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ARTICLE ORIGINAL
Étude algérienne des effets bénéfiques de la triptoréline sur les symptômes du bas appareil urinaire chez les patients atteints d’un cancer de la prostate non localisé
Study of the beneficial effects of triptorelin on lower urinary tract symptoms in Algeria in patients with non-localized prostate cancer
K. Hachi
a,∗, K. Boualga
b, K. Chettibi
c, M. Harouni
d, M. Ounnoughene
e, N. Bekkat-Berkani
f, P. Maisonobe
f, M.J. Yousfi
ga14,rueFaycel-Mebarek-Belcourt,Alger16,Algérie
bServicederadiothérapieoncologie,établissementhospitalo-universitaire,centredelutte contrelecancer,Blida,Algérie
cServicedechirurgieurologique,transplantation,CHUd’Annaba,Algérie
d14,rueGhenitti-Bouchentouf(exruedeSuffren),HaiIbnSina(exVictorHugo),Oran31000 DZ,Algérie
eImmeuble46,logements,BtA1Tizi,Ouzou15000,Algérie
fIpsenPharmaceutical,92100Boulogne-Billancourt,France
gServicedechirurgieurologique,établissementhospitalo-universitaire1ernovembre1954, Oran,Algérie
Rec¸ule8d´ecembre2017 ;acceptéle28mars2018 DisponiblesurInternetle20mai2018
MOTSCLÉS Triptoréline; Symptômesdubas appareilurinaire; Néoplasieprostatique
Résumé
Introduction.—Lebutdecetteétudeestd’évaluerl’efficacitédelatriptorélinesurlessymp- tômesdubasappareilurinaire(SBAU)enpratiquequotidiennechezdespatientsatteintsdu cancerdelaprostatenonlocalisé.
Matériels.—CetteétuderéaliséeenAlgérieestprospective,non-interventionelle,etmulti- centrique. Les patients inclusprésentaient un cancerde la prostatelocalement avancéou
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:karimhachi@hotmail.com(K.Hachi).
https://doi.org/10.1016/j.purol.2018.03.014
1166-7087/©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
métastatiquetraitéaveclatriptoréline11,25mgtoutesles12semaines.Lespatientsontété suivispendant48semaines aprèsledébut dutraitementetlesSBAUévaluésavecleques- tionnaire«InternationalProstateSymptomScore»(IPSS).UnIPSS>7indiquedessymptômes modérésàsévères.L’objectifprincipalétaitdedéterminerladistributiondel’IPSSàlasemaine 48.Résultats Cetteétudearecruté193patients (21centres).L’IPSSavanttraitementet durantlesuiviétaitdisponiblepour144participants(136avecSBAUmodérésàsévèresethuit avecsymptômeslégers,avanttraitement).Àlasemaine48,parmiles116patientsavecIPSS disponibleetprésentantdesSBAUmodérés àsévères avanttraitement, 94(81,0 %)avaient desSBAUmodérésàsévèreset22(19,0%)dessymptômeslégers.Leshuitpatientsavecdes symptômeslégersavanttraitementsontrestésdanscettecatégorie.Laproportiondepatients avecdesSBAUsévèresadiminuéde53,7%avanttraitementà12,1%après48semaines.22,9% desparticipantsontrapportédesévènementsindésirables.
Conclusion.—Uneréductiondes SBAUestobservée chezdes patientsavec uncancerde la prostatelocalementavancéoumétastatiquerecevantlatriptoréline.Ceciestenaccordavec lesétudesobservationnellesconduitesdansd’autrespays.
Niveaudepreuve.— 4.
©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
KEYWORDS Triptorelin;
Lowerurinarytract symptoms;
Prostaticneoplasm
Summary
Introduction.—Thisstudyaimstoassesstheeffectivenessoftriptorelinonlowerurinarytract symptoms(LUTS)inAlgerianpatientswithnon-localizedprostatecancerinroutinepractice.
Materials.—This prospective, observational, non-interventional, multicentre study was conductedinAlgeria.Includedpatientswhohadlocallyadvancedormetastaticprostatecancer andweretreatedwithtriptorelin11.25mggivenevery12weeks.LUTSwereevaluatedwiththe InternationalProstateSymptomScore(IPSS)untilweek48aftertreatmentinitiation.AnIPSS>7 indicatedmoderatetosevereLUTS.Theprimaryobjectiveofthestudywastodeterminethe distributionofIPSSatweek48.
