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Effets de la teneur en grain de l’ensilage de maïs sur les
performances zootechniques de vaches laitières
J.C. Émile, Y. Barrière
To cite this version:
J.C.
ÉMILE
Y.BARRIÈRE
INRA Station d’Amélioration des Plantes
Fourragères
86600Lusignan
Effets de la
teneur
en
grain
de
l’ensilage
de
maïs
sur les
performances
zootechniques
de
vaches laitières
L’ensilage
de maïs
estdevenu le
principal fourrage
conservé de l’alimentation des
ruminants.
Des
hybrides
caractérisés par
uneforte
productivité
enbiomasse
pourraient
permettre
d’accroître
encorel’intérêt de
cetteculture pour l’éleveur
malgré
une teneuren
grain plus
faible que celle des variétés
grain
actuelles.
Le maïs ensilé est très
largement
utilisé enFrance et en
Europe
pour l’alimentation des ruminants. Cetteplante
se caractérise parrapport
auxfourrages
traditionnels par lajuxtaposition
enparties
presqueégales
degrains
et d’unepartie
nongrain composée
detiges,
defeuilles,
despathes
et de rafles. Lapartie grain, composée
essentiellementd’ami-don,
est trèsdigestible
par les ruminants(de
l’ordre de 90
%).
Ladigestibilité
de lapartie
non-grain
est, quant
àelle,
plus
faible etvariable en fonction de sa
composition
biochi-mique
et desgénotypes
considérés. Ladigesti-bilité de la matière
organique
desplantes
entières est ainsicomprise
entre 65 et 76 %(Barrière et al
1992).
Parmi les critères de choix d’une variété
pour l’éleveur il y a bien entendu son
adapta-tion aux conditions locales
(climat,
sol)
mais aussi son rendementpotentiel
en matièresèche
digestible.
Barrière et al(1987)
ont montré que l’accroissement des rendementsen
grain
dans les dernières décennies ne s’estaccompagné
d’une amélioration du rendementen biomasse totale que pour les
hybrides
pré-coces. Pour lesautres,
et enparticulier
pourles
hybrides demi-précoces,
ce rendementplante
entière a eu tendance àstagner,
mal-gré
desgains
de rendement engrain
considé-rables. L’amélioration du rendement de la
partie
nongrain apparaît
donc être une voie àne pas
négliger.
Il est actuellement difficile depréciser
la teneur engrain optimale
d’unensi-lage
demaïs,
préalable
à la mise enplace
deprogrammes efficaces de sélection. Par
sécu-rité ou
facilité,
il a été souvent conseillé uneteneur en
grain maximale,
ensupposant
quela meilleure variété en
grain
sera la meilleure enensilage,
sans que des mesures sur des ani-maux n’aient étéprises
encompte
pourétayer
cette idée.
Les
comparaisons,
chez la vachelaitière,
d’ensilages
de maïs en fonction de leur teneuren
grain
sont rares et les conditions desdiverses
expérimentations
ne sont pashomo-gènes.
Hemken et al(1971)
obtiennent desproductions
laitières semblables avec deuxhybrides
à teneur engrain
différente(67
et56 % de la matière
sèche).
Lorsque
ces2
hybrides
sont débarrassés de leurépis
à larécolte,
lesproductions
laitières chutent rela-tivement peu. Ces essais ontmalheureuse-ment été réalisés avec des niveaux de
produc-tion faibles
(15
à 17kg
de lait par vache et parjour)
et les teneurs en matière sèche desensilages
sansépis
sont faibles parrapport
àcelles des
ensilages
normaux(24
% contre34
%),
introduisant un biaisimportant
par lesquantités ingérées.
Rémond et Journet(1977)
montrent, quant
à eux, que des maïs pauvresen
grain
(20
à 30 % degrain
dans la matièreRésumé
_________________________Les
performances zootechniques
de vaches laitières alimentées avec unensilage
demaïs
appauvri
enépis
lors de la récolte ont étécomparées
à celles de lots témoinsrecevant
l’ensilage
normal. En conditionsd’apports énergétiques proches
de la satis-faction des besoins (3essais),
la réduction de la teneur engrain
de 50 à 44 % de la matière sèche n’a eu d’incidencemajeure
ni sur lesquantitées ingérées,
ni sur lesproductions
laitières(22,9
et22,8
kg
de laitbrut,
en moyenne desessais,
respective-ment pour les lots
appauvris
et normaux) ou lesreprises
depoids. Lorsque
lesapports
énergétiques
étaient insuffisants (1essai),
on a observé unedégradation
destaux
butyreux
etprotéiques.
