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Liliane Hal1Gchild CU:·:;<;A,'
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in 1'élrtial f'lli'ilment ct' the n'(]uiremC'nt:, fOT tn0 decree
0"-;·ia.ster of Art::::
7 De!Jél.nment of tl'rench Tanf,Llar;c
and Li terature
---August, 1 ?7J.
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Liliane Hauschild 80meau
1974/
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1 i liane Hauschi ld Gompau / .
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JJeœrtment ,of French l.é'rr;lla:'c and i i teretur0
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ù1mo-l ~ ,'r.'111W .orT"land, Cl<:'W, ,"on CC:lvrc comio..le, ;;cint L'n
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le;-il~ açc"rdcnt ll'10 irn,orta:1ce rrimonlialc. -\ cet' effet, flOC."
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-leur corrpnrtencnt dar::. l'amour: la ma'1i~re dont il,; 'y conrh.:iscnt, la fa; on dont il, réagir-.:wnt devant Je::> oùstacles dre;:·cé:; sur leur
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lac.uellC' ) ('s' /... 'Y"
hrro;- "e 1'\CLlV01lt ct ) , attitude de ceux-ci face aux moe'lrS
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Sf'C,' ror cette mê;rrc ~ociété-:"'Alnsi, nO:l, rpl~vcronr. le'O instagcf's
O~l ] (;'- perr: Clnnal~e;- accer,tent de même 'lue rejettent la %,rale
soc1a-le. ~ conclus} on notera le~ nomhrctl!:;cr; ambi,r;ui tél'. que l'on retrouve,
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rllThCDl'CTIO!;
Une étude de Corneille moralistp se 'doit, en premi8r lieu, d'éclairci.r le sens de c' qualificatif afin de dét?rminer 'lans quelle
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mesure il s'applique au crand ';ormand en tant qu'auteur de comédies. Le terme de moraliste ::;e prête ~ des interprétations di v~rses. :;èlé-ralernent i : désigne tout littéraire r}'.li ,,'oc~ure soit ~ l~OYJler, sait
~ ar.alys8r, d'une manière quelc'1n;u-::, la natllre moral!"' de l "r;or:-:JC. D'une
part,
ians ror: "",ns le plu:: cotrir.t, il estréc-;pYIf1
a'lX écrivainshl<;
qui, traitant cie,: moeurs COlT':.e
Sll,~et
exclu,;i:, ontr~
_Œ fut l'~~ho-:-ation d'un r;ystème J'rthi:j'le ou l.'l. rédaction j'un t:-aité Qo;;rrii.tifl,..:.e. J'autrepart,
dan::: son '3ens ]e plllS larsc, la d<5c:i[r.3.tion de noralis-t8 <:;:::;t attribuéeà
tout auteur qui traiV~ des choses hunaine.:>. A. 'ïr.et dans Les ~:oralistes des X'/lième et XVllième siècl.·3s avance l' idée q~e t01At écrivain est un moraliste:Tout écrit littéraire est, ~ mes yeux, 'ln écrit rie
morale en ce sens qu' il témoiG!1~ d'un état partic,.lier de la société ••• Comment la littérature d'un peupln pourrait-elle ne pas expriner l'état des moeurs et des esprits ~ c'1aque période de la vie nationale ••• Ainsi, ,:;ous le te~e général de mo::alistes', nous n' en-tendons pas seulement ceux qùi ont traité de morale d'uns mangre scienti fi que • Ceux qui d onnent ~ l'âme humaine une juste idée d'elle-même, lui valent a'ltant
q .. le ceux qui l'endoctrinent.1
~\,
1
La littérature îrançaise, d'ailleur3, jouit d'~~e réputation de premier ordre dans le donaine de la morale. ;:,n effet, la majorité
r des critiques" littéraires sont solidaires pour soutenir son
caract~-1
A.
Vinet, Les Moralistes des XVIième et AVlIi~me si~cles (Paris: Librairie Fischbacher,1904)
pp.7,
g,
12.:: -2-~ \
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i l n'en p"t pac; (de litt~r:ltllre natiomlc) Ilqi 11.1-:-,(> anparaitre dp f'a('orl r;lle; ~,i1i:"j"'sante le lien
o'li 'l'lit l'J;, r,r,.,h]0me'o d..:. 1:1 vin pt C"''1Y ri"
l'es-nrit. l ' n n'" ,lit -;>ac; ,l lltn' c::rY,e fJ'liln,J on'1',aflp,"'ll"
1 i ttrm t'l'~" cl" m,îr~i1 i ,-tp~,. 1
'!loralp
• :;"J'1P '"n;a": '-1f r-)io1l''', c;t0ir'18nne, chrétienne 0'1 ·1Tlord.ainf~ ~ 13. phil~
~orh17~""1
f1lri l'n'JI' et anti F' Lig10U"'8 d8c; 1 j 'ncrt: ne;, l 'hétércyr'~nd
tp p,t '~vicl0'1tp.COr'HJille, l'J.lloiqlJe prüourp de ce" divers C011rartc-, morallx, n'en ;,lJhit '111''1ne i'1fl\F'ncp minime. Il importe <"le rappeler 1J.\J'il p--;rivi t "('~ com,;diec; autour dps annp8s trf'11tp et OllP, pa.r conséquent,
i1 n'allr"iit
"1)
êtTI' trib'ltairp d'attitude" morales (Jill atteip;nirent,d,) c;i~clr:. IJ'ai Ilpllr<:;, 'dans la vi n,':Çtaine sE"llement, Jars rie la
rédac-tiQn de "Ar-- :'i~CE>r comiq'jf~C;. iJ CO'1lmpnCF; sa carri~re d'écrivain en
tant q'j'a11te I r ,le compdie:: ~t non com,'Tle TfloraU,te avo11é. le 'petit
..
avoc;j.t Jr .\Olwn. ~ l'aube de sa production ]ittr~ralrE', E'",t, 'll':
~"1dé-.~
"'"-lipr. A cette épcxpe, il est mora1 ir;tE' ('ommc le sont tüu!:> les a 'lteurc;'"
tau] grand
si~cle
(raris: Gjil~imanl~~f,;
\
-4-du grand si~cle: il traite de l'homme. Ce ne s~ra qu'~ l'époque de
sa
"1aturité que l'auteur de !>îélite deviendra le~ porte-parole de la morale de l' héroi'sme. l'our nos fins présentes, Corneille est le jeune provincial qui tente sa ~hance dansIp
monde des lettres: monde qui acclame "e" comédies, remplies cl' intriGue::; amoureuses et d' éléments romancsqu'es . . ',n effet, Corneille, lecteur des ro:r.ans précieux du dé-but du si~cle, en emrrunt~ certains éléments pour aGrémenter la vie des Jeune" ncbles qu'il peint. !o0r plaire ~ sc" spectateurs élitist~s,i l crée ,ln f'londe illu~oire o~, ~our la rremi~n") fois, les hérc)s
con-"
versen-: ComJTlC eux. Sn' effet "., ,les per,sonnat,es de r,;éli te ou d~ La 3uivante sont l~? pcrsonn~~cs de tous les jours, ceux qu'on appelait les "honnête:::: Gcns" mais transfi{3urés selon les loi: de la mode et de la fé8rie qu' on connaissait alorg. ,,1 De cet agrément ressort donc un
°él~ment de vérité . .:<;n effet, le jeune !lormand veut divertir son
pu-blic mais il se propose aussi de donner ~ ses compatriotes une juste idée d'eux-mêJllcs .. Ainsi, il n'attache pas son attention aux,choses mais aux hommes; cette humanité ,'sommaire qu'il décrit dans' ses comé-dies refl~te la réalité contemporaine. Gustave LanSO:}.ffirme que "le prir..cipe fondamental du théâtre de Corneille, c'est vérité, la ressemblance avec la viC'.,,2 Le Houennais, appuyait lui-
.
me~Jr
cette notion; dans l ' épHre dédicatoire de sa deuxnm~i~ce la Veuve, il nous donne sa définition suivante de la comédie:1 Robert 3rasillach, cité dans l'introduction du Théâtre de
Corneill~, Tome,rr (le Livre de poche,
1965)
p.l0.2
~ustave
Janson, HistOire' de la littérature française (paris: _Librairie Hachette,19517
p.429~-5-la comédie n'est qu'un port rai t de nos actions et de nos discours et là perfection des port rai
t"s
consiste.'
en la ressemblanc"'. ::::;ur cette maxime je tâche de ne mettre en la bouche de mes acteurs que ce que disaient vraisemblablement en leur place c~ux qu'ils représentent, et de les faire discourir en honnête~ cens, et non pas en acteurs.
