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Effets de la réduction de la durée de la période sèche ou de son omission sur les performances des vaches laitières

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02697707

https://hal.inrae.fr/hal-02697707

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Bernard Rémond, J. Kérouanton, V. Brocard

To cite this version:

Bernard Rémond, J. Kérouanton, V. Brocard. Effets de la réduction de la durée de la période sèche

ou de son omission sur les performances des vaches laitières. Productions animales, Institut National

de la Recherche Agronomique, 1997, 10 (4), pp.301-315. �hal-02697707�

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63122 Saint-Gen•s-Champanelle Adresse actuelle : ENITA Marmilhat 63370 Lempdes

* Etablissement DŽpartemental de lÕElevage, Chambre dÕAgriculture du Finist•re,

220 rue de la Petite Palud, BP 148, 29413 Landerneau

** Institut de lÕElevage, Service Lait, Monvoisin 35652 Le Rheu Cedex

rŽduction de la

durŽe de la pŽriode s•che ou de son

omission sur

les performances des vaches laiti•res

Certains Žleveurs rŽduisent ou m•me omettent la pŽriode de tarissement des vaches afin de simplifier la conduite, notamment alimentaire, de leur troupeau et de minimiser les risques sanitaires en dŽbut de lactation, liŽs au mŽtabolisme ŽnergŽtique et minŽral.

Cet article fait le bilan des effets de cette pratique sur la quantitŽ de lait produite au cours des lactations successives, sa composition et sa qualitŽ, et envisage les consŽquences ˆ plus long terme sur les vaches laiti•res.

RŽsumŽ

La politique des quotas laitiers a profondŽment changŽ le contexte Žconomique de la production laiti•re, permettant aux Žleveurs de se prŽoccuper davantage quÕau- paravant de la facilitŽ de conduite du troupeau et des risques sanitaires. Pour cela, la rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che, pouvant aller jusquÕˆ son omis- sion, suscite un intŽr•t particulier. Cet article fait le point sur les consŽquences de cette conduite.

La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che ˆ partir de la durŽe standard de 6 ˆ 8 semaines diminue la quantitŽ de lait sŽcrŽtŽe au cours de la lactation suivante : dÕenviron 10 % pour une pŽriode s•che de 1 mois et dÕun peu plus de 20 % lorsque la pŽriode s•che est omise. La forme de la courbe de lactation nÕest pas modifiŽe.

En tenant compte du lait produit en plus en fin de gestation, la rŽduction de quan- titŽ de lait sŽcrŽtŽe est infŽrieure ˆ 5 % et un peu supŽrieure ˆ 10 %, respective- ment. La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che accro”t les teneurs du lait en protŽines et en mati•res grasses pendant lÕensemble de la lactation, de sorte que la sŽcrŽtion de mati•re utile est moins diminuŽe que celle de lait. Pendant la fin de la gestation, le lait sÕenrichit aussi en constituants a priori peu favorables ˆ sa qualitŽ (acides gras libres, immunoglobulines, plasmine et plasminog•ne, lipase), de fa•on accŽlŽrŽe au fur et ˆ mesure que le v•lage approche. La forte diminution de la production laiti•re ne semble pas sÕaccompagner, du moins au cours des pre- mi•res semaines de lactation, dÕune rŽduction de la capacitŽ dÕingestion des ani- maux. Leur bilan ŽnergŽtique sÕamŽliore donc fortement : les vaches perdent moins de poids en dŽbut de lactation ou nÕen perdent pas du tout, et le nombre dÕincidents dÕorigine nutritionnelle et mŽtabolique diminue. Le raccourcissement de la pŽriode s•che, et surtout son omission, tendent ˆ accro”tre le nombre de cel- lules somatiques dans le lait, du moins en lÕabsence actuelle de traitement sani- taire des mamelles adaptŽ ˆ cette conduite. La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che pourrait permettre - cela reste ˆ Žtudier - dÕalimenter les vaches modernes, fortes productrices de lait, avec des rŽgimes plus riches en fourrages quÕils ne le sont actuellement, sans risques sanitaires accrus.

La pratique des Žleveurs laitiers les a conduits depuis longtemps ˆ rechercher une durŽe de pŽriode s•che proche de 2 mois car ils avaient observŽ que cÕest celle qui assurait la production laiti•re la plus ŽlevŽe, mesurŽe sur plusieurs lactations consŽcutives. Les Žtudes effectuŽes depuis plusieurs dŽcennies ont confirmŽ la justesse de ce choix. Aussi longtemps que le volume de lait commerciali- sable par les Žleveurs nÕa pas ŽtŽ limitŽ, cÕest donc cette durŽe quÕils ont adoptŽe. La recherche dÕune production laiti•re maximale Žtait biologiquement justifiŽe par le rende- ment constant du processus de synth•se du lait, quel que soit le niveau de production des vaches (cf Vermorel 1978), et elle Žtait Žcono- miquement encouragŽe par un prix du lait rŽmunŽrateur relativement au cožt des ali- ments nŽcessaires ˆ le produire.

La politique des quotas laitiers dans lÕEu- rope communautaire a bouleversŽ ce contexte.

Depuis sa mise en place, la maximisation du revenu ne passe plus nŽcessairement par un accroissement de la production individuelle des vaches (Brocard 1991), mais par une dimi- nution du cožt de production du lait. Les Žle- veurs ont per•u que ce nouveau contexte Žlar- gissait la gamme des itinŽraires techniques leur permettant de Ç faire leur quota È de fa•on Žconomiquement satisfaisante. De fait,

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ici et lˆ, ils mettent eux-m•mes en Ïuvre des conduites Ç non conventionnelles È de leur troupeau sans que celles-ci aient ŽtŽ rŽelle- ment ŽprouvŽes (rŽduction ou omission de la pŽriode s•che, libre t•tŽe des veaux apr•s le v•lage ...). Dans ces conduites, ils recherchent des avantages que la contrainte dÕune produc- tivitŽ ŽlevŽe, imposŽe par lÕabsence de quotas, avait interdit de prendre en compte aupara- vant. Ainsi, en rŽduisant ou en omettant la pŽriode s•che, des Žleveurs de Bretagne ont dŽclarŽ principalement rechercher une plus grande facilitŽ (tarissement, alimentation) et sŽcuritŽ (moindres risques sanitaires, repro- duction plus assurŽe) de conduite de leur troupeau, et un taux protŽique du lait plus ŽlevŽ (KŽrouanton et al1995).

LÕobjectif de ce texte est de faire le point sur les effets connus de la rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che ou de son omission, et de mettre en Žvidence les questions encore insuf- fisamment rŽsolues.

1 / Les donnŽes disponibles

La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che ou son omission, qui en est le cas extr•me, ont ŽtŽ peu ŽtudiŽes. Leurs forts effets dŽpressifs sur la quantitŽ de lait sŽcrŽtŽe les excluaient en effet des conduites envisageables avant la mise en place de la politique des quotas lai- tiers. SchŽmatiquement, les informations dis- ponibles Žmanent dÕune part dÕŽtudes portant sur des fichiers de donnŽes constituŽs par des organismes de contr™le des performances (Contr™le laitier, Dairy Herd Improvement Association ...), et dÕautre part dÕexpŽrimenta- tions ou dÕobservations en fermes.

Les Žtudes sur fichiers ont souvent ŽtŽ menŽes pour calculer les facteurs correctifs des performances des vaches, selon la durŽe de la pŽriode s•che prŽcŽdente, afin de pou- voir mieux estimer la valeur gŽnŽtique des reproducteurs. Les rŽsultats prŽsentent lÕavantage de reposer sur des donnŽes nom- breuses (plusieurs milliers en gŽnŽral), mais qui comportent des biais structurels plus ou moins importants, quÕil est probablement dif- ficile de totalement Žliminer. Par exemple, ce sont en gŽnŽral les animaux les plus forts pro- ducteurs qui sont taris le moins longtemps (Schaeffer et Henderson 1972, Gill et Allaire 1976) ; la date de tarissement est souvent estimŽe (Klein et Woodward 1943, Schaeffer et Henderson 1972) ; une pŽriode s•che courte peut reflŽter un tarissement retardŽ ou, mar- ginalement probablement, une durŽe de ges- tation anormalement courte ... Les rŽsultats de ces travaux doivent •tre considŽrŽs avec prudence, comme y invite, par exemple, lÕeffet dŽpressif anormalement faible de lÕomission de la pŽriode s•che estimŽ par Smith et Legates (1962) : 90 kg de lait pour lÕensemble de la lactation suivante.

