Progrèsenurologie(2013)23,283—295
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ARTICLE DE REVUE
Effets des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 sur les symptômes du bas appareil urinaire associés à une hypertrophie bénigne de la prostate
Effects of phosphodiesterase type 5 inhibitors on lower urinary tract symptoms secondary to benign prostatic hyperplasia
F. Giuliano
a,∗, M. Rouprêt
b, G. Doridot
c, A. de la Taille
daNeuro-uro-andrologie,servicedemédecinephysiqueetderéadaptation,hôpital Raymond-Poincaré,facultédessciencesdelasanté,universitédeVersailles Saint-Quentin-en-Yvelines,92380Garches,France
bServiced’urologieetdetransplantationrénale,groupehospitalierPitié-Salpêtrièrede Paris,facultédemédecinePierre-et-Marie-Curie,universitéParisVI,75013Paris,France
cLillyFrance,24,boulevardVital-Bouhot,92521Neuilly-Sur-Seinecedex,France
dServiced’urologie,groupehospitalierHenri-Mondor,facultédemédecinedeCréteil, 94000Créteil,France
Rec¸ule24aoˆut2012;acceptéle19novembre2012
MOTSCLÉS Symptômesdubas appareilurinaire; Miction;
Débiturinaire; Essaiscliniques randomisés
Résumé
But.—L’objectif de cette revue dela littératurea étéde rapporter lesdonnées cliniques actuellementdisponiblessurleseffetsdesinhibiteursdelaphosphodiestérasedetype5(IPDE5) surlessymptômesdubasappareilurinaire(SBAU)associésàunehypertrophiebénignedela prostate(HBP).
Matériel.—Unerevuedela littératureinternationaleaétéréaliséeenfévrier2012àpartir delabasededonnéesMedline(NationalLibraryofMedicine,États-Unis).Elleaconcernéles études cliniques,rapportant les effets des IPDE5sur lesSBAU associésà uneHBP, publiées ces15dernièresannées(1997à2012).Autotal,12étudesontétésélectionnées:quatreétudes concernantlesildénafildontunerandomisée,contrôlée,endoubleinsu,uneétuderandomisée contrôléeendoubleinsuconcernantlevardénafiletseptétudesconcernantletadalafildont cinqrandomisées,contrôlées,endoubleinsuetuneétuded’extensionenouvertsurunan.
Résultats.—Les IPDE5améliorent significativement l’International Prostatic Symptom Score (IPSS)totalcomparativementauplacebo.Leplussouvent,ledébiturinairemaximal(Qmax) n’étaitpassignificativementaugmentéversusplacebo.UneaméliorationduQmaxstatistique- mentsignificativeacependantétérapportéedanscertainesétudes.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:srahal@eltium.fr(F.Giuliano).
1166-7087/$—seefrontmatter©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2012.11.009
284 F.Giulianoetal.
Conclusion.—Les données cliniques disponibles évaluant l’efficacité de l’inhibition de la PDE5surlesSBAUliésàuneHBPsontconvaincantes.LesIPDE5sontainsiunenouvelleclassethé- rapeutiquedansletraitementdecettepathologie,d’autantplusintéressantechezlespatients souffrant àla fois de SBAU et de dysfonction érectile (DE), deux affections fréquemment associées.
©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
KEYWORDS Lowerurinarytract symptoms;
Micturition;
Urinaryflow;
Randomizedclinical trials
Summary
Purpose.—Theobjectiveofthisliteraturereviewwastoreportcurrentlyavailableclinicaldata ontheeffectsofphosphodiesterasetype5inhibitors(PDE5I)onlowerurinarytractsymptoms (LUTS)secondarytobenignprostatichyperplasia(BPH).
Methods.—AninternationalliteraturereviewwascarriedoutinFebruary2012fromtheMedline database (National Library ofMedicine, UnitedStates). Studies on theeffects ofPDE5I on LUTSsecondarytoBPHpublishedwithinthelast15years (1997to2012) wereextracted.In total,12studieswereselected:fourstudiesonsildenafilincludingonerandomized,controlled, double-blindstudy;onerandomized,controlled,double-blindstudyonvardenafil;andseven studiesontadalafilincludingfiverandomized,controlled,double-blindstudiesanda1-year open-labelextensionstudy.
Results.—PDE5IssignificantlyimprovetheoverallInternationalProstaticSymptomScore(IPSS) comparedtoplacebo.Mostoften,themaximumurinaryflowrate(Qmax)wasnotsignificantly increasedversus placebo.A statistically significantimprovementofQmax was nevertheless observedincertainstudies.
Conclusion.—TheavailableclinicaldataassessingtheefficacyofPDE5inhibitioninLUTSsecon- dary to BPH are convincing.PDE5Is thus are a new therapeutic class in the treatment of thisdisease andareespecially interestinginpatientssufferingfrom bothLUTS anderectile dysfunction(ED),twofrequentlyassociateddiseases.
©2012ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Depuislesannées1990,denombreuxtravauxontsouligné la coexistence fréquente des symptômes du bas appa- reil urinaire (SBAU) et de la dysfonction érectile (DE) chez l’homme vieillissant. Par la suite, de nombreuses étudesépidémiologiquesontpermisdemettreenévidence une forte corrélation entre les SBAU et la DE, indépen- damment de l’âge et d’autres comorbidités telles que l’HTA, le diabète, la dyslipidémie et les maladies coro- nariennes[1—3].Ellesontégalementrapporté l’existence d’unerelationentrel’intensitédelaDEetcelledes SBAU [4].