Les estimations de valeursénergétiques
de cesensi-lages,
fournies par diverses méthodes(composition
de laplante,
digestibilité
inuiuo,
digestibilité
in vitro par des enzymes ou dujus
derumen),
nepermettaient
pas deprédire
ces résultats.L’appauvrissement
enépis
s’est traduit par une meilleureutili-sation par l’animal de la
partie
nongrain
du maïs(0,71
UFL contre0,66
UFL dans nosconditions).
Il semble ainsipossible
pour le sélectionneur d’améliorer notablement le rendement en biomasse de cette culture destinée à l’alimentation des vaches laitièresen
acceptant
une diminution de la teneur engrain qui
ne serait finalement passèche)
à la suite de stresshydriques
condui-sent à des
productions
laitières inférieures de1,7
à2,4
kg
à cellespermises
par desensi-lages
normaux (45 %grain)
mais ces deuxtypes
d’ensilage
n’ont pas été testéssimulta-nément et les
apports
decomplément
n’étaient pasparfaitement
comparables.
Enfin descomparaisons
de variétés ou deden-sités de
semis,
faites par l’ITEB(1988-89-90),
montrent que les
ensilages
lesplus
pauvresen
grain
ont été les moins bien valorisés alorsqu’une expérimentation
menée à l’INRA deLusignan,
comparant
deuxhybrides
diffé-rents,
montre que l’un desgénotypes,
bien queplus
pauvre engrain,
est mieux utilisé que l’autre(Barrière
et Emile 1990). Enfait,
danstoutes ces
comparaisons,
la teneur engrain
n’est pas le seul facteur de variation entre les
régimes
testéset,
enparticulier,
lesparties
non-grain
des différentsensilages
ne sont pascomparables
(densité
desemis,
stress envégé-tation ou
génotypes).
Le but des essais
présentés
ici est decompa-rer des
ensilages
provenant
du mêmegéno-type,
de la mêmeparcelle,
avec descaractéris-tiques
desparties
non-grains
comparables
etqui
ne se différencieraient donc que par leurteneur en
grain.
Nous avons pour cela retirédes
épis
dans laparcelle
au moment de la récolte afin de diminuer la teneur engrain
tout en ne modifiant pas la
quantité
ni la qua-lité dunon-grain.
Cette méthode adéjà
étéemployée
par Andrieu etDemarquilly
(1974)
pourappauvrir
ou enrichir desensilages
dis-tribués à des moutons en mesures de
digesti-bilité. Les
ensilages
ainsi réalisés(appelés
&dquo;normaux&dquo; et&dquo;appauvris&dquo;)
ont été distribués àdes vaches laitières. La
comparaison
a étéeffectuée durant 3 années avec des niveaux
d’apport
de concentrés conformes auxrecom-mandations
habituelles, puis
unequatrième
année avec des
apports
de concentrévolontai-rement
plus
faibles.1
/ Principales
conditions
expérimentales
___Implantées
à l’INRA deLusignan
(Vienne),
lesparcelles
de maïs ont été conduites dans les conditions courantes desexploitations
modernes. Unepartie
de laparcelle
a étéensi-lée en
plante
entière. L’autrepartie
a été récoltée 24 à 48 heuresplus
tardaprès
élimi-nation d’1épi
sur 8(essai 1)
ou d’1épi
sur 4(essais
2,
3 et4).
Le maïs&dquo;appauvri&dquo;
ainsi obtenu se caractérisait donc par une teneur engrain plus
faible que celle dufourrage
&dquo;nor-mal&dquo; mais les
parties non-grain
étaientdirec-tement
comparables.
Leléger décalage
de récolte entre les deuxparties
de laparcelle
aréduit les différences de teneur en matière
sèche liées au retrait d’une
partie
desépis.
Les variétés de maïs utilisées étaient Dea
(essais
1,
2 et 4) et Arcade (essai3).
