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Sur l’emploi des lampes électromètres pour la mesure de
faibles courants continus. I
Anatole Rogozinski
To cite this version:
SUR L’EMPLOI DES LAMPES
ÉLECTROMÈTRES
POUR LA MESURE DE FAIBLES COURANTS CONTINUS. I
Par M. ANATOLE ROGOZINSKI.
Laboratoire de
Physique Cosmique
de l’Observatoire de Meudon.Sommaire. 2014 On étudie d’abord
en détail le montage le plus simple, comprenant une seule lampe électromètre, et l’on expose les relations fondamentales qui régissent son fonctionnement. On examine ensuite le montage à deux lampes montées en pont. On en souligne les avantages et l’on décrit les différents modes de son réglage. L’auteur reproduit le montage détaillé dont il se sert depuis plusieurs années.
Le dernier montage étudié dans la première partie du présent travail est le montage à « grille isolée ».
L’auteur insiste particulièrement sur les conditions rationnelles de son emploi et examine le rôle
important du choix du point de fonctionnement de la lampe. Il indique les sensibilités qu’il est alors
possible d’atteindre et dont les valeurs limites sont de l’ordre de 10-17 A.
1. INTRODUCTION.
1.
Depuis plusieurs
années,
nous nous servons delampes
électromètres pour la mesuze de très faibles courantscontinus,
allantjusqu’à
Ceslampes
fonctionnent d’unefaçon
très satisfaisante etpré-sentent certains
avantages
indéniables sur lesélectro-mètres
électrostatiques
de sensibilitécomparable.
Mais leuremploi
rationnelexige
une série deprécau-tions et de conditions que nous nous proposons de résumer dans la
présente
étude.Les travaux consacrés à ce
sujet
sont peu nombreuxet, en
général,
n’examinent leproblème
que trèspartiellement.
Ces raisons nous ont conduit àélargir
et àcompléter légèrement
le cadre de cetexposé.
Aussi,
discuterons-nous d’une manièreplus
détaillée les différentes méthodes de mesure des courants faibles faisantappel
auxlampes
électromètres. Nousnous bornons ici à l’étude des
lampes
triodes,
mais lesprocédés
décritss’appliquent
également,
àquelques
détailsprès,
à d’autrestypes
delampes.
2. Laqualité
d’unelampe
électromètredépend
essentiellement des trois facteurs suivants :10 L’isolement
proprement
dit de lagrille.
- Onl’accroît par
l’emploi
de verresspéciaux
très peuconducteurs et par le maintien de la
lampe
dansune
atmosphère
desséchée(ou
mieux dans levide),
à l’abri de la lumière.20 Le courant direct ou inverse de
grille.
- Onle réduit en réalisant dans
l’ampoule
le meilleur videpossible,
en abaissant latempérature
du filament par des revêtementsappropriés,
et,enfin,
en maintenant les tensions
appliquées
auxdiffé-rentes électrodes au-dessous du
potentiel
d’ionisa-tion du gaz résiduel dans lalampe.
30 La
pente.
- Elle estgénéralement
debeaucoup
inférieuie à celle des
lampes
ordinaires,
et cela enraison des conditions énumérées
plus
haut.Néan-moins,
avec desmontages
relativementsimples,
etavec un
galvanomètre
de sensibilité moyenne, il estpossible
d’atteindre et même dedépasser
des sensi-bilités de idiv/mV.
Une
lampe
fonctionnant dans des conditions normalesprésente
un courant degrille
de l’ordre de IO-1~A,
et un isolementapparent
de l’ordrede 1016 ohms. On
peut
ainsiintercaler,
sansincon-vénient,
dans le circuit degrille,
des résistances de fuite de I012 ohms et mesurer, parconséquent,
des courants de I0 15 A. Pour accroître lasensi-bilité,
il aurait falluaugmenter
la valeur de la résistance de fuite. Mais nous verrons, par lasuite,
que cette manière deprocéder
présente
des incon-vénients très graves. La seule méthodeapplicable
dans ce cas est celle de « lagrille
isolée »,grâce
àlaquelle
onparvient
à étendre le domaine des mesuresjusqu’à
Io-17 A.II. MONTAGES.
a.
