Etude des activités d’un troupeau de poulinières de trait
et
de leurs poulains
aupâturage
W. MARTIN-ROSSET M. DOREAU Joëlle CLOIX
I aboratoive de la Production de Viande,
Centre de Recherches de Clermont-Ferrand, I.N.R.A.
Theix, 63uo Beaumont (France)
Résumé
Les activités alimentaires au pâturage d’un troupeau de juments de races lourdes, en partie suitées, ont été observées visuellement du lever du jour à la tombée de la nuit pendant i5jour-
nées.
Les juments effectuent de 3 à 5 cycles de pâturage par jour; le premier commence r5 à à 9
o mn avant le lever du soleil; le dernier qui est le plus long s’aclèvc 2à 5 h après le coucher du
soleil selon le mois de la saison. La durée totale de pâturage a été en moyenne de 592 ± gi mn,
avec de fortes différences entre journées. Faible au cours des premières semaines suivant la mise
bas, la durée de pâturage augmente jusqu’à la 3esemaine et devient supérieure d’une demi-heure à celle des juments non allaitantes.
Les poulains effectuent un nombre de tétées bemcoup plus élevé que celui du 1-eau. Tou-
tefois, la fréquence de tétées diminue rapidement avec l’age alors que le temps de pâturage aug- mente.
Introdu !tion
Le
comportement
desÉquidés
anpâturage, après
lespremièresobservations
de BLECHSCHMIDT
( 1933 )
sur det:Yciments
detrait,
a fait récemmentl’objet
dedivers travaux, centrés sur le
comportement
sociald’Équidés
sauvages tels le Zèbre(KI, IN Gr;I" 19 6 7 , 1972 )
ou àdemi-sauvages
tels leMustang (FE IS T, 1971 ),
le
Poney
New-Forest(T YL1!R , 197 2)
et le Chevalcamarguais (GoI,DSCxMIDT-
RoTxscxII, D
, 1974;
S!Ri;NI, Ig!7);
sur l’utilisation du territoire(T AYLOR ,
1954; HAFEZ
,
WILLIAMS, WlERZBOWSKI, 1962; O DB E R G
etFRANCIS-SMITH, 1977);
Ousur les
préférences
alimentaires(ARCHER,
1971, 1973;T YLER ,
1972;ROGA I .S KI , 1974).
·Les activités alimentaires
(durées, rythmes)
n’ont été observées que sur che-vaux de selle par RoGALSKI
( 1970 ,
1974,1975 )
et CouGOUII,r,!E( 197 6).
Le compor- tementalimentaire
dupoulain
sous la mère a été étudié par FRÔHLICH-SCH«TARz«X EC
KER
( 19 2 1 ),
BI,!CHSCHMIDT(1933),
NESENI et al.(1958),
BARMINCEV(1958),
FE IS
T
( 1971 ),
TYLER( 197 2),
ROGAI,SKI(1 973 ), SC H OEN,
BANKS et CURTIS(1976);
la
plupart
de ces auteurs n’ont mesuré que lafréquence
et la durée des tétées. Les résultatsobtenus,
souventcontradictoires,
traduisentprobablement
lesimportantes
variations dues à la race et à
l’âge
dupoulain,
au mode de conduite de lamère,
mais
également
à la méthode d’observation.L’objet
de notre étude est dedécrire,
à l’aide d’unenregistrement visuel,
selon la méthode utilisée par PETIT
( 19 6 9 ),
lecomportement
d’untroupeau
dejuments,
allaitantes ou non,exploitant
d’avril ànovembre,
despâturages
d’alti-tude,
afin depréciser l’emploi
dutemps journalier
desjuments
et de leurspoulains
ainsi que la
fréquence
de tétée.Matériel et méthodes
Nous avons observé au cours de 2 années consécutives
( 1973 - 74 )
les activités d’untroupeau
de 19 à 25juments
de races de trait(tabl. I ).
Lesjuments
étaientâgées
en moyenne de 5 à 6 ans, lespoulinages
ont eu lieu le 21j 4 ::!:: 2I j.
