Année 2008. – No 13
ISSN 0242-6773 Mercredi 24 septembre 2008
DICTIONNAIRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE
NEUVIÈME ÉDITION
PIED à PLÉBÉIEN
L’Académie française publie ici, au fur et à mesure de l’avancement de ses travaux, la suite
de la neuvième édition de son Dictionnaire, dont le tome I, A à Enzyme, a paru en novembre 1992,
et le tome II, Éocène à Mappemonde, en novembre 2000 (Imprimerie nationale – Librairie Arthème Fayard).
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DICTIONNAIRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE
NEUVIÈME ÉDITION
Conformément aux dispositions prises par elle, et dont elle a fait état
dans le tome I de la présente édition du Dictionnaire, l’Académie signale
ci-dessous les mots pour lesquels une nouvelle orthographe a été
recommandée. Ces mots, dans le corps du texte, sont suivis d’une
indication typographique en forme de losange (
).
L’Académie a précisé qu’elle entendait que ces recommandations
soient soumises à l’épreuve du temps. Elle maintiendra donc les
graphies qui fi gurent dans son Dictionnaire jusqu’au moment où elle
aura constaté que les modifi cations recommandées sont bien entrées dans
l’usage.
– Pingpong
– Pique-feu, pl. pique-feux
– Pique-fl eur (sing.), pl. pique-fl eurs
– Piquenique
– Piqueniquer
– Piqueniqueur, -euse
– Pique-note (sing.), pl. pique-notes
– Piqueter se conjugue comme Acheter
– Piqûre ou Piqure
– Pisse-copie, pl. pisse-copies
– Pisse-vinaigre, pl. pisse-vinaigres
– Pizzéria
– Placébo
– Planplan
– Platebande, pl. platebandes
– I. Plateforme, pl. plateformes
– II. Plateforme, pl. plateformes
PIE PIE
PIED n. m. Xe siècle. Issu du latin pes, pedis, « pied ».
I. Chez l’homme. 1. Extrémité du membre inférieur,
articulée à la jambe par la cheville, et sur laquelle le corps prend appui dans la station verticale et pour la marche.
Le pied droit, gauche. Le pied est constitué du tarse, du métatarse et des orteils. Un doigt de pied. La plante du pied. Le cou-de-pied, voir ce mot. Avoir de grands, de petits pieds. Pied grec, dont le deuxième orteil est plus long que le gros
orteil. Avoir mal aux pieds, froid aux pieds. Avoir un cor au
pied. Prendre un bain de pieds. Écarter, repousser quelque chose du pied. Donner, recevoir un coup de pied. Un croche-pied, voir ce mot. Taper du pied. Se dresser, se hausser sur la pointe des pieds. Être pieds nus, marcher nu-pieds. Un va-nu-pieds, voir ce mot. Cale-pied, Chauffe-pieds, Chausse-pied, Couvre-Chausse-pied, Nu-Chausse-pied, Sous-Chausse-pied, voir ces mots.
PATHOL. Pied bot, déformation permanente du pied, congé-nitale ou acquise. (Substantivement, avec un trait d’union.
Un pied-bot, une personne atteinte de cette affection.) Pied plat, qui présente un affaissement de la voûte plantaire. Pied creux, caractérisé par une cambrure excessive de la voûte
plantaire. Pied équin, voir Équin. Pied d’athlète, affection cutanée fongique, localisée entre les orteils et caractérisée par des fi ssures plus ou moins profondes.
Loc. et expr. De la tête aux pieds, des pieds à la tête, de
pied en cap, entièrement. Examiner quelqu’un de la tête aux pieds. Être trempé des pieds à la tête. Être armé, habillé de pied en cap. Valet de pied, valet en livrée qui suivait les
grands personnages dans leurs déplacements et, par ext., domestique de grande maison. Gens de pied (anciennt.), fantassins. Être l’arme au pied, tenir son fusil de façon que la crosse repose sur le sol près du pied droit. En pied, se dit d’une œuvre qui représente un modèle en entier et debout.
Portrait en pied.
Par allusion à un épisode du livre de Daniel, dans l’Ancien Testament. Un colosse aux pieds d’argile, voir Colosse. Par allusion au rituel institué par le Christ. Le lavement des
pieds, voir Lavement. ANTIQ. GRECQ. Hermès aux pieds ailés.
Achille au pied léger. – HIST. Berthe au grand pied, surnom donné à la mère de Charlemagne. Pied-noir, voir ce mot.
Fig. Retirer, ôter à quelqu’un une épine du pied, le tirer d’embarras, lui venir en aide dans une situation diffi cile.
Trouver chaussure à son pied, trouver ce qui convient
exacte-ment et, par ext., trouver une personne avec qui se marier. Par méton. Le pied d’un collant, d’une chaussette, la partie qui recouvre le pied. Un pantalon à pieds. Pied se dit aussi, par opposition à Tête, de la partie du lit où reposent les pieds de la personne couchée.
2. Pied entre dans de très nombreuses expressions et
locutions qui servent à décrire la façon de marcher d’une personne, la manière dont elle se déplace et, fi g., dont elle se comporte. Marcher les pieds en dehors, en dedans. Avancer
sur la pointe des pieds, précautionneusement, et, fi g., en
faisant montre de prudence. Le pied lui a tourné (vieilli).
S’emmêler les pieds (fam.), voir Emmêler. Traîner les pieds,
avancer avec peine et, fi g., se faire prier, s’exécuter de mauvaise grâce. Sauter à pieds joints, en gardant les deux pieds serrés l’un contre l’autre et, fi g., sauter à pieds joints
sur l’occasion, sur l’aubaine, s’empresser d’en profi ter. Avoir le pied sûr. Avoir le pied marin, ne pas être sujet au
mal de mer. Traverser une rivière à pied sec ou à pieds secs.
Avoir, mettre le pied à l’étrier, voir Étrier. Fam. Conduire le pied au plancher, ou pied au plancher, en appuyant à fond
sur l’accélérateur. Lever le pied, relâcher la pression sur l’accélérateur, ralentir, et, fi g., réduire son activité.
Loc. verb. Mettre pied à terre, descendre de cheval. Avoir
pied, pouvoir toucher le fond de l’eau sans avoir la tête
immergée. Perdre pied, perdre cet appui et, fi g., être décon-tenancé, ne plus savoir où l’on en est. Prendre pied en un
lieu, s’y établir solidement. Lâcher pied, reculer, s’enfuir,
et, fi g., céder, montrer de la faiblesse. Fouler aux pieds, voir
Fouler.
Loc. adv. et adj. À cloche-pied, voir Cloche-pied. De pied
ferme, voir Ferme I. À pied, en marchant, sans emprunter
de véhicule. Aller à pied. Marche, course à pied. Pêche à
pied. Anciennt. Ici on loge à pied et à cheval, enseigne de
certaines hôtelleries qui recevaient les voyageurs et leurs
montures. MILIT. Chasseur à pied, soldat appartenant à une
unité d’infanterie légère. – DROIT. Mise à pied, anciennt.,
le fait de ruiner quelqu’un et de le priver d’équipage ; par extension, action de suspendre quelqu’un, de le décharger de ses fonctions.
Dans le vocabulaire des sports. Pied d’appui, pied d’appel.
Contre-pied, voir ce mot. Au football. Contrôle de la balle au pied. Coup de pied au but. Coup de pied de coin, corner.
Au rugby. Coup de pied de pénalité, de transformation.
ESCR. Appel du pied, voir Appel. – DANSE. Passe-pied, voir
ce mot.
3. Dans des expressions essentiellement fi gurées. Pour
décrire un état physique ou moral. Avoir bon pied, bon œil, voir Œil. Être sur pied, être prêt à agir, ou être rétabli après une maladie. Il était sur pied dès six heures. Vous serez
bientôt sur pied. Être sur le pied de guerre, être prêt à parer
à toute éventualité. Ne plus pouvoir mettre un pied devant
l’autre, être épuisé. Ne bouger, ne remuer ni pieds ni pattes
(fam.), rester complètement immobile. Être pieds et poings
liés, réduit à l’impuissance, à la merci de ses adversaires. Avoir un pied dans la tombe, être très malade, près de mourir.