Les expŽrimentations avaient essentielle- ment deux objectifs. Certaines cherchaient ˆ mettre en Žvidence les modifications du fonc- tionnement de la mamelle induites par une

omission de la pŽriode s•che, ainsi que les rai- sons de ces modifications (niveau des rŽserves corporelles, influence de la traite per se ...).

DÕautres Žtudes visaient ˆ dŽcrire les consŽ- quences de cette conduite sur les performances des animaux (quantitŽ de lait, composition, santŽ de la mamelle, Žtat nutritionnel ...).

Le faible nombre de donnŽes nous a conduits ˆ utiliser lÕensemble des rŽsultats disponibles. Nous utiliserons en particulier largement les rŽsultats dÕune enqu•te rŽalisŽe en Bretagne (nous lÕappellerons Enqu•te Bre- tonne par la suite) chez des Žleveurs qui, spontanŽment, avaient retardŽ ou omis le tarissement de certaines de leurs vaches.

Cette enqu•te est bri•vement dŽcrite dans lÕencadrŽ.

2 / QuantitŽ de lait produite

2

.1

/ Fin de gestation et de lactation

Chez les vaches traites jusquÕau v•lage, la quantitŽ journali•re de lait sŽcrŽtŽe continue de diminuer avec lÕavancement de la lactation et de la gestation, dont lÕeffet commence ˆ se faire sentir 20 semaines environ apr•s la fŽcondation (Coulon et al1995) (figure 1). La quantitŽ totale de lait sŽcrŽtŽe pendant la fin de la gestation dŽpend, logiquement, essen- tiellement du niveau de production laiti•re des vaches au moment o• elles auraient dž normalement •tre taries. Elle a ŽtŽ, au cours des 8 derni•res semaines de gestation, dÕenvi- ron 51 kg par kg de lait quotidien produit ˆ la 9e semaine avant le v•lage (r2= 0,99) (figure

P : primipare M : multipare (n) : référence

0 -2 -4 -6 -8 -10 -12 -14 -16 0 5 10 15 20 25 30 P (3)

M (3)

M (2) P (2)

M (1) M (4) P (4)

P (1)

Semaines avant le vêlage Lait (kg/j)

Figure 1. Evolution de la quantité de lait produite en fin de gestation. D’après les résultats de (1) : Rémond et al 1992a, (2) : Désigné 1996, (3) : Rémond et Bonnefoy 1997, (4) : Rémond et al 1997b.

(4)

2). De ce fait, la quantitŽ totale de lait pro- duite pendant cette pŽriode par les primi- pares est supŽrieure ˆ celle produite par les multipares (de 208 kg en moyenne dans trois Žtudes rŽalisŽes par RŽmond et al (1992a), RŽmond et Bonnefoy (1997) et RŽmond et al (1997b) ; de 130 kg dans lÕEnqu•te Bretonne (DŽsignŽ 1996)). Les premi•res ont en effet une production laiti•re plus ŽlevŽe que les secondes au cours du dernier tiers ou quart de la lactation (Schutz et al 1990, Lescourret et

Coulon 1994) ˆ cause de la persistance plus ŽlevŽe de leur production.

Si, en station expŽrimentale, on peut traire des vaches ne produisant plus que quelques centaines de grammes de lait par jour, il nÕen va pas de m•me dans les Žlevages commer- ciaux o• la dŽcision de cesser de traire chaque vache dŽpend non seulement de son stade de gestation mais aussi de son niveau de produc- tion laiti•re et du degrŽ de rŽalisation du quota attribuŽ ˆ lÕŽleveur. Dans lÕEnqu•te Bretonne, les vaches que les Žleveurs ont choisi de tarir plus tard ou de ne pas tarir du tout produisaient en moyenne 2 kg/j de lait de plus que les autres vaches du troupeau deux mois avant le v•lage (DŽsignŽ 1996). La quan- titŽ journali•re de lait produite deux mois avant le v•lage dŽtermine la durŽe pendant laquelle la traite peut •tre poursuivie en fin de gestation, celle-ci Žtant dÕautant plus courte que le niveau de production auquel lÕŽleveur cesse de traire est plus ŽlevŽ. Ainsi, la pŽriode s•che a pu •tre totalement omise chez 7 primipares sur 9 et 3 multipares sur 6 dans un essai o• les animaux Žtaient traits jusquÕˆ une production journali•re de quelques centaines de grammes (RŽmond et al 1992a), mais chez 15 primipares sur 27 dans un autre essai o• la traite cessait ˆ environ 4 kg/j de lait (RŽmond et al1997b). Cette diffi- cultŽ de mise en Ïuvre de lÕomission compl•te de la pŽriode s•che avait dŽjˆ ŽtŽ signalŽe par Swanson (1965) et par Coppock et al(1974).

Dans un troupeau privŽ dont aucune vache nÕŽtait jamais tarie, le tr•s haut niveau de production laiti•re deux mois avant le v•lage (24 kg/j) - dž probablement au potentiel gŽnŽ- tique ŽlevŽ du troupeau et aussi (surtout ?) ˆ un niveau dÕalimentation tr•s soutenu tout au long de lÕannŽe - nous a semblŽ expliquer la reproductibilitŽ surprenante de cette conduite (RŽmond et Bonnefoy 1997). Selon la figure 1, la mise en Ïuvre de lÕomission compl•te de la pŽriode s•che suppose une production dÕau moins 15 kg/j deux mois avant le v•lage, si la

On ne peut omettre le tarissement que chez des vaches produisant encore suffisamment de lait deux mois avant v•lage.

0 200 400 600 800 1000 1200

y = 51,4 x - 113 R2 = 0,99

30 20

10 0

primipares multipares

Lait (kg/j) en 9è semaine avant le vêlage Lait (kg) pendant les 8 dernières

semaines de gestation

Figure 2. Liaison entre la production laitière journalière en 9e semaine avant le vêlage et la quantité de lait produite pendant les 8 dernières semaines de gestation. D’après les résultats de 3 essais (Rémond et al 1992a, Rémond et Bonnefoy 1997, Rémond et al 1997b) et de l’Enquête Bretonne (Désigné 1996) : 4 lots de primipares et 4 lots de multipares.

Enquête réalisée en Bretagne sur les effets du raccourcissement ou de l’omission de la période sèche

(Kérouanton et al 1995, Désigné 1996) Pendant 2 années consécutives (1993 et 1994), les Etablissements Départementaux de l’Ele- vage et les Organismes de Contrôle Laitier des 4 départements bretons, et l’Institut de l’Elevage ont mené une enquête chez 30 éleveurs qui avaient raccourci la période sèche, ou l’avaient omise, chez une partie de leurs vaches (le tiers de l’effectif en moyenne). Ces 30 élevages avaient un effectif moyen de 39 vaches et une production moyenne de 7 435 kg de lait l’année précédant les lactations « expérimentales ». L’étude porte sur 252 lactations qui suivaient une omission de la période sèche et sur 139 lactations qui suivaient une période sèche raccourcie (10 à 40 jours).

L’étude comporte 2 volets :

- une enquête sur les motivations et les pratiques des 23 éleveurs dont au moins 20 % des vaches faisaient l’objet d’une durée de période sèche non conventionnelle ;

- une estimation de l’effet du raccourcissement ou de l’omission de la période sèche sur la pro- duction et la composition du lait. Les conséquences sur la reproduction, sur la fréquence des incidents de santé d’origine nutritionnelle ou métabolique et sur l’état sanitaire de la mamelle ont également été étudiées. Les performances réalisées au cours des lactations qui suivaient une période sèche omise ou raccourcie ont été estimées par comparaison d’une part aux per- formances réalisées par les mêmes animaux à la suite d’une période sèche normale, d’autre part aux performances d’animaux contemporains, semblables, conduits conventionnellement.

(5)

traite est arr•tŽe lorsque la production jour- nali•re de lait devient infŽrieure ˆ 10 kg/j.

2

.2

/ Lactation suivante

a / QuantitŽ de lait

La production laiti•re au cours dÕune lacta- tion donnŽe augmente avec la durŽe de la pŽriode s•che prŽcŽdente, mais de fa•on de plus en plus faible. Elle plafonne m•me dans certaines Žtudes ˆ partir dÕune durŽe de pŽriode s•che de 6 ˆ 7 semaines (figure 3).

