HAL Id: jpa-00205965
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Submitted on 1 Jan 1965
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Énergies, fonctions propres et moment dipolaire d’une molécule diatomique polaire dans un champ électrique
uniforme
S. Rolland, J.F. Le Men, L. Galatry
To cite this version:
S. Rolland, J.F. Le Men, L. Galatry. Énergies, fonctions propres et moment dipolaire d’une molécule diatomique polaire dans un champ électrique uniforme. Journal de Physique, 1965, 26 (6), pp.297-302.
�10.1051/jphys:01965002606029700�. �jpa-00205965�
ÉNERGIES,
FONCTIONS PROPRES ET MOMENT DIPOLAIRED’UNE
MOLÉCULE DIATOMIQUE
POLAIRE DANS UN CHAMPÉLECTRIQUE
UNIFORMEPar S.
ROLLAND,
J. F. LE MEN et L.GALATRY,
Faculté des Sciences, Rennes.
Résumé. - On étudie la déformation des fonctions d’onde d’une molécule diatomique plongée
dans un champ électrique uniforme, à l’aide d’un développement dans la base des harmoniques sphériques normalisées. Le calcul des coefficients du développement, ainsi que celui des valeurs propres, a été fait en tenant compte des 24 premiers états dégénérés du rotateur non perturbé.
Une
représentation
graphique permet de suivre l’évolution des fonctions d’onde avec le champextérieur. Une
application
est faite au calcul des éléments de matrice de l’opérateur moment dipo-laire.
Abstract. - The déformation of the wave functions of a diatomic molecule in an electric field is studied using an expansion of normalized
spherical
harmonies. The expansion coefficients aswell as the eigenvalues, have been computed introducing the first twenty four degenerated states
for the unperturbed rotator. The wave function evolution vs. the external field strength is des-
cribed in a graphical representation. Matrix elements for the dipole moment operator have
also been calculated.
PHYSIQUE 26, 1965,
Introduction. - ’L’6tude des
propri6t6s
spec- trales des milieux condensespolaires
demande laconnaissance du
comportement
des molécuJespolaires
dans deschamps 6lectriques
tres 6lev6s.A cet
effet,
on a calcule ici lecomportement
d’unemolecule
diatomique polaire (moment dipolaire 03BC)
dans un
champ 6lectrique
uniforme d’intensit6 allantjusqu’h
des valeurs de l’ordre 109volts/m (pour f1.
= 1Debye), champ
de l’ordre degrandeur
des
champs
intermoléculaires en milieuliquide.
Les etudes
pr6c6dentes
deHughes
et Kusch[1],
Peter et
Strandberg [2], Shirley [3]
et Mizushima[4]
concernaient,
avanttout,
ledéplacement
des ni-veaux
d’6nergie jusqu’h
J = 4 ainsi que(r6f. [1])
le moment
dipolaire
induit. On a, parcontre,
6tudi6plus sp6cialement
ici la deformation des fonctions d’onde. Mais le calculpresente
ici apermis
d’atteindre lesenergies
propres et les fonc- tions propres du rotateurperturb6 correspondant
aux 24
premiers
niveaux rotationnels du rotateur libre. Uneapplication
au calcul des elements de matrice del’op6rateur
momentdipolaire
a ensuiteete faite.
I. Effet Stark sur une mol6cule
diatomique polaire.
- Soit une moleculediatomique polaire (moment permanent 03BC)
nonpolarisable,
de momentd’inertie
I,
soumise a unchamp 6lectrique
uni-forme E.
L’equation
aux valeurs propres W del’op6rateur
hamiltonien de cette molecule s’ecrit :avec
Pour r6soudre cette
equation,
dans le domainedes valeurs de h ou les m6thodes
d’approximation
tombent en
def aut,
on utilisera la m6thode des grossesperturbations [5].