Fam. et vieilli. Avoir les pieds nickelés, voir Nickeler. Pop.
Partir les pieds devant, mourir, être porté en terre.
Pour décrire la manière dont quelqu’un se conduit. Partir
du bon pied, entreprendre quelque chose dans de bonnes
conditions. Ne plus savoir sur quel pied danser, quel parti adopter. Avoir les pieds sur terre, faire preuve de bon sens, de réalisme. Couper l’herbe sous les pieds de quelqu’un, lui
couper l’herbe sous le pied, voir Couper. Faire un pied de nez à quelqu’un (fam.), un geste de moquerie, la main tendue
et le pouce sur le nez. Loc. adv. et adj. D’arrache-pied, voir
Arrache-pied. Au pied levé, à l’improviste. Lutter, résister pied à pied, vaillamment, sans céder un pouce de terrain.
Fam. S’être levé du pied gauche, manifester une mauvaise humeur tenace. Se lever du bon, du mauvais pied. Marcher
sur les pieds de quelqu’un, empiéter sur ses attributions, ses
pouvoirs. Ne pas se moucher du pied, se montrer arrogant, prétentieux. Faire des pieds et des mains, voir Main. Mettre
les pieds sous la table, s’attabler sans avoir aidé à préparer le
repas. Avoir un pied dans la maison, y avoir ses entrées. Ne
plus mettre les pieds dans un lieu, chez une personne, ne plus
vouloir s’y rendre. Retomber sur ses pieds, rétablir une situa-tion diffi cile, se tirer adroitement d’embarras. Avoir, garder
un pied dans chaque camp, ménager chacune des parties
adverses. Pop. Casser les pieds à quelqu’un, l’importuner.
Un casse-pieds, voir ce mot. Mettre les pieds dans le plat,
dire ce qu’il faudrait taire, aborder sans précaution un sujet délicat. Ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot, se montrer actif, ingénieux, plein de ressources. Faire du pied
à quelqu’un, toucher, frôler son pied subrepticement avec le
sien, pour marquer une connivence ou un intérêt galant. Pour marquer la soumission, le respect. Je suis à vos pieds.
Se jeter, tomber aux pieds de quelqu’un, implorer sa pitié,
son pardon. Se traîner aux pieds de quelqu’un, le supplier. Spécialt. Venir au pied, se dit d’un chien qui répond à l’appel de son maître et vient se coucher près de lui. Ellipt.
Au pied !
II. Chez les animaux. Extrémité inférieure de la jambe ou
de la patte de certains mammifères et de quelques oiseaux.
Pied de cerf, de biche, de sanglier. Le pied fourchu des Ruminants. Les pieds palmés du canard. Un pied pourvu d’un ergot, d’un sabot, de griffes. Curer, nettoyer le pied
PIE PIE
d’un cheval. Parer les pieds d’un cheval, enlever avec le
boutoir la corne superfl ue des sabots, pour le ferrer. ÉQUIT.
Changement de pied, voir Changement. Galoper sur le bon pied, voir Galoper. – CUIS. Pieds de veau à la vinaigrette.
Pieds de porc ou de cochon grillés, panés. Pieds de mouton farcis. Pieds paquets, voir Paquet. Petits pieds (vieilli), nom
donné autrefois aux grives, cailles, ortolans et autres petits oiseaux rôtis d’un goût délicat.
Loc. et expr. Haut le pied, voir Haut. Acheter du bétail, de
la viande sur pied, des animaux de boucherie encore vivants.
Fig. Le coup de pied de l’âne, voir Âne. Faire feu des quatre
pieds, agir ou réagir avec vigueur. Cela ne se trouve pas sous le pied d’un cheval (on dit aussi sous le sabot ou sous le pas),
cela ne se trouve pas facilement. Fam. Faire le pied de grue, attendre longtemps dans le même endroit. Vieilli. Pieds de
mouche, écriture aux caractères menus et diffi ciles à lire
(on dit aujourd’hui Pattes de mouche).
VÈN. Patte d’un animal de chasse. Être, se mettre sur
pied ou sur pieds, se dit d’un animal qui quitte la reposée. Hallali sur pied. Faire les honneurs du pied, voir Honneur.
Par méton. Trace laissée par le pied de l’animal. Repérer,
suivre le pied d’un cerf. Prendre le pied, suivre la voie de
l’animal de chasse. Faire le pied, évaluer l’espèce, l’âge, la taille de l’animal en examinant ses empreintes. Le veneur a
reconnu au pied qu’il s’agissait d’une biche. Contre-pied,
voir ce mot.
Par ext. Désigne le disque charnu qui est l’organe de la locomotion chez les Gastéropodes, ainsi que le prolongement musculeux des Lamellibranches. Le pied d’un escargot.
Pied, associé à un nom d’animal, entre dans la formation
d’un grand nombre de mots composés dont les plus courants font l’objet d’une entrée ci-après.
III. Par anal. Ce sur quoi repose une chose, ce qui supporte
le poids d’une chose. 1. Partie la plus basse d’un relief, d’un édifi ce ; partie d’un objet qui repose sur le sol, sert de support. Le pied d’une montagne. Ce village est situé au pied
des Pyrénées. Le pied d’un rempart, d’une tour. Le pied d’un escalier. Les pieds d’une chaise, d’un lit. Pieds ouvragés, cannelés, sculptés. Le pied d’une lampe. Un verre à pied. Pied démontable, télescopique. Le pied d’un appareil photo-graphique. Expr. fam. Un nez en pied de marmite, large du
bas et retroussé.
TECHN. Pied de bielle, Pied à coulisse, voir Bielle,
Coulisse.
Par ext. GÉOM. Le pied d’une perpendiculaire, le point où
la perpendiculaire à une droite ou à un plan rencontre cette droite ou ce plan.
Loc. et expr. De plain-pied, voir ce mot. À pied d’œuvre, voir
Œuvre. Avoir du pied, en parlant d’une construction, avoir une
bonne assise. Un mur qui a du pied, plus épais à la base qu’au sommet. Donner du pied à une échelle, éloigner du mur le bas de l’échelle, pour la rendre plus stable. Mettre quelqu’un
au pied du mur (fi g.), lui ôter toute échappatoire. Prov. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, voir Maçon. MARINE.
Avoir du pied dans l’eau ou, simplement, avoir du pied,
se dit d’un voilier qui a un fort tirant d’eau.
2. Partie d’un arbre, d’une plante qui touche à la terre.
Être assis au pied d’un arbre. Saint Louis rendait la justice au pied d’un chêne. Arroser une plante au pied. Le pied d’un champignon.
Par méton. La plante elle-même. Un clos de cinq cents
pieds de vigne. Un pied de tabac. Repiquer des pieds de laitue. Pied mère, plante sélectionnée et cultivée pour la
production de boutures ou de greffons.
Loc. et expr. Cerner un arbre au pied, voir Cerner. Sur
pied, avant que la plante soit récoltée. Blé, bois sur pied. Vendre, acheter une récolte, une coupe sur pied. Sécher sur pied, se dit d’une plante qui s’étiole, se dessèche avant
la récolte et, fi g., d’une personne qui languit et se consume d’ennui.
IV. Employé pour désigner diverses unités de mesure. 1.
Unité de longueur en usage en France avant l’introduction du système métrique, et qui a varié suivant les lieux et les époques. Le pied de roi ou pied de Paris valait 0,324 mètre.
La brasse valait cinq pieds et la toise six. Le pied était divisé en douze pouces. Un homme de cinq pieds six pouces. Posséder quelques pieds de terre. Pied carré, se disait d’une
surface carrée d’un pied de côté, et Pied cube, d’un cube dont chaque arête vaut un pied.
Désigne également une unité anglo-saxonne valant 0,3048 mètre et utilisée en aéronautique pour mesurer l’alti-tude (symb. ft). Cet avion a commencé sa procédure
d’atter-rissage à 700 pieds.
