Statique. Démonstration d’un cas d’équilibre d’un polyèdre quelconque
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 10 (1819-1820), p. 51-60
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ÉQUILIBRE POLYÈDRE.
5Iet pour z son
développement ;
on trouvera que lecoefficient
de xm dans zn estD’où
l’on voitqu’étant
donné ledéveloppement de z ,
on endéduira
facilement celui de
zn.
STATIQUE.
Démonstration d’un
casd’équilibre d’un polyèdre quelcongue ;
Par M. G E R G O N N E.
IL
est connudepuis long-temps que si
aux milieuxdes côtés d’un
polygone plan quelconque ,
convexe ou non, onapplique ,
dansle
plan
même de cepolygone,
desforces respectivement
propor- tionnelles auxlongueurs
de cescôtés , perpendiculaires
à leursdirections,
etagissant
toutes du dedaru au dehors ou loutes dudehors au
dedans ,
lepolygone
demeurera enéquilibre.
On enconclut
qu’un
fluidepesant
ethomogène
intérieur ou extérieur àun
polygone
dont leplan
estparallèle
à celui de la surface su-périeure
du fluide ne saurait yengendrer
aucun mouvement , et par suite que lespressions
horizontales exercées par un fluide pe- sant, soit sur le vasequi
lecontient ,
soit sur un corpsqui
yest
plongé,
se détruisentréciproquement (*).
On enpourrait
con-clure
également
que , si l’on tend sur unpolygone
invariable une membranehomogène
tendante à se contracter ou a sedilater,
l’élasticité de cette membrane ne fera naître aucun mouvement dans lepolygone.
Le théorème
analogue,
dans lagéométrie
à troisdimensions
est le suivant :
THÉORÈME.
Si aux centres degravité
des aires de’ toutesles
faces
d’unpolyèdre quelconque ,
nonpesant ,
convexe ou non ,on
applique
despuissances respectivement perpendiculaires
auxplans
de cesfaces,
etproportionnelles
à leurétendue, agissant
toutes du dedans au dehors ou toutes du dehors au
dedans,
lepolyèdre
demeurera enéquilibre.
Il n’est pas à ma connaissance que ce théorème soit démontré nulle
part ;
et c’est àsuppléer
à cette omission queje
consacre ceque l’on va lire.
i. Il est d’abord facile de démontrer
que, si, à
unpoint quel-
conque de l’intérieur d’un tétraèdre
guelconque,
onapplique quatre
puissances respectivement perpendiculaires à
cesfaces
et d’uneintensité
proportionnelle
à leurétendue,
cespuissances
seferont équilibre.
Soient ,
eneffet, f , f’ , f" , f’’’
les faces dutétraèdre,
etp,
p’, p", p’’’
lespuissances qui
leur sontrespectivement
per-pendiculaires,
nous auronsÀ étant une constante ; nous aurons de
plus
0 Voyez
entre autresl’Hydrostatique
de BEZOUT.DU POLYEDRE. 53
La
résultante
r des troispuissances p , pl , p"
sera(*) donnée
par
l"équation
et elle
fera,
avec lescomposantes,
desangles 03B8, 03B8’, 03B8",
donnéespar les formules
En substituant
donc,
ces formules deviendront(*)
Voyez
la page 55 duprécédent
volume.mais, par le théorème
de M. Carnot(*),
on aSubstituant donc,
ilviendra
La résultante r des trois forces p,
pl, p"
est doncégale à p’’’,
et
dirigée
suivant la mêmedroite ;
et comme il est d’alleur évi-dent
qu’elle agit
en senscontraire
de r, il ensuit que lesquatre forces
p ,p’, p", p’’’ sont
enéquilibre.
On étendrait sans
peine
cetteproposition
et le calculqui l’appuie
à un
polyèdre quelconque ;
mais ici la difficulté consiste en ceque,
engénéral,
lesperpendiculaires
menées auxplans
des faces(*)
Voyez
les pagesI39, I40
du II.e volume dupiésent
recueil.DU POLYÉDRE.
55d’un
tétraèdre,
et àplus
forte raison d’unpolyèdre quelconque
par les centres
de gravité
des aires de cesfaces ,
ne passent paspar un même
point (*).
Il faut doncprendre
une autre voie pourparvenir
à notre but.2.