Lapre-mière,
trèscultivée,
est unhybride
inscrit en1980 sur des critères
grain
avant la mise enplace
de la mentionensilage ;
laseconde,
de mêmeprécocité,
est inscrite avec seulement lamention
ensilage
(1986).Ces
ensilages
ont été distribués à des vaches laitières. Lesprincipales
conditionsexpérimentales
sont détaillées dans le tableau 1. Letroupeau
expérimental
de55 vaches FFPN x Holstein d’un niveau
moyen de
production
de 7 500kg
de lait paran environ a
permis
chaque
année deconsti-tuer des lots
comparables
(8
à 10 animaux dont 2 à 4primipares)
selon les critères habi-tuels de mise en lots etprenant
encompte
lesperformances
réaliséespendant
lapré-expé-rience
(peu après
lepic
delactation).
Les essais se sont déroulés durant 11 à
14 semaines en hiver.
Chaque
lot d’animaux areçu comme
fourrage
de base l’un des 2ensi-lages
effectués à l’automneprécédent,
normalou
appauvri,
constituant ainsi les 2traite-ments
expérimentaux.
Cesensilages
demaïs,
distribués à volonté
(5
à 10 % derefus)
ont étééquilibrés,
par les mêmesapports
de tour-teauxtannés,
d’urée et d’un concentré minéral vitaminé. Un concentré deproduction,
type
tourteau de
soja-céréales,
a été distribué enfonction des
productions
laitières attendues. Pour les troispremiers essais,
lesquantités
de concentrésapportées
ont été conformes auxrecommandations INRA
(1988).
Lors duqua-trième
essai,
nous avons réduit lesapports
deconcentrés de
façon
àplacer
les animaux enétat de sous-alimentation
énergétique
tout enveillant à ne pas induire de déficit azoté. Nous avons alors
ajouté
un troisièmelot,
témoinpositif,
recevantl’ensilage
&dquo;normal&dquo; avec unecomplémentation
habituelle(Lot &dquo;Témoin&dquo;).
Les mesures individuelles ont
porté
sur lesquantités ingérées
(fourrages
etconcentrés),
la
production
et lacomposition
du lait ainsique sur les variations de
poids
desanimaux,
corrigées
des variations depoids
du contenudigestif
(4kg/kg
de matière sècheingérée ;
Chilliard et al 1987). Des bilansénergétiques
les besoins des animaux
(entretien,
produc-tion delait,
variation depoids
corrigé)
et lesapports
de la ration(fourrages
etconcentrés)
en tenant
compte
des interactionsnégatives
entre
fourrages
et concentrés liées à l’utilisa-tion del’énergie
(Faverdin
et al1987).
Pources
bilans,
destinés à caractériser le niveau desatisfaction des besoins
énergétiques
etazo-tés,
nous avons admis pour valeursénergé-tiques
desensilages
demaïs,
celles fourniespar les mesures in vivo. Nous avons dans un
second
temps
supposé
l’équilibre
entre les besoins et lesapports
et déduit ainsi les valeursénergétiques (appelées
UFLvaches)
auxquelles
ont été valorisés chacun desensi-lages.
recevant par ailleurs un correcteur
d’ensilage
apportant urée,
minéraux et vitamines (15 gd’urée/kg
deMS).
Les coefficients d’utilisationdigestive
de la matièreorganique
et de la cel-lulose brute(respectivement
notés CUD MOet CUD Cellulose dans les
tableaux)
ont été mesurés par collecte totale des fècespendant
5jours
de mesure et ontpermis
de calculer la valeurénergétique
deréférence,
notée UFLmoutons
(Andrieu
etDemarquilly
1987). Desmesures de
digestibilité
in vitro par lesméthodes
jus
de rumen(Tilley
etTerry
1963)et de solubilité
enzymatique
APC(Lila
et al1986) ont
également
été effectuées sur cesensilages.
Enfin,
les valeursénergétiques
ontété
estimées,
àpartir
des teneurs engrain
àla récolte ou en cellulose brute des
ensilages
(Andrieu 1984) et notées UFL
grain
et UFL Cellulose. Les teneurs en matière sèche desensilages
ont étécorrigées
despertes
depro-duits volatils à l’étuve
(Dulphy
etDemarquilly
1981).
2
/ Résultats
2.i
/ Caractérisation
des
ensilages
et
estimation indirecte de leur
valeur
énergétique
Le tableau 2 donne les
principales
caracté-ristiques
desensilages
distribués et leurs valeursénergétiques,
calculées ou estiméesselon diverses méthodes.