Les fonctionsd’onde §
seront
d6velopp6es
sous la forme :ou les q>J lit! sont les
harmoniques sph6riques
nor-malis6es,
telles que les elements de matrice de laperturbation a
cos 0 s’écrivent :Les
equations (1)
et(3)
donnent lieu a un sys- t6med’equations
lin6aires pour lesCJM, systeme
dont le determinant A
peut
s’écrireapres
r6arran-gement [6] :
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01965002606029700
298
La
perturbation À
cos 0 6tantind6pendante
de1’angle
p, le nombrequantique
M conserve,quelque
soit x, lasignification qu’il poss6de
pour À =0,
cequi correspond
a la mise en facteur(5).
Ceci conduit a 6tudier
s6par6ment
les ensembles de fonctions d’onde caract6ris6es par la meme pro-jection
du momentein6tique
orbital sur la direc-tion du
champ
E.Les racines de
1’6quation
Am = 0 fournissent donc toutes les valeurs propres attach6es a la meme valeur de M. Lesysteme d’équations
li-n6aires,
attach6es aAM,
fourniraun jeu
de cons-tantes
CJM
a normalisercorrespondant
aud6velop- pement (3).
En vertu de la remarque ci-dessus relative au nombreM,
toutd6veloppement
dutype (3)
nepeut
contenir que le meme indice M et s’écriradonc,
en tenantcompte
de lad6g6n6-
rescence r6siduelle
portant
sur lesigne
de M :§vimi = JIMI
E C IMI
9J)M!-(6)
II. Calcul des éléments propres. - Tous les de- terminants Au 6tant d’ordre
infini,
on est conduita introduire des racines
approch6es,
obtenues enconsid6rant les determinants
OM
fournis par les(a
Xa) premiers
elements des determinantsAM,
ou a est l’ordre maximum
compatible
avec, lespossibilités
de calculdisponibles.
Avec l’ordinateur IBM 1620qui
a ete utiliseici,
il a etepossible
defaire a =
24,
de sorte que, pourchaque
valeurde x, on a resolu 24
systemes d’équations
s6cu-FIG. la, 1b, lc. -
Energies
propres r6duites e du rotateurspherique, dans un champ uniforme, en fonction de l’in- tensite reduite À. Le second des nombres attaches 4
chaque courbe indique la valeur du nombre quantique M correspondant. Les courbes en pointiUé ont ete emprun- t6es a la reference [1].
laires d’ordre d6croissant de 24 a
1,
chacune des matrices de cessystemes correspondant
a unevaleur donn6e de M entre M = 0 et M = 23. La
diagonalisation
de cesmatrices,
par la m6thode deJacobi,
apermis
decalculer,
pour les valeurs de À allant de 0 a 100(c’est-à-dire
parexemple
avec la molecule
HCI,
pour E allant de 0 a6,2
x 109volts/m)
lesenergies
propres desa(a + 1 /2
= 300premiers
niveaux doublementd6g6n6r6s (± M)
du rotateurperturb6,
ainsi que les coefficients dud6veloppement (6) correspondant
a ces niveaux. Le programme de calcul utilise a
permis
d’obtenir les valeurs propres solutions deAi
= 0 avec uneprecision
de l’ordre de 10-8 et les coefficientsC§j mj
avec unepr6cision
de l’ordrede 10-7. Les
vecteurs §
obtenus sont normalises à l’unit6.L’approximation
d6crite ci-dessus revient 6 sup- poser que lagrandeur
de laperturbation À
cos 0est
parfaitement n6gligeable
pour les niveaux nonperturb6s
caractérisés par J >23,
c’est-h-dire queces niveaux ne sont pas atteints par la
pertur-
bation considérée. Cette
approximation
n’est cer-tainement pas valable pour le niveau J =
23,
dumoins pour les valeurs X
proches
de100,
car alors an’est
plus n6gligeable
devant1’energie
reduite duniveau J = 23 soit c =
J(J
+1)
= 552. N6an-moins,
il est certain que cetteapproximation
esttout a fait
acceptable
pour le calcul de lapertur-
bation des niveaux les
plus peuples
des rotateursdiatomiques
tels que leshydracides
dans les condi- tions normales detemperature (J -
3 ou4).
III. Rdsultats. -
a) ENERGIES.
- Les resultatsdu calcul des valeurs propres e
correspondent
exac-tement a ceux
publi6s
par Kusch etHugues [1]
et Peter et
Strandberg [2]
pour J = 0 a J =4,
et X
compris
entre 0 et 100. On a, deplus,
obtenudes valeurs de e pour J = 5 a J = 23
(M J).