"
Cependant, quoique ses hér<?s parlent et ~issent co:nme le font d' in-nombrables je'unc~ a:::-istocrates ~ l'époque, i l ne faudrait pas né-cliger l'influence qJ'cxerça sur eux la tradition ro~nesque.·Mais, qJ'il pei;:ne l'homme
imaeinair~
ou l'honune réel, i l fait'1;
lui sa préoccupation excl~sive. Sn contemplant cc ~ondc mi-illusoi~, mi-vérita.ble, Corneille est lJloralistc sans prêcher. Il mêle, dans sescom0die~, la réalité ~ la :iction et tout cela dans le bJt de
repré-senter l'homme tel qJ'il est ct tel qu'il aimerait être.
, Le but de ce mémoire con ~istera ~ examiner ee monde modelé
.. , r
-\d'unt,
part,
d'ap:::-b nature, ~C -:"autre part, d',ipres la tradition littéraire, pour en étudi~r l'ès moeurs. Il observera le comportementdu héros dans la solitude et avec autrui. Il ne se propose pas eomme objectif une comparaison sociologique ent~ le mode de vie cornélien
..r
et celui de la osociété du
X'/IIi~me si~cle. Da~s
le caso~
un rappro-chement historiquef~ciliterait
la compréhension ouéci~ircirait
un"
th~m~ q:.lClconque, nons n'hésiterons pas ~ en faire emploi. Cependant;.
no~s
attacherons une importance primordiale,.
à
}a
relation existant entre les moeurs sociales~ telles que présel'?-tées dan~ les comédies, et celles des Jadividus! Pour ce~te fin, le monde cornélien sera é-tudié sous trois angles;, les vies mentale, sentimentale et sociaie_,~
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d~héros. Tournons donc notre attention vers ce monde d'une
profon-(}eur et d~une complexité inattendues.
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! ~CHAPITRE I: lA VIE MENTALf!.:
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CP.A}-ITR~ 1: LA VIE 'fŒiITALE
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Dan'" la nremière
I1'Oit~p
du <VI Iième siècle, lesPiècp,~
)th(;âtrc et Ips rO'lans -(.rieux accordent une r,~ce de choix
à
la vie intellC'ctue11e de leur::- personnarc:e<;. Cornel l1e. tributaire Je son ,iÈclf', n0 :-;e sonr:,trait 'Jasà
cette infl1..lPnce et ser; cOl1',édies trai-tent de'" di verser naniff'stations de l ' espri t hUITain. ;";n effet, peu d' i lJ1-:-,ortancc est donnr.e au JT.onde e):téripur 011à
la vie matérip1Je dan,., If'é' O€llVr0S de jeunesse; nar ('on-:'rp, la vie interne de~nTota-entre l, conquête amoureuse ct la recherche d'une id<::ntité. 3ans cxcpntion, CCi .lellnes €~rouvent le besoin Cie ~e conn:lître ct de se
cOf'1:'TPndre; cet intirêt ne se 11 mi te ;a~
à
leur pro:,ye' ~ersonne mai s s' (tend pour incLtre a'ltrui. i:.n matière d'amour a'lssi bien qu'en ma-tièTP (!' e,,-:ri t, j]:::. c;Qnt\à
la fluête d:l" savoir pour éclaircirle~lTs
-connaissances sur la naV'Te fondamentale,oe l'homme. :!oursuite intel-lectuell e ct nouT"ui te aJT1o:trcuse. telles sont le'" Dréoccupations
ex-e .
clusi ves de cette jeune noblesse. La majorité de~ problèmes rencontrés par le:::,
héTI
p~riennent
de cet te poursui te arlOureu""e, mais il s ten-tent toujoJ. de les résoudI'Pà
.L'aide de j'intellect. C'est Octave ïadal <111i de .e1a le lien existant entre la vie mentale et la vip" amou-reuse des héros de Corneille: ":il pose dûs les comédies un certain nombre de questions d'amour qui relhent beaucoup T'lus~l'intelligen-co q,ue du T'lus~l'intelligen-coeur" .Ces questions touchent aux rapports de l'amour avec-8-il
r
la;'volonté, la raison, le jugement. ,,1 A cette enumeration nous ajou-' tons la liberté.
Ce chapitre étudiera la VIe mentale des personnages de
comé-"
die; on s'attardera plus part,iculièrement sur le<il rôles que jouent la raIson, la volonté et la liberté ,dans la VIe quotidienne de ces jeunes nobles. Nous eX81nlnerons comment des êtres qUI, vivant dans des mêmes conditions scciales et morales, utilisent leurs facultes intellectuelles pour acquérir ~ne ~onnaissance plus 'profonde d'eux-rr.êmes et de leurs semèlables. L'élite française,
à
l'epoque "sous la direction du cardinal (Richelieu), a apprisà
penser de façon r!.tion-nelle, non pas seuleF.ent sur les problèmes de la politIque, mais dans les dorr.aines de la morale, de l'art et de la littérature. "2 A l'ins-tar de leurs contemporains, les héros de Corneille respectent l'in-tellect humaIn, et tous sont convaIncus de l'universalite de la rai-son dans tous les dorr.aines.Les motifs derrière ce culte voue
à
la raIson età
l'intel-..
'li gence sont manifestes dans les comedies. Les personnages, malgre leur jeunesse et leur inexpérience, sont conscients que ce qu'Ils voient et entendent n'est pas nécessairement synonyme avec ce qui est
~éellement. Dès tœlite, le thème de la fausseté· des apparences est
in-troduit lorsque Tircis doute que les lettres qüe Philandre a reçues soient de la main de Méli te: "Caractères tÀmpeurs, vous me contez
, 4
l Octave Nadal, Le Sentiment de l'amour dans l'oeuvre de Pierre Corneille (Paris: Gallimard, 19
48) p.87.
1
•
(
-9-de~ fables, / Vous voulez me tra.hir, vous voulez m'abuser,,,l flus
tard, Clarice dans Le r';enteur, lorsqu'elle pronon'ce les paroles sui-vantes:
..
J'en verrai le dehors, la mine, l'apparence j, •. 1e dedans para!t mal en ces miroirs flatteuYsj Les visaGes souvent sont de doux inposteurs,
l;ue de défaut::; d' espri~ sc couvrent de leurs Grâces? ..::t (lue de beaux senblants cachent de:::; âmec basses, 2
adlTJet Q",'elle n'a allcune confiance en l'apparence des ~tres ct des choses, !Jans une circonstance semblable, la raicon, symbole de vérité, devient l'ne possc~sion indispensable ~ cette je\ln', ':')"=-'. Gc n'est
() ,
ql.:' en se fiant ~ la raicon et en }'utilj sant pour découvrir la vraie
~crsonne cicrri~rc
la f',-' çadc que Clarice obtiendra uneimar~e
justr> d::iJorantc. ~i clle laisse libre cou:::-s aux ~ent~jmer.ts ~pontanés éveillés er. oDe uar la 1Jclle mine de cet aPlant elle risque de se tromper
à
son sujet, lJe là, i l s'ensuit que les sens sont d ... ·infid~les témoins de IF~ réalité dec chose;;, ~:lUisque ce "ont eux qui reçoivent une im-pression prel'li~rc GUI' tout phénombc et éveillent, par la suite, chez l ' hom:ne, un sentiment instinctif, Dé j~ dans i :éli te, .Philandre avait
"
noté la distinction qui existe entre ce que l'on ressent et ce qùi est: lIi:ais parml J~es p~!lisirs qu'avec toi je reSsenR / A peine mon
cs-" .,
prit ose croire à mes "ens. n} Dans la pi~ce suivante, ~a Veuve, l'a~ b!me entre la réalité et la sensation est clairpm~nt perçu par
1 rr.él1te. I1I.iiL
972-973.
les citations de Hélite, La Veuve, La rlace iioyale et 'L'Illusion comique sont tirées des premi~res 6di-tians de ces pi~ces, Toutefois, le vocabulaire utU~sé est celui del'édition de H. CH, l·:arly-Javeaux. De cette éditieiir'sont tirées cependant les citations de La. Galerie du Falais, la Suivante, Le l':enteur et la 3ui te du menteur.