Le trou-peau était conduit en
plein
air toute l’année.L’hiver,
il recevait du foin ad libi- tum et unapport
limité d’aliment concentré. La mise à l’herbe a été effectuée mi- avril à Theix à8 50
m d’altitude sur de bonnesprairies.
Débutjuin,
letroupeau
est monté en estive dans la Chaîne des Monts Dore( 1
500 md’altitude)
pourpâturer jusqu’à mi-novembre,
desprairies
dequalité
médiocreexploitées
en rotation(
2
passages parparcelle)
etcomposées
de 40 à 50p. cent degraminées ( 3
à 5 p. cent deNard),
de 40 à 45 p. centd’espèces
herbacées nongraminéennes
et de 15 à20 p. cent de
ligneux (I,oIS!AU, 1974).
Nous avons défini les activités suivantes :
-
pâturage :
la tête du cheval est au niveau dusol,
- repos debout : le cheval est en station
debout,
immobile.- repos couché : Le cheval est couché et inactif.
- flânerie : terme
englobant
toutes les autres activités :déplacements, jeux,
soinscorporels,
etc...- tétée.
Ces conventions facilitent l’observation
visuelle; cependant,
il faut noter que la duréed’ingestion
ne coïncide pas exactement avec la durée depâturage
définieci-dessus : celle-ci
correspond
auchoix,
à lapréhension
et à la mastication de l’herbe.Les animaux ont été observés
pendant
15journées réparties
entre 1973 et 1974, du
point
dujour
à la tombée de lanuit; quelques
observations nocturnesponctuelles
ont été effectuées. Toutes les tétées despoulains
ont éténotées;
lesautres activités ont été
enregistrées
individuellement à intervalles de 5 mn pour lesjuments
allaitantes et leurspoulains, globalement
à intervalles de 30 mn pour lesjuments
non allaitantes.En
supposant
constante l’activité dutroupeau
entre deux observations suc-cessives,
nous avons calculé :- le
temps journalier
consacré parchaque
animal à une activité a :Na : nombre de fois où l’animal a été observé effectuant l’activité a;
d : intervalle entre deux observations successives.
- la
part
relative oufréquence
dechaque
activité dutroupeau,
définiepar le
rapport :
nombre d’animaux
exerçant
cette activité!
nombre d’animaux présents
Pour
chaque journée d’observations,
nous avons tracé leshistogrammes
defréquence
dupâturage
et de la tétée. Lepâturage
s’étant révélécyclique,
nousavons
distingué
les différentscycles
ensupposant,
comtne PETIT( 1972 ),
que deuxpériodes
voisines depâturage présentant
des effectifs El etE 2
sont deuxcycles
distincts si 30 mn au moins les
séparent, pendant lesquelles
le nombre d’ani-maux
qui pâturent
est inférieuràEi !- E2.
maux qui
pâturent
est intérieur a4
.Résultats
Activité des
iuments (fig.
1,2 ) Cycles
d’actiaitéLes
juments
commencent àpâturer
de 15 à û0 mn avant le lever dusoleil,
en
particulier
auprintemps
et en été. Elles effectuent de 3 à 5cycles
depâturage
diurne
(fig. I ).
Lecycle
matinal est court( 2
à 3h)
et s’achèvetôt,
entre 6 h 30et9
h,
surtoutlorsque
lesjours
sontlongs
etchauds,
enjuin-juillet-août. Ensuite,
aucours de la
journée,
letroupeau pâture pendant
q à 6h, réparties
en I à 3cycles,
selon le mois
considéré, quel
que soit l’étatphysiologique
de lajument.
Le nombreet la durée des
périodes
de repos varientrespectivement
de 2à 4
et de 30 à 120 mn.C’est en début
d’après-midi,
entre 13 h et 17h, qu’a
lieu lapériode principale
derepos. Le
cycle
depâturage
de la soirée lui succède. Il estsystématiquement
leplus long.
Il commence d’autantplus
tôt que lapériode
diurne diminue et il s’achèvetard,
entre 21 h et 23h,
soit de 2 à 5 haprès
le coucher dusoleil;
ilpeut
durer de 5 à 7h. Ces résultats concordent assez bien avec les observations de Tyr,!R( 1072 ),
au moins en ce
qui
concerne lescycles
depâturage
effectués par lesPoneys
New Forest au début et à la fin de lajournée.