Montage
à une seulelampe. -
1. Bien quece
montage
soit leplus simple
et leplus classique
(fig.
Ia),
nous avons tenu à traiter ce casqui
nous servira depoint
dedépart
pour l’étude desmontages
plus
sensibles etplus compliqués.
On réalise ici un genre de
pont
simplifié
dont leschéma
équivalent
est celui de lafigure
1 b.286
En choisissant les valeurs
appropriées
de la branche decompensation
DCB,
onparvient
à compenser le courantpermanent
deplaque.
C’estainsi que le
galvanomètre
intercalé entre B et Dne mesurera que la variation de courant
plaque
consécutive à une variation de la tensiongrille.
Avant d’écrire les
équations
de ce -pont,
nousremarquerons que les résistances internes des branches AD et DC
peuvent
êtrenégligées
et que la résistance de lalampe
n’est pas, engénéral, ohmique.
Le sens des courants étant celui
indiqué
par lesflèches,
désignons
paril,,
i etij, -
i,
les courantsqui
traversentrespectivement
les branchesAB,
BD etBC,
par0, V, Vo
etVI
lespotentiels respectifs
desquatre
sommetsA, B,
C etD,
enfinpar b
et g les résistancescorrespondant
à BC et BD.Un calcul facile donne
avec et t
Quand
lepont
estéquilibré,
alorsOr,
V, il)
etV~
(la
tension degrille)
étant reliés par la relationon
peut
écrire,
en nous bornant aux accroissementsdu second
ordre,
Posons
et 1
cette dernière
grandeur
détermine la courbure de lacaractéristique plaque,
et nous l’admettrons-
petite.
Comme on
peut
considérer k comme une constantepratiquement
indépendante
des autres facteurs[H.
Barkhausen, Lehrbuch derElektronenrôhren,
Ig3I,
vol.1,
p. 80 et suiv.(Hirzel,
Leipzig)],
onnégligera
lesexpressions
et
Si le circuit
comprend
une résistanceplaque Rj,,
nous avons’
ce
qui
peut
s’écrired’où,
en tenantcompte
de ce que A estpetit,
onobtient
Pour A = o, ou pour des accroissements
suffisamment
petits,
on retrouve la formuleclassique
Calculons la
pente apparente
p dumontage.
Celle-ci est définie par lerapport
A V9,où
représente
la variation du courant dans legalvano-mètre
G,
provoquée
par unevariation àvg
de latension
grille.
Or,
en tenantcompte
de(6),
on aet
Une
question
se pose aussitôt.Quelles
valeurs doit-on donnerà ~
et b pour que p soit maximum ? En cequi
concerne g, on voit immédiatement que p tend vers unmaximum,
lorsque g
tend vers o(1).
Pour deux valeurs
distinctes --
et lerapport
despentes
correspondantes
p etpi,
estOr,
et étanttoujours petits
parrapport
à 1,c c
on
peut
écrireDans le cas
limite,
où c’est-à-direp=po= "
a
(par
définition,
pente
de lalampe
aupoint
defonc-tionnement),
on aL’expression
° - g
représente
laperte
depo c
sensibilité due à la résistance du
galvanomètre.
La recherche del’optimum
de b estplus
délicate;
car dans la formule
(8) a
doit être considéré commefonction de b. La condition à satisfaire est alors
c’est-à-dire
Calculons
‘da
pour unV
donné,
aupoint
decl b
fonctionnement du
système.
Cepoint
est déter-miné par l’intersection de lacaractéristique (2)
avec la droite(1)
ou(1’).
L’élimination de V entre les deux
équations,
conduit à la relationd’où,
en tenantcompte
de(3’),
et, en
définitive,
l’optimum
de b sera donné par lacondition.
(~) Quand nous envisageons g variable, nous entendons comparer divers galvanomètres de sensibilité en courant
égale, mais de résistance interne variable.