La rŽduction de production laiti•re au cours dÕune lactation est, de fa•on cohŽrente, voisine de 10 % lorsque la durŽe de la pŽriode s•che prŽcŽdente est ramenŽe dÕenviron deux mois ˆ un mois (figure 3). LÕomission compl•te de la pŽriode s•che entra”ne une diminution de la quantitŽ de lait produite au cours de la lacta- tion ultŽrieure comprise entre 18 % et 29 % (figure 3 ; Swanson 1965, Smith et al 1967, RŽmond et al 1997b). Dans lÕEnqu•te Bre- tonne, la diminution de production laiti•re a ŽtŽ de 21 % en 2elactation et 18 % en 3elacta- tion et plus (KŽrouanton et al1995). Il semble que la baisse de production laiti•re, par rap- port ˆ la lactation attendue, au cours de la lactation suivante soit inversement liŽe ˆ la quantitŽ de lait produite pendant les der- ni•res semaines de la gestation prŽcŽdente (Smith et al1967, RŽmond et al1992). Cela

explique peut-•tre que cette conduite ait dou- blŽ la variabilitŽ inter-individuelle de la quan- titŽ de lait sŽcrŽtŽe au cours des 15 premi•res semaines de lactation, par rapport ˆ des ani- maux normalement taris (RŽmond et al 1992a).

b / Forme de la courbe de lactation La rŽduction de la production laiti•re consŽ- cutive ˆ un raccourcissement ou ˆ une omis- sion de la pŽriode s•che porte sur lÕensemble de la lactation. La forme de la courbe de lacta- tion nÕest pas ou est peu modifiŽe : le pic de production est atteint dans le m•me dŽlai apr•s le v•lage et la persistance de la produc- tion est voisine ou identique (Sanders 1928, KŽrouanton et al 1995, RŽmond et al 1997b ; figure 4). De ce fait, la diffŽrence entre la pro- duction de vaches conventionnellement conduites et celle de vaches dont la pŽriode s•che prŽcŽdente a ŽtŽ ŽcourtŽe ou omise diminue avec le dŽroulement de la lactation : elle a ŽtŽ de 7,6 kg/j, 5,6 kg/j et 3,5 kg/j au cours des trois premi•res pŽriodes de 12 semaines chacune, apr•s le v•lage, dans un essai o• le tarissement avait ŽtŽ omis (RŽmond et al 1997b). Avec des animaux faibles producteurs (Jersey produisant 12 kg/j de lait au pic de lactation), Arnold et Becker (1936) avaient observŽ que lÕeffet de la rŽduc- tion de la pŽriode s•che se faisait surtout sen- tir au cours des quatre premiers mois de la lactation.

c / Effet du niveau de production laiti•re et de la race

La rŽduction (en valeur relative) de la quantitŽ de lait produite ne semble pas liŽe ˆ la capacitŽ de production laiti•re des vaches (Sanders 1928, vaches produisant plus ou moins de 3 400 kg/lactation ; Sorensen et Ene- voldsen 1991, avec des vaches produisant 7 000 kg en 2elactation et plus), ni ˆ leur race : pour les trois principales races utilisŽes en France (PrimÕHolstein, Normande et MontbŽ- liarde), les rŽductions de production laiti•re associŽes ˆ la classe de pŽriode s•che la plus courte (< 26 jours), par rapport ˆ la pŽriode s•che de rŽfŽrence (61 ˆ 75 jours), ont ŽtŽ res- pectivement de 1 435 kg, 1 012 kg et 1 293 kg (Anonyme 1996) cÕest-ˆ-dire environ 20 %, 20

% et 22 %. Toutefois, dans une Žtude de fichiers portant sur les performances des filles de trois taureaux dÕindex gŽnŽtique ŽlevŽ, moyen ou faible pour la production laiti•re, Wood (1977) a constatŽ des accroissements de production laiti•re entre les lactations 1 et 2 de respectivement 21,7 kg, 9,0 kg et 5,5 kg par jour de pŽriode s•che supplŽmentaire ˆ la fin de la lactation prŽcŽdente, ce qui suggŽre- rait une plus grande sensibilitŽ des animaux forts producteurs ˆ la rŽduction de durŽe de la pŽriode s•che. Au contraire, selon Dickerson (citŽ par Smith et Legates 1962), lÕimpact de la durŽe de la pŽriode s•che sur la production laiti•re serait plus important dans les trou- peaux faibles producteurs.

RŽduire la pŽriode s•che diminue

la production au cours de la lactation suivante.

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 70 80 90 100 110

Période sèche (jours) Lait (%)

Figure 3. Effet de la durée de la période sèche sur la production laitière au cours de la lactation suivante. La production laitière est exprimée en % de celle réalisée après une période sèche de 55 à 65 jours. D’après les résultats de Sanders (1928), Arnold et Becker (1936), Klein et Woodward (1943), Wilton et al (1967), Coppock et al (1974), Wood (1985), Keown et Everett (1986), Sorensen et Enevoldsen (1991), Kérouanton et al (1995), Anonyme (1996).

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d / Effet du numŽro de lactation LÕimpact de la rŽduction de la pŽriode s•che serait plus ŽlevŽ chez les vaches en 2e lacta- tion que chez les plus ‰gŽes (Sanders 1928, Wilton et al 1967, Schaeffer et Henderson 1972, dÕapr•s des Žtudes sur fichiers). En cohŽrence avec ces auteurs, Dias et Allaire (1982) estiment que la durŽe de la pŽriode s•che optimale est dÕautant plus courte que les vaches sont plus ‰gŽes. LÕanalyse des don- nŽes du contr™le laitier ˆ la fois confirme et dŽment ces observations : la classe de durŽe de pŽriode s•che minimale (< 26 jours) a ŽtŽ associŽe ˆ une plus forte rŽduction de la pro- duction laiti•re par rapport ˆ la classe de rŽfŽ- rence (61 ˆ 75 jours), chez les vaches en 2elac- tation que chez celles en 3elactation, mais la diffŽrence a ŽtŽ tr•s faible : respectivement Ð 1 472 kg vs Ð 1 397 kg chez les vaches PrimÕHolstein, Ð 1 053 kg vs Ð 971 kg chez les Normandes et Ð 1 304 kg vs Ð 1 282 kg chez les MontbŽliardes (Anonyme 1996). Cet effet dŽpressif lŽg•rement plus marquŽ en 2elacta- tion quÕen 3e lactation sÕest manifestŽ dans chacune des huit rŽgions fran•aises distin- guŽes en race PrimÕHolstein. Dans lÕEnqu•te Bretonne, KŽrouanton et al(1995) ont observŽ une tendance semblable de lÕomission de la pŽriode s•che : Ð 1 525 kg en 305 jours chez les vaches en 2e lactation, et Ð 1 342 kg chez les vaches en 3elactation et plus. La poursuite de la croissance corporelle (peut-•tre de la croissance mammaire, spŽcifiquement) chez les vaches en 2e lactation est la raison habi- tuellement avancŽe pour expliquer cette diffŽ- rence de sensibilitŽ. Dans une Žtude rŽcente portant sur 366 vaches rŽparties dans huit fermes privŽes, Sorensen et Enevoldsen (1991) nÕont cependant pas dŽtectŽ dÕeffet du numŽro de lactation. Quant ˆ Keown et Everett (1986, Žtude sur fichier) ils ont enre- gistrŽ un effet plus faible de lÕomission de la pŽriode s•che chez des vaches en 2e lactation (Ð 480 kg) que chez des vaches en 3eet 4elac- tation (Ð 1 150 kg).

DÕapr•s Dias et Allaire (1982) lÕimpact de la rŽduction de la pŽriode s•che est dÕautant plus important que lÕintervalle entre v•lages est plus faible.

e / Effets cumulatifs

La bibliographie est pauvre en rŽsultats concernant les quantitŽs de lait sŽcrŽtŽes au cours de plusieurs lactations consŽcutives prŽ- cŽdŽes dÕune pŽriode s•che raccourcie ou omise. Avec des animaux faibles producteurs, Sanders (1928) et Swanson (1965) observent un renforcement de lÕeffet dŽpressif de lÕomis- sion de la pŽriode s•che lorsque celle-ci est appliquŽe une 2e fois consŽcutive. La diminu- tion supplŽmentaire de production laiti•re Žtait de 6 % (Ç vieilles È vaches) et 14 % (Ç jeunes È vaches) pour le premier auteur, et de 13 % pour le deuxi•me auteur. Il en est rŽsultŽ, dans lÕessai conduit par Swanson, une diminution de la quantitŽ de lait sŽcrŽtŽe entre les lactations 1 et 2, et 2 et 3, en partie ˆ cause du tarissement prŽcoce de certains

animaux (235 jours de production, en moyenne, en 3e lactation). Dans un essai (RŽmond et al 1997b), nous nÕavons pas rŽussi, sauf chez 2 vaches (sur un total de 21), ˆ totalement omettre la pŽriode s•che 2 fois consŽcutivement, et la rŽduction moyenne de la durŽe de la pŽriode s•che, par rapport au lot tŽmoin conduit conventionnellement, nÕa ŽtŽ que de 5 jours. Dans un troupeau privŽ dont les vaches nÕŽtaient jamais taries, la quantitŽ de lait produite sÕest accrue de 11 % entre les lactations 1 et 2 (28 vaches) et de 15

% entre les lactations 2 et 3 (17 vaches) comme si, apparemment, les animaux avaient ŽtŽ soumis ˆ une conduite normale en fin de gestation (RŽmond et Bonnefoy 1997). En lÕab- sence de vaches tŽmoins, le faible poids des animaux ˆ leur 1erv•lage (517 kg) et le niveau dÕalimentation tr•s soutenu du troupeau tout

LÕeffet de lÕomission du tarissement est le plus marquŽ en deuxi•me lactation.