2 Le )';enteur, Il. li, 404,
406-409 •
J
Mélite. l, iv,299-}00.
-10-Chrysante: "Je soupçonne mes sens d'une infidélité / Tant ma. raison s'oppose
à
ma. crédulité."lAinsi, les
rs,
dans leur quête de connaissances, ne pou-vant GC fierà
la vision de la réali vé telle qu'elle parait et telle \. que re:!"C'u0 ··'a.t' leurs sens, se mettent à la recherche de la réalitételle ' (' ncrçue lXlr leur (';,,;pri t. De là, 2.8. place pri vil~~iéc accor-déc
à
la rai::: on. louis Iii vaille, dans Les Débuts de ~ ierre Corneille,•
~
rc lie au--:si le phénom~ne ~récéè.ent
à
l'influence qu' exerca la rhilo-so]'hie scolastique. ::;~Œ l'oeuvre ciu grand Lormand. Sn effet, les8CO-"'
"lastio,l1C- insistaient sur la fausseté des appar('nc~s ct sur le peu de C()\lr.2..L'sancc aCCl1lis -:-:ar les sen,. Il,:: ::3outenaient, par cont;re, que tOLtc réalitt~ n'r;':t vraim('nt cereue {lue par l'intermédiaire de l'in-telh .. ct. Cc n'n"t qu'en D.J'c.n-t recours
à
ce dernier que le héros cor-nélien verra le :"londe tel O l l l n e"t et non Dtt~, tel q~l'il rera!t êtrc.;.o:rbrcux SO'1t ',,, -~ - ,
... • __ 1,
ne. ; TI des pIc., ironiques, ~ans doute, est celui d' Alcidon dans La ':ouve: ironique, puisqu'il est lui-même le meilleur rerrésentant de cette fausseté. l.orsqu'il ::; 'attarde
à
aécrire la dissimulation de ses conter::porains , .... il f<l.i t, inconscienment, ,me autocritique:,;e revois que le monde en l'âme né vaut rien,
Au :loins pour la plupart, que le si~cle où nous sommes J~ 'bien dissimuler met la vertu des hommes,
Q.u'à Grand peine deux mots se peuvent échapper Sans quelque double sens afin de nous tromper, l."t que souvent ùe bouche un dessei~ ;:;e propose
Ce~ndant que l'esprit songe ~ touté autre chose. 2
1
Ainsi, devant un monde ilJusoire et une société hypocrite,
]'intel-1 La. Veuve. 'J. viii. 1877-1;':78.
1
.,
-11-"
li[:encc devient la :::,cule arme sur laquelle les héros peuvent compter. J\us'3i lonf,tcmr,::: que la raison exerce son influence, ]a œ paci t0 de
,
voir la 1'6ali té intacte est presque ass\lr'-~e. Toutôfois, 1.,[; hpros se , rosent lleS <1uec;tions m~mc ~ ce ::L,jet. Ce q 11' ils CT oient 0tre dc!:"
Illé'lni Cc:,t,ltion::- de' la raison ou de l ' intclliGence: C()C2: l ' hom:lc ne
"ont-'-.
"ellc~ par; r:ouvent des dshorr, ciic;'-,imulant ~r:>" d~sir;, inconscients? lJorinant (la~c; ~ ct ,~aleri,::, du J'alai ~, "oul~vc l' hypothô,>c (]Je lr
ju-; ai, c,> Cloute ,;c;té SUI l' ln f'11111 bili té de l' intelliGcnce:
hUl"1<:.i 'le o~t \:n(' prr::uv_' cert,:d ne .Je ~a ['l:1c(; do choix que c··lle-ci
clouter.t 'le l'efficacité de la raison,'~ un mo,,:cnt ou ~ un autrc, dé-7lont-:::oc 1ù'il", l'utilisent. Cc bc,oin de: 11~cidité et cc d,:::;ir de clair-voyance ne ,::ont ql1' '..lne autre ITlani ~~ec;tation cle l' em~loi sérieux de cette :o:.c üté. l o:;c:;(r~f? le h6ror; 0'-,cstionnr; l'existence nêrr.e de la raison au cours de sa ~ lête de vérité, il l'exercc en réalité et la pousse jus-qu'à sec prôfondeurs les r;lu""; vitales.
::"c'nù'o'o ::'aper~'oit «ue le juceMent "vrai" n'est pas inhérent
à
l' homme Dt de là découJe la complexité humaine. Alidor, fae,:: allX eontFadictions de la nature hurr.aine , se pose la 1uestion sui vante:1I~;st-ce ufte hUPlcur égale et ferme que la nôtre'?
1.
:Jn âge hait-il pascouvent Ct~ qu'ainait l'aut2:'~?,,2 L'individu qui eInflloic sa raison
à.
1
~
Galerie du~alais.
I.
vii.
'121-1
Q2 •
...,..
2 La T'lace
l~oyale.
1. i v. 241-242..
--
..
..
-12-\
..
bon, escient f't ('st consci'mt rte la distinction cntre 10 jur;emell,t et
"
le capocice ne T'cut qu'accepter cet état de chœes. La raison indique ùn chC'min viable mai~, n'apnorte pas IInf> rC'pon'e au dilem~e: lhil:ste
con:::tate ot, en même ternp:;, accepte les Îaits'sqivant,,:
, l '!Il.-,
Lc monde cr;t un chaos, et son dr'oordre eXCeue Tout ce qu'or. y voudrai t apporter clp remède. : 'ayons l'oeil, cher ami, que sur n03 action:>,
-'\\1s"i bier. c;' offr>nc;;r de ser corruptions J •• A des gon,,; c,)r,me nOlls cc n'est qu'une folip.l
l 'irr"Juis"3.nce (le la raison d.;vant un monde en désorore S(~
tran::;;orr:le en Dl!i;r;a'1ce ail niveau de l'i:1diviriu pour lui permettre cie vivre dar.s Co; m(:ffic mond·.?, ,ans succomber
à
sa C'orruptiM •. on <:;1'.llement devant les cor!trarlictions de 1 'homme mais devant sa dual ité personnel} e . noble cornrlien a recours
il
la rab or. • Amaint~~ occasion ~, le::; .icu.'1es héros sont conscients qUE: les décisions q'l 'ils cntrerrennent :le sont ;a:: toujours révélat::ices de leur véri-table état d'âme, C'est alor" que le héros sc diss~que intérir:'uremont cians l 'eô,poir de déC::luvrir ses désirs les plus intimes. Ce processus doi tune larre part de sa conception ~ l' influel1c~ de la société mon-daine de l'épCXlue. Antoine Adam r~l~ve ceci: "Ji notre littérature
clas~ique est marquée par les plus secrets du CJeur pour beaucoup.,,2
le souci de mettre au j our les mouV8ments humain,
l'in{l~nCe
des salons •••y
a étéLes affron~ements intérieurs sont nombreux chez les
personna-i;es et ceux-ci éprouvent des difficultés considérables
à.
déceler leur pe.nsée véritable sur un sujet. Lise, dans L'Illusion comi~ue, est1 La Veuve. III.
11i.
919-923. 2 Adam,. p.J67.\
-13-d échi rée entre -13-deux sentiments égale;nent puissants, l'amour et la haine, ,';n effet, aimant Clindor, lorsque celui-ci la quitte en faveur de
19-
riche Isabelleen
la priant au mrme instant ete devenir Sel.maî-
•
-tressf; , ' ellp ne sait plus si elle l'aime ou le hait. r:lle tente donc d'éclaircir S0n csrrit:
" . ,
<tue de pens'ers divers en mon coeur amoureux, ...:t que je sens dans l'âme un cor'lbat riGoureux", >:on amour me séd:.Jit, et
ma
haine m'emporte;:. 'un peut tout ~ur moi, l'autre n'est pas moi ns forte, ;,' éco,lton" plus l'amour pour un tel suborneur,
~t laissons ~ la hai~e assurer mon honneur,l .