Loc. et expr. Reposer six pieds sous terre, être mort et enterré. Fig. Souhaiter, vouloir être à cent pieds sous terre, être empli de honte, de confusion. Tirer une langue d’un pied
de long, désirer vivement quelque chose ou en avoir grand
besoin. Faire une mine de trois pieds de long, marquer un vif dépit.
Par ext. Dans un certain nombre de locutions et d’expres-sions, Pied désigne une mesure approximative, une quantité indéterminée. Au petit pied, en réduction. Un tyran au petit
pied. Au pied de la lettre, selon la lettre, au sens strict. Appli-quer le règlement au pied de la lettre. Vivre sur un grand pied, avoir un train de vie important, dispendieux. Être traité sur le même pied que quelqu’un, être avec quelqu’un sur un pied d’égalité, d’intimité, de camaraderie.
2. PROS. GRECQ. ETLAT. Groupe de deux à quatre syllabes, longues ou brèves, qui constitue l’unité métrique du vers.
Le spondée est un pied composé de deux syllabes longues, le dactyle un pied composé d’une syllabe longue suivie de deux brèves.
Par anal. S’est employé abusivement, en versifi cation française, comme synonyme de Syllabe. L’alexandrin est un
vers de douze pieds.
PIED-À-TERRE (d se lie et se prononce t) n. m. inv.
XVIIe siècle, pour désigner une sonnerie de trompette indiquant au
cavalier qu’il devait mettre pied à terre ; XVIIIe siècle, au sens actuel.
Composé de pied, d’à et de terre.
Logement où l’on ne réside pas à demeure, que l’on occupe à l’occasion. Il vit en province et dispose d’un
pied-à-terre à Paris.
PIED-BOT n. m. (pl. Pieds-bots). XVIe siècle. Composé de
pied et de bot.
Personne dont le pied, déformé, ne peut prendre contact avec le sol par des points d’appui normaux. Œdipe était
pied-bot. Talleyrand était un pied-bot. En apposition. Un enfant pied-bot. Par anal. Un cheval pied-bot.
*PIED-D’ALOUETTE n. m. (pl. Pieds-d’alouette).
XVIe siècle. Composé de pied, de d(e) et d’alouette, parce que
la fl eur de cette plante possède un éperon qui ressemble à l’ergot de la patte de l’alouette.
Nom usuel du delphinium, encore appelé dauphinelle (on trouve aussi Pied d’alouette).
*PIED-DE-BICHE n. m. (pl. Pieds-de-biche). XVIe siècle. Composé de pied, de de et de biche, par analogie de forme avec la patte d’une biche.
1. Pied de biche naturalisé, utilisé comme poignée de
sonnette. Tirer le pied-de-biche.
2. Par anal. AMEUBL. Table, bureau à pieds-de-biche,
aux pieds galbés s’affi nant progressivement jusqu’à leur extrémité dont la forme évoque le sabot d’une biche.
PIE PIE
3. TECHN. Nom donné à divers instruments, divers outils dont l’une des extrémités est fendue, fourchue comme un sabot de biche. Le pied-de-biche d’un serrurier, d’un
menui-sier. Le pied-de-biche d’une machine à coudre, la pièce qui
sert à guider et maintenir le tissu sous l’aiguille.
Se dit en particulier d’un levier métallique servant à arracher des clous ou à soulever, à déplacer des charges (en ce sens, on dit aussi parfois Pied-de-chèvre). Le cambrioleur
força la porte avec un pied-de-biche.
*PIED-DE-CHEVAL n. m. (pl. Pieds-de-cheval).
XIXe siècle. Composé de pied, de de et de cheval, parce que cette
huître ressemble au sabot d’un cheval.
Nom donné à une huître plate de grande taille, que l’on trouve surtout dans la baie du Mont-Saint-Michel.
*PIED-DE-CHÈVRE n. m. (pl. Pieds-de-chèvre).
XIVe siècle, au sens de « pince ». Composé de pied, de de et de
chèvre, par analogie de forme avec la patte d’une chèvre.
TECHN. 1. Pièce de bois soutenant les montants d’un
appareil de levage appelé chèvre.
2. Instrument plus couramment appelé Pied-de-biche. *PIED-DE-COQ n. m. (pl. Pieds-de-coq). XIXe siècle.
Composé de pied, de de et de coq, par analogie de forme avec la patte d’un coq ou avec son empreinte.
Étoffe dont le tissage présente des motifs plus grands que ceux du pied-de-poule. Une veste en pied-de-coq. En apposi-tion. Des lainages pied-de-coq.
*PIED-DE-GRIFFON n. m. (pl. Pieds-de-griffon).
XVIIe siècle, pour désigner un instrument de chirurgie ; XVIIIe siècle,
au sens actuel. Composé de pied, de de et de griffon, parce que les feuilles de cette plante rappellent le dessin d’une patte de griffon.
Nom usuel d’une variété d’ellébore.
*PIED-DE-LION n. m. (pl. Pieds-de-lion). XIIIe siècle.
Composé de pied, de de et de lion, parce que cette plante est duveteuse.
Un des noms usuels de l’edelweiss.
*PIED-DE-LOUP n. m. (pl. Pieds-de-loup). XVIIe siècle.
Composé de pied, de de et de loup, parce que les feuilles découpées de cette plante rappellent la patte d’un loup.
Nom usuel du lycopode.
*PIED-DE-MOUCHE n. m. (pl. Pieds-de-mouche).
XIXe siècle, au sens de « bagatelle » ; XXe siècle, au sens actuel, par
analogie de taille. Composé de pied, de de et de mouche.
TYPOGR. Signe (¶) naguère utilisé pour indiquer un
paragraphe ou pour appeler l’attention du lecteur. – INFORM.
Caractère identique qui n’apparaît qu’à l’écran et indique un retour à la ligne.
*PIED-DE-MOUTON n. m. (pl. Pieds-de-mouton).
XIXe siècle. Composé de pied, de de et de mouton, probablement à cause de la couleur claire de ce champignon.
Nom usuel d’un champignon comestible, l’hydne bosselé.
*PIED-DE-POULE n. m. (pl. Pieds-de-poule). XVIIe siècle,
pour désigner diverses plantes ; XVIIIe siècle, au sens d’« ortie
blanche » ; XIXe siècle, au sens 2. Composé de pied, de de et de
poule, par analogie de forme avec la patte d’une poule ou avec son
empreinte.
1. Nom usuel de divers végétaux, et notamment du lotier.
2. Étoffe tissée de manière à présenter un motif en damier
dont les carreaux inclinés et légèrement étirés rappellent l’empreinte d’une patte de poule. Un pied-de-poule beige
et brun. Un manteau en pied-de-poule. En apposition. Un costume pied-de-poule. Des vestes pied-de-poule.
*PIED-DE-ROI n. m. (pl. Pieds-de-roi). XVe siècle. Composé
de pied, de de et de roi.
Anciennt. Petite règle de la longueur d’un pied de roi, ou pied de Paris, graduée en pouces et en lignes.
Désigne au Canada une règle pliante longue de deux ou trois pieds de roi.
*PIED-DE-VEAU n. m. (pl. Pieds-de-veau). XVe siècle.
Composé de pied, de de et de veau, parce que le cornet de cette plante ressemble à la patte d’un veau.
Nom usuel de l’arum.
PIED-DROIT n. m. (pl. Pieds-droits). Voir Piédroit. PIÉDESTAL n. m. (pl. Piédestaux). XVIe siècle, pedestal.
Emprunté de l’italien piedestallo, de même sens, lui-même composé de piede, « pied », et stallo, « séjour ».
ARCHIT. SCULPT. Support composé d’une base, d’un dé et d’une corniche, et qui sert de socle à une colonne, une statue, un objet décoratif, etc. Piédestal ionique, corinthien, toscan.
Un alignement de piédestaux carrés, cylindriques. Un buste sur piédestal de marbre. Cette console sert de piédestal à l’horloge. Par ext. Piédestal continu, voir Continu.
