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L'impact des interventions cognitives sur les symptômes cognitifs dans la maladie de Parkinson idiopathique : recension systématique des écrits

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L’impact des interventions cognitives sur les

symptômes cognitifs dans la maladie de

Parkinson idiopathique : recension systématique

des écrits

Mémoire doctoral

Marianne Couture

Doctorat en psychologie

Docteur en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

(2)

L’impact des interventions cognitives sur les

symptômes cognitifs dans la maladie de

Parkinson idiopathique : recension systématique

des écrits

Mémoire doctoral

Marianne Couture

Sous la direction de :

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III

RÉSUMÉ DU MÉMOIRE

La maladie de Parkinson (MP) est un trouble progressif qui atteint principalement le fonctionnement moteur, mais est également associé à un ensemble de symptômes non-moteurs notamment les symptômes psychologiques et comportementaux, ainsi que le trouble cognitif léger (TCL) et la démence. Les altérations cognitives ont d’ailleurs un impact majeur sur le fonctionnement et la qualité de vie du patient et de son aidant. Depuis les dernières années, plusieurs chercheurs s’intéressent au TCL dans la MP (MP-TCL) puisqu’il est associé à un risque accru de développer une démence avec la progression de la pathologie. À travers le monde, il n’existe aucun traitement pharmacologique permettant de guérir la maladie et de rétablir la cognition dans le MP-TCL. Il apparaît donc important d’explorer d’autres avenues thérapeutiques telles que les méthodes d’interventions cognitives qui pourraient engendrer des effets positifs sur le fonctionnement cognitif dans le TCL. L’effet des interventions cognitives sur les symptômes cognitifs de la MP est cependant encore peu connu.

Ce mémoire doctoral consiste à effectuer une recension critique et systématique des écrits scientifiques pour évaluer les effets de la stimulation cognitive, de l’entraînement cognitif et de la réadaptation cognitive sur le fonctionnement cognitif chez des patients atteints de la MP cognitivement intacts ou présentant un MP-TCL. Les résultats ont montré un certain bénéfice significatif des interventions cognitives dans plusieurs domaines cognitifs ainsi que sur le plan psychologique, comportemental et fonctionnel bien que plusieurs limites dans les études ne permettent pas de tirer des conclusions robustes. Le Chapitre 1 détaille l’état actuel des connaissances et situe la problématique dans son contexte scientifique. Le Chapitre 2 présente les résultats de la recension systématique quantitative. Enfin, le Chapitre 3 propose des pistes de réflexions en lien avec les résultats obtenus, de même qu’une critique de l’état de la littérature actuelle portant sur le sujet de recherche. Des recommandations pour orienter les recherches futures sont également abordées.

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IV

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ DU MÉMOIRE ... III TABLE DES MATIÈRES ... IV LISTE DES TABLEAUX... VII LISTE DES FIGURES ... VIII LISTE DES ABRÉVIATIONS ... IX REMERCIEMENTS ... XI AVANT PROPOS ... XIII Structure du mémoire doctoral ... XIII

CHAPITRE I : INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

Neuropathologie et altérations neurochimiques dans la maladie de Parkinson idiopathique ... 2

Présentation clinique de la maladie de Parkinson idiopathique ... 3

Les symptômes moteurs ... 3

Les symptômes non moteurs ... 4

Substrat neurochimique et neuropathologique aux altérations cognitives... 13

Traitement pharmacologique des symptômes cognitifs ... 14

Traitement non-pharmacologique des symptômes cognitifs ... 16

Objectifs de la recension ... 25 CHAPITRE II : ARTICLE ... 26 Résumé ... 27 Abstract ... 28 Objectives ... 31 Methods ... 31 Search Strategy ... 31 Selection criteria ... 32 Data extraction ... 32

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V

Statistical analysis ... 33

Results ... 34

Sample Size and Participants Characteristics ... 34

Research Designs and Methodological Quality of the Studies ... 35

Cognitive Intervention Programs ... 35

Results of Cognitive Interventions: Efficacy to improve cognition ... 37

Results of Cognitive Intervention: Non-cognitive Outcomes ... 43

Discussion ... 43

Conclusion ... 50

References ... 52

Tables ... 62

Figures ... 94

CHAPITRE III : DISCUSSION GÉNÉRALE ... 97

Impact des interventions cognitives sur les mesures cognitives et non-cognitives .... 97

Comparaison entre les traitements pharmacologiques et les interventions cognitives ... 99

Limites des interventions cognitives incluses dans les études recensées ... 100

Limites et forces du mémoire doctoral ... 102

Limites des études recensées ... 102

Limites du mémoire doctoral ... 105

Forces du mémoire doctoral ... 106

Implications des résultats et recommandations ... 107

Recommandations pour les recherches futures ... 108

Conclusion ... 111 Références ... 113 Annexes... 127 Annexe A ... 127 Annexe B ... 128 Annexe C ... 131 Annexe D ... 133

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VI

Annexe E ... 134

Annexe F ... 136

Annexe G ... 139

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VII

LISTE DES TABLEAUX

Table 1 : Search strategy and keywords used in the EBSCO, EMBASE, MEDLINE

(OVID), and PsycNET databases ... 62

Table 2 : Characteristics of Participants, Studies, and Interventions Programs ... 64

Table 3: Cognitive processes targeted and Content of Cognitive Intervention Programs ... 67

Table 4: Measures of Efficacy and/or Effectiveness ... 69

Table 5: Cognitive Intervention Programs: Cognitive Measures and Efficacy Results ... 77

Table 6: Cognitive Intervention Programs: Subjective Cognitive Complaint Measures, Functional Measures and Results ... 90

Table 7: Cognitive Intervention Programs: Behavioral & Psychological Measures and Results... 92

Tableau 1 : Stades d’évolution de la pathologie de la maladie de Parkinson idiopathique ... 127

Tableau 2 : Critères diagnostiques du NINDS et de la UK-PD-BRC ... 128

Tableau 3 : Critères diagnostiques de la MP idiopathique selon la «Movement Disorder Society» ... 131

Tableau 4 : Version originale et modifiée des 5 stades de H & Y ... 133

Tableau 5 : Critères diagnostiques du MP-TCL ... 134

Tableau 6 : Critères diagnostiques de la MP-D ... 136

Tableau 7 : Stratégies d’interventions cognitives restauratrices et compensatoires .... 139

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VIII

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Flow chart of the different phases of slection for the systematic review ... 94 Figure 2 : Within-Group Analyses : Efficacy Results ... 95 Figure 3: Between-Groups Analyses: Efficacy Results ... 96

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IX

LISTE DES ABRÉVIATIONS

ADL : Activities of daily living

AIVQ : Activités de la vie quotidienne instrumentales AVQ : Activités de la vie quotidienne

BL : BaselineCCDAN : The standardized scale of the Cochrane Collaboration Depression Anxiety and Neurosis Review Group

CDR : Cognitive Drug Research CDT : Clock-Drawing Test CS : Cognitive stimulation CT : Cognitive training CR : Cognitive rehabilitation DA : Dopamine

D-KEFS : Delis Kaplan Executive Function System

DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders E/T : End of treatment

FU : Follow-up

GDS : Geriatric Depression Scale GMT : Goal management training H & Y : Hoehn et Yahr

LARS : Lille Apathy Rating Scale MCI : Mild cognitive impairment MDS : Movement Disorders Society MP : Maladie de Parkinson

MP-TCL : Trouble cognitif léger dans la maladie de Parkinson MP-D : Démence parkinsonienne

NINDS : National Institute of Neurological Disorders and Stroke NMDA : Antagoniste des récepteurs N-Méthyl-D-Asparate PAS : Parkinson Anxiety Scale

PD : Parkinson’s disease

PDD : Parkinson’s disease dementia

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X

PD-NCI : Parkinson’s disease with no cognitive impairment PDQ-39 : The Parkinson’s Disease Questionnaire

RCT : Randomized controlled trial

RC-P-DA : Randomisée-contrôlée-placebo réalisée en double aveugle SD : Standard deviation

SPC : Symptômes psychologique et comportementaux

SPDDS : Self-Assessment Parkinson Disease Disability Scale TCL : Trouble cognitif léger

TDA/H : Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

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REMERCIEMENTS

Je souhaite tout d’abord remercier chaleureusement Martine Simard, ma directrice de recherche, qui m’a guidée tout au long de mon cheminement au doctorat de manière attentionnée et rigoureuse et qui m’a permis de mener à terme ce mémoire doctoral. Je lui suis extrêmement reconnaissante pour ses précieux conseils, ses encouragements, sa disponibilité, sa compréhension et le respect dont elle a fait preuve au cours de ces années. Je suis persuadée que cette expérience de supervision ainsi que nos nombreux échanges feront de moi une clinicienne sensible, méthodique et critique à l’égard des résultats issus des écrits scientifiques. Merci pour tout le soutien et pour la grande compétence avec laquelle elle a su me transmettre ses connaissances de manière à enrichir mon parcours doctoral clinique. Je souhaite également exprimer ma gratitude pour les opportunités présentées, que ce soit par les contrats d’auxiliaire ou par les encouragements à partager mes résultats de recherche à l’étranger. J’ai la conviction que son implication m’a immensément aidée à améliorer et à parfaire mon projet de recherche, tout autant qu’à m’épanouir comme future neuropsychologue.