Results.—Thisstudyenrolled193patientsat21centres.Atotalof144participantshadIPSS availableatbaselineandafterbaseline(136patientshadmoderatetosevereLUTSandeight hadmild LUTS atbaseline). Atweek48, amongstthe116 patients withIPSSavailable and moderatetosevereLUTSatbaseline,94(81.0%)hadmoderatetosevereLUTSand22(19.0%) hadmildLUTS.Atweek48,theeightpatientswithmildsymptomsatbaselineremainedin thiscategory.TheproportionofpatientwithsevereLUTSdecreasedfrom53.7%atbaselineto 12.1%atweek48.Adverseeventswerereportedin22.9%ofparticipants.
Conclusion.—AreductionofLUTSisobservedinpatientswithlocallyadvancedormetastatic prostatecancertreatedwithtriptorelininroutinepractice.Thisisinagreementwithsimilar observationalstudiesoftriptorelinconductedinothercountries.
Levelofproof.— 4.
©2018ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
L’effetdeladéprivationandrogéniqueobtenueaveclesago- nistes de la « gonadotropin-releasing hormone » (GnRH) dans le traitement du cancer de la prostate à un stade avancéestlargementdocumentémaisaumomentoùcette étudeaétéinitiée,unpetitnombred’étudess’étaitfocalisé surlessymptômesdubasappareilurinaire(SBAU)[1,2].
Les SBAU apparaissent lorsque la tumeur envahit ou comprimel’urètreprostatique,lavessieoulesbandelettes neurovasculaires ou en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)associée [3—5]. Environ 40 % des patients atteints d’un cancer de la prostate sont affectés pardes
SBAU modérés à sévères [6]. Les SBAU ont un impact significatif sur la qualité de vie (QdV) du patient [7].
L’impactdeces symptômesaugmenteavecleurintensité [7].
LatriptorélineestunagonistedelaGnRHefficacelarge- mentutilisé pourla castrationmédicalechezlespatients présentant un cancer de la prostate [1,8—10]. Plusieurs étudesnon-interventionnelles ontéteinitiées enpratique quotidienneafind’évaluerl’effetdelatriptorélinesurces symptômes. Cette étude fait partie d’une méta-analyse regroupantlesrésultats obtenusdansseptpaysdifférents (Algérie, Australie, Belgique, Chine, Hongrie, Roumanie, CoréeduSud)avecautotal2701patientsévaluantl’effet
Tableau1 Paramètresévaluésaucoursdel’étude.
Visited’inclusion (visiteinitiale)
Visite intermédiaire (semaine24)
Visitefinale (semaine48) Historiquemédical/delamaladie X
Examenclinique X X X
Critèresd’inclusion/exclusion X
Consentementéclairé X
Traitementspréalables/concomitants X X X
DiagnosticSBAU X X X
QuestionnaireIPSS/scoretotal X X X
TauxdePSAplasmatiquetotal X X X
Evènementindésirable X X
Injectiondetriptoréline11,25mg X X
Traitementanti-androgèneorala X
IPSS:InternationalProstateSymptomScore;PSA:prostatespecificantigen;SBAU:symptômesdubasappareilurinaire.
aLemédecintraitantavaitlechoixdel’anti-androgène.
delatriptorélinesurlesSBAUchezlespatientsatteintsd’un cancerdelaprostatedestadeavancé[11—14].
Lebutdecetteétudeestd’évaluerl’efficacitédelatrip- torélineenpratiquequotidiennesurlessymptômesdubas appareilurinaire(SBAU)chezdespatientsatteintsducancer delaprostatenonlocalisé.
Matériel et méthodes
Cetteétudeprospective,non-interventionelleetmulticen- trique a été réalisée en Algérie. Cette étude a évalué l’efficacitépotentielledelatriptorélineadministréeenrou- tinesur les symptômes du bas appareil urinaire chez des patientsprésentantuncancerdelaprostatenonlocalisé.
Participants de l’étude
Lespatients inclus présentaient un cancer de la prostate localementavancé(stade≥T3)oumétastatique,devaient avoirlacapacitéphysiqueetmentaledecompléterunques- tionnaire,etdevaientfournirleurconsentementéclairé.