Fig. Mettre, hisser quelqu’un sur un piédestal, lui vouer une grande admiration. Tomber, choir de son piédestal, perdre brutalement son prestige, son renom. Descendre
de son piédestal, abandonner une attitude altière pour un
comportement plus simple.
PIED-FORT n. m. (pl. Pieds-forts). Voir Piéfort. *PIED-NOIR n. m. (pl. Pieds-noirs). XIXe siècle.
Traduc-tion de l’anglais des États-Unis Black-foot, lui-même traducTraduc-tion de Siksika, terme par lequel ces Indiens se désignent dans leur propre langue, pour le sens 1. Composé de pied et de noir pour les sens 2 et 3.
1. Peuple algonquin du Canada et des États-Unis.
2. Fam. et vieilli. Nom donné au début du XXe siècle aux
chauffeurs des vapeurs à charbon, souvent algériens, qui travaillaient pieds nus dans la soute ; par ext., nom donné aux Algériens.
3. Nom revendiqué par les Français d’origine européenne
installés ou nés en Algérie avant l’indépendance de ce pays et, parfois, par leurs descendants. Après 1962, de nombreux
pieds-noirs rapatriés se sont installés dans le Sud de la France. (En ce sens, on rencontre le féminin Pied-noire.)
Adjt. Le parler noir. Une famille noir ou
pied-noire. Des origines pieds-noirs ou pieds-noires.
PIÉDOUCHE n. m. XVIIesiècle. Emprunté de l’italien
peduccio, de même sens, et proprement « petit pied ».
ARCHIT. SCULPT. Petit piédestal carré ou circulaire qui sert de support à un buste, un vase, une fi gurine, etc. Une
statuette montée sur piédouche, montée en piédouche.
*PIED-PLAT n. m. (pl. Pieds-plats). XVIe siècle, au sens
d’« homme de rien », parce que les gens du peuple portaient des chaussures sans talon. Composé de pied et de plat.
PIÉDROIT n. m. XVe siècle, piez drois. Composé à l’aide de
pied et de droit I.
ARCHIT. 1. Chacun des montants verticaux qui supportent
la naissance d’un arc, d’une voûte. Une colonne formant
piédroit. Les piédroits d’un pont.
2. Chacun des montants qui forment l’encadrement d’une
porte, d’une fenêtre (on dit aussi Jambage). (On écrit aussi Pied-droit.)
PIÉFORT n. m. XVIIe siècle. Composé à l’aide de pied et
de fort I.
NUMISM. Pièce de monnaie d’or, d’argent, ou d’un autre
métal, beaucoup plus épaisse que les pièces ordinaires, frappée autrefois pour servir d’essai ou de modèle aux graveurs de coins ou, lors d’une nouvelle émission, pour être offerte à certaines personnalités (on a écrit aussi Pied-fort).
Les piéforts sont recherchés par les collectionneurs.
PIÈGE n. m. XIIe siècle. Issu du latin pedica, « lien aux pieds ;
piège », lui-même dérivé de pes, pedis, « pied ».
1. Instrument, engin, dispositif dont on se sert pour attirer,
capturer ou détruire les animaux. Un piège à rat ou à rats.
Les mâchoires, le ressort d’un piège. Piège à poteau, piège à palette. Un piège de capture. Les appeaux sont des pièges d’attraction. Tendre, dresser un piège. Éventer, éviter un piège. Faire donner un animal dans le piège. Prendre une bête au piège.
Par anal. Dispositif agencé par certains animaux pour capturer leur proie, ou organe dont disposent certaines plantes à cet effet. La toile des araignées est un piège
redoutable. GÉOL. Structure géologique formée d’une roche
poreuse où s’accumulent des hydrocarbures ou des gaz dont la migration vers le haut est rendue impossible par une couche imperméable.
Spécialt. MILIT. Dispositif camoufl é destiné à blesser ou
tuer l’adversaire, à détruire son matériel de guerre. Des
pièges antichars. – TECHN. Piège à bulles, appareil qui permet de supprimer les bulles gazeuses d’un liquide. Piège
à sons, ensemble de panneaux d’insonorisation. – ÉLECTRON.
Piège à ions, dans un tube cathodique, dispositif
magné-tique qui attire les ions négatifs pour les écarter de l’écran fl uorescent qu’ils abîmeraient.
Par ext. Ce qui retient prisonnier. Le piège des glaces
s’était refermé sur le navire.
2. Fig. Artifi ce, ruse dont on se sert pour tromper
quelqu’un, le mettre en diffi culté. Semer des pièges sous les
pas de quelqu’un. Flairer un piège. Tomber, donner dans le piège. Être pris à son propre piège.
Par ext. Diffi culté qui déroute, surprend la sagacité.
Les pièges d’un problème mathématique. En apposition. Question piège, conçue pour embarrasser ceux à qui on la pose.
*PIÉGEAGE n. m. XIXe siècle. Dérivé de piéger.
1. Chasse ou capture d’animaux au moyen de pièges.
Le piégeage des fouines.
2. Action de piéger un engin, un objet, un lieu. Le piégeage
d’une voiture.
*PIÉGER v. tr. (se conjugue comme Alléger). XIIIe siècle,
piegier. Dérivé de piège.
1. Chasser, capturer un animal au moyen d’un piège. Piéger
des animaux nuisibles. Absolt. Il chassait et piégeait.
Par anal. Capturer au moyen d’un dispositif quelconque.
Un fi ltre qui piège les particules en suspension dans l’air.
Fig. et fam. Prendre quelqu’un au piège ; le mettre en diffi culté. La police a piégé les voleurs. Le candidat s’est
laissé piéger par une question insidieuse.
2. Pourvoir d’un dispositif d’explosion, qui se déclenche à
retardement ou au choc, au contact, etc. Piéger une maison.
Piéger une route. Au participe passé, adjt. Un colis piégé, une valise piégée.
*PIÉGEUR, -EUSE n. (rare au féminin). XXe siècle. Dérivé
de piéger.
Personne qui chasse au moyen de pièges. Un piégeur
d’ours.
PIE-GRIÈCHE n. f. (pl. Pies-grièches). XVIe siècle.
Composé de pie et de l’ancien français grièche, issu du croisement de griois, « grec », parce que les Grecs, comme cet oiseau, passaient pour très querelleurs, et de grieu, « grive ».
Nom donné à un genre de passereaux au bec crochu, au plumage pie, à bandeau noir, qui se nourrissent de petits oiseaux et de rongeurs, et vivent dans les bois ou les buissons.
La pie-grièche grise était autrefois utilisée en fauconnerie. La pie-grièche écorcheur empale ses proies sur des épines et des barbelés.
Fig. et fam. Femme criarde et querelleuse.
PIE-MÈRE n. f. (pl. Pies-mères). XIIIe siècle. Composé de
pie, « pieuse », et de mère I, traduction du bas latin médiéval pia mater, proprement « mère pieuse » (par opposition à dura mater,
« dure-mère »).
ANAT. Membrane transparente, très fi ne, enveloppant
étroitement le cerveau et la moelle épinière, et qui constitue la méninge interne.
*PIÉMONT n. m. XXe siècle. Composé à l’aide de pied et de
mont, avec infl uence de l’italien piemonte, de même sens.
GÉOGR. Zone de plaines ou de collines, constituée d’accu-mulations détritiques qui forment un glacis au pied d’un massif montagneux. Le piémont bavarois, pyrénéen. Le
piémont italien ou, ellipt., le Piémont. Glacier de piémont,
glacier dont le front largement étalé forme une avancée circu-laire au débouché d’une ou de plusieurs vallées glaciaires.
*PIÉMONTAIS, -AISE adj. Attesté au XVIe siècle comme
substantif féminin, pour désigner une danse. Dérivé de Piémont, nom géographique.
Relatif au Piémont, région du Nord-Ouest de l’Italie située au pied de la chaîne alpine. La plaine piémontaise.