A la ·-·::He,.de CI:'!~te dialpctiquc elle se résout donc ~ lais:::,er libre COlIn;
à
"a haine, TouV~fois, lors'lue Cllndor e-;t en p~ril de mort, elle fait voltC'-:ace ct redevient l'amante qu'elle était réell~ment,De T;]êJTI8, Alidor a des inqlliétudes sur ses dé::irs réels, Avar.t
l'enl~vc;nent d'An(jélique, enl~vement q.li la sépare de lui ~ jamais et
la dc,tine ~ Cléan:lre, i l craint d'agir contre sa propre volonté: "Je
~ouplonne d~jl mon dessein d'injustice,
1
~t je doute s'il est ouraison ou carrice,,,2
Ainsi,·lorsque la raison tente de déceler les désirs intérieurs
d~ l'homme: àésirs qui rel~vent du domaine de l'affectivité, elle a de la dif::iculté ~ les découvrir, Il s' ensuS. t de cette constatation, que si la raison est souvent impuissante devant le sentiment intime de l'homme, c'est q'J'elle n'a pas de juric'uction dan~ le domaine de
l'é-motio~ et que celui-ci lui est étranger,
Cela n'em~che aucunement le hé~s cornélien d'avoir foi en la raison; mais cela sous-entend qu'il fait une distinction entre l'aire , de la raison et celle du coeur. 3n effet, tr~s
tôt
le héros découvre1 l'lllusion comique. III. vi.
843-844,
849-852.
2 La Flace Rgrale,IV, i, 961-962,
-1 L..- '.'
.. l'abim8 <}'1~ ~"l'are 1"1. thporie "La ra~cor pn tour lieux est évalement :"rte."l ne la rrolitp pt, ro.r ('CD,";FfJ'lPlt, )p<:: 1im1tflt"ion, dl" ia
fa-;.
Cllltp DPn,antp de'lart )pr, tO'lrlTent" rt{'fectif,'. J\np;p1iql'f', .q,Tlr~'" avoir
Vif''1~ J.l'at.ta'1 )"'r / l'..r:-,t Don ~ f;drC' r' Tf' pt nOll ~i prati'1 ',PT."2
~_ la
J'il"tt'llfct a""ant:a beauté de J'être air'; ct lF'~ sentiments q~lP r.et.h' oea ,té ;;'l<::citp ~'e':t qUf' tror' pvlaentA da!1s c~t ave'-l. l<~raste "ait Cl e
"
inf0rip'lY8
à
la ~,ienne pt q1J'elle ne ~'Ien soucie point: "'3imple,}'a-/
1 1-1;11 te. l, i. PQ,
2 · . ta:-. ) ace ioy-aJe, , l • • / i ~"' __ 'o •
r"'
3
r,:i}i
te. 1. L 10-11. J+ La "-,u van e. ~ i t DaT'hlli~, p' écouta "'l'
\
-15-pas les pleurs de celle-ci lorsqu'il la force
~se marier contre sa
.
volonté. Ce vieillard veut
lui-~êmes'unir
~la jeunp. Plorise, soeur
de Florame, ct il ne prend
con~ue d~,
son amour lorsqu'il
violen-te les désirs de sa fille:
l-iais
~
trop raisonner moi-même je m'abuse';
Il n'est point de raison valable entre nous deux,
Et pour toute raison il suffit que je veux.
1Céra,te se sert ùe son autorité pour satisfaire ses propres désirs
amo'Jreux et non pour a.npuyer la voix de la raison.
Dans le
deuxi~mechapitTe de
c~mémoire, l'amour cornélien,
en tant oue passion toute puissante et inc:::mtrôlablp., sera étudié en
détail; pour nos fins pré"entes, il importerait de'relever un exemple
de l'amour raison, qui
se~blecontredire notre démonstration
précéden-te et"déclare la raison vainqueur dans le combat entre les forces
f-fi
motives et les facultés intellectuelles.
~ysandreadresse les
paro-les sui vantes
~;:ippolHe dans
LaGalerie du Talais:
C'est choquer la raison qui veut que je vous aime;
,ious sommes hors du temps de cette vieille erreur
~ui f~isait
de l'amour une aveugle fureur, •••
C'est par 10s yeux qu'il entre, et nous dit vos appas,
lors notre esprit en juge, et suivant le mérite 2
Il faIt naître une ardeur ou puissante ou petite.
Eais cet exemple qui prône l'amour basé sur le mérite n'est qu'une
satire de ce type d' amoar. Sati re, parce que Lysandre feint. En effet,
Lysandre, éperdument amoureux de Célidée, lorsqu'il est rejeté par
celle-cl feint rI'aimer Hippolite. Four expliquer son "change"
à.
cette
./
derni~re
il tente de la persuader qu'elle mé:vi te ses attentions plus
que son amie. Le lecteur, conscient du fait que Lysandre se livre
à.
1
LaSuivante. V. vii.
1590-1592.
2
LaGalerie du Palais.
1'1.vi. 926-928, 9)2-934.
-16-un subterfuee -16-uniquement pour reconquérir le coeur de Célidée en éveillant sa jalousie, ne peut s'empêcher de constater, une fois de plus, la puissanc~ qù'exerce l'amour sur la raison. ~ette derni~re ~
avait disP'lr1.l lorsque Célidée avait quitté Lysandre et ce n'était plus qu'un être dénué de jugement qui SP livrait à cette feinte.
~ans l'a~our de Célid~e. il est trop éperdu Dour penser lucidement: Con:us, désespéré du
mépris
de mes fla~e~,~ans conseil, sans raison •••
je me ~uis pris ~ tout, ne sachant 0Ù me, prendre.~
ja
nert~
raison comme résJltat d'un~Sir
amoureux est unth~mr/qUe l'on retrouve partout dans les comédies.
FI
ora me ,A
l'i~tation je :'ysal1d!:'8i perd la tête lorsqu'il croit que iJanhnj,:; 1-.:1 est
.
~ Jarrai": i-;accessible: "-:;i j'avais moin:; d'amo;r, j'aurais de la
rai-l
son, / C'est peu que de la perdre a-;_r~s t'avoir perdue.n2
.~n
:[33,
lors de la parution de la "leuve, Co:meille réGlaitdéj~ la cluestion du combat entre l'arr,our et la raison. l'ar
l'inter-#
médiairc de la nourrice, il exrosait le probl~me et déclarait l'amour le vainqueur. Le lecteur ne peut avoir toI\ ùe sUfposer que c'es"t l'auteur lui-même qui émet son ôpl:t11on sur le sujet lorsque la nour--,
ric(~ explique
à
J hiliste:La raison et l'amour sont e~r.emis Jurés
~t lors que cc de~ier dans un esprit commande Il ne peut endurer que l'autre le gourmande llus la raison l'attaque et plus il se raidit : lus elle l'intimide et plus il s'enhardit.
3
Lor~qu'on traite des limitations de la raison devant les
dé-1 La Galerie du t'alais. 'J. iv. 202-20}, 205. 2 La Suivante. IV. viii.
1332-1333.
3
La Veuve. IL· 111. 558-562~••
sirs émotifs il ne faut pas se limiter au débat qui oppose larai-a ~ ~
son
à
l'amour, Mais considérer aussi toutes les premi~res irr.pulsions d'un tempérament fougueux; et ces impulsions sont presque toujours,
'-les résultats d'un déplaisir arnou:reux. Dans Jes comédies, la douleur,
la col~re et le désir de vengeance sont les TJrincipales émotions ql,i
assaillent les personnar,es et menacent de lel1T faire perdre tout
ju-c ~.-/ ,
-Gement réfléchi. C'est
à
ces moments que r:et.:x-ci invoquent l'aide, de la rai, on rO'lI' les calmer et leur indiq'lcr le che minà
s~re.ia raison ne narviènt pas toujours
à
réprimer l'impétuositéd~ CP::; jeunes four;ueux. Certains'.cri tiques cornéliens soutiennent quP le::; jeune:::; héros n'acceptent jamais pour r~gle de conduite une
1
rre:ni~re impulsion. Cependant, un examen objectif des comédies ne
peut aboutir tm:jours
à
cette même conclusion. Dans plusieurs cas les protagonistes se re-ident compte du dérèglement de leur pensée maiscela.n'ent~a!ne pas nécessairement unE' SOUMission aux directives de
la raison. Ainsi l<.raste, apprenant les amours de Nélite et de Tircis,
~'enflamne et promet' de se veneer;
à
un mo~ent ù~ sa colérique \lradeil s'arrête et réfléchit:
Insensé que je suis. hélas oh me réduit
Ce mouvement bouillant dont l'ardeur me séduit. Quel transport déréglé. quelle étrange éChappée. 1
,
,
•
'è
'
Cet amant èelaisse est donc conscient du der glement de sa pensee, toutefois, cela n'ar~te en rien sa résolution de détruire la ~iaison
de Tirc1s et de r.lt)i te en provoquant celui-ci en duel par l' i~rmé
diaire de Philandre. Tircis lui-même, croyant
l
l'infidélité deMé-1 Mélite. II. ii.