L’appauvrissement
enépis
s’est traduit enmoyenne des 4 essais par une baisse de la
teneur en
grain
deprès
de 6points,
soit 12%,
et uneaugmentation
de la teneur en cellulosebrute de l’ordre de 2
points.
Les estimations de la valeurénergétique
del’ensilage
appau-vri par les teneurs en
grain
ou en cellulosereflètent nécessairement ces différences de
composition
(- 0,03
UFL/kg
MS parrapport
àl’ensilage
normal).
Ladigestibilité
de la matièreorganique
est inférieure de2,5
points
pour les
ensilages appauvris
(68,1
% contre70,6
%) cequi
induit une différence de valeurénergétique
de0,06
UFL. La cellulose brute de cesensilages apparaît
par contre mieux valorisée (+2,5
points).
Les mesures in vitro confirment elles-aussi
la meilleure valeur
énergétique
desensilages
normaux, si l’on fait abstraction des valeurs
de
digestibilité
jus
de rumen et APCinexpli-cables de l’essai 1.
2.
2
/Performances
zootechniques
et
estimation directe de la valeur
énergétique
des
ensilages
Les résultats
présentés
dans le tableau 3 selimitent aux données
globales
dechaque
trai-tement sans
séparer
les vachesmultipares
etprimipares
en raison des très faibles diffé-rences decomportement
entre le lot et les seulesmultipares.
Nous
présentons
d’abord les résultats des troispremiers
essais,
comparables
carconduits à
apports
énergétiques suffisants,
-
Effets
de la réduction de la teneur engrain
en conditions desatisfaction
desbesoins
énergétiques
des animaux.Avec des
proportions
de concentrés assezfaibles
(de
12 à 19 % de la matière sèche totale selon lesannées),
lesingestions
de maïs ont été élevées :16,0
kg
pour l’ensemble des 56 vaches avec16,8
kg
et14,0
kg
respective-ment pour les
multipares
etprimipares.
Lesquantités
ingérées
totales(3,1
kg
MS pour100
kg
depoids
vif)
sontlégèrement plus
éle-vées que les valeurs des tables INRA(1988).
Dans
chaque
essai,
l’ingestion
del’ensilage
appauvri
a étécomparable
à celle del’ensilage
normal(respectivement
15,9
et16,0
kg
de matièresèche)
et cecimalgré
une teneur enmatière sèche
régulièrement
inférieure(31,7
et
33,0
%).
Les teneurs en matière sèche desensilages
distribués sont satisfaisantes(30
à 35 % enmoyenne)
mais recouvrent de fortes variationsjournalières.
Les
productions
obtenueschaque
année,
lors des
périodes
expérimentales,
20 à 25kg
de lait brut avec des tauxbutyreux
(TB)
etprotéiques
(TP)
moyensproches
de 44 et 31 gpar
kg
reflètent bien lesperformances
habi-tuelles du
troupeau, compte
tenu des stades de lactation. Tout comme pour lesquantités
ingérées,
on ne constate pas de différencesignificative
ni pour lesproductions
laitières brutes ni pour lesproductions
standardisées(lait
à 4%)
entre les lotsayant
reçul’ensilage
appauvri
ou normal du mêmegénotype
et ceci chacune des trois années. Les vaches des lots&dquo;appauvris&dquo;
ontproduit
en moyenne22,9
kg
de lait par
jour
à44,0
g/kg
de tauxbutyreux
et31,6
g/kg
de tauxprotéique,
les lots&dquo;nor-maux&dquo;
produisant
22,8
kg
de lait à44,4
g/kg
et
31,4
g/kg.
En tenant
compte
des variations de contenudigestif,
les animaux ontglobalement repris
du
poids chaque
année(211,
249 et 294g/jour
La teneur en
grain
de
l’ensilage
de maïsn’a pas eu
d’effet
sur les
quantités
ingérées
ni surla
production
etEn situation de sous-alimentation
énergétique,
la diminution de lateneur en
grain
s’esttraduite par une
forte
diminution destaux
butyreux
etprotéique.
pour les 3 essais). La
reprise
depoids
atoute-fois été
plus
faiblechaque
année dans les lotsappauvris
(215g/jour)
parrapport
aux lots normaux (288g/jour).
Les bilans azotés des lots montrent
qu’en
moyenne les
apports
sontsupérieurs
de 10 %aux besoins.