En1999,Klotzetal.ontrapportédansuneétudepros- pectivequeletraitementdepatientscoronariensayantdes symptômesobstructifsliésàunehypertrophiebénignedela prostate(HBP)parundonneurdemonoxyded’azote(NO), le dinitrate d’isosorbide, avait significativement amélioré le débit urinaire maximal (Qmax) (p<0,05), et réduit le résidupost-mictionnel(RPM)(p<0,05)àtroismois.Surles 15patientstraités,dix(67%)ontrapportéuneamélioration dessymptômesurinairesetl’InternationalProstaticSymp- tomScore(IPSS)totalmoyenasignificativementbaissépar rapportàl’étatinitial[5].Ils’agitànotreconnaissancede lapremièreétudecliniquesemblantindiquerqueleciblage pharmacologiquedelavoiedesignalisationNO-guanosine- monophosphate cyclique(cGMP) pouvait exercer uneffet surlesSBAU.
Lesinhibiteursdelaphosphodiestérasedetype5(IPDE5), développéspourletraitementdelaDE,agissenteninhibant
ladégradationducGMP,secondmessagerintracellulairedu NOdans letissuérectile.EnFrance,troisIPDE5sontenre- gistrésdansl’indicationDE:lesildénafil(25,50et100mg), levardénafil(5,10et20mg)etletadalafil(10et20mg).Ils sontutilisésàlademande,avantunestimulationsexuelle, avec une fréquencemaximale d’utilisationd’une fois par jour. Depuis 2008, le tadalafil dispose également d’une autorisationdemisesurlemarché(AMM)enutilisationquo- tidienneàladosede2,5ou5mg[6].Lademi-viedutadalafil estde17,5heurestandisquecellesdusildénafiletduvardé- nafilsontrespectivementdetroisàcinqheuresetdequatre àcinqheures[7—9].
Désormais, il existe des preuves de l’efficacité des IPDE5dans le traitement des SBAU [10,11]. L’objectif de cette revue de la littérature a été de rapporter les don- nées cliniques actuellement disponibles sur leseffets des IPDE5dansletraitementdesSBAUassociésàuneHBP.
Matériel et méthodes
Unerevuedelalittératureinternationaleaétéréaliséeen février2012àpartirdelabasededonnéesMedline(National LibraryofMedicine,États-Unis).Elleconcernaitlesétudes cliniquespubliéesces15dernièresannées(1997à2012)qui rapportentleseffetsdesIPDE5surlesSBAUassociésàune HBP.Lesmotsclésutilisésétaient:Benignprostatichyper- plasia, Lowerurinary tract symptoms, Phosphodiesterase type 5inhibitor, Tadalafil,Sidenafil,Vardenafil,Udenafil, UK-369003,MirodenafiletAvanafil.
EffetsdesIPDE5surlestroublesmictionnelsdel’HBP 285 Toutes les études cliniques prospectives évaluant un
IPDE5 (enregistré en France)en monothérapie et rappor- tantdesrésultatssurlesSBAUassociésàuneHBPontété retenues.Les études d’associations (essentiellementavec unalpha-bloquant),endehorsduchampdecetarticle,ont étééliminées.
Autotal,12étudesontétésélectionnées:quatreétudes concernantlesildénafildontunerandomisée,contrôlée,en doubleinsu,uneétudesurlevardénafilrandomiséecontrô- lée en double insu, et sept études sur le tadalafil dont cinqrandomisées,contrôlées,endoubleinsuetuneétude d’extensionenouvertsurunan.
Une desétudesretenuesétaitpubliéeenchinois,seuls l’abstract et un tableau en anglais ont pu être exploi- tés.
Résultats Efficacité
Étudesnonrandomisées,noncontrôlées
Trois études nonrandomisées, non contrôlées évaluantle sildénafil ont été publiées avant 2007, année de publica- tiondelapremièreétuderandomisée, contrôléeévaluant un IPDE5dans le traitement des SBAU associés à une HBP [12—14]. Par ailleurs, une étude avec le tadalafil publiée en 2010a été retenue, car elle a aussi évalué le maintien de l’effet après l’arrêt du traitement [15]
(Tableau1).
Étuderandomiséecontrôléedusildénafil
Une étude multicentrique, randomisée, en double insu, contrôlée versus placebo, a évalué le sildénafil chez 370patients âgés de 60ans en moyenne et ayant une DE et des SBAU modérés à sévères (IPSS≥12). Les patients n’étaientpasinclussilacausesuspectéedesSBAUn’était pasuneHBP. Ilsétaientprincipalementinclussurle score dudomainedelafonctionérectiledel’InternationalIndex of Erectile Function (IIEF-EF) et l’IPSS, mais ni la taille de la prostate, ni le débit urinaire n’étaient des critères d’exclusion (Tableau 2). La posologie du sildénafil était de50mg/jpendantdeuxsemaines,puisde100mg/javec la possibilité de revenir à 50mg en cas d’intolérance.
À 12semaines, par comparaison aux patients du groupe placebo,lespatientstraitésparlesildénafilonteuuneamé- liorationsignificativedesSBAUavecunebaissedel’IPSSde 6,3[IC95%, 4,6—8,1]vs1,9[IC95%,0,2—3,7] (p<0,0001).
Lescomposantesirritativeetobstructivedel’IPSSétaient significativementamélioréeschezlespatientstraitésparle sildénafilparrapportauxpatientstraitésparplacebo.Une améliorationduQmaxfaibleetnonsignificativeaétérap- portéedanslesdeuxgroupes,+0,31mL/s(IC95%,−1,6—2,2) avecle sildénafilet+0,16mL/s (IC95%,−1,7—2,1)avecle placebo. Uneanalyse réaliséeaposteriori a rapportéque la baissede l’IPSS avecle sildénafil vs placebo étaitplus importante(−8,6vs−2,4;p<0,0001)pourlesSBAUsévères que pour les SBAU modérés (−3,6vs −1,7; p=0,06). Les auteursontconcluquedesétudesévaluantlesildénafilchez des patients ayant des SBAU sans DE étaient nécessaires [16,17].
