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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Quelle est la résonance des termes utilisés dans l'enseignement des sciences ?

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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QUELLE EST LA RÉSONANCE DES TERMES UTILISÉS

DANS L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ?

Marie-Louise ZIMMERMANN-ASTA, Jean-Luc ZIMMERMANN LDES, Université de Genève

MOTS-CLÉS : CORPS – FORMATION – PRÉ-CONCEPTIONS – POLYSÉMIE

RÉSUMÉ : Un exemple de résonance des termes utilisés dans l'enseignement des sciences : le mot « corps » en physique. Étude d'un questionnaire mettant en évidence les « pré-conceptions » des apprenants sur le terme utilisé dans l'enseignement de la physique : le « corps ». Quelle est l'importance de cette résonance ? Faut-il en tenir compte dans l'enseignement ?

ABSTRACT : Example of echo of the terms used in teaching sciences : the word “body” in physics. Study of a questionnaire which reveal “the-preconceptions” of the learners on the term used in teaching physis : “the body”. What is the importance of this echo ? Should one take it into account ?

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1. INTRODUCTION

Nous nous sommes intéressés à ce que cachent les mots polysémiques (par exemple le mot « corps » en physique, le mot « groupe » en psychologie, le mot « objet » en psychanalyse) utilisés par les formateurs surtout lorsqu'ils sont employés dans un sens éloigné du sens commun. En général, aucune précision sur le sens n'est fournie par l'enseignant ou l'auteur du texte.

2. ÉTUDE DES « PRÉ-CONCEPTIONS » 2.1 Utilisation d'un instrument de recherche

Nous avons soumis des formateurs suivant un séminaire de formation continue à l'Université de Genève à un questionnaire comportant une question ouverte sur ce que signifiait pour eux « corps » suivi de 10 questions dans lesquelles chacun devait exprimer ce que représentait pour lui le mot « corps », ce mot étant cité dans des phrases extraites d'ouvrages d'usage courant comme : l'Atlas de

la Physique ou l'Atlas des mathématiques.

2.2 Population

L'ensemble des participants suivait à l'Université de Genève un séminaire de formation continue intitulé : Développer les capacités d'apprentissage. Il y avait 29 femmes et un homme. La majorité de notre public avait une formation d'infirmière ou une formation universitaire. Trois personnes n'avaient qu'un CFC (certificat de formation professionnelle) et une était titulaire d'un brevet de formateur d'adultes. Les trente personnes étaient des formateurs dont une majorité enseignait dans des domaines scientifiques.

2.3 Méthodologie

Les personnes n'étaient pas averties du fait qu'on allait leur demander de répondre à un questionnaire. Elles ont été prises à froid. La première page comportant la question ouverte a été donnée séparément. Dans un deuxième temps, cette page a été retournée et la série de 10 questions a été présentée.

2.4 Hypothèses de recherche

- Lors de la lecture d'un texte contenant un mot polysémique, le sens donné par le lecteur est souvent éloigné de celui qu'en donne l'auteur.

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- Dans le cas particulier de notre recherche la signification du terme « corps » sera reliée au corps humain.

- L'auteur prend rarement la peine de préciser le sens actuel du terme qu'il utilise.

3. RÉSULTATS

Nous allons présenter, ci-dessous, les différents résultats obtenus question par question. Question A (première partie)

Que signifie pour vous « corps » ?

Les personnes étaient libres de donner plusieurs réponses. Pour répondre à cette question ouverte environ deux tiers (21/30) des participants font référence au corps humain ; un tiers fait appel au « corps constitué » (corps professoral, corps électoral), un tiers évoque un concept du genre « enveloppe ». A contrario, le sens donné souvent par les « sciences dures » comme, par exemple : « masse » ne figure qu'une fois, « matière » quatre fois et « objet » cinq fois. Le corps humain apparaît deux fois sous la forme de « cadavre » !

Question B (deuxième partie)

Dans les énoncés suivants que représente pour vous le mot « corps » ?

Question B1

« Si E est un groupe abélien, E est un corps commutatif. Dans la pratique, on ne considère souvent que des corps commutatifs. »

Cet énoncé, qui est le seul exemple de mathématique, n'inspire pas notre public. Cette première question a provoqué quelques remous au sein des participants. La quantité de non-réponse et d'autres réponses est importante (12). Le mot « groupe » (6) est repris de l'énoncé. « Ensemble » (5) ne fait pas forcément référence aux mathématiques. Seules trois réponses font explicitement appel aux mathématiques. On trouve aussi trois « corps humain ».

Question B2

« Les corps amorphes forment un intermédiaire entre le solide et le liquide. Leurs constituants se trouvent mélangés aléatoirement. »

Huit évoquent la matière, quatre quelque chose de visqueux. Pour un tiers, c'est une matière un peu collante. Quatre ne répondent rien et six, autre chose (hors sujet).

Question B3

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absorbe bien. Autrement dit, une surface noire rayonne plus d'énergie qu'une surface blanche ».

Dix-sept personnes font référence à un objet. Certains (6) parlent de radiations. Deux seulement évoquent la surface et trois font référence explicitement à la chaleur.