Lespatientsavecunehypersensibilitéconnueàlatrip- torélineouundeses excipients, lespatients traitésavec unautremédicamentexpérimentaljusqu’àtroismoisavant inclusion,lespatientstraitésavecunagoniste delaGnRH jusqu’àsixmoisavantl’inclusiondansl’essaietlespatients avecune espérance devie <12 moisn’ont pas été inclus dansl’étude.
Interventions
Le traitement était la triptoréline 11,25mg administrée toutesles12semaines.Lesited’injectionintramusculaire était déterminé par l’investigateur selon la pratique du centre.Lespatientsétaienttraitésparlatriptorélinedans le cadre de leur prise en charge standard. Le choix du traitementaétéprisavantetindépendammentdeladéci- siond’inclure le patient dans l’étude. Un anti-androgène non-stéroïdienaétéadministréoralementàchaquepatient
pendantlestroissemainessuivantlapremièreinjectionde triptorélinepourprévenirl’effetdupicdetestostéroneen débutdetraitement.
Lesvariablesétudiéesaucoursdel’étudesontdétaillées dansleTableau1.LesSBAUontétéévaluésavecl’échelle IPSS. La sévérité des symptômes était classifiée comme suit: absencede SBAU(IPSS=0); SBAUlégers(IPSS≤7); SBAUmodérés(IPSScomprisentre8et19)etSBAUsévères (IPSS≥20).L’évaluationdelaréponsetumoraleétaitbasée surletauxplasmatiquede‘prostatespecificantigen’(PSA) (ng/ml).LaQdVliéeauxSBAUétaitévaluéeaveclahuitième questionduquestionnaireIPSS:«Sivousdeviezpasserle reste de votre vie avec votre problème urinaire tel qu’il estmaintenant,queleffetcelavousferait-il?».Lessujets répondaientavecuneéchellede0(enchanté)à6(horrible).
Lesévènementsindésirables analysés étaientceux causés parletraitement.Lesdonnéesontétérecueilliesàlavisite initiale,soitavantlapremièreinjectiondetriptoréline,puis à la 24e semaine et à la 48e semaine de traitement par triptoréline.
Critères de jugement principaux et secondaires
Le premier critère de jugement principal était la préva- lence(nombreetpourcentage) deSBAUchezles patients del’étude,présentantuncancerdelaprostatelocalement avancéoumétastatiqueavanttraitement.Ledeuxièmecri- tèreprincipalétaitl’efficacitéenpratiquequotidiennedela triptorélinesurlesSBAUchezlespatientsavecIPSS>7avant traitement (SBAU modérés à sévères) par l’analyse de la distributiondesscoresIPSSdelasemaine48.
Ladistributiondescatégories d’IPSSàchaque visiteen utilisantlaclassificationdéfinieprécédemment,l’IPSStotal ainsiquelesscoresrelatifsau symptômedestockageetà l’obstruction,letauxdePSAàchaquevisitedel’étude,la corrélationentrelechangementd’IPSSetdePSAàchaque visitedel’étude,etl’évaluationdelaQdVavanttraitement
etàchaquevisitedel’étudefaisaientpartiedescritèresde jugementsecondaires.
Statistiques
Cette étude prévoyait de recruter 200 patients dans 30centresd’urologieetoncologieenAlgériesurlabasedu nombredesujetstraitésetdelafaisabilité desquestion- nairesdanslescentres.
Différentes populationsontétéétudiéespour l’analyse desrésultats.Lapopulationdel’étudeétaitdéfiniecomme touslessujetsayantdonnéleurconsentementéclairéavec un IPSS avant traitement. La population analysée pour l’efficacité incluait tous les sujets de la population de l’étude ayant rec¸u une injection de triptoréline et avec au moins un IPSS après traitement. Les patients avec un IPSS >7 avanttraitement constituaient unsous-groupe de cettepopulation.Lapopulationper-protocoleincluaittous lessujetsdanslapopulationanalyséepourl’efficacitésans déviationsmajeuresdeprotocole.Lapopulationsoumiseà l’analysed’innocuitéincluaittouslessujetsayantrec¸uau moinsunedosedetriptoréline.
La prévalencedeSBAU avanttraitement aété étudiée sur la population de l’étude. L’analyse d’efficacité a été réaliséeaveclesous-groupedepatientsprésentantunIPSS
>7avanttraitementainsiquelapopulationglobaleanalysée pourl’efficacitéetlapopulationper-protocole.