Race piémontaise, race bovine de la vallée du Pô, à la robe
gris clair, élevée pour la boucherie. Les vignobles piémontais
d’Asti.
Subst. Un Piémontais, une Piémontaise, personne qui habite le Piémont ou en est originaire. Le piémontais, dialecte italien parlé dans le Piémont.
CUIS. Salade piémontaise, composée de pommes de terre,
tomates, œufs durs, jambon et cornichons, et agrémentée de mayonnaise. Loc. À la piémontaise, se dit de certains plats particuliers à cette région, et notamment de volailles, de viandes, de poissons accompagnés de polenta. Risotto à la
piémontaise, parfois additionné de truffe blanche.
PIÉRIDE n. f. XIXe siècle. Emprunté, par l’intermédiaire du
latin, du grec Pierides, « les Piérides », un des noms des Muses.
ENTOM. Petit papillon diurne, blanc ou jaunâtre, dont les chenilles mangent les feuilles de certaines crucifères. Piéride
du chou, du navet.
PIERRAILLE n. f. XIVe siècle. Dérivé de pierre.
Petite pierre, éclat de pierre. Disposer quelques pierrailles
au fond d’un pot de fl eurs. Au singulier, avec un sens collectif.
Amas de petites pierres, de pierres concassées. Recharger un
chemin avec de la pierraille.
PIE PIE
PIERRE n. f. Xe siècle, pedra ; XIIe siècle, piere ; XIIIe siècle,
pierre. Issu du latin petra, « rocher, pierre », lui-même emprunté du
grec petra, de même sens.
I. Désigne dans l’usage courant une roche solide et plus ou
moins dure, qui constitue des masses compactes dans le sol ou affl eure à sa surface. Une lande où la pierre paraît à nu.
Pierre dure, pierre tendre. Pierre gélive, susceptible de se
fendre sous l’effet du gel. Un bloc de pierre. Tirer, extraire
de la pierre d’une carrière. Sculpter la pierre. Un escalier en pierre, un pont de pierre. Dur comme pierre, comme la pierre. L’âge de pierre, l’âge de la pierre, période de la
Préhistoire où les hommes fabriquaient des armes et des outils de pierre. L’âge de la pierre taillée, le Paléolithique.
L’âge de la pierre polie, le Néolithique. Une hache en pierre taillée, en pierre polie. BOT. Passe-pierre, Perce-pierre, voir ces mots.
Expr. Geler à pierre fendre, très fort. Fig. Un visage de
pierre, qui ne manifeste aucune émotion. Être, rester de pierre, impassible ou insensible. Un cœur de pierre, que rien
ne peut émouvoir.
Suivi d’un adjectif ou d’un complément déterminatif.
Pierre calcaire, granitique, siliceuse. Pierre marbrière. Pierre coquillière. Pierre à plâtre, nom donné au gypse,
qui sert à la fabrication du plâtre. Pierre à bâtir. Pierre à
chaux. Pierre de liais, voir Liais. Pierre meulière. Le basalte et l’obsidienne sont des pierres volcaniques. Pierre ponce,
lave poreuse et légère, que l’on utilise comme abrasif. Une
pierre ponce, fragment de cette lave, dont on se sert pour
polir. Pierre vitrifi able, que l’action du feu peut transformer en verre. Pierre d’aimant, magnétite (voir ce mot). Pierre de
Labrador ou, ellipt., labrador, voir ce mot. Pierre de lard,
nom donné à la stéatite. Vieilli. Pierre de mine, minerai. Une
pierre de foudre, voir Foudre I.
Par anal. En apposition. Carton-pierre, voir ce mot.
II. Fragment de matière rocheuse. 1. Bloc de taille
variable ; quartier de roche, caillou. Un éboulis de pierres.
Une avalanche, une grêle de pierres. Trébucher sur une pierre. Chasse-pierres, voir ce mot. Lancer, jeter une pierre. Lance-pierres, voir ce mot. Tuer quelqu’un à coups de pierre,
le lapider. Concasser des pierres. Casse-pierres, voir ce mot. Une pierre levée, un menhir. Les pierres druidiques des
cromlechs, des dolmens. La pierre de Rosette, stèle
décou-verte à Rosette, en Égypte, et dont les inscriptions trilingues permirent à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes.
RELIG. ISLAMIQUE. La pierre noire, pierre sacrée enchâssée
dans la Kaaba, à La Mecque.
Fig. Pierre d’achoppement, voir Achoppement. Pierre de
scandale (vieilli), occasion de scandale.
Expr. Être muet comme les pierres. Être malheureux comme
les pierres, toucher le fond de la détresse. Fig. Être capable d’émouvoir les pierres, les pierres du chemin (vieilli), être
capable de toucher les cœurs les plus insensibles. Trouver
une pierre, des pierres sur son chemin, en son chemin, se
heurter à des obstacles. Faire d’une pierre deux coups, user d’un même moyen pour atteindre deux buts. À un jet de
pierre, tout près. Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de quelqu’un, voir Jardin. Jeter la pierre à quelqu’un, lui
faire porter la responsabilité d’un évènement fâcheux. Que
celui qui est sans péché lui jette la première pierre, se dit par
allusion aux paroles de Jésus appelant à l’indulgence ceux qui voulaient lapider la femme adultère. Fam. Marquer un
jour d’une pierre blanche ou, plus rarement, d’une pierre noire, le compter parmi les jours fastes, les jours néfastes,
dont on gardera la mémoire.
Prov. Pierre qui roule n’amasse pas mousse, voir Amasser. Vieilli. Les pierres mêmes parleront, crieront, se dit à propos d’une action particulièrement odieuse, qui révolte la conscience.
Titre célèbre : Sur la pierre blanche, d’Anatole France (1905).
2. Bloc de roche employé dans la construction des
édifi ces. Parfois au singulier avec un sens collectif. Un
bâtiment en pierre, en pierre de taille. Amphion construisit les murs de Thèbes en attirant les pierres aux accents de sa lyre. Un tailleur de pierre ou de pierres. Mettre une pierre en chantier, la déposer sur un support et la caler, afi n de
la tailler. Le lit, le délit d’une pierre. Délarder, épanneler un
bloc de pierre. Pierre bourrue, mal dégrossie. Dresser une pierre, la rendre plane, unie. Pierre faite, entièrement taillée
et prête à être mise en place. Débiter, ajuster, appareiller
les pierres d’une façade. Une assise de pierres. Lier des pierres avec du ciment. Pierres sèches, posées simplement
l’une sur l’autre, sans mortier. Un muret de pierre sèche ou de pierres sèches. Ouvrage à pierre perdue ou à pierres
perdues, construction qu’on élève dans l’eau en y jetant de
gros quartiers de roche. Les fondations de cette digue ont été
faites à pierres perdues. Pierre d’attente, voir Attente. Pierre angulaire, voir Angulaire. Pierre d’encoignure.
Loc. et expr. Poser la première pierre, en parlant d’un personnage offi ciel, sceller symboliquement la pierre de fondation d’un édifi ce, qui contient souvent une médaille, une monnaie, une inscription commémorative et, fi g., être l’initiateur de quelque chose. Le préfet a posé la première
pierre du nouvel hôpital. Pierre à pierre, pierre après pierre,
au prix d’efforts répétés ; par ext., petit à petit. Nous avons
construit cette maison nous-mêmes, pierre à pierre. L’ennemi n’a pas laissé pierre sur pierre de cette ville, il l’a
entière-ment détruite. Fig. Apporter sa pierre à l’édifi ce, apporter
son concours à la réalisation d’une œuvre collective. RELIG.
CHRÉTIENNE. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Église, parole du Christ désignant l’apôtre Simon comme
chef de l’Église. Pierres vives, se dit des chrétiens, qui constituent l’édifi ce de l’Église.
Par méton. Aimer les vieilles pierres, l’architecture ancienne. Fam. Investir dans la pierre, dans l’immobilier.
Par anal. Pierre reconstituée, matériau moulé, à base de poudres et de granulats de pierres liés par un ciment, et qui imite la pierre naturelle.