Mes remerciements vont également à Ariane Giguère-Rancourt, seconde auteure de l’article. Merci infiniment pour tous les efforts déployés afin de m’aider à accomplir ce projet de recherche. Je la remercie d’avoir partagé avec moi ses connaissances et de s’être rendue disponible à plusieurs reprises, malgré ses multiples engagements. Sa rigueur ainsi que son sens critique ont certainement contribué à bonifier la qualité de ce travail.

Je tiens également à exprimer ma reconnaissance envers Dre Nancie Rouleau, membre de mon comité d’encadrement, qui par son expérience et ses commentaires constructifs a permis de rehausser la qualité et la pertinence de ce projet de recherche. Un grand merci pour le temps et les réflexions qu’elle a accordés à ce travail. Sa contribution aura indéniablement permis de rendre ce projet de recherche davantage robuste et complet.

Merci aux autres membres du laboratoire, Éva, Laïla, Marika et Marc-André, pour tout leur support et les nombreux conseils rendant l’accomplissement de ce travail possible et agréable.

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XII

Il est difficile de trouver les mots pour témoigner ma gratitude envers le rôle inestimable que mes parents ont joué dans la réalisation de ce mémoire doctoral. Merci pour vos nombreux encouragements, votre écoute, votre confiance en mes capacités, votre patience et pour l’amour inconditionnel dont vous avez fait preuve. Un merci tout particulier à ma mère pour ses lectures attentives et son appui. En plus de leur support constant, mes parents m’ont transmis le goût d’apprendre, le goût du défi et de l’effort. À ma famille et mes amis, je vous remercie pour votre présence, votre soutien et les moments passés avec vous qui m’ont permis de me ressourcer.

Merci à Benoit, qui m’a accompagnée tout au long de mon cheminement en psychologie. Merci d’être à mes côtés dans les périodes plus exigeantes et de toujours m’encourager à persévérer malgré les obstacles. Je te suis extrêmement reconnaissante pour ta compréhension, ta patience et je tiens à te remercier d’avoir toujours su te montrer aimant et de m’avoir permis de garder un équilibre entre le travail et le plaisir.

Mes derniers remerciements vont à la Faculté des sciences sociales, pour son soutien financier au cours de mes études doctorales, et au Réseau québécois de Recherche sur le Vieillissement (RQRV), pour son appui financier à la diffusion de mes résultats de recherche.

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AVANT PROPOS

Structure du mémoire doctoral

Le présent mémoire doctoral a été rédigé selon une structure « sur article » qui comporte trois chapitres. Le chapitre I constitue l’Introduction générale du mémoire, qui a pour but de situer ce travail dans son contexte scientifique et d’exposer les objectifs du ce travail de recherche. Le chapitre II comporte l’article scientifique qui a été rédigé dans le cadre du travail de recherche associé à ce mémoire doctoral. L’article consiste en une revue systématique et critique des écrits scientifiques de nature quantitative qui présente les effets des interventions cognitives sur le fonctionnement cognitif de patients atteins de la MP, présentant ou non un trouble cognitif léger. Les aspects méthodologiques ainsi que les résultats obtenus s’y retrouvent. Enfin, le chapitre III constitue la Discussion générale du mémoire, qui a permis d’élargir et d’approfondir davantage les réflexions issues des résultats de ce travail de recherche.

Les trois chapitres ont été rédigés par l’auteure du présent mémoire doctoral. Plus spécifiquement, elle a pris part aux processus de définition de la problématique, d’élaboration des objectifs de recherche, de collecte et d’analyse des données, ainsi que d’interprétation des résultats. Les coauteures de l’article scientifique ont toutes fourni une contribution scientifique justifiant leur affiliation à cette publication. La deuxième auteure a principalement contribué au processus de sélection des études, d’extraction des données et d’analyse de la qualité méthodologique des études incluses dans la recension issue de ce projet de recherche. Quant à la troisième auteure, elle a fourni un apport intellectuel majeur par le biais de plusieurs propositions et révisions du contenu de cet article.

L’article présenté au chapitre II de ce mémoire doctoral est en préparation pour soumission à la revue scientifique Current Aging Science. Dans cette perspective, le texte a été rédigé en anglais conformément aux règles de rédaction énoncées par la revue. Les chapitres I et III du mémoire ont été rédigés en français de manière à respecter la politique de la Faculté des Études Supérieures et Postdocorales (FESP) de l’Université Laval concernant l’insertion d’articles rédigés dans une autre langue que le français dans

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un mémoire ou une thèse. Le format de ces chapitres respecte les normes de rédaction et de présentation en vigueur à l’École de psychologie de l’Université Laval, soit celles proposées par l’American Psychological Association (APA), de même que les normes de rédaction et de présentation de la FESP.

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1

CHAPITRE I : INTRODUCTION GÉNÉRALE

La maladie de Parkinson idiopathique (MP) est un trouble progressif qui se manifeste par un ensemble de symptômes moteurs et non-moteurs ayant un impact sur le fonctionnement de la personne atteinte (Chen et al., 2016). La MP est la maladie neurodégénérative la plus prévalente après la maladie d’Alzheimer (Jellinger et Attems, 2015). Elle affecte environ 100 000 Canadiens, dont 25 000 Québécois. De façon générale, les hommes et les femmes sont tous les deux touchés par la maladie, le risque de développer la MP étant estimé à environ 1,3% chez les femmes et à 2% chez les hommes (Wirdefelt et al., 2011).

Actuellement, l’incidence de la maladie se situe entre 10 à 20 nouveaux cas diagnostiqués chaque année pour 100 000 individus et elle devrait augmenter de façon considérable au cours des 30 prochaines années en raison du vieillissement de la population (Société Parkinson du Canada, 2011). Cette augmentation de l’incidence de la maladie aura certainement pour effet d’entraîner des conséquences sociales et économiques majeures pour la société. D’ailleurs, les traitements pharmacologiques font partie des coûts associés à la MP et ils ne permettent pas de guérir la maladie. En effet, ces traitements visent majoritairement à soulager les symptômes moteurs de la pathologie (Connolly et Lang, 2014, pour une revue). De plus, la prise de médication antiparkinsonienne peut affecter les fonctions cognitives (Poletti & Bonuccelli, 2013). Par conséquent, il demeure pertinent d’explorer d’autres approches thérapeutiques telles que les méthodes d’intervention cognitive. L’objectif du présent mémoire doctoral consiste ainsi à évaluer l’impact de l’intervention cognitive sur les symptômes cognitifs dans la MP. Pour bien mettre en contexte la problématique de l’étude, les prochaines sections aborderont la neuropathologie ainsi que la présentation clinique de la MP, incluant les symptômes moteurs et non-moteurs, afin de comprendre la maladie dans toute sa globalité. Considérant l’objectif de l’étude, les symptômes cognitifs seront davantage approfondis dans le cadre du trouble cognitif léger dans la MP (MP-TCL) et de la démence parkinsonienne (MP-D). Enfin, les différents traitements pharmacologiques ainsi que les diverses approches au niveau de l’intervention cognitive seront présentés.

