É D I T O R I A L
Les pucerons font des ravages dans nos jardins, empêchant la belle éclosion des roses, engluant les cerisiers de miellat collant et affaiblissant nos pommiers et poiriers. Moins visibles pour les particuliers, mais tout aussi redoutables, sont les attaques que ces insectes portent aux plantes de grande culture comme le blé, l’orge, le maïs et tant d’autres, directement, par prélèvement de sève, ou indirectement, en transmettant des maladies virales.
Chacun combat à sa manière les pucerons. Dans nos jardins, nous pouvons méticuleusement les éliminer à la main, ou nous faire aider par leurs ennemis naturels, comme les coccinelles (ce que l’on appelle la lutte biologique). Pour protéger les plantes les plus attaquées, nous pouvons également avoir recours à des molécules chimiques, ces fameux insecticides (lutte chimique). Les agriculteurs ont moins le choix. Les grandes surfaces en milieu ouvert sont peu appropriées à la lutte biologique, et la lutte chimique reste la plus employée. Et la guerre entre les pucerons, les plantes et l’homme est loin d’être terminée !
Les pucerons déjouent continuellement les stratégies de lutte, développant par exemple des formes résistantes aux insecticides ou aux plantes tolérantes. De plus, certaines de ces molécules jugées trop polluantes seront bientôt interdites d’utilisation dans les pays de la Communauté européenne. Il est donc urgent d’agir afin de protéger nos plantes et notre environnement.
En ce début de siècle et de millénaire, les pucerons vont devoir faire face à un nouveau combat livré par les chercheurs qui, grâce à un consortium international, ont décidé de décrypter la structure et le fonctionnement de leur génome avec comme mot d’ordre commun : mieux les connaître pour mieux les combattre.
D’un point de vue évolutif, le génome du puceron du pois, en cours de séquençage (environ six fois plus petit que celui de l’homme), sera le premier de l’ordre des Hémiptères, un groupe qui comprend beaucoup d’insectes piqueurs et suceurs, comme les punaises ou les cochenilles. Les hémiptères et les mouches (diptères) sont plus éloignées évolutivement que ne le sont l’homme et les oiseaux !
Le dossier du mois dresse un panorama des programmes de recherche en cours sur ces ravageurs de plantes. Celui du séquençage du génome du puceron du pois est un événement majeur en agronomie et en science végétale, car il ouvre de nouvelles pistes de recherche sur les mécanismes biologiques qui font la spécificité des pucerons et sur lesquels l’homme pourra agir.G
Denis Tagu Directeur de recherche à l’Inra
Les pucerons
à l'ère de la génomique
BIOFUTUR 279 • JUILLET-AOÛT 2007 1
© B. CHAUBET/INRA
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