A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
S. D ESER
Décomposition covariante et énergie du champ gravitationnel
Annales de l’I. H. P., section A, tome 8, n
o3 (1968), p. 269-273
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269
Décomposition covariante
et énergie du champ gravitationnel (*)
S. DESER (Institut Henri Poincaré, Paris
et Brandeis University, Weltham, Massachusetts).
Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. VIII, n° 3, 1968 Physique théorique _
RÉSUMÉ. - La
décomposition
covariante d’un tenseursymétrique permet
une démonstration
transparente,
pour lessystèmes
àsymétrie
dans letemps,
du résultat quel’énergie
duchamp gravitationnel
est définiepositive.
Plus
exactement,
il est démontré quel’énergie,
comme fonctionnelle de lagéométrie,
n’est stationnairequ’à l’espace plat, près duquel
elle est définiepositive.
ABSTRACT. - The covariant
decomposition
of asymmetric
tensorleads,.
for
systems
with a moment of timesymmetry,
to atransparent
derivation of the result that the energy of thegravitational
field ispositive
definite.More
precisely,
we show that the energy, as a functional of the geo-.metry,
hasonly
one extremum-flatspace about
which it ispositive-
definite.
Dans un article récent
[1],
nous avons défini la notion dedécomposition
covariante d’un
champ
tensorielsymétrique, généralisant
aux espaces Riemanniens sadécomposition (quand g~~
=bij)
en « purs »spins 2,
1et 0.
L’application qui
nous intéressaitprincipalement
était leproblème
du
signe
del’énergie
duchamp gravitationnel.
Ils’agit
de démontrer quece
signe
estpositif (et
tel que E = 0implique
quel’espace-temps
estplat),
sans avoir à résoudre
explicitement (ce qui
n’estgénéralement
paspossible)
les
équations
de contrainteG~ =
0 en fonction d’unecomposante
dite.(*) Supported
in partby
US Air Force, OSRGrant,
AF 368-67.270 S. DESER
( de contrainte » de la
métrique [Les
détails de ladécomposition
et duproblème
étant donnés dans[1],
nous y renvoyons lelecteur, rappelant
seulement ici les
équations qui
nous serontnécessaires].
Depuis l’apparition
de[1],
leproblème
a été résolu par D. Brill et l’au- teur[2],
utilisant une méthodevariationnelle,
où ladécomposition
cova-riante entre d’une manière essentielle pour la
partie
«cinétique »
del’énergie
du
champ.
Nousappliquons
cette même méthodeici,
mais en utilisantla
décomposition
pour lapartie
«potentiel ».
On obtient ainsi une démonstra- tionélémentaire,
dans le cas oùl’énergie cinétique
s’annule momentané- ment. Nous utiliserons ici le fait que, contrairement au tenseurmétrique
gij,qui
nepeut
êtredécomposé (étant
le « tenseur unité » parrapport auquel
la
décomposition
estdéfinie),
sa variationbg ij
le peut bien. Lasignification physique
des diversesparties
de ladécomposition
sedégagera
en mêmetemps.
L’énergie
duchamp gravitationnel (avec
ou sanssources)
est définiepar une
intégrale
de flux(1),
sur une surface
spatiale t
= 0 à l’infini. Cette définition est valable pour dessystèmes
isolés(asymptotiquement plats)
dont lamétrique
a le compor- tementasymptotique
dans une direction
spatiale [Toutes
les définitions usuellesd’énergie gravi-
tationnelle sont
équivalentes
à(1)
sous cesconditions].
D’autre
part,
les données initialesgij
et leursconjuguées ~~’
sont liéespar les contraintes Ru = 0 :
où
C’est,
enprincipe,
àpartir
de(3 a)
que la forme del’énergie
est donnéepar
(1)
en résolvant RJL = 0pour gT
en fonction des autres variables. La(1)
La notation est celle de [1], indices latins(grecs),
allant de 1 à 3 (0 à3),
signature(2014, 201420142014);
unités :1603C003B3
= 1 = c. Toutes opérations covariantes sont par rapport à la 3-métrique g~~ ( = partiespatiale
de et les densités sontindiquées
par les lettresgothiques.
DÉCOMPOSITION
décomposition
covariante d’un tenseursymétrique arbitraire,
a surtout étéexploitée
dans[1]
et[2]
pour résoudre les conditions de transversalité(3 b) des 03C0ij.
Nous nous bornons donc ici au cascomplémentaire
dit de «symé-
trie dans letemps »
où lesnij
s’annulent à l’instant t = 0 et il ne reste que les gaz, contraints à satisfaire la seule condition((3a)
avecnU
=0)
que la courbure scalaire R s’annule(2).