Lactation 2 Lactation 3

Lait (kg/j)

12 18 24 30 36

0 6 12 18 24 32 36

Lait (kg/j)

12 18 24 30 36

0 6 12 18 24 32 36

0 6 12 18 24 32 36

36 40 44 48 52 56

Matières grasses (g/kg)

0 6 12 18 24 32 36

36 40 44 48 52 56

Matières grasses (g/kg)

0 6 12 18 24 32 36

25 29 33 37 41 45 49 53

Protéines (g/kg)

0 6 12 18 24 32 36

25 29 33 37 41 45 49 53

Protéines (g/kg)

Semaines

Figure 4. Effet de l’omission de la période sèche en fin de première lactation suivie d’une période sèche normale (2 mois) en fin de 2elactation (courbes rouges) sur la production et la composition du lait en 2eet 3elactations, comparativement à un tarissement normal (courbes noires) (13 vaches par lot ; Rémond et al 1997b).

(7)

au long de lÕannŽe nous ont paru •tre les explications les plus plausibles de lÕabsence dÕeffet apparent de lÕomission de la pŽriode s•che sur la production laiti•re dans cet Žle- vage.

f / Effet rŽmanent

Apr•s une pŽriode s•che de durŽe rŽduite, ou omise, le retour ˆ une pŽriode s•che de durŽe conventionnelle conduit ˆ une produc- tion laiti•re normale (RŽmond et al 1997b) voire lŽg•rement augmentŽe (6 % pour Swan- son 1965 ; 4 % pour Coppock et al 1974 ; diffŽ- rences non significatives). Dans un essai ˆ caract•re physiologique, Wheelock et al(1967) avaient observŽ que les quartiers qui avaient sŽcrŽtŽ moins de lait ˆ la fin dÕune lactation, ˆ cause dÕune moindre frŽquence de traite, en produisaient davantage au cours de la lacta- tion suivante quand ils Žtaient traits norma- lement, ce qui va dans le sens des observa- tions de Swanson (1965) et de Coppock et al (1974). A contre-pied de ces rŽsultats toute- fois, Sanders (1928) avait conclu quÕune pŽriode s•che de courte durŽe diminuait non seulement la production laiti•re au cours de la lactation suivante, mais aussi au cours de la lactation qui suivait celle-ci.

2

.3

/ Bilan entre la quantitŽ de lait produite

en plus en fin de gestation et celle produite en moins au cours de la lactation suivante

La consŽquence dÕune rŽduction ou dÕune omission de la pŽriode s•che sur la quantitŽ de lait produite est le bilan entre la quantitŽ

de lait traite en plus en fin de gestation et celle traite en moins au cours de la lactation suivante (voire des lactations suivantes si lÕef- fet portait sur plusieurs lactations consŽcu- tives) (figure 5).

LÕomission de la pŽriode s•che conduit ˆ la quantitŽ totale de lait produite la plus faible (tableau 1). La quantitŽ de lait sŽcrŽtŽe en plus pendant la prolongation de la traite en fin de gestation compense entre un tiers et la moitiŽ de la perte de lait au cours de la lacta- tion suivante. La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che ˆ environ 4 semaines amŽliore fortement ce bilan global : la perte totale de lait est de lÕordre de 5 %, et celle de mati•re utile est pratiquement nulle (KŽrouanton et al 1995).

En fait, la perte totale de lait commerciali- sable est plus ŽlevŽe que ne le laisse appa- ra”tre le bilan du tableau 1 car les Žleveurs ne commercialisent pas le lait produit au cours des tout derniers jours de gestation et allon- gent dÕenviron une semaine la pŽriode dÕŽlimi- nation du lait en dŽbut de lactation, pour Žvi- ter les pŽnalitŽs liŽes ˆ la dŽgradation possible de la qualitŽ du lait (crainte dÕun accroissement du nombre de cellules soma- tiques et de la lipolyse en fin de gestation, dÕinhibiteurs de croissance bactŽrienne en dŽbut de lactation).

2

.4

/ Causes physiologiques de lÕeffet dŽpressif du raccourcissement de la pŽriode s•che

sur la production laiti•re

Par quel mŽcanisme la poursuite de la traite pendant tout ou partie de la pŽriode Le bilan

de 2 lactations successives montre une baisse de production assez faible si la pŽriode s•che est rŽduite ˆ environ un mois.

Cette baisse atteint 10 ˆ 15 % si elle est omise.

Figure 5. Effet de la durée de la période sèche sur la production laitière pendant la lactation en cours, pendant la lactation suivante et pendant les 2 lactations.

Lait produit pendant les 2 lactations

Lait produit pendant la lactation en cours

Lait produit pendant la lactation suivante

0 50 60 100

Durée de la période sèche (jours)

Tableau 1. Bilan de la réduction ou de l’omission de la période sèche sur la quantité de lait sécrétée.

Lait produit Lait produit

Bilan

en plus en moins

en fin de lactation pendant la lactation suivante

kg %(1) kg %(2) kg %(2)

PŽriode s•che omise - 2elactation

-DŽsignŽ (1966) 700 46 1 525 21 Ð 825 11

-RŽmond et al(1997b) 505 33 1 540 22 Ð 1 035 15

- 3elactation

-DŽsignŽ (1966) 570 42 1 342 18 Ð 772 10

PŽriode s•che rŽduite ˆ 30-35 j

- 2elactation

-DŽsignŽ (1966) 458 75 610 8 Ð 152 2

- 3elactation

-DŽsignŽ (1966) 336 44 763 10 Ð 427 6

(1) exprimŽ en fonction de la quantitŽ de lait produite en moins au cours de la lactation suivante.

(2) exprimŽ en fonction de la production des vaches tŽmoins (7 435 kg pour DŽsignŽ 1996 ; 7 080 kg pour RŽmond et al1997b).

(8)

s•che Ç normale È rŽduit-elle la sŽcrŽtion de lait au cours de la lactation suivante ? Trois causes, seules ou combinŽes, peuvent •tre invoquŽes. Une pŽriode s•che rŽduite pourrait :

1 - emp•cher une pleine reconstitution des rŽserves corporelles car la vache dont on pour- suit la traite doit faire face ˆ des besoins de production ;

2 - provoquer des modifications du fonc- tionnement gŽnŽral de lÕanimal (sŽcrŽtion dÕhormones hypophysaires ...) qui limiteraient lÕexpression de la capacitŽ de production de la mamelle ;

3 - diminuer la capacitŽ sŽcrŽtoire du tissu mammaire.

La premi•re hypoth•se ne saurait ˆ elle seule expliquer les forts effets dŽpressifs consŽcutifs ˆ lÕomission de la pŽriode s•che.

On sait en effet que des Žtats corporels m•me tr•s contrastŽs nÕentra”nent pas de diffŽrences de production laiti•re aussi importantes que lÕomission de la pŽriode s•che (Larnicol 1984).

De plus, deux essais permettent de rŽcuser cette hypoth•se sans ambigu•tŽ : lÕun conduit par Swanson (1965) qui avait veillŽ ˆ amener au m•me poids vif au v•lage des vaches conventionnellement taries et dÕautres qui continuaient ˆ •tre traites, lÕautre rŽalisŽ par Smith et al (1967) avec la technique des demi- mamelles. Les mamelles (1er essai) ou les demi-mamelles (2e essai) traites jusquÕau v•lage ont produit respectivement 25 % et 23

% de lait de moins que les mamelles ou demi- mamelles tŽmoins, ce qui ne pouvait •tre attribuŽ ˆ un Žtat diffŽrent des rŽserves cor- porelles compte tenu des protocoles expŽri- mentaux.

La deuxi•me hypoth•se est Žgalement rŽfu- tŽe par lÕessai de Smith et al(1967). Au cours de la lactation suivante, chaque vache possŽ- dait une demi-mamelle normalement tarie ˆ la fin de la lactation prŽcŽdente et une demi- mamelle traite jusquÕau v•lage. Bien quÕirri- guŽes par le m•me sang (mais peut-•tre pas en m•me quantitŽ, cependant), ces demi- mamelles avaient sŽcrŽtŽ des quantitŽs tr•s diffŽrentes de lait. Une modification du mŽta- bolisme extra-mammaire (sŽcrŽtion dÕhor- mones ...) ne peut donc en •tre la cause.