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Neuropathologie et altérations neurochimiques dans la maladie de

Parkinson idiopathique

Bien que l’étiologie de la maladie ne soit pas encore claire, il est cependant connu que la MP est une alpha-synucléinopathie (Jellinger, 2012 ; pour une revue). En effet, il s’agit, dès le début de maladie, d’une accumulation anormale, dans le tronc cérébral, de protéines α-synucléine, nommées corps et neurites de Lewy. Selon Braak et ses collaborateurs (2003), l’accumulation dans le cerveau de ces protéines α-synucléine se déroulerait en six étapes (les stades de Braak), commençant dans le complexe médullaire et olfactif pour finalement évoluer vers le néocortex (voir Tableau 1, dans Annexe A). Les symptômes moteurs de la maladie seraient d’ailleurs uniquement apparents vers le troisième ou quatrième stade selon cette classification (Braak et al., 2003). Dans les stades plus avancés de la MP, des anomalies pathologiques associées à la maladie d’Alzheimer peuvent être observées dans le cortex cérébral, soit une accumulation anormale de plaques de la protéine bêta-amyloïde ainsi que des dégénérescences neurofibrillaires (Jellinger, 2012 ; Lin et Wu, 2015).

Des dysfonctions neurochimiques surviennent également à tous les stades de la maladie. En début de maladie, il y a notamment une déplétion des neurones responsables de la production de dopamine au niveau de la substance noire pars compacta. Cette perte de cellules entraîne une diminution significative de la dopamine au niveau de la voie nigro-striatale, ce qui déclenche l’apparition des symptômes moteurs de la maladie (Dirnberger et Jahanshahi, 2013 ; Jellinger, 2011). Une déplétion d’environ 80% de la dopamine est d’ailleurs déjà présente au moment où le diagnostic est posé. En outre, les altérations pathologiques entraînent plus tard dans la maladie une dégénération d’autres voies dopaminergiques soit la voie limbique et la voie méso-corticale, ce qui aura pour effet d’engendrer une baisse de la dopamine au niveau du système limbique et du cortex frontal. En plus des déficits dopaminergiques, d’autres neurotransmetteurs sont ensuite touchés avec la progression de la maladie, dont la noradrénaline, la sérotonine, l’acétylcholine et le glutamate (Francis et Perry, 2007 ; Halliday, Leverenz, Schneider & Adler, 2014 ; Litvinenko, Odinak, Mogil’naya & Perstnev, 2010). Plus précisément, la déplétion de la dopamine dans la substance noire pars

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compacta affecte le système glutamatergique, entraînant ainsi un phénomène d’excitotoxicité neuronale (Ambrosi, Cerri & Blandini, 2014).

Présentation clinique de la maladie de Parkinson idiopathique

Les symptômes moteurs

Seuls les symptômes rapportés par le patient et l’examen neurologique

permettent de conclure en la présence de la pathologie, ce qui rend le diagnostic complexe (Jankovic, 2008). En fait, la MP se caractérise principalement par la présence de quatre signes cardinaux soit la bradykinésie, la rigidité musculaire, le tremblement au repos et l’instabilité posturale. Le tableau 2 (Annexe B) résume d’ailleurs les critères diagnostiques les plus utilisés et validés actuellement qui ont été développés par le National Institute of Neurological Disorders and Stroke (Gelb, Oliver & Gilman, 1999) et par la United Kingdom Parkinson’s disease Brain Research Centre (Hughes, Daniel, Kilford & Lees, 1992).

De nouveaux critères diagnostiques pour la MP ont récemment été développés par la Movement Disorders Society (Postuma et al., 2015). Ces nouveaux critères tiennent compte de l’avancement des connaissances sur la MP au cours des dernières années en lien, entre autres, avec l'identification de l'alpha-synucléine et l'importance des symptômes non-moteurs dans la maladie. L’objectif de ces nouveaux critères diagnostiques est d’assurer la standardisation de la définition de la maladie en contexte de recherche clinique et de faciliter le processus diagnostique en pratique clinique. La structure de ces critères demeure similaire aux précédents, bien que le contenu diffère sur certains points, notamment par 1) l'exclusion de l'instabilité posturale comme l'un des symptômes cardinaux ; 2) le retrait de la démence comme critère d'exclusion de la MP; et 3) l’augmentation de l’importance accordée au moment d'apparition des symptômes. Pour obtenir davantage d’informations, voir le tableau 3 (Annexe C).

Ces critères ne seront toutefois pas utilisés dans le cadre de la présente recension considérant que la vaste majorité des études portant sur les interventions cognitives dans la MP n’utilise pas encore ces nouveaux critères diagnostiques.

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Par ailleurs, deux formes cliniques de la MP existent dont la forme avec prédominance de tremblements, qui est la plus commune, et celle avec prédominance de symptômes de rigidité. La forme rigide ainsi que la présence d’instabilité posturale seraient associées à un plus grand déclin cognitif et un plus grand risque de développer une démence (Poletti et al., 2012). Bien que l’âge moyen d’apparition des premiers symptômes soit d’environ 55 ans, la MP peut se manifester autant chez les jeunes adultes que chez les personnes âgées (Société Parkinson du Québec, 2011). En effet, il existe la forme de la MP à début précoce qui réfère aux patients dont les premiers symptômes apparaissent approximativement avant l’âge de 40 ans ainsi que la forme à début tardif qui est plus fréquente et renvoie aux patients dont les premiers symptômes se manifestent après 60 ans (Gomez Arevalo, Jorge, Garcia, Scipioni & Gershanik, 1997). L’évolution de la MP peut donc varier selon la forme clinique présentée, mais aussi d’une personne à une autre. Néanmoins, une progression lente et insidieuse des symptômes est généralement observée (Gelb et al., 1999 ; Hughes et al., 1992 ; Poewe, 2006). Les cinq stades de Hoehn et Yahr (H & Y) (1967) qui ont été ensuite modifiés par Goetz et ses collaborateurs (2004) permettent d’ailleurs de dresser un portrait typique de l’évolution motrice de la pathologie (voir Tableau 4, dans Annexe D).

Les symptômes non moteurs

Bien qu’il s’agisse d’abord d’une pathologie motrice, les symptômes non moteurs sont communs et souvent sous-estimés dans la MP. Ils englobent notamment les symptômes autonomes, végétatifs et sensoriels, ainsi que les symptômes psychologiques et comportementaux (SPC), et les symptômes cognitifs (Bonnet & Czernecki, 2013). Ces différents symptômes non-moteurs peuvent être présents avant l’apparition des premiers déficits moteurs, mais ils se manifestent habituellement avec la progression de la pathologie. Dans les stades plus avancés de la MP, les symptômes non-moteurs peuvent même surpasser les déficits rencontrés sur le plan moteur, diminuer la qualité et l’espérance de vie des patients et alourdir le fardeau de la maladie (Bonnet & Czernecki, 2013). Bien que ces symptômes aient tous un rôle à jouer dans l’évolution de la maladie, seuls les symptômes cognitifs seront approfondis dans le cadre

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du présent projet, tandis que les autres symptômes ne seront présentés que brièvement dans les prochains paragraphes.

Symptômes autonomes et végétatifs

Une augmentation de la transpiration, une augmentation de la fréquence urinaire ainsi que de l’hypotension orthostatique constituent des symptômes qu’une personne atteinte de la MP peut présenter. Ces symptômes peuvent d’ailleurs se manifester avant l’apparition des premiers signes moteurs de la maladie (Chen et al., 2013). Des manifestations telles que de la fatigue et une augmentation ou une diminution du poids peuvent également être rencontrées dans la MP (Bonnet & Czernecki, 2013).

Symptômes sensoriels

Les patients ayant la MP peuvent également présenter de l’hyposmie qui fait

référence à une diminution anormale de l’odorat (Chen et al., 2013). Il est désormais admis que cette dysfonction olfactive est fortement associée avec le risque de développer la MP (Chen et al., 2013) ; par conséquent, l’hyposmie se manifeste généralement avant l’apparition des premiers symptômes moteurs de la maladie (Xiao, Chen & Le, 2014). Par ailleurs, la douleur, le plus souvent de type musculo-squelettique, est fréquente dans la MP et est secondaire à l’intensité des symptômes moteurs. En effet, la douleur est souvent associée chez certains patients aux fluctuations des symptômes moteurs et aux variations du dosage de leurs médicaments dopaminergiques, surtout chez les patients prenant des agents dopaminergiques depuis une longue période de temps (Lim et Lang, 2010).