La méthode variationnelle détermine les extréma de E
(comme
fonction-nelle des données
initiales)
et démontrequ’il n’y
aqu’un
seul :l’espace plat,
dont on saitindépendamment [3] qu’il
est un minimum. Les variations doivent évidemmentrespecter l’équation
decontrainte,
que nous écrivonsA cause de cette
équation,
nous pouvons aussi nous servir de l’identité deBianchi,
i7 z0,
sous la formeLes conditions
(4a, b) astreignent
doncR ij
à être sans trace et transverse.Rappelons
maintenant lespropriétés
essentielles de ladécomposition
covariante :
où
TijTT
est lapartie
transverse-trace nulle du tenseur arbitraireTi’
et le vecteurTi
et la scalaire W sont donnés par des
équations elliptiques
en fonction dep
JTi’
etT: (par
ex. ~03A8 =TD.
Ladécomposition
est évidemment ortho-gonale
dans le sensqu’un
vecteur « TT » l’est à tout tenseurayant
la forme(3)
l’intégration
s’étendant sur toutl’espace t
= 0.(2)
Une caractérisation alternative de tels systèmes estqu’ils
admettent unesurface minimale
(7t~
=0)
surlaquelle
la scalaire R de courbureintrinsèque
s’annule.
(3)
Ladécomposition,
étantcovariante,
peutagir
indifféremment surTU, Tu
ou sur une densité de
poids quelconque. L’intégrale
dans(6)
s’entendtoujours
avec lapuissance explicite
devi
nécessaire pour rendrel’intégrande
totale une densité scalaire.
272 S. DESER
Retenant le fait que
Rij
=jouit
de lapropriété (6),
prenons main- tenant la variation de(4 a), qui
doit rester nulle(4) :
En
prenant l’intégrale
de(7),
nous avonsoù la
possibilité
dedécomposer
le tenseur nous apermis
d’utiliser(6).
Or,
de l’identité dePalatini,
le membre
gauche
de(8)
se réduit à la formeMais le membre droit de
(10)
estprécisément
la variation del’énergie (5) (1), compte
tenu des conditions limites(2), qui
doivent êtrerespectées
par leségalement
Donc, quand
JEs’annule,
on ace
qui implique
car
c5gijTT
estarbitraire,
seule lapartie
scalaire de étantdéterminée,
par 5R =
0,
en fonction des autrescomposantes.
Ceci conclut la démonstra-(4)
Les variations des et du terme X dans(3),
nécessaires enprincipe,
ne
jouent
pasici,
X étantquadratique
dans les les coefficients de toute varia- tion 8X seront donc au moins linéaires en 1tij et s’annuleront.(5)
Notonsqu’ici
on ne peut évidemment pas supposer a priori que les8g;y
décroissent
rapidement
à l’infini,puisque
8Ecorrespond
en fait à une variationde
gT
telle queDÉCOMPOSITION ÉNERGIE
tion,
car l’on sait(6)
queRij
= 0 etnij
= 0impliquent
ensemble quel’espace
est
plat,
= 0 à t = 0(et
parconséquent
pour touttemps).
La
décomposition
covariantepermet donc,
pour lessystèmes
àsymétrie
dans le temps, de démontrer en
quelques lignes,
de la définition(1)
et despropriétés (4) (7)
deRij’
quel’espace plat
est le seul «point »
oùl’énergie
est stationnaire.
Quant
à la deuxièmevariation,
l’on saitdéjà qu’elle
estdéfinie
positive près
del’espace plat.
Sapartie
«potentiel »
=0)
s’écrit
dans un
système
de coordonnées cartésiennes. Tenantcompte
de l’identitél’on a la forme amusante
Quant
au sensphysique
des diversesparties
deRij
etbgij,
il est clairque la
partie
« TT »représente
lapartie
«spin
2 pur »,qui
contient lesexcitations
dynamiques
libres duchamp.
Eneffet,
le tenseurRi J
est pur« TT »
quand
R =0,
et il suffit donc de démontrer que ses deux com-posantes RTT
s’annulent. Le coefficient03B4gijTT
deRijTT
est, demême,
lapartie physique
des variations de lamétrique.
Par contre, lapartie spin 1,
qui correspond
auxchangements
de coordonnées(partie jauge)
ne contribuepas, à cause de l’invariance de
l’énergie
vis-à-vis de ces transformations.Finalement,
lapartie
« contrainte )) despin 0, représente
5E même(terme
de
flux),
mais ne contribue pas àl’intérieur,
où soncoefficient, R,
s’annule.RÉFÉRENCES
[1] S. DESER, Ann. Inst. H.-Poincaré, t. 7,
1967,
p. 149.[2] D. BRILL et S. DESER,
Phys.
Rev. Lett., t. 20, 1968, p. 75.[3] H. ARAKI, Ann.
of Phys.,
t. 7, 1959, p. 456 et [2].Manuscrit reçu le 24 octobre 1967.