Reste donc la troisi•me hypoth•se : une action de la poursuite de la traite en fin de gestation sur la capacitŽ sŽcrŽtrice du tissu mammaire lui-m•me (action locale). Il semble en fait que ce ne soit pas la traite elle-m•me (extraction du lait) qui provoque lÕeffet dŽpressif de la prolongation de la lactation, mais la poursuite de lÕactivitŽ synthŽtique du tissu mammaire ou la simple prŽsence de lait dans la mamelle. En effet, Gorman et Swan- son (1968) ont enregistrŽ des effets dŽpressifs sur la production laiti•re de la lactation sui- vante tr•s similaires ˆ ceux observŽs apr•s la prolongation de la traite, en injectant de lÕocy- tocine deux fois par jour ˆ des vaches pendant les deux derniers mois de gestation, sans les traire. Ce traitement avait pour effet visible de provoquer une descente de lait et, par rap-

port aux vaches tŽmoins, de retarder de plu- sieurs semaines la rŽduction de taille de la mamelle, celle-ci restant remplie de lait.

Pendant la pŽriode s•che Ç normale È qui prŽc•de la mise bas, le tissu mammaire est le si•ge dÕun remodelage : le tarissement accŽ- l•re la disparition des Ç vieilles È cellules sŽcrŽtrices commencŽe d•s le pic de lactation, tandis que lÕavancement de la gestation accŽ- l•re la prolifŽration des nouvelles cellules en prŽparation de la lactation suivante (Knight et Wilde 1993). Le premier phŽnom•ne est dominant pendant le dŽbut de la pŽriode s•che, le second ˆ lÕapproche du v•lage. Selon une Žtude britannique effectuŽe sur des ch•vres (Fowler et al1991), la prolongation de la lactation en fin de gestation ne modifierait pas cette sŽquence mais la retarderait. Le poids du tissu mammaire et la quantitŽ dÕADN (= nombre de cellules) ne seraient pas non plus modifiŽs (Swanson et al 1967, Capuco et al 1997), mais le remplacement des cellules sŽnescentes par des cellules nouvelles serait diminuŽ ; il en serait de m•me de la proportion des cellules ŽpithŽliales par rap- port ˆ lÕensemble des cellules de la glande (Capuco et al1997). Chez la ch•vre, le renou- vellement cellulaire (qui prend fin ˆ la mise bas en situation normale) dans la mamelle non tarie se poursuivrait au dŽbut de la lacta- tion suivante, si bien que la production de lait nÕest pas significativement affectŽe (Fowler et al 1991). Des Žtudes similaires nÕont pas ŽtŽ rŽalisŽes, ˆ notre connaissance, chez la vache.

3 / Composition du lait

LÕeffet du raccourcissement de la pŽriode s•che sur la composition du lait est sensible- ment moins documentŽ que celui sur la quan- titŽ de lait sŽcrŽtŽe. Les analyses du lait Žtaient moins systŽmatiques et exhaustives autrefois que maintenant, et seules des expŽ- rimentations ou des Žtudes dŽtaillŽes permet- tent une description prŽcise de lÕŽvolution de la composition du lait pendant la fin de la ges- tation.

3

.1

/ Fin de gestation et de lactation

LÕapproche du v•lage accŽl•re progressive- ment les Žvolutions commencŽes d•s le milieu de la lactation sous lÕinfluence de la gestation.

Les taux butyreux et protŽique augmentent, tandis que le taux de lactose diminue, du moins au cours des toutes derni•res semaines (figure 6). Pour tous les param•tres mesurŽs, lÕapproche du v•lage accro”t les diffŽrences individuelles, de fa•on parfois considŽrable pour certains constituants (acides gras libres, immunoglobulines, cellules somatiques, prin- cipalement) (RŽmond et Bonnefoy 1997). LÕac- croissement du taux protŽique ˆ la fin de la gestation est dž majoritairement aux casŽines, mais ce sont les protŽines solubles qui augmentent le plus en valeur relative (RŽmond et al1997a). Il sÕensuit que le rap-

(9)

Figure 6. Evolution de la composition du lait produit en fin de gestation. D’après les résultats de Rémond et al 1992a (courbes noires), Rémond et Bonnefoy 1997 (courbes rouges), Rémond et al 1997a (courbes grises).

0 10 20 30 40

0 -4 -8 -12 -16 -20

Immunoglobulines g/kg

Semaines avant vêlage Semaines avant vêlage

2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000

0

Lipolyse mg C16 /

100 g MG

0 -4 -8 -12 -16 -20 0

1000 2000 3000 Cellules somatiques milliers

0 -4 -8 -12 -16 -20

0 500 1000 1500 2000 Acides gras libres natifs mg C16 /

100 g MG

0 -4 -8 -12 -16 -20

65 70 75 80 85 Caséines % protéines %

0 -4 -8 -12 -16 -20 30

40 50 60 70

Protéines g/kg

0 -4 -8 -12 -16 -20

35 40 45 50

Lactose g/kg

0 -4 -8 -12 -16 -20 30

40 50 60 Matières grasses g/kg

0 -4 -8 -12 -16 -20

(10)

port casŽines/protŽines diminue au cours des derni•res semaines de gestation, et cela de fa•on dÕautant plus accentuŽe que la sŽcrŽtion de lait est plus faible. LÕaccroissement de la concentration des protŽines solubles est essentiellement dž aux immunoglobulines dont la teneur, voisine de 0,5 g/l pendant la pŽriode normale de lactation, peut •tre multi- pliŽe par plus de 10 entre deux mois avant le v•lage et la derni•re semaine de la gestation (figure 6). Les variations individuelles peu- vent •tre considŽrables et nous avons enregis- trŽ, au cours de la derni•re semaine de gesta- tion, une teneur en IgG de 64 g/l alors que la teneur moyenne chez les 7 autres vaches du lot nÕŽtait que de 4,6 g/l (RŽmond et al1997a).

Dans cet essai, les 6 teneurs en IgG supŽ- rieures ˆ 3 g/l pendant les deux derniers mois de gestation ont ŽtŽ observŽes au cours des deux derni•res semaines, et 5 des 6 vaches concernŽes produisaient moins de 5 kg de lait par jour. La teneur du lait en plasmine et plasminog•ne sÕaccro”t Žgalement ˆ lÕapproche du v•lage (D. Dupont et al, non publiŽ) en pro- longeant une Žvolution dŽjˆ amorcŽe au cours de la phase descendante de la lactation (Poli- tis et al1989).

LÕaccroissement du taux butyreux sÕaccom- pagne dÕune augmentation tr•s variable entre individus, essais et prŽl•vements, de la teneur du lait natif en acides gras libres (figure 6) et de la lipolyse (mesurŽe par la quantitŽ dÕacides gras libŽrŽs pendant un sŽjour du lait de 24 heures au rŽfrigŽrateur). LÕaccroisse- ment de la lipolyse ne semble pas dž ˆ lÕacti- vitŽ de la lipoprotŽine-lipase (Chilliard et al 1989), mais ˆ celle dÕune lipase sensible aux sels biliaires qui serait stimulŽe par la sŽcrŽ- tion accrue des Ïstrog•nes en fin de gestation (Cartier et Chilliard 1994). Dans lÕEnqu•te Bretonne (KŽrouanton et al1995), lÕaugmen- tation de la teneur en acides gras libres du lait de tank nÕa ŽtŽ observŽe que dans 2 des 17 Žlevages enqu•tŽs, dont un dans lequel les dates de v•lage Žtaient groupŽes. La teneur en acides gras libres et la lipolyse chutent ˆ des valeurs tr•s faibles d•s le tout dŽbut de la lactation suivante, comme dans le lait des tŽmoins (Chilliard et al1989).

Le pH du lait a atteint des valeurs anorma- lement basses au cours de 10 derniers jours de gestation (6,22 en moyenne chez 7 vaches, RŽmond et al1997a).

3

.2

/ Lactation suivante

La concentration des immunoglobulines dans le colostrum (lait de la premi•re traite) a ŽtŽ de 33 (± 15) g/l chez 5 vaches qui nÕavaient pas ŽtŽ taries du tout, de 63 (± 19) g/l chez 5 vaches taries dix jours (5 ˆ 16) avant le v•lage, et de 72 (± 14) g/l chez 5 vaches taries deux mois avant le v•lage (D. Levieux et B.