Les symptômes psychologiques et comportementaux

Parmi les SPC, le plus fréquent est la dépression qui affecte 30 à 50% des patients (Tan, 2012). De plus, l’apathie ainsi que l'anxiété sont les troubles les plus prévalents après la dépression (Bonnet & Czernecki, 2013). Selon Weintraub et ses collaborateurs (2015), l’apathie ou l’anxiété serait trois fois plus fréquentes chez les patients atteints de la MP nouvellement diagnostiqués comparés aux sujets contrôles appariés selon l’âge et le niveau d’éducation. L’ensemble de ces symptômes psychologiques peuvent même précéder l’apparition des premières atteintes motrices ou être observés dès les premiers stades de la pathologie (Bonnet & Czernecki, 2013). La MP peut également être marquée

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par d’autres SPC dont des hallucinations visuelles qui apparaissent généralement plus tard dans l’évolution de la maladie, (Arnulf et al., 2015; Bonnet & Czernecki, 2013; Chaudhuri, Odin, Antonini, & Martinez-Martin 2011) Au plan comportemental, les troubles du contrôle des impulsions sont davantage fréquents dans la MP que dans la population générale affectant environ 13,6% des patients, et ce principalement pour ce qui est du jeu pathologique (Weintraub et al., 2014). De même, des troubles du sommeil tels que le trouble du comportement en sommeil paradoxal et la somnolence diurne excessive sont fréquemment rencontrés dans la MP et peuvent se manifester des années avant l’apparition des premiers symptômes moteurs ou dès les premiers stades de la maladie (Weintraub et Burn, 2011).

Le trouble cognitif léger

En plus des différentes problématiques mentionnées ci-haut, des altérations cognitives sont aussi rapportées, et ce même chez les patients nouvellement diagnostiqués (Yarnall et al., 2014). Parmi les symptômes non-moteurs de la MP, le trouble cognitif léger (TCL) est l’un des plus importants et des plus fréquemment rencontrés dans la maladie (Winter et al., 2011), sa prévalence étant approximativement de 27% dans la MP (Litvan et al., 2011, pour une revue). Plus spécifiquement, le concept du «trouble cognitif léger» renvoie aux déficits cognitifs qui sont intermédiaires entre les changements cognitifs liés au vieillissement normal et le début de la démence (Litvan et al., 2012). Cette condition est également accompagnée de capacités fonctionnelles de base relativement normales (Barone et al., 2011 ; Carpi et al., 2013). Le TCL peut toutefois altérer quelque peu la capacité du patient à effectuer des activités de la vie quotidienne instrumentales (AIVQ) (Rosenthal et al., 2010 ; Yarnall, Rochester & Burn, 2013) et par le fait même affecter la qualité de vie de la personne atteinte (Yang, Tang & Guo, 2016 ; Lawson et al., 2014).

Afin d’identifier les patients avec MP-TCL et d’orienter éventuellement leur traitement, la Movement Disorder Society a récemment élaboré des critères diagnostiques (voir Tableau 5, dans Annexe E) (Litvan et al., 2012). En outre, le TCL peut être divisé en quatre sous-types selon les critères de Winblad et ses collaborateurs (2004), dont les deux principaux consistent en un déficit prédominant de la mémoire soit de manière isolée (TCL-amnésique, domaine unique) ou associé à une atteinte dans

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d’autres domaines cognitifs (TCL-amnésique, domaines multiples). Les deux autres sous-types font référence à une altération prédominante dans un champ différent de la mémoire soit de manière isolée (TCL-non amnésique, domaine unique) ou conjointe à une atteinte dans d’autres domaines cognitifs (TCL-non amnésique, domaines multiples) (Winblad et al., 2004). Ces différents sous-types montrent ainsi l’hétérogénéité du profil cognitif des patients avec MP-TCL (Wang et al., 2015 ; Tröster, 2011, pour une revue). Il existe actuellement une controverse dans les écrits scientifiques concernant le sous-type le plus répandu dans la MP. Effectivement, les résultats de certaines études révèlent que le sous-type non amnésique à domaine unique est le plus commun (Litvan et al., 2011 ; Wang et al., 2015) alors que d’autres montrent que le sous-type non amnésique à domaines multiples est le plus fréquemment rencontré dans la maladie (Matteau et al., 2011 ; Matteau, Dupré, Langlois, Provencher & Simard, 2012). Cette disparité dans les résultats pourrait être expliquée, entre autres, par le fait que les études de Matteau et de ses collaborateurs (2011 ; 2012) ont été réalisées auprès de patients avec MP-TCL plus avancés dans les stades de la maladie ; approximativement dans le stade III de H & Y. En effet, étant donné que les déficits cognitifs tendent à s’aggraver avec la progression de la MP (Barone et al., 2011, pour une revue), il serait tout à fait cohérent que les patients plus avancés dans la pathologie motrice présentent des altérations dans plus d’un domaine cognitif.

Il est désormais bien établi que plusieurs fonctions cognitives peuvent être fréquemment atteintes chez les patients avec MP-TCL (Aarsland, 2016, pour une revue ; Barone et al., 2011 ; Burn, 2015). En effet, des altérations des fonctions exécutives, de la mémoire, en particulier de la mémoire de travail, des fonctions attentionnelles et de la vitesse de traitement de l’information ont été rapportées (Aarsland, 2016 ; Barone et al., 2011 ; Calleo et al., 2012, pour une revue ; Palavra, Naismith & Lewis, 2013, pour une revue). Ces atteintes cognitives peuvent être présentes dès les premiers stades moteurs de la maladie, et ce même avant la prise d’une médication dopaminergique (Johnson, Langford, Garnier Villarreal, Morris & Galvin, 2016 ; Calleo et al., 2012). De plus, des altérations au niveau des fonctions visuospatiales et langagières peuvent être aussi observées (Hobson et Meara, 2015 ; Johnson et al., 2016 ; Poletti, Emre & Bonuccelli, 2011, pour une revue).

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Selon les composantes du modèle de l’attention de Van Zomeren et Brouwer (1994), des difficultés attentionnelles sont rapportées chez les patients avec MP-TCL (Aarsland, 2016 ; Barone et al., 2011) lorsqu’ils doivent accomplir des tâches complexes impliquant l’attention sélective, divisée ou soutenue (Dirnberger et Jahanshahi, 2013). Les résultats de l’étude de Aarsland et ses collaborateurs (2010) montrent toutefois que les fonctions attentionnelles demeurent moins altérées que les fonctions exécutives dans la MP. Globalement, les difficultés attentionnelles ne semblent pas au premier plan dans les plaintes cognitives (Aarsland, 2016).

L’atteinte des fonctions exécutives est généralement l’un des premiers troubles cognitifs associés à la maladie (Johnson et al., 2016 ; Yang, Tang & Guo, 2016) et l’un des plus prédominants. Plus spécifiquement, ces déficits exécutifs peuvent affecter plusieurs habiletés, dont la flexibilité cognitive, l’inhibition, la formation de concepts (Kudlicka, Clare & Hindle, 2011) ainsi que le raisonnement abstrait (Pagonabarraga et Kulisevsky, 2012, pour une revue). Les patients avec MP-TCL peuvent également présenter des difficultés au plan de la planification, de la prise de décision et de l’utilisation de règles (Barone et al., 2011 ; Dirnberger et Jahanshahi, 2013).