Les critères secondaires ont été analysés dans le sous-groupedelapopulationanalyséepourl’efficacitépré- sentantunIPSS>7avanttraitement etdanslapopulation globaleanalyséepourl’efficacité.
Résultats
Caractéristiques de la population à l’entrée de l’étude
Cetteétudeaétéréaliséedans21centresalgériensentre le 28 octobre 2008 et le 30 août 2010. Le nombre de patientsrecrutéspour l’étudeétaitde193.Lapopulation retenue pour l’analyse d’innocuité comptait 192 patients carunpatientn’a pasrec¸u detriptoréline.Larépartition des patients et les différentes populations étudiées sont détailléesdanslaFig.1.
Les caractéristiques de la population étudiée sont détaillées dans le Tableau 2. La moyenne d’âge(±écart- type[ET])des patientsretenus pour l’analysed’innocuité était de 73,0 (±7,7) ans et le temps moyen (±ET) d’entrée dans l’étude à compter du diagnostic était de 95,6 (±226,1) jours. La majorité des patients (97,9 %) présentait une tumeur primitive à un stade T3 ou T4.
Plus d’un quart des patients (26,0 %) avait une tumeur métastatique. La moyenne du score de Gleason (±ET) était de 6,9 (±1,3). Une minorité de patients avait rec¸u un traitement antérieur pour leur cancer de la prostate.
Un participant avait subi une prostatectomie totale, 3 (1,6 %) avaient subi une prostatectomie transurétrale, 6 (3,1 %) avaient été traités par radiothérapie, 2 (1,0 %) avaient été traités avec un analogue de la « Luteinizing hormone-releasing hormone » (LH-RH) dont la dernière administrationdatait de plus de6 mois avant l’inclusion,
Figure1. Dispositiondespatientsdel’étude.
3 (1,6 %) avait rec¸u un anti-androgène non stéroïdien et 10 (5,2 %) avaient rec¸u un anti-androgène stéroïdien.
Il est à noter que 20,6 % des patients prenaient des alpha-bloquantscommetraitementantérieur ouconcomi- tant.
Critères de jugement principaux
Prévalence des symptômes du bas appareil urinaire à l’entrée de l’étude
Danslapopulationdepatientsétudiée,163patientsavaient unscoreIPSS>7(SBAUmodérésàsévères)correspondantà 95,3%dessujets(intervallesdeconfiance[IC]à95%:90,9; 97,8)ethuitpatientsavaientunscoreIPSS≤7(SBAUlégers) correspondantà4,7%dessujets(ICà95%:2,2;9,1).Les proportionsdepatientsdans chaquecatégoried’IPSSsont récapituléesdansleTableau3.
Proportion de sujets avec des symptômes du bas appareil urinaire au cours de l’étude
Lavaleurmoyennedel’IPSS(±ET)àlavisiteinitialeavant traitement par triptoréline était de 20,4 (±7,1) dans la population étudiée. Dans la population globale analysée pour l’efficacité (n=144), la proportion de patients avec SBAUmodérés àsévèresestpasséede94,4% (ICà95%: 89,3;97,3)soit136patientsavanttraitementà75,8%(IC à95%:67,5;82,5)soit94patientsàsemaine48dutrai- tementet76,4%(ICà95%:68,8;82,6)soit110patients àla dernière visite. La dernière visite correspondà celle
Tableau2 Caractéristiques de la population étudiée pourl’innocuité(n=192).
Âge(année)
Moyenne(ET) 73,0(7,7) Médiane(étendue) 74(51;90) PSA(ng/mL)lorsdela
visiteinitialea
Moyenne(ET) 83,1(87,7) Médiane(étendue) 54(2;634)
ICà95% 62,2;98
Régiond’Algérien(%)
Centre 83(43,2%)
Est 70(36,5%)
Ouest 38(19,8%)
Autre 1(0,5%)
Antécedentsmédicaux Termepréféré
Nombrede patients(%) Antécédentsmédicauxet
chirurgicauxn(%)
15(7,8) Pathologieprostatiquen(%) 8(4,2)
Hyperplasiebénignedela prostate
6(3,1)
Prostatisme 1(0,5)
Néoplasieprostatique intraépithéliale
1(0,5) Affectionsdel’arbreurinairen
(%)
5(2,6)
Anurie 1(0,5)
Calculvésical 1(0,5)
Sténoseurétrale 1(0,5)
Dysurie 1(0,5)
Massevésicale 1(0,5)
Procédureschirurgicalesn(%) 3(1,6)
Néphrectomie 1(0,5)
Miseenplacedecathéter 1(0,5)
Prostatectomie 1(0,5)
Tumeursdelavessie(incluant kystesetpolypes)n(%)
1(0,5) Néoplasmesdelavessie 1(0,5) Lessujetsavecplusd’untermepréféréàl’intérieurd’unsys- tème de classe d’organe primaire ne sont comptés qu’une seulefoisàl’intérieurdusystèmedeclassed’organeprimaire.