RŽmond, rŽsultats non publiŽs). Ces valeurs sont cohŽrentes avec les rŽsultats de Hoheisel (1988) qui a observŽ que la concentration des immunoglobulines dans le colostrum Žtait de 1/4 ˆ 1/3 de sa valeur normale chez les vaches dont la pŽriode s•che avait ŽtŽ enti•rement omise, mais quÕelle atteignait 60 % ˆ 70 % de

sa valeur normale chez les vaches taries un ˆ dix jours.

Le lait sŽcrŽtŽ (en moindre quantitŽ) au cours de la lactation suivant une pŽriode s•che raccourcie ou omise est systŽmatiquement plus riche en protŽines et plus pauvre en lac- tose (tableau 2). La teneur en mati•res grasses est le plus souvent augmentŽe. La proportion des casŽines dans les protŽines nÕest pas modi- fiŽe (RŽmond et al1992a et 1997a).

La diminution de la quantitŽ de lait sŽcrŽ- tŽe contribue probablement ˆ lÕaugmentation des taux butyreux et protŽique. La liaison inverse entre la quantitŽ de lait sŽcrŽtŽe et les taux butyreux et protŽique est observŽe dans dÕautres situations, par exemple inter-ani- maux (les plus faibles producteurs ont gŽnŽra- lement les taux les plus ŽlevŽs) et au cours du cycle de lactation. LÕamŽlioration du bilan ŽnergŽtique contribue aussi ˆ lÕaccroissement du taux protŽique (cf revue de Coulon et RŽmond 1991). Par contre, en dŽbut de lacta- tion, lÕamŽlioration du bilan ŽnergŽtique doit contrecarrer lÕeffet favorable de la diminution de la sŽcrŽtion de lait sur le taux butyreux ; elle limite en effet la mobilisation des rŽserves corporelles et, par voie de consŽ- quence, la sŽcrŽtion dans le lait dÕacides gras ˆ cha”ne longue dont la teneur dŽtermine le taux butyreux (Decaen et Journet 1967). CÕest la raison invoquŽe par Hoheisel (1988) pour expliquer le plus faible taux butyreux observŽ au cours des 10 premi•res semaines de la lac- tation chez des vaches taries 0 ˆ 20 jours ˆ la fin de la lactation prŽcŽdente (tableau 2). Il est probable que les variations du taux buty- reux, positives ou nŽgatives selon les essais, rŽsultent de lÕimportance respective de lÕamŽ- lioration du bilan ŽnergŽtique et de la diminu- tion de la production laiti•re.

3

.3

/ Aptitude ˆ la coagulation

LÕaptitude ˆ la fabrication fromag•re du lait sŽcrŽtŽ en fin de gestation nÕa pas fait lÕobjet dÕŽtude, ˆ notre connaissance. LÕaptitude ˆ la coagulation, mesurŽe avec un appareil Forma- graph, sÕest rŽvŽlŽe conforme aux relations Žtablies avec des laits sŽcrŽtŽs pendant la pŽriode normale de la lactation (RŽmond et al 1997a). Le temps de coagulation (temps entre lÕemprŽsurage et le dŽbut de la coagulation) et le temps de raffermissement (temps entre le dŽbut de la coagulation et une fermetŽ de gel standard : 20 mm) ont diminuŽ dÕun facteur proche de 3 entre deux mois et 0-10 jours avant le v•lage en liaison, respectivement, avec la baisse du pH et lÕaccroissement de la teneur en casŽines. La fermetŽ du gel mesu- rŽe 30 minutes apr•s lÕemprŽsurage sÕest accrue de 40 % en liaison avec lÕaccroissement de la teneur en casŽines (figure 7). Nous nÕavons pas mesurŽ lÕaptitude du gel ˆ lÕŽgout- tage. LÕaptitude ˆ la coagulation du lait de fin de gestation a donc ŽtŽ tr•s amŽliorŽe, mais la coagulation nÕest que la premi•re Žtape de la fabrication fromag•re. Les consŽquences de la rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che sur les autres Žtapes restent ˆ Žtudier.

RŽduire la pŽriode s•che accro”t le taux protŽique sur lÕensemble de la lactation, dÕune part du fait de la moindre

production de lait, dÕautre part en raison dÕune amŽlioration du bilan ŽnergŽtique des vaches.

(11)

4 / Etat nutritionnel

4

.1

/ QuantitŽ dÕaliment ingŽrŽe

LÕeffet de la poursuite de la traite en fin de gestation sur la capacitŽ dÕingestion des ani- maux pendant cette pŽriode nÕa pas ŽtŽ Žtu- diŽ, ˆ notre connaissance. Au dŽbut de la lac- tation (12 premi•res semaines), les quantitŽs ingŽrŽes par 13 vaches non taries ˆ la fin de la lactation prŽcŽdente nÕont pas ŽtŽ diffŽ- rentes de celles ingŽrŽes par autant de vaches tŽmoins normalement taries (20,6 vs 20,3 kg de MS, respectivement), bien que leur produc- tion laiti•re ait ŽtŽ plus faible de 7,6 kg/j (RŽmond et al1997b).

Cette identitŽ des quantitŽs ingŽrŽes peut para”tre surprenante car il est bien Žtabli que

celles-ci sÕaccroissent significativement avec le niveau de production laiti•re (cf revue de Journet et RŽmond 1976), dÕenviron 0,3 kg de MS par kg de lait. En fait, cette liaison a tou- jours ŽtŽ Žtablie dans des situations o• les dif- fŽrences de production laiti•re entre les ani- maux exprimaient des diffŽrences de capacitŽ gŽnŽtique de production laiti•re. Dans lÕessai citŽ ci-avant, la diffŽrence de production lai- ti•re nÕexprime pas une diffŽrence de capacitŽ intrins•que de production, mais lÕeffet dÕun conduite dÕŽlevage particuli•re en fin de ges- tation. Dans dÕautres situations o• la capacitŽ de production laiti•re des vaches avait Žgale- ment ŽtŽ manipulŽe, leur capacitŽ dÕingestion nÕavait pas non plus ŽtŽ modifiŽe. Ainsi, dans une revue bibliographique sur les effets de lÕhormone de croissance, Chilliard (1988) a constatŽ que son administration accroissait la Tableau 2. Effet du raccourcissement de la durée de la période sèche (par rapport à une durée

conventionnelle d’environ 2 mois) ou de son omission sur la quantité de lait sécrétée et sa composition.

RŽfŽrence Conditions expŽrimentales PŽriode

Lait (kg/j) Mati•res ProtŽines Lactose

de mesure grasses (g/kg) (g/kg) (g/kg)

Smith et al1967 Essai - 5 vaches - une demi-mamelle 5esemaine Ð 4,6 pas de pas de 0

normalement tarie, lÕautre traite diffŽrence diffŽrence

jusquÕau v•lage

Hoheisel 1988 Essai - 68 vaches - 3 durŽes 10 premi•res Ð 5,1 Ð 2,2 + 2,0 Ð 1,2 de pŽriode s•che : I : 0-20 j ; II : 21-41 j ; semaines

III : 41-61 j ; Comparaison I vs III Sorensen et

Enevoldsen 1991 Essai - comparaison de 3 durŽes 12 premi•res Ð 3,1 Ð 0,3 + 1,9 de pŽriode s•che : 4, 7 et 10 semaines - semaines

8 troupeaux - 366 vaches. Dans le tableau : comparaison 4 et 10 semaines

RŽmond et al Essai - 11 vaches normalement conduites 15 premi•res Ð 4,1 + 1,5 + 2,9 Ð 0,7

1992a vs 15 vaches non taries semaines

(9 lÕont rŽellement ŽtŽ)

RŽmond et al Essai - 13 vaches primipares non taries 36 premi•res Ð 5,6 + 4,0 + 3,7 1997b vs 13 vaches normalement conduites semaines

Wilton et al1967 Analyse de fichiers (> 10 000 vaches) lactation enti•re d D

Enqu•te Bretonne 108 vaches en 2elactation 305 jours Ð 5,0 + 2,9 + 3,0

(KŽrouanton et al apr•s omission du tarissement 1995, DŽsignŽ en fin de 1relactation 1996)

Idem 129 vaches en 3elactation et plus 305 jours Ð 4,4 + 0,4 + 1,1

apr•s omission du tarissement en fin lactation prŽcŽdente

Idem 55 vaches en 2elactation 305 jours Ð 2,0 + 1,2 + 1,9

apr•s tarissement raccourci

(33 j en moyenne) en fin de 1relactation

Idem 74 vaches en 3elactation et plus 305 jours Ð 2,5 + 0,9 + 0,6

apr•s tarissement raccourci (33 j en moyenne) en fin de lactation prŽcŽdente

Anonyme 1996 Vaches PrimÕHolstein au Contr™le laitier

- durŽe tarissement < 26 jours lactation Ð 4,7 + 1,6 + 2,5

- durŽe tarissement 26 ˆ 45 jours lactation Ð 1,1 + 0,2 + 0,6

- durŽe tarissement 46 ˆ 60 jours lactation Ð 0,2 0 + 0,2

(12)

production laiti•re de plusieurs kg/j d•s les premiers jours qui suivaient la 1•re injection, mais que les quantitŽs ingŽrŽes ne commen-

•aient ˆ augmenter que 5 ˆ 6 semaines plus tard. Inversement, une frŽquence de traite rŽduite en dŽbut de lactation, ayant diminuŽ la sŽcrŽtion de lait de 2,9 kg/j, non seulement nÕa pas diminuŽ la quantitŽ dÕaliment ingŽrŽe mais a m•me eu tendance ˆ lÕaugmenter (RŽmond et al 1992b). Dans ces situations o•

la capacitŽ de production de la mamelle a ŽtŽ manipulŽe, tout se passe comme si la capacitŽ dÕingestion des animaux Žtait liŽe ˆ leur capa- citŽ gŽnŽtique de production laiti•re, du moins pendant plusieurs semaines, et pas ˆ leur production effective.