Les resultats
correspondant
a J =5, 6,
7 ont 6t6reportés
sur lesfigures
1a a 1c.b)
FONCTIONS D’ONDE. - Les fonctions d’onde relatives auxpremiers
niveaux dans l’ordre desenergies
nonperturb6es
croissantes ont ete cal- cul6es a l’aide de la relation(3).
On areproduit,
àtitre
d’exemple,
dans lesfigures
2a a2h,
la defor-mation des niveaux
J = 0 ; J = 1, M = 0, =Í= 1 ;
J =
4,
.M = 0lorsque
l’on fait croitre lechamp
Ede la valeur 0 a la valeur
1 001i2f21 [1..
c)
MOMENT DIPOLAIRE. - La connaissance des coefficients Cim de la relation(3)
apermis
de cal-culer les elements de matrice de
l’op6rateur
momentdipolaire
reduit [1.eJy
= cos 0.Soit :
Les résultats
correspondant
auxquinze premiers
elements
diagonaux
de cetop6rateur (J j 4)
sontport6s
sur le tableau I.TABLEAU I
VALEURS DE L’ELEMENT DE MATRICE DIAGONAL DE COS 0
300
TABLEAU I (suite)
Ces resultats sont en bon accord avec les courbes
pub]iées
par Kusch etHughes [1]
et construites par ces auteurs directement apartir
des valeurs de1’6nergie
par la relation :Les elements non
diagonaux correspondant
pourÀ = 0 a la transition
permise
AJ = + 1 ont 6t6traces en fonction de X pour la transition 00 ---> 10
( fig. 3).
Enfin on a
port6
sur lafigure
4 lavariation,
enfonction de
a,,
de 1’616ment nondiagonal
corres-pondant
a laperturbation
de la transition inter- dite 00 -* 20.IV. Diseussion.-
a) ÉNERGIES. -
Lesfigures
1aa 1c montrent que, pour les niveaux
provenant
deJ===5aJ==7,e
varie avec ?, defaqon
coh6renteavec les resultats
publi6s
par Kusch etHughes
pour les niveaux
provenant
de J = 0 a J = 4.Les resultats de Kusch et
Hughes
pour J = 4 ont etereproduits
enpointi]16
sur lafigure
1a.L’appro-
ximation utilis6e ici
(a
=24)
rend les resultats deplus
enplus approchés
au fur et a mesure que Jaugmente.
Pouréprouver
la validité des resultats obtenus pour J voisin de24,
on acalcul6,
pour À =100,
la valeur6nerg6tique
des 703 niveauxprovenant
des 36premiers
niveauxd6g6n6r6s
dela molecule non
perturbee.
On a trouve que tous les resultats ainsi obtenussont,
en valeurabsolue, identiques
a1124e pres
auplus
a ceux relatifs aucalcul utilisant des matrices 24 X 24.
De
plus,
on aéprouvé
la validite de1’approxi-
mation
initiale, qui
consiste a supposer non per- turb6 le niveau J =23,
M = 23. A ceteffet,
on a réduit la matrice 24 X 24correspondant
a la per-turbation du niveau J =
23,
M = 23 par les 23 niveaux suivants.On obtient ainsi la valeur E23,23 =
547,777
aulieu de e23 = 23 x 24 = 552. En
consequence
deces
resultats,
onpeut
considerer que les valeurs trouv6es pour1’energie
des niveaux voisins de J = 23 constituent de bonnesapproximations
pour des
applications
ou uneprecision
inf6rieure audixieme est suffisante.
L’approximation
est afor-
tiori encore meilleure pour les niveaux
provenant
de J voisin de
4,
parexemple, qui
seront utilisesdans 1’etude des
hydracides (HF, HCI) perturb6s
par un
champ
intermoléculaire a latemperature
normale.
b)
FONCTIONS D’ONDE. - Lesfigures
2a a 2hrendent
compte
de l’id6e intuitive que 1’onpeut
se faire de 1’action d’un
champ 6lectrique
uniformesur un rotateur
sph6rique polaire.