Étuderandomiséecontrôléeduvardénafil
D’octobre2005àjuin2006,levardénafilaétéévaluédans uneétuderandomisée,endoubleinsu,contrôléeversuspla- cebochez222patientsâgésde56ansenmoyenneetayant desSBAUmodérésàsévères(IPSS≥12)associésàuneHBP.
Le débit urinaire n’a pas été pris en considération pour la sélection des patients etles valeurs initiales du Qmax étaient proches de la normale (Tableau 3). Environ 60% despatientsavaientuneDEouuntroubledel’éjaculation.
L’administrationduplaceboouduvardénafilàlaposologie de2×10mg/jadébutéaprèsunepériodede«wash-out» sanstraitementdequatresemaines.Laduréemaximaledu traitementétaitdehuitsemaines.L’IPSSinitialmoyenétait de16,8etsaréductionaprèstraitementétaitde 5,9dans le groupe vardénafil et de 3,6dans le groupe placebo, la différencede2,3pointsétait statistiquementsignificative (p=0,0013). Les composantes irritative et obstructive de l’IPSSétaientsignificativementamélioréesparlevardénafil parrapportauplacebo.
Ily avait une légèreamélioration du Qmax,+1,6mL/s danslegroupevardénafilet+1,0mL/sdanslegroupe pla- cebo, mais la différence entre les groupes n’était pas significative.LavariationduRPMnedifféraitpasentreles groupes(−1,0mLaveclevardénafilet+1,9mLaveclepla- cebo;p=0,699)[18].
Étudesrandomiséescontrôléesdutadalafil
Letadalafilafait l’objetdeplusieurs étudesrandomisées endoubleinsu,contrôléesversusplaceboet/outraitement actif(Tableau4).Cinqétudescomportaientunepériodede
«run-in»sousplacebodurantquatresemaines.
Une première étude de phase II «proof of concept», multicentrique,randomisée,endoubleinsu,contrôléever- sus placebo a été menée entre novembre 2004et juillet 2005chez281patientsâgésde62ansenmoyenneetayant des SBAU modérés à sévères (≥13) associés à une HBP.
Ils ont été randomisés dans le groupe placebo pendant 12semaines ou dans le groupe tadalafil 5mg/j pendant six semaines puis tadalafil 20mg/j pendant six semaines supplémentaires. L’IPSS initial était de 17,9 (4—34). Son améliorationà six et 12semaines était de 1,2et 1,7dans legroupeplaceboetde2,8et3,8danslegroupetadalafil.
Ladifférence entreles groupes tadalafilet placebo était de1,7 (IC95%;0,5—2,9)àsixsemainesetde2,1(IC95%; 0,9—3,3)à 12semaines (p=0,003et p<0,001). Lapropor- tiondepatientsavecuneaméliorationduscore≥3points (répondeurs)[19]étaitsupérieuredans legroupetadalafil àsixsemaines(49,3%vs36,4%,p=0,03)età12semaines (60,9%vs42,7%,p<0,01).Deplus,letadalafilasignifica- tivementaméliorélescomposantesirritativeetobstructive del’IPSS, analyséesséparément. La variation du Qmax à sixet12semainesétaitde+1,0et+0,9mL/sdanslegroupe placeboetde+1,1et+0,5mL/sdanslegroupetadalafil,la différencen’étantpasstatistiquementsignificative.LeRPM n’apasétémodifiéparletadalafilàsixsemaines(+3,6vs +0,1mL,p=0,66)età12semaines(+1,4vs−2,6,p=0,69) [20].
La dose de 5mg/j de tadalafil a été établie comme la dose optimale pour le traitement des SBAU dans une étudemulticentrique,endoubleinsu,contrôléeversuspla- cebo évaluant le tadalafil 2,5, 5, 10et 20mg/j pendant
286F.Giulianoetal.
Tableau1 Étudesnoncontrôléesévaluantuninhibiteurdelaphosphodiestérasedetype5(IPDE5)enmonothérapiedanslessymptômesdubasappareilurinaire (SBAU)chezdespatientsayantunedysfonctionérectile.
Étude,Année Schéma
Traitementet durée
Critères d’inclusion
Effectif; Âgemoyen
Dysfonction érectile(DE)
Duréedu traitement
IPSSinitial IPSS Qmax Niveaude
preuve Sairametal.,
2002[12]
Étude
prospective,en ouvert,sans brascontrôle
Sildénafilàla demande(selon RCP1999) Pasdeplacebo
DEdepuisau moins6mois, IIEF-EFnon précisé
112; NC
100% 3mois SBAUsévères:
6% SBAU
modérés:26% SBAUlégers: 67%
100%SBAU initialement sévères=>modérés 60%SBAU
modérés=>légers 18%SBAU légers=>modéré
NC 2a
YingJunetal., 2004[13]
Étude
prospective,en ouvert,sans brascontrôle
Sildénafil Pasdeplacebo
DE 32;
NC
100% 6mois 18,3 −3,69
−20,14%(p<0,01)
NC 2a
Mulhalletal., 2006[14]
Étude
prospective,en ouvert,sans brascontrôle
Sildénafil 100mgàla demande Pasdeplacebo
IIEF-EF<26 IPSS>10
48; 62±11
100% ≥3mois 14,8 −4,6(p<0,013) NC 2a
Kimetal.,2010 [15]
Étude
prospective,en ouvert,sans brascontrôle
Tadalafil20mg tousles3jours pendant 12semaines Pasdeplacebo
DEdepuisplus de3mois,IIEF- 5<11; IPSS>8
17; 48,9
100% 12semaines 14,0 −9,1(p=0,000) Maintiendel’effet 8semainesaprès arrêtdutraitement
NC 2a
NC:noncommuniqué;IPSS:InternationalProstaticSymptomScore.