48)-485.
<'
,
".
\r
1-18-/
'" ~ . /lite, condamne son supposé "chanee" et effréné, jure de tuer fhilan-dre. A" la fin de la
pi~ce,
lorsque Mélite lui reprochel'exc~s
de sa fureur, Tircis explique:Eon coeur, j'en.«,iuis honteux, mais songe qUe possible =i j'eusse moinMl lT,é, j ' EWsse été moins sensible , .... Qu'un justp déplaisir ne saurait écouter
La voix de la raison qui vient pour le dom?t~r.1D
.iar contre, dans d'~utres circonstances, J~ héros, aprh avoir entendèl la voix de la raison, opte pour en suivre les conseils, L' exem-ple suiva;,t"ll}ustre cptte idée que les héros n'acceptent pas pour rèGJ-e de conduite une premi~re impulsion, Ainsi Lysandre.L apercevant Célic.é8 et lJorlmant veut, clans _sa rage, assassiner ces derniers. l';ais après y avoir repensé, il conclut:
F'rénétiq,les transport", avec quelle insolence
j ortez-vous mon esprit ~ tant de violence?
Allez, vous avez pris trop d'empire sur moi, Dois-je être sans raison parce ~u'ils sont sans
Fl~rame, dans la ::3ui vante, "ui t l' exe mple de Lysandre et se laisse guider pal' la faculté pensante. Souhaitant une provocation en duel avec Clarimond, i l se laisse par la suite co~vaincre par Théante du contraire: "Je ne puis résister
~
des raisons sif~es,
/ Sur ma bouil-lante ardeur malcré moi tu l'emportes.")Il semble donc que le rôle de la raison, dan~ le~ comédies,
QlI
~~it ambigu, D'une part, elle est l'objet d'un véritable culte
intellec-tuel et les' héros s'astreignent constamme~t ~ la suivre; d'autre part, elle ne' réussit pas toujours ~ contrôler les actions quotidi·ennes des
1 Mélite. V. v. 1827-18)0.
2 La Galerie du Falais. IV. Iv. 123)-12)6.
-19-protagonistes. Il ne serait pas erroné de conclure, ~ la suite de" ces constatations, qu'en f,én~ral, la raison jouit d'une r~putation
incontestpe en théorie; toute:fois, lorsqu'il s'aeit d'appliquer
celJe-ci ~ la r(.~li té, la raison s' av~re fréquemment avoir des limites 0
\,
:Jne vérité est cepéndant certaine, cette ambiguité est re-nrésentative du I.VIIième siècle et, que Corneille montre le raison-nement lucide de ses jeune~"nobles ou lES restrictions de la raison, il e.::;t homme et écrivain de son epoque 0
,
,\
Cependant, quelles sont les causes de è~e séparation que les néros :ont entre la théorie et là réall té'? } 1. .. e" ..
f'-!-
'propos d' in-traduire ~ ce stad~, la notion de la volonté. ::n effet, que la rai-'~ • ,llJ ,
son leur con;;eille de suivre telle ou
t~Jle
:directi~»i
les jeunes nO~_dve:llent autre chose, ] eur" volonté prend le des'sus. Déj~ dansles comédies, la volonté aristocratique, thème illustre dans l'oeu-vre tragique de Corneille, se manifeste.
la volonté, son e:fort pour s' affirma-r, 'pour prendre conscience de sa liberté et de sa forcec, voil~ en effet ce qui, dès cette époque, occupe Corneille, ce qui lui semble le digne objet de potre intérêt et de notre ad-miration •• 0 J,ous en découyrons les rressentiments d~s ses
tot.:tes premi~res comédies. 1
Les actions de ces jeunes nobles sont plus fortement influen-cees par les directives de leur propre volonté que par celles de la raison. Les directives de cette dernière sont universelles et non
'discrimi~4toires, celles de la volonté servent ~ réaffirmer
l'indi-vidualité du totoi et l'indépendance de,] 'aristocrate. ;:;t J.;:objet de\ la volonté ne se révèle-t-il pas souvent être la satisfacti on des
désir~ de l'ego? L'égocentrisme inhérent de
tout
homme qui partage1
-.
,
-20-{ > " ""
l'orininn élF'vée qu'a flP lllÏ le noble' du grand sièclp devient ur. terraJ n ferti Ip ";1our le"" variantes de la voJ ont~. 1.ouis
i-n
vaille ('c-t conr::cient riP l'a"'cendance qt.'a l~ vo1nntp sur la raison: "flus <lUE' le cultp àe la raie on lé condllitJ' de lpur ,vle 8t leurshabitll-~ ~
rio~ intp11f"r'tup-lles laiC-o,cnt suppO'~er Chf'7 ces, ner'1onna,c;es un p-rand
- ,
',~llOilJ'JP Je hut rie la volonté ')oit fréquemment la satisfaction
dr." clp~ir<; de l'indiviri1l, cpla n~ diminue' pas la r1ifficult~; dt> ] 'entre-p::i "'e. ':êmc si la quête ~ laf}Uf"llp se Joint la volontp pst e,senU el-lement ,-'"ocprtriquf', la d~terrTdration et la force de cara~t~re ::,ont
n.?ce~sain~r
..
7'our aboutir auy rp<;ol1ltions priees, Toue: le<;persor.na-.
\
.
p;c,' df; comédiec'
,:,li
T"Jol'1trent ~lTl caract~re volontaire s'attachentin-îlexiblement
~
ce 0.u'i1:3 ont résol'l d'entreprendre. 11 estintére'~-sant dp noter 11le, dans' certains cas, ]f>S héro"'- déciàent non
sel~l"'-ment T'01lr eux mais" l'O'lT les a'ltres auc;,;i. la ,volo.nté du Moi ordonne étl or'" ~ la vo] ont?
ct'
a'ltrul. les eXP-TTlp}ec; le'" pl us frappantsqe
ceDYOce')!:'u~ sc r~trouvent dan~ Ta" Veuve et La .Place rwyale. Dans la ... ·l'"!uve, Célidan é ime Doris, mai s ,,' e st effacé pour céder la nlace ~
,--'
C
son ami Alc1don, Toutefois l6rsqu'il entend dire que Doris épousera 'probablement Flora1']~e, il s'enflamnp-
car
,
i l ne veut pas qu'un autrequ'Alcidon la pŒ)s~ae. I l dit
à.
celui-ci:T-la i s je 'te l'ai qui tt ée tet non ras
à.
FI orangè, • , ,~t je lui fai,s savoir que devant mon trépas
! Louis Hivai11e, Le~ Débuts de t'ierre Corneille (Paris: Bolvin et Cie"
lQJé),
p,j40.\ 1
'. '
_.~
\
1
Tout autre qu' Alcidon ne }' emportera
r;;,
c-,_Ce même
th~me
,:1"
retrouve dans La l-laceliOy~}e.l()rsouer
--~----~~-~~I '
Ce q1tP je t'ai promi.., '10 :-.eut. ~trp à "ersor.ne; Il fallt o'"e je "érbse ou q'lf' je te IF' dcr.re;
cT' aurai , trop de me'Yt'ns À. te p;aroer ma.
.