En ce qui concerne les difficultés mnésiques, les patients ayant la MP sans démence peuvent présenter des atteintes au plan de la mémoire épisodique, selon le modèle Sériel Parallèle Indépendant (SPI) de Tulving (Tulving, 1995). Le rappel libre est affecté chez ces patients bien qu’ils semblent bénéficier de la présence d’indices sémantiques (Costa et al., 2014 ; Monchi et al., 2016). Autrement dit, les capacités d’encodage de nouvelles informations et la reconnaissance sont relativement intactes alors que la récupération de l’information est atteinte. Ce type de performance suggère un déficit au niveau de l’habileté à générer des stratégies pour récupérer l’information déjà consolidée en mémoire. Il est d’ailleurs montré dans les écrits que cette atteinte au niveau du rappel de l’information serait liée aux déficits exécutifs plutôt qu’à un problème d’encodage de l’information (Barone et al., 2011; Costa et al., 2014). Des déficits d’apprentissage procédural ont été aussi observés chez ces patients (Litvan et al., 2012). De même, des déficits de la mémoire de travail sont communs dans le MP-TCL (Aarsland, 2016 ; Alonso Recio, Martín, Carvajal, Ruiz & Serrano, 2013 ; Johnson et al., 2016).

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Selon les composantes du modèle de la mémoire de travail de Baddeley (2000), des atteintes sont observées chez ces patients au niveau de l’administrateur central, de la boucle articulatoire et du système visuospatial (Lee et al., 2010). Cependant, les déficits sont beaucoup plus marqués pour ce qui est du système visuospatial (Lee et al., 2010; Rottschy et al., 2013). En fait, la mémoire de travail visuelle est atteinte chez ces patients autant lors de l’exécution de tâches simples que lors de la réalisation de tâches plus complexes. D’un autre côté, la mémoire de travail verbale est seulement déficitaire lors de la complétion de tâches de mémoire de travail plus complexes, suggérant ainsi un déficit de mémoire de travail visuospatial prédominant dans la MP (Pagonabarraga et Kulievsky, 2012). Considérant ces observations, il est possible que les altérations de la mémoire de travail visuelle soient influencées par les déficits des fonctions visuospatiales qui sont fréquemment rencontrés dans le MP-TCL (Johnson et al., 2016 ; Tröster, 2011).

Concernant les fonctions visuospatiales, les déficits sont communs (Tröster, 2011) et ils deviennent davantage fréquents avec l’évolution de la maladie (Gratwicke, Jahanshahi & Foltynie, 2015, pour une revue ; Johnson et al., 2016). En fait, les habiletés visuospatiales, visuoperceptuelles et visuoconstructives sont déficitaires chez ces patients (Carpi et al., 2013). Plus précisément, des déficits au niveau de la construction visuo-motrice, de la reconnaissance des visages, de la perception et de l’orientation dans l’espace sont observés dans le MP-TCL (Litvan et al., 2012). Bien que certains auteurs soient d’avis que ces altérations seraient sous-jacentes aux déficits exécutifs (Brown et Marsden, 1986), il est suggéré dans les écrits scientifiques actuels que la détérioration des fonctions visuospatiales constituerait une sphère spécifique du profil d’altération cognitive de ces patients (Pistacchi, Gioulis, Contin, Sanson & Zambito Marsala, 2015 ; Siepel et al., 2014).

De plus, un phénomène de bradyphrénie, qui fait référence à un ralentissement du traitement de l’information, est observé chez les personnes ayant la MP sans démence (Johnson et al., 2016 ; Goldman et Litvan, 2011, pour une revue). Autrement dit, ces patients prennent davantage de temps pour résoudre un problème ou accomplir une tâche cognitive que des personnes saines, du même âge (Carpi et al., 2013). Néanmoins, certains facteurs peuvent venir influencer cette observation dont la présence de déficits

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exécutifs, d’une dépression concomitante et de déficits moteurs importants altérant la capacité de réalisation des tâches de vitesse de traitement de l’information (Aarsland, 2016).

Au plan langagier, certains déficits de compréhension et de production du langage sont observés dans la maladie chez les patients ne présentant pas de démence bien que la majorité des fonctions langagières demeurent préservées. Les patients rapportent notamment de la difficulté à suivre le fil d’une conversation (Pagonabarraga et Kulisevsky, 2012) et à comprendre des phrases longues et complexes. Néanmoins, il est désormais bien établi que les patients avec MP-TCL peuvent présenter des altérations au plan de la mémoire de travail verbale (Johnson et al., 2016) ce qui engendre de la difficulté à maintenir et à manipuler de l’information verbale mentalement. Cette particularité pourrait ainsi expliquer les difficultés de compréhension langagières chez ces patients en raison d’une surcharge cognitive lorsque l’information présentée est longue et complexe. En outre, une diminution de l’information contenue dans le discours spontané ainsi que des déficits au plan de la fluidité verbale sont également observés chez les patients avec MP-TCL (Goldman et Litvan, 2011). De plus, l’activation sémantique et la production de verbes sont atteintes dans la MP (Bastiaansea et Leenders, 2009). Ces difficultés langagières doivent être distinguées des anomalies de la parole qui affectent la majorité des patients au cours de la maladie (Rusz et al., 2015). En effet, des atteintes au niveau de la respiration, de la phonétique, de l’articulation et de la prosodie peuvent être observées chez les patients ayant la MP. Ces patients ont tendance à faire des pauses à des moments inappropriés lorsqu’ils s’expriment et à accélérer leur débit de parole au fil du temps, ce qui peut rendre leur discours incohérent et moins fluide (Skodda, 2011). Il importe ainsi de considérer ces altérations de la parole puisqu’il est possible que ces atteintes entravent la performance de ces patients aux tests de langage, dont les tests de fluidité verbale.

De façon générale, les déficits cognitifs tendent à s’aggraver avec la progression de la maladie comme la plupart des autres symptômes (Barone et al., 2011 ; Johnson et al., 2016). Le MP-TCL est d’ailleurs associé à la forme de la MP à début tardif (Carpi et al., 2013), une plus longue durée de la maladie, un stade plus avancé de la maladie ainsi

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qu’une plus grande sévérité des symptômes moteurs (Litvan et al., 2011, Aarsland et al., 2010). Ces patients sont également plus à risque de développer une démence (MP-D) au cours de la maladie (Carpi et al., 2013 ; Hobson & Meara, 2015 ; Poletti et al., 2011). Selon une récente recension des écrits scientifiques, le taux d’évolution vers la démence chez les patients avec MP-TCL est de 62% comparativement à un taux de 20% chez les patients sans TCL, mais ayant la MP (Carpi et al., 2013). Plus spécifiquement, le taux annuel de transition du MP-TCL à la MP-D serait en moyenne de 11% (Hobson & Meara, 2015). Le TCL est ainsi devenu un sujet d’intérêt pour la recherche scientifique étant donné qu’il est un prédicteur potentiel de la MP-D (Johnson et al., 2016).

La démence parkinsonienne

La démence est plus fréquente chez les patients ayant la MP que dans la

population générale, et ce plus particulièrement chez les patients plus âgés (Hanagasi, Tufekcioglu & Emre, 2017; Emre, 2014). Toutefois, l’âge d’apparition de la démence varie d’un patient à un autre (Svenningsson, Westman, Ballard & Aarsland, 2012, pour une revue). En cours d’évolution de la maladie, jusqu’à 80% des personnes atteintes de la MP sont susceptibles de développer une démence (Dirnberger et Jahanshahi, 2013, pour une revue). La MP-D est considérée comme étant une démence d’origine sous-corticale dont certaines caractéristiques diffèrent de celles rencontrées dans d’autres démences telles que la maladie d’Azheimer (Goldman et Litvan, 2011). Par conséquent, des critères diagnostiques spécifiques à la MP-D ont été élaborés par la Movement Disorder Society

Task Force (Emre et al., 2007 ; voir Tableau 6, dans Annexe F). Plus spécifiquement, la

MP-D est caractérisée par le développement d’une démence qui se manifeste de façon insidieuse et qui progresse lentement dans un contexte de MP établie. Différentes atteintes cognitives peuvent être présentes dans la MP-D de même que divers SPC. De plus, le déclin cognitif doit être suffisamment sévère pour altérer le fonctionnement de la personne au quotidien.

Au niveau attentionnel, les altérations affectent principalement l’attention sélective ainsi que l’attention soutenue (Gratwicke et al., 2015). Une fluctuation de l’attention est aussi observée chez ces patients au cours de la même journée et également d’une journée à une autre (Emre, 2014 ; Kehagia, Berker & Robbins, 2010, pour une revue).

