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SELDELAMER. Qualités des Eaux

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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SELDELAMER

Qualités des Eaux

L’antique vision des choses considéraient que l’eau douce des sources était une résurgence de la mer dont le sel avait été filtré dans les entrailles de la terre puis canalisée par les roches et les racines des montagnes, pour s’élever parfois sous l’effet du soleil qui chauffe le sol comme une cuve, de la chaleur naturelle et du feu qui court sous la terre, du sein de leurs entrailles de pierre jusqu’aux sources proches des sommets. Là s’écoule une eau distillée secrètement par les galeries souterraines à la façon de l’alambic.

Pour vivre, les plantes, les animaux et les hommes doivent boire, mais toute eau dans la nature n’est pas bonne, et, si certaines guérissent, certaines autres peuvent rendre malades : ainsi des eaux stagnantes ou saumâtres, ainsi des eaux en aval d'une pollution quelconque.

Il est utile d’avoir quelques notions sur les qualités et la purification des eaux, en regard de la santé et de la maladie.

L’eau en tant que telle est neutre, transparente et brillante, mais elle se charge de tous les éléments qu’elle a rencontrés dans sa course : que ce soit des éléments invisibles, comme des germes ou des minéraux, que ce soit des éléments visibles comme des limons ou des sédiments. Neutre, elle adoucit les goûts et les odeurs de tout ce qu'on y trempe. Transparente,

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elle diminue l'opacité des surfaces, ce que l'on peut observer quand on y plonge un tissu ou un papier. Brillante, elle fait luire n'importe quel corps qu'elle recouvre, lui accordant le pouvoir de refléter la lumière.

Cependant, il n'est même pas sûr qu'elle soit toujours neutre, transparente et brillante, ce serait plutôt la définition de l'eau que nous rêvons pour nous même. Il ne faut pas oublier que l'on peut aussi s'y noyer, car elle éteint le souffle.

Si on baptise avec de l'eau, on entend par là que cet élément est peut-être le plus ancien et celui qui garde le plus le souvenir de Dieu, quand Il fit la Création fraîche et intacte. Il y aurait donc une mémoire presque infinie de l'eau, que la science moderne la plus pointue ne sait pas traduire. Si on imagine la destinée d'une humble goutte depuis que le monde est monde, elle a été tour à tour à tour distillée dans un nuage, part d'un torrent vociférant, refuge des créatures aquatiques, salée dans la mer, distillée à nouveau, est entrée dans la terre et s'est chargée de minéraux pour rejaillir source. Que l'eau soit transparente ou brillante n'est donc pas complètement vrai non plus : quand une vague lèche une plage, la coque d'un bateau, ou des pilotis, on peut observer que là où il y a eut contact, la matière est plus sombre : sable, galets, bois. C'est pourquoi pour les anciens Grecs la couleur de l'eau est noire, et on s'étonna que la neige soit blanche, comme une preuve que l'univers n'est pas

« que » logique.

Pour considérer la plus petite portion — ce qu'est l'instant dans le temps, le lieu où je suis dans l'espace, l'atome dans la matière — de l'eau, à savoir la goutte, elle possède son propre droit qui n'existe plus en monde collectif. Associée à d'autres gouttes, elle devient flaque, ruisseau, fleuve, mer, océan, nuage, pluie, et se répand invariablement dans les creux au contact de la Terre pour former exclusivement des surfaces,

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quelquefois agitées par le vent ou les remous. Par contre, lorsqu'elle est seule, la goutte d'eau forme un monde à part : c'est pourquoi elle prend l'apparence d'une sphère et pas d'une flaque. Dans un monde « logique », elle devrait former une mini-flaque. Or, une fourmi la voit comme une boule d'eau à sa taille. Ou alors, si on assemblait un million de gouttes d'eau, cela devrait faire une sphère d'eau, mais pourtant non : cela fera une flaque pour déjouer les lois de la physique. Bref, l'eau est complètement différente selon qu'elle est seule ou plusieurs.

Le critère pour reconnaître une bonne eau, d’après les anciens, est sa rapidité à chauffer et à refroidir au contact du chaud et du froid, de même qu’elle doit cuire plus vite les aliments si elle est pure.