Titres célèbres : Le Tailleur de pierres de Saint-Point, d’Alphonse de Lamartine (1851) ; Les Pierres de Venise, de John Ruskin (1851-1853).
3. Fragment de matière minérale entrant dans la
fabrica-tion d’objets et d’outils, ou servant à des usages spécialisés.
Pierre à affûter, à affi ler, à aiguiser. Pierre à brunir,
brunis-soir en agate ou en hématite. Pierre noire, crayon à dessiner, composé d’une matière minérale naturelle ou d’un produit de synthèse de couleur noire. Dessin à la pierre noire. Pierre à
feu, fragment de silex qui, frappant une matière dure, produit
des étincelles. Pierre à briquet, voir Briquet I. Pierre à fusil, voir Fusil.
Pierre de foyer, dalle scellée dans le sol devant une
cheminée pour isoler le parquet du feu. Pierre d’évier, pierre
à laver (vieilli), évier de pierre. Pierre à parer, sur laquelle
relieurs et maroquiniers parent les peaux. Pierre à broyer, pierre qui servait à broyer les céréales ; pierre d’un grain très fi n et serré sur laquelle on broie les couleurs. Pierre
litho-graphique. Pierre de touche, variété de jaspe noir servant à
éprouver l’or et, fi g., ce qui permet de connaître, de mesurer la qualité d’une chose ou d’une personne. Le malheur est la
pierre de touche de l’amitié. Pierre philosophale, voir Philo-sophal. ANTIQ. ROM. Pierre milliaire, borne placée de mille
en mille le long des voies romaines.
Spécialt. Pierre tombale ou, simplement, pierre, dalle, souvent de granit ou de marbre, qui recouvre une tombe ou un caveau. Une inscription gravée sur la pierre tombale.
Reposer sous la pierre. Pierre d’autel, table de pierre ou
Par anal. Pierre à lécher, bloc de sels minéraux et parfois d’autres substances, destiné à l’alimentation du bétail. Anciennt. Pierre bleue, composition utilisée pour aviver la blancheur du linge. Pierre à détacher, servant à enlever les taches des vêtements. Pierre infernale, voir Infernal.
III. Spécialt. Substance minérale très dure, recherchée pour
son éclat, sa beauté, sa rareté ; fragment de cette substance, servant à la fabrication de bijoux, d’ornements ou d’objets d’art. Une pierre brute. Une pierre de la plus belle eau.
Pierre délavée, d’une couleur pâle. Une pierre de dix carats. La taille des pierres relève de l’art du lapidaire, du diaman-taire. Cliver une pierre, la fendre selon ses plans naturels. Une pierre taillée à facettes, en brillant, en cabochon. Arrêter, sertir une pierre. La pierre, les pierres d’une bague, d’un collier. Pierres gemmes. Pierres précieuses, le diamant,
l’émeraude, le rubis, le saphir. Pierres fi nes, gemmes qui ont souvent moins de dureté et de transparence que les pierres précieuses. L’aigue-marine, le grenat, la turquoise sont des
pierres fi nes. Pierres dures, pierres fi nes comme l’agate,
l’onyx, la sardoine, que l’on peut graver ou sculpter pour réaliser des camées, des intailles, etc. Une marqueterie de
pierres dures.
Entre dans l’appellation courante de divers minéraux.
La pierre d’évêque, l’améthyste. Pierre de lune, variété de
feld spath incolore et translucide, aux refl ets nacrés. Pierre
d’iris, nom donné à des pierres irisées comme l’opale ou la
calcédoine. Pierre de jade, ancienne dénomination du jade.
Pierre lydienne, jaspe noir. Pierre d’azur (vieilli),
lapis-lazuli.
Par anal. Pierres artifi cielles, fausses pierres, produits de synthèse qui imitent les pierres fi nes et précieuses. Le strass
est une pierre d’imitation souvent employée pour les bijoux de théâtre ou de fantaisie, et sur les vêtements.
IV. Par anal. Concrétion qui se forme dans des organismes
vivants. Pierre de bézoard (vieilli) ou, ellipt., bézoard, voir ce mot. PATHOL. Vieilli. Pierre biliaire, calcul. Maladie de la
pierre, lithiase rénale (on a dit aussi Gravelle).
BOT. Petite concrétion dure qui se forme dans certains
fruits. Ces poires ont beaucoup de pierres.
PIERRÉ n. m. ou PIERRÉE n. f. XIIIe siècle, perree, au sens
de « mesure pour le grain » ; XVIIe siècle, pierrée, au sens actuel.
Dérivé de pierre.
1. Conduit de pierres sèches servant à l’écoulement des
eaux. Aménager une pierrée dans un jardin.
2. Construction de maçonnerie grossière, faite d’un
empile-ment de gros cailloux en lits successifs liés par un mortier.
PIERRERIES n. f. pl. XIIIe siècle, perreries. Dérivé de pierre.
Pierres précieuses ou pierres fi nes montées en joyaux. Une
cassette pleine de riches et chatoyantes pierreries. Une épée ornée de pierreries.
PIERREUX, -EUSE adj. XIIe siècle, aux sens 1 et 2. Réfec-tion, d’après pierre, de l’ancien français pereus, lui-même issu du latin petrosus, de même sens. XIXe siècle, au sens 3. Dérivé de pierre.
1. Qui est de la nature de la pierre. Concrétion pierreuse.
Météorite pierreuse.
2. Plein de pierres. Un chemin, un champ pierreux. Un
terrain, un sol pierreux.
Par anal. Un fruit pierreux, dont la chair contient de petites concrétions granuleuses.
3. Subst., au féminin. Argot et vieilli. Prostituée, par
allusion aux femmes qui racolaient dans les chantiers de
construction ouverts au XIXe siècle autour du Louvre.
PIERRIER n. m. XIIe siècle, au sens de « chemin
caillou-teux » ; XIIIe siècle, au sens de « machine de guerre ». Dérivé de
pierre, avec infl uence du latin petrarium, « carrière ».
1. Anciennt. MILIT. Machine de guerre ou mortier primitif qui lançait des boulets de pierre (on disait aussi Perrière). – MARINE. Petit canon pivotant, chargé avec des cartouches
remplies de pierres ou de mitraille, qui armait canots et chaloupes.
2. GÉOGR. Éboulis de pierres.
3. Tas de pierres provenant de l’épierrement (on rencontre
aussi le terme régional Murger).
I. PIERROT n. m. XVIIe siècle. Nom du personnage inventé
et interprété pour le public français au XVIIe siècle par le comédien
Giuseppe Giaratoni, inspiré du Pedrolino de la comédie italienne.
Personnage de pantomime, ingénu et rêveur, faire-valoir de l’habile et virtuose Arlequin. Un habit de Pierrot, large habit blanc à gros boutons noirs et à longues manches.
Pierrots et colombines. Loc. Un pierrot lunaire, au visage
enfariné ou fardé de blanc. Le « Pierrot lunaire » d’Arnold
Schœnberg.
II. PIERROT n. m. XVIIe siècle. Tiré de Pierrot, diminutif de
Pierre.
Fam. Nom donné au moineau franc, ou moineau des villes.
Hardi comme un pierrot.
PIERRURES n. f. pl. XVIe siècle. Dérivé de pierre.
VÈN. Excroissances dures et irrégulières, comparables à
de petites pierres, qui se développent sur la meule des bois d’un cervidé, bosse dure et raboteuse située à leur base. Les
pierrures et les perlures de la tête d’un cerf, d’un chevreuil.
*PIÉTA n. f. ou PIETÀ (e se prononce é) n. f. inv.
XVIIe siècle. Emprunté de l’italien pietà, proprement « pitié ».
Représentation de la Vierge en pleurs, seule, tenant sur ses genoux le corps du Christ après la descente de croix.
Une piéta du XVIIe siècle. Les quatre piétas de Michel-Ange. (On dit aussi Vierge de pitié.)
*PIÉTAILLE n. f. XIIe siècle. Issu du latin médiéval peditalia,
« infanterie », lui-même dérivé de peditare, « aller à pied ».