Les pourcentagessontcalculéssur le nombrede sujetsdans lapopulationétudiéepour l’innocuité.ET : écart-type; IC : intervallesdeconfiance.
aDonnéesdisponiblespourlespatientsdelapopulationétudiée pourl’efficacitéavecunIPSSavanttraitement>7(n=136).
aveclesdernièresdonnéesdisponiblespourchaquepatient.
LaproportiondepatientpassantdeIPSS>7àIPSS≤7était significativementplusélevéequelaproportiondepatients passantdeIPSS≤7àIPSS>7àchaquevisitedel’étudeen comparaisonaveclavisiteinitiale(testappariédeMcNemar, p<0,0001)(Tableau4).
Desrésultatssimilairesontétéobtenusenrestreignant l’analyse aux patients avec des SBAU modérés à sévères avanttraitement(Fig.2)etdansl’analyseper-protocole.
Tableau3 IPSSavanttraitement(visiteinitiale)dansla populationétudiée(n=171).
Nombredepatients(%) PatientsavecSBAU
modérésàsévères (IPSS>7)
163(95,3%)
ICà95% 90,9;97,8
PatientsavecSBAUlégers (IPSS≤7)
8(4,7%)
ICà95% 2,2;9,1%
Patientsparcatégories d’IPSS
Symptômeslégers (IPSS≤7)
8(4,7%) Symptômesmodérés
(7<IPSS≤19)
75(43,9%) Symptômessévères
(20<IPSS≤35)
88(51,4%) IPSS
Moyenne(ET) 20,4(7,1)
Médiane(étendue) 20(3;35)
ICà95% 19,3;21,4
ET : écart-type ; IC : intervalles deconfiance ; IPSS : inter- nationalprostate score ; SBAU : symptômesdu bas appareil urinaire.
Critères de jugement secondaires Distribution des patients en fonction de l’intensité des symptômes au cours de l’étude
Avanttraitement,63patients(46,3%)et73patients(53,7%) avaientdes SBAUmodérésetsévères,respectivement.La proportiondepatientsavecSBAUsévèresadiminuéets’est stabilisée à 11,8 % à la fin de l’étude. La proportion de patientsavecSBAUmodérésaaugmentéets’eststabilisée à69,1%àlafindel’étude.Laproportiondepatientsavec SBAUlégersaaugmentéets’eststabiliséeà19,1%àlafin del’étude(Fig.2).Laproportiondepatientsprésentantune améliorationétaitsignificativementplusélevéequelapro- portion depatients présentant une dégradation à chaque tempsdel’étude,encomparaisonaveclapériodeinitiale (testdeBhapkar,p<0,0001).
Le changementde l’IPSS totalau coursde l’étude est illustré dans laFig. 3.Les patients avecSBAU modérés à sévèresavant traitementpartriptoréline (n=136)avaient unscoremoyenIPSS(±ET)de20,9(±6,2)lorsdelapre- mière visite. Ce score a diminué jusqu’à 13,6 (±6,5) à semaine24et12,5(±6,4)àsemaine48.L’IPSStotalétait de12,3(±6,3)àladernièrevisitedisponible.
Lamoyenne du scorerelatif à l’obstruction a diminué de11,7(±3,9)avanttraitementà6,7(±3,8)àladernière visitedisponible.Lamoyenneduscorerelatifausymptôme destockageadiminuéde9,2(±2,8)avanttraitementà5,6 (±2,8) à ladernière visite disponible. Des résultats sem- blables ontété obtenusavec la population analysée pour l’efficacitéglobale.
Tableau4 Proportiondepatientsavecdessymptômesdubasappareilurinairemodérésàsévèrespourchaquevisite del’étude—patientsdelapopulationglobaleétudiéepourl’efficacité(n=144).
