3.11 Méthode de Newton
Référence :F. Rouvière, Petit guide de calcul différentiel, Cassini, 2014. Leçons concernées : 218, 223, 226, 228.
Théorème 1. Soit f : rc, ds Ñ R une fonction de classe C2 qui possède un unique zéro
aP rc, ds et telle que f1 ° 0 sur rc, ds. On considère ' :“ x ´ ff1pxqpxq, et la suite récurrente
xn`1 “ 'pxnq. Alors il existe ↵ ° 0 tel que pour tout x0 P ra ´ ↵, a ` ↵s, pxnqn converge
quadratiquement vers a.
Si de plus f2° 0 sur rc, ds, alors pour tout x
0 P ra, ds, pxnqnest décroissante et converge
exactement à l’ordre 2 vers a.
Enfin, si on ne suppose plus f1 ° 0 et qu’on a f1paq “ 0, alors il existe ↵ ° 0 tel que
pour tout x0P ra ´ ↵, a ` ↵s, pxnqn converge linéairement vers a.
Démonstration. Étape 1 : on observe que a est un point fixe de '. On a alors, pour tout xP rc, ds
'pxq ´ a “ x ´ a ´ fpxq f1pxq “
´fpxq ´ pa ´ xqf1pxq
f1pxq .
On applique alors la formule de Lagrange à l’ordre 2 à f, en utilisant fpaq “ 0 : il existe z compris strictement entre a et x tel que ´fpxq´pa´xqf1pxq “ fpaq´fpxq´pa´xqf1pxq “ 1 2f2pzqpx ´ aq2. Ainsi : 'pxq ´ a “ 1 2 f2pzq f1pxqpx ´ aq 2.
Étape 2 : on pose alors C :“ 12maxminxPrc,ds|f2pxq|
xPrc,ds|f1pxq| (minxPrc,ds|f
1pxq| ° 0 puisque f1 est
continue sur rc, ds compact, non nulle) et on obtient, pour tout x P rc, ds, |'pxq ´ a| § C|x ´ a|2.
On prend alors ↵ ° 0 tel que C↵ † 1 et I “ ra ´ ↵, a ` ↵s Ä rc, ds. On obtient, pour tout xP I, |'pxq ´ a| § C↵2 † ↵ et donc I est stable par '. On peut alors considérer la suite récurrente xn`1 “ 'pxnq avec x0P I, et on a |xn`1´ a| § C|xn´ a|2 d’où C|xn´ a| § pC|x0´ a|q2 n § pC↵q2n
et on en déduit la convergence quadratique de xn vers a avec C↵ † 1.
Étape 3 : on suppose maintenant que f2 ° 0 sur rc, ds. Pour tout x P ra, ds, fpxq • 0
car f est croissante et f1pxq ° 0 par hypothèse, ainsi,
'pxq “ x ´ fpxq f1pxq § x 85
et d’autre part, comme on l’a montré plus haut, 'pxq ´ a “ 1 2 f ”pzq f1pxqpx ´ aq 2• 0
par hypothèse. Ainsi, ra, ds est stable par ', et pour tout x0 P ra, ds, pxnqn est décroissante
minorée, elle converge donc vers l P ra, ds. Or, 'plq “ l, donc fplq “ 0 et par unicité, l “ a. La convergence est là encore quadratique puisqu’on a toujours
|xn`1´ a| § C|xn´ a|2.
On ne peut pas obtenir de convergence plus que quadratique, en effet, si a † x0 § d, on a
xn° a pour tout n • 0 par bijectivité de ', et
xn`1´ a pxn´ aq2 “ 1 2 f ”pznq f1pxnq
or puisque a † zn † xn, zn converge vers a, donc cette dernière fraction converge vers 1
2 f2paq
f1paq ° 0.
Étape 4 : enfin, si f1paq “ 0, par hypothèse sur l’unicité du zéro a, f1 ‰ 0 au voisinage
de a. Ainsi, ' est définie au voisinage de a mais a priori pas en a. Mais on a, en a, fpxq “ px´aq2 2f2paq ` oppx ´ aq2q et f1pxq “ px ´ aqf2paq ` oppx ´ aqq, d’où
'pxq ´ a “ px ´ aqf1pxq ´ fpxq
f1pxq “
px´aq2
2 f2paq ` oppx ´ aq2q
px ´ aqf2paq ` oppx ´ aqq “
x´ a
2 ` oppx ´ aqq ainsi ' est prolongeable par continuité en a. D’autre part,
'1pxq “ fpxqf2pxq f1pxq2 “
px´aq2
2 f2paq ` oppx ´ aq2q
ppx ´ aqf2paq ` oppx ´ aqqq2pf2paq ` op1qq “
1 2` op1q
donc par le théorème de la limite de la dérivée, ' est de classe C1au voisinage de a et vérifie
'1paq “ 1{2. Ainsi, il existe ↵ ° 0 tel que |'1| § k † 1 sur ra ´ ↵, a ` ↵s et l’inégalité des accroissements finis nous assure que ra ´ ↵, a ` ↵s est stable par ' et que toute suite pxnqn
avec x0P ra ´ ↵, a ` ↵s, vérifie
|xn`1´ a| § k|xn´ a|
et on en déduit la convergence linéaire de xn vers a.
Remarque. Pour justifier la convergence exactement quadratique : si par l’absurde on avait de la convergence d’ordre m • 3, on aurait
|xn`1´ a| § C1|xn´ a|m et donc |xn`1´ a| |xn´ a|2 § C 1|x n´ a|m´2
qui tend vers 0 en `8.