Remarquons
toutefois que lesreprises
depoids
n’intervenant pas dans cesbilans,
ces besoins se trouvent doncsous-esti-més. Les bilans
énergétiques,
établis enpre-nant pour valeur
énergétique
desensilages
les données de référence obtenues in vivo surmoutons standards et
intégrant
les variations depoids, sont légèrement négatifs
(-1,5 et
-
0,6
UFL pour les lotsappauvris
etnormaux)
ce
qui
montre que nos animaux n’étaient pas en suralimentation. Les valeurs devalorisa-tion
énergétique
de cesensilages
par lesvaches laitières sont relativement variables
entre années
(0,91, 0,90
puis
1,01 UFL)
mais trèsproches
entre les deux traitements(0,94
et
0,95
UFL pour les lotsappauvris
etnor-maux).
Si l’on examine les variations indivi-duelles de ces valeurs devalorisation,
onpeut
observer que,
parmi
les animaux valorisanttrès bien
l’ensilage
reçu, ceuxqui
consommentles
ensilages appauvris
ontplus
tendance à le valoriser efficacement en lait alors que lesautres se caractérisent par des
reprises
depoids plus importantes.
-
Effets
de la réduction de la teneur engrain
en conditions de sous alimentationénergétique
Lors du 4ème
essai,
les animaux enexpéri-mentation sont moins avancés en
lactation,
cequi explique
lesproportions
de concentrésplus
élevées que les annéesprécédentes
ainsique les
productions
laitières elles aussisupé-rieures.
Les
ensilages
récoltés se sont caractériséspar une teneur en matière sèche élevée et une
inversion de classement entre les teneurs de
l’ensilage
appauvri
et celui du normal(42,0
et40,6 %)
en raison des conditions très dessé-chantes de l’été 1989 au moment de la récolte.Par
rapport
au lot témoin conduit defaçon
classique
(24 % de concentrés) etcomparable
aux 3 essais
antérieurs,
les deux lotsexpéri-mentaux ont consommé une ration moins
riche en concentrés (15
%)
avec en moyenne2,06
kg
de MS de concentrés en moins (soit0,85
kg
de tourteau tanné enplus
et3,13
kg
de concentré de
production
enmoins).
Lesquantités
de maïsingérées
relativement faibles en raisonpeut
être des teneurs enmatière sèche
trop
élevées ont étécependant
comparables
entre lots et nous n’avons pasobservé de substitution entre
fourrages
etconcentrés. Les
performances zootechniques
de ces deux lotsexpérimentaux
sontglobale-ment moindres que celles du
témoin,
tant en cequi
concerne lesproductions
de lait(-2,5
kg
de lait brut et -
3,1
kg
de lait à 4%)
que lesreprises
depoids
(+ 2kg
contre + 21kg).
Le lot
appauvri
aproduit
0,4
kg
de lait brutde
plus
que le lot normal(27,1
contre26,7
kg)
mais avec une très forte
dégradation
des taux(- 4
points
de tauxbutyreux
et - 2points
detaux
protéique) pendant
les 10 semaines d’essai. Ceciexplique,
avec desquantités
ingé-rées
proches,
que le bilanénergétique
du lotappauvri
soit un peu moinsnégatif
que celui du lot normal(respectivement -
1,5
et- 1,9
UFL). Les variations depoids
desani-maux des 2 lots ont été faibles
(perte
depoids
de4,2
kg
pourl’appauvri
et de0,2
kg
pour lenormal sur les 91
jours
d’essai).
Les valeursde
valorisation,
dans ces conditionsdraco-niennes,
sont élevées mais là encore assezproches
(1,01
et1,04
UFL).Discussion
La réduction de 6
points
de laproportion
degrain
dansl’ensilage
demaïs,
sanscompensa-tion par
l’augmentation
desquantités
ingé-rées,
induisant ainsi une baisse desapports
quotidiens
d’énergie
de1,23
UFL paranimal,
aurait dû se traduire par une baisse de
pro-duction de lait à 4 % de
plus
de1,0
kg
et d’une chute du tauxprotéique
de0,8
point
ou par une mobilisation des réservescorporelles
de l’ordre de 30kg
sur lapériode expérimentale
(Faverdin et al
1987,
Coulon et Rémond 1991).La
comparaison,
durant cesessais,
d’ensi-lages
normaux ouappauvris
enépis
montrequ’il n’y
a eu d’effet direct de la teneur engrain
ni sur lesquantités ingérées
ni sur laproduction
et lacomposition
du lait. Lesreprises
depoids
des animauxayant
reçu les maïsappauvris
ont tendance à êtrelégère-ment
plus
faibles. Les valeurs de valorisation(UFL vaches)
élevées que nous avons obte-nuespeuvent
amener à discuter certainesdonnées et en
particulier
les variations depoids
vif et de contenusdigestifs
et les valeursénergétiques
correspondantes.