Nous n’avons pu observer l’activité nocturne des
juments
que de manièretrès
ponctuelle,
mais suffisante pour constaterqu’elles pâturent
la nuit. Chez lePoney Pottock, RucKE B usc H , Vi& p oux,
CAxnau( 197 6)
estiment que la durée del’ingestion
nocturne d’herbe distribuée àl’auge correspond
à2 8,8
p. cent de lapériode
nocturne. Parailleurs,
selon KLINGEL(rg6 7 ),
le zèbre effectue 2 à 3cycles
de
pâturage
nocturne au cours des nuits de clair de lune.Durée des activités
Le
temps
depâturage
diurne est élevé tout aulong
de la saison :592 : r
91 mn pour une durée moyenne d’observations de 800mn, soit6 7
p. cent dutemps
diurne(de
62 à !! p.cent).
Ces résultats sont tout à faitcomparables
aux données obte-nues par RUCKEBUSCH, ViGxoux et Cnxn.vu
( 197 6)
chez lesPoneys
Pottockrecevant de l’herbe
coupée
àl’auge
à volonté. Enrevanche,
ils sont inférieurs de 5 à r5points
à ceuxenregistrés
aupâturage
par ROGALSKI(197 0 ) qui
nedisposait
que de surfaces
restreintes, ( 2 - 3 ha),
et rentrait les animaux au box le soir. Le faibletemps
depâturage
observé par COUGOUILLE( 197 6), 56
p. cent sur uneprairie temporaire
de bonnequalité
est attribué autemps
réduit consacré au tri.Le
temps
de repos total a été de2i6 !
50 mnenviron,
soit seulement 22 p.cent du
temps
diurne. Lajument
se couche peu,28 !
18 mn, soit 3 p. cent de laphase
diurne(fig. 2 ). Enfin,
les flâneriesreprésentent 66 !
28 mn, soit 8 p. cent dutemps
diurne.F
actcuvs de variatiolls
Les variations du
temps
diurne sontdavantage
liées aux différences entrejournées qu’aux
différences individuelles : le carré moyeninter-journées
est25 fois
plus
élevé que le carré moyenintrajournées.
Cettehomogénéité
relative dutemps
depâturage
des individuscomposant
letroupeau
est d’autantplus
surpre- nantequ’à
l’écurie DoREAU(en préparation)
a notél’importance
des variations individuelles du niveaud’ingestion. L’organisation
des activités alimentaires du cheval à l’herbe encycles peut
sans douteexpliquer
cette différence.Les fluctuations des activités entre
journées
sont liées à lasaison,
aux condi-tions
météorologiques,
à l’étatphysiologique
de lapoulinière,
sansqu’il
soit facile de dissocier l’influence de ces différents facteurs.Lorsque
letemps
est chaud(ex. journée
dug-8- 73 ),
lesjuments
réduisent leurpâturage
diurne de 30 à qo mn environ.Quand
letemps
devient orageux et que lesjuments disposent
d’une zoned’ombrage,
lepâturage
diurnepeut,
àl’image
de ceque TYr,!x
(i 97 2)
a observé chez lePoney
NewForest,
nereprésenter
que 32 p. cent de laphase diurne,
soit 6 h au lieu de I h(exemple journée
du2 8-6- 73 ).
Les
juments
sereposent
alors essentiellement debout. Lepâturage
nereprend qu’a- près
le coucher du soleil et doit sepoursuivre pendant
unegrande partie
de lanuit.