EffetsdesIPDE5surlestroublesmictionnelsdel’HBP287
Tableau2 Étuderandomiséedusildénafilenmonothérapiedanslessymptômesdubasappareilurinaire(SBAU)associésàunehypertrophiebénignedelaprostate (HBP).
Étude,année Schéma:Wash-out
Traitement Effectif, Âgemoyen
Critères d’inclusion
Dysfonction érectile(DE)
IPSSinitial VariationIPSS 12semaines
Variation Qmax
Niveaude preuve McVary,2007[16]
ÉtudedephaseIV, randomisée,en doubleinsu, contrôléeversus placebo,sans périodederun-in
Sildénafil 50mg/j pendant 2semaines puis100mg/j pendant 10semainesvs placebo
369, 60ans
IIEF-EF≤25; IPSS≥12; Absencede cancerdela prostate; Absencede causeconnue oususpectée desymptômes urinairesautre qu’uneHBP
100% NC Critère
secondaire
−6,3(IC95%
−8,1,−4,6)vs
−1,9(IC95%
−3,7,−0,2) p<0,0001
Qmax 0,31(IC95%
−1,6,2,2)vs 0,16(IC95%
−1,7,2,1) p=0,8
Ia p=90%
McVary,2008[17]
(analyses exploratoires post-hocdelamême étude)
Résultatsde
sous-groupesselonla sévéritédesSBAUet l’indicedemasse corporelle
Analyses exploratoires Moyen 20,8vs20,5
≥20:56%vs 53%
Analyses exploratoires SBAUsévères
−8,6±1,5vs
−4,2±1,6 (p<0,001) SBAUmodérés
−3,6±1,1vs
−1,7±1,0 (p=0,0619)
3
NC:noncommuniqué;IPSS:InternationalProstaticSymptomScore.
288F.Giulianoetal.
Tableau3 Étuderandomiséeduvardénafildanslessymptômesdubasappareilurinaire(SBAU)associéàunehypertrophiebénignedelaprostate(HBP).
Étude,année Schéma:Wash-out
Traitement Effectif; Âgemoyen
Critères d’inclusion
Dysfonction érectile(DE)
IPSSinitial VariationIPSS 8semaines
Variation Qmax,RPM
Niveaude preuve Stief,2008[18]
Étudephase IIb,
randomisée,en doubleinsu, contrôléevs placebo,avec périodede run-insans placebo (4semaines)
Vardénafil 10mg,
×2/jou placebo pendant 8semaines au
maximum
222; 56ans (56,5vs 55,4)
SBAU/HBP depuis 6moisou plus; IPSS≥12
NC
≈60%DEouun troublede l’éjaculation
16,8 −5,9vs
−3,6 /
= 2,3 (IC95%0,9, 3,64) p=0,0013
Qmaxinitial: 15,9
+1,6vs+1,0 /
= −0,6 (IC95%−2,6, 1,43) p=0,56 RPMinitial: 28,0/26,9 :−1,0vs1,9
/
= 1,8(IC95%
−7,39,10,99) p=0,699
1a p=80%
NC: non communiqué; IPSS: International Prostatic Symptom Score; : variationparrapportà la valeur initiale; =/ : différenceentre lesgroupes detraitement; RPM: résidu post-mictionnel.
EffetsdesIPDE5surlestroublesmictionnelsdel’HBP289 Tableau4 Étudesrandomiséesdutadalafilenmonothérapiedanslessymptômesdubasappareilurinaire(SBAU)associésàunehypertrophiebénignedelaprostate (HBP).
Étude,année Schéma:Wash-out
Traitement Effectif;Âge moyen(ans)
Critères d’inclusion
Dysfonction érectile(%)
IPSSinitial VariationIPSS 12semaines
VariationQmax, RPM
Niveaude preuve McVary,2007[20]
Étudedephase II,randomisée, endoubleinsu, avecpériode derun-in
Tadalafil 5mg/j pendant 6semaines puisentre 5à20mg/j pendant 6semaines vsplacebo
n=281; 62
SBAU-HBP depuis6mois ouplus; IPSS≥13; Qmax[4—15]
avecvolume uriné≥125mL
71,7et59,2 Moyen: 17,9 (%)
≥20: 34,8/37,8%
−3,8±0,5vs
−1,7±0,5;p<0,001
Qmaxinitial: 11,5mL/s :+0,5±0,5vs +0,9±0,5 (p=0,72) RPMinitial: 58,0/58,5(mL) :+1,4±6,5vs
−2,6±6,2 (p=0,69)
1a p=80%
Roehrborn,2008 [21]
Étudedephase II—III,
randomisée,en doubleinsu, avecpériode derun-in
Tadalafil 2,5,5, 10ou 20mg/jvs placebo pendant 12semaines
n=1058; 62,1
SBAU-HBP depuis6mois ouplus; IPSS≥13; Qmax[4—15]
avecvolume uriné>125mL
68 Moyen:
17,35
Placebo:−2,3±0,5 T2,5mg:−3,9±0,5 (p<0,015)
T5mg:−4,9±0,5 (p<0,001)
T10mg:−5,2±0,5 (p<0,001)
T20mg:
−5,2±0,5(p<0,001)
Qmax(ns) Placebo: 1,2±0,4 T2,5mg: 1,4±0,4
T5mg:1,6±0,4 T10mg: 1,6±0,4 T20mg: 2,0±0,4
1a p=91%
Roehrborn,2010 [22](analyses post-hoc) Débiturinaire maximal (Qmax),résidu post-
mictionnel (RPM)
Broderick,2010 [23](analyses post-hoc) Résultatspar sous-groupes avecetsansDE
Analysespost-hoc avec/sansDE Placebo:−2,4/−2,4 T2,5mg:−4,3/−3,2 T5mg:−4,8/−5,3 T10mg:−5,3/−5,1 T20mg:−5,6/−4,5 p=0,753et0,852
Analysespost-hoc Qmax(ns) Placebo:12% T2,5mg:15% T5mg:16% T10mg:17% T20mg:22% RPM:Pasde variation significative
3 3
290F.Giulianoetal.