L'Orientation des Sources

Pour choisir un endroit où s’installer dans un pays, afin de disposer de la meilleure eau selon ce qui nous convient, que ce soit pour abreuver les bêtes, pour arroser les champs, pour les thermes, pour en boire nous même, les anciens considéraient la disposition même des choses de la nature, comme la direction des eaux, à la façon d’une poésie mystique dont les dieux se servaient pour expliquer aux hommes les vertus utiles, en tout et partout.

Ces qualités de l'eau semblent en quantité infime, une sorte de dilution homéopathique du pays et du ciel, orchestrée par la nature. Je crois que Galien parle de cette notion des directions comme d’un signe, une sorte de symbole général qui permet de ne pas être tout à fait démuni face à des eaux inconnues. Il paraît vraisemblable que la qualité ou le caractère de telle eau convienne à tel être selon sa constitution et son tempérament, et soit nuisible pour un autre, et imprègne d’une certaine façon

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tout le pays qu’elle irrigue, tous les corps qu’elle abreuve et nettoie.

Ainsi, selon l’orientation de sa source, depuis la roche jusqu’au fleuve, l’eau prendrait des qualités différentes. Voici un commentaire, à partir des écrits anciens, sur les quatre directions :

— en se dirigeant vers le Nord, comme par le Rhin, l’eau d’un cours était qualifiée de lourde et de lente. À l’image d’un fleuve qui se hisserait sur la colline du monde qu’on appelle le Nord, qui serait ralentit et épaissit par une montée symbolique, comme aussi l’image de l’eau qui gèle et se pétrifie, les eaux inclinées vers les Ourses ne passent que lentement au travers du corps, mettent plus longtemps à réagir au froid et au chaud à cause de son épaisseur et semblerait communiquer au corps une sorte d’inertie. Une infime idée d’hiver serait attachée aux eaux qui coulent vers le Nord.

— une source qui coule vers l’Orient, comme l’Aude, quand elle est filtrée par des roches molles ou par la terre même, est considérée comme la meilleure : à son image s’attache une idée de douceur, de calme, comme celle de l’aube, du dégel et de l’imprégnation de la terre. Elle réagit bien au chaud et au froid.

— une source qui coule vers l’Occident, comme la Loire, est dite d’eau lourde, qui agit fortement, et qui refroidit. Son eau serait chargée, pour continuer sous l’angle des figurations poétiques, d’une qualité liée au crépuscule et à la fin du jour, un mélange de lourdeur du corps et d’arrêt des activités, favorable au repos.

— une source qui coule vers le Midi, comme le Rhône, posséderait des qualités chaudes et salées, donnant à l'âme qui

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la boit vivacité et âpreté et également accordant au corps la capacité de résister à la soif plus longtemps.

Ces exemples parlent des fleuves, mais il en va de même des ruisseaux et des rivières. On peut même faire un comparatif avec les vertus des vins qui mûrissent près des fleuves.

Les Mots des Eaux

Au sujet de l'eau, les anciens utilisaient des mots qui peuvent paraîtres poétiques, mais sont en fait précis.

Voici un petit essai sur ces mots qu'on accole à telle eau pour tenter de la définir selon ses vertus, son origine et sa façon d'être. Il est issu d'une tentative de recoupement entre plusieurs livres anciens, notamment Hippocrate et Hildegarde de Bingen, mais ce n'est peut-être pas encore abouti. Méditer sur l'eau est sans fin, sûrement.

Une eau peut être dite :

— « blanche » : elle est calcaire, chauffée, cuite par le soleil et devenue saumâtre par évaporation. On la purifie avec de l’argile.

— « cuite » : elle a passé un temps au soleil et s’est adoucie, car

« ce qui est cuit devient toujours doux » (Hippocrate)

— « crue » : eau où le savon peut mousser (présence de sels comme le sulfate de chaux)

— « douce » : capacité de l’eau à la transparence et à la potabilité ou, dans un autre sens, eau alumineuse, argileuse, avec un effet pelliculant comme la pierre d’alun, et faisant cailler le lait

— « dure » : on appelait dures les eaux qui cuisent plus lentement les grains, en général l’eau minérale qui sort des sources rocheuses : transparente, mais lourdes d’atomes de

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roches, ces eaux se boivent en petite quantité et peuvent être nocives en excès.