Cette formule attire une remarque immédiate : Aussi
longtemps
que lepoint
de fonctionnement demeure sur lapartie
rectiligne
de lacaractéris-tique,
on a constamment A = o etLp
db> o, c’est-.à-direqu’il
nepeut
pas y avoird’optimum
pour b.La
pente
apparente
augmente
avec b.Mais
lorsqu’on
donne à b une valeur suffisammentélevée,
on faitpénétrer
lepoint
de fonctionnement dans lapartie
courbe de lacaractéristique,
où cettepente
pourra alors atteindre son maximum.Nous
dirons,
dans les remarquesfinales,
quelques
mots sur les conditions de travail dans cetterégion
de la
caractéristique.
20 C’est un fait
expérimental
que dans les condi-tionsd’emploi
d’unelampe
électromètre,
la détec-tion de o,1 mV à lagrille
doit être considérée comme une limite de ce que l’onpeut
atteindre. Avec lemontage
que nous venonsd’examiner,
on réalise facilement un zéro stable(à
la dériveprès)
pourune sensibilité de i div du
spot
dugalvanomètre
par millivolt à la
grille.
Enprenant
desprécautions
minutieuses,
onpeut
doubler outripler
cette sensi-bilité.Mais,
pratiquement,
nous considérons la sensibilité de 1div/mV
comme limite. Par contre,avec le
montage
à deuxlampes,
onpeut
dépasser
aisément cette limite et même atteindre une
sensi-bilité de o
div/mV.
"
Indépendamment
de ladérive,
les limites enquestion
sontimposées
par l’existence du bruit de fond dontl’amplitude
peut
atteindre o,1 mV.Lorsqu’il
s’agit
de courants noncontinus,
ou de la mesured’impulsions
brèves,
la limite de sensibilité pourra être étenduejusqu’au
domaine del’amplitude
moyenne du bruit de fond dont la valeur est ordi-nairement dequelques
microvolts seulement.Pour fixer les
idées,
calculons la sensibilité s(en A/div)
dugalvanomètre
qui
convient. Une variation de mV à lagrille
doit donnerune variation de courant
Or,
en admettant,1:: == 50o ID’,
on trouve
On
peut
donc choisir ungalvanomètre
d’unesensi-bilité très moyenne,
l’avantage
d’ungalvanomètre.
plus
sensible étant tout àfait
illusoire.’
L’amplification
en courant réalisée avec unelampe
électromètre est considérable. Nous avonsdéjà
vu que l’onpeut
mettre sans inconvénient288
l’entrée,
produisant
une variation de tension= r o-3 V aux bornes de la résistance de
fuite,
provoque dans le
galvanomètre envisagé
une varia-tion de courant Ai = s = 3,~5 . 10-8 A.L’amplifi-cation cherchée est ainsi
égale
àNous verrons
plus
loinqu’avec
unmontage
à«
grille
isolée »,
il estpossible
dedépasser largement
cette
valeur,
pourtant
considérable,
et d’aller mêmeau delà de x og.
Avant_ d’aborder l’étude du
montage,
à deuxlampes,
nous tenons àsouligner
que lemontage
àune seule
lampe
suffit engénéral lorsque
les mesuresà effectuer
n’exigent
que destemps
relativement courts, parexemple,
n’excédant pas 1h;
par contre,l’autre
montage
s’impose chaque
fois que les mesures ou lesenregistrements
s’étendent sur delongues
durées.b.
Montage
à deuxlampes. -
1 ~L’avantage
essentiel du
montage
à unelampe
est sasimplicité
extrême. Par contre, son
plus
grave défaut résidedans la dérive inévitable du
spot
degalvanomètre.
Cette dérive résulteprincipalement
de ladécharge
lente de l’accumulateur dechauffage
du filament.Fig. 2.
Le débit de la source de l’alimentation
plaque
étantbeaucoup
- de l’ordre dei ooo fois -
plus
faible,
onpourra, dans la
plupart
des cas,négliger
la dériveoccasionnée par la variation de la tension
plaque
qu’il
est facile d’ailleurs de maintenirrigoureuse-ment constante
pendant
delongues
durées. Onpeut
atténuer la dérive dans de fortesproportions
parl’emploi
d’accumulateurs de fortecapacité,
mais onn’arrive presque
jamais
à lasupprimer
complète-ment. Plusieurs
montages
decompensation
- surtoutavec des
lampes bigrilles
- ont étéproposés
pour réduire ceteffet,
maislorsqu’il s’agit
de faire desmesures ou des
enregistrements
delongue
durée,
le seul
montage
efficace est celui à deuxlampes
équilibrées.