Question B4

« Le corps vitré est une masse limpide et gélatineuse d'indice 1,336 qui remplit la cavité entre le cristallin et la rétine ».

15 font référence globalement à l'œil ; sept y voient quand même une matière ; deux se souviennent d'une humeur vitrée.

Question B5

« C'est une propriété fondamentale de tous les corps de tendre à équilibrer leur température avec celle de leur environnement ».

Dans cette question, pour treize participants, le corps qui échange de la chaleur est un corps vivant. On commence à voir apparaître un « jargon scientifique » composé de mots empruntés à l'énoncé. Une seule personne fait référence à la masse ; aucune à une grandeur du genre « chaleur massive ». Question B6

« L'élévation de la température d'un corps de T1 à T2 exige un apport de chaleur, donc de l'énergie ».

On obtient treize réponses hors sujet, sept font référence à la matière, quatre au corps vivant et deux à la masse.

Question B7

« Un corps abandonné à lui-même sur lequel n'agit aucune force extérieure se déplace selon un mouvement rectiligne et uniforme ».

Douze parlent d'objet, sept sont hors sujet, cinq emploient un « jargon scientifique ». Seulement trois font appel à la masse.

Question B8

« Tout corps plongé dans un fluide en équilibre subit de la part de celui-ci un ensemble de forces équivalant à une force unique appelée poussée, verticale, dirigée vers le haut… ».

C'est une des questions les mieux réussies. Peut-être Archimède, auquel huit font référence, leur a-t-il laissé un certain souvenir ? On trouve aussi huit objets, huit « jargon scientifique », cinq masses. Trois évoquent masse ou densité, trois pensent à matière. Mais, il y a aussi quatre corps vivants. Question B9

« La 3e loi (de Kepler) permet de déterminer les masses relatives des corps célestes lorsqu'on connaît leur période de révolution ».

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Cette question est très bien réussie par un peu plus de la moitié des participants, les corps célestes étant présentés comme des astres par seize personnes. Deux personnes évoquent des masses.

Question B10

« Toutes les masses s'attirent, c'est un principe universel. La force d'attraction existant entre les masses s'appelle force gravitationnelle Fg. En toute rigueur, la loi n'est valable que pour des points matériels. Pour les corps plus volumineux, la loi est applicable s'ils ont une symétrie sphérique ».

Cette question n'inspire pas nos formateurs. On trouve huit « jargon scientifique » et sept hors sujet. Cinq masses apparaissent (notons qu'il était dans le texte). Remarquons qu'une personne a donné la même signification au terme « corps » pour toutes les questions : « ensemble d'éléments », avec comme explication : « un mot ne peut avoir qu'un seul sens ».

4. ANALYSE

Notre première hypothèse est vérifiée. Très souvent, le sens donné au terme « corps » employé dans chaque citation est éloigné de celui donné par les participants. Globalement, les réponses sont rarement justes et même jamais exactes avec précision. De nombreuses questions provoquent souvent un jargon de termes scientifiques reprenant les expressions de l'énoncé.

Quant à la deuxième hypothèse, on s'aperçoit que pour les questions qui laissent ouverte la possibilité de faire intervenir le concept de corps humain, celui-ci apparaît de façon significative. On peut penser que le fait d'avoir dans le public plus d'un tiers d'infirmières a influencé ce genre de réponse. Mais, nous avons remarqué une réponse similaire quand on interroge des élèves sur le terme « corps ». On peut se demander si la conception du corps humain ne fait pas obstacle car, dès que les questions ont un caractère scientifique ou mathématique, on obtient en général, peu de réponse et souvent n'importe quoi.

La troisième hypothèse n'a pu être vérifiée dans ce contexte. Il suffit cependant de se référer aux expressions utilisées dans différents ouvrages pour s'apercevoir que le sens donné au mot « corps » n'est que rarement précisé.

5. CONCLUSION

Nous pouvons penser que l'emploi du terme « corps » peut être considéré comme comportant un certain danger, car la phrase utilisée semble se comprendre assez facilement alors que le sens

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scientifique est occulté.

Nous pensons que l'utilisation par l'enseignant de termes polysémiques devrait faire l'objet d'une mise en perspective, surtout lorsque ce sont des termes de la vie courante (corps, objet, groupe) souvent associé à l'histoire personnelle et aux sensations. L'obstacle n'est pas repéré, alors que si l'on utilise dans un groupe d'enseignants de français, les vocables de « didascalie » ou « esperluette », on obtient souvent de vives réactions face à ce que certains appellent un jargon technique, mais au moins la difficulté est visible. On a donc l'impression, comme le dit Lina Bertola : « les mots ne nous

aident pas toujours à comprendre et constituent parfois même un frein à notre compréhension », car

selon Britt-Mari Barth, « on utilise le même mot, mais chacun garde son trajet ». Pour remédier à cette situation, Lina Bertola propose de « questionner l'évidence des mots ».

BIBLIOGRAPHIE

BREUER H. (1977). Atlas de la physique. Paris : Librairie Générale Française.

REINHARDT F. et coll., (1977). Atlas des mathématiques. Paris : Librairie Générale Française. BERTOLA L. (2004). Éthique et éducation. Nice : Paradigme Idéa.

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