Tableau4(Suite) Étude,année Schéma:Wash-out
Traitement Effectif;Âge moyen(ans)
Critères d’inclusion
Dysfonction érectile(%)
IPSSinitial VariationIPSS 12semaines
VariationQmax, RPM
Niveaude preuve Donatucci,2011
[27]
(extension) Extensionde 1anenouvert
Tadalafil 5mg/j pendant 52semaines
n=427; 62,66
69,09 Maintiendel’efficacité
−5,0±6,7depuisle débutdel’étude contrôlée
Qmax:NC RPM(mL) Initial: 61,1±60,4 Débutextension: 63,0±64,7 Finextension: 42,2±64,1
2a (Cohorte)
Porst,2011[24]
Étudedephase III,randomisée, endoubleinsu, avecpériode derun-in
Tadalafil 5mg/jvs placebo pendant 12semaines
n=325; 65
SBAU-HBP depuis6mois ouplus; IPSS≥13; Qmax[4—15]
sur125mL
69,6vs68,3 Moyen: 17,1/16,6 (%)
IPSS≥20:35%
−5,6vs−3,6;p=0,004 Qmaxinitial: 11,6vs11,7mL/s :+1,6±4,6vs +1,1±4,6(p=0,30) RPMinitial: 44,9vs63,3 :8,8±56,4vs 4,5±66,7 (p=0,50)
1a p≥80%
Egerdie,2012 [25]
Étudedephase III,randomisée, endoubleinsu, avecpériode derun-in
Tadalafil 2,5mgou 5mg/jvs placebo pendant 12semaines
n=606; 62,5
SBAU-HBP depuis6mois ouplus; DEdepuis 3moisou plus; IPSS≥13; Qmax[4—15]
sur125m
100 T5mg/T 2,5mg/placebo moyen
18,5/18,2/18,2 (%)
IPSS≥20 40,4/37,6/39,0%
Placebo:−3,8±0,5 2,5mg:−4,6±0,4 (p=0,18)
5mg:−6,1±0,4 (p<0,001)
T5mg/T 2,5mg/placebo Qmaxinitial: 10,3/10,4/10,1
T
5mg:+1,6±4,2vs 1,2±4,5
(p=0,18) T2,5mg: 1,7±4,5vs 1,2±4,5 (p=0,027) RPMinitial:NC
RPM
T
5mg:−2,0±53,5vs
−3,0±54,6 (p=0,79) T2,5mg:
−8,4±46,4vs
−3,0±54,6 (p=0,215)
1a p=80%
EffetsdesIPDE5surlestroublesmictionnelsdel’HBP291
Tableau4(Suite) Étude,année Schéma:Wash-out
Traitement Effectif;Âge moyen(ans)
Critères d’inclusion
Dysfonction érectile(%)
IPSSinitial VariationIPSS 12semaines
VariationQmax, RPM
Niveaude preuve Oelke,2012[26]
Étudedephase III,randomisée, endoubleinsu, avecpériode derun-in
Tadalafil 5mg/jou tamsulosine 0,4mg/jvs placebo pendant 12semaines
n=511; 64
SBAU-HBP depuis6mois ouplus; IPSS≥13; Qmax[5—15]
70 Moyen:
T5mg/tamsulosine 0,4/placebo 17,2/16,8/17,4 (%)
IPSS≥20 28,1/29,2/31,4%
Placebo:−4,2±0,5 Tadalafil:−6,3±0,5 (p=0,001)
Tamsulosine:
−5,7±0,5(p=0,023)
Qmaxinitial T
5mg/tamsulosine 0,4/placebo 9,9/9,4/10,5
Qmax
Placebo: 1,2±4,8 Tadalafil: 2,4±5,5 (p=0,009) Tamsulosine: 2,2±4,4 (p=0,014) RPMinitial: 53,3/61,5/50,2
RPM
Pl:−1,2±56,5 Tadalafil:
−4,6±47,0 (p=0,303) Tamsulosine:
−10,2±59,2 (p=0,146)
1a p≥80%
NC:noncommuniqué;:variationparrapportàlavaleurinitiale;RPM:résidupost-mictionnel;T:tadalafil;IPSS:InternationalProstaticSymptomScore.
292 F.Giulianoetal.
12semaineschez1058patientsâgésde62ansenmoyenne etayant des SBAU modérésà sévères associés à uneHBP (IPSS≥13).Lavariationdel’IPSStotalétaitstatistiquement significativepourletadalafil2,5mg(−3,9,p<0,015),5mg (−4,9, p<0,001),10mg(−5,2, p<0,001)et 20mg (−5,2, p<0,001)parcomparaisonauplacebo(−2,3).Uneaméliora- tionstatistiquementsignificativedescomposantesirritative etobstructivedel’IPSSétaitnotéeavectouteslesdosesà l’exceptiondutadalafil2,5mgsurlacomposanteirritative.