1Dans ce
montage,
les courantsplaque
des deuxlampes
secompensent
mutuellement. Il en est de même des variations de ces courants, résultant detous les
changements qui
peuvent
survenir dans les éléments dumontage
etqui
affectent les deuxlampes
simultanément. Lacompensation
ne se trouve pasréalisée, naturellement,
pour les fluctuationsprovenant
du bruit de fond propre àchaque lampe.
20 Nous supposerons les deux
lampes
aussiidentiques
quepossible.
Nous verronsplus
loincomment on
peut
compenser les faibles différencesqui
existent en réalité entre elles.La
représentation schématique
de cemontage
(fig.
2a)
estéquivalente
à unpont
de Wheatstonedont les branches AB et AD sont constituées par les
lampes,
A étant lepoint
commun des côtésnégatifs
des
filaments,
et les branches BC et DC par les résistances b. Legalvanomètre,
de résistance g, est branché entre B et D.Une autre variante du
montage,
qui
peut
présenter
parfois
un certainavantage,
estreproduite
dansla
figure
2 b.Ici,
C est lepoint
commun desplaques,
et B et D les extrémités
négatives
des filamentsrespectifs.
°Le calcul de la
pente
apparente
p, àpartir
deséquations
dupont,
où l’on anégligé
la résistancede la
pile,
conduit à uneexpression analogue
à(8)
a~ ec
La discussion relative aux valeurs
optimum
de g
et de b est, à peu de chose
près,
la même que dans le cas d’une seulelampe.
On remarquera que,à ~
égal,
laperte
de sensibilité est moitié moindre dans le casprésent.
La relation(12)
devient maintenantLa différence la
plus
importante
réside ici dans le fait que lapente apparente
-J abstraction faitede la faible correction que
représente
laperte
de sensibilité - est moitié seulement de celle dupremier
montage
étudié. Mais la stabilité du zéro étant considérablement accrue, lapossibilité d’emploi
d’un
galvanomètre plus
sensible,
permet
de compenserlargement
cette diminution de lapente.
2. Nous avons admis
jusqu’à
présent
que lesdeux
lampes
étaientparfaitement identiques.
Enréalité,
deuxlampes,
mêmesoigneusement
triées,
présentent
tou j ours
des diff érences rendant néces-saire unréglage
empirique
des diverséléments
dumontage. Or,
comme la stabilité dusystème
et,par
conséquent,
l’une desqualités
essentielles du,
montage
dépend
surtout de ceréglage,
nous yinsis-terons
plus particulièrement,
en décrivant d’unefaçon
détaillée lemontage
que nous avonsadopté
289
La
partie névralgique
dusystème
est constituée par l’ensemble des éléments d’alimentation du filament et leréglage d’équilibre
portera
d’abordsur ces éléments. On
procède
de la manière sui-vante :io Le curseur du
potentiomètre
R1
étant aumilieu,
on fixe laposition
du curseur du rhéostatR2
de telle
façon
que la tension aux bornes du filamentsoit celle
indiquée
par le constructeur(ou
uneautre,
si l’on désire faire fonctionner la
lampe
dans des conditionsparticulières exceptionnelles).
On ramène alors lespot
auzéro,
enagissant
sur lepotentio-mètre
:R3
et sur leréglage
finR4.
~a On cherche ensuite une
position
du curseur deRI
telle
qu’en
augmentant R2 -
c’est-à-dire endimi-nuant la tension de
chauffage
du filamentV, f,
comme cela se réalise
automatiquement
au coursdu fonctionnement de
l’appareil
- lespot
demeure immobile. On a alorséquilibré
lepont
parrapport
au
chauffage
du filament.Pour donner une idée de l’efficacité d’un tel
réglage,
nousreproduisons
ci-contre(fig.