-foi ,2il
L OId s < i vaU lp c(jnrlut q'lE' CPS pxe;r'1·'] W'- <'or.t raric-r irnes et que ,des-" ,. -:-,Totar 0'11,ts tpls que Cp]id"r' e:'
·à
LP1,r vO}0nt{: "Ilr éittdhlon\~
Jlinor élC'corden,t t~TOP dt:: POUV~i r l~u'r v010f}t,p lin cie,main€-' excPr'"rsif,
.:î"'!lE'
et
c-a vr-llln:' p d'indF'1Pndance doit lutter contr" l'amo!1r. Air:~:dAlinOT tpTfloipne d'qne fprmetp t'eu orrlinajp.? pO~lr ne pa" d(.vier du
C()t'fr~ r)']'iJ's'pst l'ropo<:;'~:
Amour que ton pOllvPlr tâche- en vain de ram~typ,
"'u1 ':, f'eti t insolent, je veux être le martre, Tl ne sera pas dit q11' un homf1le tel q"P moi
~n d';ri t q:,' i'l en ai t, nb?} S-.'3e
à
ta loi.,.je ne me r~Wlral .Jamai~
à
l ' hymén(.e~"e
d'uop \ DIDnt,:f":'~efte
ptdéte.rmir.ée,
4:
La. '/eùve. III. 1. El)5,
R37-
R )P, ,? La Flace rioyaJe, III. iv,
7:3-735.
l
HivaiJle, p.}41.
-e
...
,
1
-22-l -22-lu:"; -22-loin, i l ajoute qu'i~~ çst sûr de l'inflexibilité de sa volonté
,
J 'ct que l,li seul est responsable de sa destinée: ",Je sab tr.op
ma"Ï'h--
.
tenir cs que je me propose, / ~t souvQ.rain sur mei, rien que moi n'en dis!,ose.,,1 A l'imitation d'Alidor, Isabelle dans L'Illusion. comique, 3. une fQi ab"oluo/ cn la fermeté de son caractère.
Quoi-que son p~re ,lui in~erdise ct' épouser Clin~r, c'est U:18
interdic-tion {iont elle :ait peu de ca", étant décidée ÙO nE; jallUis-,,' allier
" J
~n mariacr> :J.vC!c un :J. ltrf' que lui: "Je nt; vou" dirai point où je
s:lÎ" rC.:i0lue, / Il suffit tlue sur moi .18 f1le rende abc;ol'Je."2 dit-elle
~
Clindor. La menace d'un suicide est évidGi'ltc;ra~s
ces , ".llGnes.
,~ J! IsabeL.e r;o révèle être Ui.e des héroines les pbs volontaires des cO:'1Pdies; mais c'est
à
Alidor oue rev ient h~ tl tre de "héros vo-1...
or.tai re" •De tOLtS les pcrsonno..'"';es de conédie i l est celui rrui se mon-
.
, ,,
tre le plus' oucicux de développer la puissance" de sa volonté. Il n' hésite pas de la mettre ~ l'épreuve en l'opposant directement~ 1'amo;.Œ. Ivre de liberté, Alidor veut éprouver la force de sa volonté en la
met
tant, au :>crvice de cet idéal. Que cet idéal soit de'"
t nature él3'ocentrique ne le préoccupe,pas. Le fait de se prouver l]u' il est libre afin de rchaus~cr 'sa propre estime et l'opinion qu'il a
de
lui-même l'emporte, en son esrri t, surl~respcct ~es'
promesses Alidor tente dE!' se pe:oouader qu' 11 aime parce qu'il a chol-::;i d'aimer. Cependant; il est conscient du fait que sa passion pour"
1
La hace Hoyélle. LV-;-".1985-1086.
2 L'Illusion comique. III. ix.
905-906.
J
0-23-\,
Artr/Ji'lUC' e~t t01lt
à
fait ,~r:Jtllite et ou'el1c ec;t npe malr;ré lui.J) ,,'en',lli.t n c Ja T'lê.'1ifec-tatJOn cll? 1"- volontf d'AJirlOT s'-~--réaJi.-\""' .
Ol):"-;tacJp r(pJ nui e"t la Îa~,',lon flu'il rc~~ent y,our AnGéJioue;
"
C0:n/:J..1.t (Wl 0. TOllY but clf' '"'rOllver
à
AUdo:: Cl" il "T)'~~lt m' 110rà
ter-.'
~ 'j'lll1 i,/::) ;>J1l' a', main:- r:lnriclJ'-:, ne cÜl1in\F~ nullement la
)
v,'> (")r d.' ~""te rlial C'cti(1ilC rlf> l'h:robme. ~:,:;~nrit vnlontaiTI"'
r;'/\-,
'O'lt f~C'na,;,n·,..., avec Cléa'l(lrc, n'l'/\lj dor entaJ1e déjà
dl' l'amour; i:-t11011r, dJi nait ,- ~c l~ volo'1tf ct non du
••• Cl 1Jand ,;' o.i '1e,. jf' veux
~.{Jr: di; na vOl ont,; df~pendcnt tau,> mr:S voeux
qu"
men "eu 7'\"ob(~i,:;;r: au lieu de me contraindrE',Que .ie 'Jubr;e
à
fTlon n:r6, l ' aUr;mel1.ter ct l' (~teindre,,
"'~t tr)1l,ii':nrr en 0tilt ùe di::JDo,";cr de Moi,Donner Ollél:nd iJ l'le '"'lah et retirer ma foi. 1
]
'analo'~ic
riectô~,
v';rs avec lesllsne~
de Corneille dans- la dédica-CP ~ ::ono-;ic'11:' di") cette même oeuvre l1.e neut ';chapper au lecteur.1\li-...
dor np fait nll~ réitére'r ce que ~on créateùr avait forrrl'üé avant
lui. 1..3. convpr:;-once d~ ces doux iliées ne ~cut être quI intentionnelle. Ain::Ji dans la 0l~lcace~
""-1 La l lace doyalp, 1. iv. 215-220 •
-24 ..
C'est de v6us que j'ai appris que l'amo~r d'un ,honnête homme doit être toujours volontaire; qu'on
ne doit jamais aimer en un point qu'on ne :;:lUisse n'aimer pas; que si l'on en vient jusque-l~, c'est une tyrannie dont il faut secouer le joue: ei. qu' en-fin la personne aimée nous a beaucoup T'lus d' obliga-tion de notre amour alors qu'elle est toujoù:ts l'ef-fet de notre choix et de son nérite, que quand elle vient ct'une inclination aveugle •••
Les él_éments cl 'automutilation contenlls cians cette mani~re de pen"ée sont manifcc;tes. Si le héros réussit
à
mettre en prati-que le::; directives df' sa volonté lorë,qu' il fait ~aceà
une "in-clination aveùF,le", il atteint alors l'héroisme. Que certainsqlla--
1
lifient cet héroisme d'absurde, importe peu; le processus même a -'quelque c;'ose d'héroiq'lo. l'out au lont~ de la pi~ce, AÜdor
s'ef-force de ra~fermir "es désirs de lib.rté. Cette quête e~t ardue et exigeante •. :.. plusieurs repr~ses, Alidor est S'Jr -le point de
lais-~er libre cours
à
ses inclinations amoureuses mais, toujours, sa(" mattrisE) de soi revient:
j'les r~olJtions qu'êtes-vous devenues? Revenez mes desseins, et ne permettez-pas Qu'oh triomphe de vous avec un peu d'appas.1
~
'f
1
Alidor, cependan~, n'atteint pas son but. Ses tentatives d'affir-mation de sa volonté sont nombreuses et sa force d'âme incontesta-ble, mais l'héroisme ultime est réservé ~ Angélique. En effet, c'est elle qui permet
à
Alidor de renoncerà
elle, enreno~çant
e11e-même h. lui. Alidor, avant l'entrée d'Angélique au clo!tre, aval t
admis la défaite de sa volonté: "Alors que mes desseins c~dent ~
/
-25-mes amours."l Ce n'est donc que par l'intermédiaire d'Angélique
que la volonté d'Alidor réalise ses fins.
Lavolonté n'a pas su
triompher de
l'amou:~~1T'lus tôt dans ce chapitre,
i la été mentionné que les
di-recti ves de la raison étaient rarement :n1ses en pratique puisque
les
h~rosse préoccupaient, avant tout, de satisfaire leur
volon-té. Les buts ultimes de la volonté
diff~rentsensiblement pour
!
chaque protao;o;1ic;te, Plais un
dén~nateurcommun se déGage de tous
ce~ de~nein~
ct il est presque inévitable que celui-ci <;oit la
li-bt:;rtr. :o.;n effet, que les personna{;es veuillent une chose ou une
autre, ils veulent avant tout, la li
bcrt~de vou:)..oir. 3i les
dé-r;lrs de la volonté sont,
d~sle début, irréalisables, celle-ci
joue'~
vide et n'a aucune fonction.
