalousite etperpendiculaires
auxhouppes
dansl’épidote
et les autres cristaux.On
peut
allerplus
loin etplacer
en avant duprisme biréfringent
un
spectroscope
à fenteverticale ;
on voit alors deuxspectres,
l’ordinaire , qui
renferme toutes les vibrationsparallèles
auxhouppes,
etl’extraordinaire, qui
renferme toutes les vibrations225
perpendiculaires
auxhouppes
ouparallèles
auplan
des axes. Onobserve alors que :
Avec
l’andalousite,
lespectre
ordinaire est brillant et à peuprès complet,
tandis que l’extraordinaire estplus
faible etincomplet,
le rouge y
domine,
le vert et lejaune
y sonttrès-faibles,
le bleucomplètement
absent.Avec
l’épido te,
aucontraire,
lespectre
extraordinaire est leplus
intense,
mais il n’estplus complet ;
le vert ydomine,
le rouge estfaible,
les autres couleurs sontabsentes;
lespectre
ordinaire est ex-trêmement
faible,
et le vert notamment y faitcomplétement
défaut.i ° Considérons d’abord l’andalousite
perpendiculaire
à un axe.Traçons
sur la lame la direction deshouppes
et la direction per-pendiculaire, qui représentera
leplan
des axes, etdécomposons
la lumière naturelle
qui
tombe sur la lame suivant ces deux direc- tions. Nous obtiendrons ainsi deux vibrationspolarisées
àangle
droit
qui,
d’abordégales,
se différencieront deplus
enplus
en tra-versant le cristal et donneront à la sortie deux faisceaux
différents,
l’un
provenant
des vibrationsparallèles
auxhouppes,
qiie nous ap-pellerons H,
et l’autreprovenant
des vibrationsparallèles
auplan
des axes et que nous
appellerons
A. Ici H estplus grand
que A. La lumière A se compose de rouge, d’un peu de vert et dejaune ;
pre-nons-en autant sur H : nous aurons ainsi deux rayons de même couleur
polarisés
àangle
droi t. Ces deux rayons reconstitueront.de la lumière naturelle 2A
qui
serarépandue
sur tout lechamp,
etil nous restera un faisceau
coloré, polarisé,
d’intensitéH A,
formé par les vibrations
parallèles
auxhouppes.
C’est donc commesi la lame d’andalousite de couler 2 A avait été
placée
entre deuxtourmalines
parallèles
auxhouppes,
etexposée
à la lumière H - A.C’est le cas des tourmalines
parallèles
entre elles etperpendicu-
laires au
plan
des axes.Or,
nous avons vu que dans ce cas lesfranges
sont des anneaux à centreblanc,
traversés par unehouppe
brillante
perpendiculaire
aux axes des tourmalines et d’intensité H - A. Cette lumièreH A, s’ajoutant
à la couleur 2 A dufond, donnera,
pour la lumière de laligne
neutre,H + A,
c’est-à-dire la couleur naturelle del’andalousite, qui
est un blanctrès-peu
teintéde
jaune
et de vert.De
chaque
côté de laligne
neutre s’étalent deux secteursqui
devraient être traversés par des anneaux
correspondant
aux maxima226
et aux
minima;
mais ces maxima eu ces mii-iima seront, pour ainsidire,
étouffés par la lumièregénérale
2A, qui
est rouge, et l’on neverra que deux secteurs rouges.
Cependant,
en yregardant
deprès,
on verra
poindre
les traces des deuxpremiers
anneaux, comrne l’atrès-bien
remarqué
l’artistequi
a dessinélafig.
1.Veut-on faire
apparaître
distinctement ces anneaux , il faut éteindre la lumièreA, qui
nousgêne.
Il suffit pour cela depola-
riser la lumière à l’entrée avec une tourmaline
perpendiculaire
auplan
des axes ouparallèle
auxhouppes.
On voitalors,
eneffet,
lesanneaux
représentés fig.