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Tout comme dans le MP-TCL, l’altération des fonctions exécutives occupe une place prépondérante dans le profil cognitif de la MP-D (Carpi et al., 2013 ; Kehagia et al., 2010). Ces déficits concernent principalement la résolution de problème, l’inhibition, la planification et la flexibilité cognitive (Gratwicke et al., 2015). Avec la progression de la pathologie, ces altérations tendent d’ailleurs à s’aggraver. Il importe, toutefois, de considérer que les fonctions exécutives sont inter-reliées aux différentes fonctions cognitives dont la capacité à se concentrer et à maintenir son attention dans le temps. Il se pourrait ainsi que des atteintes sur le plan attentionnel puissent contribuer aux déficits des fonctions exécutives observés chez les patients avec MP-D (Gratwicke et al., 2015). En ce qui a trait à la mémoire épisodique, des déficits peuvent être présents chez les patients avec MP-D dans l’encodage, dans la consolidation et dans la récupération de l’information en mémoire (Gratwicke et al., 2015). En effet, le rappel libre est atteint dans la MP-D et la performance des patients lors du rappel est peu ou pas améliorée lorsque des indices sémantiques leur sont fournis (Kehagia et al., 2010). De plus, la reconnaissance est altérée autant sur le plan verbal que visuel bien qu’elle soit moins affectée que le rappel (Emre, 2014 ; Gratwicke et al., 2015). De même, des difficultés au plan de l’apprentissage procédural (Emre et al., 2007) et des altérations de la mémoire de travail s’ajoutent aux déficits de la mémoire épisodique chez les patients ayant une démence (Kehagia et al., 2010). En fait, la mémoire de travail verbale est autant atteinte chez ces patients que la mémoire de travail visuelle (Dirnberger et Jahanshahi, 2013). Cependant, il est possible que les altérations des fonctions visuospatiales puissent influencer la performance des patients lorsqu’ils doivent maintenir et manipuler de l’information visuelle et ainsi expliquer en partie les déficits en mémoire de travail visuelle.

Par ailleurs, les altérations des fonctions visuospatiales sont très communes dans la MP-D (Kehagia et al., 2010), et ce notamment pour ce qui est des tâches nécessitant de l’orientation (Galtier, Nieto, Lorenzo & Barroso, 2014). Des atteintes au niveau des habiletés visuoperceptuelles et visuocontructives sont également observées chez cette population clinique (Galtier et al., 2014 ; Gratwicke et al., 2015).

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observées dans le MP-TCL qui sont présentes dans la MP-D, mais ces atteintes se manifestent de manière plus sévère (Emre, 2014 ; Pagonabarraga et Kulisevsky, 2012).

Substrat neurochimique et neuropathologique aux altérations

cognitives

Au niveau cérébral, la déficience dopaminergique serait associée au développement des symptômes cognitifs dans la MP, mais elle ne serait pas suffisante pour expliquer à elle seule le développement de tous ces symptômes (Espay, LeWitt & Kaufmann, 2014, pour une revue). En fait, la déplétion de l’acétylcholine serait davantage associée à la MP-D (Bohnen et al., 2015 ; Emre, 2014 ; Tröster, 2011). D’ailleurs, la diminution de l’activité cholinergique en raison de la perte des neurones au niveau du noyau basal de Meynert qui engendre une dégénérescence des voies cholinergiques, contribuent de façon significative au développement des déficits cognitifs et de la MP-D (Lin et Wu, 2015). Actuellement, les écrits scientifiques montrent que les principales altérations neurochimiques étant associées au développement des symptômes cognitifs et de la démence seraient la déplétion de l’activité dopaminergique (Klein et al., 2010), cholinergique (Bohnen et al., 2015) et noradrénergique (Espay et al., 2014). Plus spécifiquement, certains auteurs suggèrent que les déficits exécutifs seraient liés à la déficience dopaminergique (Siepel et al., 2014) alors que les atteintes mnésiques, attentionnelles, langagières et visuospatiales seraient davantage corrélées à la déficience cholinergique (Cosgrove, Alty & Jamieson, 2015). Par ailleurs, la diminution de l’activité noradrénergique serait surtout liée aux difficultés attentionnelles (Espay et al., 2014).

En plus de ces altérations neurochimiques, la présence de corps de Lewy dans le cortex cérébral et dans les structures limbiques est associée au développement de la MP-D (Lim et Wu, 2015). De même, l’accumulation anormale de plaques de la protéine bêta-amyloïde (Kotzbauer et al., 2012) et de dégénérescences neurofibrillaires dans les régions corticales du cerveau est corrélée au déclin cognitif présent dans la MP-D (Lin et Wu, 2015).

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Traitement pharmacologique des symptômes cognitifs

À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif de la MP et de ses symptômes cognitifs. De même, il n’existe aucune intervention pharmacologique ayant démontré son efficacité pour le traitement des symptômes cognitifs auprès de patients avec MP-TCL. Néanmoins, le traitement pharmacologique de la MP-D a fait l’objet de plusieurs études et les effets de certains nootropes auprès de ces patients sont ainsi mieux connus. Étant donné l’association entre la déplétion cholinergique et les déficits cognitifs présents dans la MP-D, l’efficacité des différents inhibiteurs de l’acétylcholinestérase soit rivastigmine, donepezil et galantamine a été étudiée pour le traitement des troubles cognitifs chez des patients avec MP-D. De façon générale, une amélioration modeste des déficits cognitifs est observée après 24 semaines de traitement pour les trois inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (Connolly et Lang, 2014; Emre et al., 2014, pour une revue). Cependant, certains effets indésirables sont associés à la prise de ces médicaments dont les plus fréquents sont les nausées, les vomissements ainsi qu’une augmentation des tremblements (Dubois et al., 2012; Emre et al., 2004; Litvinenko, Odinak, Mogil’naya & Yu. Emelin, 2008).

Une étude randomisée-contrôlée-placebo réalisée en double aveugle (RC-P-DA) auprès de patients avec MP-D dans les stades léger à modéré de la démence a notamment montré que rivastigmine améliore de manière modérée mais significative les déficits cognitifs, plus particulièrement les fonctions exécutives et attentionnelles (Emre et al., 2004). Ces fonctions ont d’ailleurs été mesurées par le test de fluidité verbale du Delis Kaplan Executive Function System (D-KEFS), le Clock-Drawing Test (CDT) ainsi que le Cognitive Drug Research (CDR) Computerized Assessment System Power of

Attention tests (Emre et al., 2004). L’effet de rivastigmine est considéré comme étant

modéré puisque la prise de cet agent à une dose variant entre 3 mg à 12 mg par jour pendant 24 semaines engendre des changements qui n’ont toutefois pas d’impact considérable sur le statut clinique du patient (Emre et al., 2004).

Bien que rivastigmine soit le seul agent inhibiteur de l’acétylcholinestérase à être officiellement approuvé pour le traitement de la démence parkinsonienne par Santé Canada, les études montrent également que donepezil a des effets bénéfiques sur les

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symptômes cognitifs des patients (Sandoval-Rincón, Sáenz-Farret, Miguel-Puga, Micheli & Arias-Carrión, 2015, pour une revue). Une étude RC-P-DA a été menée pour évaluer l’efficacité de donepezil auprès de patients atteints de la MP dans les stades II-IV de H & Y et avec une démence dans les stades léger à modéré. Les résultats de cette étude montrent que la prise de 5 à 10 mg/jour de donepezil pendant 24 semaines entraîne une amélioration du statut global des patients et des fonctions cognitives, particulièrement des fonctions exécutives. Cependant, cet agent n’a aucun effet sur les symptômes comportementaux et les AVQ des patients (Dubois et al., 2012).

Concernant galantamine, aucune étude RC-P-DA n’a été réalisée pour évaluer l’efficacité de cet inhibiteur de l’acétylcholinestérase sur les symptômes cognitifs dans la MP (Connolly et Lang, 2014). Toutefois, selon une étude randomisée-contrôlée, des bénéfices tels qu’une amélioration des déficits cognitifs et des AVQ sont observés chez des patients ayant la MP-D dans les stades léger à modéré de la démence avec la prise de 8 à 16 mg/jour de galantamine pendant 24 semaines (Litvinenko et al., 2008).