~ouratteindre le but qu'ils
se sont fixé, les héros doivent posséder la liberté d'action et de
•
pensée.
'''Dans la hiérarchie de la vie mentale, le li bre-arbitre se
situe au
so~~ettandis que la raison occupe la base et la volonté
se place au milieu. Le héros cornélien, dans son examen de l'esprit
humain, accorde à la liberté la place de prernleT choix. Sans elle,
l'intellect ne se manifeste qu'à demi.
Tous les personnages éprouvent un besoin de "vivre à soi".
!Jn fÇoût profond d'indépendance anime les héros; indépendance qui
leur permet de disposer de leur vie selon leur propre vouloir.
En/
-26-effet, liberté implique choix et lorsque celui-ci est refusé, le
. héros n'est plus libre. Doris, dans La Veuve, ne peut choisir un
-
-.
énoux selon ses inclinations; cette incapacité la force
~ réali~ser qu'elle n'a donc plus aucune liberté "Dure sujétion, étrange
tyrannie. / Toute liberté donc
~mon choix se dénie."l Cet extrait
soul~ve
les
probl~mesdu rôle de la femme dans cette société et,
dans le dAmier cha,ü tre
dece mémoire, le thème de la femme en
tant qu'objet de sujétion sera examiné plus en détail.
A
l'imitation de
laraison et de la volonté, la liberté
touche
~ de~'oue"tlons <'lui relèvent, le plus souvent, du coeur •
.Le ca, de Doris est un premier exemple, Dans l·jélite, le droit
::i'
aimer li brencnt est primordial rour l' héroine. Héli te rappelle
"
à
~rastequ'elle est libre de choisir un amant et qu'elle ne se
,
laio:sera pas contraindre par lui: "Laissez en liberté mes
incli-nation,=, / Qui
VOUGa fait censeur de mes affections?,,2
Les personnages féminins des comédies désirent tous
l'oc-casion d'exercer leur liberté en l'abandonnant
~celui qui a su
Gagner leur coeur.
~ources héroines le don libre de soi
représen-te la plus complèreprésen-te manifestation de la liberté.
A l'exception de
Célidée,
q~.p'aperçoit-
que son choix est
~la fois expression
, ,
et
lilJÙ
tation de
là
11berté,. elles ne se sentent
pa~moins libres
,
lorsqu'elles aiment. rar contre, le contraire se produit
chezle
"
1 La
Veuve.
IV.ix.
158)-1584.l
J
-27-
...-
'.
personnage, ma"culin, IJour celui-ici, l'amour devient synonyme de ctéœndance, donc de non-liberté. lcuis lii vaille ('xiùique ce
phéno-mène: l
•
Ceux qui joui~ ent de la liberté n'ont pas d,e souci rlus que de la ;;a1lvegarder et d'écarter les périls qui menacent,
Le
principal obstacleA
la liberté, le Grand adversaire de la raison et de la volonté - e qui empêche de connahre comme i l le faudrait, 'Ol' cl'af:ir comne on 'le devrait y - est la fi pa<::;ion,lIour les héro9 • l tarnour entra1ne avec lui une perte d'au-tonomic, l'ne impoê,si bili té de vi VIe pour soi-même, Tous les amants
.,....
de Cornd 1] e désirent éviter l'amour, car ils 1 craignent qu'une fois amo:Jreux, fIs perdront leur indépendance, Innombrablps sont le;; cxernrles <lu:] illustrent ce t.h~me dans les cOIf.roies.
Dès j'iélité, Tireis n'a aèlcunement l'intention de se ~rier, 1
aboutiss~ment logiq:Je d'un amour vér~ table, car rI ne 'veut pas
"Fer-dre pour des enfants le repos de son âme. ,,2 Dans La Galerie du l-'a-lais, Dorimant avoue sa défaite ~ Hippolite " ••• mes desseins de vi vre cn liberté / J'ont rien eu d'assez fort contre votre beau-té."J 11u5 tart\avcc La. Suivante, Florame explique l'iMportance q:.l'il accorde ~ la caracité de vivre :->our soi: "~t bien que mes discours luI donnassent ma foi, / De retour au logis je me trouvais ~ moi.
,,4
Toutefois, il succombe aux charmes d'Amarante et lorsqu'il lui
pré-1 Hivaille, p.}42-}43. 2 l>lélite. 1. 1. 102.
J
La
Galerie du Falais. II.i,
359-360,4
La
Suivante. I. iii.136-137.
•
j
-2t-:-lui ((on"l0 c;a lin'èrt6 noue fl1l'il r1ljs~~ l'offrir
à
'"a ma!trp"r;e:".:t
toi, plli:::r;ant r-'.lT'o1Jr, t~éli~ p'1fin q' " j'ootterlnc / ,;n DCU cl"11-i tyr",·"t(]'('
l ' I l " ' ) ; > ' ",pme' a (1(0r: fer'"' ocmt l'âme e-t pncnatnp,,,:'
:~'lr }'"". ('Uitt107- 1'o'Jr "loI, ,ie 'l',V T'lli .... con"enii r,
. "'YJtTe~ '1a1"r la "rl,.,on dont vnè), vou] j pz G0rli r.h
"!!;t
'anour, ':'" -:'::mt r''l'0ntrav
p
~ la li1)t~rl'~,p"t
ur, leitrlOtiv inportant '1<:1'1:-; l ' 'jr-u':yC cnni"'lr> rU: Cbrneil](); Ch3r1,'j(> riécc y ajo11tp unenuan-"
C'J nll\!vrl}". ~ol'-tc'~o:<'., c'cc:.t ·tan'" ~a !lélCP Hoyale ,que ce thèmp re- Q
v~t
une L!'1forta"1CP r]r>c: !,J W", con'"":ir1 0 yablr.r• (
,
l'actt~n ~Sn(> d0 , la ri~c0.
,
e h?ro'"' n'y fait Dlu~ ~eulempnt derallw'i::lf1c;, telle'" 'l'J'on ~)1 r-etrouve 'lal1'" le~ oeuvr-'s rrécL~(>ntes; a11 contraire, i.l en f'li~ Ga nréoccu-:;:e.tion con"'tante et excluGive.
1 • f
;ui vante. ~I
il. 401-h02.
1.B. .L •
1 il
2 La ! lace li0Y.,a If'. ~, 1 r
.
:i • oJl-QJé<.
J
L'IJlll"lon C'omiaue. lI. ii. 251.h ~ -~u i te du l'lentpl1r. 1.'. v. 1 ~QO-H302.
\
\, 1
-29-Alidor n'~ccep~e pas l'inévitable esclavaee de la passion ainsi que l ' oJ1t fai t ses "co-héros", i l se révolte contre l' esclavaee amoureux et proclame "Je veux que l'on soit l i 1)re au milieu des fcrs."l Jan désir d'indépendance c!::t si profond qu'il se trans-forme en véritable obsessi'on pour lui:
sa
volonté de demeurerlibre revêt l'aspect d'une doctrine. Tout est sacrifié dans l ' , poir de son obtention. lui-même, amant passionné, décide de
sa-,,"'l,
cri:'1er ,;on amour au nom de l'indépendance. Aucun sacrifice n'est trop c;rand; il affirme résolument "A tel prix que ce soit -je yeux fJ;"ompre mes cha!ncs.,,2 flus loin,
..
~achant qu'il va souffrir, il est'
,
s th:fait car "Na 11 bcrté naîtra de ma puni tian".
J
Cependant untel atta~hement à, la liberté ri"ql.lc de devc!1ir un esclavage et,
inpvi tablement, c'est ce qui 8e prcxluit dans le cas d' Alidor. Sa quête incessante fie liberté le
t~;sforme en~isonnier
de cette1 ,
f "
même quêt~ ct Alidor, se croyant libre, est en réalité un esclave. Octave :'Iadal constate ceci:.' nUne vérité abstraite tyrannise Alidor, ce qui padissait être une poursuite hardie de la liberté n'en est en réalité que l'abandon.,,4
Toutefois, Alidor réalise que son idéal &'d' indépendance est dénué de toute :>ubstance ct que ce même idéal le garde prlsonnier.