IPSS>7àlavisite initiale
n=136
IPSS≤7àla visiteinitiale n=8
Touslespatients n=144
Visiteinitiale
Symptômesmodérésàsévères(IPSS>7) 136(100,0%) 0 136(94,4%)
ICà95% 89,3;97,3 89,3;97,3
Symptômeslégers(IPSS≤7) 0 8(100,0%) 8(5,6%)
ICà95% 2,2;9,1 2,2;9,1
Semaine24a
Symptômesmodérésàsévères(IPSS>7) 116(85,9%) 1(12,5%) 117(81,8%)
ICà95% 79,0;90,9 0,1;49,2 74,6;87,3
Symptômeslégers(IPSS≤7) 19(14,1%) 7(87,5%) 26(18,2%)
ICà95% 9,1;21,0 0,8;99,9 12,7;25,4
p(testdeMcNemar) p<0,0001
Semaine48b
Symptômesmodérésàsévères(IPSS>7) 94(81,0%) 0 94(75,8%)
ICà95% 72,9;87,2 67,5;82,5
Symptômeslégers(IPSS≤7) 22(19,0%) 8(100,0%) 30(24,2%)
ICà95% 12,8;27,1 17,5;32,5
p(testdeMcNemar) p<0,0001
Dernièrevisite
Symptômesmodérésàsévères(IPSS>7) 110(80,9%) 0 110(76,4%)
ICà95% 73,4;86,7 68,8;82,6%
Symptômeslégers(IPSS≤7) 26(19,1%) 8(100,0%) 34(23,6%)
ICà95% 13,3;26,6 17,4;31,2
p(testdeMcNemar) p<0,0001
TestdeMcNemar:lespourcentagessontcalculésaveclenombredepatientsavecdesréponsesdisponibles.IC:intervallesdeconfiance; IPSS:InternationalProstateSymptomScore.
a Donnéesmanquantespour1patient.
b Donnéesmanquantespour20patients.
Concentration de PSA et corrélation avec intensité des symptômes
Lamédianedes taux dePSAadiminué de54ng/mlavant traitementà1ng/mlàsemaine24.Cettevaleuraétémain- tenueàsemaine48etàladernièrevisitedisponible.Àlafin del’étude,lamajoritédespatients(71%àsemaine48et 64%àladernièrevisite)avaituntauxdePSA<4ng/ml.
Aucune corrélation forte entrelescatégories d’IPSSet les taux de PSA n’a été observée (coefficient de Pear- son=0,240 ; 0,320 ; 0,312 à semaine 24, semaine 48 et dernièrevisiteencomparaisonàlavisiteinitiale).
Qualité de vie liée aux symptômes du bas appareil urinaire
Avanttraitement,lescoreàlahuitièmequestionduques- tionnaireIPSSétaitde4,1(±1,2).Ladiminutionmoyenne duscoredeQdV àladernièrevisiteparrapportàlavisite initiale était de −1,9 (±1,5) indiquant un impact plutôt favorabledu traitement dela triptoréline surla QdV liée auxSBAU.L’évolutiondela QdVliée àcessymptômes est résuméeàlaFig.4.
Desrésultatssemblablesontétéobtenusaveclapopula- tionanalyséepourl’efficacitéglobale.
Profil d’innocuité
Danscetteétude,44patients(22,9%)ontrapportéaumoins unévènementindésirable, soit57 évènements. Parmi ces patients,14 (7,3 %)ont rapporté au moinsun effetindé- sirable causé par le traitement selon l’investigateur, soit 20évènements. Un totalde 16 patients (8,3 %) asignalé un évènement indésirable grave. Bien que 14 patients (7,3%)soientdécédés durantl’étudeenraisond’un évè- nementindésirable,letraitementn’apasétémisencause par l’investigateur. Le traitement a été interrompu chez 4 patients (2,1 %) en raison d’un événement indésirable (réactionallergiqued’intensitémodéréeausited’injection [1 patient], bouffées de chaleur [2 patients], test de fonctionhépatique anormal [1 patient]).Ces évènements indésirablesétaientd’évolutionfavorableaprèsl’arrêtdu traitement.
Lanaturedesévènementsindésirablescausésparletrai- tementest présentée dans le Tableau 5. Les évènements indésirables causés par le traitement les plus fréquents
Figure2. Catégoriesd’IPSSàchaquepériodedel’étude—patientsdelapopulationétudiéepourl’efficacitéavecunIPSSavanttraitement
>7(n=136).