4,
tracésupérieur),
à titred’exemple,
l’enregistrement,
au cours de24 h,
d’un faible courant d’ionisation dûau
rayonnement
cosmique. Chaque
millimètrecorres-pond
ici à un courant de io-15 A. L’autretracé,
obtenu parhasard,
illustre un cas, où l’accumulateurde
chauffage
du filament s’étaitcomplètement
déchargé
au cours d’une nuit. On constate que lespot
a inscrit uneligne
sinueused’amplitude
rela-tivement faible.Or,
avec unmontage
à une seulelampe,
ledéplacement
duspot
seraitincompara-blement
plus important,
car, celle-ci étant éteinteet le courant de
compensation
n’étantplus
contre-balancé par celui de lalampe,
legalvanomètre
aurait alors à
supporter
unecharge
tout à fait inadmissible. ’En
langage
descourbes,
leréglage
examiné setraduit par ce que, pour une tension
plaque
donnée,
les déformations des deuxcaractéristiques plaque,
Fig. 3.
résultant de la diminution du courant de
chauffage,
ou, en d’autres termes, les deux variations des
pentes
ont exactement la même valeur. Ceci cesse d’être
rigoureusement
vrai,
si les résistances internes deslampes
aupoint
de fonctionnement ne sont pasidentiques,
car alorsl’équilibre
est réalisée seulement pour une certaine tensionplaque
et ne l’estplus
pour une tension différente. On a
proposé
de shunterles
lampes
par des résistancesd’équilibre qui
fendent lesystème
indépendant
de la tensionplaque.
On est ainsi amené à utiliser des rhéostats ou despoten-tiomètres de forte valeur
(de
l’ordre duqui
présentent
toujours
des contacts fortimparfaits
etqui
sont d’unréglage
très délicat.290
Nous avons étudié un
système
decompensation
de la tension
plaque
un peu différent(fig.
5).
L’égali-sation des résistances internes se fait ici à l’aide de
rhéostats de faible valeur
R11,
R’, ,
etR12 ;
onprocède
d’une manièreanalogue
dans le cas duréglage
de l’alimentation du filament, enagissant
sur
RI1
i et
Fig. 5.
On
parvient
ainsi,
avec un peu depatience,
à unréglage empirique parfait
dusystème,
tant en cequi
concerne la tension dechauffage
que la tensionplaque.
Il est d’ailleurs rare que la tension
plaque
intro-duise desperturbations.
Aussi avons-nous renoncé à ceréglage,
en nous bornant aumontage
plus
simple
de lafigure
3.Toutefois,
dans des mesuresexcepi,ionnelles
de trèslongue
durée,
nécessitant desenregistrements automatiques,
comme cela seproduit,
parexemple,
dans les recherches sur lerayonnement
cosmique,
il faudra en tenircompte
et utiliser lemontage
complet
que nous venonsd’étudier.
En ce
qui
concerne la résistance de fuite P2 de lalampe
témoinL2,
elledoit,
enprincipe,
avoirla même valeur que celle de la
lampe
de mesureLI,
En
réalité,
onpeut
lasupprimer
et relier lagrille
de lalampe
directement à la batterie depolarisa-tion. La
suppression
de cette résistance rend lagrille
légèrement
plus positive,
à cause de la variation detension,
provoquée
par le courant degrille,
auxbornes de o2. Si l’on admet un courant de
grille
dequelques
I 0-1~ A et une résistance de fuite mêmede 1012 ce, la chute de tension n’excède pas
quelques
millivolts etn’amène,
parconséquent,
aucunepertur-bation dans le fonctionnement de
l’appareil.
Onsait,
d’autrepart,
qu’un
rayonnement
électro-magnétique parasite
rendgénéralement
lagrille
de lalampe
plus
négative,
par suite despropriétés
détectricesqu’introduit
la courbure de lacaracté-ristique
du courant degrille.
A cepoint
de vue,l’absence de la résistance de fuite constitue un
facteur
favorable,
car elle rendprécisément
lalampe
détectrice insensible à toutrayonnement
parasite.