Eneffet,
onconstate,
sur toutes cesfigures,
que les valeursimportantes
de la densite deprobabilite
depr6-
sence du rotateur au
voisinage
de la direction(6, cp)
ont tendance a
s’aligner
sur la direction 6 = 0lorsque X
devientgrand.
Deplus,
la variationde 03C8
avec X rend
compte
intuitivement du caractere«
dia-électrique
» d’un 6tat tel que J= 1,
M =0,
caractere
qui
se manifeste parl’apparition
d’unmoment
6lectrique n6gatif lorsqu’on
soumet un6tat pur tel que J =
1,
M = 0 a unchamp
E > 0(figure
no36,
p. 46 de la reference[1]).
En effeton voit sur la
figure
2c que la localisation relative a cet 6tat atendance, lorsque X
passe de 0 a1,
a se
d6velopper plus rapidement
sur le lobe 0> vu/2
que sur le lobe 6
n j2.
Cette tendance se ren- verse pour des valeursplus
6lev6es deÀ,
cequi
correspond
au passage du caract6redia-électrique
301
au caractere
paraélectrique, qui
caractérise 1’etat J =1,
M =0, lorsque
À est suffisammentgrand.
En
regle g6n6rale,
le caracteredia-électrique
des6tats purs ne se manifeste pour J
donne,
que pour les faibles valeurs de M.Classiquement
ceci a lieulorsque
lesplans
de rotation dudipole
contiennent la direction duchamp
E. Lecouplage
-y. E
entraine alors une deceleration
lorsque
la directiondu
dipole s’éloigne
de la direction duchamp
et uneacceleration dans le cas contraire. La molecule
possede
donc une vitesseangulaire maximum,
lorsque
le sens dudipole
estparall6le
a celui duchamp
et une vitesseangulaire
minimum dans laconfiguration antiparallele,
cequi correspond
biena une densite de
probabiIité
de localisationplus grande
dans ce dernier cas, donc a un momentFIG. 2a a 2h.- Lignes d’6gale densite de
probabilité 03C8JM(0, cp) 12
normalis6e a 1’unite encoordonnées polaires.
Les nombres attaches a chaque courbe se rapportent a l’intensit6 r6duite X du
champ
uniforme applique E.302
FIG. 3. - Element de matrice du moment dipolaire reduit
cos 0 pour la transition 00 ----> 10 permise pour À = 0.
induit en sens inverse du
champ.
Ce raisonnement intuitifperd
sasignification
pour E suffisammentgrand,
caralors, classiquement,
laposition
0 = 7tn’est
plus jamais occup6e
et le caracterepara6lee- trique 1’emporte
sur le caracterediaélectrique.
Parailleurs,
pour M - J leplan
de l’orbiteclassique
est
perpendiculaire a
E et l’action duchamp
nepeut
que creer un moment6lectrique
moyendirig6
dans sa propre direction.
c)
MOMENT DIPOLAIRE. - Onconstate,
sur Ie tableauI,
que le momentdipolaire
moyen, nul pour X =0,
croitlorsque X augmente (sauf
auvoisinage
de X = 0 oupeuvent
sepresenter
desph6nom6nes
de diaé]ectricité decritsci-dessus).
FIG. 4. - Element de matrice de cos 0 pour la transition 00 ---> 20 interdite pour X = 0.
Cette levee de
l’interdiction
J - J estimportante
pour 1’6tude
optique
des milieux condenses con-tenant des molecules
diatomiques polaires
car ellesuggere
uneexplication
des effetsspectraux
induitsobserves dans les
spectres
des solutionsliquides [7].
On
constate,
deplus ( fig.
3 et4),
que les elements de matrice dutype
J = 0 ---> J = 1d6croissent, lorsque
Àaugmente
et que les elements de matrice dutype
J -J ± 2,
nulspour À
=0, passent
parun maximum pour certaines valeurs de X inter- m6diaires entre 0 et 100.
Nous remercions M.
Corre,
assistant a la Facultedes
Sciences, pour 1’aide qu’il
nous aapport6e
dansla conduite des calculs
num6riques.
Manuscrit regu le 5 mars 1965.
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GALATRY