Considérons ,
enpremier lieu,
un tétraèdre dont le sommetsoit
S,
dont rareté SC soitperpendiculaire
auplan
de la baseACB,
et où les côtésCA,
CB de cettebase ,
etconséquemment
les arètes
SA ,
SB soient de mêmelongueur. Si,
pour fixer lesidées ,
nous supposonshorizontal
leplan
de la baseACB ;
les facesSCA,
SCB seront destriangles égaux , rectangles
enC ,
dont lesplans
seront verticaux.Sur
SA , SB ,
SC soientpris ,
aux deux tiers de leurslongueurs,
des
points A’, B’,
C’ parlesquels
soit conduit unplan ;
ceplan
sera
horizontal,
comme leplan
ACB. Soitjoint
le milieu M deAB au sommet S par une droite
coupant
A’B’ enM/ ;
cepoint
M’ sera le centre de
gravité
de l’aire de la faceASB ;
et sa pro-jection
N sur la base sera le centre degravité
de l’aire de cettebase.
Quant
aux deux autres facesSCA , SCB ,
leurs centres degravité respectifs
seront les milieux deC’A’,
C’B’.Concevons qu’à
ces centres degravité,
etperpendieulairement
aux faces du
tétraèdre,
onapplique quatre
forcesproportionnelles
aux aires de ces
faces ,
etagissant
toutes soit dudehors
au dedanssoit du dedans au
dehors; représentons
pars, a, b, c
lesforces respectivement opposées
àS , A , B ,
C.D’après
cequi
vient d’être observe ci-dessus les forces c et s , lapremière perpendiculaire à
la face
ASB,
et l’autreverticale ,
concourront au mêmepoint
M’.Quant
aux forceségales
ethorizontales a , b , appliquées
auxmilieux des côtés
C’A’,
C’B’ dutriangle
isocèleA’C’B’,
leursdirections concourront évidemment en
quelque point
deC’M’,
et(*) Voyez
lapage I43
du II.e volume de ce recueil.elfes
auront là une résultante suivantC’M’,
quel’on pourra
con-sidérer comme
appliquée
en MI et que l’on pourradécomposer,
en ce
point,
en deuxforces a, b, égales
c tparallèles
auxpremières.
On aura donc
ainsi,
en un mêmepoint M’, quatre
forces per-pendiculaires
aux faces d’untétraèdre ,
etproportionnelles
aux airesrespectives
de cesfaces ;
ces forces seront donc enéquilibre (f) ; puis
doncqu’elles
forment un ensembleéquivalent
à celles dusystème primitif,
ces dernières doivent l’être aussi.3.
Soit ,
en secondlieu,
un tétraèdre SABC dont les arètesSA , SB ,
SC soientégales,
et danslequel conséquemment
la pro-jection
S’ du sommet sur leplan
de la base soit le centre ducercle circonscrit à cette base. Pour fixer les
idées ,
supposons quece centre S’ soit intérieur au
triangle ABC ;
soient menéesS’A, S’B, S’C;
par ces droites et par SS’ soient conduits troisplans :
ces
plans diviseront
le tétraèdre en trois autres , dont chacun seraconditionné comme celui dont il vient d’être
question (2).
Concevons que l’on
applique
aux centres degravité
desfaces
et
perpendiculairement
à leursplans,
despuissances proportionnelles
à l’étendue de ces
faces ;
et , pour fixer lesidées ,
supposons queces
puissances agissent
du dehors au dedans. Cellequi
seraappli- quée
à la base pourra, comme l’onsait ,
sedécomposer
en troisautres ,
parallèles
à sadirection , proportionnelles
aux aires destrois
triangles AS’B, BS/C , CSIA ,
etappliquées à
leurs centrerde
gravité.
Concevons
qu’aux
centres degravité
de chacune des trois facesSS’A, SS/B, SS’C,
communes à nos troistétraèdres, pris
deuxà
deux ,
et dans des directionsperpendiculaires
à leursplans ,
onapplique
deux forceségales
etcontraires, proportionnelles
à l’étenduede ces faces. Ces forces étant d’elles-mêmes deux à deux en
équi- libre,
elles nechangeront
rien à l’état dusystème.
Mais,
par suite de l’introduction de ces nouvellesforces, chacun
des trois tétraèdres
partiels ,
se trouvant sollicité comme l’était letétraèdre
DU POLYÈDRE.