Mentionnons encore que, à
part
l’accumulateur dechauffage,
toutes les sources de tension sontconsti-tuées par des
piles
sèches du genre «pile
pourlampe
de
poche
». Par suite des faibles courantsqu’elles
débitent,
cespiles
peuvent
assurer une marcheconti-nue de
l’appareil
durantplusieurs
mois.Nous terminerons la
description
de notremontage,
en donnant
quelques
détails sur ledispositif
decompensation
pour les mesures de zéro que nousavons
adopté
etqui
nous donne entière satisfaction. Dans certains cas(voler
lesRemarques finales),
ilest
plus
rationnel de déduire le courant à mesurer non pas de la déviation duspot,
mais de la variation de tensionqu’il
fautappliquer
à la résistance de fuite pour ramener lespot
au zéro. Nous pouvonsainsi mesurer avec un millivoltmètre la chute de tension aux bornes de cette résistance et le
galvano-mètre
joue
alors le rôle d’unappareil
de zéro. Afin de faire l’économie de ce nouvelappareil
de mesure, nous utilisons le mêmegalvanomètre
comme millivoltmètre. Cette solution
présente,
enoutre,
l’avantage appréciable
de mettre à notredisposition
un millivoltmètre degrande
résistance interne. C’est ainsi que l’inverseurbipolaire Il
peut
brancher legalvanomètre
soit sur leslampes,
soit dans le
circuit,
oùil
joue
le rôle du millivolt-mètre.L’étalonnage correspondant
se fait enajustant
convenablement le rhéostat
R,.
L’inverseurbipo-laire
I, permet
unecompensation positive
ounégative.
c.
Montage
à «grille
isolée »(1). -- Lorsqu’on
cherche à accroître considérablement la sensibilité des
mesures, on est contraint d’avoir recours à la méthode de la «
grille
isolée ». On sait quelorsqu’on
isole lagrille, après
l’avoirportée
à unpotentiel négatif
de
quelques
volts parrapport
aufilament,
elle secharge positivement
par un courantappelé
courant inverse degrille qui
est la résultante d’une série de courantspartiels d’origines
diverses. Lepoten-tiel de la
grille
tend vers unelimite,
où le courant s’annule.Inversement,
lorsque
lepotentiel
de lagrille
isolée se trouve initialement au delà de cettelimite,
il y est ramené par un courantnégatif
qui
constitue alors le courant degrille
normal. Cette limite détermine ainsi lepoint
defonctionnement,
où la
lampe
se trouve enéquilibre
stable.(1) On dit qu’une lampe fonctionne « la grille isolée »
quand celle-ci n’est reliée par aucune résistance extérieure
-en dehors de sa résistance d’isolement proprement dit - à
un point quelconque du circuit de la lampe.
Nous n’avons pas retenu l’expression courante de « grille
en l’air » dont la signification est peu apparente et devient même absurde quand on est amené à placer la lampe dans le vide.
L’isolement de la
grille
étant de l’ordre de 1015 à io’6ohms,
la résistanceapparente
du circuit de lagrille
estpratiquement identique
à la résistance interne del’espace grille-cathode.
La valeur de cette dernière résistance estparticulièrement
élevée pour de fortespolarisations négatives
de lagrille,
mais baisserapidement lorsqu’on s’approche
de la limite dont il étaitquestion plus
haut.Les courants de
grille
sont extrêmement sensiblesau
potentiel plaque.
C’est ainsiqu’en
faisant passer ce dernierde + 4
à + 5, ouà +
3V,
onobserve
respectivement
un accroissement ou unediminution de ce courant dans une
proportion
qui
peut
être de l’ordre de 1 à 10. Dans le second cas( Vp = +
3V)
le courant inverse degrille,
pour unepolarisation
Vs,
= -3 V,
est de l’ordre de Io-16 Aet la résistance
apparente
de lagrille
est telle que l’onpeut
la considérer commepratiquement
infinie.
La
lampe
fonctionne alors comme électromètre purde très haute sensibilité et il devient
possible
de déceler avec certitude descharges
dequelques
Io-6 U.E.S.