Les
juments
semblentréagir
différemment à lapluie
selon l’intensité desprécipitations. Quand
lapluie
est faible ouintermittente,
letemps
depâturage
diurne s’accroît au détriment du
temps
de repos deprès
d’uneheure,
soit m à12 p. cent de la
période diurne;
lescycles
depâturage
sont moinsmarqués
et leshoraires
peuvent
êtrequelque
peudécalés,
le tout donnantl’impression
d’unpâtu-
rage continu. En
revanche, lorsque
lesprécipitations
deviennentplus fortes,
lesjuments
ont tendance à réduire letemps
depâturage
et à le différer au lendemain.Les
juments
sontégalement
sensibles à la diminution de laqualité
etdelaquan-
tité de l’herbe au cours de la saison. Au début de la saison de
pâturage,
l’herbeétant
abondante,
elles effectuent de 4à 5cycles
depâturage
bien distincts(fig. z).
Les
périodes
de repos et de flâneries sont nombreuses. Leur duréeaugmente jus- qu’à
finaoût, puis diminue
en automne car lescycles
depâturage
du milieu de lajournée
fusionnentrapidement.
Letemps
depâturage, exprimé
parrapport
à la.durée
d’observation, augmente
alorsrégulièrement
et seprolonge
tardaprès
lecoucher du soleil : 2 à 3 h
(fig. i, 2);
ce fait aégalement
étésignalé
par RoGA!,sxi(i975)!
Le
temps
depâturage
desjuments
a.llaitantes est seulement de475 ±
68 mnau cours de la
première
semainequi
suit lamise-bas,
soitrespectivement 1 100
à170 mn et 75 à 125 mn de moins que celui
enregistré
chez lesjuments
allaitantdepuis
i mois et lesjuments
non suitéesexploitant
simultanément les mêmes par- celles. Cela est sans doute lié au nombre élevé de tétées dupoulain
au cours despremières
semaines.Un mois
après
lepoulinage,
letemps
depâturage
de lapoulinière
estplus long,
en moyenne de 30 mn, que celui desjuments
non suitéesexploitant
la mêmeherbe au même stade. Cette différence se maintient
pratiquement jusqu’au
sevrage.Les liaisons avec
l’âge,
lepoids
et le nombre de tétées despoulains
sontfaibles;
les coefficients de corrélation varient de 0,1 à 0,2.
Par
ailleurs,
letemps
depâturage
desjuments
sembleindépendant
de leurpoids
vif.Activités des
poulains
Tétées
(fig. 3 a)
L’activité
dupoulain
en liberté avec sa mère aupâturage
est dominée par la tétée. Le nombre de tétées observépendant
laphase
diurne estélevée,
en moyenne20tétées par
jour,
de la naissance au sevrage. Il est faible etirrégulier,
au cours des24 à
4 8
hqui
suivent lanaissance,
car ildépend beaucoup
de larapidité
del’ap-
prentissage
dupoulain
à la tétée et dudegré
d’instinct maternel de lapoulinière.
Il atteint un maximum de 3
à 4 tétées
par heure dès lapremière semaine, puis
diminue
jusqu’au
sevrage selon une courbe detype exponentiel (fig. 3 a). L’équation
de la courbe
ajustée
en coordonnéessemi-logarithmiques
est de la forme :où v = nombre de tétées par
jour.
i !!
âge (1 ) !
Ces résultats concordent assez bien avec les observations
enregistrées
sur leCheval par F’ROHI,ICH-SCHWARZVECKER
(Ig2I),
B1,ECHSCHMIDT(1933),
BARMIBTC!V{
I
g58),
ouplus
récemment par FEIST( 1971 )
sur leMustang.
Lafréquence
de tétéeque nous avons
enregistrée
estcependant légèrement
inférieure à celle observée par TvLER(Ig!2)
et surtout n’est pas maximum au cours desq8
h suivant la mise bas.Par
ailleurs,
il convient designaler
que l’évolution du nombre de tétées que nous avons observée est en contradiction avec les donnéesenregistrées
chez lepoulain
de selle par N!s!VI et al.
( I g58).
Ces auteursrapportent
en effet que le nombre de tétées chez lepoulain
de selleaugmenterait
de la naissancejusqu’au pic
de lacta-tion
qu’ils
situent vers 2-3mois, puis
diminuerait au-delà. Il est difficile toutefoisd’expliquer
cette différence car nous n’avons pas observé les tétées nocturnes, et parce que laméthodologie
utilisée pour effectuer ces mesures n’est pasindiquée
clairement par N!sErrl et al.