C’estpourquoi,
il convient de s’intéresser ici à l’écart entre les valeurs de valorisation. Cet écart est faible(0,01
UFL),
les deuxtypes
d’ensilages
ontdonc été valorisés comme s’ils avaient la
même valeur
énergétique.
Lors du 4ème
essai,
avec desapports
d’éner-gie
volontairementréduits,
l’appauvrissement
s’est traduit par une chute
importante
destaux
butyreux
et azotés des laits mais aussipar un maintien de la
production
de laitbrut,
tout du moins dans la durée de l’essai. Nous
n’avons pu noter d’éventuels effets sur la
reproduction
des animaux.Ainsi,
avec une rationpourtant
relative-ment pauvre en
concentrés,
une réduction dela teneur en
grain
del’ensilage
de 50 à 44 % aconduit à une aussi bonne valorisation
globale
de la
ration,
en raisonprobablement
d’uneamélioration de l’utilisation
digestive
de lapartie
nongrain.
Apartir
des valeurs devalo-risation de la ration et en
supposant
que lapartie grain
avait unedigestibilité
identique
dans les deux
modalités,
lapartie
nongrain
0,71
UFL alors que dans lesensilages
nor-maux elle ne le seraitqu’à
0,66
UFL.Ces observations
rejoignent
celles de ElShazy et
al(1961)
et deHenning
et al(1980)
mettant en évidence les
antagonismes
entreles flores
amilolytiques
etcellulolytiques
durumen. Hemken et al
(1971)
ontsignalé
que ladigestibilité
de la cellulose de leursensilages
sans
épis,
mesurée in vivo chez desboeufs,
aété améliorée de 8
points
et elle l’a été de2,4 points
dans notrecomparaison
(tableau 2).
De la même
façon qu’une
notion d’interactiondigestive
négative
entrefourrages
etconcen-trés a été introduite et est
intégrée
dans lesraisonnements du rationnement des vaches laitières
(Faverdin
et al1987),
ilparaît
rai-sonnable de concevoir que dans le cas du
maïs,
alimentcomposite,
tout se passe commes’il y avait une interaction
digestive
négative
entre les
parties grain
etnon-grain.
Cette interaction serait d’autantplus
forte que laproportion
de concentrés dans la ration et lateneur en
grain
del’ensilage
seraientplus
éle-vées.
Ces
résultats,
même s’ilssurprennent
aupremier abord,
doivent rassurer le sélection-neur de maïsensilage
et l’inciter àreporter
unepartie
de ses efforts de l’amélioration dela
productivité
engrains
sur l’amélioration dela
productivité
totale en biomasse : unaccrois-sement
significatif
de ce rendement avec uneteneur en
grain qui
resterait correcte sansêtre
exceptionnelle
neprésenterait
pas derisque
zootechnique
pour des vaches laitières.Pour
l’éleveur,
ilparaît
certesprudent
des’assurer,
en l’état actuel desconnaissances,
que la teneur en
grain
de sonensilage
ne serapas inférieure à 40 % mais il ne semble pas
utile
qu’elle
soit notablementsupérieure
à ceseuil. Barrière et al
(1992)
ont en effet obtenudes valeurs
énergétiques
de0,90
UFL avecdes
ensilages
contenant de 20 à 60 % degrain,
pour les extrêmes.
Rappelons également
quenos essais ont été réalisés sur des cultures bien conduites et que ces
ensilages
àplus
faible teneur en
grain (appauvris)
ne sont pascomparables
à ceux obtenus en situations destress
(semis
tardif,
densitéélevée,
séche-resse...).
).
