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29 septembre 2010actualité, info
: quand les maladies cardiovas- culaires s’en mêlent
point de vue
Poursuivons l’analyse des dif
férents termes de l’équation politi comédicale que soulève l’émergence du questionnement sur la dépénalisation/légalisation des produits psychoactifs aujour
d’hui illicites (Revue médicale suisse des 1er, 15 et 22 septembre).1 Nous avons vu que c’est vers la moitié du XIXe siècle que com
mence à apparaître dans les pays occidentaux un usage régulier, puis compulsif, des drogues en dehors de tout contexte thérapeu
tique, ou échappant à l’encadre
ment thérapeutique initial. Ces intoxications iatrogéniques in
quiètent progressivement le corps médical qui commence à parler de «toxicomanie» vers 1880.
Pour le sociologue Henri Bergeron,2 le corps médical est aussi à cette époque le premier à s’inquiéter du développement d’un usage intensif de substances psychoactives dans certaines caté
gories sociales, comme les ouvriers et les pauvres ; un phénomène qui marque le début d’une volonté d’un contrôle plus strict des pres
criptions et qui débouchera bientôt sur les premières mesures légales en la matière, suivies des premiers textes internationaux. Il s’agit en substance pour les puissances publi ques de faire la part entre les activités licites et celles qui ne doivent plus l’être. Plus que des arguments de santé publique, c’est la disparition du contrôle culturel et social de la consomma
tion des substances psychoactives qui justifie l’avènement de ce nouveau système au début du XXe siècle. «Ce dernier est présenté comme politiquement neutre, une
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régulation rationnelle qui se fon
derait sur la science et sur l’auto
rité des Etats et serait administrée par des bureaucraties spéciali
sées», écrit Henri Bergeron.
En 1912 la Conférence de La Haye débouche sur une convention inter nationale résultant des efforts des médecins et des pharmaciens ainsi que des «mouvements anti
opium» américains. Henri Berge
ron rappelle que les premiers récla maient le monopole de la distribution et de la prescription des drogues : une nouvelle géné
ration de médecins, soutenue par des fonctionnaires haut placés et des responsables de santé publi
que influents, jette un regard nou
veau sur les effets délétères de nouvelles substances et exige, au nom de la santé et de l’efficience, que lui soit confiée la maîtrise de la distribution des produits. «En ce sens la genèse du contrôle des drogues est inséparable du pro
cessus de professionnalisation de la médecine occidentale et s’ins
crit dans le contexte favorable de la naissance de l’Etatprovidence et d’un souci grandissant de pro
tection des populations», écrit enco re Henri Bergeron.
Mais la première pierre du sys
tème de contrôle international des drogues posée en 1912 ne prévoit pas – ou peu – de mesures de régu lation de l’offre ; on s’en re
met au principe de la prescription et de la distribution de détail aux médecins et aux pharmaciens.
Nouvelle étape franchie en 1925 avec une nouvelle convention
inter nationale qui établit cette fois qu’importations et exportations devront être soumises à des auto
risations préalables. 1931 : une nouvelle convention marque le début d’un nouveau contrôle in
ternational de la fabrication. Elle postule que les besoins mondiaux (à des fins scientifiques et médi
cales) peuvent être évalués et la production répartie entre quel
ques pays. En 1972, on complète
le dispositif en adoptant des dis
positions légales de contrôle de la production d’opium.
Ainsi donc durant plus d’un demi
siècle, le système juridique inter
national qui a prévalu correspon
dait aux principes généraux de l’économie dirigée. Puis, toujours à l’échelon international, ce sys
tème a été complété par d’autres conventions des Nations Unies visant à lutter contre le trafic et l’usage ; la démonstration en quelque sorte des limites de l’éco
nomie dirigée dans ce domaine.
Or la faillite de la lutte contre les trafics et les usages a pour consé
quence que les arguments en fa
veur de l’économie dirigée refont aujourd’hui surface ; et ce sous le label «dépénalisation/
légalisation».
(A suivre)
Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com
Toutes les drogues interdites bientôt autorisées ? (3)
1 Books ; l’actualité par les livres du mon
de. Numéro 15, septembre 2010. www.
booksmag.fr
2 Bergeron H. Sociologie de la drogue.
Paris : Editions La Découverte ; Collec
tion Repères, 2009. ISBN : 97827071
38699.
D.R.
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