Les tétées ne semblent pas se situer à des moments
précis
de laphase diurne,
contrairement aux observations de
ScxoE N ,
BANKS et CURTIS( 197 6),
ni être liéesà une activité
particulière
de la mère, sauf au cours des15 j suivant
la mise bas.Pendant cette
période,
lajument prolonge
letemps
de repos debout au détriment dupâturage
pour faciliter la tétée dujeune.
Les tétéespeuvent
être déclenchées aussi bien par lepoulain
que par lapoulinière.
Au cours despremières
semainessuivant la mise
bas,
elles sontsystématiquement précédées
d’unepériode
derepos couché chez le
poulain,
et leursignal
est souvent donné par la mère. Le pro-cessus semble s’inverser
quand l’âge
dupoulain augmente.
La
jument
reste enprincipe
immobilelorsque
lepoulain
sollicite la tétée.Dans le cas
contraire, pâturage
oudéplacement,
lepoulain
effectue un ouplusieurs
passages au
poitrail
pour immobiliser la mère. Au cours despremières
semainessuivant la mise
bas,
la tétée estinterrompue
leplus
souvent par lepoulain,
sauf casparticuliers... Lorsque
lepoulain prend
del’âge,
la mère met fin à la tétée en sedéplaçant
ou enmordant,
surtoutlorsqu’on approche
du sevrage.La durée de la tétée est courte en moyenne
( 4 o
à 90sec.),
mais son évolutionn’a pu être suivie de
façon précise.
Les donnéesdisponibles
à cesujet
sont contra- dictoires. La durée de la tétéeresterait,
de la naissance au sevrage, constante chez leMustang (FE IS T, 1971 )
et diminuerait chez les Chevaux de selle(NE S E NI
etal., 195
8)
et chez lePoney (TvI,!R, 1972 ).
Ces derniers résultats semblentplus logiques, puisque
ROGALSK1( 1973 )
note que lacapacité
dedéglutition
dupoulain augmente
avec
l’âge.
l’âtitra,,c. Re!os et flâneries
Au cours des
premières
semaines suivant lanaissance,
lepoulain partage
sesactivités entre les
jeux
et le repos, surtoutcouché;
le repos debout étant peuimpor-
tant. Le repos couché et les flâneries
représentent respectivement
4o et 28 p. centde
l’emploi
dutemps
diurne dupoulain
àl’âge
de i mois(fig. 2 ).
Cependant,
dès leplus jeune âge ( 5
à 10j),
lepoulain
s’intéresse à l’herbe. Ils’agit plus
d’un «mâchouillage
!· que d’unpâturage effectif,
ainsi que l’ont observéH
AFEZ
,
WiLMAMS et WiExzsowsxi( 19 6 2 )
et RoG!r,sxi( 1973 ).
I)eplus, jusqu’à l’âge
de i moisenviron,
ilingère fréquemment
les crottins maternels. Puis cettecoprophagie régresse
au fur et à mesure quel’ingestion
d’herbeaugmente
et devientnégligeable
à unmois, lorsque
ledéveloppement
de la flore microbienne est achevé(Betrr2N!R, O CSAG , Fü I ,(}p, 1971 ).
Al’âge
d’unmois,
lepoulain
consacre m p.cent de la
phase
diurne àpâturer (fig. 2 ),
soit untemps égal
à r5 p. cent environ de celui de sa mère. Lepâturage
despoulains
devient alorscyclique
comme celuides
mères,
mais lescycles
sont peu nombreux et ils débutentaprès
celui des pou- linières et s’achèvent avant. Dèsl’âge
de 2 à 3mois,
le nombre decycles
depâtu-
rage est sensiblement
égal
à celui de la mère et les horaires sontanalogues.
