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les limites et les forces de la présente recension.

Limites des études recensées

En premier lieu, la taille des échantillons était pour la plupart des études trop petite, ce qui peut avoir limité la possibilité d’identifier des effets significatifs plus subtils des interventions. En effet, la taille des échantillons n’excédait généralement pas 30 participants. Une faible puissance statistique pourrait ainsi expliquer, en partie, les résultats non-significatifs obtenus sur la vaste majorité des mesures cognitives et non- cognitives. La petite taille des échantillons constitue également une menace pour la

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validité externe des résultats compte tenu de l’hétérogénéité qui caractérise le profil cognitif des patients atteints de la MP. Afin que l’échantillon soit suffisamment représentatif de cette population dont le déclin cognitif est hétérogène, il importe de recruter un grand nombre de participants dans les études évaluant l’impact des interventions cognitives sur le fonctionnement cognitif. Un plus grand échantillon assure que les résultats soient davantage généralisables à l’ensemble de cette population clinique.

En deuxième lieu, la majorité des études comportait une faible qualité méthodologique, ce qui suggère un risque de biais important pouvant affecter la qualité des résultats rapportés. À titre d’exemple, certaines études n’utilisaient pas une méthode aléatoire d’allocation aux différents groupes, ce qui peut nuire à la comparaison entre les groupes et engendrer un biais de sélection. Dans plusieurs études, les participants n’étaient également pas aveugles au type d’intervention qu’ils recevaient, ce qui augmente le risque d’observer un biais de performance. De plus, les devis de recherche variaient considérablement d’un article à l’autre et seulement cinq études utilisaient des devis randomisés-contrôlés réalisés en double-aveugle (Angelucci et al., 2015; Cerasa et al., 2014; Costa et al., 2014; Paris et al., 2011; Pena et al., 2014) bien qu’il s’agisse du type de devis le plus robuste. Seulement six études ont fait l’usage de groupes contrôles actifs (Angelucci et al., 2015; Cerasa et al., 2014; Costa et al., 2014; Paris et al., 2011; Pena et al., 2014; Sammer et al., 2006) alors que plus de la moitié des études comportaient un groupe contrôle passif (Edwards et al., 2013; Nombela et al., 2011; Petrelli et al., 2014; Petrelli et al., 2015) ou simplement aucun groupe contrôle (Milman et al., 2014; Reuter et al., 2012; Zimmerman et al., 2014). En outre, seulement 2 études (Milman et al., 2014; Petrelli et al., 2015) utilisaient des mesures de suivi afin de documenter les effets à plus long terme des interventions. Par conséquent, l’impact des interventions cognitives sur le fonctionnement cognitif à long terme demeure, pour la plupart des études, inconnu. Il est toutefois très important de déterminer l’effet des interventions lors des mois suivant le programme, et ce, surtout en présence d’une condition neurodégénérative étant donné que les habiletés cognitives varient beaucoup en fonction du stade de la maladie. Considérant que le fonctionnement cognitif peut revenir à la normale d’une évaluation à l’autre chez certains patients MP-TCL (Société

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Parkinson du Canada, 2011), il apparaît important d’étudier les effets des interventions cognitives auprès de ces patients au moins 6 à 12 mois après l’intervention. Néanmoins, la grande majorité des études réalisées avec des patients MP-TCL n’incluaient pas de mesures de suivi. Dans l’ensemble, ces différents aspects représentent tous des menaces évidentes à la validité interne des résultats. Entre autres, il est possible que plusieurs facteurs tel qu’un biais de l’expérimentateur ou du participant, un effet placebo ou la progression de la maladie puissent influencer les résultats obtenus.

En troisième lieu, de nombreuses comparaisons sont effectuées dans les différentes études recensées. Cependant, aucun ajustement statistique n’a été réalisé dans la plupart des études, ce qui affecte la validité interne des résultats obtenus. Sur le plan statistique, le fait de réaliser plusieurs comparaisons augmente la probabilité d’obtenir des effets significatifs autant au niveau des analyses intra-groupe qu’entre les groupes en raison du hasard. Il importe ainsi d’effectuer un ajustement statistique de manière à corriger cet aspect et éviter de commettre une erreur de type 1. Par ailleurs, la majorité des programmes d’interventions cognitives utilise une approche ciblant plusieurs habiletés cognitives à la fois de manière à obtenir des bénéfices dans de nombreux domaines. Dans ce contexte, il est toutefois difficile de documenter et de cibler avec précision les composantes de l’intervention ayant engendré les bénéfices obtenus sur le plan cognitif. Concernant les mesures d’efficacité, très peu d’études ont mentionné l’utilisation de formes parallèles des tests neuropsychologiques. Il se peut ainsi que les mêmes mesures pré- et post-intervention aient été utilisées, ce qui peut engendrer un effet de pratique chez les patients. Cet aspect est particulièrement important considérant que la plupart des interventions étaient menées sur une courte période d’approximativement 4 semaines en moyenne. Un effet de pratique peut d’ailleurs survenir si les mêmes mesures sont administrées avant et après l’intervention pendant un court intervalle de 6 mois et moins (McCaffrey et al., 1993).

Finalement, les effets des interventions cognitives sur les SPC ainsi que sur le niveau de fonctionnement des patients sont très peu documentés dans les études. Il est également à noter qu’aucune étude n’a évalué systématiquement la réalisation des AIVQ. Il s’agit cependant de mesures importantes à inclure considérant que ces symptômes

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peuvent avoir une influence sur l’efficacité des programmes d’intervention. D’un autre côté, il est tout à fait possible, et même souhaité que la réalisation d’un programme d’intervention cognitive engendre des effets positifs sur les SPC et le niveau de fonctionnement des patients. En effet, il est probable que le fait d’améliorer la cognition, en particulier les atteintes cognitives, permette aux patients de se sentir plus efficace dans l’accomplissement de leurs activités au quotidien, et de ce fait, améliore leur humeur. Considérant que le but ultime des interventions cognitives est que les bénéfices se généralisent dans le quotidien ainsi qu’au niveau de l’humeur des patients, il est ainsi crucial de mesurer les effets des programmes sur les SPC ainsi que sur le fonctionnement.

Enfin, aucune étude n’a mesuré le fardeau de l’aidant bien que les patients atteints de la MP aient généralement besoin d’un soutien au quotidien. Considérant que les altérations cognitives dans le MP-TCL sont associées à des répercussions négatives telles que des difficultés à accomplir les AIVQ ainsi qu’une augmentation du fardeau de l’aidant naturel (Yarnall, Rochester & Burn, 2013), il apparaît pertinent d’étudier l’effet des interventions cognitives sur ces facteurs. Effectivement, il serait intéressant d’explorer si l’aidant naturel peut également bénéficier des interventions cognitives en recevant davantage d’informations sur la condition du patient ainsi qu’en développant des stratégies concrètes pour aider la personne au quotidien.