L’amélioration du Qmax était dose dépendante, augmen- tant avec les différentes doses étudiées, de 1,41mL/s à 1,96mL/s vs 1,24mL/s. Aucune dose du tadalafil n’a eu d’effetstatistiquementsignificatifsurleQmax.Uneanalyse de sous-groupes a rapporté qu’il n’y avait pas de diffé- rencedevariationdel’IPSSdanslesgroupestadalafilselon laprésenceounondeDE déterminéeparl’anamnèseàla sélection:à12semaines,lavariationdel’IPSSétaitde−2,4 (placebo),−4,3,−4,8,−5,3et−5,6(tadalafil2,5, 5,10, 20mg)chezleshommesayantuneDEetde−2,4(placebo),
−3,2,−5,3,−5,1et−4,5(tadalafil2,5,5,10,20mg)chez leshommessansDE(valeursdepsous-groupe/interaction: 0,352/0,644)[20—23].
Uneautreétudemulticentrique,randomisée,endouble insu, contrôlée versus placebo chez 325patients âgés de 65ans enmoyenne etayant des SBAUmodérés à sévères (IPSS≥13)associés àuneHBP,aévaluéletadalafil5mg/j comparéauplacebopendant12semaines.Àlarandomisa- tion,35%despatientsavaientunIPSS≥20et38%avaitun Qmax<10mL/s.Parcomparaisonauplacebo,l’amélioration de l’IPSS avec le tadalafil était statistiquement significa- tivedèslaquatrièmesemainedetraitement(−5,3vs−3,5; p=0,003). La variation de l’IPSS à 12semaines était de
−5,6danslegroupetadalafiletde−3,6danslegroupepla- cebo,la différencede −1,9par rapport au placebo était statistiquement significative (p=0,004). Comme dans les autresétudes, letadalafil5mg/jasignificativementamé- lioré les composantes obstructive et irritative de l’IPSS (p=0,02etp=0,002).Lesscoresdelapollakiurie(p<0,001) etdel’impériosité (p=0,035) ontétéaméliorés,maispas celuidelanycturie(p=0,233).Unefaibleaugmentationdu Qmaxaétéobservée,1,6±4,6mL/s dansle groupetada- lafil et 1,1±4,6mL/s dans le groupe placebo (p=0,30), demêmepourle RPM,8,8±56,4mLdansle groupetada- lafil et 4,5±66,4mL dans le groupe placebo (p=0,50) [24].
Une étude randomisée, en double insu, contrôléever- sus placebo a évalué le tadalafil 2,5et 5mg/j pendant 12semaines chez606patientsâgés de63ansen moyenne etayantuneDEetdesSBAU(IPSS≥13).Lecritèreprincipal d’efficacité était combiné, avec, d’une part, la variation de l’IPSS et, d’autre part, celle de l’IIEF-EF. L’intensité initiale des SBAU était sévère (IPSS≥20) chez 39% des patients. Le tadalafil 5mg/j a amélioré significativement l’IPSS et l’IIEF-EF par rapport au placebo avec respecti- vement une différence moyenne entre le tadalafil et le placebode−2,3(−3,8avecleplaceboet−6,1avecletada- lafil 5mg, p<0,001) et de +4,7 (+1,8avec le placebo et +6,5avec le tadalafil 5mg, p<0,001). Le tadalafil 2,5mg a significativement amélioré le score IIEF-EF de +3,4par rapport au placebo (p<0,001), mais pas l’IPSS, la diffé- rencemoyenneétantde−0,8(p=0,18).D’autresanalyses, sansajustementduseuildesignificativité,ontrapportéque
lescomposantesobstructivesetirritativesdel’IPSSétaient également améliorées avec le tadalafil 5mg. Il n’y a pas eud’améliorationdelanycturie.L’augmentationmoyenne du Qmax avec le tadalafil 2,5mg était statistiquement significative par rapport au placebo (+1,7vs +1,2mL/s; p=0,027). Des réductions faibles et non significatives du RPM ont été observées (placebo −3,0±54,6mL, tadala- fil2,5mg,−8,4±46,4mL,p=0,215vsplaceboettadalafil 5mg,−2,0±53,5mL,p=0,790vsplacebo)[25].
Oelkeetal.ontévaluéletadalafiletlatamsulosineen monothérapiedansuneétudemulticentrique,randomisée, en double insu,contrôlée versus placebo. La tamsulosine estuncomparateuractifmaisl’effectifdespatientsrecru- tés n’était pas suffisantpour qu’une comparaison directe entre tamsulosine et tadalafil puisse être réalisée. Au total, 511patients âgés de 64ans en moyenne et ayant unIPSS moyende17ontrec¸u pendant 12semainessoit le tadalafil 5mg/j, soit la tamsulosine 0,4mg/j, soit le pla- cebo. À la randomisation, 30% des patients avaient un IPSS≥20et54%avaientunQmax<10mL/s.L’amélioration de l’IPSStotal à12semainesétait significativementsupé- rieuredans lesbrastadalafil(−6,3)ettamsulosine(−5,7) par comparaison au bras placebo (−4,2), p=0,001et 0,023respectivement.Lesdifférencesdevariationdel’IPSS avecle tadalafiletlatamsulosine parrapport au placebo étaient statistiquement significatives après une semaine (mIPSS:−1,5±0,5;p=0,003et−1,5±0,5;p=0,005,res- pectivement)et quatresemaines (−2,2±0,6; p<0,001et
−2,3±0,6;p<0,001,respectivement)detraitement.Une améliorationsignificative del’indice dequalité de viede l’IPSS (IPSS KoL index) à 12semaines par rapport au pla- ceboaétérapportéeavecle tadalafil(p=0,022)maispas avec la tamsulosine (p=0,546). Par comparaison au pla- cebo,lavariationdel’IIEF-EFchezleshommessexuellement actifsetayantuneDE(60%)étaitsignificativeavecletada- lafil (+4,0±1,0; p<0,001), mais pas avec la tamsulosine (−0,4±1,0).L’améliorationduQmaxavecletadalafil(+2,4) et la tamsulosine (+2,2) était statistiquement significati- vement supérieure à celle du placebo (+1,2); p=0,009et p=0,014,respectivement[26].