Ces observations confirment
également
lesdifficultés de
prédiction
de la valeurd’utilisa-tion des
fourrages,
que cesprédictions
soientbasées sur la
composition chimique
oumor-phologique,
sur des méthodeschimiques,
pourlesquelles
il semble nécessaire d’avoir ungrand
nombre derépétitions
pour estimer defaçon
fiable la valeuralimentaire,
ou sur des mesures in vivo chez des moutons à l’entre-tien dont laprécision
sur 2 mesures a unintervalle de confiance de
0,05
(Barrière etEmile
1990 ;
Barrière et al1992).
Ilapparaît,
en
effet,
qu’aucune
des méthodes utilisées n’apu
prédire
correctement les résultatszootech-niques
obtenus.Enfin,
même si un essai sur chèvreslai-tières en lactation
(Emile
etBroqua
1989,
données non
publiées)
semble confirmer cesconclusions,
il faut resterprudent
quant
à leurgénéralisation
à d’autrestypes
deproduc-tion en raison des différences
déjà
mises enévidence par de nombreux auteurs
(Kilmer
etal
1979,
Aerts et al1984,
Chenost et Martin-Rosset1985,
Moran et al1988,
Colucci et al1989,
Dulphy
et al1990).
Cetteprudence
estégalement
fondée sur les résultats d’un essaipréliminaire
que nous avons mené surtau-rillons. Nous y avons noté un ralentissement
de la croissance d’animaux consommant un
maïs
appauvri
enépis.
Avec cetteobservation,
à
préciser
par des essais en cours, il seconfirme que
l’appauvrissement
enépis
favo-riserait ou du moins
pénaliserait
moins lesvoies
métaboliques
orientées vers lesproduc-tions de lait que celles orientées vers la crois-sance.
Cette
expérimentation,
essentiellementconçue comme
piste
de réflexion pourl’amélio-ration
génétique
dumaïs, permet
d’espérer
àmoyen terme une
augmentation
de laproduc-tivité de l’hectare de maïs sans
perte
dequa-lité et donc une diminution des coûts
d’éle-vage
(réduction
de la surfacefourragère
pourun volume de
production
donné).
Ceprogrès
sera d’autantplus
netqu’il
sera réalisésimul-tanément à des améliorations de la
digestibi-lité de la
partie
nongrain
(Barrière
et al1992).
Les observations tirées de ces essaispeuvent
également
apporter
des élémentspour le rationnement
quotidien
des ruminantsau sein de
chaque élevage
et enparticulier
sur lastratégie
de distribution defourrages
etconcentrés dans un contexte de
gestion
auplus près
desdépenses d’élevage.
Remerciements
Nous tenons particulièrement à remercier Lionel Huguet, Marc Lila et Rémy Traineau pour leurs contributions au
suivi des cultures, aux analyses chimiques et aux mesures
réalisées sur moutons ainsi que l’ensemble des techniciens qui ont participé à ces expérimentations.
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Maize
silage for dairy
cows :effect of grain
content on
performances
The effects of a lower
grain
content in maizesilage
hybrids (resulting
fromdiscarding
apart
of the ears on harvesttime)
on DMintake,
body weight
variations, yield
andcomposition
of milkby
high-yielding dairy
cows wereinvestigated.
Cows wereindividually
fed ad libitum with theexperimental
or the control
roughage
diets.They
receivedconcentrates
according
torequirements
(3 trials)
or under
energetic requirements
(1
trial).
Theexperimental
periods
lasted for 10 to 14 weeks. Neitherroughage
DM intake(15.9
kg/cow/day
forthe
experimental
diet versus 16.0kg
for thecontrol)
norbody weight gain
(20
kg/cow/period
versus 26kg)
or milkyield
(22.9
kg/cow/day
versus22.8
kg)
were modifiedby
thelowering
of thegrain
level from 50 %
(total
DMbasis)
to 44 %. Milk fat concentration andprotein
content wereonly
affec-ted
by
theexperimental
dietduring
the last trial. Theapparent
digestibility
of thenon-grain
part
of thesilage,
estimatedby
cowsperformances,
see-med to be
higher
when thegrain
content is lower(1.21 Mcal/DM
kg
versus1,12 Mcal).
None of thedigestibility predicting
tests used in thisstudy
was
pertinent
for theprediction
of theenergetic
value,
according
to cowsperformances.
Maizehybrids
with ahigher
total DMyield
but with alower
grain
content(5
to 10points)
than the modernhybrids
could be fit fordairy
cowsfee-ding.
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grain de