Figure3. Valeursmoyenne(±écart-type)del’IPSSdurantladuréedel’étudeetchangementparrapportàlavisiteinitiale—patientsde lapopulationétudiéepourl’efficacitéavecunscoreavanttraitement>7(n=136).
Figure4. Valeursmoyennes(±écart-type)del’IPSSetduscoreQdVdurantladuréedel’étudeetchangementsparrapportàlavisite initiale—patientsdelapopulationétudiéepourl’efficacitéavecunIPSSavanttraitement>7.
Tableau5 Nombre de patients présentant un évène- mentindésirableliéau traitementselonl’investigateur danslapopulationétudiéepourl’innocuité.
Termepréféré Nombredepatients(%)
≥1événementindésirable liéautraitement
14(7,3) Troublesvasculaires 10(5,2) Boufféesdechaleur 10(5,2) Troublesgénérauxetausite
d’administration
4(2,1)
Asthénie 3(1,6)
Réactionausited’injection 1(0,5) Troubles
musculo-squelettiquesetdu tissuconjonctif
2(1,0)
Spasmesmusculaires 1(0,5)
Arthralgie 1(0,5)
Troublesdelapeauet sous-cutané
1(0,5)
Hyperhidrose 1(0,5)
Troubledusystème reproducteuretdela poitrine
1(0,5)
Douleurdepoitrine 1(0,5)
Gynécomastie 1(0,5)
Troublesdusystèmenerveux 1(0,5)
Maldetête 1(0,5)
Siunpatientarapportéplusd’unévènementindésirabledans unecatégorie,lepatientaétécomptéseulementunefoisdans cettecatégorie.
étaientlesboufféesdechaleuraffectant10patients(5,2%) etl’asthénieaffectant3patients(1,6%).
Discussion
L’objectif principal de cette étude était d’estimer la prévalence de SBAU et l’efficacité de la triptoréline (11,25mg)dansunepopulationAlgériennedepatientsavec un cancer de la prostate localement avancé ou méta- statique. La proportion de patients présentant des SBAU sévères avant traitement a diminué au cours de l’étude reproduisantlesrésultatsdécritsdansd’autresétudesnon- interventionnelles après injection de triptoréline [12,13]
ainsi qu’avec les résultats intermédiaires et finaux de la méta-analyse de Gil et collègues évaluant l’effet de la triptoréline sur les SBAU chez les patients atteints d’un cancerdelaprostatedestadeavancé[11,14].Lapropor- tion de patients présentant des SBAU modérés à sévères à la semaine 48 de l’étude Australienne était de 69,6 % [13],plusfaiblequecelleobservéedanslaprésenteétude (81,1%).Ilestimportantdenoterquel’étudeaustralienne a recruté un faible nombre de participants (n=39) [13].
Également,l’étudeRESULT arapporté uneproportionplus faibledepatientsavecSBAUmodérésàsévèresàlasemaine 48(66,4%)quenotre étude[12].Lespatientsinclusdans l’étudeRESULTprésentaientuncancerdelaprostateàun stadeprécoceouavancétandisquelespatientsinclusdans notreétudeprésentaientuncanceràunstadeplusavancé [12].Audépart,notreétudeprésentaituneplusgrandepro- portiondepatientsavecdessymptômessévères(53,7%)que l’étudeRESULT (12,8 %) oul’étude Australienne (20,5 %) [12,13]. L’amélioration des SBAU concomitamment à des injectionsdetriptorélineaétéaccompagnéed’uneréduc- tiondes taux de PSA médians passant de 54ng/ml avant traitement à 1ng/ml à la fin de l’étude. Ce résultat est égalementcohérentaveclesobservationsd’autresétudes avecuneconceptionsimilaireetdelaméta-analysedeGil etcollègues[11—14].Ceschangementsontétéégalement accompagnésparunimpactplutôtfavorablesurlescorede laQdVliéeauxsymptômesurinaires,commedanslesautres
études[12,13,15].Leprofild’innocuitéobservédanscette étudecorrespondàceluirapportédansd’autresétudesavec lesbouffées de chaleur comme évènement indésirable le plusfréquent[8,16].
L’étude présente a été réalisée sur une période de 48 semaines alors que la plupart des autres études avec lagoséreline duraient généralement12 semaines[17,18].