De plus, l’efficacité de mémantine, un antagoniste des récepteurs N-Méthyl-D-Asparate (NMDA) du glutamate, a été étudiée en lien avec les symptômes cognitifs de la MP-D (Emre et al., 2014). Considérant l’excitotoxicité glutamatergique apparaissant dans la MP-D, la pertinence des recherches évaluant l’efficacité de l’utilisation d’un antagoniste du récepteur NMDA dans la MP-D est justifiée (Litvinenko et al., 2010). Actuellement, les résultats obtenus par les différentes études sont contradictoires (Connolly et Lang, 2014). Entre autres, les résultats d’une étude RC-P-DA de 22 semaines ne mettent en évidence aucun effet de 20 mg/jour de mémantine sur les symptômes cognitifs des patients ayant la MP (stades 1-IV de H & Y) avec une démence dans les stades léger à modéré (Leroi, Overshott, Byrne, Daniel & Burns, 2009). À l’opposé, les résultats d’une autre étude RC-P-DA démontrent que la prise de 20 mg/jour de mémantine pendant 24 semaines a un effet positif sur le niveau global des déficits cognitifs chez des patients avec MP-D (Aarsland et al., 2009). Par ailleurs, certains effets secondaires mineurs sont associés à la prise de mémantine dont une infection des voies respiratoires, une baisse de l’humeur, des douleurs dans les jambes, une perturbation du sommeil et des chutes (Leroi et al., 2009).

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Dans l’ensemble, mémantine ainsi que les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase n’engendrent qu’un effet positif modeste sur les déficits cognitifs des patients avec MP-D. Jusqu’à présent, seul rivastigmine est approuvé pour le traitement de la MP-D par la

Food and Drug Administration aux États-Unis et par Santé Canada. De plus, l’efficacité

de ces agents a été étudiée spécifiquement auprès de patients avec MP-D et leurs effets n’ont généralement été évalués que sur une période de six mois (Goldman et Litvan, 2011). Par conséquent, il serait pertinent de poursuive la recherche sur le sujet en considérant également les effets de ces médicaments chez les patients avec MP-TCL et en évaluant leurs effets sur les fonctions cognitives à long terme (Sandoval-Rincón et al., 2015). Considérant les limites de la médication pour le traitement des symptômes cognitifs dans la MP, il est important d’orienter les recherches scientifiques vers d’autres interventions non-pharmacologiques afin d’assurer une prise en charge de ces symptômes selon une approche différente (Kalbe et Kessler, 2015).

Traitement non-pharmacologique des symptômes cognitifs

Diverses approches non-pharmacologiques centrées sur les symptômes cognitifs sont désormais reconnues comme des interventions pouvant être combinées à une médication nootrope ou des alternatives à la pharmacothérapie surtout pour les patients atteints d’un trouble neurologique ne répondant pas à la médication ou présentant des effets adverses à la médication (Calleo et al., 2012 ; Walton, Naismith, Lampit, Mowswovski & Lewis, 2017). La stimulation cognitive, l’entraînement cognitif ainsi que la réadaptation cognitive représentent les trois grandes catégories d’interventions cognitives administrées à une clientèle vieillissante (Huntley, Gould, Liu, Smith & Howard, 2015, pour une méta-analyse). Ces approches varient notamment en fonction de leurs objectifs, des techniques utilisées et du stade de la maladie où elles sont bénéfiques. En effet, le but de ces diverses interventions est variable allant de la prévention de l’apparition de troubles cognitifs chez des personnes âgées saines à l’amélioration et au maintien des fonctions cognitives chez des patients présentant des atteintes cognitives. De même, ces interventions peuvent se centrer sur l’amélioration d’habiletés plus ou moins préservées des patients ayant une démence afin d’atténuer l’impact négatif associé aux altérations cognitives (Simard, Talon & Brunelle-Hamann, 2015, pour une revue). Ces approches sont aussi basées sur le principe de la neuroplasticité qui suggère

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que l’entraînement d’une fonction cognitive particulière a pour effet d’améliorer ou de maintenir la performance cognitive dans ce domaine (Belleville, Boller & del Val, 2016, pour une revue; Choi et Twamley, 2013, pour une revue). À ce jour, les effets des diverses interventions cognitives ont principalement été étudiés auprès de personnes âgées saines et de patients avec TCL dû à la maladie d’Alzheimer ou avec la maladie d’Alzheimer (Huntley et al., 2015; Kalbe et Kessler, 2015). Dans les prochains paragraphes, les résultats des méta-analyses et des recensions systématiques qui seront présentés ont d’ailleurs été obtenus auprès de ces personnes. De plus, les trois grandes catégories d’interventions cognitives seront abordées dans le but de bien mettre en contexte ces approches et de les distinguer.

Plus spécifiquement, la stimulation cognitive a pour but d’améliorer de façon globale le fonctionnement cognitif et social de personnes âgées en bonne santé, présentant un TCL ou une démence. La stimulation cognitive peut en effet s’avérer pertinente pour les patients atteints d’une démence dans les stades léger à modéré (Choi et Twamley, 2013). Cette approche origine de la Reality Orientation Therapy qui a été développée vers la fin des années 1950 afin de pallier aux difficultés d’orientation et de confusion chez les patients âgés hospitalisés. La Reality Orientation Therapy vise à encourager le patient confus à se concentrer sur les éléments de son environnement immédiat pour lui permettre de s’orienter (Woods, Aguirre, Spector & Orrell, 2012, pour une revue Cochrane). En fait, la stimulation cognitive est une approche non-spécifique (Huntley et al., 2015) qui regroupe un ensemble d’activités plus ou moins structurées ou formelles pouvant prendre la forme de discussions ou de jeux pratiqués en petits groupes. Ces activités stimulent globalement la pensée, les habiletés de concentration et la mémoire chez les personnes âgées saines ou les personnes atteintes de démence (Huntley et al., 2015; Woods et al. 2012). Selon les résultats d’une récente revue des écrits scientifiques, la stimulation cognitive serait efficace pour améliorer le fonctionnement cognitif global et la qualité de vie des patients atteints de démence (Toh, Ghazali & Subramaniam, 2016, pour une revue). Chez des personnes âgées cognitivement intactes ou présentant un TCL, des améliorations sur le bien-être psychologique seraient notées suite à la participation à un programme de stimulation cognitive (Castel, Lluch, Ribas, Borràs & Molto, 2017). La stimulation cognitive serait

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également associée à une amélioration de qualité de la relation entre le patient et l’aidant naturel ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie de l’aidant (Orrell et al., 2017). Par ailleurs, les résultats d’une récente étude réalisée par Grimaud, Tacconat et Clarys (2017) montrent que la stimulation cognitive est efficace pour améliorer la performance en mémoire de travail ainsi que la perception des habiletés en mémoire de travail chez des personnes âgées saines. Cependant, les données actuelles ne montrent aucune amélioration de la capacité à prendre soin de soi de façon autonome et à réaliser des AVQ chez les patients ayant la maladie d’Alzheimer ou une démence vasculaire après ce type d’intervention (Woods et al., 2012 ; Bahar-Fuchs et al., 2013).