Le
temps
depâturage journalier (y en mn)
mesuré de la naissance au sevragevers
190 j augmente
de manière linéaire avec :-
l’âge (x
enj) (fig. 3 a) :
- et le
poids
dupoulain (x
enkg)
en même
temps
que le nombre de tétées(x)
diminue :mai, il est
indépendant
dutemps
depâturage
des mères.A
partir
du moisd’aoîit,
alors que lespoulains
sontâgés
de 4 moisenviron,
le
temps
depâturage représente
44p. cent de lapériode diurne,
soit 57 p. cent de celui de la mère. Au sevrage, il atteint 80p. cent de celui de lapoulinière. L’aug-
mentation du
temps
depâturage
s’effectue auxdépens
destemps
de reposdebout,
couché et de
flâneries;
ceux-ci nereprésentant plus respectivement
que 22 et 7 p.cent de la
phase
diurne. On commence alors à observer unpâturage
nocturne.Méthodolo!rie
d’obser7,atioiisNous avons
déterminé,
pour unejournée d’observations,
la tailleoptimale
de l’échantillon de
juments
allaitantdepuis plus
de15 j qui permet
d’estimer letemps
depâturage
diurne(à
30, 45 et 60 mnprès)
avec un seuil deprobabilité
deq
5 p. cent. I,e calcul a été effectué pour
quatre fréquences
d’observations : 5, 10, i5 et 30 ml1. L’intervalle de
confiance,
autour d’une moyenne X, est définie par : taX =
—!. (n Dans notre cas :
d = Précision recherchée
( 30 ,
45 ou 6omn).
’0,05
--- Valeur tabulée du t de Student.c =
J’ k art-type théorique
dû aux variations entre animaux.Nous avons choisi comme estimateur de a2 la variance
intra-jours
r :X< j
=Temps
depâturage
diurne del’animal j le jour
i pour lafréquence
d’obser-vations considérée.
y
j =
Moyenne journalière théorique
dutemps
depâturage
diurne.v = Nombre de
degrés
de liberté.Lorsque
lafréquence
d’observations est de 5 mn, iij est estimé par!
Xi}
.b d d ’d l’b’ 1 m
= ———.
Le nombre dedegrés
de liberté est alors :r
v =
(!nJ) -p.
1
_ _
ni = nombre d’observations effectuées le
jour
i.p =
nombre dejours
d’observations.Nous obtenons ainsi deux relations :
- F’réquence
d’observations de 5 mn :- Autres
fréquences
d’observationsCeci nous a
permis
d’établir le tableausuivant, après
avoir arrondi les valeurs de n à l’entiersupérieur (tabl. 2 ).
Il est donc
préférable
d’observer un nombre réduit d’animaux au sein du trou- peau et demultiplier
lesjournées d’enregistrement.
Discussion
L’activité des troupeaux de
juments
allaitantes et de leurspoulains, exploi-
tant des
pâturages d’altitude,
estcyclique
comme celle destroupeaux
de vachesallaitantes,
conduits sur despâturages analogues (PETIT, rg 7 2). L’emploi
dutemps
est
cependant
différent et leur activité n’est pasuniquement
diurne. Eneffet,
en dehors ducycle
matinal depâturage qui
s’effectue à des horaires similaires chez les chevaux et lesbovins,
lesjuments pâturent
àpartir
de8- 9
h etjusqu’à
i4-i5h,
au cours de 1 à 4
cycles.
Le derniercycle
seprolonge
bienaprès
le coucher du soleil.Le
pâturage
desjuments représente 6 7
p. cent dutemps
diurne contre 51 p. cent chez la vache allaitante. RoGat,sxt( 1974 )
a observé que lestemps
depâturage
deschevaux de
selle, exploitant
simultanément avec des moutons et des bovins desparcelles comparables,
étaient sensiblementéquivalents
autemps
total depâtu-
rage et de rumination des moutons et des bovins. Ces résultats sont d’ailleurs confir- més par les
enregistrements
effectuéspendant
24h àl’auge
par I>oR!AU(en prépa- ration)
sur des chevaux de trait recevant du foin deprairie
naturelle à volonté etde l’avoine
( 2 kg/j)
et par DULPHY( 1972 )
sur des moutons recevant à volonté unfoin de
graminées :
la duréed’ingestion
des chevaux n’est quelégèrement
infé-rieure à la durée de mastication
(ingestion
-E-rumination)
observée sur des moutons.Le
temps
depâturage
diurne desjuments
allaitantesparaît également lié,
comme chez les vaches
allaitantes,
d’unepart
à laquantité
et à laqualité
de l’herbedisponible,
d’autrepart,
à lalongueur
dujour.