57tétraèdre unique
que nous avionspecedemment
considéré(2),
serade lui-même en
équilibre;
le tétraèdre total le sera doncaussi ;
ill’était donc
déjà
avant l’introduction de ces nouvelles forces.Si le centre du cercle circonscrit à la base du tétraèdre lotdi lui était
extérieur ,
cetétraèdre .
au lieu d’être la somme des trois tétraèdrespartiels,
serait la somme de deux d’entre eux diminuée dutroisième,
ou l’un d’eux diminué de la somme des deux autres;et il
n’y
aurait de différence dans le raisonnementqu’en
ce queles
forces,
sollicitant les tétraèdrespris soustractivement,
devraientêtre considérées comme
agissant
du dedans audehors,
du moinssi ,
comme nous l’avonssupposé ,
les forcesprimitives agissaient
du dehors au dedans. Ce serait l’inverse dans le cas contraire.
4. Soit ,
en troisièmelieu ,
un tétraèdrequelconque ,
ABCDsollicité ,
aux centres degravité
des aires de cesfaces ,
par desforces
perpendiculaires
à leursplans
etproportionnelles
à leurétendue ,
que nous supposerons,(pour
fixer lesidées, agir
toutesdu dehors au dedans.
Considérons le centre 0 de la
sphère
circonscrite comme lesommet commun de
quatre
tétraèdrespartiels OABC, OBCD, OCDA, ODAB , ayant
pour bases les facesABC, BCD, CDA ,
DAB dupreinier ; si,
pour fixer encore lesidées,
nous supposons lepoint
0 intérieur au tétraèdre
proposé ,
ce tétraèdre sera la somme desquatre
tétraèdrespartiels,
dont chacun sera d’ailleursconditionné,
comme celui du cas
précédent (3;.
Concevons
qu’aux
centres degravité
des aires des six facesAOB, AOC, BOC , AOD , BOD , COD,
communes à nos tétraèdrespartiels pris
deux àdeux,
etperpendiculairement
auxplans
deces
faces ,
onapplique
deux forceségales
etcontraires ,
propor- tionnelles à leurétendue ;
cesforces,
étant deux à deux enéqui-
libre y
nechangeront
rien à l’état dusystème.
Mais,
par suite de l’introduction de ces mêmesforces
chacundes tetraèdres
partiels
se trouvera exactement dans le même casque le tétraèdre
unique
du casprécédent (3) ;
ce tétraèdrepartiel
Tom. X. 8
demeurera donc en
équilibre ;
le tétraèdre total y demeurera donc aussi : il devait donc êtredéjà
enéquilibre antérieurement
à l’intro-duction de ces forces.
Si le centre 0 de la
sphère
circonscrite était extérieur au tétraèdretotal,
alors cetétraèdre,
au lieu d’être la somme desquatre
tétraèdrespartiels , pourrait
être ou la somme de trois d’entre eux diminuée duquatrième ,
ou la somme de deux d’entre eux diminuée de la sommedes deux
autres,
ou encore l’un d’entre eux diminué de la somme des trois autres ; et iln’y
aurait de différence dans le raisonnementqu’en
ce que , dans les tétcaèdrespartiels pris soustractivement ,
il
faudrait supposer
que les forcesagissent
du dedans audehors ,
sidu
moins ,
comme nous l’avonsadmis ,
les forcesprimitives agis-
saient
du dehors au dedans. Ce serait l’inverse dans le cas contraire.5. ’Dans
la démonstration relative autétraèdre,
onpourrait remplacer
la considération du centre de lasphère
circonscritepar
celledu
centre de lasphère inscrite ;
en suivant à peuprès
le mode dedécomposition indiqué
à la page346
duVI.e
volume de ce recueil. Il sepeut ,
ausurplus , qu’il
existequelque procédé plus simple
encore pourparvenir
aubut ,
etnous nous
empresserions’
de lesignaler
s’il nous était offert.6. Concevons un tétraèdre inscrit à un autre tétraèdre de telle manière que les sommets du
premier
soient les centres degravité
des aires des faces du
second ;
ces deux tétraèdresayant
les faceshomologues parallèles
chacune à chacune serontsemblables ,
et lesperpendiculaires
élevées auxplans
des faces del’un ,
par les centrer degravité
des aires de cesfaces,
seront dans l’autre les perpen- diculaires abaissées des sommets sur lesplans
des facesopposées.