— « favorable » : les lacs et les étangs sont chauffés par le soleil à la façon des flaques, et sont rendus impropres à la boisson par la présence des plantes et des animaux. C’est une eau légère, mais qui se pollue vite : c’est considéré d’ailleurs comme le signe d’une bonne eau favorable à la vie, mais il faut la purifier avant de la boire, par l'ébullition ou un autre procédé.

— « gazeuse » : eau qui pétille naturellement.

— « gelée » : c'est une eau mauvaise pour la boisson. Le froid, en la faisant glace ou neige, détruit dans l’eau la partie la meilleure, celle qui est semblable au jour. Les eaux issues de la fonte de la glace et de la neige sont les plus mauvaises, troubles, pesantes, dures et glaçantes, semblables à la nuit, car le gel ôte de l’eau sa partie limpide, légère et douce.

— « molle » : celles qui cuisent les grains plus vite et les rendent mous plus rapidement.

— « légère » : c'est la capacité à rester pure et neutre, libre des éléments corpusculaires des corps qu’elle a traversés, ou qu’elle traverse, par exemple une eau qui traverserait une mine de fer sans se charger d'atomes de fer.

— « lente » : qui passe lentement au sein du corps comme une rivière qui coule vers le nord, et qui chauffe ou refroidit lentement.

— « limpide » : capacité de l’eau à ne pas se putréfier, à rester claire, sans goûts et sans odeurs, et à rester bonne même au travers d’une fermentation.

— « lourde » : capacité à entraîner avec elle les atomes des corps qu’elle traverse, à se charger des corpuscules minéraux.

C'est une eau plus longue à chauffer, plus facile à refroidir.

— « martiale » : eau ferrugineuse ou contenant des métalloïdes, stimulante, détersive, qui tempère et rafraîchit le

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sang. On repère cette eau quand les roches et les cailloux au fond et au bord du ruisseau sont rougeâtres.

— « obscure » : eau capable d'accueillir spontanément la vie microbienne et les corpuscules, à se putréfier, à devenir nourrissante pour plantes et animaux comme on le voit dans les marais et les étangs.

— « pure » : eau qui s’évapore entièrement, sans laisser de résidus visibles au fond du récipient.

— « saline » ou « bitumineuse » : qui contient des sels. Eaux saumâtres, mais potable, donc que l'on peut boire, mais avec un goût salé, qui retient l'eau au sein du corps — c'est un effet du sel —, mais par un effet inverse donne envie de boire plus encore, comme avec le Perrier.

— « sulfureuse » : qui contient du soufre. Elle a un effet peau douce et se repère par une odeur d’œuf pourri.

— « thermale » : eau qui sort chaude du sol.

— « trouble » : capacité de l’eau à s’opacifier ou à ralentir la lumière. C'est une eau souvent impropre à la consommation en tant qu’eau, mais pas toujours : d'ailleurs, si on a soif on boira sans discuter même de l'eau de vaisselle. Ceux qui disent le contraire n'ont jamais eu soif. Pour clarifier une eau trouble, la faire bouillir avec du blanc d’œuf.

Traitement de l'Eau

L'eau bonne est inodore et transparente le plus possible. On peut filtrer l’eau grossièrement avec des linges emplis au plus simple de sable et de terre non argileuse ou, pour un filtre : de charbon broyé, puis de sable et graviers tassés en tapotant, puis de sable et de gravillon avec un dernier étage de gravillon. En creusant une fosse près d’un étang ou près de la mer : l’eau s’y infiltre au travers de la terre comme dans un tamis. Saupoudrer de la terre glaise argileuse dans les récipients d'eau pour entraîner les impuretés au fond. Faire bouillir l’eau la purifie intégralement, et certains anciens pour

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la neutraliser la laissait en ébullition jusqu’à ce que le volume ait diminué d’un tiers : en ajoutant un alambic, on aurait obtenu à l’autre bout de l’eau distillée, qui est sans doute la plus neutre et la plus pure, donc, parce qu'elle attire toutes les créatures, visibles et invisibles, c'est la plus rapide à se corrompre si on ne la protège pas en jarres scellées, mais elle reste la plus agréable à boire.

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