Enfin,l’efficacitéàunandutadalafil5mgaétéévaluée chez427patientsayantcomplétéuneétudeprécédemment citée [27]. Les patients ont été inclus dans une exten- sionenouvertaucoursdelaquelleilsdevaientrecevoirle tadalafil5mg/jpendant uneannée.Autotal,299 (69,9%) patientsontfinilapérioded’extension.Lesvariationsd’IPSS observées au cours de l’étude initiale versus placebo ou au cours des premiers mois de l’extension ont été main- tenuespendant l’annéedetraitement.Lavariationtotale del’IPSSdepuislasemaine0étaitde−5,0±6,7.Aprèsun mois sous tadalafil 5mg/j dans la phase d’extension, les patientsdesgroupesinitialementsous placeboettadalafil 2,5mgonteuuneréductionstatistiquementsignificativede leurssymptômes(p<0,001).Lespatientsdesautresgroupes ontmaintenulesvariations observéesau coursdel’étude initiale[27].
Tolérance
Les effets indésirables connus les plus fréquents des IPDE5dansletraitementdelaDEsontlessuivants:cépha- lées,boufféesvasomotrices, dyspepsie,congestionnasale,
EffetsdesIPDE5surlestroublesmictionnelsdel’HBP 293 sensation vertigineuse[7—9].Lesildénafil etle vardénafil
ontétéassociésàdestroublesvisuelschezmoinsde2%des patientsetletadalafilàdesdorsalgiesetmyalgieschez6% despatients[6].
Leseffets indésirablesles plusfréquemment rapportés dans lesétudesévaluant lesIPDE5chezlespatientsayant desSBAUétaientidentiquesàceuxrapportésdanslaDE.
Une étude de tolérance, randomisée, en double insu, contrôléecontreplaceboaévaluéletadalafil20mg/jpen- dant12semaineschezdespatientsprésentant desSBAUa priorienrapportavecuneHBPavecousansobstruction.Le critèredejugementprincipalétaitlavariationdelapres- siondétrusorienneau momentdudébit urinaire maximal.
Cetteétudeaévaluédesparamètresurodynamiquesinvasifs etnoninvasifsainsiquel’IPSSetlatolérance globale.Les mesures urodynamiques sont restées inchangées au cours de l’étude.Il n’yavait pas dedifférence statistiquement significativeentreletadalafiletleplacebodanslavariation delapression détrusorienneau momentdudébiturinaire maximal(différenceentrelestraitements:−2,2;p=0,33) oude tout autre paramètreurodynamique dont le Qmax, la pression détrusoriennemaximale, l’index d’obstruction sous vésicale ou la capacité vésicale (p≥0,13). Le tada- lafil n’a pas eu d’impact négatif sur la fonction vésicale [28].
Discussion
LesSBAUetlaDEsontdespathologiesdel’hommevieillis- sant. De nombreuses études épidémiologiques ont permis demettreenévidenceunecorrélationentrelesdeuxaffec- tions, indépendammentde l’âgeet d’autrescomorbidités [1—3].
LesSBAUsontlamanifestationcliniquelaplusfréquente de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et inver- sement l’HBP est l’étiologie la plus fréquente des SBAU.
Laprévalence des SBAUaugmenteconsidérablementavec l’âge. Dans l’étude de Kupelianet al., la prévalence des SBAUpassede8%chezleshommesâgésde30—39ansà35% chezleshommesâgésde60—69ans [29].Lamajoritédes patients diagnostiquésavecune HBPsera prise encharge médicalement avant toute intervention chirurgicale [30].
Actuellement,touteslesrecommandationss’accordentsur lapossibilitédetroisoptionsthérapeutiquespourlapriseen chargedel’HBP:surveillanceclinique,traitementmédical et traitement chirurgical.Le choixdu traitement dépend de la sévérité des symptômes, deson impact sur la qua- litédevie,delapréférencedupatient,etavanttoutdes complicationsdel’HBPsymptomatique(infectionsurinaires, rétentionaiguëd’urines,hématurie,lithiasevésicale...)et parfois des contre-indications àune interventionchirurgi- cale.
Les IPDE5sont le traitement pharmacologique de pre- mière intention de la DE. Pour expliquer leur efficacité dansletraitementdesSBAU,lesmécanismesd’actionsui- vants ont été proposés: diminution du tonus musculaire lisse prostatique et peut-être du détrusor entraînant un certain degré de relaxation musculaire; amélioration de la perfusion tissulaire; diminution de l’activité nerveuse afférente de la vessie modulant le réflexe mictionnel [31].
Cette revue a apporté des arguments en faveur de l’efficacitédel’inhibitiondelaphosphodiestérasedetype 5surlesSBAUassociésàuneHBP. Lespreuvesconcernent principalement le tadalafil qui a bénéficié d’un dévelop- pement avec recherche de dose et d’études de phase III randomisées, en double insu, contrôlées vs placebo chez des patients ayant des SBAU associés ou non à une DE.