LÕaccroissement des quantitŽs dÕaliments ingŽrŽes au dŽbut de la lactation pourrait Žga- lement •tre favorisŽ chez les vaches non taries ou taries tardivement, comparative- ment ˆ celles taries conventionnellement, par leur niveau dÕingestion vraisemblablement plus ŽlevŽ en fin de gestation. Cela limiterait la rŽgression des papilles du rumen qui accompagne la diminution des quantitŽs ingŽ- rŽes, et raccourcirait le dŽlai pour quÕelles atteignent leur dŽveloppement anatomique et fonctionnel maximum en dŽbut de lactation.

La capacitŽ dÕabsorption des acides gras vola- tils en serait accrue plus vite et la diminution du pH du rumen, source de dŽsordres diges- tifs, en serait rŽduite (Dirksen et al1984, Lie- bich et al1985).

4

.2

/ Poids vif

Les gains de poids vif pendant la fin de la gestation peuvent •tre plus ŽlevŽs (RŽmond et al 1997b), semblables (Swanson, 1965) ou plus faibles (RŽmond et al 1992a) chez les vaches traites en fin de gestation que chez les vaches normalement taries, selon la conduite alimentaire appliquŽe aux deux catŽgories de vaches mises en comparaison (alimentation

plus ou moins accrue pour les vaches non taries, restriction alimentaire plus ou moins sŽv•re appliquŽe aux environs de la cessation de la traite).

Au dŽbut de la lactation suivante, les vaches dont la pŽriode s•che prŽcŽdente a ŽtŽ omise nÕont pas perdu de poids (Swanson 1965) ou en ont perdu moins et en ont rega- gnŽ plus vite que les vaches tŽmoins (diffŽ- rence de poids vif estimŽe de 50 kg ˆ la 9e semaine de la lactation, RŽmond et al 1997b).

Hoheisel (1988) a observŽ que la perte de poids en dŽbut de lactation diminuait avec la durŽe de la pŽriode s•che ˆ la fin de la lacta- tion prŽcŽdente.

4

.3

/ Param•tres sanguins et Žtat sanitaire

Pendant les premi•res semaines de la lacta- tion, les vaches dont la pŽriode s•che prŽcŽ- dente a ŽtŽ rŽduite ou omise ont prŽsentŽ une teneur du sang plus ŽlevŽe en glucose et plus faible en acides gras libres et en corps cŽto- niques (Hoheisel 1988, RŽmond et al1997b), non systŽmatiquement toutefois (RŽmond et al 1992a). Douze heures apr•s le v•lage, les vaches prŽcŽdemment non taries ont eu une teneur du sang significativement plus ŽlevŽe en calcium (1,01 vs 0,85 g/l) et en phosphore (0,67 vs 0,52 g/l) que les tŽmoins (Davicco et al 1992). Ces modifications du profil sanguin sont cohŽrentes avec la moindre perte de poids des animaux, et avec leur bilan nutri- tionnel amŽliorŽ (sŽcrŽtion du lait diminuŽe et ingestion dÕaliments semblable). Elles pour- raient aussi rŽsulter, dans le cas des minŽ- raux, dÕun moindre bouleversement du mŽta- bolisme minŽral au moment du v•lage ˆ cause dÕune sŽcrŽtion de lait interrompue moins longtemps ou pas du tout pendant la fin de la gestation prŽcŽdente, et moindre en dŽbut de lactation. Dans lÕEnqu•te Bretonne (KŽrouan- ton et al1995), les Žleveurs ayant mis en pra- tique la rŽduction ou lÕomission de la pŽriode s•che ont dŽclarŽ avoir observŽ moins de fi•vres vitulaires (13 Žleveurs sur 20) et moins de maladies liŽes ˆ lÕalimentation (12 Žleveurs sur 20). Coppock et al (1974) avaient Žgalement observŽ une tendance ˆ la rŽduction de cŽtoses, mais lÕincidence des fi•vres vitulaires et des Ïd•mes mammaires nÕavait pas ŽtŽ affectŽe.

5 / Reproduction

Quel que soit le facteur de conduite, son effet sur la fertilitŽ des vaches est difficile ˆ apprŽcier car son Žtude nŽcessite des effectifs importants dÕanimaux, rarement rŽunis dans les essais.

DiffŽrents auteurs ont calculŽ les corrŽla- tions phŽnotypiques entre la durŽe de la pŽriode s•che prŽcŽdant une lactation et lÕin- tervalle v•lage-insŽmination fŽcondante au cours de la lactation suivante. Elles ont ŽtŽ faibles et comprises entre - 0,02 et 0,07 Figure 7. Liaison entre la teneur en caséines du

lait sécrété en fin de gestation et début de lactation et la fermeté du gel mesurée 30 minutes après l’emprésurage (Rémond et al 1997a).

0 10 20 30 40 50 60 70 80

60 50 40 30 20 10

<50 j avant vêlage 50 à 31 j avant vêlage 30 à11 j avant vêlage 10 à 1 j avant vêlage 6 à 18 j après vêlage 57 à 82 j après vêlage Fermeté du gel (mm)

Caséines (g/kg)

(13)

(Smith et Legates 1962, Wilton et al 1967, Schaeffer et Henderson 1972). Ces rŽsultats, issus de fichiers de donnŽes, pourraient sug- gŽrer que la rŽduction de la pŽriode s•che (qui va gŽnŽralement de pair avec un accroisse- ment de la production laiti•re) Ç corrige È la diminution de fertilitŽ souvent associŽe ˆ lÕaugmentation du niveau de production. Dans un essai en fermes, Coppock et al(1974) nÕont pas observŽ de relation entre la durŽe de la pŽriode s•che et lÕintervalle v•lage-insŽmina- tion fŽcondante. Hoheisel (1988) nÕa pas non plus observŽ de diffŽrence de fertilitŽ entre trois lots de 22 vaches taries pendant 0 ˆ 20 jours, 21 ˆ 40 jours ou 41 ˆ 61 jours. Dans lÕEnqu•te Bretonne, les vaches non taries (n = 120) ont ŽtŽ fŽcondŽes apr•s le m•me nombre moyen dÕinsŽminations (1,9) et dans le m•me dŽlai apr•s le v•lage (120 jours) que leurs consÏurs contemporaines conduites conven- tionnellement (n = 128) (KŽrouanton et al 1995). Cependant, cette efficacitŽ de la repro- duction Žtait meilleure au cours de la lacta- tion prŽcŽdente (o• le tarissement Žtait conventionnel) chez les vaches choisies pour ne pas •tre taries que chez celles qui devaient continuer ˆ •tre taries conventionnellement.

Cela pourrait sugg•rer que, contrairement ˆ ce qui pouvait •tre attendu, lÕomission du tarissement a dŽgradŽ lÕaptitude des animaux ˆ se reproduire. Dans cette m•me Enqu•te Bretonne, le raccourcissement de la pŽriode s•che nÕa pas modifiŽ lÕefficacitŽ de la repro- duction.

6 / Cellules somatiques

dans le lait et Žtat sanitaire de la mamelle

LÕŽvaluation des consŽquences de la durŽe de la pŽriode s•che sur le nombre de cellules somatiques et la santŽ des mamelles est diffi- cile. Elle nŽcessiterait de porter sur plusieurs annŽes et dans diverses situations dÕŽlevage, les consŽquences nÕŽtant probablement pas les m•mes selon la proportion de vaches du troupeau concernŽes par la rŽduction ou lÕomission de la pŽriode s•che, le niveau dÕin- fection prŽalable ˆ la mise en Ïuvre de la rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che, la

nature des microbes prŽdominants, les mesures hygiŽniques et prophylactiques sys- tŽmatiquement mises en Ïuvre ou non par lÕŽleveur, le nombre dÕannŽes dÕapplication du traitement ...