MILIT. Syn. vieilli d’Infanterie.
Par ext. Péj. Ceux qui vont à pied ou, avec une intention méprisante, ceux qui forment le menu peuple.
PIÉTÉ n. f. Xe siècle, pieted, au sens de « pitié » ; XVIe siècle, au
sens 2. Emprunté du latin pietas, de même sens.
1. Très vieilli. Pitié. Vierge de piété, piéta. Spécialt.
Mont-de-piété, voir ce mot.
HÉRALD. Gouttes de sang d’un émail distinct, qui
s’échap-pent de la poitrine que le pélican se transperce du bec pour nourrir ses trois petits. Au pélican d’argent avec sa piété de
gueules. Pélican représenté dans sa piété.
2. Attachement plein d’amour et de révérence, qui se
manifeste par des marques de respect, des actes de dévoue-ment. Piété fi liale, conjugale. Toutes les civilisations ont en
commun la piété pour les morts.
Spécialt. Dévotion fervente, qui s’exprime dans le respect et l’accomplissement des pratiques religieuses. Une piété
exemplaire, édifi ante. La piété populaire. Livre, image de piété. Exercices de piété, actes de dévotion accomplis avec
une certaine régularité. Le rosaire, le chemin de croix,
l’ado-ration du saint sacrement sont des exercices de piété.
*PIÈTEMENT n. m. XVIe siècle. Dérivé de pied.
Ensemble des pieds d’un meuble et, le cas échéant, des traverses qui les relient. Le piètement d’un siège. Un bureau
à piètement d’acier. (On écrit aussi Piétement.)
PIÉTER v. intr. et pron. (se conjugue comme Céder).
XIIe siècle, au sens de « marcher à pied ». Issu du latin peditare,
« aller à pied », lui-même dérivé de pedes, peditis, « piéton ». I. V. intr. 1. Vieilli. Aux jeux de boules, de quilles, tenir le
pied à l’endroit marqué, sans l’avancer.
2. CHASSE. En parlant d’un oiseau, fuir en courant sans
s’envoler. Les perdrix piètent dans les chaumes.
II. V. pron. Litt. Se camper fermement sur ses jambes. Se
piéter devant son ennemi. Fig. Se raidir dans une attitude de
résistance résolue. Se piéter contre l’adversité.
*PIÉTIN n. m. XVIe siècle, au sens de « bâton se terminant en
fourche » ; XVIIIe siècle, au sens actuel. Dérivé de pied.
1. PATHOL. ANIMALE. Affection contagieuse du pied des ovins et des caprins, qui entraîne une nécrose des tissus.
2. BOT. Maladie cryptogamique qui couche ou dessèche
les céréales.
PIÉTINEMENT n. m. XVIIIe siècle. Dérivé de piétiner.
Action de piétiner ; bruit qui en résulte. Le piétinement
d’une foule.
Fig. Le piétinement d’une affaire, d’une enquête, le fait qu’elles ne progressent pas.
PIÉTINER v. intr. et tr. XVIIe siècle. Dérivé de piéter.
1. V. intr. Remuer les pieds sur place, trépigner. Piétiner
dans le froid. Piétiner d’impatience, de rage.
Par ext. N’avancer qu’à peine et très lentement. Piétiner
dans une fi le d’attente. Les soldats piétinaient dans la boue.
Fig. Ne pas progresser. Cette procédure piétine.
2. V. tr. Fouler avec les pieds. Piétiner le sol. Le terrain
était piétiné tout autour de la maison. Fig. Bafouer. Piétiner les lois. Piétiner un mort, faire insulte à sa mémoire.
PIÉTISME n. m. XVIIIe siècle. Dérivé de piétiste.
Mouvement protestant qui, dans l’Allemagne des XVIIe et
XVIIIe siècles, chercha à renouveler la spiritualité en insistant
sur la ferveur intérieure et les œuvres charitables, et établit de nouvelles méthodes d’exégèse biblique. Le piétisme se
développa en réaction contre l’évolution intellectualiste et dogmatique de l’Église luthérienne. Le pasteur Poiret, qui fi t connaître la doctrine de Madame Guyon en Allemagne, infl uença le piétisme.
PIÉTISTE adj. XVIIe siècle. Emprunté du nom allemand
Pietist, « adepte du piétisme », lui-même dérivé du latin pietas,
« piété ».
Qui se rapporte au piétisme. L’esprit piétiste. Des
mission-naires piétistes. Subst. Un, une piétiste. Les collèges bibli-ques des piétistes. Le mysticisme de certains piétistes.
PIÉTON, -ONNE n. et adj. XIVesiècle, au sens de
« fantassin ». Dérivé de piéter.
I. N. 1. N. m. Fantassin du Moyen Âge.
Vieilli. Facteur rural, messager qui faisait à pied le service de la poste dans les campagnes.
2. Rare au féminin. Personne qui va à pied. Un passage
pour piétons. Un piéton fauché par une voiture.
Titre célèbre : Le Piéton de Paris, de Léon-Paul Fargue (1939).
II. Adj. Destiné ou réservé aux personnes à pied. Porte
piétonne et porte cochère. Sentiers piétons et allées cavalières. Rue piétonne, quartier piéton. (Cet adjectif est
préférable à Piétonnier.)
*PIÉTONNIER, -IÈRE adj. XXe siècle. Dérivé de piéton.
Syn. de Piéton.
Subst., au masculin. En Belgique, rue ou zone piétonne.
PIÈTRE adj. XIIe siècle, paestre, « mauvais » ; XIIIe siècle,
peestre, « misérable ». Issu du latin pedester, « qui va à pied ».
Le plus souvent placé avant le nom. Très médiocre ; sans valeur, sans intérêt, insignifi ant. Un piètre écrivain.
C’est un piètre menteur. Obtenir un piètre avantage, une piètre récompense, de piètres résultats. Tenir quelqu’un en piètre estime. Faire piètre fi gure, avoir peu d’allure ou, fi g.,
ne pas se montrer à la hauteur des circonstances.
PIÈTREMENT adv. XIIe siècle, peestrement, «
mécham-ment » ; XVIe siècle, au sens actuel. Dérivé de piètre.
Mal ou assez mal. Il est piètrement logé. Il s’est excusé
piètrement.
PIETTE n. f. XVIe siècle. Dérivé de pie I.
ZOOL. Petit oiseau palmipède au plumage pie, du Nord de
la Scandinavie, qui hiverne au bord des lacs et des étangs des régions tempérées.
I. PIEU n. m. XIIe siècle, pel, peus. Issu du latin palus, de même
sens, lui-même dérivé de pangere, « enfoncer, fi cher en terre ».
Longue pièce rigide et droite de bois, de métal, de béton, qu’on enfonce dans le sol pour divers usages. Planter, fi cher
des pieux en terre. Les pieux d’une clôture. La fondation sur pieux d’un bâtiment. Pieu d’amarrage, fi xé dans la berge ou
sur le quai et servant à l’amarrage des bateaux. Expr. Droit,
raide comme un pieu, très droit, très raide.
*II. PIEU n. m. XVIIIe siècle. Emprunté du picard piau,
« peau ».
Pop. Syn. de Lit.
PIEUSEMENT adv. XVIIe siècle. Dérivé de pieux.
Selon les principes de la religion, avec piété. Montesquieu
est mort pieusement. Par ext. Avec amour et révérence. Entretenir pieusement une tradition familiale.
Expr. vieillie. Croire pieusement une chose, croire par dévotion une chose qui ne constitue pas un point de dogme. Iron. Il croit pieusement tout ce qu’on lui raconte, avec une confi ance aveugle.
PIEUVRE n. f. XIXe siècle. Mot normand issu du latin polypus,
lui-même emprunté du grec polupous, « poulpe » et, proprement, « à plusieurs pieds ».
Mollusque céphalopode marin pourvu de huit tentacules munis de ventouses, également appelé Poulpe (Pieuvre désigne surtout des poulpes de grande taille). Fig. Femme insatiable, dont on ne peut se débarrasser.