Ilaugmente
avec l’avancement ensaison, lorsque
laquantité
et sans doute laqualité
de l’herbe diminuentsansqu’il
soit facile de
séparer
l’influencerespective
de ces deux facteurs de variation. Il diminue parailleurs,
avec le raccourcissement de laphase
diurnemalgré
unallonge-
ment des
cycles
depâturage. Mais, rapportée
à lalongueur
dujour,
laproportion
de
temps
consacrée aupâturage augmente.
La différence entre lestemps
depâtu-
rage des
juments
allaitantes et non allaitantes traduit une bonne facultéd’adap-
tation aux besoins.
La
fréquence
des tétées chez lepoulain,
de la naissance au sevrage, est excep- tionnellement élevée et biensupérieure
à celle observée chez le veau. La faiblecapacité
de la mamelle de lajument (environ
2 1 dans le cas de lajument
detrait, d’après
CHASxxm etMiRONENKO,
1955;S TORCH , ig6g)
nécessite en effet unevidange fréquente
etrapide.
Cetteparticularité
rend très difficile toutes mesuresd’estimation de la
production
laitière parpesées
dujeune,
avant etaprès tétée,
comme chez le veau. C’est
pourquoi
toutes les estimations de laproduction
laitièredes
juments qui
ont pu êtrefaites,
à l’aide de cetteméthode,
sontprobablement sujettes
à caution.Il convient néanmoins de remarquer que le
poulain
semblecapable,
d’unepart d’augmenter
sontemps
depâturage lorsque
laproduction
laitière de la mère dimi-nue et, d’autre
part, d’ajuster
sontemps
depâturage
à ses besoinslorsque
la quan-tité et la
qualité
de l’herbe diminuent(fig. 3 a-b).
C’est sans doutepourquoi
le pou- lainpeut réaliser,
tout aulong
de lasaison,
un croît de la naissance au sevrage de1 300
g jj (lVIa R Tm-RossET,
résultats nonpubliés)
biensupérieur
à celui des veaux(75
0
à 900 g; PETIT,1974 )
conduitspourtant
sur de meilleurspâturages
à unealtitude moins élevée.
Accepté pour publication en octobre 1977.
Summary
Grazing
behaviourof
a herdo,f heavy
brood mares and theirfoals
The grazing behaviour of a herd of 8 heavy brood mares and their foals and r2non lactating
mares was studied. Recordings were made during 15days between April and November at inter- vals of mn from sunrise to sunset. Only diurnal activities were measured (Table i).
The herd was grazing during 3 to cycles (fig. i). Brood mares were grazing during 592 j: gi mn. The distribution of the activities of the mares: grazing, standing, lying and gadding +grooming (other activities) was 67, zz, 3 and 8 p. cent, respectively. The inter-day variations
were much higher than the intra-day variations. The differences between days were essentially
related to season and climatic conditions: grazing time decreased from the end of August; it
seemed to be reduced by strong heat or violent rain (fig. 2).
The differences between animals can be partially explained by the physiological state and,
in the brood mares, by the variation in their requirements during lactation. The grazing time
of mares after foaling was short. It increased until the 3rd week and then exceeded by 30mn that of the non lactating mares. This difference persisted until weaning.
The number of diurnal sucks in the foal was very high 48 hours after birth, but decreased rapidly with age (y ! 0,21 log z + g6,3!), whereas grazing time increased (y ! _,z8 x + 69,22) (fig.
3
a). These observations are related with the fact that in the foal the growth rate decreases
with age (fig. 3b).
On the basis of the experimental results, it was possible to determine the minimum number of animals necessary for estimating the grazing time of a given day and with a given accuracy
(Table 2).
The present results have been compared with those obtained in cattle and emphasize some particularities in horses: a long grazing tinte in the mare, a high frequency of sucks and a high growth rate in the foal.
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