2.Mais,
si l’on mettait l’axe de la tourmalineperpendiculaire
auxhouppe,
l’andalousite serait alors dans le même cas que si elle était entre deux tourmalinescroisées,
la vibration incidente étantuniquement
suivant leplan
des axes et la vibrationémergente prin- cipalen-lent
suivant leshouppes ;
on aurait alors les anneaux tra-versés par une bande noire
de lafig.
3.Si l’on observe l’andalousite entre deux
tournlalines,
c’est l’actionde celles-ci
qui l’emporte,
et l’on a alors lesfranges
connues desbiaxes
perpendiculaires, la fig. 4
avec les tourmalinesparallèles
etla fig.
5 avec les tourmalines croisées.2°
S’agit-il
maintenan t del’épidote,
il faut serappeler
que cette fois A estplus grand
que H. Nousprendrons
alors sur A unelumière
égale
àH,
c’est-à-diue du rouge et un peu debleu,
demanière à faire le brun de
l’image ordinaire,
et nous trouveronssur tout le
champ
une couleur bruneégale
à 2 H. La couleur A - Hsubira seule une transformation de ses vibrations dans le
cristal,
comme si la lame était
placée
entre deux tourmalin esparallèles
entre elles et au
plan
des axes. Dans ce cas, nous avons encoretrouvé des anneaux avec une
ligne
neutrequi
estparallèle
auplan
des axes, et par
conséquent toujours perpendiculaire
auxhouppes.
Elle doit avoir pour couleur
A - H, qui s’ajoute
à la couleur 2H du fond pour former la couleurA+ H,
la teinte naturelle du cris- tal.Quant
aux anneaux, ils sont bienmieux,
cettefois,
étoufféspar la couleur brune a H
répandue
sur tout lechamp,
et l’on n’envoit pas trace.
Si l’on veut les faire
apparaître,
il faut éteindre la lumière H avec une tourmalineparallèle
auplan
des axes, et l’on obtientlafig.
2.Mais,
si on la tournait pour que son axe fûtparallèle aux houppes,
227
les deux vibrations d’entrée et de sortie seraient
rectangulaires,
etl’on aurait les anneaux des tourmalines croisées
fig. 3).
Entre deux
tourmalines,
on obtient naturellementles fig. 4
et 5.En
résumé,
il faut considérer les lames biaxesperpendiculaires qui
donnent deshouppes
commeplacées
naturellement dans unemauvaise
pince
à tourmalinesparallèles.
La lumièrequ’elles
trans-mettent se compose de lumière naturelle 2A ou 2 H et de lumière
polarisée
H - A ouA H, qui
vibre tantôtparallèlement
auxhouppes
et tantôtperpendiculairement.
Leshouppes
sont forméespar des segments d’anneaux
qui
ne sont pasapparents,
parcequ’ils
sont
noyés
dans la lumière naturelle.On voit que les
houppes
ne sontpossibles
que si la lumièrepola-
risée H A a une intensité notable ou si le dichroïsme est pro- noncé. Voilà
pourquoi
on ne les trouve pas dans tous les cristauxpolychroïques, malgré l’aphorisme
de Senarmont. L’addition d"une tourmaline au cristal aideraitpuissamment
dans ces re -cherches,
car elleaugmente
d’une manière très-sensible l’éclat deshouppes trop
faibles.NOTE SUR LES HOUPPES QUE PRÉSENTENT LES CRISTAUX A UN AXE OPTIQUE;
PAR M. ÉM. BERTRAND.
Le
phénomène
deshouppes
a été observé etétudié,
il y aplus
de soixante ans, par
Brewster, puis
parHerschel, Haidinger,
deSenarmont,
etc., enfinplus
récemment par M. Bertin(1); mais, ,jusqu’à présent,
ces observations avaientporté uniquement
sur lescristaux à deux axes
optiques,
et l’on n’avait pas encore observé cephénomène
dans les cristaux à un axe.Non-seulement ce
phénomène
n’avait pas encore étéobservée
mais son existence
paraissait
même sinonimpossible,
tout aumoins peu vraisemblable.
Il existe
pourtant
et de lafaçon
laplus
nette.(1) Annales de Chimie et de Pllysique, p. 399; novel11hre I878.