LaréductionmoyenneduscoreIPSS(8,6pointsàsemaine 48) a été au moins aussi grande que celle observée avec la goséreline dans d’autres études : réduction moyenne de 0,5—3,5 points avec la goséreline administrée comme traitement néo-adjuvant [16] ou réduction moyenne de 4,5—9,6 points avec la goséreline administrée chez des patientsàunstadeplusavancé[18].Notreétudeainsique l’étudeRESULT dePeltieretcollègues etla méta-analyse de Gil et collègues mettent en évidence la durabilité de l’effetdelatriptorélinesurlesSBAUpendantaumoinsles 48semainesdel’étude[11,12].
Les SBAU sont généralement causés lorsque la tumeur envahitl’urètreprostatique,lavessieoulespaquetsvascu- lonerveux[3,5].L’améliorationdesSBAUaveclatriptoréline pourrait,enpartie,êtreliéeàuneréductionduvolumede laprostate,similaireàcelle observéedans l’hypertrophie bénigne de la prostate, plutôt qu’à une réduction du volume de la tumeur [17,19]. Le bénéfice potentiel de l’améliorationdesSBAUpourraitrésiderdanslaprévention desrétentionsvésicaleschezlespatientsavecuncancerde laprostateoulapossibilitédedifférerlerecoursàungeste urologiquededésobstructionchezdespatientsprésentant d’emblée avecrétention vésicale aiguë ou incomplète. Il està noter quescore relatifà l’obstructiona diminué au coursdel’étude.Cetteétude,étantsurtoutbaséesurques- tionnaireIPSS,ellenepermetcependant pasde tirerdes conclusionsprécisessurlemécanismed’actiondelatripto- rélineoulebénéficeréeldel’améliorationdesSBAU.
Lesprincipauxavantagesdecetteétudesontd’avoirété réaliséeenpratiquequotidienne,l’inclusiond’unnombrede patientsrelativementimportantcomparéàl’étudeaustra- lienne,etladuréedel’étude(48semaines)pluslongueque lesétudesréalisées avecla goséreline[13,18].Le volume de la prostate n’a pas été mesuré dans cette étude ne permettantpasdeproposeraveccertitudeunmécanisme expliquantla réduction des SBAU. De plus, la conception non-interventionnelle de cette étude ne permet pas un contrôleadéquatdesfacteursdeconfusion potentielstels que la prise concomitante d’alpha-bloquants, les traite- mentsantérieurs ducancer dela prostate oulaprésence d’uneHBPnon-diagnostiquée.L’utilisationduquestionnaire IPSSdépend delacapacitédupatientàsesouvenirdeses symptômesetàremplir leformulaire aufuretàmesure.
L’IPSS est cependant un outil largement utilisé pour les SBAUcequipermetlacomparaisonavecd’autresétudes.
L’impactdutraitementsurlaQdVrestenéanmoinsdifficile à évaluercar la QdV est unparamètre compositefaisant intervenir le vécu de la maladie,le profil d’innocuitédu traitement,etlasévéritédesSBAU.
Conclusion
Danscetteétudeobservationnelleréaliséeenpratiquequo- tidienne, une réduction des SBAU est observée chez les
patientsatteintsd’uncancerdelaprostateàunstadeloca- lement avancé ou métastatique recevant la triptoréline.
L’amélioration de ces symptômes est accompagnée d’un impactfavorablesurlescoredelaQdV.L’améliorationdes symptômesetl’influencepositivesurlescoredelaQdVont étémaintenuspendantladuréedel’étude(48semaines).
Le traitement par triptoréline a été bien toléré tout au longdel’étude.LaréductiondesSBAUobservéedanscette étudesuggère qu’ilserait possible dedifférer oud’éviter unrecoursimmédiatautraitementconventionnelchezles patientssymptomatiques.
Source de financement de l’étude
CetteétudeetcetteanalyseontétéfinancéesparIpsen.
Remerciements
Lesauteurs souhaitent remercier tous lescentrespartici- pantsenAlgérieettouslesinvestigateursquiontrecueilli lesdonnéespourcetteanalyse.L’assistanceàlarédaction del’articleaétéfournieparDr.ThierryDeltheil(ESPBios- cience,CrowthorneRoyaume-Uni)etfinancéeparIpsen.
Déclaration de liens d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeliensliensd’intérêts.
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