\
-Il décide alors de laisser libre cours ~ son amour et de ne plus le combattre:
Que l'amour pour nous vaincre a des chemins di vers,
1,2,J,
La. Hace Hoyale. 1. lv. 212, 2)0, 26A.4 Hadal, p.114.
,.
~(,
-30-
~Et que mal aisément on rompt de
sr
beaux fers ••• Aussi 'ma liberté n'a plus rien qui me flatte •••• 'Je me sens trop heureux d'\lne
si belie charnelIroniquement, Alidor arriv~ trop
tard
~,cette conclusion. Ladé-.>
1-cision n'est plus entl~ ses mains, car A~éli~ue décide de lui
"
donne:r: sa. liherté en entrant elle-même au cO'JVent. Alidar acauiert
.
~"-J
-d.onc cette indépendance qJ' il a t;i 19h9uement ct as;:;ido.ment
con-voj t.~e, à un moment Otl i l ne la désiraH plu~. Avec sa complexi--
,
~ té r.abituf'lle, Alidor, apr~s 11" départ d'AnG0liqJe, Tait volte-face ct Tf'dpvient l' homme
à
la pcun::.ui te de laliberté.
.J oyeu>: de ce f!u' An.:;pliq:JE- le quitte; i l est satisfait d'avoir retrouvé ::Jan indépendance et compte pass(:r le reste de ~On ex.istence en-
'homme li bre puisqu' Aneéliq:le, loin de lui et d'J monde, ne pourra ,
.ptus le.subjuguer. ~ libération finale d'Alidor est donc le résul-tat direct ùu sacrifice d'Angélique et les murs de son couvent assu-reront la liberté
à
cet amoureux extrava,sant:li
Cependant Angélique enfeTman~&ns un Clott~
Ses ye~x dont nous craignions la fatale clarté,_
Les murs qui Garderont ces tyrans de. para!tre Serviront de remparts ~ notre liberté. 2
~n réalité, toute liberté est déniée ~ Alidor, puisque son sort
,
~e~t décrété par Angélique et non ~r lui. rtappelons-nous que cet
amant,avait résolu, peu de temps auparavant, d'abandonner ses chi-mè.res d'indépendance et de se laisser prendre par
un(
"si belle cha!ne". L' amO'.lr aval t remporté une nouvelle victoire.1 La Place rtoyale.
V.
1 2"
"
"
• V.
11L 13r-1J61,
viii.1590-1593.
1370, 1)75.
,
\,
•
•,
/.
~\ \-31-~
""
Dans ~a quête d'une connaissance approfondie, de son r1oi,
~le héros cornélien a constamment recours
à
ses facultés intellectu-elles. Celles-ci,..;;:. r~tour, ll!i ?-pport:nt des solution:: et des éclaircissements :our mair1ts probl~mes oui l'assaillent dans sa,
vie Quotidienne. Toutefpis, le héros étant :Jans cesse préoccupé par
,
sa vic amoureuse et Ips dilemmes que~celle-ci lui occasionne-,~_
. /
utilise -surtout ~E'S capaci té::-, mentales pour l'aider
à
résoudrE' "es~ucstions d'amour, C'est alors que son intellect 'doit faire face
1
à
de::: obstacle::- qJ'il ne peut frar.chi~l!,h effet, e~ matière J'a-mour, la rai"on est souvent irr,puissante et les résol\;tions de la volonté sont :réquemment ntGlicécs. De plus, ce besoin de l~bertÉque res:::,cnt le fl~ros, ~ 'effri te aussi lorsque naît la passion.Les facultés intel:ectup.lles ont pe~ d'empir~ sur les actions ,du noble cornplien lorSQue l'a~our entre en sc~ne. Le héros, dans son for
~
-intérieur, est conscient des directives de son intellect et tente souvent de les mettre en vratiquej toutefois, il
p~f~re, ~
la fin.laisser libre -cours ~ "es inclinations amoureuses. Le héros dit une chose et en fait une autre. l'explication réside dans l'importance
(
que le h~ro~ accorde ~ sa vie sentimentale. Il est ~ propos, dans le chapitre qui suit, d'étudier plus en détail, cet empire incontes-té qu'a le coeur ~ur l'intellect du héros cornélien.
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(.' > r" *-~ r"'r''''t... 1.'"'-
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-CHAPil»RE II: LA VIS SElITHlENTAU
f ."' ----~
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-... -;: o-e
/ Q jt.
c.)
CHAFITRE
II: LA vn~ S~IITIM8NTAIE'.
J
Dans le chapitre préc8dent nous avons observé que la vie
'.-'
ysychiqueodes héros cornéliens se trouve
san~cesse uoumise
à
des
.
"-
exam~ns..
minutieux
etqu'elle occupe chez eux un8 place d'honneur •
- -...,.. ...
- J~> -r"r- '
Toutefois,
~"~ene
:,a~raitrepondre
a.
t'aus les besoins. du
héros~-1
La
vic
del'homme s'étenè. élu-tft>là 'des.
fronti~resde l'esT'rit et
c J
Corneille
enest
cc~scient.Toute'
l ' ~i:p~ (~moti vereste encore
a.
o
\)
1:(;". ,t:j
~n
effet, le sentiment jouit d'un rang tout à fait
privi-légié
etjoup
':.TIrôle
gé::,premier ordre dans les c&fiJeiies. Les
pro-tagonistes sont, avant tout,
rorteur~de passions. Et parmi celles-.
-0 •
o
;;:si,
Louis .Uvai)le n'hésite
pasà
aff~erque "la place capitale
( ,
0.5
est réservée
à
l'amour.
,,1Les héros ont fait de l' aPlour leur> idéal
et leur étude.
q
Dans cette optique, le comportement amoureux des
personna-ges s'éclaire
; n'intéressera
d'une\
si~nification nouv)lle.
• \~c
fI
us seulement la psycnologie
La
vie sentimentale
des personnages, clle
aura une répercussion également des plus importantes sur leur
com-portement social; et notre étude psychol6eique se doublera d'une
, u /.
étude de
r'lOeuI's. A~rai
dire,
'2r~~!tous
les temps et
danstoutes lés
.J::L
"'
(
soéiétés,
l'a~ouret la morale se sont
tendus~persun but identique
...1lil
qwi est
la quête du bonheur. L'amour recherche le bonheur de
l'in-\
1
.tüvaille, p.209.
"
-34
dividu, tandis que la morale propose un bonheur collectif. Pour 'il.
cette raison, arlOlIr et momIe ~onstituent un probl~me délic-1.t pour la consciepce humaine: prolJl~me, car les chemins en sont, ] e plus
~
SOllvent.., différent"'.. Doit-on a10rs ~ulvre les directives de la pas-si on, ou les en~eignprrlents de la JTIoralt"? l'une ou l'autre al ternati.::"
,..
ve f"oul?>vc de:- débat~ profonds. l-aul B~nicholl précise la nature du conflit:[
Dan~ la soriptl noble, comme dans toutes les
?ociétp') connups jusqu'~ ct" jour, la nature des cho-"es vellt Que ]' on enl~ve ~ la vertu CE' qu'on donne ~ l'amour. La société et saumorale ~nsei~nent
toujours !Xlr ouelqlle côté
à
reGarder hors de soi,à
~e tendre: ]' amour ne sait qUE' s' aband onner
à
luj-même. D'où sa condarmation par lél société comMe un T'rinci œ et lm symbole de dissoluti on morelle.r
CP
chapitre s'attachéra doncà
analyser la relation entre l ' atti tlldf' amoureuse dE's protô-€,:onistes cornéliens et les moeursa-mO'-11~mé'es rréconi;;ées nar la société. Il importera d'étudier la vi-
.
-~ion que se :ont les héros de l'amour
et
leur comportement dansl'a-mOllr: la mani~re dont ile- c;e conduiseJ"'.t, la façon dont ils réagissent,' devant les obstacles dressés sur leur chemin et la façon dont ils triorr-phent dans le domaine sentimental. Ce ne sera qu'~ la suite de cette analyse q:l'un jugement' de _va+eur pourra être portp sur leurs actions, qu'on pourra le_s qualifier de "morales" ou non.
la vision que se font ces jeunes gens d.e l'amour est comple-xe, et le::"varjantes en <;ont nombreuses. Certains n'en grattent que
lBénichou,
r.
61 •/
J.