On démontre aisément que, dans le cas
présent,
l’amplification
en courant est donnée parl’expression
pt,
où p est lapente
apparente
[voir
formules(8)
ou(8’)], 1
letemps
et C lacapacité électrostatique
du circuit de lagrille.
On trouve ainsi que, parexemple
pour p ~ 20 C ~ 10 cm et 1 nedépassant
pas1 o
min,
l’amplification
en courant devientsupérieure
à 109.D’une manière
générale, l’emploi
rationnel de la méthode de la «grille
isolée »exige
un courant degrille
aussifaible
quepossible
et, parconséquent,
une tensionplaque
très réduite(de
l’ordre de + 3V),
car,en dehors de son influence sur la résistance
appa-rente du circuit de la
grille,
ce courant provoquetoujours
une dériveplus
ou moinsgênante
et souventmême
prohibitive.
Si l’on ne compense pas le courant de
grille,
onprocédera
comme dans le cas d’un électromètreélectrostatique
ordinaireprésentant
une fuite. Lecourant réel s’obtient en faisant la différence entre le courant mesuré et la fuite
préalablement
déter-minée.On
peut
cependant
compenser le courant degrille.
A cetégard,
nousdistinguerons
trois groupesde
procédés.
io
Compensation
à l’aide d’unepetite
chambre d’ionisation. -- Dans cet ordred’idées,
la méthode laplus
sûre,
à notreavis,
consiste à utiliser commeagent
ionisant une source infime derayons p
d’une substance radioactive delongue
vie. Eneffet,
pour compenser un courant de l’ordrede 10-16 A,
qui
équivaut
à environ 600 électrons parseconde,
il suffit dequelques
rayonsp
par seconde, totalisant dans la chambre un parcours d’unevingtaine
decentimètres
(en
admettant pour l’ionisationspéci-fique
de ces rayons la valeur de 3opaires
d’ions parcentimètre).
Le courant à compenser étantpositif,
onappliquera
à la chambre une tensionnégative.
La tension de saturation n’excède pas alors
quelques
volts. Nous n’insisterons pas ici sur lafaçon
derégler
le courant decompensation
à une valeuradéquate.
Nous déconseillons vivement l’utilisation des
particules
oc au lieu des rayons~,
car, étant donnél’énorme
pouvoir
ionisant de cesparticules,
lacompensation
serait essentiellement discontinue etdétruirait fatalement la stabilité du zéro. On pour-rait
cependant parvenir
au même résultatqu’avec
les rayons
[3,
mais alors il faudrait n’utiliserqu’une
faiblepartie
du parcours desparticules
oc et d’augmen-ter leurnombre,
ou bienemployer
une chambre àpression
réduite afin de diminuer ainsi leur ionisa-tionspécifique.
Ces deux remarquessuffisent,
croyons-nous, pour mettre en évidence les gravesdéfauts de la méthode.
On
pourrait également
soumettre la chambre à unfaible
rayonnement
y, mais ici naissent d’autresdifficultés : on
peut
soustraire difficilement leslampes
à l’action de cerayonnement,
et il estimprudent
de lesirradier,
car lesphotoélectrons
émis sousl’action du
rayonnement
par le verre de lalampe
suffisent pour lui donner unecharge qui,
parinduc-tion sur le
système
isolé,
provoque aussitôt undéplacement d’équilibre.
D’autrepart,
si leslampes
ne se trouvent pas dans une
enveloppe
où l’on afait le
vide,
onrisque
d’ioniser l’air autour de lalampe
et de provoquer un courantparasite
impor-tant.Enfin,
le genre des mesures à exécuterpeut
être influencédéjà
par cette source de rayons y.A ce propos,
signalons
le faitqu’en
maintenant une faible différence depotentiel,
designe
conve-nable,
entrel’enveloppe
et lagrille
de lalampe,
on
peut
parvenir
à lacompensation
cherchée par le seul courant d’ionisationqui prend
naissancesous l’action
du rayonnement
cosmique
et radioactif ambiant dans l’airqui
entoure lalampe.