De son côté, l’entraînement cognitif vise à améliorer certaines fonctions cognitives spécifiques telles que la mémoire, l’attention ou la résolution de problèmes dans le but d’engendrer des répercussions positives dans la vie quotidienne des individus sains ou présentant un TCL (Bahar-Fuchs et al., 2013 ; Choi et Twamley, 2013). Ce type d’intervention cognitive est destiné aux personnes qui ont donc suffisamment de ressources cognitives résiduelles pour réaliser un entraînement cognitif (Choi et Twamley, 2013). Le développement de l’entraînement cognitif s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle les bénéfices de la pratique vont se généraliser au-delà de ceux associés à la fonction entraînée (Huntley et al., 2015). Considérant ce principe, les interventions d’entraînement cognitif ont ainsi pour objectifs d’améliorer la qualité de vie ainsi que l’autonomie des individus (Bahar-Fuchs et al., 2013). Selon cette approche, le thérapeute guide l’entraînement à l’aide de tâches structurées et de techniques cognitives adaptées en fonction des atteintes cognitives présentées par la personne. Ces activités prennent souvent la forme de tâches informatisées ou de type papier-crayon (Huntley et al. 2015) et elles peuvent aussi impliquer des reproductions d’activités de la vie quotidienne (Bahar-Fuchs et al., 2013). La difficulté des tâches est d’ailleurs augmentée en fonction des habiletés développées par l’individu lors de l’entraînement (Huntley, et al., 2015). Les rencontres peuvent avoir lieu de façon individuelle ou en petits groupes. L’efficacité de l’entraînement cognitif sur le fonctionnement cognitif des personnes âgées saines a été démontrée dans une méta-analyse (Kelly et al., 2014, pour une revue). Plus particulièrement, les résultats montrent que l’entraînement cognitif améliore les fonctions

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cognitives, notamment la mémoire épisodique, les fonctions exécutives, la mémoire de travail ainsi que la vitesse de traitement de l’information. Bien que ces résultats indiquent que l’entraînement cognitif améliore la performance des individus à la tâche exercée, les bénéfices de l’entraînement ne semblent pas se généraliser à d’autres tâches non entraînées, ainsi qu’au fonctionnement quotidien de ces personnes de façon générale (Kelly et al., 2014). Par ailleurs, les résultats d’une récente recension systématique des écrits scientifiques mettent en lumière un bénéfice de l’entraînement cognitif sur la cognition globale, l’attention, la mémoire de travail, la mémoire épisodique et le fonctionnement psychosocial, notamment les symptômes dépressifs, chez des personnes ayant un TCL. Par contre, l’efficacité de l’entraînement cognitif auprès de patients atteints d’une démence est plus limitée (Hill et al., 2017, pour une revue). En effet, les résultats montrent un effet significatif de l’entraînement cognitif uniquement sur les fonctions visuospatiales des personnes atteintes de démence. Il est à noter que les interventions montrant un effet sur ce domaine cognitif spécifique impliquaient de la réalité virtuelle, ce qui suggère que les tâches étaient peu structurées et peu adaptées en fonction de la performance et des déficits cognitifs des patients. Il est ainsi possible que l’approche utilisée dans ces études partagent davantage des caractéristiques qui s’apparentent à de la stimulation cognitive. En outre, une revue systématique de la littérature de type Cochrane évaluant l’efficacité de l’entraînement cognitif et de la réadaptation cognitive chez des patients ayant une démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer à des stades léger ou modéré révèle que l’entraînement cognitif n’a aucun effet significatif, positif ou négatif, sur les fonctions cognitives, l’humeur, ou les AVQ de ces patients (Bahar-Fuchs et al., 2013). Ces résultats doivent, cependant, être interprétés avec prudence étant donné qu’un risque de biais significatif est présent dans la plupart des études incluses dans cette revue, plus particulièrement un risque de biais de sélection et de performance. Effectivement, les informations présentées dans la méthode de nombreuses études ne sont pas suffisantes pour juger du processus d’allocation aléatoire dans les groupes et de la mise en place et du maintien de la condition aveugle des patients ou du personnel de recherche. Dans l’ensemble, il existe actuellement peu de données soutenant l’efficacité de l’entraînement cognitif sur la cognition et le niveau de fonctionnement dans la démence (Hill et al., 2017). Par conséquent, certains auteurs

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mentionnent la nécessité de perfectionner et de poursuivre les recherches sur le sujet (Bahar-Fuchs et al., 2013 ; Hill et al., 2017).

Par ailleurs, le concept de réadaptation cognitive fait référence à une intervention individualisée s’adressant aux personnes qui présentent des déficits cognitifs importants, dont les patients ayant une démence. Concrètement, la réadaptation cognitive vise à améliorer des difficultés spécifiques de la vie quotidienne et à augmenter de ce fait la participation sociale (Clare et al., 2010 ; Huntley et al. 2015). Elle s’inscrit ainsi dans un contexte de réinsertion dans le milieu de vie des patients. Ce type d’intervention utilise des techniques cognitives développées en laboratoire (Clare et al., 2010). Avec l’aide des professionnels de la santé, les différents objectifs de la réadaptation cognitive sont identifiés en fonction des besoins des patients et de leurs proches (Bahar-Fuchs, et al., 2013). La réadaptation cognitive peut miser sur les habiletés et les forces cognitives que les patients possèdent toujours afin de compenser pour leurs difficultés. Selon cette approche, les patients peuvent être amenés, par exemple, à réapprendre une AVQ tels que préparer le café, utiliser des outils comme un agenda ou des alarmes pour les accompagner dans leurs activités (Simard et al., 2015) ou utiliser la télécommande et l’ordinateur (Thivierge, Jean & Simard, 2014). De plus, l’évolution du déclin cognitif des patients doit être prise en considération par ce type d’intervention, ce qui peut rendre le processus de réadaptation cognitive plus complexe. En effet, certains patients peuvent éprouver de la difficulté à comprendre les instructions données, l’utilité de l’intervention et à retenir les nouvelles stratégies apprises en raison de leurs déficits cognitifs (Choi et Twamley, 2013). Une revue systématique de type Cochrane réalisée sur l’efficacité de l’entraînement cognitif et de la réadaptation cognitive chez des patients ayant une démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer dans les stades léger à modéré montrent que la réadaptation cognitive améliore les relations sociales des patients, leur capacité à réaliser des AVQ et augmente leur satisfaction personnelle par rapport à leurs habiletés (Bahar-Fuchs et al., 2013). Cependant, ces résultats sont considérés comme étant modestes puisqu’une seule étude portant sur la réadaptation cognitive était incluse dans cette revue. En outre, les résultats d’une étude RC évaluant l’efficacité d’un programme de réadaptation cognitive auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer dans les stades léger à modéré révèlent qu’il est possible de réapprendre à ces patients certaines

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AVQ instrumentales (Thivierge, Jean & Simard, 2014). Ces améliorations ont été maintenues pendant au moins trois mois après l’intervention. Dans l’ensemble, la réadaptation cognitive n’améliorait ni ne détériorait les symptômes psychologiques et comportementaux des patients ni le fardeau de l’aidant. Des résultats semblables ont été obtenus dans une récente étude réalisée par Kudlicka et ses collaborateurs (2017) évaluant l’efficacité d’un programme de réadaptation cognitive auprès de patients dans les premiers stades d’une démence vasculaire, de la maladie d’Alzheimer ou d’une démence de type mixte. Les données issues de cette étude font ressortir une amélioration du niveau de fonctionnement des patients au quotidien et de leur perception par rapport à leurs capacités à accomplir leurs objectifs. Les bénéfices obtenus ont été maintenus jusqu’à 9 mois après l’intervention. Ces résultats suggèrent que la réadaptation cognitive peut permettre aux personnes atteintes de démence au stade léger de maintenir un niveau d’autonomie et d’implication dans leurs activités quotidiennes. Ces différents constats soulignent l’importance de concevoir des interventions individualisées et adaptées aux besoins des patients afin de les aider à surmonter des difficultés spécifiques et leur permettre d’améliorer leur fonctionnement au quotidien (Kudlicka et al., 2017 ; Thivierge et al., 2014).

Enfin, les divers programmes d’entraînement cognitif et de réadaptation cognitive comportent plusieurs techniques cognitives d’intervention qui se divisent en deux catégories distinctes : les stratégies compensatoires et les stratégies restauratrices (voir Tableau 7, dans Annexe G). Ces deux types de stratégies peuvent d’ailleurs être utilisés de façon conjointe ou séparée. En fait, l’objectif des techniques compensatoires est de contourner les déficits rencontrés par les patients sur le plan cognitif en leur enseignant de nouvelles stratégies pour accomplir leurs activités. Cette approche favorise autant les stratégies internes telles que d’organiser l’information à se souvenir que les stratégies externes comme l’introduction d’aides électroniques ou le recours à un calendrier. En revanche, les stratégies restauratrices visent à améliorer les fonctions cognitives atteintes afin que les patients puissent retrouver leur fonctionnement cognitif antérieur (Buschert et al., 2010, pour une revue).

Globalement, cette classification des interventions cognitives définie en fonction des recherches de Clare et Woods (2004) comprend certaines limites étant donné qu’il

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