Spécialt. La Pieuvre, surnom donné à la mafi a napoli-taine ; par ext., organisation ramifi ée se développant de façon occulte et tentaculaire.
PIEUX, -EUSE adj. Xe siècle, au sens de « bon,
miséricor-dieux ». Issu du latin pius, « qui reconnaît et remplit ses devoirs ».
Attaché aux croyances, aux devoirs et aux pratiques de la religion. Un homme pieux. Une pieuse femme. Une âme
pieuse. Subst. Surnom donné à de grands personnages,
réputés pour leur piété. Antonin le Pieux, empereur romain qui régna de 138 à 161. Robert le Pieux, Robert II, qui monta sur le trône de France en 996.
Se dit également de ce qui exprime la piété ou procède d’un sentiment de piété. Ouvrages pieux. Images pieuses.
Une pieuse méditation. Fondations pieuses. Legs pieux,
destiné à des œuvres de charité. Croyance pieuse, que l’on adopte par dévotion, bien qu’elle ne soit pas un article de foi. La croyance pieuse aux apparitions de la Vierge. Iron.
Pieuse croyance, conviction qui résulte d’une excessive
crédulité. Vœu pieux, dont on sait par avance qu’il ne pourra se réaliser.
Par ext. Entourer ses parents de soins pieux. Un pieux
mensonge, voir Mensonge.
Titre célèbre : Souvenirs pieux, de Marguerite Yourcenar (1974).
*PIÉZO- (z se prononce dz) Tiré du grec piezein, « presser ».
Élément de composition exprimant l’idée de pression et servant à former des termes scientifi ques et techniques, dont les plus usités fi gurent ci-dessous.
*PIÉZOÉLECTRICITÉ (z se prononce dz) n. f. XIXe siècle.
Composé de piézo- et d’électricité.
PHYS. Phénomène caractéristique de certains corps qui se
polarisent et se chargent électriquement en surface lorsqu’ils sont soumis à des contraintes mécaniques et qui, par un effet inverse, changent de dimensions lorsqu’ils sont soumis à un champ électrique ; partie de la physique qui étudie ces phénomènes. La piézoélectricité du quartz.
*PIÉZOÉLECTRIQUE (z se prononce dz) adj. XIXe siècle.
Dérivé de piézoélectricité.
PHYS. TECHN. Relatif à la piézoélectricité ; doué de
piézo-électricité. Effet piézoélectrique. Cristal piézoélectrique.
*PIÉZOGRAPHE (z se prononce dz) n. m. XXe siècle.
Composé de piézo- et de -graphe, tiré du grec graphein, « écrire ».
TECHN. Appareil qui enregistre de très faibles pressions au moyen de quartz ou de céramique piézoélectrique. Le
piézo-graphe est employé en médecine pour mesurer les variations de la pression artérielle.
*PIÉZOMÈTRE (z se prononce dz) n. m. XIXe siècle.
Composé de piézo- et de -mètre, tiré du grec metron, « mesure ».
PHYS. Instrument servant à mesurer la compressibilité des
liquides. – GÉOL. Puits d’observation du niveau
piézomé-trique.
*PIÉZOMÉTRIQUE (z se prononce dz) adj. XXe siècle.
Dérivé de piézomètre.
PHYS. Relatif à la compressibilité des liquides. – GÉOL. Qui
se rapporte au niveau atteint par l’eau au fond d’un puits.
Niveau, hauteur piézométrique, niveau hydrostatique (voir Hydrostatique). Surface piézométrique, surface supérieure
de la nappe phréatique. Carte piézométrique, carte géolo-gique des niveaux phréatiques.
I. PIF ! interj. XVIIIe siècle.
Fam. Onomatopée imitant le bruit d’un coup, et souvent suivie de Paf ! ou, parfois, d’autres interjections. Pif, paf,
poum ! Les coups tombent.
*II. PIF n. m. XIXe siècle. Tiré d’un radical expressif pif-
marquant la grosseur.
Pop. Syn. de Nez (désigne particulièrement un gros nez).
Il a un de ces pifs !
Loc. et expr. fi g. Au pif, au jugé, au hasard. Avoir quelqu’un
dans le pif, éprouver de l’aversion pour lui. Avoir du pif, de
l’intuition, du fl air.
*I. PIGE n. f. XIXe siècle. Déverbal de piger I.
1. Longueur que l’on détermine par convention pour servir
d’étalon ; par méton., instrument, tige, baguette, qui permet de prendre ou de reporter une mesure. Les jardiniers se font
une pige d’une petite branche pour planter à intervalles réguliers.
2. TYPOGR. Quantité de travail, tâche qu’un typographe doit accomplir en un temps donné. La pige comporte un
certain nombre de signes ou de lignes.
Par ext. JOURNALISME. ÉDITION. Être payé, travailler à
la pige, être rémunéré au nombre de signes ou à l’article.
Par méton. Somme payée dans ces conditions ; article ainsi rétribué. Faire des piges dans divers journaux.
3. Argot. Année. Il a passé dix piges derrière les
barreaux.
*II. PIGE n. f. XIXe siècle. Déverbal de piger II, au sens ancien
d’ « attraper ».
Pop. Ne s’emploie que dans l’expression Faire la pige à
quelqu’un, l’emporter sur lui, le surpasser.
PIGEON n. m. XIIIe siècle, au sens de « petit d’un oiseau »,
puis « pigeon » ; XVe siècle, au sens de « personne naïve ». Issu du
latin pipio, de même sens, lui-même tiré de pipiare, « pousser des vagissements », ou de pipire, « piauler ».
1. Oiseau granivore de la famille des Colombidés, au vol
rapide et à la voix roucoulante. Pigeon mâle, pigeon femelle.
Un couple, une paire de pigeons, le mâle et la femelle. Le biset, le colombin et le ramier sont les trois espèces de pigeons sauvages communes en France. Le pigeon ramier est appelé palombe dans le Sud-Ouest de la France. Des pigeons d’élevage, de volière. Pigeon voyageur, élevé pour
son sens de l’orientation et dressé à porter des messages. Un
lâcher de pigeons. Chasser, rabattre des pigeons.
SPORTS. Tir aux pigeons, qui consistait à prendre pour cibles des oiseaux vivants, lâchés à une certaine distance des tireurs. Par ext. Tir au pigeon d’argile ou, simplement, tir au
pigeon, tir au fusil ou à la carabine qui prend pour cibles des
plateaux d’argile projetés par un dispositif mécanique. Loc. et expr. Gros comme un œuf de pigeon. Pigeon vole, jeu d’enfants où l’on énumère rapidement divers noms d’objets ou d’animaux suivis de vole, les autres joueurs ne devant, sous peine de gages, lever la main que si cet objet ou cet animal peut voler. Gorge-de-pigeon, voir ce mot. Cœur
de pigeon, nom d’une variété de bigarreau et d’une petite
tomate. Ailes de pigeon, saut battu qu’un danseur exécute en hauteur. S’est dit aussi d’une disposition des cheveux adoptée aux XVIIIe et
XIXe siècles, qui fi gurait une aile de chaque côté
de la tête. Frisure en ailes de pigeon. Une perruque poudrée
à ailes de pigeon.
CUIS. Une couple de pigeons, deux pigeons cuisinés et
servis ensemble. Des pigeons à la crapaudine. Salmis de
pigeons.
Par ext. Nom usuel donné à quelques autres oiseaux. Pigeon
de mer, petit guillemot. Pigeon du Cap, pétrel damier.
Titre célèbre : Les Deux Pigeons, fable de La Fontaine (1679).
2. Fig. et fam. Personne crédule qu’il est aisé de duper ou
de dépouiller. Prendre quelqu’un pour un pigeon.
3. BÂT. Poignée de plâtre gâché que l’on applique à la
main, sans la lancer. Désigne aussi un morceau de pierre
mêlé à la chaux. – MENUISERIE. Petite pièce de bois ou de
métal utilisée dans un assemblage à onglet.