Lamajorité des études intégraient une période de «run- in»sous placebo,unstandard méthodologiquedansl’HBP [20,21,24—26].Deplus,l’efficacitéetlatoléranceàmoyen termeontétéévaluéesdansuneextensiond’étudesurunan [32].Leseffetsurodynamiquesdutadalafil20mg/jpendant 12semainesontétéévaluéspardestechniquesinvasiveset noninvasives éliminant un impactnégatif sur la fonction vésicale.Eneffet,commeprésentédanslapartietolérance decetterevue,tadalafiln’amodifiénilacontractilitévési- cale ni l’obstruction sous vésicale [28]. Chacun des deux autres IPDE5ne compte qu’une seule étude randomisée, en double insu, contrôlée vs placebo dans cette indica- tion.L’étudedusildénafilnecomprenaitpasdepériodede
«run-in»sousplacebo,périodequiauraitpermisdemieux quantifierl’effetdutraitementetd’améliorerl’observance.
Dans la plupart des cas, les études ont rapporté que l’effetdesIPDE5surleQmaxn’étaitpasdifférentdecelui du placebo, cependant une amélioration statistiquement significativeapuêtreobservéedansdeuxétudesdutada- lafil:dansl’étuded’Egerdieetal.avecladosede2,5mg/j et dans l’étude d’Oelke et al. avec la dose de 5mg/j.
L’explicationdececonstatseheurteàdesélémentscontra- dictoires.D’une part,dans l’étudederecherche dedose, l’améliorationduQmaxétaitdosedépendante,sonampli- tude augmentant avec la dose de tadalafil et, d’autre part, dans l’étude d’Egerdie et al., le tadalafil 2,5mg/j apermis d’améliorersignificativement le Qmax alors que l’amélioration observée dans le groupe 5mg/j n’a pas atteintlasignificativitéstatistique.Deplus,onpeutnoter quedans l’étuded’Oelke etal.,le Qmax initialdes deux groupesdetraitementactifétaitplusfaibleparcomparai- sonàceuxdesétudesantérieuresdutadalafillaissantainsi plusdemargeàuneaméliorationsubstantielle[25,26].Deux études évaluant l’efficacité de l’UK-369003 (un IPDE5en développement)dansle traitementdes SBAUont étéréa- lisées [33,34]. Dans l’une d’elles, les variations du Qmax avecl’UK-369003et leplacebo étaientrespectivementde +2,10mL/s et+0,84mL/s, laprobabilité d’une supériorité del’UK-369003étantde99,8%[33].
Les différences entre les populations et les métho- dologies des études rendent difficile la comparaison de leursrésultats. Lesalpha-bloquants permettentune dimi- nutiondel’IPSSde35à40%etuneaugmentationduQmax de 20à 25% [34]. Dans une étude récemment publiée, l’amélioration de l’IPSS par le tadalafil était comparable àcelle dela tamsulosine 0,4mg et commeattendu, seul letadalafilaaméliorélafonctionérectile[26].L’efficacité desIPDE5surlesSBAUsemblaitsimilaireàcelledesalpha- bloquants,mêmesi lesdeuxclasses thérapeutiques n’ont pasétécomparéesaucoursd’unemêmeétude.
Les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase (5-ARI) amé- liorentl’IPSSde3,4à6,2pointsà12mois,età24mois,la différenceavecleplaceboestde2,2points.Parailleurs,on saitqu’engénéralles5-ARIaméliorentleQmaxetréduisent levolumedelaprostate[35].
294 F.Giulianoetal.
Des étudesà long terme sont nécessaires pourévaluer l’impactsurlaprostatedesIPDE5au longcoursentermes depréventiondelarétentionaiguëd’urinesetderecoursà lachirurgie.
Contrairement à certains alpha-bloquantset aux 5-ARI quiontdeseffetsindésirablessurlasexualité,lesIPDE5ont l’avantagedetraiterdanslemêmetempslaDE,fréquente danscettepopulationdepatients[35,36].
Leprofildetolérancedes IPDE5chezcespatientsétait comparableàceluidéjàconnuetobservéchezlespatients traités pour une DE. Il est intéressant de noter que le 6octobre 2011, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvéletadalafil5mgquotidiendansletraitementdes signesetsymptômesdel’HBPassociésounonàuneDE.
Conclusion
Lesdonnées cliniques disponibles évaluant l’efficacité de l’inhibition de la PDE5sur les SBAU liés à une HBP sont prometteuses.LesIPDE5sontainsiunenouvelleclassethé- rapeutiquedansletraitementdecettepathologie,d’autant plusintéressantechezlespatientssouffrantàlafoisdeSBAU etdeDE,deuxaffectionsfréquemmentassociées.
Déclaration d’intérêts
M.R.:membred’unadvisoryboardpourlelaboratoireLilly etorateuroccasionnelpourLilly.
F.G.: consultant et investigateur pour les laboratoires Bayer-Schering,Lilly,JohnsonetJohnson.
A.de la T.: consultant pour les laboratoires Aller- gan,Astellas,AstraZeneca,BeckmanCoulter,BioMerieux, Bouchara-Recordati, Coloplast, Ferring, GSK, Gen Probe, GeneralElectric,IntuitiveSurgical,Ipsen,Lilly,PierreFabre Médicament,Sanofi,Storz,TakedaetZambon.
G.D.:employéparlelaboratoireLillyFrance.
Remerciements
LesauteursremercientlasociétéEltium(DrS.Zerouta)quia apportésonaidedanslapréparationdecemanuscrit.Cette prestationaétéfinancéeparlelaboratoireLillyFrance.
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