Il convient
également
d’insister sur le fait que,dans le cas surtout des
particules
oc on doits’assurer,
que l’on a atteint le courant de
saturation,
car larégion
initiale de la courbe de saturation introduitune résistance
apparente
telle,
quel’avantage
dela méthode de la «
grille
isolée »peut
se trouversimplement
annulé.Les conditions énumérées étant
satisfaites,
onpourra alors
apprécier
des courants inférieurs audixième du courant
compensé,
c’est-à-dire inférieurs à 10-17 A.Remarquons
finalement que cette méthodes’ap-plique également
aumontage
simple
à unelampe.
20
Compensation
parégalisation
des dérives des deuxlampes.
- La méthode consiste à fairefonc-tionner la
lampe
témoin la «grille
isolée ». Maiscomme les courants de
grille
ne sontjamais
conden-292
-sateur
variable,
isolé à l’ambre ou auquartz,
demanière à ce que les variations de
potentiel
desdeux
lampes
soientidentiques
en fonction dutemps.
Naturellement,
onprendra
pourlampe
de mesurecelle
qui présente
le courant leplus
faible.Signalons
toutefois les inconvénients de cette méthode.D’abord,
il est très malaisé de se procurer le conden-sateurvariable,
bienisolé,
dont nous venons deparler.
Ensuite,
au bout d’un certaintemps,
lespotentiels
des deuxgrilles
peuvent
s’accroître d’unequantité
suffisante pour que lespentes
deviennent très sensiblement différentes de celles dupoint
de fonctionnementinitial,
car nous travaillonstoujours
dans la
partie
courbe de lacaractéristique.
On
peut
égaliser
les deux courants degrille
sansavoir recours au condensateur
variable,
enagissant
sur le
potentiel plaque
de lalampe correspondante.
Mais alors ondétruit,
dans une mesureplus
oumoins
importante,
l’équilibre
réalisé vis-à-vis des autres facteurs. Il est toutefoispossible
deparvenir,
après quelques
tâtonnements,
à un résultat fort satisfaisant. La seconde des deuxobjections
citées tout à l’heure reste icinaturellement
valable.30 Choix du
point
defonctionnement
dans larégion
du courant degrille
nul. -Jusqu’ici,
la résis-tanceapparente
de lagrille
étaitpratiquement
infinie et lalampe
secomportait
comme un électro-mètre ordinaire(à
la dériveprès).
Or,
comme nousl’avons vu, ceci était dû au fait que la résistance
de
l’espace grille-cathode,
pour despolarisations
degrille
voisines de - 3V,
était très élevée.Nous avons vu
également
que lagrille,
isolée et abandonnée àelle-même,
atteint finalement unpotentiel
pourlequel
le courant degrille
s’annule.La courbe du courant traverse ici l’axe des
Vb.
Apartir
de ce moment, lepotentiel
de lagrille
demeure invariable. En choisissant cepoint
commepoint
defonctionnement,
on arrive à des sensibilités trèsélevées,
car lapente
qui
ycorrespond
est relati-vement forte. Mais la résistancegrille-cathode
n’aplus
ici une valeur très élevée. Nous avons trouvé que cette résistance était de l’ordre de 3. 1013 ohms seulement. On retombe ainsi sur l’inconvénient des résistances de fuite élevées avec les constantes detemps
considérablesqu’elles
introduisent. Parcontre,
on n’observe pas de
phénomènes
depolarisation
dont sont douées les résistances élevées habituelles. Un autre inconvénient est créé par la valeur excep-tionnellementgrande
de la courbure de lacaracté-ristique
degrille
en cepoint
dont il faut alorss’éloigner
le moinspossible.
La sensibilitéqu’il
estpossible
d’atteindre ici estégalement
de l’ordrede A.
** * *
Dans la seconde
partie
de cetravail,
nousétudie-rons le fonctionnement d’un
montage
balistique,
et nous examinerons certains
montages
de compen-sation à une seulelampe,
et nous terminerons parquelques
remarques concernant notamment : lesprécautions
àprendre
dansl’emploi
deslampes
électromètres, les choix et rôle des résistances