De là,
et de cequi
vient d’être démontréci-dessus ,
onpeut
conclure laproposition
suivante :Si l’on
applique
auxquatre
sommets d’untétraèdre
desforces
de
directionsperpendiculaires
auxplans
desfaces opposées
etrespectivement proportionnelles
aux aires de cesfaces,
letétraèdre
demeurera
enéquilibre.
DU
POLYÈDRE. 59
Par des considérations
semblables
on s apurera de la vérité de cetteproposition analogue
degéométrie plane :
Si
onapplique
auxquatre
sommets d’untriangle
desforces
situées
dans sonplan , perpendiculaires
arm directions des côtésopposées,
etproportionnelles
auxlongueurs respectives
de cescôtés ;
letriangle
demeurera enéquilibre.
7. Soit
présentement
unepyramide quelconque
aux centres degravité
des aires des faces delaquelle
soientappliquées ,
perpen- diculairement à leursdirections ,
des forcesproportionnelles à
l’étendue
de cesfaces ,
etagissant
touteségalement
soit du dehorsau dedans soit du dedans au dehors.
Soit
décomposée
cettepyramide
entétraèdres,
par desplans
dia-gonaux ; et soit en même
temps remplacée
la forcequi agit
aucentre de
gravité
de l’aire de sa base en d’autres forcesparallèles
à la direction de
celle-là, ayant
leurspoints d’application
auxcentres de
gravité
des aires destriangles
résultant de la décom.position
de cettebase ,
et des intensitésrespectivement propor-
tionnelles aux aires de ces
triangles,
cequi
estpermis.
Concevons de
plus qu’au
centre degravité
de l’aire dechacun
des
plans diagonaux qui
divisent lapyramide
entétraèdre, on
applique , perpendiculairement
à ladirection
de ceplan , deux
forces égales
etcontraires , proportionnelles
à l’étendue de ceplan;
ces dernières forces se trouvant deux à deux en
équilibre ,
leurintroduction ne
changera
absolument rien à l’état dusystème.
Mais
alors ,
chacun des tétraèdres résultant de ladécomposition
de la
pyramide ,
se trouvant sollicité comme l’était le tétraèdreunique
du casprécédent (4) ,
sera de lui-même enéquilibre ;
la
pyramide
le sera doncaussi ;
etconséquemment
elle devaitl’être
déjà
antérieurement à l’introduction des nouvelles forces.8. Soit enfin un
polyèdre quelconque
aux centres degravité
des aires des faces
duquwl
soientappliquées perpendiculairement
àleurs
directions ,
des forcesproportionnelles à
l’étendue de cefaces,
etagissant
touteségalement
soit du dehorsau dedans
soitdu dedans au dehors.
Soit
décomposé
cepolyèdre
enpyramides ayant
ses faces pourbases,
et pour sommet commun unpoint pris
arbitrairement dansson
intérieur ;
concevonsqu’ensuite
onapplique
au centre degravité
de l’aire de chacun des
triangles qui
servent de faces latérales communes à deuxpyramides consécutives ,
etperpendiculairement
au
plan
de cetriangle,
deux forceségales et contraires,
propor- tionnelles àl’étendue
de ce mêmetriangle ;
lesforces,
ainsiintroduites,
se trouvant en
équilibre
deux àdeux,
nepourront
rienchanger
à l’état du
système.
Mais alors,
chacunedes pyramides
résultant de ladécomposition
du
polyèdre ,
se trouvant sollicitée comme lapyramide unique
ducas
précédent (7), devra,
pour cetteraison ,
être elle-même enéquilibre ;
lepolyèdre
formé de l’ensemble de cespyramides
seradonc aussi en
équilibre ;
etconséquemment
il devait l’êtredéjà
antérieurement à l’introduction des nouvelles
forces ;
le théorèmeénoncé au commencement de cet
article ,
se trouve donc ainsirigou-
reusement ’et
complètement
démontré.On
peut
déduire de cethéorème ,
entre autresconséquences,
que si un
polyèdre
libre nonpesant
se trouveplongé
dans unfluide élastique indéfini
sanspesanteur,
ou que si unvase polyèdre
libre non
pesant
etexactement fermé, placé
dans levide,
se trouverempli
d’unfluide élastique
sanspesanteur ;
l’action dufluide
surla
surface
extérieure dupolyèdre
ou sur lasurface
intérieure duvase ne