Dans lÕEnqu•te Bretonne, le raccourcisse- ment ou lÕomission de la pŽriode s•che se sont accompagnŽs dÕune tendance ˆ lÕaccroissement du nombre de cellules somatiques dans le lait chez les vaches en 2elactation, qui sÕest accen- tuŽe chez les vaches en 3e lactation et plus (valeurs non rapportŽes). La rŽpartition des dŽnombrements cellulaires selon les classes proposŽes par SŽrieys (1995) (< 300 000 cel- lules/ml : mamelles saines, > 800 000 cel- lules/ml : mamelles infectŽes) met en Žvidence une diminution de la proportion des mamelles saines et un accroissement des mamelles infectŽes avec lÕaugmentation du rang de lac- tation chez les vaches conduites convention- nellement (tableau 3). Cette Žvolution est amplifiŽe par le raccourcissement et lÕomission de la pŽriode s•che. Chez les vaches en 4elac- tation et plus, la proportion ŽlevŽe de mamelles infectŽes ne manque pas dÕinquiŽter.

Cet accroissement du nombre des cellules dans les Žchantillons de lait individuels sÕest manifestŽ par une augmentation de la concen- tration des cellules variant de 30 000 ˆ 170 000/ml dans le lait de tank de 7 Žlevages sur les 17 de lÕenqu•te. Toutefois, et de fa•on sur- prenante, les Žleveurs nÕont pas dŽclarŽ avoir notŽ davantage de mammites cliniques (3 en ont notŽ plus, 6 en ont notŽ moins et 11 nÕont pas remarquŽ de diffŽrence ; KŽrouanton et al 1995). Cet accroissement du nombre des cel- lules somatiques doit susciter la mŽfiance, mais il nÕest peut-•tre pas enti•rement inŽvi- table. En effet, les trois quarts des Žleveurs bretons qui ont ŽtŽ enqu•tŽs ne pratiquaient aucun traitement prŽventif de la mamelle chez les vaches non taries et le tiers des Žleveurs ne traitaient pas la mamelle lorsque la pŽriode s•che Žtait raccourcie, de peur de contaminer le lait par des antibiotiques.

Hoheisel (1988) note que le nombre dÕŽchan- tillons bactŽriologiquement positifs ou dont le nombre de cellules Žtait supŽrieur ˆ 500 000/ml, au dŽbut de la lactation, Žtait plus ŽlevŽ chez les vaches dont la pŽriode s•che avait ŽtŽ tr•s rŽduite (0 ˆ 20 jours) que chez celles dont la pŽriode s•che avait ŽtŽ comprise entre 20 et 40 jours ou entre 41 et 60 jours.

Dans une situation semblable, RŽmond et al (1992a) nÕont pas observŽ de diffŽrence du nombre moyen de cellules somatiques au cours des 15 premi•res semaines de la lacta- tion.

Dans un troupeau dont les vaches ne sont pas taries depuis une vingtaine dÕannŽes, la proportion de quartiers infectŽs par un patho- g•ne mineur ou majeur, mesurŽe au 10emois de la lactation, chez 13 vaches, a ŽtŽ de 78 % (RŽmond et Bonnefoy 1997). Cette proportion est sensiblement plus ŽlevŽe que le taux dÕin- fection moyen de 53 % mesurŽ dans le lait de toute la mamelle par Faye et al (1994) dans une enqu•te portant sur 7 852 vaches en Bre- tagne.

RŽduire, et surtout omettre,

la pŽriode s•che accro”t le nombre de cellules somatiques dans le lait.

Tableau 3. Effet de la durée de la période sèche sur la proportion de mamelles saines ou infectées, selon le rang de lactation (d’après Kérouanton et al 1995).

PŽriode s•che normale raccourcie omise

Mamelles saines (< 300 000 cellules/ml)

Lactation 2 88,4 88,1 81,0

Lactation 3 et + 83,8 70,3 71,9(1)

Lactation 4 et + 60,0

Mamelles infectŽes (> 800 000 cellules/ml)

Lactation 2 3,6 5,9 3,5

Lactation 3 et + 6,1 10,6 6,7(1)

Lactation 4 et + 14,7

(1) Lactation 3 seulement.

(14)

Conclusion

La rŽduction de la durŽe de la pŽriode s•che jusquÕˆ son omission, a des consŽquences zoo- techniques assez claires. La quantitŽ de lait produite diminue de fa•on accŽlŽrŽe mais ses teneurs en mati•res grasses et en protŽines augmentent. Par ailleurs, si la conduite ali- mentaire nÕest pas ou est peu modifiŽe, lÕŽtat nutritionnel des vaches est amŽliorŽ, ce qui rŽduit la frŽquence des incidents de santŽ liŽs ˆ lÕalimentation. LÕeffet sur la reproduction reste ˆ prŽciser. Cette conduite semble donc rŽpondre aux souhaits majoritairement expri- mŽs par les Žleveurs, de conduites plus sžres et permettant la sŽcrŽtion dÕun lait plus riche et donc mieux rŽmunŽrŽ.

LÕomission de la pŽriode s•che prŽsente deux inconvŽnients majeurs :

- elle entra”ne un accroissement du nombre de cellules somatiques dans le lait, probable- ment parce quÕelle emp•che le traitement des mamelles aux antibiotiques entre deux lacta- tions. Outre quÕelle dŽgrade la qualitŽ du lait, elle pourrait aussi accro”tre la frŽquence des mammites ce qui, dans le cadre des quelques essais ou observations faits a pu ne pas se manifester ;

- elle provoque en toute fin de gestation lÕenrichissement du lait en certains consti- tuants (acides gras libres, lipase sensible aux sels biliaires, plasmine et plasminog•ne, immunoglobulines) indŽsirables pour une bonne qualitŽ du lait, bien que les consŽ- quences technologiques restent ˆ Žtablir.

Cette dŽgradation est en moyenne limitŽe compte tenu de la faible proportion du lait de fin de gestation dans lÕensemble du lait pro- duit. Elle pourrait nŽanmoins se manifester ˆ lÕŽchelle du troupeau voire de la laiterie si cette conduite se dŽveloppait, notamment dans le cas de v•lages groupŽs dans lÕannŽe sauf, probablement, si le lait sŽcrŽtŽ au cours des derniers jours de gestation nÕŽtait pas commercialisŽ.

Ces deux inconvŽnients quasi rŽdhibitoires devraient •tre largement voire totalement Žvi- tŽs par le raccourcissement de la pŽriode s•che ˆ quelques semaines (3 ˆ 5 ?). La pause dans le processus de lactation devrait per- mettre un traitement systŽmatique et efficace des mamelles soit avec des produits dŽjˆ exis- tants, soit avec des formules spŽcialement con•ues pour cette conduite. Quant aux modi- fications indŽsirables de la composition du lait, elles devraient alors •tre tr•s largement attŽnuŽes car on remarque quÕelles se mani- festent de fa•on croissante au cours des 3 ˆ 4 derni•res semaines de la gestation, proba- blement pour des raisons physiologiques inŽvitables. Dans lÕEnqu•te Bretonne, la majoritŽ des Žleveurs qui avaient initialement choisi dÕomettre de tarir leurs vaches ont ensuite optŽ pour un raccourcissement de la pŽriode s•che.

Des Žtudes devraient se poursuivre sur le traitement mŽdicamenteux des mamelles lorsque la pŽriode s•che est raccourcie et sur certaines consŽquences encore peu connues ˆ long terme (santŽ de la mamelle, reproduc- tion, longŽvitŽ des vaches). Cette conduite mŽriterait aussi dÕ•tre ŽtudiŽe en tant quÕoutil de ma”trise du dŽficit ŽnergŽtique en dŽbut de lactation pour des vaches laiti•res fortes pro- ductrices recevant des rŽgimes maximisant la part des fourrages. Ce type dÕalimentation devrait tout ˆ la fois diminuer les cožts de production du lait, favoriser une plus large utilisation du territoire, et revivifier lÕimage du Ruminant consommateur de fourrages, recherchŽe par le consommateur.

Remerciements

Nous remercions vivement lÕassociation GALA, lÕAssocia- tion pour la Coordination des Techniques Agricoles et le Conseil RŽgional de Bretagne pour leur participation financi•re ˆ la rŽalisation de certains des travaux rap- portŽs dans ce document, et C. Agabriel et J.B. Coulon pour leur tr•s utile lecture critique.

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